Nul n’ignore plus ce mot. Les journaux, les radios, la télévision, l’internet, le commerçant du coin qui s’en plaint, le salarié qui va perdre ou a perdu son travail, les politiques évidemment au premier plan qui se débattent dans leurs contradictions, sans oublier les économistes qui rivalisent de solutions toutes propres à nous faire saisir l’importance de la chose : que la piste à prendre évoquée par certains est la bonne mais catastrophique pour d’autres. Et patati et patata. Elle est dans la chaumière comme une fièvre qui tarde à guérir, plutôt comme une fièvre qui nous paraît durablement installée et qui engendre déjà certains comportements que l’on pressent durables et irréversibles. Et si cette crise, pondue comme un oeuf à Pâques était voulue, savamment orchestrée à l’échelle mondiale, issue de ces réunions qui nous glacent le sang au vu des visages fermés des “grands” de ce monde ? Je me le demande.

Et si  elle était moralement installée par ces derniers, qui sont eux-mêmes pères de famille, parfois grand-pères, encore plus sages donc, sous la pression bienveillante et désintéressée des scientifiques ou écologistes de tous bords qui agitent la sonnette d’alarme et auraient cette fois-ci historiquement le dernier mot dans la politique à mener pour la préservation de l’humanité ?  Si quelques avancées ont vu le jour et se poursuivent, cela paraît vrai, force est de constater qu’on est loin du compte : enfouissement de déchets radio-actifs, la mer grande déchetterie, le réchauffement climatique, la couche d’ozone…Le ralentissement des économies que l’on ressent en Europe ne paraît pas concrétiser une très grande volonté d’observance de l’environnement . A un détail près : la peur de l’amplification de la crise nous amène tout doucement à redécouvrir les vertus du jardinage ou du compostage ! Bref un repli bien naturel alors que des cheminées dans le monde ” tournent à plein gaz”. L’écologie est donc de la poudre aux yeux mais continuons à trier futé quand même !

Alors pourquoi la crise si ce n’est pas pour sauver la planète ? Réfléchissons. Voilà j’y suis. Le ralentissement des économies européennes serait voulu car nous sommes trop nantis et que nous devons porter secours aux pays  émergents comme on les nomme . Ils ont besoin de croissance pour améliorer leur quotidien. Cela paraît concevable si l’on occulte un instant les conditions dans lesquelles ce rééquilibrage se fait. Nous aimerions ne plus voir ces images de famine et d’immense précarité qui touchent les enfants notamment, images qui nous arrivent toujours au moment des repas. C’est vrai aussi que les associations caritatives ne peuvent pas tout ce qui expliquerait notre décroissance imposée en vue de l’aide aux plus démunis.Bien ,  si l’on prend Haïti, autant qu’il nous souvienne, le plein de dons a saturé les ordinateurs ;  pourtant au vu des aides sur le terrain on peut s’interroger sur leur véritable destination A éponger la dette du pays, peut-être ? Mystère. De ce côté là également la crise qui vise à devenir plus généreux, plus partageur en favorisant la croissance des plus démunis semble tout autant un écran de fumée puisque rien n’est fait ou presque.

Décidément, poudre aux yeux, écran de fumée, j’ai un vague sentiment d’illusion, de magie, de tour de passe-passe. Mais à qui donc profite-t-elle cette crise ? Il faudrait être naïvement enfantin pour éluder la notion d’intérêt ou de profit. Incrustée dans l’âme humaine depuis la nuit des temps, langage universel ne nécessitant aucun traducteur, elle puise tout banalement son fondement dans la survie de l’espèce. La survie des pauvres c’est le pain, la survie des riches c’est l’argent. Ne soyons pas outré, le pauvre qui gagne à la loterie était au fond un riche sans argent ! Un riche potentiel qui n’a besoin d’aucun conseil pour endosser le costume du riche. Il montrera sa générosité devant la caméra pour être vu, goûtera à tous les excès de la chair du fait d’être soudainement “aimé”, disons convoité et sera la plupart du temps méprisant à l’égard de ceux qui n’ont pas eu la même chance que lui. L’argent corrompt, cela au moins n’est pas un mystère. C’est donc peut-être de ce côté qu’il faille trouver la raison de la crise. Du côté de l’argent.Plus tard du côté de la guerre, mais avant, du côté de l’argent.

Oui l’argent reste la tentation première. Il permet, ce que l’on croit, de se faire la vie belle. La course à en obtenir est devenue un jeu mondial. Les enfants qui naissent aujourd’hui viennent au monde dans un casino. Ils découvrent progressivement les règles. Soit ils peuvent jouer soit ils sont les enjeux. En tout état de cause la vie est devenue un jeu avec des gagnants et des perdants. Les perdants sont de plus en plus nombreux face aux gagnants et donc  la colère gronde. Les gagnants sentent bien qu’à ce rythme là ils vont cesser de gagner plus et doivent donc imaginer une autre stratégie, la présente étant à bout de souffle, celle qui consiste bien entendu à alimenter la caisse du casino.

L’autre stratégie qui arrive fera croire aux petits joueurs, en leur donnant un peu plus de jetons ,qu’ils peuvent retrouver l’espoir de gagner. C’est l’inflation. La reprise de la confiance par le volume. L’inflation c’est l’euphorie retrouvée. Du travail pour le plus grand nombre. De l’argent qui coule à flots. Des prix qui grimpent dans l’allégresse et l’aveuglement. La spirale qui s’emballe et qui aura son temps comme tout le reste !

L’inflation est une illusion de richesse car les épargnes, contenues pendant l’austérité des salaires et des prix vont fondre comme neige au soleil. Qui se souvient avoir tapissé sa chambre avec des billets de banque, pas les jeunes d’aujourd’hui. Ils n’ont pas connu cette période. Je me souviens d’avoir entendu parler d’une grand-mère qui allait acheter son pain avec un sac de billets de banque. Ce que nous vivons aujourd’hui  ne serait-il pas un avant-goût de ce qui nous attend demain ? Mais c’était hier, c’était avant que …l’inflation ne connaisse, elle aussi, son heure de gloire.


(Interro. du jour )