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Son meilleur ami JGobert

Pendant 20 ans, j’ai vécu dans un monde hostile où j’ai dû m’adapter en fonction des uns et des autres. Un poste dans une entreprise conquis à l’arraché et que j’ai tenu fermement par nécessité. La vie porte des circonstances étranges où la survie est essentielle. Occuper ce poste était vital pour ma famille et pour moi. C’est ainsi que Joël parle de son travail, de ces années de lutte au sein d’une institution.  Des années inquiétantes, stressantes dans le monde du travail. Ses nouvelles fonctions sont autant d’expériences pour lui.

Après les premiers déboires, les premières désillusions, les premiers faux pas, Joël a pris sur lui et a revu son comportement. Très vite, il a compris que cette jungle ne pouvait pas s’apprivoiser et que les conflits seraient continuels, incessants.  Visiblement mal accepté, il se fait discret au contact de ses collègues. Il a besoin de ce travail. Il apprend à se contrôler et à rester sur ses gardes. L’ignorance du pourquoi de cette hostilité, de cette malveillance le dépasse et le déstabilise parfois. Il n’était pas préparé à une telle animosité, un tel rejet.

Une ambiance exceptionnellement détestable au sein d’une institution où chacun tire à lui l’antipathie, la rivalité, l’opposition. Un milieu très difficile à gérer et un personnel exécrable.

Joël se sert de son environnement proche pour se protéger. Son petit bureau mal éclairé, mal meublé devient son refuge, son havre de paix. Durant des heures, il essaie de les comprendre, de saisir le pourquoi du comment. Son travail le satisfait et lui permet de suivre l’actualité de l’entreprise. Il lui donne un certain pouvoir. Après le directeur, il est l’adjoint le plus présent, le plus détesté et celui par qui passe le plus d’information.

L’antipathie de ses collègues ne s’apaise pas. Il reste la cible de quolibets, de mesquineries, de tours non avouables. Conscient de cette atmosphère délétère, Joël s’oblige à s’adapter. Ils ne changeront pas, pense-t-il souvent. L’apparence qu’il donne par son calme, son indifférence le rend maintenant inaccessible.

Au bout de quelques années, les tensions n’ont pas changé mais Joël a beaucoup appris. Là où le malaise frappait, une carapace épaisse est apparue. Devenu imperméable à l’inimitié de ce milieu, il construit son indépendance au sein de l’entreprise. Les petites vacheries se poursuivent mais sans grande conséquence pour Joël. Il a pris de la hauteur, n’essaie plus d’interpréter, ne juge pas, n’émet aucun commentaire. Il a fini par ignorer superbement ces gens dans son for intérieur. Il les laisse dans le jeu qu’ils jouent. Son silence finit par lasser certains.

Maintenant  l’antipathie, les mesquineries continuent, se jouent avec les nouveaux arrivants faisant naitre d’éternels conflits, rivalités. Joël n’est pas étonné que ce jeu de dupe se développe sur d’autres.

Pour Joël, le travail convient, assidu, précis et rien de professionnel ne peut le toucher. Malgré cette triste ambiance, il finit par s’épanouir dans cet endroit.

Joël est loin d’être seul. Grâce à cette situation, il a fait la paix avec lui-même et trouve en lui des richesses inexploitées,  inconnues même. Lui, qui durant des années a galéré, se retrouve face à face avec lui-même et en bonne compagnie. Il s’invente de nouveaux horizons. Ses moments de pause, de repos le plongent dans des rêves inconnus et il en ressort transformé. Ce tête à tête avec lui-même lui apporte la sagesse et dans cette solitude forcée, il apprend  étrangement l’écoute de l’autre.

Joël a bien changé. Les réactions impulsives, les remarques désobligeantes, les coups bas, tout se transforme en audience, en analyse. Il en tire à chaque fois une leçon exemplaire. Joël s’enrichit chaque jour.

Les années passent et son indépendance vis-à-vis des autres finit par se transformer en respect. Devenu intouchable,  une crainte de lui est née et le protège. Certains même viennent lui demander conseil. Le temps des moqueries est passé.

Joël n’oublie rien de ses années de galère et, malgré ce nouveau statut inhabituel, reste toujours sur ses gardes. Sa vie personnelle a beaucoup changé aussi. Devenu accessible, à l’écoute des siens, de nombreuses oppositions sont évitées. Les années de travail lui ont beaucoup appris. Métamorphosé, il a parfois un petit sourire narquois.

