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Des routes parallèles

En hommage discret à Hervé Fischer

Des humains avancent, en foule, sur des routes parallèles. Tous ces chemins, où se vivent des destinées, ne se rencontreront jamais si demeure constant l'écartement qui les sépare.
Les échanges, entre personnes de haut savoir, philosophes et scientifiques, participent au progrès, modifient les comportements.
Or, pour profiter d'idées éclairées, stimulantes, il faut y avoir facilement accès et posséder la faculté de les comprendre clairement.
Si ce n'est pas perte de temps, pour les sages de la nouvelle ère, d'exposer leurs convictions avec force, et de dénoncer l'obscurantisme avec un évident mépris, il est certain que leurs discours n'auront pas la moindre influence sur ceux qu'ils devraient affecter. Ceux - ci ne peuvent les entendre et ne pourraient pas les comprendre. Ils resteront conditionnés, satisfaits de leurs certitudes, sans besoin de nouveaux prophètes.

16 juillet 2015

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Et si Moïse n'avait pas quitté l'Egypte ?

   

Certaines terres, sont rouges du sang versé au nom d'une haine se perdant dans la nuit des temps.
Ce n'est qu'une interrogation mais.
Et si Moïse n'avait pas quitté l'Egypte?
 
Si au lieu de quitter le sable de l’Egypte pour
traverser une mer, comme on traverse une flaque dans
la rue, Moïse et son peuple les Hébreux étaient restés
à côté de Ramsès II,
que serait la Palestine aujourd'hui ?
 
Ce papier sera volontairement court, car tout à été dit
sur le sujet. Depuis plus de trois mille ans, personne
n’a jamais trouvé la solution, et personne ne la trouvera car deux vérités s’affrontent et sont indivisibles ; les Palestiniens estiment être sur leur terre depuis que le soleil se lève à l’horizon. Et les Hébreux depuis plus de trois mille ans estiment qu’ils ont le droit de revendiquer la propriété d’une partie de celles-ci !
 
Qui sont les Hébreux ?
Les Hébreux sont pour la plupart, issus des tribus syriennes, Araméennes etc. Nomades, ils quittent la Mésopotamie vers 1900 avant Jésus-Christ guidés par Abraham. Vers 1700 avant Jésus-Christ, à la suite d’une famine, ils se rendent en Egypte. Moïse, à cause de l’oppression de Pharaon les fait sortir d’Egypte vers 1290 avant J.C. ; c’est l’exode, ils vont regagner la Palestine qu’ils vont coloniser de -1250 à –950, et s’uniront à des groupes d’Hyksos expulsés d’Egypte par Mineptah, fils de Ramsès II.
 
Qui étaient les Hyksos ?
 
Peuple sémites dominés par une aristocratie indo-européenne, prennent l'Egypte 1730 à –1580. D'origine nomade, apparentés aux Cananéens, sont décrits sous le nom générique d’Hyksos. Arrivés vers la fin du IIIè millénaire (2300-2200) dans le pays d'Amourrou, c'est à dire la haute Syrie actuelle, le Nord de la Palestine et l'arrière pays de la Phénicie, ils adoraient SETH, dieu de la guerre. Les témoignages contemporains sont rares. Les Hyksos introduisirent de nouvelles armes: Haches, armes blanches en fer et surtout le char tiré par des chevaux. Ce sont ces derniers qui défavoriseront les Egyptiens
pendant les combats.
 
Qui sont les Palestiniens ?
 
Au ~IIIe millénaire, la civilisation Cananéenne se fonde sur un système de cités-États faites d'agriculteurs sédentaires et de pasteurs semi-nomades. L'existence de la cité cananéenne Ourousalim, (qui sera rebaptisée Yéroushalayim, Jérusalem et finalement conquise par David vers ~1000), est évoquée dans des écrits datant de 2000 avant J.C.
 
La civilisation cananéenne fut tour à tour sous l'influence des Mésopotamiens venus de Chaldée au ~XVIIIe siècle, et des Égyptiens (~XVIe-~XIIIe s.), et pris fin lors de l'invasion de la zone côtière de Gaza par les Philistins originaires de la mer Égée en ~1175, suivie de l'invasion des Hébreux venus d'Égypte sous la conduite de Moïse. On retrouve en Cisjordanie des vestiges de la civilisation dite natoufienne, sans doute nomade, entre le XIe et IXe millénaire avant notre ère. Le néolithique du VIIIe millénaire laisse apparaître une civilisation sédentaire, pratiquant l'agriculture et l'élevage. Au VIIe millénaire, la céramique fait son apparition, ainsi que d'autres formes d'artisanat.
 
Voilà nous avons fait le tour du problème, nous sommes comme partout dans le monde en présence de peuples nomades qui se sont sédentarisés au fil des siècles, exactement comme les Gaulois, pardon les Français, car dans notre beau pays, nos gênes sont plus qu’hétéroclites. Au Nord, sur la Bretagne et la Normandie, les Vikings venus des pays Nordiques ont fait souche en laissant quelques têtes blondes. Au sud, les Arabes, Espagnols et Portugais, après avoir franchis la méditerranée pour les uns et les Pyrénées pour les autres, ont fait souche eux aussi nous apportant leur teint bronzé leurs cheveux noir et leurs yeux de la même couleur. Les Italiens nous ont certainement laissés quelques souvenirs, sans oublier les Irlandais qui nous ont gratifié de quelques têtes rouquines, et les peuplades Germaniques venus de l’autre côté du Rhin.
 
Ce qui revient à dire que si nous nous entendons a peu près entre-nous aujourd’hui, c’est que loin des clivages entre différentes ethnies, à force d’être mélangés depuis des millénaires, nous formons un peuple ou nous nous respectons les uns les autres. Ce principe de respect mutuel semble mis à mal de nos jours, et ce uniquement à cause d'une immigration trop rapide. Certains d’entre-nous aujourd'hui sont croyants, pratiquants ou pas, Chrétiens ou Protestants, Bouddhistes ou Musulmans. Nous essayons de nous respecter les uns les autres en ignorant ou faisant semblant d’ignorer la croix pendant au cou de Paulette ou de Paul, ainsi que du foulard recouvrant la tête de
Fatima ou d’Aïcha.
 
Le casse-tête Israélo/Palestinien est un problème d’ordre politique ! Un problème de territoire ! De religion et de nationalité revendiquée par les uns et les autres !
 
Si un jour, par miracle, Jésus réapparaissait sur terre en demandant à son copain Mahomet de venir boire un thé à la menthe ou au miel devant la fontaine, le conflit serait définitivement terminé. Les poseurs de bombes et les marchands d’armes seraient en chômage technique.
 
