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Publications de Hugues Draye (241)

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journal de bord, jeudi 26 mai 2011 (3)

Le ciel se couvre.

 

Je suis à Nismes.

 

J'y ai revu ... le P'tit Train touristique (la première fois que j'en ai vu un, dans ma vie, c'est ici), le château, l'église, le pont, la rivière ...

 

Je n'ai pas eu la force, le courage, cette fois-ci, de m'enfoncer un jour de plus sur les ch'mins de St-Jacques de Compostelle.

 

Faut dire : après-d'main, sam'di, on vient me chercher, vers huit heures (du matin), chez moi. Direction : Le Roeulx. Des élèves chantent chez un privé. On m'a demandé de faire partie du jury.

 

Si j'avais toute la journée devant moi, demain vendredi, je dispos'rais du temps qu'il faut pour retranscrire, sur mon PC, tous les "journaux de bord" que j'ai pondus sur un cahier grand format (emporté quelque part à l'intérieur de ma guitare), ces quatre ou cinq derniers jours.

 

"Un choix est toujours un renconcement", dirait une de mes connaissances.

 

Je l'ai (encore) vécu ce matin, en quittant Oignies.

 

J'hésitais entre ...

Filer jusque la France, aller jusque Moulin-Manteau, Hiraumont, loger à Rocroi, filer sur Couvin

et

Rev'nir à petits pas, chez moi, sans bruit, en me disant qu'un retour, ça fait encore partie de la route.

 

Ces questions, je me les posais encore au réveil.

 

Faut dire ...

 

Ce matin, à Oignies, au chalet où j'ai passé la nuit ...

 

L'idée anticipée de prendre mon p'tit déjeuner avec la pél'rine hollandaise, qui causait tout l'temps dans sa langue, j'avais pas envie.

Je voulais pas non plus faire faux bond aux propriétaires du chalet ... sans les prévenir. D'accord, j'avais payé la veille ... mais quand même. J'aurais eu le sentiment d'être un sans gêne. Je me suis dit (aussi) : si, un de ces jours, je devais rappliquer par Oignies, m'accorderaient-ils encore un hébergement ?

 

Quand je suis repassé au chalet, donc, pour la dernière fois ...

 

Eh bien, la Rose-Marie (ainsi s'appelle la "pél'rine hollandaise") m'interpelait déjà, au moment où je poussais la porte du bâtiment, en désignant le café. Avec son débit vocal rapide, long, sout'nu, électrique, militaire et incompréhensible pour mes oreilles qui réclamaient naturell'ment, instinctiv'ment le temps nécessaire pour recevoir, digérer ce qu'on leur disait.

 

Je me suis encouru. J'ai filé chez les propriétaires du chalet. Ils m'ont invité à leur table du p'tit-féjeuner (merci pour le bon choco). J'ai rencontré les enfants de la maison. La dame préfère habiter une maison simple et isolée ... plutôt qu'une demeure attachée à d'autres demeures. Le mari doit être garde-forestier (à voir la ch'mise verte qu'il porte). Un des fils étudie à Namur.

 

En repartant ...

 

Je ne savais pas comment j'allais me diriger. Je verrais bien au moment voulu.

 

En attendant ...

 

J'avais du mal à (re)prendre mon envol. A Oignies, dans le village, sur le coup de neuf/dix heures, le bistro près de l'église était fermé, le boucher n'avait pas (encore) reçu les baguettes et les pistolets (pour la route, un pain avec du filet américain préparé n'aurait pas été de refus), le magasin où il était écrit "livraison de pains" était fermé (malgré la mention "ouvert" sur un écriteau derrière la porte). Je me suis posé sur un banc, devant l'église. En espérant le miracle, le "p'tit quelque chose" qui me permettrait de prolonger l'instant, rien qu'une heure ou deux peut-être. Mais non, apparemment, c'était pas l'jour.

 

Je me suis remis en route. J'ai fait du stop. Au sommet d'une côte, j'ai reconnu les vestiges du "Sanglier des Ardennes", un resto de Oignies qui a été déplacé dans le centre du village.

 

Plus loin, encore plus loin, dans la direction d'Olloy-sur-Viroin ...

 

J'ai reconnu une route de sept kilomètres que j'ai bien connu, enfant. Yes. Je me demande si ce n'est pas sur cette route, par temps de pluie, que j'ai fait, à l'âge de huit ans, du stop (avec mon frère Bertrand et un copain du Mesnil) pour la première fois.

 

Onze heures ... presque dix.

 

Je me retrouve dans un bistro de Nismes. D'ici une heure, je prendrai un bus ... direction Couvin. J'aperçois, sur les murs rouges, trois grands cadres, avec des dessins de ... Jacques Brel, Georges Brassens, Edith Piaf. Les références mémorables de la chanson française (ceux/celles à qui je ressemble, qui sont dans le même monde que moi). Et personne, dans l'établiss'ment, qui manifeste un intérêt pour ma guitare et mon ukulélé. Récupération bourgeoise ? Récupération touristique ?

 

Juste devant moi, des vieilles pervenches (que Brel et Brassens auraient largement dépeintes) fument. Mouais. Et quand je sors, j'entends le traditionnel "Au r'voir, monsieur, bonne journée !" ... sans plus.

 

Comme j'ai un peu de temps avant d'atteindre le prochain bus direction Namur (oui, j'ai changé d'avis), je passe (encore) dans un autre bistro, de l'autre côté du pont, plus ... populaire. Deux gars, au comptoir, parlent de foot. Et là, comme par hasard, ça ne rate pas : au premier coup d'oeil, le gars du bar (un gentil) me pose des questions sur mes instruments.

 

On comprend pourquoi le "grand Jacques Brel" aimait, après ses concerts, s'attarder, jusqu'à des heures très très avancées, dans des bistrots populaires.

 

 

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journal de bord, mercredi 25 mai 2011 (3)

Sur les chemins de Compostelle (quatrième versant) ...

 

Entre Olloy et Oignies, dans une forêt de huit kilomètres qui, forcément, n'en finissait pas ...

 

J'ai croisé une biche. Qui passait par là. Très très vite. En une fraction de seconde. Evidemment. Et qui s'est enfuie tout aussi précipitamment. Comme par hasard. Comme j'aurais voulu la serrer dans mes bras !

 

Pas de coup de fusil à l'horizon. Quand il y a des battues, c'est clair'ment indiqué à l'entrée des forêts. Cà m'est déjà arrivé de tomber sur ce "type d'inconvénients", un jour où j'avais décidé de marcher ... et de r'brousser ch'min, par peur de r'cevoir un éclat de chevrotine dans les côtes.

 

Dans la forêt ...

 

J'ai croisé un pél'rin. Qui était en train d'enl'ver ses sandalettes et d'arpenter, pieds nus, un ruisseau et ses cailloux. Il se nourrissait dans une boîte de conserves ... avec ses doigts. Il avait laissé sa voiture à Olloy. Enfourché son vélo (depuis Olloy) jusque Moulin-Manteau (France). De là, il repartait à pied jusque ... Olloy. En f'sant le détour par la forêt. A Olloy, sitôt rentré, grâce à sa voiture (et sa "Kangoo", grâce à laquelle il pouvait loger), il allait récupérer sa bécane à Moulin-Manteau. Il ne concevait pas, dans sa philosophie (à lui) du pél'rinage de Saint-Jacques, de loger dans une chambre d'hôtes.

 

Les ruisseaux, dans la forêt, me f'saient penser aux décors naturels de certains westerns. Tiens ! Je n'ai pas croisé le moindre trappeur.

 

Je n'ai pas pris la direction de Moulin-Manteau, Hiraumont, Rimogne, Rocroi, suites logiques du trajet. J'avais un autre projet.

 

Je suis arrivé à ... Oignies. Dans le centre du village.

 

Tiens ! J'ai reconnu le "Courthéoux" de mon enfance. Il s'appelle maint'nant : "Chez Jeannine". Je me rappelle de Madame Andrée, la tenancière de l'époque. A ses heures, elle était infirmière. A coup de piqûres, elle me soignait de mes allergies.

Tiens ! La boulang'rie n'existait plus.

 

Je n'aurais pas pu passer par Oignies, sans faire un crochet par ... Le Mesnil.

 

Une grosse partie de mon enfance s'est passée dans ce tout petit, petit village ... de cent-vingt-cinq habitants, quand je l'ai connu (y a quarante ans). Nous y avions notre maison de campagne. Nous y allions tous les week-ends et toutes les vacances (de Pâques, de Noël et d'été). Cà a duré ... quatre ans. Mes deux frères et moi, nous avons beau être très très différents au niveau de nos caractères, de nos mentalités, de notre train de vie, de nos fréquentations (amicales, amoureuses, sociales, professionnelles), notre coeur s'éveille toujours en commun lorsque nous évoquons ... Le Mesnil.

 

Quand mon frère cadet circulait avec un chapeau boule, qu'il était la coqu'luche des filles (le veinard !) et qu'on l'app'lait Nini ...

Quand mon autre frère, nerveux, bouillant à souhaits, circulait dans les rues du village avec son vélo ou ses patins à roulettes ...

 

J'ai refait, dans mon Compostelle, à pied, cette route de deux kilomètres entre Oignies et Le Mesnil. Je ne l'ai jamais oubliée, non plus. Papa y a suffisamment roulé, en pleine nuit, en pleine journée, dans sa Ford Taunus 12M blanche de l'époque.

 

Sur cette route, j'ai reconnu ...

 

Le château d'Oignies. A l'époque, le mur était peint en blanc. Depuis, la couleur d'origine a disparu.

Les pylônes légèr'ment cachés par les arbres.

Les deux virages secs à l'entrée du Mesnil. Papa les avait filmés avec sa caméra 8 normal.

Le calvaire tapi au pied d'un arbre, à proximité de la maison "blanche" du colonel.

L'endroit où on venait à la balançoire (chez Mimie). Les fermes. L'église (tiens, j'ai reconnu les cloches, quand elles ont sonné). La place où les scouts (qui campaient au Mesnil, en été) organisait leurs feux d'camp, avec leurs guitares.

 

Et ... l'épic'rie Leclercqz (chez Mémène), au Mesnil ...

 

Elle est encore là. Anne-Marie et Jacqueline, les deux filles de l'époque, qui servaient dans ce magasin, sont toujours vivantes et en fonction. Ca va, j'aurais pu être plus dépaysé en arrivant. Elles m'ont reconnu. Assises sur une chaise, devant l'épic'rie. A côté d'elles : j'ai revu une autre Anne-Marie, qui me donnait parfois des leçons de calcul (elle ne s'en rapp'lait pas), à l'époque elle avait des longs ch'veux et des lunettes et je l'app'lais Nana Mouskouri. Hi hi hi. Sur une chaise, devant l'épic'rie, y avait aussi la maman de "Anne-Marie/Nana Mouskouri", une dame qui atteint les 97 ans (et dont j'avais gardé le souv'nir, aussi). En résumé : d'heureuses retrouvailles.

 

Le père de notre "Anne-Marie/Nana Mouskouri" était garde-champêtre. Quand c'était le carnaval, en février, il actionnait la cloche. Dès lors, entre 14 et 16 heures, eh bien, les gens qui n'étaient pas masqués recevaient un seau d'eau. Eternelles traditions ! Passé 16 heures, le garde-champêtre actionnait, une seconde fois, sa cloche et les gens comprenaient que c'était fini, les seaux d'eau (mais on pouvait attraper les gens et les maquiller).

