Femme au foyer. Le CV de Suzanne Pujol (Marie-Paule Kumps) pourrait tenir en trois mots. Après, on pourrait ajouter qu’elle est aussi l’épouse de M. Pujol auquel elle a confié la gestion de l’usine parapluie héritée de papa. Mais cela ne changerait pas grand-chose au portrait que l’on peut dresser d’emblée de cette mère de famille exemplaire même si son mufle de mari n’a pas plus d’égard pour elle que pour les 300 ouvriers de l’usine qui d’ailleurs sont sur le point de partir en grève. "Je suis heureuse car je l’ai décidé une fois pour toutes , explique-t-elle. Je suis là dans un coin, je fais partie du décor. En fait, je ne sers à rien. Je suis une potiche" , confie-t-elle malgré tout à son Pujol de mari qui n’en a que pour les "cocos" qui menacent de débrayer aux cris de : "Pujol ras-le-bol."

Soudain, le destin frappe à la porte. Pujol pique une crise qui le conduit en droite ligne à l’hôpital. Et voilà que la "Potiche" se retrouve dans le fauteuil de PDG de son exécrable mari avec la mission d’amadouer les syndicats et de relancer l’usine. Et, contre toute attente, Suzanne quitte son déguisement de Fabiola pour entrer dans la peau d’une femme d’affaires calculatrice et redoutablement efficace.

Evidemment tout cela ne se fait pas d’un coup de baguette magique et la métamorphose donne lieu à quelques épisodes cocasses :"J’ai mis tous mes bijoux pour honorer les travailleurs car sans eux, je ne les aurais pas…" Ou encore : "Ils veulent un treizième mois ? Mais encore faudrait-il qu’il y en ait un au calendrier !" La suite sur scène…

Incitation au délire

Pas facile de se glisser dans la peau d’un personnage immortalisé par Jacqueline Maillan. Mais, malgré un démarrage en mode mineur, Marie-Paule Kumps finit par relever le défi et à convaincre un public qui est incapable de résister aux répliques concoctées par Barillet et Gredy, les maîtres du genre. Sans compter que la "Potiche", est fort bien entourée par des rôles moins secondaires qu’il y paraît, tant ils permettent d’équilibrer les échanges et d’éviter de transformer ce vaudeville en "one woman show". En ce sens, la mise en scène de Nathalie Uffner, avec cette incitation au délire qui force à surjouer juste ce qu’il faut, vient apporter une note de modernité à ce spectacle sexagénaire qui fait encore toujours éclater la Potiche… En éclats de rires.

Bruxelles, Galeries, jusqu’au 15 mai, à 20h15 (les dimanches et le samedi 30 avril à 15 heures). Durée : 2h30, entracte compris. De 10 à 25 €. Infos & rés. : 02.512.04.07, www.trg.be