Arrivé au terme de son labeur, il quitte son poste sans regrets avec le sentiment que toutes ces années l’ont beaucoup protégé. Il a appris beaucoup sur la vie.

Au fil du temps, certains comportements ont changé, l’institution a beaucoup évolué. Elle s’est ouverte sur l’avenir, sur le changement. Le nouveau personnel s’adapte plus aisément, plus facilement avec moins de conflits. Tout s’est adouci.

Le regard de Joël est sans jugement, sans commentaire. Il est devenu maître de lui-même et son meilleur ami.

 

 

 

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Commentaires

  • Hélas oui, c'est souvent injuste pour qui est visé.  Certaines personnes n'hésitent pas à en écraser d'autres pour se faire bien voir. Triste.

    Excellente journée Françoise. 

  • La Jalousie, la concurrence ... Pour certains, le besoin de se valoriser passe malheureusement parfois par celui d'écraser les autres. des situations difficiles. 

  • C'est la différence qui fait celui-ci plutôt que celui-là. Il n'y a pas de loi et c'est ce qui rend plus intolérant encore la situation de celui qui est choisi. Merci pour vos commentaires.

    Excellent weekend

    Amitiés

  • Bonjour Gilbert,


    Merci de résumer en quelques phrases ce texte et les commentaires. L’épuisement nerveux de certains peut amener de terribles conséquences et le jeu sordide d’un groupe est souvent le déclencheur.


    Amitiés. Excellente fin de semaine.


    Josette

  • En effet Claudine, il est possible que d’autres dans le groupe souffrent de cette situation. Prendre la défense de l’opprimé peut faire basculer les regards des autres et mettre en danger sa propre existence. Subir le même sort n’est pas toujours enviable et pas désirable.  Il serait intéressant de voir l’autre côté du miroir pour comprendre. J’y veille


    Amitiés

    Josette

  • Bonjour Béatrice,


    Vouloir faire le mieux dans son travail attire parfois le courroux de certains. Allez savoir pourquoi ! Cela dérange le bienpensant.  Bousculer les normes dérange et rend la vie difficile.


    Amicalement


    Josette

  • Bonjour Rolande,


    Il est inutile de se cacher la face, ce genre de comportement existe et fait souffrir celui qui en est la victime. Des mises à l’écart sont courantes dans certaines entreprises et même dans d’autres milieux. Une inimitié nait parfois sans raison profonde et se poursuit dans le temps.


    Merci Rolande pour ton commentaire.

    Amitiés Josette   

  • Et oui Adyne, quelle patience quand il y a des enfants, des loyers, des traites ... Et oui Claudine, qui a dégainé  le premier ? Et oui Béatrice, " les braves gens n'aiment pas que ... " Et oui Rolande, le monde du travail est un enfer et l'on ne sait pas tout. Le burn-out, un mot à la mode, comme la punition ultime quand on n'est pas suffisamment rapide, insuffisamment productif et impliqué. Cela ne nous rappelle -t-il pas un orage grondant sur nos têtes venant d'un autre continent il y a une trentaine d'années ? Et demain ?
    Belle dissertation, Josette.
    Amitiés, gilbert, bonne soirée.

  • Bonjour Josette.

    A la lecture de ce beau texte, je me demande qui a ouvert la porte à l'antipathie et qui l'a entretenue.

    L'analyse d'un comportement de groupe n'est pas facile et l'enfer de l'un est peut-être aussi l'enfer des autres.

    Nous ne voyons ici qu'un morceau de la vérité : celle de Joël.  Dommage que les autres facettes ne soient pas accessible.

    Amitiés,  Claudine.

  • Chère Josette,

    Eh oui, le milieu de travail peut devenir un enfer pour certains ! Et la "mise à l'écart" au cours d'un véritable acharnement qui s'abat sur une personne du groupe, la galère ! Les raisons sont toujours floues, dont l'une des principales à mon avis est la jalousie, quel qu'en soit le motif. C'est sans doute  pourquoi il y a tant de "dépressions nerveuses" et autres malgré la présence parfois, d'une ou d'un "psy" de service.

    Certains milieux professionnels sont plus touches que d'autres ! Et c'est une véritable gangrène !

    Que certains s'amusent cyniquement à entretenir ! C'est le sang des âmes qui est répandu et cela sous des apparences sereines et par des gens "au-dessus de tous soupçons".

    Comme dans l'air de la calomnie ...." Et l'on voit le pauvre diable menacé comme un coupable tomber tomber terrassé".

    Bravo Josette ! Comme toujours tu saisis admirablement les comportements bizarres de l'être humain.

    Merci à toi. Bisous

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