 

Revenons au présent. Il n'y avait pas, ce mercredi 25 mai 2011, de possibilité d'hébergement à Le Mesnil.

 

Je m'apprêtais à reprendre un bus pour Oignies. Ou, à la rigueur, faire du stop. Quand une fille du Mesnil s'est présentée, devant l'épic'rie Leclercqz, avec une pélerine de Compostelle hollandaise ... qui ne pipait pas un mot de français. Et qui cherchait un lieu pour dormir.

De discussions en discussions ...

 

"Anne-Marie/Nana Mouskouri", dans un grand élan de générosité, a fini par nous trouver (à la hollandaise et à moi), un endroit pour loger. Un chalet, à vingt euros la nuit.

 

Ca va, je dormirai sur un divan, cette nuit.

 

Laissons à la pélerine hollandaise le privilège du "lit", dans la pièce à côté, séparée par un rideau.

 

 

 

 

 

 

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journal de bord, jeudi 26 mai 2011 (2)

Sur les chemins de Compostelle (dernier versant) ...

 

La cohabitation, par la force des choses, n'est pas toujours chose simple.

 

J'ai logé, cette nuit, dans un chalet à Oignies. En même temps qu'une Hollandaise qui fait le pélerinage. Ca se présentait ainsi.

 

Bon. Jusque là, ça va.

 

Ca se complique quand il faut communiquer avec l'autre. Non seulement elle parle pas français, mais elle cause pratiqu'ment tout le temps. Quand je suis seul, dans le chalet, avec elle, qu'elle se retrouve dans le p'tit nid (séparé par un rideau) où se trouve son lit, pendant que je suis dans une autre pièce, j'entends que, dans sa langue, elle m'interpelle sans arrêt. D'accord, je suis de bonne composition. D'accord, je me débrouille en néerlandais. Mais lorsqu'il faut suivre longtemps un flux continu et rapide de mots dans une langue que je ne maîtrise pas à cent pour cents, lorsqu'il faut s'appliquer pour comprendre, sans respirer, sans mettre de pause, je décroche, je tourne de l'oeil, mon énergie mentale et physique passe sous le rouleau compresseur.

 

Elle a tenu à faire signer, sur un carnet, par la propriétaire du chalet, les traces de son passage. Comme tout pélerin de Compostelle qui se distingue. En tout état de cause, elle a eu droit, elle, à une réduction de cinq euros pour la nuit. Je ne m'en offusque pas. Je m'en fous. J'observe, tout au plus. Les recours aux étiquettes et aux règles formelles, trois fois sur quatre, ça me passe un kilomètre au d'ssus de ma tête. "Vous n'avez pas la croix avec vous ?", m'a demandé un gars, hier, à Oignies. Non, monsieur, je n'ai même pas (non plus) le bâton.

 

D'ici une heure ou deux, après le p'tit déjeuner, je quitt'rai Oignies. Je reste encore partagé, quant à la suite des évén'ments de la journée.

Y a pas de bus, à OIgnies, durant la journée. Sauf le mercredi. Sauf en période d'examens. Tous les habitants du village, à qui j'en ai parlé hier, me l'ont confirmé. Même si des horaires précis (et prévus) sont inscrits, en d'ssous des pancartes des arrêts (aux abribus).

 

J'aim'rais être à Bruxelles, demain vendredi.

 

Il me reste deux solutions.

 

Faire du stop jusque Olloy. Ca peut se régler vite. Tenter l'aventure, ensuite (en stop, toujours) jusque Vierves, Treignes, Mazée. Pourquoi pas Doische, Agimont, Hastière ? Ca reste faisable. J'ai toute la journée devant moi. Maint'nant, je chop'rai p'têt un bus sur la route.

 

Je pourrais, à Hastière, refaire le ch'min que j'ai pris, dimanche dernier, mais, cette fois, en sens inverse. Jusque Dinant. Vers 18/19 heures, là-bas, je r'prendrais le train (avec mon amie Delphine) jusque Bruxelles.

 

Maint'nant ...

 

Rien ne m'empêche, non plus, de poursuivre le ch'min de Compostelle autrement.

 

Après OIgnies, Moulin-Manteau. C'est repris dans le topo-guide. Deux heures et d'mie de marche, OK. Y a toujours moyen, ensuite, de bifurquer sur Rocroi et de loger sur place.

 

Des surprises m'attendent peut-être là.

 

Rocroi, ville historique, je pense. Couvin n'est pas loin. Il me suffit, demain matin, de me remettre en route, d'arriver dans cette ville-là, de reprendre un train vers Bruxelles.

 

Je ne sais pas encore.

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journal de bord, jeudi 26 mai 2011 (1)

Très curieus'ment, ma tendance à faire des cauch'mars se passe, opère toujours dans les périodes de week-end, de congé à mon boulot toutes les cinq semaines, plutôt que ... les semaines où je travaille, où je me lève vers quatre/cinq heures du matin (où, parfois, je ne dors carrément pas de la nuit).

 

L'idée de me relâcher sur l'oreiller, parce que je sais qu'il n'y a plus d'épée de Damoclès sur le dos ... jouerait-elle sur mon inconscient ?

 

Toujours est-il que, la nuit dernière, au cours de mon sommeil ...

 

Je me trouvais à une réception. J'y reconnaissais, parmi les invitées (mariées/mères de famille), l'une ou l'autre élève du cours de solfège (ou de piano) de ma mère.

 

Voilà que ...

 

L'une d'entre elles, sur un canapé assez étendu (où je me suis déjà assis), s'approche de moi et entame la conversation. En me souriant. Je réponds. Un dialogue s'instaure.

 

Soudain, le mari, juste à côté (de la femme) se manifeste, me regarde droit dans les yeux. Je m'aperçois que ma main droite, sans que je ne le remarque, s'est immiscée derrière la jupe de ma voisine et touche la chair de sa cuisse ...aussi chaude et aussi agréable à toucher qu'un pain de campagne croustillant sortant tout droit du four. La fille, quant à elle, continue sur sa lancée, dans la conversation. En toute convivialité. Quant au mari, sans rien dire, il quitte le fauteuil, furieux.

 

Moi, je me sens mal. Pris en faute. Emmerdé. Je file m'installer plus loin sur le divan étendu.

 

Le mari revient. Me menace. Comme de bien entendu.

 

La séquence suivante ...

 

Je me retrouve dans la voiture d'un autre couple d'invités, qui rentrent chez eux et se sont engagés pour me reconduire à bon port.

 

Voilà que ...

 

Je m'aperçois qu'ils conduisent dans une toute autre direction ... que celle qui me convient.

 

Je le leur signale. Ils disent : "C'est trop tard !". Je les supplie de me décharger, de me laisser repartir dès qu'on aperçoit un parking. Silence. Le parking qui arrive, sur la droite, comme par hasard, se trouve au bout d'une longue descente et juste avant un tunnel. Peine perdue. Je signale au conducteur que ... je dois absolument récupérer mon GSM. Qui se trouve vraisemblablement sur les lieux de la réception. En vain, en vain.

 

Toujours est-il que ...

 

Je me réveille ensuite.

 

Là, nous sommes revenus dans la réalité.

 

Je me réveille dans le chalet, à Oignies, où j'ai trouvé un hébergement, lors de mon mini-pélerinage sur les chemins de Saint-Jacques.

 

Il est presque six heures ... du matin. Le soleil se lève déjà. Derrière les arbres, y a comme un semblant d'incendie.

 

Hier soir, j'ai, effectiv'ment, dans le chalet, mis mon GSM en rechargement et j'ai eu peur (instinct de conservation ?) de l'oublier, dès que je quitt'rais les lieux.

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journal de bord, vendredi 27 mai 2011

Une transition. Il en faut, quand même ! Je suis rentré chez moi, hier. Mais pour pas longtemps.

 

Déjà demain matin, vers huit heures, on vient me chercher en voiture. Direction : Le Roeulx. On m'a demandé de faire partie d'un jury, quelque part où des gosses chantent. C'est la première fois qu'on me propose ça. Pourquoi pas ?

 

En attendant ...

 

Aurai-je assez d'une journée pour retranscrire, sur mon PC, quatre ou cinq jours intense, sur les ch'mins de Compostelle, où j'ai quand même pris un certain temps pour remplir quelques pages, sur un cahier, prévues pour les "journaux de bords" futurs ?

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journal de bord, mercredi 25 mai (2)

Sur les chemins de Compostelle (troisième tentative) ...

 

Olloy-sur-Viroin. Je me suis posé ici, cette nuit.

 

J'ai r'connu l'église. En son temps, la célèbre Musique des Guides y était venue donner un concert.

 

Sur une route principale, le resto "Les Quat'Voyes", au carr'four, existe toujours.

 

Les barrières des trois passages à niveau ont rendu l'âme depuis longtemps.

 

Quand j'étais p'tit, on allait à Le Mesnil. Village où y avait notre maison de campagne. Sur la route qui nous y menait, on s'arrêtait à Olloy, près d'un des passages à niveau, chez Antoine, le boulanger.

 

J'ai dormi dans un hôtel typique. Baroque, c'est le cas de le dire. On aurait dit un salon de brocante ... disposé avec goût. Des lustres avec des vieilles ampoules, accrochés par trois ou quatre (parfois) sur le même plafond d'une même pièce. Des moulins à café. Un vieux phonographe sur le bar. Etc.

 

Avant d'arriver à l'hôtel, longer trois cents mètres la voie ferrée (où, maint'nant, passe juste un train touristique). Plonger, à un moment donné, sur une route qui descend. Tomber sur un terrain d'camping et un manège. Tourner à gauche. L'escale est tout, tout au bout.

 

La journée vécue avait déjà eu sa part d'exotisme.

 

C'est fou comme un paysage, dans sa majestuosité, dans son aspect le plus naturel, peut en rapp'ler un autre. En marchant, hier matin, depuis Hierges, sur la route qui menait à Mazée, en repartant sur la Thiérache, en affrontant un col, je me retrouvais, y a deux ans, en Ardèche, avec un groupe, sur une route, un sentier où y avaient des dolmens. Jum'lage anticipé ?

 

J'aime les bois. J'aime le chant des oiseaux superposés et ... harmonieux à leur échelle. Mais parfois, ça dure trop longtemps et ça me saoûle. J'aime trop les paysages ouverts.

 

Et ... l'abcès, derrière ma dent principale, qui ne se calme pas.

 

Et ... l'espèce de mirador, dans le bois, qui indiquait qu'on repassait en Belgique. Même si, sur le GSM, on restait sur le réseau français.

 

A Mazée ...

 

Un bistro, où les gens, assis par huit, juste devant l'bar, parlaient quand même fort. Une femme dans la série (coiffure blondasse punk et qui causait ... comme les hommes). Parmi les gars, y en avait un qui portait le tea shirt du facteur.

 

Pas de commerce pour se ravitailler. Une station-essence désaffectée ou ... laissée à l'abandon.

 

Un ch'min sympa : "Voye à Toine". Sur le côté, une maison blanche. Oui. La maison où a habité Arthur Masson, célèbre pour son héros de "Toine Culot".

 

Après Mazée, Matignolle (hameau).

 

Et soudain, cinq ou six kilomètres plus loin, en poursuivant la route, en actionnant un tourniquet, conformément aux balises indiquées ...

