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journal de bord, mercredi 25 mai 2011 (3)

Sur les chemins de Compostelle (quatrième versant) ...

 

Entre Olloy et Oignies, dans une forêt de huit kilomètres qui, forcément, n'en finissait pas ...

 

J'ai croisé une biche. Qui passait par là. Très très vite. En une fraction de seconde. Evidemment. Et qui s'est enfuie tout aussi précipitamment. Comme par hasard. Comme j'aurais voulu la serrer dans mes bras !

 

Pas de coup de fusil à l'horizon. Quand il y a des battues, c'est clair'ment indiqué à l'entrée des forêts. Cà m'est déjà arrivé de tomber sur ce "type d'inconvénients", un jour où j'avais décidé de marcher ... et de r'brousser ch'min, par peur de r'cevoir un éclat de chevrotine dans les côtes.

 

Dans la forêt ...

 

J'ai croisé un pél'rin. Qui était en train d'enl'ver ses sandalettes et d'arpenter, pieds nus, un ruisseau et ses cailloux. Il se nourrissait dans une boîte de conserves ... avec ses doigts. Il avait laissé sa voiture à Olloy. Enfourché son vélo (depuis Olloy) jusque Moulin-Manteau (France). De là, il repartait à pied jusque ... Olloy. En f'sant le détour par la forêt. A Olloy, sitôt rentré, grâce à sa voiture (et sa "Kangoo", grâce à laquelle il pouvait loger), il allait récupérer sa bécane à Moulin-Manteau. Il ne concevait pas, dans sa philosophie (à lui) du pél'rinage de Saint-Jacques, de loger dans une chambre d'hôtes.

 

Les ruisseaux, dans la forêt, me f'saient penser aux décors naturels de certains westerns. Tiens ! Je n'ai pas croisé le moindre trappeur.

 

Je n'ai pas pris la direction de Moulin-Manteau, Hiraumont, Rimogne, Rocroi, suites logiques du trajet. J'avais un autre projet.

 

Je suis arrivé à ... Oignies. Dans le centre du village.

 

Tiens ! J'ai reconnu le "Courthéoux" de mon enfance. Il s'appelle maint'nant : "Chez Jeannine". Je me rappelle de Madame Andrée, la tenancière de l'époque. A ses heures, elle était infirmière. A coup de piqûres, elle me soignait de mes allergies.

Tiens ! La boulang'rie n'existait plus.

 

Je n'aurais pas pu passer par Oignies, sans faire un crochet par ... Le Mesnil.

 

Une grosse partie de mon enfance s'est passée dans ce tout petit, petit village ... de cent-vingt-cinq habitants, quand je l'ai connu (y a quarante ans). Nous y avions notre maison de campagne. Nous y allions tous les week-ends et toutes les vacances (de Pâques, de Noël et d'été). Cà a duré ... quatre ans. Mes deux frères et moi, nous avons beau être très très différents au niveau de nos caractères, de nos mentalités, de notre train de vie, de nos fréquentations (amicales, amoureuses, sociales, professionnelles), notre coeur s'éveille toujours en commun lorsque nous évoquons ... Le Mesnil.

 

Quand mon frère cadet circulait avec un chapeau boule, qu'il était la coqu'luche des filles (le veinard !) et qu'on l'app'lait Nini ...

Quand mon autre frère, nerveux, bouillant à souhaits, circulait dans les rues du village avec son vélo ou ses patins à roulettes ...

 

J'ai refait, dans mon Compostelle, à pied, cette route de deux kilomètres entre Oignies et Le Mesnil. Je ne l'ai jamais oubliée, non plus. Papa y a suffisamment roulé, en pleine nuit, en pleine journée, dans sa Ford Taunus 12M blanche de l'époque.

 

Sur cette route, j'ai reconnu ...

 

Le château d'Oignies. A l'époque, le mur était peint en blanc. Depuis, la couleur d'origine a disparu.

Les pylônes légèr'ment cachés par les arbres.

Les deux virages secs à l'entrée du Mesnil. Papa les avait filmés avec sa caméra 8 normal.

Le calvaire tapi au pied d'un arbre, à proximité de la maison "blanche" du colonel.

L'endroit où on venait à la balançoire (chez Mimie). Les fermes. L'église (tiens, j'ai reconnu les cloches, quand elles ont sonné). La place où les scouts (qui campaient au Mesnil, en été) organisait leurs feux d'camp, avec leurs guitares.

 

Et ... l'épic'rie Leclercqz (chez Mémène), au Mesnil ...

 

Elle est encore là. Anne-Marie et Jacqueline, les deux filles de l'époque, qui servaient dans ce magasin, sont toujours vivantes et en fonction. Ca va, j'aurais pu être plus dépaysé en arrivant. Elles m'ont reconnu. Assises sur une chaise, devant l'épic'rie. A côté d'elles : j'ai revu une autre Anne-Marie, qui me donnait parfois des leçons de calcul (elle ne s'en rapp'lait pas), à l'époque elle avait des longs ch'veux et des lunettes et je l'app'lais Nana Mouskouri. Hi hi hi. Sur une chaise, devant l'épic'rie, y avait aussi la maman de "Anne-Marie/Nana Mouskouri", une dame qui atteint les 97 ans (et dont j'avais gardé le souv'nir, aussi). En résumé : d'heureuses retrouvailles.

 

Le père de notre "Anne-Marie/Nana Mouskouri" était garde-champêtre. Quand c'était le carnaval, en février, il actionnait la cloche. Dès lors, entre 14 et 16 heures, eh bien, les gens qui n'étaient pas masqués recevaient un seau d'eau. Eternelles traditions ! Passé 16 heures, le garde-champêtre actionnait, une seconde fois, sa cloche et les gens comprenaient que c'était fini, les seaux d'eau (mais on pouvait attraper les gens et les maquiller).

 

Revenons au présent. Il n'y avait pas, ce mercredi 25 mai 2011, de possibilité d'hébergement à Le Mesnil.

 

Je m'apprêtais à reprendre un bus pour Oignies. Ou, à la rigueur, faire du stop. Quand une fille du Mesnil s'est présentée, devant l'épic'rie Leclercqz, avec une pélerine de Compostelle hollandaise ... qui ne pipait pas un mot de français. Et qui cherchait un lieu pour dormir.

De discussions en discussions ...

 

"Anne-Marie/Nana Mouskouri", dans un grand élan de générosité, a fini par nous trouver (à la hollandaise et à moi), un endroit pour loger. Un chalet, à vingt euros la nuit.

 

Ca va, je dormirai sur un divan, cette nuit.

 

Laissons à la pélerine hollandaise le privilège du "lit", dans la pièce à côté, séparée par un rideau.

 

 

 

 

 

 

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