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Fantôme au théâtre du Parc ? OUI!

Il est des soirs où le théâtre se fait sortilège et vous ne pourrez qu’être carrément « chamboulés ». Coups de tonnerre, le rideau se lève sur une musique inquiétante, dirigée par un maître de musique presque invisible, dont on aperçoit néanmoins la gestique, juché là-haut, au sommet du théâtre.  La scène baigne « dans un halo de fumée », et déjà la voix s’élève, mystérieuse, profonde, aérienne, frémissante : Christine, Christine… chante pour moi !

Le Théâtre Royal du Parc bruisse d’attente, et la légende du célèbre Palais Garnier à Paris s’éveille sous nos yeux pour constituer une fresque humaine somptueuse, autour de cette seule loge numéro 5.  C’est d’ailleurs avec une réelle économie de personnages que la fastueuse Belle Epoque reprend vie. Une histoire qui se déroule en 1881, alors que des événements tragiques hantent l’opéra avec l’effondrement du grand lustre et la mort d’un machiniste. 

Romancée par Gaston Leroux en 1910, l’histoire évoque un personnage mystérieux connu sous le nom de Fantôme qui hante l’Opéra Garnier, mêlant horreur, obsession et passion amoureuse avec toute sa jalousie destructrice. Elle se concentre sur la vie de Christine Daaé, une jeune soprano orpheline talentueuse et deux hommes captivés par elle : le Fantôme de l’opéra, cette présence inquiétante cachée sous un masque dissimulant un visage ravagé par des brûlures et le jeune et fier aristocrate Raoul de Chagny poursuivant désespérément son amour d’enfance. Un pétulant Jérémy Vliegen. Voilà pour le triangle passionnel mené avec feu par l’immense Cyril Collet, en fantôme omniprésent.

La scénographie de Saïd Abitartour à tour baroque et mouvante, révèle les profondeurs secrètes des coulisses de l’Opéra Garnier, lieu de splendeur et de damnation. Avec une loge n° 5 chaque fois plus… parlante !   Avec des costumes créés par Anne Guilleret  qui épousent à merveille toute la dynamique des personnages.

L’écriture captivante de Thierry Debroux et la mise en scène frémissante de Daphné D’Heur créent un Fantôme de l’Opéra terriblement humain, à la fois classique et contemporain, totalement bouleversant dans sa quête d’identité. Revenons à la source : « Sous ce masque, il y a un visage et derrière ce visage, un cœur. » Un cœur torturé par la passion, dans ce qu’elle a de plus sublime et de plus dévastateur.  Le cœur d’un personnage enfermé dans la solitude, abandonné depuis l’enfance, sevré de toute relation d’amour. Alors, La Musique… est cette fée invisible qui panse les douleurs les plus profondes et vient naturellement au secours de l’humain. The language of the heart.  Jusqu’à écrire un opéra pour la femme qui est tout son horizon ! « Ah ! Ne tarde pas… »   D’ailleurs, Cyril Collet n’est-il pas   « Comédien, fraichement diplômé, rêve de puissance, de cris, de larmes et de feu? » 

La mise en scène vertigineuse de Daphné D’Heur est ciselée dans les jeux de lumière de Philippe Catalanodans les airs et dans l’abîme inquiétant d’un lac souterrain, – Ah ce bruit retentissant de gouttes qui fait frémir le spectateur… À croire que l’on navigue dans l’univers de E.A. Poe.  Cette mise en scène nous entraîne dans un imaginaire fantastique, jouant des ombres et des miroirs en feu, pour faire vibrer peurs et sentiments extrêmes. Car derrière la beauté du chant, la jalousie veille, le désir dévore, et la musique devient une arme. L’amour y frôle la folie, et le Fantôme, déchiré, semble pourtant murmurer à l’infini : « Sens-tu comme nos deux âmes se rejoignent quand tu chantes ? » Ce puissant fantôme a un nom : Erik. Un être qui appelle à la fois à la compassion et au rejet.

 Mais soufflons un peu.  En contrepoint, il y a ces scènes tellement drôles de tractations mercantiles entre deux directeurs de théâtre – l’ancien et le nouveau – qui développent leurs palabres commerciaux avec belle fulgurance.  Un délice ! Des rôles tenus avec ardeur par Emmanuel Dell’Erba en Moncharmin et Antoine Guillaume en Firmin. Irrésistibles.   Il y a aussi cette formidable concierge, Madame Giry, adorable dans ses généreux élans protecteurs, horriblement désolée de voir poindre l ‘heure du départ de son directeur de théâtre préféré… Elle est jouée par Claudine Gourdin. Solaire.