 

Je (re)tombe nez-à-nez avec une vache qui a quitté sa prairie et s'immobilise devant moi, en plein sur le sentier où je dois passer. J'ai peur. Surtout que les autres vaches, restées dans leur prairie, se sont quand même rapprochées de leur consoeur et me regardent droit dans les yeux. Y a-t-il un taureau dans la bande (ou dans la meute) ? Je refais quelques mètres (deux cents, au moins) en arrière. Jusque passé le tournant. J'observe, sous un autre angle, les vaches (restées dans la prairie) se déplaçant encore ... dans ma direction. L'instinct, quand même ! Quand à la vache qui avait quitté la prairie, qui s'était retrouvée face à moi sur le sentier, je l'aperçois, de loin, qui retourne dans sa prairie, en parvenant, avec ses deux grosses pattes arrières, à sauter (pratiqu'ment à pieds joints) au d'ssus des clôtures (cabossées) séparant leur prairie et le sentier. Astucieuses, les fillettes ! Je risque le coup, je me remets sur le sentier. Cette fois, plus d'obstacle.

 

J'arrive à Treignes. Encore un lieu familier. J'avais dix ans lorsque, dans ce village, j'ai fait un camp avec les louv'teaux. Je reconnais le haut clocher de l'église ... grise. Qui ressemble à celui de la cathédrale ... de Lourdes. Hugues, recevrais-tu les divines apparitions ?

 

Un gars, dans l'village, me fait signe dans sa voiture.

Faut dire ...

Quand on chante un peu partout, on est am'né à recroiser, souvent, dans des coins où on ne s'y attend pas, des gens qu'on a perdu de vue, des gens qui nous ont croisé à un moment donné (qui nous connaissent mieux que nous), des anciens copains d'école, de cabaret, des gens qui nous ont un jour pris en stop, des gars qu'on a connus gamins quand nous étions déjà plus âgés et qui ont plus de chance (que nous) de nous reconnaître ...

Ici ...

Le gars m'avait vu, en 2003, à Neufvilles (près de Soignies), lors d'un concours où j'avais chanté.

 

J'ai repris la route vers ... Vierves-sur-Viroin. Un bref passage le long de la ligne de ch'min de fer qui, apparemment, a, aujourd'hui, une fonction locale essentiell'ment touristique. Des groupes de gosses. Venus souvent de Flandre.

 

A Vierves ...

 

Les bistrots étaient fermés. Une gamine nettoyait les carreaux de sa maison. Mon pote Jean-Marc m'avait renseigné "Les Nutons", un endroit où il avait chanté et où je pouvais aller de sa part. J'ai pas eu de mal à trouver le lieu. Mais il était fermé. Comme par hasard.

 

Olloy-sur-Viroin.

 

Une chèvre m'a accueilli.

 

 

 

 

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journal de bord, mercredi 25 mai 2011

Un cauchemar, la nuit dernière.

 

Je descendais péniblement d'un toit, où je m'accrochais, en vue de ne pas ... tomber dans le vide. Y avait un compère à côté de moi (un collègue de la poste ?).

 

Arrivés sur le sol, nous nous rendons nos appareils photo mutuels. OK, OK. Et je m'aperçois que j'ai, dans la main, un appareil photo ... brun. Et non plus le "bleu métallisé" qui m'est familier. Je le signale au copain qui me répond : "Oui, y a une erreur, en effet !". Il me rend, en tout état de cause, "mon" appareil photo. Je regarde de plus près. Catastrophe : c'est encore "un autre" appareil.

 

Je suis désemparé. Effondré. En larmes.

 

Je regarde vers la façade de la maison où ma famille prend ses vacances. En bas, mon père, ma mère, des cousins, sans doute. En haut, à la fenêtre (noire, d'apparence), y a quelqu'un, y a ... mon frère. Je le distingue, malgré la pénombre.

 

Il sait où se trouve mon appareil, lui. Il le montre dans une attitude fière, sûre de lui. D'en bas, je crie. Je réclame mon bien. Je supplie. Il ne répond pas. Il ne bouge pas. Il reste stoïque. Il contrôle, maîtrise la situation. La dirige à sa guise. Je crie : "C'est dur de demander quelque chose, sans avoir de réponse". Là d'ssus, mon frère, l'air triomphal, s'avance, du haut de son étage et me jette "mon" appareil "bleu métallisé" ... que je n'arrive pas à récupérer avec mes mains. Evidemment. L'appareil rebondit sur le sol et file (comme s'il avait des pattes) dans l'herbe. Il ne s'arrête pas. Il va de plus en plus loin. Je n'arrive pas à courir après lui. L'appareil dépasse la barrière, tout au bout. L'appareil finit par plonger dans la Meuse.

 

Et plouff, oui !

 

Adieu, ma carte-mémoire ! Adieu, mes clips, mes photos ! Adieu, toutes ces images que je rêvais d'emporter à jamais et de partager à la terre entière !

 

Je reviens à la fenêtre ... d'où mon frère n'a pas bougé.

 

Je pleure après mon bien perdu à jamais.

 

Mon frère se marre comme un tordu. Non : comme un vainqueur.

 

 

 

 

 

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journal de bord, mardi 24 mai 2011

Sur les chemins de Compostelle (deuxième étape prévue) ...

 

Entre Hastière et Inzemonts, c'est le cas de le dire, ça grimpait. Pour un début, y avait intérêt à garder l'énergie. Et ... les balises, c'est l'coup classique, n'étaient "pas trop" mises en évidence. Certaines, très petites (parfois presque effacées) étaient cachées derrière des plantes vertes qui poussaient à côté des murs (où on a placé, parfois beaucoup trop bas, les balises).

 

Arrivé au sommet de la première montée ...

 

Passé Inzemonts, sur un terrain (enfin) plat ...

 

Mon GSM a sonné. Un appel qui semble venir droit du large. Quelqu'un m'a laissé un appel. Surprise. Qui c'est donc ?

Je vérifie.

Coup d'bambou. Je n'ai pas eu une très bonne nouvelle. C'était un message d'une de mes amies conteuses, qui réagissait (avec sa sensibilité), suite à un "journal de bord" où j'évoquais une soirée contes (à laquelle elle participait), qui avait p'têt' l'honnêt'té de me dire ce qu'elle sentait, mais qui interprétait mal (non : à sa façon) le commentaire que j'avais fait sur elle. Ca arrive.

 

Sur la route, le soleil tapait.

 

Six kilomètres plus loin, au bout d'une heure et d'mie de marche, je me trouvais à Ermeton-sur-Meuse.

 

Je suis tombé sur une indication adressée aux ... pél'rins de Compostelle. Avec l'auto-collant bleu où la coquille est représentée en jaune. On déconseillait, pour le moment, aux marcheurs, de prendre le chemin "prévu" de droite. Suite aux tempêtes récentes, des arbres ont été déracinés. Chemin impraticable. On précisait, sur le mur : aller jusqu'au passage à niveau, emprunter (juste avant) le Ravel en direction de Mariembourg, s'arrêter au bout de dix kilomètres à Doische (près de la gare) où les chemins de Compostelle rejoignaient, à cet endroit, le GR 125.

 

Bon.

 

J'aurais déjà voulu, à Hermeton, m'arrêter au bistro, au premier tournant qui suivait le pont avec le ruisseau. Mais il était fermé ... malgré les parasols ouverts.

 

J'ai entamé, ensuite, le fameux "Ravel" de dix kilomètres. J'y ai croisé un groupe de cyclistes (des élèves avec leur maîtresse).

Et ...

Le chemin, éternell'ment en ligne droite. A n'en plus finir. Toujours, toujours. Des arbres, des feuilles à gauche. Des arbres, des feuilles à droite. Parfois, un pont. Parfois, une intersection de route. Parfois, une maison. A un moment donné, une espèce de grange (en forme de chalet) où un cheval (ou un âne) dépasse la tête. Ca n'en finit pas. Je le sens sur les épaules. J'ai soif.

 

Et ... ce coup de GSM de l'amie conteuse qui me trotte dans la tête, qui m'obsède.

Et ... personne d'autre qui appelle.

Et ... personne que j'ai la force d'appeler. Si, y en a une, mais celle-là, aux dernières nouvelles, elle n'a plus de crédit.

 

Et la route qui continue. Agimont. Une autre route perpendiculaire, au loin, puis de près. Mmm. Je reconnais, à l'horizon, l'ex poste-frontière qui mène à Givet (France). Ca va, l'issue arrive. L'ex-gare de Doische va montrer le bout de son nez. Et ... je rumine, tant et toujours, le fameux coup de GSM, ça ne s'efface pas d'un coup de baguette magique.

Et ... je repense à une autre conteuse de la soirée de vendredi. Je l'appell'rai Emmanuelle. Que j'aime beaucoup. Envers laquelle je me prends d'une hyperaffection. Qui n'y est pas insensible. Mais qui se contente d'en sourire ... jusqu'à un certain point. Et je pourrais faire tout ce que je veux, c'est peine perdue. Je le sais. Je le vois. La vérité me saute à la gueule. Je sue, je souffre. Je pleure de tout mon sou. Sans rien laisser paraître. Mais c'est rien. Identifier ses pleurs (ou ses cris), c'est déjà voir clair, c'est déjà avancer.

 

Gare de Doische. Tiens ! Mon père avait un client, y a une paire d'années, quand il était représentant, qui habitait à cet endroit et qui avait un tic : à tout bout de phrase, il disait : "Hé donc !". Le bâtiment a été repeint en blanc.

Encore un kilomètre avant d'atteindre le village, à proprement parler.

Je passe au "P'tit Delhaize" du coin m'acheter une pomme et une bouteille de Spa.

 

Et je tombe encore sur ... une connaissance. Un gars du coin, chez qui j'ai fait une émission, y a vingt-cinq ans, à Radio Fenil (ça n'existe plus). Il m'invite dans sa demeure. Boire un verre. Son fils est éducateur à Liège, sa fille tient un commerce de bijoux dans la région de Namur. Le gars est passionné de chanson française. Il m'amène trois anciens "vinyls" de Georges Chelon (chanteur que j'adore), que j'identifie tout de suite. Je connais la plupart des morceaux par coeur. J'en profite ensuite pour lui jouer deux de mes dernières chansons, avec ma guitare.

 

Malheureus'ment pour lui, je suis fatigué. La marche, ça vous épargne pas. "Tu chantes souvent dans la région de Charleroi ?" "Y a du monde quand tu passes par là ?" Parfois, même quand on connaît la réponse, on n'a pas envie de répondre. Le gars m'évoque, ensuite, le jour où il m'a croisé à Redu, dans les années 80 (je m'en souviens, c'était lors d'une foire, je chantais quelque part, sur la place, assis sur une chaise). Je rends l'âme. Les images anciennes redéfilent dans mon cerveau, mais, en cet instant, j'ai envie de les balayer. Les souvenirs ont beau être intacts dans la mémoire, ils peuvent, à un certain moment, m'épuiser, me faire mal.

 

Le "pote animateur de radio" m'a accompagné, quand j'ai repris la route jusqu'à l'église de Doische. Il m'a donné une grosse bouteille d'eau pétillante. Merci, l'ami !

Il m'a même déconseillé de prendre le chemin à droite jusque Hierges. Tout droit, d'après lui, c'était plus simple. Mais voilà : j'avais quand même envie de suivre les balises du chemin de Saint-Jacques. Tout crevé pouvais-je me sentir, je restais (faut me connaître) du genre à suivre mon objectif comme je l'avais décidé.

Le "pote" m'a dit aussi que, si je ne trouvais rien, je pouvais toujours l'appeler et venir chez lui.

Les anges gardiens ne manquent pas sur nos routes.

 

Les côtes sont revenues. Les lisières aussi. Durant trois ou quatre kilomètres.