Les hommes n'aiment pas la guerre, c'est la guerre,
             qui aime les hommes !              
 
                                       
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Le Cargo

Clang, clang, clang ! Ça grince et résonne. Un drôle de bruit, comme un miaulement rouillé, coincé, éraillé…

C’est la tôle qui se rebelle. Elle voudrait fuir ces courants d’air qui se glissent, s’infiltrent dans tous les interstices.

Il a échoué là depuis si longtemps, qu’Il a perdu la notion des jours, des mois, des saisons. Il ne sait même plus comment Il est arrivé là…

Au début, comme sonné de se trouver dans ce milieu inconnu d’arbres, de feuilles, de mousse, Il ne s’est pas défendu. Chenilles, limaces et fourmis sont venues, longues colonies jamais rassasiées, s’insinuant à travers chaque espace, déchiquetant, coupant, engloutissant tout ce qu’Il contenait qui ne soit pas métallique.

 

Puis la pluie est venue. Il a accueilli avec plaisir les premières averses qui le lavaient de sa pellicule grasse et salée. Mais au fil du temps, sa tôle à nu s’est rouillée davantage, par plaques, dentelle lépreuse s’effritant sous les coups de butoir du vent…

Les jours de tempête, la coque semble hantée ; l’air qui passe et repasse se cogne, repart, valse d’une chambre à l’autre, entre par la cabine de pilotage, ressort vers la dunette arrière. Et ça geint et ça grince, hurle et mord, couine et gémit ;  chorale discordante, ensemble dissonant, clameurs d’âmes perdues.

Dans les premières années, lorsque les « voix » s’installaient et s’enflaient, lièvres et renards se terraient ;  les chouettes s’enfonçaient au creux des chênes. Plus un oiseau ne chantait. C’était l’attente méfiante face à cette masse de rouille dont les bruits incongrus, si différents de ceux de la forêt, les terrifiaient.

 

Une décennie, puis deux, se sont écoulées.

On s’est habitué à ces bruits d’enfer, ces bruits de chaînes qui claquent et se trainent, ces bruits de tôle qui s’effrite, ces gémissements intermittents, ces soubresauts du cargo qui se meurt.

Indifférents à la détresse du vieux porte-container, les arbres ont poussé droits et touffus, emprisonnant à jamais cet intrus de ferraille, jusqu’à l’ensevelir, jusqu’à l’engloutir. Jusqu’à l’oubli.

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Pudeur ....

Je ne vois que tes yeux qui me rendent les miens,

desquels une mer calme, toute entière, de toi déborde,

pour m'inonder en un flot magistral bleu chaud ;

ton silence se fait bruyant,

 dès lors que tu me regardes,

même comme tu sais si bien le faire à la dérobée,

l'air de ne point me prêter une attention particulière ;

tu t'entrebâilles malgré toi,

tu me livres un peu de moi en toi,

 cette identité, gravée dans ton esprit inapaisé depuis.

Imagine un seul instant,

  le soleil s'obscurcir dès qu'il songerait à la terre,

à cette idylle originelle,

 par crainte de la brûler trop,

  de se montrer fou d'elle :

Rien n'y ferait, car une parcelle d'elle,

 toute bleue, dans un rayon transparaitrait !

Elle se verrait un peu en lui, saurait..

Me comprends-tu ?

NINA 

                                                                                       

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Dans l'intensité du présent

À Alain

Mon premier regard va au ciel
Mon âme s'emplit de tendresse.
La lumière a un goût de miel,
Pour la savourer, je paresse.

Quand le soleil se déshabille,
L'énergie change le décor.
Il s'orne de formes qui brillent
Et l'air prend la couleur de l'or.

Suis en éveil dans le silence.
Je reçois le courant de vie.
Mon esprit s'anime et je pense.
De m'activer me vient l'envie.

Je ne me laisse pas porter
Vers ce qu'il serait bon de faire.
J'ai le désir de me distraire
Et je choisis en liberté.

J'accueille chaque jour la grâce
Qui m'est donnée d'être en santé.
Pour sauver un instant qui passe,
Je capte son intensité.

14 juillet 2015.

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Son meilleur ami JGobert

Pendant 20 ans, j’ai vécu dans un monde hostile où j’ai dû m’adapter en fonction des uns et des autres. Un poste dans une entreprise conquis à l’arraché et que j’ai tenu fermement par nécessité. La vie porte des circonstances étranges où la survie est essentielle. Occuper ce poste était vital pour ma famille et pour moi. C’est ainsi que Joël parle de son travail, de ces années de lutte au sein d’une institution.  Des années inquiétantes, stressantes dans le monde du travail. Ses nouvelles fonctions sont autant d’expériences pour lui.

Après les premiers déboires, les premières désillusions, les premiers faux pas, Joël a pris sur lui et a revu son comportement. Très vite, il a compris que cette jungle ne pouvait pas s’apprivoiser et que les conflits seraient continuels, incessants.  Visiblement mal accepté, il se fait discret au contact de ses collègues. Il a besoin de ce travail. Il apprend à se contrôler et à rester sur ses gardes. L’ignorance du pourquoi de cette hostilité, de cette malveillance le dépasse et le déstabilise parfois. Il n’était pas préparé à une telle animosité, un tel rejet.

Une ambiance exceptionnellement détestable au sein d’une institution où chacun tire à lui l’antipathie, la rivalité, l’opposition. Un milieu très difficile à gérer et un personnel exécrable.

Joël se sert de son environnement proche pour se protéger. Son petit bureau mal éclairé, mal meublé devient son refuge, son havre de paix. Durant des heures, il essaie de les comprendre, de saisir le pourquoi du comment. Son travail le satisfait et lui permet de suivre l’actualité de l’entreprise. Il lui donne un certain pouvoir. Après le directeur, il est l’adjoint le plus présent, le plus détesté et celui par qui passe le plus d’information.

L’antipathie de ses collègues ne s’apaise pas. Il reste la cible de quolibets, de mesquineries, de tours non avouables. Conscient de cette atmosphère délétère, Joël s’oblige à s’adapter. Ils ne changeront pas, pense-t-il souvent. L’apparence qu’il donne par son calme, son indifférence le rend maintenant inaccessible.

Au bout de quelques années, les tensions n’ont pas changé mais Joël a beaucoup appris. Là où le malaise frappait, une carapace épaisse est apparue. Devenu imperméable à l’inimitié de ce milieu, il construit son indépendance au sein de l’entreprise. Les petites vacheries se poursuivent mais sans grande conséquence pour Joël. Il a pris de la hauteur, n’essaie plus d’interpréter, ne juge pas, n’émet aucun commentaire. Il a fini par ignorer superbement ces gens dans son for intérieur. Il les laisse dans le jeu qu’ils jouent. Son silence finit par lasser certains.