Place aux vocalises. De L’air des bijoux… au Duo des fleurs. Les deux voix de soprano qui pourraient franchement vous faire prendre la production pour un vrai opéra, vous embarquent sur leur vaisseau musical qui n’a rien d’un fantôme. Héloise Pouleten prima donna vertigineuse – La Carlotta – porte à son bord des airs qui réveillent le plaisir des grandes maisons d’opéra, mais la mise en scène poivre tout de même ses prestations de malicieuses pointes d’humour. Cela soulage agréablement de toute la tension scénique.   L’autre voix, d’une fraîcheur et d’une tendresse exquises, a trouvé dans la Musique – comme par enchantement – un havre de bonheur et l’expression de ses sentiments les plus intimes. C’est que l’Ange de la Musique, veille bien sûr sur elle et ne cesse de l’inspirer. Tantôt visible, tantôt invisible. Aussi, l’esprit d’un père violoniste, hélas disparu.  Romina Palmeri, est cette Christine au chant lumineux, suspendue entre innocence, ingénuité, et féminité assumée.  

Mais tout le magnétisme et le ravissement nous vient aussi d’autre part. Dans le rôle de la prima ballerina La Sorelli, il y a Colette Coenraets, en professeure de danse sur scène. Telle une sévère institutrice guindée, du temps passé, elle dirige d’une main de fer les quatre très jeunes danseuses classiques, qui émaillent précieusement le spectacle de leurs rondes ingénues. Elles avalent littéralement tout l’espace scénique. Ce ravissant quatuor enchanteur change à chaque apparition, et de costume et de style. Un régal. Leur kaléidoscope de gestes gracieux, de mouvements d’ensemble charmants estompe chaque fois le décor qui disparaît dans leurs merveilleux sourires et leurs regards pétillants de malice. Cette magie de la Danse fascine, volant presque la vedette à la Musique. Ces jeunes danseuses du Centre Choréartsont là pour incarner la grâce innocente des petits rats de l’Opéra et  diffuser toutes sortes d’états d’âme. Elles évoluent sur une bande sonore signée Dario Delbushayecelui qui a tissé un fil d’or entre Purcell, Gounod et ses créations originales. Oui, Daphne et Dario, mère et fils se retrouvent ici réunis dans un très touchant duo artistique…

 En définitive, on participe à un grand frisson d’art total :  théâtre, musique, chant, danse et lumière traversent cette création. Il y aura même la surprise d’un jeu de cape et épée avec un retentissant duel chorégraphié par l’incontournable Jacques Cappelle.  Le Théâtre du Parcavec son ADN fait de flamboyance, de précision et de rêve nous a offert lors de cette splendide première, un hymne vibrant à la beauté et à la démesure, celle de la passion ?  

Dominique-Hélène Lemaire, Deashelle pour le réseau Arts et lettres

Crédit Photos Aude Vanlathem

En savoir plus ?

La légende du fantôme de l’opéra prend sa source dans plusieurs événements qui ont eu lieu au XIXe siècle. En 1863, une danseuse de l’opéra meurt brûlée lors d’une répétition. Elle laisse un fils, nommé Ernest, qui devient un pianiste talentueux en grandissant. Plus tard, le jeune homme se fiance avec une ballerine. Malheureusement, cette dernière meurt dans l’incendie de l’opéra Le Peletier. Inconsolable, Ernest se réfugie dans les souterrains de l’opéra Garnier pour se consacrer à la composition d’une œuvre dédiée à sa bien-aimée. On ne le reverra plus jamais. Néanmoins, on raconte que le fantôme d’Ernest continue de hanter l’opéra. En effet, machinistes, comédiens et régisseurs sont témoins d’étranges phénomènes : le son du piano qui résonne la nuit, des partitions corrigées par une main inconnue, des voix dans la loge numéro 5…

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Un scoop à Bruxellons!: Goodbye Norma Jeane

Goodbye Norma Jeane : miroir brisé, étoile survivante

Marilyn. Norma Jeane.  Fantôme lunaire de lumière et de chair, insaisissable papillon blanc, prisonnière d’un mythe qui la dévore. On croyait tout connaître d’elle, on croyait avoir traversé ses mystères, mais le théâtre, tel un élixir révélateur, ravive l’inconnu derrière l’icône : la femme fissurée, la tragédie à fleur de peau, en fichu, lunettes de soleil et manteau de fourrure. Mutilée par les regards.

Au Festival Bruxellons ! Dans une brillante mise en scène de Simon Paco, la nouvelle comédie musicale Goodbye Norma Jeane ose l’impossible : faire revenir Marilyn Monroe d’entre les morts. Un travail au scalpel.  Non pas l’icône figée, mais Norma Jeane, démasquée, la femme survivante, retirée du monde, et toujours secrètement hantée par son propre mythe. Dualité de corps. Et d’âme.

Hello! Norma Jeane, are you there?

Léovanie Raud, chatoyante brune, incarne Norma Jeane vieillissante avec une intensité prodigieuse : féline blessée, a cat on a hot tin roof, elle vacille entre confidences et éclats de lucidité. Norma Jeane va se défaire progressivement du maquillage de son histoire, laissant peu à peu voir l’abîme, le clown triste qui ne rit plus de sa propre mascarade. Face à elle, Maud Hanssens campe une Marilyn brûlante, belle, rare et mystérieuse comme la super lune bleue. Mais la beauté parfaite devient masque cruel.  Un double éclatant qui renvoie à Norma Jeane l’image de ce qu’elle fut, ou de ce qu’on voulut qu’elle soit. Deux présences, deux visages d’un même naufrage.