 

Je suis arrivé, ensuite, au village de ... Vaucelles.

 

Il n'était pas encore dix-huit heures. Encore heureux ! Je pouvais encore marcher deux ou trois heures, s'il le fallait. Le prochain village, c'était Hierges (en France). S'il n'y avait pas moyen de loger là-bas, eh bien, y avait encore moyen de filer jusque Mazée, mettre encore deux heures pour marcher (bien sûr), mais bon, on s'en tire comme on peut : dans ce village-là, selon le guide, y avait aussi des possibilités de dormir.

 

Une chapelle recouverte d'un tas de feuilles. Rue du 8 Mai 45 (redev'nue, apparemment, rue de Hierges), sur la gauche. Un grand château qui se dessine. Je l'avais déjà aperçu, sur ma route, dans le lointain, quelques heures auparavant.

 

J'ai débouché sur Hierges. Village remarquablement conservé. Malgré le peu de kilomètres qui nous séparent de la frontière, on sent franch'ment une différence de climat.

 

Sur la place principale ...

 

Tilt ! Une terrasse, une taverne. Son nom : "La Causerie des Lilas". Jean-Marc, un pote de chanson (et de rando) y est déjà passé. Il m'avait dit, avec enthousiasme : "Vas-y, le gars qui tient ça, c'est un copain, t'y vas de ma part, tu pourras loger sans problèmes !". Ma foi, essayons. On ne sait jamais. Je m'avance. Je perche mes yeux. Oui, on s'y restaure. Oui, on y fait chambre d'hôtes. Mais les belles portes en bois brun sont fermées. Manque de bol : l'établissement est ouvert essentiell'ment le week-end et les jours fériés.

 

Je poursuis la route ... pavée. Tout n'a peut-être pas encore été exploré. Y a peut-être encore un autre gîte. Sinon, eh bien, on prendra son courage à deux mains, comme on se l'est promis, et on tent'ra l'ultime offensive jusque Mazée.

 

Je tombe sur un couple, dehors.

"Excusez-moi, mais vous ne connaissez pas un endroit, ici, où on peut loger ?"

Comme c'est dur, pour moi, de faire la démarche ... de faire ce genre de demande.

"J'ai une chambre si vous voulez, c'est trente euros la nuit"

Je n'en reviens pas.

Si, c'est vrai, il existe des gens qui louent des chambres, sans s'afficher extérieur'ment.

 

Le gars et moi, on sympathise directement. On règle la somme directement. Chose due chose faite. Lui, c'est le Français accueillant, chaleureux, simple, comme on aime les rencontrer. Il est ouvrier, mais il ne peut, vu les circonstances dans lesquelles son boulot évolue, travailler régulièr'ment. Toute une pièce où je pourrai dormir (un ancien garage).

 

Et ... il aperçoit ma guitare. Et ... il me demande ce que je fais. Ma foi, je rentre dans les explications. Et ... il se fait un honneur de m'inviter "manger" chez lui. A condition que je lui joue des morceaux. Et ... il me dit qu'il a déjà reçu, dans sa demeure, un musicien qui joue du synthé.

 

J'ai fait connaissance avec sa femme. On sentait beaucoup d'amour, de connivence entre eux. Comme ces couples qui traversent les années en tendresse et qui se comprennent, avec le temps, sans être obligés de passer par les explications. On a mangé des croquettes de poisson, du riz et de la salade. Tous les deux, ils s'excusaient toutes les trente secondes : "Désolé, ce qu'on fait, c'est tout simple !". Justement, les amis, c'est ce que j'aime.

 

Roger (c'est son prénom) m'a montré, sur Internet, un long"blog" qu'il a conçu, où il était question ... des fêtes médiévales à Hierges, où on voyait une ancienne salle du château, où y avait un lac qui n'en était pas un.

 

J'ai chanté à leur balcon. Il a pris des photos ... et des photos. J'ai retrouvé, en chantant, l'état de fraîcheur que je trouve, à certains moments, quand je donne des spectacles dans un moment où je suis en super forme, où tous les gestes que je sors (y compris les trous et les fausses notes) me paraissent agréables, divins, surprenants. Hugues, tu renaîs parfois à toi-même ! Hugues, il te suffit, parfois, en chantant, d'être le spectateur de toi-même et ... t'épater, ça coule de source ! Le reste suit. Mais qu'on ne s'illusionne pas : quand on s'exprime en chantant, quand ça marche sans rien forcer, c'est, comme par hasard, grâce à l'ambiance autour, grâce aux gens qui sont là, qui font les trois quarts du spectacle à ta place. Sacha Guitry et Fernandel, ces grands mythes du théâtre et du cinéma, raisonnaient pareil à l'égard de leur public.

 

Roger a fini par contacter, sur son portable, le responsable de la fameuse "Causerie des Lilas", où j'avais trouvé porte de bois quand j'étais arrivé au village. Comme quoi !

 Oui, le gars (il s'appelle Jean-Michel) a fait un détour, en vue de ... me rencontrer. Il a écouté ce que je chantais, m'a souri avec énormément de bienveillance. Même s'il a du partir avant la fin de ma chanson, parce qu'une personne venue d'ailleurs app'lait et avait besoin qu'on la guide pour la route.

 

Que du bonheur, en somme !

 

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journal de bord, lundi 23 mai 2011

Sur les chemins de Compostelle (première étape franchie) ...

 

C'était franch'ment le jour des rencontres, hier. Pélerinage oblige ?

 

Faut dire : je n'étais pressé, je n'avais pas d'épée de Damoclès sur le dos. Je pouvais prendre le temps qu'il fallait. Au pire : je pouvais encore démarrer l'itinéraire le jour suivant.

 

D'abord, en repassant près de la collégiale (de Dinant), sur le coup d'onze heures, un gars, qui sortait de la messe, m'a accosté, regardé (le regard clair et bleuté) droit dans les yeux, serré solid'ment et fraternell'ment la pince. Mon premier réflexe : la surprise. Le s'cond : quelqu'un que j'ai connu, y a une paire d'années, et que je ne remets pas. Légèr'ment barbu. Casquette bien vissée sur le crâne. La quarantaine bien entamée. En fait, il m'avait jamais vu, mais c'était tout comme. Les ondes de la sincérité transpiraient, chez lui, à mille mille mètres à la ronde. Il m'a fait monter chez lui, deux maisons plus loin. On franchissait d'abord un étage, avec un escalier et deux murs à gauche/droite plutôt étroits. Il m'a fait un café venu tout droit d'Espagne. Il m'a expliqué que les chants, à la messe, le touchaient tell'ment qu'il ne pouvait pas rester assis sur sa chaise. Il a fallu qu'il sorte, oui. Il m'a parlé du chef de la chorale qu'il singeait, en caricaturant les gestes "sérieux" que l'autre exerçait, avec sa main, quand il fallait diriger les chanteurs. Il m'a parlé de sa solitude, de son besoin de ... femmes (je comprenais à cent pour cents). Y avait des phrases anarchiques sur les murs. A un moment donné, un de ses potes, un ex-para-commando (dont une des mains semblait ... morte), est passé.

 

Ensuite, ensuite ...

 

Il était temps que je reprenne mes esprits, que je me mette un peu en route. Comme je me l'étais promis. Déjà, déjà, beaucoup d'émotion pour commencer.

 

J'avais décidé de prendre un bateau-vedette sur la Meuse ... jusque Anseremme. Arrivé au terminus, j'entam'rais donc le début du chemin prévu.

Je suis passé à l'action.

Midi (ou une heure) trente. Le bateau allait partir. Oui. Sur le pont, juste avant d'entrer dans le bateau, j'ai encore fait une rencontre, en la personne du conducteur : un monsieur âgé, quatre-vingts ans au moins, sans façon, qui parlait aux touristes (néerlandophones, anglophones) avec une énorme tendresse.

 

Ainsi donc ...

 

Notre conducteur, en pleine Meuse, lachait le gouvernail, laissait flotter le bateau sur l'eau et venait à la rencontre des visiteurs, sans micro, les mains ouvertes. Il nous a indiqué : l'hôtel de ville (avec son bulbe semblable à celui de la collégiale), l'hôtel Ibis (j'y ai logé un soir) suivi du casino et de la prison, le fameux viaduc Charlemagne, le légendaire Rocher Bayard, une maison (sur la rive droite) construite au 17ème siècle. Tout ça. Il nous a précisé que la Meuse atteignait les sept mètres de profondeur.

 

C'était pas ça, mais, arrivé à Anseremme, au confluent de la Lesse et de la Meuse, j'ai réalisé que j'avais mal calculé mon coup. Oui. Le bateau ne s'arrêtait pas à Anseremme, comme je me l'étais représenté. Il retournait sur ses pas. D'un train de sénateur. Au point de départ. A Dinant.

 

Ca va, j'ai pas regretté. J'ai repris pied sur la terre ferme. J'ai refait, à pied, le chemin Dinant-Anseremme. Touristes. Bistrots. Restos. De temps en temps, un souffle d'accordéon aux terrasses. "Vous faites le pélerinage de Compostelle ?", m'a lancé, en cours de route, un couple qui cassait la croûte.

 

Arrivé à hauteur d'un prieuré, je n'osais déjà plus avancer. Des canards, des cann'tons et ... des oies, des oies, des oies qui avaient quitté la Meuse et occupaient le sentier. J'avais peur. J'ai laissé un couple de prom'neurs me dépasser. Comment allaient-ils procéder, eux, dans la même situation ? Eh bien ... la dame s'est pas gênée pour balancer des coups de pied (fermes) à l'égard des bêtes qui prenaient directement la fuite.

 

Plein de pensées, liées à ma vie quotidienne, me rev'naient. Plein de colères, aussi. Qui giclaient. Un sentiment de liberté, de soulag'ment, égal'ment. Personne pour me couper la parole. Personne pour me dire "calme-toi !". Personne pour me tirer la gueule parce que j'ai fait un faux pas. Personne qui se détourne de moi parce que je l'ai regardé(e) trop longtemps et que je l'ai mis(e) ... mal à l'aise. Personne pour m'engueuler parce que je suis rentré une heure trop tard, parce que je n'ai pas débarrassé la table. Seul avec moi-même. Avec tout un espace verdoyant, digne d'un océan, pour me guider, me faire les yeux doux.

 

J'ai remonté, en suivant les balises, le sentier en lacets (qu'on appelle ... sentier des Pêcheurs) jusqu'à la côte de Freyr. Je l'avais déjà arpenté une fois, y a deux ans, avec (déjà) ma guitare sur les épaules et les sandalettes aux pieds. Arrivé à hauteur des rochers, quelques jeunes s'essayaient à l'escalade. Et encore un sentier qui continue. Un tournant. Un autre sentier en ligne droite qui monte. Un autre tournant. Un autre sentier. Un autre tournant. Un autre sentier. Enfin : la grand'route. Enfin : la N95. OK, OK. Soyons vigilants, maint'nant. J'avais à peine mis le pied sur le macadam, que ... directement, il fallait replonger, sur la droite, dans la forêt où, maint'nant, des espèces d'escaliers en bois indiquaient la suite du trajet.

 

Il était presque quatre heures. Je m'étais fixé cette limite pour compulser, dans le livre/guide, la liste des hébergements disponibles pour le soir. Hastière était la ville-étape que je m'étais fixée. Quatre points de chute mentionnés dans le bouquin. J'ai risqué le premier. J'ai eu quelqu'un au bout du fil. Y avait une chambre disponible pour ... 80 euros. C'était pas donné, non, mais je pouvais me le permettre. Je ne devais plus me tracasser. OK, Madame, j'arriv'rais vers 20 heures/20 heures 30.