Maintenant  l’antipathie, les mesquineries continuent, se jouent avec les nouveaux arrivants faisant naitre d’éternels conflits, rivalités. Joël n’est pas étonné que ce jeu de dupe se développe sur d’autres.

Pour Joël, le travail convient, assidu, précis et rien de professionnel ne peut le toucher. Malgré cette triste ambiance, il finit par s’épanouir dans cet endroit.

Joël est loin d’être seul. Grâce à cette situation, il a fait la paix avec lui-même et trouve en lui des richesses inexploitées,  inconnues même. Lui, qui durant des années a galéré, se retrouve face à face avec lui-même et en bonne compagnie. Il s’invente de nouveaux horizons. Ses moments de pause, de repos le plongent dans des rêves inconnus et il en ressort transformé. Ce tête à tête avec lui-même lui apporte la sagesse et dans cette solitude forcée, il apprend  étrangement l’écoute de l’autre.

Joël a bien changé. Les réactions impulsives, les remarques désobligeantes, les coups bas, tout se transforme en audience, en analyse. Il en tire à chaque fois une leçon exemplaire. Joël s’enrichit chaque jour.

Les années passent et son indépendance vis-à-vis des autres finit par se transformer en respect. Devenu intouchable,  une crainte de lui est née et le protège. Certains même viennent lui demander conseil. Le temps des moqueries est passé.

Joël n’oublie rien de ses années de galère et, malgré ce nouveau statut inhabituel, reste toujours sur ses gardes. Sa vie personnelle a beaucoup changé aussi. Devenu accessible, à l’écoute des siens, de nombreuses oppositions sont évitées. Les années de travail lui ont beaucoup appris. Métamorphosé, il a parfois un petit sourire narquois.

Arrivé au terme de son labeur, il quitte son poste sans regrets avec le sentiment que toutes ces années l’ont beaucoup protégé. Il a appris beaucoup sur la vie.

Au fil du temps, certains comportements ont changé, l’institution a beaucoup évolué. Elle s’est ouverte sur l’avenir, sur le changement. Le nouveau personnel s’adapte plus aisément, plus facilement avec moins de conflits. Tout s’est adouci.

Le regard de Joël est sans jugement, sans commentaire. Il est devenu maître de lui-même et son meilleur ami.

 

 

 

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Entends la force de mes louanges

12273109495?profile=originalPeinture de l'artiste peintre Lucie Bilodeau

Cette nuit, l'artifice oraculaire des perséides
me prête audience et cette équanimité
mordore la page où je froisse des mots muets.
Absorbée par la précieuse impermanence de leur pureté,
mon âme s'ouvre et mes yeux d'écume s'abandonnent
à la contemplation du phénomène composé.
Ô toi qui es le négatif de l'éternité, regarde la vie
de mon cœur s'écouler en silence, vois comme il est pétri
d'espoirs et de regrets et entend la force de ses louanges
dans la dimension de ton cosmos constellé !
Soudain, respectueux et lent, le souffle de l'errance
originelle pontifie la finité de mon être du linceul
de sa radieuse clarté, avant que sous l'ouverture
de sa dimension absolue, ne se dissolve
la naïve assonance de l'apaisement intime
de mon identité.

Nom d'auteur Sonia Gallet

recueil © 2015

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L'hypocrisie, vice commun

Propos

En ne sachant pas inventer,
On erre dans des paysages,
Où circulent des personnages
Dont on n'a rien à raconter.

Comment pénétrer leur histoire,
Emplie d'imprévus, de dangers?
Elle est cachée aux étrangers,
Ne serait pas facile à croire.

On pourrait avoir le regret
Que restent tenus à distance
Des gens simples, dans l'ignorance
De choses se passant tout prés.

Certains romanciers éblouissent,
Épris autant de vérités
Que de savoureuses beautés.
Émus, leurs lecteurs applaudissent.

Ai lu «La bourgeoise» et médite.
Ce que j'ai appris et crois vrai,
Me confirme dans le portait
Du bourgeois français hypocrite.

13 juillet 2015

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Générosité oblige

Soliloque

Les menaces causent la peur,
Elles créent un déséquilibre.
Or cesse de se sentir libre
Celui qui redoute un malheur.

En ce temps, un peuple en effroi
Ne pouvant pas s'aider lui-même,
Espère une assistance extrême
Pour échapper au désarroi.

Des dirigeants puissants, sensibles,
Prêchant la solidarité,
Pour qu'un drame soit évité,
Font plus qu'il ne semblait possible.

La générosité oblige.
Est indécent de recevoir
Sans s'imposer certains devoirs.
L'indignité ouverte afflige.

Après d'énormes sacrifices,
Réels et non pas prétendus,
Nos amis grecs, bien entendu,
Auront d'autres feux d'artifices.

13 juillet 2015

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Chorégraphie volage.

 

Sur la comète des mots badins, la chorégraphie volage,

Flotte dans les airs comme un oiseau géant.

 

Crinière en feu des étoiles,  elle danse en sabrant le vent,

Dans la géode brûlante des grands yeux bruns encanaillés,

De ses futurs amants.

 

Comme un bouchon de champagne, qui expire au cri du soleil,

Ses ballets, bulles de rêves,  enrobés d’espièglerie,

S’éclatent au réveil.

 

Cortège des mots insensés  par l’ivresse délirante,

Sur l’arabesque vaporeuse, des jupons en gaze rose,

Elle glisse chavirante.

 

Baladine des étoiles  sur des scènes glorieuses,

Elle meurt en pauvre cygne, et renaît en oiseau de feu,

Aux flammes plumeuses.

 

Elle flotte dans les airs  comme un oiseau géant,

Et rampe sur la terre tel un vermisseau luisant,

 

Sur la comète des mots badins, la chorégraphie volage.

 

Claudine QUERTINMONT D’ANDERLUES.

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C'est maintenant !

C’est maintenant, car le bonheur n’est pas ailleurs
Qu’au fond de chacun de nos esprits tourmentés,
Prêt à éclore, comme au jardin une sublime fleur
Qui nous colore et n’a de cesse à nous enchanter !

Alors que sur un fil périlleux et incertain
Nous devons avancer et nous balancer,
Il existe pourtant un vrai et sûr chemin
Qu’il ne nous appartient pas de repousser.

Passé, tu es le premier tourment infligé !
Ce chemin parsemé de ronces et d’épines
Te fait renaître comme une dette à régler
Et à gravir à l’envers notre belle colline.

Et sans suffire à y accourir pour y pleurer
Tu as imaginé un enfant pour te seconder.
Accouchant l’avenir dont tu as seul décidé,
Ajoutant au vil larron le bandit à redouter !

