Parfois, j'ai des cas de conscience.
Il m'a suffi d'ouvrir une armoire, de tomber sur une boîte en fer où y avait plein de pièces de monnaie pour m'en rendre compte.
Voir en face sans trouver de réponse claire, c'est pas évident à assumer. POurtant, faut garder la tête froide. S'angoisser, se culpabiliser, ça ne sert à rien.
J'explique la situation ... un peu plus en détail.
Dans la boîte en fer où y avait des pièces, y avait aussi un billet de ... 50 euros. Qui me causait problème. L'avais-je gagné honnêtement ?
Une fois par mois, dans le cadre de mon métier de facteur, je porte une pension à une dame ... moins âgée qu'elle n'y paraît. C'est mon avis. Elle est toujours heureuse de me voir, vers le quinze de chaque fois. Elle habite quelque part, dans un immeuble. Rue de la Croix. Nous réglons toujours le paiement de la pension, juste à l'entrée de l'immeuble, au dessus des boîtes aux lettres. Je lui fais d'abord signer un papier que je reprends, je lui donne le talon qui accompagne (le papier), comme preuve. Ensuite, je compte l'argent devant elle, je vérifie le montant (pour savoir si c'est juste), et je lui donne ce qui lui revient. C'est pas tout. J'ai droit à un pourboire (ça se fait toujours), mais pas n'importe lequel : pas cinq euros, pas dix euros, pas vingt euros (grosse somme, déjà) non plus. Mais carrément ... cinquante euros. Parfois plus.
Je suis à chaque fois plus qu'emmerdé. Je n'ai pas envie de profiter, bien sûr. D'un autre côté, autant je suis mal en acceptant cette situation (je me sens lâche et profiteur), autant je me sens incapable de refuser. Nerveusement. Cette femme (qui n'hésite pas, dès qu'elle remonte la rue des Champs Elysées, à traverser et à m'offrir des bonbons) m'épuise dès qu'elle arrive à ma hauteur. Elle sent le foin. Elle a l'air d'une ... qui couche chaque soir sous les ponts. J'ai comme un blocage nerveux qui fait que tout acte, toute initiative de ma part, envers elle, me semble ... de l'énergie perdue, bousillée. Communiquer avec elle, j'y arrive même pas vraiment, j'y arrive ... pas du tout. Quoi que je fasse, je deviens KO, vidé, liquéfié quand je la quitte.
En acceptant (plus qu'emmerdé) les pourboires "généreux" qu'elle m'offre (ou qu'elle m'impose), eh bien, c'est encore ainsi que je me ménage ... le plus.
J'essaie de relativiser. De me dire que ... je ne lui ai jamais demandé ce retour, ce "cadeau" aussi conséquent.
Je me suis quelquefois surpris à dire à cette dame (dans un esprit de pur respect et de pure reconnaissance) : "Si, un jour, je fais le tour du monde ou si je réussis à faire un nouveau CD, je vous le devrai". Elle n'entend pas. Elle parle en même temps. Elle paraît franch'ment ... allumée.
Ne rien tenter pour stopper le bazar, dans ce cas, reste, jusqu'à présent, de la survie (plus que de l'économie d'énergie).
Cette situation, assez embarrassante, dure depuis ... six ans. Depuis que je suis titulaire de la tournée.
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