 

J'ai longé la Meuse. Encore. J'ai traversé une prairie ... remplie de vaches. J'avais pas le choix. Je devais passer. Cette prairie faisait partie du sentier à suivre. Je me suis rabattu, le plus possible, vers la droite. Les vaches n'ont pas bougé.

 

A un moment donné, la confusion (inévitable). Arrivé à hauteur d'un poteau, j'aperçois trois chemins, trois sentiers. D'après le bouquin, le GR 126 et le 125 se séparaient là. Je devais prendre le second des deux, me diriger vers Waulsort, Blaimont, Hastière. Sur l'un des trois ch'mins où le 126 redémarrait, on voyait nett'ment la balise (avec le chiffre indiqué). Mais ça ne faisait pas mon affaire. Sur les deux autres routes (dont l'une était forcément celle que je devais prendre), rien, rien d'indiqué, de spécifié. Il était presque ... dix-huit heures. Je me suis mis en éclaireur sur un des deux sentiers, j'ai marché, marché, sans repérer de balises. Je suis revenu sur mes pas. J'ai tenté l'autre sentier, j'ai marché dans le foin, j'ai avancé, avancé ... sans repérer de balises. J'ai tenté de me situer avec la carte d'état-major du coin, que j'emportais dans une poche de mon ukulélé. Peine perdue.

 

Final'ment, je suis allé de l'avant, grâce à un panneau directionnel indiquant Falmignoul. Ca va, j'avais encore une issue de secours. J'étais déjà passé par là. Y avait une grand'route qui conduisait à Blaimont. OK. Grâce à mon sens visuel de l'orientation, j'ai risqué la suite du trajet ... non pas sur la grand'route, mais sur un sentier parallèle. A travers bois, j'ai tracé. Et devinez sur quoi je suis (re)tombé soudain : une balise ! J'ai encore tracé, tracé. De ruisseaux en chemins en ligne droite où les balises mettent du temps à se montrer (parfois, on loupe un chemin qui part dans une direction et qu'on n'a pas vu), j'ai marché, j'ai rêvé, j'ai entendu des airs musicaux me traverser l'esprit. Je suis tombé, en bas d'un chemin qui descendait abruptement, sur un banc. La Meuse, à côté, semblait se rapp'ler à mon bon souv'nir. Un nouveau panneau directionnel : Hastière, trois kilomètres. Allez, Hugues, tu approches !

 

J'ai longé un barrage le long de l'eau. Sur un chemin de halage. Par la force des choses, j'avais évité Waulsort et Blaimont, prévus théoriqu'ment sur la route. Bien sûr, j'avais aussi le guide (de l'entre Sambre et Meuse) qui donnait la marche à suivre, afin d'atteindre ces villages. Mais l'intinéraire était repris en sens contraire. Un certain sens de déchiffrage, quand je marche, quand je commence à être claqué, c'est ... trop. Mais patience : je reviendrai à Hastière un autre jour, je ref'rai le trajet et je verrai à quel endroit j'ai cafouillé. Travail de patience ! Travail de longue haleine !

 

Je suis arrivé à la chambre d'hôtes. A Hastière ... par Delà. Rue des Gaux. J'ai été super bien accueilli. Les tenanciers prov'naient de Charleroi. Elle enseigne toujours la s'maine. Lui, il est gérant en informatique. Et il joue ... de la guitare. C'était franch'ment le dessert. Y a une pièce où il a disposé toutes sortes de guitares différentes. Mieux encore : leur fille (qui habite à Londres) a épousé un gars qui est le frère d'un chanteur que je connais. Terrains de sympathie, d'affinités, merci beaucoup ! C'était la fiesta, ce week-end, à Hastière. A la chambre d'hôtes, ils ont reçu, juste avant moi, le jour précédent (ou l'avant-veille), Quentin Dujardin (célèbre guitariste) et Pierre-Alain Volondat, grand prix de piano au Concours Reine Elizabeth (en ... 1983).

 

Le temps de déposer mes affaires dans une chambre (qui aurait pu s'app'ler château de Versailles, les 80 euros/nuit je comprenais un peu leur sens), je suis sorti dans la p'tite ville. Manger.

 

J'ai croisé deux charmantes petites gosses blondes qui couraient après un ballon. La plus jeune ne désarmait pas devant l'aînée. De temps en temps, le ballon atterrissait sur le toit (du resto où je m'étais attardé). C'était poétique. La mère, verre de bière en main, déboulait volontiers, avec une raclette, pour débloquer le ballon stationnant sur les tuiles et l'obliger à rebondir sur le sol.

 

C'est après que la soirée devait se terminer en apothéose. Je parcoure la rue en ligne droite.

Je tombe sur le fameux "Hastière Café", où j'étais déjà passé, y a deux ans. J'y étais même resté trois heures, en pure perte, j'y avais cafardé, crevé de solitude. Je préférais (encore) cette solution à l'idée de grelotter dans un lit. J'étais dans une sale passe, oui.

Mais voilà ... les lieux (comme les jours) se suivent et ne se ressemblent pas. Dès que je me suis pointé, toute une table m'a accueilli. J'ai eu droit à "Eh l'ami, viens parmi nous !". Ils étaient sept ou huit. Dont ... un jeune couple. Dont ... une jeune espagnole, longs cheveux noirs, très délurée, très feeling, très sympa, très amicale. Dont aussi ... deux musiciens, originaires de Falmagne : l'un des deux (le p'tit ami de la fille espagnole) faisait du punk, dans un groupe qui existe depuis quatorze ans, était parti au Brésil ... le second, lui, maniait l'art de lancer ses cigarettes (allumées) dans le vide, il avait retrouvé son père (ou son ... padre) au bout de pas mal d'années.

On a trinqué, trinqué. On s'est dit ... beaucoup de choses.

Ca a duré ... une, deux bonnes heures.

 

Quand je suis rentré à la chambre d'hôtes, ensuite (fallait bien) ...

 

C'était pas fini. Alain, le tenancier, jouait encore de la guitare dans la pièce avant. Je m'y suis attardé. Evidemment. Il m'a fait un café. J'ai joué avec une de ses guitares. J'ai chanté quelques chansons (de moi) et il m'accompagnait ... comme sur des roulettes.

 

La nuit a eu le temps de s'intercaler.

 

Il est maint'nant onze heures du matin.

 

Je compte me mettre en route vers ... INzemonts.

 

 

 

 

 

 

 

 

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journal de bord, dimanche 22 mai 2011 (2)

Sur les chemins de Compostelle (la veille du jour où la suite du pélerinage commence) ...

 

Hier, en arrivant à Dinant, j'ai directement repéré un endroit pour loger. Il m'a suffi de traverser la gare.

 

Comme par hasard ...

Le gars, à la réception, qui m'a montré ma chambre est un ancien postier, qui me connaît et qui a travaillé, à une certaine époque, dans le même bureau que moi.

Comme par hasard ...

J'ai connu, dans le même bureau-secteur, le père de ce postier. Jean-Pierre. C'est lui-même qui m'avait parlé, y a quatre ou cinq ans, d'une fête à Dinant où je pouvais chanter et qui m'avait donné rendez-vous ... dans ce même bistro/relais, où j'ai pu dormir, cette nuit. Tout se recoupe.

Comme par hasard ...

J'ai aussi retrouvé, dans ce même endroit, ce même ex-collègue.

Il ne travaille plus depuis deux ou trois ans. Au moins.

Parfois, sur ma tournée de facteur, à Ixelles, une camionnette passait, klaxonnait et ... c'était lui qui conduisait.

Il a été opéré (notamment) des cordes vocales. Il ne sait plus ... parler.

Il était content de me recroiser. En lui parlant, j'ai fait comme si je ne remarquais rien. C'était franch'ment pas facile.

 

Quand je suis dorti du relais, pour aller me balader, j'étais mal, très mal. Ma peau sentait un coup de froid. Mon coeur ne valait pas mieux. J'étais abattu. Je marchais à vide le long des arbres, des berges. En pilotage automatique. L'idée d'être un jour amputé de ma voix, cet organe à qui je dois tant !

 

Oui, j'ai déjà du prendre le temps de me (re)centrer.

 

Le petit train touristique circulait dans les rues. Le drapeau belge trônait sur les hauteurs de la citadelle. Le bulbe de la collégiale ne s'était pas encore fracassé sur le macadam. N'en déplaise à Monsieur Adamek, romancier de talent.

Des tracteurs passaient dans les rues. Aussi.

 

Et j'ai encore passé du temps, du temps, à flâner, à rencontrer, de près ou de loin, la population (locale ou extérieure).

 

Une dame, derrière sa vitrine, l'air de ne pas y compter. En dessous d'elle, une statue (verte ou défraîchie) d'un homme célèbre du coin ... qui r'ssemble (ou r'ssemblait) à Louis Pasteur.

 

Dans un bar à tapas, où j'ai soupé, un gars, à la table voisine (un espagnol) s'étendait, à voix haute, en interpelant son voisin, sur ... le nationalisme et Franco, ce général hélas historique.

En face, un resto plus huppé, avec une espèce de casque gaulois au d'ssus du toit. Pourquoi pas ? Le nom du resto : "Les Amourettes".

 

Je faisais des allers-retours entre les rues de Dinant et le relais où je logeais.

 

Parfois, quand je croisais des jeunes gars, je croyais me retrouver à Bruxelles, dans ma vie quotidienne.

J'avais à peine le temps de passer, de me montrer, avec ma guitare et mon ukulélé sur le dos ... et mes cheveux qui volent dans tous les sens.

"Hey, Crusty le clown !" ou "Hey, Lagaf !"

Ca va, je les connais, ces réflexions ... courantes.

"Désolé, je m'appelle Hugues !", ai-je répondu, en souriant.

"Moi, je m'appelle Steve !", me répond un gars de la bande ... en me serrant la main.

 

Quand je pense ...

Moi qui suis, dans certains registres, hypersusceptible ...

Moi qui ai du mal, à la base, avec les rires en groupe (j'ai tant souffert, gosse, de moqu'ries) ...

Moi qui n'ai pas le sens direct de la répartie ...

Quand je pense au temps qu'il m'a fallu pour m'adapter à ce type de situations ... légèr'ment, en souriant.

Je m'autorise à me dire : bravo, t'as bien travaillé sur toi, le monde t'en est reconnaissant.

 

Presque onze heures ... du matin.

 

Les cloches de la collégiale de Dinant résonnent.

 

L'ombre d'Adolphe Sax (et de son ... saxophone) veille toujours sur un banc. Devant un musée. Je me suis permis d'aller m'asseoir à ses côtés et de lui jouer une sérénade ... au ukulélé.

 

Paraît que, même le dimanche ...

 

Des bateaux font la navette Dinant-Anseremme. Ca me tente.

 

Arrivé au terminus ...

 

J'entam'rai la première étape du ch'min de Saint-Jacques. Sur un sentier, dans le bois, qui grimpe, qui serpente. Ca va, je m'y suis déjà aventuré. Je ne suis pas complt'ment démuni. Quand j'arriv'rai au sommet de la montée (du côté de Freyr), je ne sais pas si j'emprunt'rai le GR 125 direction Hastière ou le 126 direction Houyet et Beauraing.

 

Mmmm.

 

Ca va, mon choix est fait. Quand même. Hastière, final'ment, c'est ça qui me convient. Ca ne doit pas causer de problèmes. Et je pense déjà à la suite : les sentiers de l'Hermeton, Doische, Mazée, Hierges, Olloy-sur-Viroin ...