Le bonheur n’est pas un rêve, c’est maintenant.
Inutile de chercher la fleur d’hier ou de demain,
Pas la peine non plus d’y croire forcément
Mais son parfum humons le tôt de bon matin !

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L'envie d'exister pleinement

Rêverie

Aucun souci ne me tracasse.
Je m'interroge, calmement,
Sur une façon efficace
De vivre bien différemment.

Existe-t-il un mécanisme
Pour créer des innovations?
Voudrais sortir du réalisme
Menant aux mêmes réactions.

Mon envie, légitime certes,
A besoin de ma volonté.
Constante, elle demeure alerte.
Mon champ d'action est limité.

Je ne peux, comme les outardes,
À mon gré, m'envoler ailleurs,
Quand le froid sévissant s'attarde.
Ce choix serait-il le meilleur?

Pour créer un nouveau bien-être,
En prenant d'autres habitudes,
Il faut écarter les peut-êtres,
Examiner les certitudes.

Auprès des dons qu'on a reçus,
Aucun, par bonheur, prendra place.
Or, l'on sera souvent déçu
En perdant d'un talent la grâce,

Quand au temps du vieillissement
Créer reste un désir possible,
C'est que l'on a, certainement,
Un amour de l'art indicible.

12 juillet 2015

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12273103273?profile=original"L' Orestie" est l'unique trilogie qui nous soit intégralement parvenue d'Eschyle (525 ? - 456 av. JC.) et de tout le théâtre grec. Composée de l' "Agamemnon", des "Choéphores" et des "Euménides", elle fut représentée au printemps de 458, deux ans avant la mort du poète. C'est la tragédie la plus achevée d'Eschyle, tant pour le mouvement dramatique que pour la profondeur de l'inspiration. Le drame commence sous une nuit noire encore. Sur la plus haute terrasse du palais des Atrides, une sentinelle veille depuis des années: elle attend de voir briller, du côté de l'Egée, les feux qui annonceront la chute de Troie et le retour du roi de Mycènes. La sentinelle chantonne, se tait, observe la position des étoiles et, parfois, se parle à elle-même. Elle déplore à présent le sort de la maison royale que domine une femme aux ténébreux desseins. Qui est-elle, et que fait-elle? Tout à coup, une lueur resplendit dans le lointain. Mais aucun cri de joie n'accueille l'heureuse nouvelle: "Je n'en dirai pas plus", annonce sentencieusement le serviteur fidèle. "Un boeuf énorme est sur ma langue". Ainsi s'est dissipée soudain la joie du retour, dans une angoisse profonde qui est le climat de tout le drame. Le choeur entre en scène, composé de douze vieillards d'Argos qui viennent, chaque matin, présenter leurs devoirs à la reine. Ils ignoraient encore l'événement lorsqu'en chemin, ils ont vu des esclaves qui préparaient le sacrifice sur les autels des dieux. Et sans doute ne veulent-ils penser qu'au joyeux retour des vainqueurs, mais leur chant, tout comme les paroles du vigile, est gâté par les frissons de la peur, par l'appréhension d'une même angoisse. Ils se rappellent l'entrée en guerre sous de funèbres auspices, et cette scène déchirante: le sacrifice d'Iphigénie. Survient Clytemnestre: "Troie est tombée", annonce la reine solennellement. Mais personne ne semble la croire; seul un lourd silence accueille ses paroles. Alors, d'une voix sèche, impérieuse, elle énumère tous les messagers de feu qui, de mont en mont, de rive en rive, sont venus depuis Troie jusqu'à Argos. Paroles viriles, humaines, royales: ces flammes annonciatrices qu'elle évoque en criant victoire, on les dirait soumises à sa volonté. Avec une joie cruelle, la reine imagine les scènes sanglantes. Il lui semble entendre les cris, voir l'immense carnage dans la cité dévastée. La joie perce sous ses paroles: humant le sang des ennemis du roi, déjà elle goûte le sang du roi, son ennemi et rumine sa vengeance. Elle rentre dans le palais, tandis que le choeur, de nouveau, annonce de funestes présages. Mais voici, fraîchement arrivé de Troie, le héraut annonciateur de la victoire et du retour imminent d'Agamemnon. Clytemnestre écoute, sort du palais, puis revient sur la scène. "A mon époux, dit-elle en s'adressant au messager, rappelle bien ceci... Qu'il vienne retrouver dans sa maison, telle qu'il l'y laissa, une épouse fidèle, chienne de garde à lui dévouée, farouche à ses ennemis, toujours la même en tout". Elle se retire, et le héraut raconte au choeur les péripéties du long voyage, les naufrages, la flotte coupée en deux, Ménélas dispersé. Seul, Agamemnon revient; à lui seul la fortune a souri: mais s'agit-il bien de bonheur? Le choeur entonne un chant plus sombre encore, plus douloureux, plus angoissé que le précédent: c'est le point culminant du drame. Agamemnon arrive alors sur son char de triomphe, suivi de maints autres chars et d'un lourd butin. Dans l'un de ces chars est Cassandre, la prophétesse, fille de Priam. Cependant que les servantes disposent de riches tapis de pourpre, Clytemnestre salue le roi en ces termes: "J'ai brûlé mes yeux au cours de longues veilles, où je pleurais sur toi, dans l'obstiné silence des signaux enflammés... Après tant de peines.. je puis bien appeler cet homme le chien de l'étable, le câble sauveur du navire, la colonne soutient de la haute toiture,... la source vive qui désaltère le voyageur". Ce disant, Clytemnestre est-elle sincère? Comment distinguer au juste, dans ses paroles, le mensonge de la vérité? En effet, c'est avec la plus grande sincérité qu'elle se réjouit du retour du roi: s'il n'était pas rentré, elle n'aurait pu assouvir sa vengeance. Et cette joie donne à ses paroles de tendresse une cruauté singulière, mais franche. D'ailleurs la simulation répugne à sa nature véhémente: quand elle y recourt, elle s'en saisit comme d'un fouet. Bien que tout à son triomphe, Agamemnon perçoit obscurément la haine féroce que la reine, en secret, lui voue. Furtivement, il descend de son char, et ce n'est pas sans crainte qu'il s'avance vers elle. Vite, il pénètre dans la maison dont la porte se referme derrière lui avec toute la pesanteur du destin. Cassandre, elle, droite et ferme, est demeurée seule sur son char: la tête ceinte de lauriers, les yeux fixes et comme pétrifiée, elle a revêtu la robe des prophétesses. Clytemnestre en vain lui ordonne de descendre. Aux instances de la reine ne répond que son froid silence, et Clytemnestre, de guerre lasse, se retire. Alors, tel un arbre qui frapperait le vent, Cassandre soudain s'agite. Elle lance un hurlement, invoque Apollon et, en proie à son génie, elle évoque tous les crimes qui ensanglantèrent la maison des Atrides, puis prédit le terrible drame qui va bientôt se consommer: déjà, son oeil reflète le meurtre d'Agamemnon. C'est alors que de l'intérieur du palais, s'échappent les cris du roi frappé à mort; puis, la reine apparaît, droite et superbe, tenant une hache tachée de sang: "J'ai tout fait, je ne le nierai pas, pour qu'il ne pût ni fuir, ni écarter la mort; ...j'ai frappé deux fois, et, sans un geste, en deux gémissements, il a laissé aller ses membres; et quand il fut à bas, je lui ai donné encore le troisième coup". Survient alors Egisthe: se disputant avec Clytemnestre, il lui réclame sa part du pouvoir; mais le choeur des vieillards, brandissant leur épée, prononcent le nom d'Oreste.