 

Je poursuis même un autre objectif : Le Mesnil.

 

 

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journal de bord, dimanche 22 mai 2011 (1)

Tiens ! Un rêve symbolique.

 

Je terminais un oeuf à la coque. Ca devait se passer en été.

 

Brusquement, je touche, avec ma cuillère (ou ma fourchette), les hauteurs escarpées, crénelées de la hauteur de la coquille (de l'oeuf).

 

J'entends de la musique. Proche de celle de la guitare.

 

Et ... de la manière la plus machinale qui soit, j'arrive, en réutilisant mon ustensile de cuisine, en alternant les diverses hauteurs cabossées de la coquille de l'oeuf, à retranscrire, à reproduire, sans faute, le traditionnel, le légendaire "PENITENCIER" ... du Johnny Hallyday tout aussi légendaire.

 

Tiens ! Parlons d'autre chose.

 

Une amie m'a parlé, y a quelques jours, d'hippothérapie.

 

Dans les manèges, ça se pratique.

 

On apprend à des enfants (ou à des adultes), qui ont des difficultés d'intégration (sociale, scolaire, familiale ...) à dév'lopper leur sens du contact, du toucher, avec ... des chevaux.

 

Comme j'aim'rais en savoir plus !

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journal de bord, samedi 21 mai 2011 (2)

Sur le pont de Dinant, là où le futur général de Gaulle, durant la première guerre mondiale, a été blessé ...

 

Sur le pont de Dinant, à deux pas de la célèbre collégiale (avec son bulbe), de la Meuse, des terrasses ...

 

On a placé, cloué, installé une ribambelle, une rangée de saxophones ... de toutes les couleurs. Jaunes, bleus, rouges. Des décorations photographiques autour de leurs pavillons. Parfois, des dessins, des peintures complèt'ment surréalistes. Venant d'un peu tous les pays.

 

Dans les rues, ça pue l'touriste.

 

Je suis arrivé autour de seize heures. C'était un peu trop juste pour démarrer les chemins de Compostelle. Arrivé au sommet de la côte de Freyr, au bout de trois ou quatre kilomètres, j'aurais déjà eu faim. Sans trouver de solution.

 

On r'mettra ça à demain.

 

Y a des bateaux, sur la Meuse, qui font la navette Dinant-Anseremme. Toutes les quarante-cinq minutes. Même le dimanche. Je s'rai sans doute de ce voyage-là, demain matin, avant d'entamer mon périple.

 

En attendant ...

 

Je me dépayse. Je me pose. Dans une rue principale, à deux pas de la collégiale. A une terrasse, comme par hasard, où les tables sont exposées dehors et donnent directement sur la rue et les gens qui passent. En face : un marchand de couques, où, à la vitrine, on aperçoit quelques oeuvres artistiques "locales" (des poissons, des paniers ...) reconstruites, reconverties en "speculoos". A côté, une librairie. Encore à côté, un gars lave une vitre.

 

Dix ou quinze minutes. Plus, parfois. Le temps de profiter de ma tasse de café. Du début à la fin. Ca me canalise. Ca me balise. Ca me détend, aussi. Quand la tasse de café est terminée, j'ai du mal à prolonger l'instant où je me suis assis, sauf ... si je commande une seconde tasse. Le sentiment d'infini, quand je m'installe quelque part, est sûr'ment trop lourd. Comme un bon spectateur qui aime se détendre en regardant un bon film et aime savoir quand c'est le début et quand ça se termine.

 

Tiens ! Un jeune couple, avec un chien s'est posé devant la librairie. Tiens ! Un pote chanteur, de la région de Charleroi, en ballade avec sa femme, en attendant de reprendre un car avec des militaires (le pote est un ancien officier). Tiens ! Le soleil, lui, toujours lui.

 

Ensuite, quand je me remets à mon tour dans la ville, dans des rues où je suis déjà passé quelquefois, où je trouve un souffle d'air, rien qu'en marchant, rien qu'en avançant (si je sature, il sera toujours temps de se rasseoir à une terrasse), je passe devant l'Athénée, je retombe nez à nez avec une place où on fait des travaux (c'était déjà le cas, l'an dernier, au même endroit, quand j'avais échoué à Dinant, après avoir effectué un chemin de grande randonnée), je reste impressionné devant les barrages, j'aperçois une grosse péniche rose qui doit être un musée, je tombe sur des caravanes, des camping-cars ...

 

Y a une paire d'années ...

 

Lors d'une fête, ici, à Dinant (sous le pont), où j'étais v'nu chanter, des gars faisaient le pari (pour épater leurs gonzes ?) de sauter dans la Meuse.

 

J'ai eu le temps, aussi, de recroiser Thibault, mon neveu. Une voiture passait. Près de la collégiale, oui. J'ai entendu : "Hugues !". Très très haut.

 Il arrive à ses quatorze ans, le gaillard. Ses cheveux blonds et bouclés qui poussent, ça lui va bien.

 

Y a une paire d'années, aussi ...

 

Quand il avait cinq ans, Thibault. Il m'avait emm'né au bord de la Semois. Il franchissait la rivière sans avoir peur. Il posait ses pieds sur les pierres tapies sur l'eau. Il s'asseyait sur des espèces de grands cailloux carrés qui lui servaient de banc. En maîtrisant très très bien.

 

D'après son père (qui est mon frère) ...

 

Il me r'ssemblait, à une certaine époque. En complétant ses tartines, le matin, d'une masse de "Nutella" plus ... qu'onctueuse (on naît plafonneur ou pas). Bienv'nue au club, mon pote !

 

Dix-huit heures ... cinquante-cinq.

 

Rue de la Station. Pas loin de la gare. Je me suis encore assis ... à une terrasse. Ca permet, quoi qu'on en dise, quoi qu'on en pense, d'observer, de rencontrer, d'apprivoiser (aussi) la population locale. Entre un snack "Papataye", un "White", j'ai cru reconnaître Bernard Lavilliers, à travers un électricien de passage (avec l'accent du terroir) qui cause avec une nana. Parfois, je suis pas à l'aise. Quand trois gosses (du bistro ?) sortent et me regardent, en souriant, droit dans le blanc des yeux. De fait, je le surprends le plus grand de la bande ... en train de souffler, dans une paille, des papiers à la tête d'un peu n'importe qui. Il ... me teste, ça crève les yeux.

 

Heureus'ment, ma voisine de table (qui est leur mère et ... la patronne de l'établiss'ment) s'en rend compte et intervient.

 

Je m'étais permis (faut se protéger) de dire tout haut aux gosses : "Vous me laissez tranquille, s'il-vous-plaît !". Evidemment, ils n'avaient pas mouff'té. Mais ... je restais sur la défensive. Je pouvais toujours avoir les parents au cul ... parce que j'avais engueulé leurs gosses (j'ai déjà vécu ce type de situation dans mon itinéraire de chanteur).

 

Ma voisine de table (la patronne de l'établiss'ment), à un moment donné, lance fermement un avertiss'ment à un jeune de gars de passage. Un client, un habituel, sans doute. Parce que la femme du "jeune gars de passage" aurait fait du chambard dans l'établiss'ment, récemment. Coup suffisamment classique dans les bistrots.

 

Comme ça fait du bien de rester extérieur aux situations, parfois !

 

"Ils ont mis le thermomètre dans mon fromage !", lance encore ma voisine de table/patronne de l'établiss'ment. En évoquant une récente descente de filcs (chez elle ?)

 

 

 

 

 

 

 

 

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journal de bord, samedi 21 mai 2011

Dur dur de rester à un endroit, certains soirs, à un moment donné, à un certain endroit. Tout aussi dur dur de décider de quitter cet endroit, au moment où on sent que c'est dur de rester. Question de moment. Question de contexte. Question d'état d'âme.

 

Savoir qu'il est minuit passé, qu'il n'y aura bientôt plus de métro et qu'on n'est pas sûr de trouver quelqu'un pour nous reconduire à domicile. Attention ! Je ne vis pas à la solde des gens. Faut garder le respect. J'exprime juste à quel point, certains soirs, c'est difficile de décider de s'en aller, parce qu'on sait, parce qu'on sent que c'est le moment.

 

A part ça ...

 

Je suis très heureux d'être passé aux Zapéro-Contes, dans le Centre Ville, pour le rendez-vous mensuel. A la Fleur en Papier Doré. Là où les chanteurs peuvent aussi s'exprimer.

 

Ce n'est pas l'ensemble de la soirée qui m'a été difficile. C'est ... la fin. Quand la fatigue triomphe. Quand les dés sont jetés. Qu'on dépasse la ligne rouge.

 

"Toi, t'as le trac ?"

 

M'a demandé une conteuse.

 

Oui, Mary. Avant de chanter, je bous, je fulmine comme c'est pas possible. Bien sûr, je ne le montre pas. Bien sûr, je passe pas mon temps à solliciter mon entourage avec des "Je vais me planter", des "J'ai pas répété assez", des "Je ne sais pas si mon morceau est au point" (bref : les classiques) ...

 

Mon trac, je le vis, je le gère autrement.

 

Exemple ...

 

Hier, je savais que je démarr'rais le début de la s'conde partie. Comme à chaque fois que je participe aux Zapéro Contes. Je me demandais si, cette fois, on me permettrait encore de chanter (eh oui, cette pensée "saugrenue" me passe par la tête, par le ventre, par le coeur). J'étais incapable d'écouter les deux derniers conteurs de la première, tantb l'impatience (liée au fait ... que j'allais bientôt passer se manifestait dans mes entrailles).

 

Ceci dit ...

 

J'ai écouté les quatre premiers conteurs de la première partie jusqu'au bout. Bel Gazou, dans sa robe rouge, était fidèle à elle-même. Julie (Dufils) et Mona (qui accompagnait Julie à l'accordéon) entraînaient l'assistance avec les cinq conditions requises pour qu'une femme trouve le bon parti, parmi les hommes qui s'ouvraient à elle. Bernadette (Alloin), avec cette nonnette aux yeux de vicieuse, ne m'a pas fait rire (contrair'ment à l'assistance), tant le conte me paraissait si ... véridique.

 

Par la suite ...

 

Il était question, à gauche ou à droite, de polenta, d'Adam et Cécile (plutôt que d'Eve), d'eau plate qui remplaçait l'eau ferrigineuse (chère à Bourvil). Quant aux deux bossus (l'un plein d'amour et l'autre ... aigri), je demanderai à Babette, la prochaine fois que je la crois'rai, si elle peut me fournir leurs coordonnées.

 

Pour la première fois ...

 

J'ai chanté en public ... en m'accompagnant de l'accordéon diatonique. J'en suis fier.

J'ai capté plein de regards souriants dans la salle.

 

Voilà pour l'essentiel. Voilà ce qui me traverse la tête au moment où j'écris.

 

Neuf heures trente-sept. Mon PC me l'indique.

 

D'ici un peu plus d'une heure, je prends le train. Direction : Dinant. Pour le début de la suite des ch'mins de Saint-Jacques. Je m'arrêterai à Anseremme. Ce s'ra plus pratique, compte tenu de l'endroit d'où je compte démarrer le périple, aujourd'hui. Passer sous un pont, notamment.