Ce nom sert de transition avec la tragédie qui suit ("Les Choéphores"). Sept années environ se sont écoulées: le temps qu'il faut pour permettre à Oreste, né peu avant le départ d'Agamemnon pour Troie et éloigné d'Argos peu avant le meurtre, d'atteindre ses dix-huit ans et de faire valoir ses droits au trône. Auparavant, Oreste s'est rendu à Delphes et a reçu d'Apollon l'ordre de venger la mort de son père. Maintenant, il arrive à Argos accompagné de Pylade. Tandis qu'il est allé se recueillir sur la tombe de son père, voici que s'avancent des porteuses d'offrandes funèbres (les Choéphores), conduites par une jeune fille qu'Oreste reconnaît: c'est Electre, sa soeur. Au cours de la nuit, Clytemnestre a eu un songe effrayant. Elle ne sait encore ce qu'il signifie, mais devine qu'il lui faut apaiser l'âme du mort. La ligne du drame, très simple, est dès lors dessinée. Ce sont comme deux chemins qui se rejoignent à la sépulture d'Agamemnon, pour complaire au désir des dieux. Sur cette tombe, Electre, voyant une touffe de cheveux, croit y reconnaître ceux de son frère. Oreste, alors, s'avance, et dévoile à sa soeur qui il est et pourquoi il est ici. Désormais, leurs volontés seront tendues vers un même but: la vengeance. De même qu' "Agamemnon" est un chant de mort préludant au péan de victoire, "Les Choéphores" sont un péan qui aboutit à l'hymne funèbre du roi assassiné. Par l'intermédiaire d'Hermès, Oreste invoque les mânes de son père; l'action se précipite. Oreste se fait passer pour un pèlerin venu annoncer à Clytemnestre la mort d'Oreste. Mais le temps passe et il faut que s'accomplisse la prédiction d'Hermès: "Qu'un coup meurtrier soit puni d'un coup meurtrier". Oreste entre alors dans la maison et, sans plus tarder, tue Egisthe. Clytemnestre accourt, demandant qui a crié "Je dis, lui répond un serviteur, que les morts frappent le vivant". Oreste se trouve alors face à face avec sa mère, et celle-ci comprend enfin que le serpent qu'elle a vu en songe, et qui suçait son sang, c'était Oreste... Oreste tue sa mère; mais soudain, devenu fou, il est poursuivi par les Erynnies.

Il commence le troisième drame ("Les Euménides"). Nous sommes à Delphes, dans le sanctuaire d'Apollon où Oreste s'est réfugié. Tout alentour, les Erynnies sommeillent; Apollon est là, qui exhorte Oreste à se rendre à Athènes: à Athènes, des juges équitables pourront le délivrer de son tourment. Guidé par Apollon, Oreste se met en route; mais les Erynnies le poursuivent toujours, excitées par l'ombre de Clytemnestre. Le voici, maintenant, sur l'Acropole, devant le temple d'Athéna. La déesse choisit elle-même les magistrats, qui composeront l'Aréopage. Ceux-ci rendent le jugement suivant: "Oreste, il est vrai, a tué sa mère; mais sa mère a tué le père: les deux crimes se valent". Les vois se répartissent d'une manière égale, et Oreste est acquitté. Cependant, les Erynnies, furieuses, menacent de se venger sur la peuple athénien. Athéna réussit à les apaiser: elle les persuade de devenir bienfaisantes ("Euménides") et leur promet qu'un temple sera élevé en leur honneur. A la lumière des flambeaux, un cortège solennel se forme et les Euménides prient les dieux d'accorder aux Athéniens paix et bonheur. Ce dernier drame est une exaltation de l'Aréopage, le grand tribunal d'Athènes. Le sang appelle le sang et les crimes sont vengés par de nouveaux crimes, la chaîne des fautes ne se brise pas et la loi du talion ne cesse de détruire les familles et de vider la cité: il convient donc de confier à l'Etat le droit de juger et de punir; il reste à souhaiter que les arrêts du tribunal seront acceptés par tous avec ce respect dont Socrate, par sa mort, donna l'exemple.

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Que d'eau! Que d'eau!

Ô la sonorité des mots!

Elle nous fait les trouver beaux.

Les poètes en font des rivières,

Emplies de perles de lumière.

 

Des humoristes aventureux,

Qui pouvaient paraître verbeux,

Souvent usèrent d'homonymes,

Qui alternaient comme des rimes.

 

«Un jeune homme imprudent ou sot,

Qui tenait à deux mains un sceau,

Fut précipité dans un saut

De la jolie ville de Sceaux.»

 

La recette semble facile,

Elle est devenue inutile.

La mode est à d'autres propos,

Le langage a changé de peau.

 

11 juillet 2015

 

 

 

 

 

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12273103273?profile=original"Lysistrata" est une comédie d'Aristophane (450-385 environ), où le poète reprend un de ses thèmes favoris, à savoir la Paix, thème qu'il développe en s'appuyant sur une prétendue conjuration féminine. Cette comédie fut représentée en 411 av. JC, peu après le tragique dénouement de la guerre de Sicile.

L'héroïne en est l'énergique Lysistrata, une bonne ménagère athénienne: jugeant qu'il faut désespérer de l'intelligence des hommes et que tout se gâte sous leur gouvernement, elle proclame que l'unique moyen de porter remède aux malheurs de la Grèce serait que les femmes prissent ouvertement l'initiative de faire la paix. Pour arriver à ses fins, Lysistrata ourdit un véritable complot. Toutes les femmes des villes belligérantes finissent par y participer, car elle a su les convaincre de ceci: que chacune fasse grève dans sa propre maison et se dérobe au devoir conjugal. Après quoi, Lysistrata occupe l'Acropole et met sous cléfs le trésor de l' Etat. Aristophane machine ensuite bon nombre de situations dont le comique est d'un achevé admirable. Exempt de rancune partisane, il décoche une flèche partout où il voit quelque défaut de courage ou de charité. Deux choeurs antagonistes, dont l'un se compose de vieillards hostiles à Lysistrata, et l'autre, de vieilles femmes qui lui sont tout acquises, donnent beaucoup de vie à l'action. Mais le rire provoqué par ce conflit perpétuel et par la trahison des femmes, que démoralise la privation de certains plaisirs conjugaux, trouve un heureux contrepoids dans le caractère froidement raisonnable de Lysistrata en personne. Où le comique atteint son comble, c'est lorsque Myrrhine, l'une des femmes enfermées dans l'Acropole, feint d'exaucer son suppliant de mari et lui fausse compagnie à la dernière minute: cette scène, franchement licencieuse et tout à fait dans la manière d' Aristophane, se garde pourtant de tomber dans la trivialité. Il arrive enfin qu'Athéniens et Spartiates sont du tout incapables de s'occuper de la moindre affaire, tant le besoin de faire l' amour est chez eux mis à l'épreuve. Aussi, quand l'on entame des négociations pour conclure cette paix que réclame la gent féminine, on tombe d'accord en moins de rien sur les plus épineuses questions, avec une générosité dont la diplomatie grecque était loin de donner l'exemple en réalité.

Cette admirable fiction, où Aristophane manifeste un amour sincère de la paix, laisse percer un sourire un peu ironique touchant les utopies de toute sorte qui pullulaient dans l'Hellade à une époque où la nation, minée par les discordes, s'acheminait vers les plus grands malheurs.

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La tentation de Royaumont (Royaumont, 2/4).

12273103677?profile=originalLe bâtiment des moines.
A l'étage, le dortoir, au rez-de-chaussée, salles d'étude, salle du chapitre et sacristie.

Nous avons laissé Royaumont au bord de la ruine. Abondonner une abbaye royale érigée par Saint-Louis ! est-ce possible ?...

Allons-y voir de plus près.

Oui, approchez-vous...

Mais, après tout, Royaumont est proche de Versailles, d'Ecouen, de Chantilly, comme de la capitale, la situation est donc privilégiée.

Forêts, Thève et Ysieux, deux affluents de l'Oise, qui alimentaient les "beaux champs" de Royaumont, c'est du capital. Qui s'en va dormant...

Mais à d'autres revers ma fortune est tournée.

Dès le jour que Phoebus nous montre la journée,

Comme un hibou qui fuit la lumière & le jour,

Je me lève, & m'en vais dans le plus creux séjour

Que Royaumont recèle en ses forêts secrètes,

Des renards & des loups les ombreuses retraites.

Mathurin Régnier (1573-1613), Satire XV.

Régnier, qui jeune se vit imposer la tonsure et qui, l'âge venant, retrouva la piété, se recueillant en notre abbaye. Entre temps,

autres moeurs...

Il disait avoir

..." vécu sans nul pansement,

me laissant aller doucement

A la bonne loi naturelle."

Volontiers libertin et railleur. Partisan  par ailleurs du mariage des prêtres.

"Que les prêtres du temps puissent se marier,

Afin que nous puissions, nous autres,

Leurs femmes caresser ainsi qu'ils font des notres."

Alors tel un Molière inspiré, des directeurs de conscience Mathurin sermonna les tartuferies.

Dans ses "Conseils de Cloris à Philis" - si - Régnier n'hésitait pas à éprouver

"La foi n'est plus au coeur qu'une chimère vaine,

Tu dois, sans t'arréter à la fidélité,

Te servir des amants comme des fleurs d'été."

Et à la question de la fausse ingénue, le vert Régnier, qui serait mort du "mal de Naples", répondait :

"Comment ne pourrions-nous avoir divers amants ?

Je connais maintes femmes à qui tout est de mise,

Qui changent plus souvent d'amant que de chemise."

12273103494?profile=originalUne demoiselle sur le domaine privé du Prudhomme ?!

Caloptéryx éclatant pris sur le vif à Royaumont.

Voici venir les temps où vibrant sur sa tige

Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir ;

les sons et les parfums tournent dans l'air du soir ;

Valse mélancolique et langoureux vertige !

Charles Baudelaire

(Les fleurs du mal, Harmonie du soir)

à qui il arrivait de fustiger

Le mauvais moine, mauvais cénobite.

Je badine et m'éloigne de mon sujet... quoique "L'amour est capable de tous les excès" comme disait l'abbé Prévost, qui, dit-on, faillit mourir d'apoplexie en notre abbaye.

De l'abbaye j'évoquais donc son petit capital...

Abondance ne nuit pas, n'en déplaise à l'Etroite Observance. L'abbé commendaire l'a bien compris lui.

Richelieu, Mazarin puis les Lorraine aussi. Adorer le veau d'or que nenni, mais y élever le veau gras ne peut qu'agréer au roi et à sa cour.

12273104862?profile=originalLe tombeau du prince Henri de Lorraine, comte d'Harcourt,

commandé en 1711 au sculpteur Antoine Coysevox.

Installé dans le transept sud de l'abbatiale.

Le général de Louis XIII expire dans les bras de la Victoire !

12273105280?profile=originalTrompe l'oeil figurant le bronze

au pied du mausolée glorifiant

les hauts faits d'arme du général.

Les convers, de moins en moins nombreux, continuent à vaquer et à entretenir, notamment la manse de l'abbé commendaire.

Le dernier d'entre eux, Henri Eléonore François Le Cornut de Ballivières, excusez du peu, se désole de la dureté du lieu... et se fait construire un petit palais à la façon du Petit Trianon... à l'aube de la Révolution.

Sa modestie n'est pas comprise... il doit s'exiler !

Exit les moines.

12273105087?profile=originalLe bâtiment des latines (à gauche) :

les eaux usées passent par le canal, creusé au XIIIe siècle, qui le traverse.

En 1791, l'abbaye est déclarée bien national et vendue.

L'acquéreur est... marquis. Jean-Joseph Bourguet de Guilhem de Travenet, oui ma chère... tranformera l'abbaye en filature, c'est plus bourgeois et, ma foi, de bon rapport. Le potentiel hydraulique est là, l'église honnie est détruite l'année suivante. Mais la bonne pierre avec laquelle elle fut construite bien réemployée, notamment pour élever les bâtiments de l'ouvrier.

Le sprirituel est évacué au profit de l'industrieux marquis.