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journal de bord, vendredi 20 mai 2011

J'espère, de tout coeur, sam'di, si je réarpente les chemins de Compostelle dans la région de Dinant, après avoir rejoint la N95, tomber (enfin) sur le sentier Christiane (renseigné dans le topo guide), joindre en aval (à 100 mètres) la Tête du Lion, le mémorial du Club Alpin Belge et la Meuse (sur la gauche) sous les massifs du Belvédère, de Louis-Philippe et de la jeunesse.

 

En attendant ...

 

Je prendrai déjà mon bâton de pélerin, ce vendredi, en allant au boulot pour la dernière fois ... avant la semaine de 4/5ème qui s'annonce.

 

Je m'enthousiasmerai sans doute, en prenant le tram, en lisant la pancarte, rue de la Brasserie, annonçant un réaménagement futur de la chaussée, avec des trottoirs plus larges.

 

Bien sûr, un "toute boîte" (publicité) est encore prévu(e) pour la tournée. Mais bon. Ce ne s'ra p'têt pas mortel. Hier, on en avait deux (des "toutes boîtes") et je suis quand même rentré "relativ'ment' dans les temps.

 

Tiens ! Au 27, rue des Champs Elysées, un nouveau venu, un nouveau client s'appelle ... Halliday.

 

Ce soir ...

 

Je particip'rai, en tant que chanteur, aux Zapérocontes, dans le Centre Ville. Je me suis juré de prendre mon accordéon diatonique avec moi et de faire un essai, avec cet instrument, en public. Je peux déjà (sommair'ment, mais sûr'ment) me débrouiller avec une ou deux chansons. 

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journal de bord, jeudi 19 mai 2011

Voilà, je n'aurai pas mes deux jours de congé, demain et après-demain. Je ne pourrai donc me rendre aux Cabarets d'Albert, à Eghezée, où je m'étais inscrit. Ce n'est que partie remise.

 

Faut dire : plus d'un, à la poste, ont demandé congé aux mêmes dates, probablement. Et ... selon le chef (qui accorde ou refuse les jours de congé que vous demandez), y a pas assez de réserves pour assurer les services non couverts. Ca fait partie du jeu. Et les priorités, dans les demandes (de congé) sont toujours accordées à ceux qui ont demandé les dates en premier lieu.

 

Pas grave. Faut dire : je patinais, les derniers temps. J'avais envie de me rendre à Eghezée, les 19 et 20 mai. Mais, dans l'état de fatigue, de surmenage, j'avais du mal à me décider à aller remplir ma feuille de congé. Je remettais ça à demain. Continuell'ment. En me disant : ce qui arriv'ra arriv'ra.

 

J'ai, heureus'ment, assez de compensations heureuses demain et après-demain.

 

J'aurai peut-être le temps, tout à l'heure, après le boulot, de passer à l'Institut Géographique de la Cambre, à Ixelles. Là, ils vendent des cartes d'état major, des guides de sentiers de grande randonnée, des guides de sentiers de Saint-Jacques de Compostelle. Il se fait que, sam'di matin, je l'ai décidé, je me lève tôt, je prends ma guitare, j'enfourche des vêt'ments et je m'envole sans doute jusque Dinant, Hastière. Je compte y poursuivre les ch'mins de Saint-Jacques, là où je les ai laissés. Faut dire : l'été revient. Faut dire : les journées sont de plus en plus longues. Autant en profiter. J'espère, sur les ch'mins, tenir le coup le plus longtemps possible. Peut-être, après Hastière, j'irai jusque Beauraing, Doische. Je dépass'rai la frontière, qui sait. Comme j'ai toute la s'maine prochaine de libre (mon 4/5ème, au boulot, trouve sa relâche, hi hi hi).

 

Demain soir, vers 19 heures 30, je fil'rai, comme chaque jeudi (quand je ne suis pas trop crevé), à la réunion des ... émotifs anonymes. Oui, depuis deux ou trois mois, je suis entré dans l'bazar et je ne m'en plains pas. J'y rencontre plein de gens, sensibles comme moi, émotifs comme moi, qui partagent leur vécu, leurs questionn'ments, leur sensibilité. Quand l'un s'exprime, personne ne le contredit, personne ne le juge et tout le monde a le temps de parole qu'il désire. Une règle : garder l'anonymat des autres qui participent à ces réunions. Je ne cit'rai aucun nom. Je ne racont'rai rien de ce qui s'y dit. Même si, quelquefois, je le regrette, tant les témoignages sont riches et intéressants, et je suis persuadé que, parmi les lecteurs, pas mal (d'entre eux) pourraient aussi en profiter.

 

A tout hasard ...

 

Si certains étaient intéressés et souhaitaient en savoir plus ...

 

Y a sept centres en Belgique. Trois, à Bruxelles, je crois. Un à Louvain-la-Neuve. Un à Liège. Un autre à Mont-sur-Marchienne (près de Charleroi). Quant au reste, je ne sais plus. Si certains souhaitent obtenir plus d'explications concrètes, je leur propose de me contacter ... et nous en discut'rons en privé.

 

Quant à vendredi, après l'boulot ...

 

Eh bien, je peux encore chanter quelque part. A défaut de prester à Eghezée, eh bien, il reste encore les légendaires Z'apéro-contes, à la Fleur en Papier Doré, à Bruxelles. Là où les conteurs (en priorité) et les chanteurs peuvent s'exprimer en scène ouverte, s'ils arrivent vers 19 heures et s'ils s'inscrivent le plus vite possible.

 

Je reste optimiste.

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"coeur d'artichaut"

"T'as un coeur d'artichaut !"

 

Je l'ai déjà entendue, cette expression.

 

"T'as un coeur d'artichaut !"

 

Parmi mes ami(e)s, plus d'un(e) me l'a déjà dite, sans méchanc'té aucune.

 

"T'as un coeur d'artichaut !"

 

J'ai quand même du mal à la digérer, cette expression. Peut-être que ... je la comprends mal. J'entends : "t'as pas le coeur solide", "t'as pas le coeur fidèle", "tu changes de coeur comme de chemise", "t'as pas de volonté", "t'es un faible de caractère". Toutes ces images me pèsent. Toutes ces images me font très très mal ... au coeur. Mais c'est p'têt juste une question de sémantique.

 

"T'as un coeur d'artichaut !"

 

Je me suis renseigné. Le sens réel de cette expression, c'est avant tout : quelqu'un dont le coeur s'emballe, s'enflamme vite ... en amour.

Ah !!!!

En effet, je m'enflamme vite devant les regards féminins qui me font de l'effet. Oui. Très vite, je décolle.

Parfois ... cinq, six, sept fois sur une seule et même journée. J'en ai même pas honte.

 

Mais ... qu'à c'là ne tienne, même lorsque j'ai le coeur en émoi, même lorsque je vibre à fond la caisse dans le soi disant "jeu" de la séduction, c'est rar'ment un feu de paille, mon coeur s'attache, mon coeur est fidèle, et y a toujours un je ne sais quoi, chez la demoiselle, que j'apprécie et que j'ai envie de connaître.

 

J'aim'rais toutefois préciser.

 

J'entends facil'ment mon coeur qui bat lorsque je rencontre ... des gens, au sens le plus général. Des personnes âgées. Des gosses. Et ... des femmes, bien sûr. Je craque pour des chiens, des chats, des chevaux, des oiseaux, aussi.

 

Qu'on ne s'y méprenne pas. Parmi les nombreuses "femmes" que je croise sur ma route, y en a aussi plus d'une qui touche mon coeur, sans déclencher pour autant un ... désir physique. Et ... parmi celles qui me plaisent, me mettent en appétit, avec lesquelles je pourrais ... dormir, passer la nuit, faire l'amour, toutes ne remuent pas forcément mon coeur (ou mon âme), toutes ne me laissent pas forcément des traces impérissables.

 

Bien sûr, bien sûr ...

 

Beaucoup de filles, de femmes me font voler. Caroline, Valérie, Bénigne, Suzanne, Karine, Delphine, Stéphanie ... on se comprend. Prises chacune(s) séparément, vous m'inspirez plein'ment. Les chansons que j'écris (en mentionnant vos prénoms) le prouvent. Si les circonstances l'avaient voulu, c'est peut-être, c'est sûr'ment avec l'une d'entre vous que j'aurais construit un chemin d'amour ... durable.

 

Jolies fleurs qui poussez le long des chemins ...

 

C'est même pas l'attrait du sexe, ni du lit qui me lie, me relie, me scotche à vous. C'est votre présence. Une salopette avec un pull à col roulé gris derrière ... une façon de sourire ... une façon de tenir votre paquet de cigarettes ... une façon de dire "si je peux me permettre" ou "y a pas d'souci" ... une façon de couper vos ch'veux (ou de décider de les laisser repousser) du jour au lend'main ... un accent étranger ...

 

Lorsque je me confie à des proches qui peuvent m'entendre ...

Lorsque je leur dis, en direct, ce que j'écris ici plus haut ...

 

Il y en a qui me répondent : "C'est curieux !"

D'autres me disent : "C'est drôle, je suis comme toi !" ou "Tu me fais penser à ..."

 

Une autre tranche de gens me posent la question suivante : "Qu'est-ce que madame en pense ?" ou "Que dirais-tu si ta femme faisait la même chose ?"

Franch'ment, j'aime pas beaucoup ça. D'abord, plus d'un s'imagine que je cherche absolument à coucher à droite et à gauche. Bon, à chacun ses projections !

D'autres (surtout des femmes !) se mettent, à leur niveau, à la place de ... la mienne. Sans la connaître, forcément. Mais en s'imaginant (sans doute avec les meilleures intentions du monde) ce que "ma femme" pourrait ressentir. J'en connais même qui m'ont déjà ... fermé la porte (en voulant sout'nir "ma femme")

 

"Qu'est-ce que madame en pense ?"

 

D'accord, j'aime l'empathie. D'accord, cette question a sa logique, par rapport à ce que je raconte ... quand j'évoque ma propension à tomber facil'ment amoureux.

 

"Qu'est-ce que madame en pense ?"

 

 Je la trouve plutôt saumâtre, cette question. Il est clair que ... lorsque j'évoque, sans complexe, ma propension à tomber facil'ment en émoi devant pas mal d'oiseaux féminins, je parle de moi, rien que de moi. Et j'ai envie d'être écouté, par rapport à ce que je ressens. L'entourage extérieur n'a plus rien à voir. Ma propension naturelle à tomber amoureux, c'est quelque chose qui me concerne. Point barre. Même si pas mal de "jolies demoiselles" entrent dans cette sphère. D'accord, je pourrais garder ça comme ... jardin secret. Mais c'est plus fort que moi : j'ai besoin de partager ce que je ressens, ce que j'éprouve.

 

"Qu'est-ce que madame en pense ?"

 

 Là, on aborde carrément un autre sujet. Qui n'a plus aucun rapport. Vous me mettez à mal quand vous me posez cette question. Vous m'obligez (directement ou indirectement) à vous fournir des renseignements que je ne souhaite pas. Fichez la paix à "madame" ! Ce qui se passe entre elle et moi ne vous regarde pas. Sauf ... si je décide de vous en parler.

 

Et puis ... y a quand même une marge entre ...

 un chemin d'amour, qui se construit jour après jour, pas à pas, avec les hauts et les bas, avec une personne qu'on aime par dessus tout, qu'on n'échang'rait contre aucune autre

et

des émois, des emball'ments "fleur bleue", des désirs d'assouvir des fantasmes, des emball'ments sexuels qui sont des instantanés fréquents et quotidiens, qui font du bien à la libido, qui vous transportent au septième ciel,

 mais qui ne remplac'ront jamais le chemin d'amour .

 

Je parle en connaissance de cause.