En 1815, l'usine et son matériel sont rachetés par le belge Joseph van der Mersch. Elle devient même un haut-lieu des plaisirs du bourgeois louis-philippard et du goût romantique. Les logements deviennent "cottages". On s'amuse et les journaliers filent.

En 1850, en pleine Ruée vers l'or, on y imprime des châles "à la Californie". Un produit très en vogue. A Creil-Montereau, noin loin de là, les faïenceries Lebeuf Milliet & Cie proposeront des assiettes "Aux mines d'or". Les modes et le merchandising (le mot n'existait pas encore, mais la pratique si) vont et se défont.

Mais la ruée va et reflue, et ainsi va le coton à l'eau. Les Ets Van der Mersch ferment en 1860...

12273106498?profile=originalL'eau du canal qui fournissait l'énergie à l'industrie.

C'était au temps où le coton filait.

... pour retourner dans l'escarcelle des Oblats de Marie-Immaculée qui confient les bâtiments aux bons soins des Soeurs de la Sainte-Famille qui font restaurer l'abbaye.

Saint-Louis et ses mânes soient loués !

Mais la patrie, mauvaise mère, devient laïque, quelle impiété !

Ses représentants votent la loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat. Ce dernier vend... à un riche industriel, Jules Edouard Goüin qui, fort heureusement, à le goût des vieilles pierres.

Pendant la Première Guerre Mondiale, voila notre abbaye qui devient le Scottish Women's Hospital. De bon secours.

12273107088?profile=originalLa salle capitulaire devint hôpital,

avec la chaufferie et le réfectoire, à droite, derrière la galerie du cloître.

A suivre...

Michel Lansardière (texte et photos).

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12273103273?profile=originalLe "Voyage du jeune Anacharsis en Grèce, dans le milieu du IVe siècle avant l'ère vulgaire" est un roman de l'abbé Jean-Jacques Barthélemy (1716-1795), publié à Paris chez de Bure en 1788.

 

L'abbé Jean-Jacques Barthélemy était fort savant. Numismate, historien, linguiste, connaissant à peu près tout ce qui se pouvait connaître en son temps sur le monde antique, il travailla durant trente ans au Voyage du jeune Anacharsis, qui recueillit un énorme succès, et connut maintes rééditions et traductions.

 

L'ouvrage est précédé d'une longue "Introduction au voyage de la Grèce", où toute l'histoire grecque, depuis l'"état sauvage et les colonies orientales" jusqu'à la prise d'Athènes, est retracée. Le jeune Scythe Anacharsis quitte son pays (chap. 1). Il traverse Byzance, Lesbos, l'Eubée, Thèbes, où il voit Épaminondas et Philippe de Macédoine (2-5). Il gagne Athènes (6-7), puis Corinthe (9). Athènes est longuement décrite: sa constitution, ses fêtes, l'éducation qu'y reçoivent les enfants (11-26). Puis c'est la Thessalie (35), l'Épire (36), l'Élide et la Messénie (38-40), la Laconie et Sparte (42-51), la légendaire Arcadie (52), l'Argolide (53). On revient à Athènes (55-59 et 65-67). On évoque les affaires de Sicile (60), les mystères d'Éleusis (68), le théâtre grec (69-71), Rhodes, Samos, Délos (73-79). Tout s'achève à Chéronée: la Grèce est vaincue, puis Alexandre succède à Philippe; Anacharsis regagne sa Scythie natale (82).

 

Ce Voyage témoigne d'une extraordinaire érudition. A preuve toutes les notes accumulées à chaque page, qui indiquent les sources de chacun des détails de la narration, et les longues tables chronologiques, qui suivent et justifient l'ouvrage. Barthélemy a voulu tout dire sur le monde grec de 363 à 337 avant JC. Comme plus tard les auteurs du Tour de France de deux enfants, il a oeuvré pour que ces connaissances fussent présentées de façon riante, englobées et entraînées dans une fiction comparable à un roman. La composition est d'ailleurs assez subtile, les passages didactiques ("la Bibliothèque d'un Athénien") étant divisés en plusieurs morceaux isolés les uns des autres. L'auteur a choisi un Scythe, pareil aux Siamois de Dufresny, aux Persans de Montesquieu, à tous ces Hurons qui découvraient la France dans les contes des Philosophes. Il a tenté de conduire à une philosophie, proche de celle de Rousseau. Les Arcadiens sont purs et valeureux; Anacharsis, à la fin, est écoeuré de voir la liberté grecque expirer sous les coups des rois de Macédoine: "Je revins en Scythie, affirme-t-il, dépouillé des préjugés qui m'en avaient rendu le séjour odieux [...]. Dans ma jeunesse, je cherchai le bonheur chez les nations éclairées; dans un âge plus avancé, j'ai trouvé le repos chez un peuple qui ne connaît que les biens de la nature."

 

Avec toute cette science, avec ces habiletés et ces ambitions, Barthélemy nous a donné une oeuvre un peu languissante. Son héros n'a guère de consistance; il ne connaît aucune aventure personnelle; il va d'un lieu à l'autre, comme un touriste qui aurait son guide à la main. Le style est euphonique, bien cadencé, mais il manque de couleur et de concret; on accumule les adjectifs stéréotypés: les poètes sont "excellents", les villes "opulentes", et "riches" les moissons. Nous sommes bien loin, malgré les apparences, de la magie et de la profondeur du Télémaque. Il n'en reste pas moins que ce livre a beaucoup fait pour le "retour à l'antique" au temps de Louis XVI et de la Révolution, et a donné à une ou deux générations une image nouvelle de la Grèce, bien différente de celles que Ronsard, Racine ou Fénelon avaient proposées.

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Vous écrire.

 

Vagabondage des pensées,

océan blanc dans la tête,

coquillages chuchoteurs,

vague  à l'âme gris-bleu,

un bateau vert tout à l'heure,

jeter l'ancre, s'éloigner de là,

vous aborder, vous accoster ;

gestes, mots océaniques,

juste le temps d'un regard dévoilé,

ensoleillé enfin, passer par dessus

bord de moi, de vous ;

nous effleurer, nous enlacer,

vague à l'âme éclipsé,

entre nous l'incandescence

d'un soleil bleu !

Vous écrire, me conduit

à tout cela.

NINA

 

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Homonymes circonstanciels


Songerie

Certes on ne choisit pas les maux
Qui nous causent de la souffrance.
En dépit de notre prudence,
Ils nous tombent dessus, de haut.

Or quand on parle de bons mots,
Il ne s'agit pas de ceux-là,
On a en tête un grand gala,
Un festival de gais propos.

Maux et mots ont différents poids.
Un mal peut être supportable,
Un mot vexant intolérable,
Quand il crée un pesant émoi.

Tout mal inflige une douleur.
Dans l'espace où la pensée erre,
Un mot familier, ordinaire,
Apporte de la bonne humeur..

Les mots nouveaux que l'on apprend
Ouvrent des fenêtres, des portes.
Un mal, qui ailleurs nous emporte,
A un effet bien différent.

10 juillet 2015

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12273103273?profile=original"Ennéades" est un recueil de 54 traités philosophiques écrits par Plotin de Lycopolis (204-269/70), durant les seize dernières années de sa vie et divisés en six neuvaines (c'est-à-dire en 6 livres de 9 traités chacun) par son élève Porphyre de Tyr. La classification des différentes parties est toute relative: la première Ennéade est plus particulièrement consacrée à l'homme, la deuxième et la troisième au monde physique, la quatrième à l' âme, la cinquième à l' intelligence, la sixième à l' Unité.

L'Un est le principe de l' Etre; de même que la réunion des théorèmes d'une science suppose l'unité d'une intelligence qui les saisit, de même le multiple présuppose une unité supérieure sans laquelle tout se désagrégerait. Le mouvement de tous les êtres présuppose comme fin un Dieu suprême. L'Un est la première des substances, absolument simple, se suffisant à lui-même, transcendant, infini, illimité, informe, omniscient, faisant correspondre en lui volonté et liberté. L'Un ne pense ni ne désire, cependant il ne s'ignore pas lui-même; il a une simple intuition de lui-même. Pourtant il est inconnaissable et aussi ineffable; de lui on ne peut dire que ce qui n'est pas (théologie négative). De même que l'être vivant, arrivé à l'âge adulte, se reproduit, de même que la lumière, sans rien perdre d'elle-même, se diffuse par une sorte de surabondance, de même l'Un donne naissance à autre chose que lui-même par un processus que l'on a appelé, par analogie avec la lumière, "émanation", "fulgaratio", mais que Plotin, de son côté, appelle "procession". Ce quelque chose, dès sa production, cherche à rester le plus proche possible de son producteur et se tourne vers lui pour le contempler et, dans cette contemplation, trouve le principe de sa vie.

De cet acte de "procession", naît (au sens éternel et hors du temps) la seconde substance qui est à la fois Etre, Intelligence et Monde intelligible; elle n'est pas un simple schéma abstrait, mais un vrai monde complet et parfait dans son idéal rationnel. Elle est vision de l' "Un" et, par cela même, connaissance de soi et du monde intelligible. L' Intelligence à son tour produit une troisième substance, l' Ame universelle, qui toujours en découle comme son Verbe et dont la nature est double: sensible d'une part en ce qu'elle ordonne et organise l'univers sensible, intelligible de l'autre parce qu'elle se tourne toujours pour contempler l' Intelligence dont elle découle perpétuellement comme son Verbe. En réalité, les deux aspects se fondent, car elle organise parce qu'elle contemple et en contemplant elle agit. L' âme donne vie à tous les vivants, non pas en se fragmentant, mais en se conservant tout entière en chacun d'eux; tout ce qu'il y a de divin dans le monde provient de l' âme. Dans le monde tout est animé, vibrant d'une universelle sympathie réciproque. L'univers est un et multiple, ayant en lui guerre et harmonie, perfection et beauté.

A cette triade (Un, Intelligence, Ame) se borne la série de la réalité divine où le mal ne pénètre pas. Au-dessous, il y a une autre hypostase, la matière, qui est, comme le dernier reflet de la lumière de l' "Un" avant le néant et qui, par son incapacité à recevoir forme et ordre, par l'impossibilité d'avoir un attribut positif, est le mal en soi, la racine de tous les maux du monde, lesquels ne sont pas des maux en soi-mêmes, mais seulement parce que l'âme est entrée en contact avec la matière. L'Ame du monde a préparé, pour toutes les âmes qui dérivent d'elle et par conséquent aussi pour les âmes humaines, une demeure correspondant à sa nature, le corps; et elle doit le diriger durant le temps par l'ordre des choses. Si au lieu de rester unie à l' Intelligence dont elle procède, pour contempler l'ordre intelligible elle se tourne vers ce reflet qu'elle projette et qui va illuminer et vivifier le corps, elle reste asservie à tous les changements du monde sensible; son destin dans la vie future dépend alors de la faute qu'elle a commise en descendant une telle "pente".

Pour revenir à l'état originaire de contemplation, nous devons donc chercher à nous séparer de notre corps, qui est prison et tombe; nous devons contempler les vicissitudes du monde comme on contemple ce qui se déroule sur la scène des théâtres. "Rentre en toi-même et regarde; et si tu vois que tu n'es pas beau, fais comme le sculpteur qui taille le marbre pour l'embellir; que ton âme se fasse belle et divine, si tu veux contempler Dieu et la beauté". Les voies pour s'élever sont au nombre de trois: la musique, l' amour, la philosophie. Après avoir dépassé l' amour pour les beautés corporelles, il faut s'élever jusqu'à l'amour pour les choses incorporelles. Comment cela est-il possible? "Arrache toute chose de toi". Le créateur de belles choses, qui les transcende toutes en les engendrant, est le Dieu qui vit au-dedans de nous; en Lui nous respirons, nous nous conservons, nous vivons. L'esprit de deux manières s'identifie avec Lui: soit par l'entendement de la sagesse, soit par l'ivresse de l'amour. La vision de Dieu se fait en nous comme une lumière, mais tout intérieure, "un peu à la façon dont quelqu'un qui comprime ses paupières voit la lumière qui est en lui". On ne peut provoquer cette vision; il faut attendre Dieu, immobile et se préparer à le contempler comme l'oeil attend l'apparition du soleil qui se lève. Dieu apparaîtra presque sans être venu, présent avant tout, même dans l'esprit. A sa venue, l' âme perd toute forme et oublie tout, "seule en Lui seul". Dans l' extase, il n'y a plus de distinction entre le contemplateur et le contemplé; de même le voyant ne fait qu'un avec ce qu'il voit, converti au même calme solitaire en lequel il repose "Telle est la vie des dieux et des hommes divins et bienheureux..., envol de l'esprit seul vers Lui seul".

Cette oeuvre a été justement considérée comme une synthèse de la pensée grecque, et particulièrement de la pensée de Platon et d' Aristote. Synthèse très originale cependant, puisque produite, dans l'atmosphère du syncrétisme hellénique, par un oriental tel que Plotin, qui, à l'exubérance mystique de l'esprit, unissait les plus habiles qualités dialectiques et apodictiques. L'influence des "Ennéiades" sur la pensée de la postérité a été immense, même en dehors de l'ambiance païenne; en témoigne, par exemple, le septième livre des "Confessions" de saint Augustin.

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