 

Et même s'il y a "parenthèse" (ce mot est plus noble que "couch'rie") sur le côté.

 

Ca ne prouve encore rien. Dormir auprès d'un ange féminin (qui n'est pas notre légitime), lui faire l'amour, la combler, c'est encore ... rien qu'un moment qu'on partage, à un moment donné, avec une personne. Ca ne remet même pas forcément en question un ch'min d'amour, en route depuis un certain temps.

 

La barbe !

 

Ce qui est vrai, par contre ...

Ce qui est même dang'reux, par contre ...

 

C'est le risque, si on partage physiquement un moment avec un bel oiseau (alors qu'on est engagé ailleurs), de s'attacher, de se sentir déchiré entre deux coeurs, de ne plus savoir vers où on va, de finir par tout bousiller (faute de se rendre vraiment disponible). Et là, il faut être prudent. Il est important aussi ... de se rapp'ler qu'on dispose de vingt-quatre heures par jour (souvent moins et jamais plus).

 

Je me dis souvent, aussi ...

 

Après avoir vécu plein'ment mes émois (dans ma tête, dans mes rêves surtout) ...

Y a toujours un moment où je décante.

Quand je pense à la "dame de coeur" qui m'accompagne depuis pas mal d'années, et à l'égard de laquelle je reste prudent dans mes déclarations (elle m'a demandé de respecter son intimité et je respecte son choix) ...

Quand je m'imagine ... repartir à zéro, dans la réalité, avec un autre "bel oiseau" qui, a priori, me comblerait peut-être plus dans un domaine (mais sûr'ment beaucoup moins dans un autre domaine) ...

Quand je compare ...

Quand je pèse le pour et le contre ...

Je n'hésite pas un quart de seconde. J'aime plein'ment "celle qui m'accompagne". Je reste imprégné d'elle. Et ... aucune autre, selon moi, n'arrive à sa ch'ville. Je n'ai pas peur de cheminer jusqu'à la mort avec elle (je n'ai pas souvent eu ce sentiment-là, auparavant, dans d'autres relations, à une certaine époque, qui s'avéraient sérieuses).

 

Ceci dit ...

 

Les "bels oiseaux féminins", qui émoustillent mon coeur (et le reste), lors de mes tournées de facteur, mes passages dans l'tram, mes arrêts aux terrasses de Bruxelles ou de Limoges ...

 

Je leur garde, bien sûr, tout un espace, aussi. D'amitié. D'attirance. De confiance. Etc. Digne des ciels bleus et des orages qui passent et repassent, dans les mille et mille tourbillons du quotidien. Quand j'aime, j'aime. Quand je ressens, je ressens. Je m'efforce, chaque jour, d'en être conscient, de l'assumer et d'en faire quelque chose. Foi de ... coeur d'artichaut !

 

Fidélité ou infidélité ?

 

Vaste débat !

 

Je pos'rais volontiers la question à bien des gens que je côtoie ... qui vous prônent la fidélité à tout rompre, qui sont prêt(e)s (quand ça les démange brusquement) à tout vous donner par amour (comme si vous étiez le seul et l'unique) et qui, un jour, vous plaquent parce qu'ils (ou elles) réalisent subito qu'ils (ou elles) se sont trompé(e)s (alors que ... les défauts qu'ils découvrent brusquement, vous les aviez déjà), qui réitèrent le même scénario avec un(e) nouvel(le) élu(e) et ne vous donnent plus jamais de nouvelles. Comme si vous n'aviez jamais existé. Tant pis si ... vous vous tapez la tête au mur. Tant pis si ... vous crevez dans la rigole. Ce n'est plus leur problème. Et ... on ne peut rien faire. Ils (ou elles) sont encore dans leur droit.

 

Les "coeurs d'artichaut" sont plus solides, plus tenaces, plus fidèles en amour qu'on ne l'imagine.

 

 

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journal de bord, mercredi 18 mai 2011

Le président du FMI, en France, est toujours dans de beaux draps. Le frère de la femme de chambre "violée" a témoigné. Le drame se s'rait passé vers treize heures. L'entourage du président dément : DSK (Dominique Straus-Kahn) aurait quitté l'hôtel un peu après onze heures. Les avocats pourraient changer leur stratégie de défense. Un rédacteur aurait assisté à une "exécution médiatique".

 

Un destin se brise-t-il dans les yeux du monde entier ?

 

Où est la vérité, dans tout ça ?

 

"A mon avis, il a violé !", disait, catégoriquement, hier matin, une dame que je rencontre chaque matin, au p'tit bistro où je vais prendre mon café, avant d'aller bosser. "Quelle preuve a-t-on ?", me suis-je permis de demander. "Il l'a déjà fait", répond-elle. J'insiste pas. Logiqu'ment, elle a raison. N'empêche que ... on n'a aucune preuve tangible. En se basant sur un passé "peu reluisant" pour justifier un présent, qui, d'office, ne l'est pas (surtout quand des évén'ments sont là), on peut déboucher sur des erreurs judiciaires, aussi. L'histoire regorge d'exemples.

 

Au 18ème siècle, un homme a été roué pour le meurtre de son fils. Sur base de "preuves". Mais on n'a jamais rien pu certifier. L'affaire Callas, si mes souv'nirs sont bons.

 

Dans les années 70, y a eu l'affaire du ... pull over rouge. Un homme est passé sur l'échafaud. Il présentait tous les signes visibles, suite au meurtre d'un enfant. Et ... il avait, paraît-il, une tête pas sympa. Après la mort de l'accusé, on s'est rendu compte qu'il était innocent.

 

J'aim'rais tant voir, en entier, le film "Douze hommes en colère", sorti en 1957. J'ai pu en voir des extraits sur "youtube". Un gars est accusé de meurtre. Sur douze jurés, onze sont convaincus de la culpabilité de l'accusé. Avec des arguments qui tiennent, apparemment la route : on a retrouvé le couteau qu'il a utilisé (un qu'on ne trouve pas dans le commerce), il a déjà un casier judiciaire rempli (maison de correction pour avoir attaqué un instituteur, vol de bagnoles ...). Tout concorde. Les préjugés des jurés, liés aux antécédents, ne font rien pour atténuer, alléger l'affaire. Seul, un juré (interprété par Henry Fonda), sans être certain de l'innocence de l'accusé, n'est pas sûr à cent pour cents de sa culpabilité. Les preuves s'avèrent, à ses yeux, toujours un rien foireuses. Et je crois qu'il finit par avoir raison.

 

Belle leçon !

 

 

 

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journal de bord, mercredi 18 mai 2011 (2)

Parfois, j'ai des cas de conscience.

 

Il m'a suffi d'ouvrir une armoire, de tomber sur une boîte en fer où y avait plein de pièces de monnaie pour m'en rendre compte.

 

Voir en face sans trouver de réponse claire, c'est pas évident à assumer. POurtant, faut garder la tête froide. S'angoisser, se culpabiliser, ça ne sert à rien.

 

J'explique la situation ... un peu plus en détail.

 

Dans la boîte en fer où y avait des pièces, y avait aussi un billet de ... 50 euros. Qui me causait problème.  L'avais-je gagné honnêtement ?

 

Une fois par mois, dans le cadre de mon métier de facteur, je porte une pension à une dame ... moins âgée qu'elle n'y paraît. C'est mon avis. Elle est toujours heureuse de me voir, vers le quinze de chaque fois. Elle habite quelque part, dans un immeuble. Rue de la Croix. Nous réglons toujours le paiement de la pension, juste à l'entrée de l'immeuble, au dessus des boîtes aux lettres. Je lui fais d'abord signer un papier que je reprends, je lui donne le talon qui accompagne (le papier), comme preuve. Ensuite, je compte l'argent devant elle, je vérifie le montant (pour savoir si c'est juste), et je lui donne ce qui lui revient. C'est pas tout. J'ai droit à un pourboire (ça se fait toujours), mais pas n'importe lequel : pas cinq euros, pas dix euros, pas vingt euros (grosse somme, déjà) non plus. Mais carrément ... cinquante euros. Parfois plus.

 

Je suis à chaque fois plus qu'emmerdé. Je n'ai pas envie de profiter, bien sûr. D'un autre côté, autant je suis mal en acceptant cette situation (je me sens lâche et profiteur), autant je me sens incapable de refuser. Nerveusement. Cette femme (qui n'hésite pas, dès qu'elle remonte la rue des Champs Elysées, à traverser et à m'offrir des bonbons) m'épuise dès qu'elle arrive à ma hauteur. Elle sent le foin. Elle a l'air d'une ... qui couche chaque soir sous les ponts. J'ai comme un blocage nerveux qui fait que tout acte, toute initiative de ma part, envers elle, me semble ... de l'énergie perdue, bousillée. Communiquer avec elle, j'y arrive même pas vraiment, j'y arrive ... pas du tout. Quoi que je fasse, je deviens KO, vidé, liquéfié quand je la quitte.

 

En acceptant (plus qu'emmerdé) les pourboires "généreux" qu'elle m'offre (ou qu'elle m'impose), eh bien, c'est encore ainsi que je me ménage ... le plus.

 

J'essaie de relativiser. De me dire que ... je ne lui ai jamais demandé ce retour, ce "cadeau" aussi conséquent.

 

Je me suis quelquefois surpris à dire à cette dame (dans un esprit de pur respect et de pure reconnaissance) : "Si, un jour, je fais le tour du monde ou si je réussis à faire un nouveau CD, je vous le devrai". Elle n'entend pas. Elle parle en même temps. Elle paraît franch'ment ... allumée.

 

Ne rien tenter pour stopper le bazar, dans ce cas, reste, jusqu'à présent, de la survie (plus que de l'économie d'énergie).

 

Cette situation, assez embarrassante, dure depuis ... six ans. Depuis que je suis titulaire de la tournée.

 

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journal de bord, mardi 17 mai 2011

Un éventuel futur président de la république française se retrouve menotté aux Etats-Unis. Parce qu'il aurait tenté de violer une femme de chambre, là-bas. Paraît que le gaillard a déjà été visé dans des affaires judiciaires. Une Française, ce matin, entendrait aussi porter plainte. Certaines infos, concernant l'agression sexuelle de l'accusé, démentiraient que cette histoire est un coup monté. Contre toute attente, cette histoire pourrait ... ne pas profiter à "l'encore actuel" président de la république française.

 

Que dire ?

 

Un champion du marathon a fait une chute mortelle, depuis le deuxième étage de sa maison.

 

Des boîtes noires d'un avion ont été recueillies après avoir passé vingt-trois mois au fond de l'océan.

 

Que dire ? Que penser ?

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journal de bord, lundi 16 mai 2011

Un instantané.

 

Hier, en reprenant le train.

 

Arrivé à la première halte (Nivelles) ...

 

Mon voisin (de compartiment) se lève. A la quatrième vitesse. Il a les jambes ... croisées. Un objet, qu'il doit emporter, tombe. J'ai le réflexe de vouloir le ramasser. Il me dit : "non, ça va". Je laisse dire, je laisse faire. En une fraction de seconde, il récupère l'objet avec un de ses doigts de pied. Il file dans la pièce, la case d'à côté, où une chaise roulante l'attend. Il s'assied sur son trône, sans égratignures. Trois s'condes plus tard, grâce à l'aide de deux personnes, sur le quai, il a quitté le train.

 

J'avais capté le gars, déjà, quand je m'étais assis à côté. Gentil. Souriant. Sans complexes. Sans chichi. En train d'écouter "un peu de tout" dans son baladeur.

 

Divine éclaircie !

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