L’une papillon de jour d’un blanc incandescent, l’autre grand habitant aux couleurs fauves des bibliothèques de la nuit. L’histoire du papillon blanc est tragique, irrésistiblement attiré par les lumières, assoiffé de liberté et d’amour, il se brûle à chacun de ses envols…

Le trouble s’amplifie avec l’arrivée du jeune et pétulant journaliste américain, joué par Rémi Palazy, figure à la fois candide et intrusive. Un premier de promotion ? Un groupie ? Un enquêteur ?   Il rallume en elle la peur viscérale de Norma Jeane d’être encore utilisée, encore volée, vendue comme vulgaire marchandise ?  La rencontre vire au duel : la mémoire contre l’oubli, l’icône contre la femme. France Gall, l’icône française blonde elle aussi, avait bien raison…  Résiste ! Prouve que tu existes…

La mise en lumière de Laurent Kaye et la direction musicale d’Ilse Stroobant font merveilles et sculptent l’espace huis-clos en clair-obscur, soulignant la fragilité d’un récit qui hésite entre confessions et hallucinations. Le son, signé Vincent Debongnies, distille et souligne l’étrangeté d’une parole inscrite aussi dans les partitions invisibles de ce piano blanc omniprésent, pièce maîtresse du décor. Un instrument annonciateur, consolateur, qui scande élégamment le récit, jamais musique d’ambiance. La musique enveloppe la scène d’un halo fragile, elle fait du piano blanc un personnage à part entière – témoin silencieux de la confession impossible et pièce à conviction irréfutable.

Au-delà du portrait, la pièce ose une hypothèse vertigineuse : et si la mort de Marilyn avait été arrangée ? En contrepoint du drame des « seconds violons » Ah ! Le Pauvre Bobby ! Suicide utile, maquillage pratique pour l’ordre politique, CIA en coulisses, panique en sourdine, mythe ainsi mieux géré, plutôt que de laisser vivre des vérités qui dérangent. Comment peut-on échapper à l’œil du monde ?   Le propos semble aussi glisser dans les territoires profonds de Tennessee Williams et rejoint même le vertige d’un Kean : ces artistes prisonniers de leur rôle, en déroute, suppliant d’être reconnus pour ce qu’ils sont, et de pouvoir enfin vivre hors du masque. Vivre, c’est jouer, mais à force de jouer, on se perd.

 La salle retient son souffle. Les trois comédiens chevronnés auront rejoué de manière vertigineuse toute la magie d’une vie d’équilibriste « At the top », éblouissante et nue. Mise en abyme : toute la biographie affolante de Marylin y passe, en mode ultra rapide.  Etourdissant ! Les changements costumes et de postures théâtrales, discrets mais efficaces, chatouillent l’imaginaire. Les grands noms du 20e siècle défilent. On voudrait les retenir !  La Marilyn belge a capté toutes les poses, les humeurs et les chansons de la star. Devant nos yeux éblouis, elle fait vivre avec intensité la vie de l’icône de papier glacé, nourrie de diamants, d’alcool,de cachets et de désillusions en séries… « A material girl » ? Une vie que la star a choisi de quitter… They say.

Sous la lumière crue, dans la nudité bouleversante d’une vérité arrachée à l’oubli, Norma Jeane parle, Norma Jeane tremble. Et elle existe.

Peut être une image de 1 personne et texte qui dit ’LA DERNIÈRE NUIT DE MARILYN MONROE AVEC MAUD HANSSENS Goodlbge, RÉMI PALAZY LÉOVANIE RAUD ILSE STROOBANT Norma UINE COMÉDIE COMÉDIEMUSICALE MUSIC ALLARD BLOM SAM VERHOEVEN Festival ηεε! MISE ASSISTANAT À PARTIR DU 24 AOOT 2025 Château du Karreveld bruxellons.be SCENE SIMON PACO DIRECTI ISE SEEN NSCENE DELPH INCENT DEBONGNIES MUSICALE ILSE STROOBANT ADAPTATION RANCAISE STEPHANE LAPORTE LAURENT KAYE PACO RRUC VERONIQUE LACROIX NE COPRODJe ΠΟΝ PRODUCTION วะ COOPE PRODUCTION P프포 beside PERI HOSTALGE by ご0’

 Dominique-Hélène Lemaire, Deashelle pour le réseau Arts et lettres

 

Avec Maud Hanssens, Leovanie Raud, Rémi Palazy & Ilse Stroobant, dans une mise en scène de Simon Paco.

Direction musicale et arrangements : Ilse Stroobant,

Adaptation française : Stéphane Laporte,

Assistanat à la mise en scène : Delphine Peraya,

Costumes : Simon Paco,

Lumières : Laurent Kaye,

Sound design : Vincent Debongnies,

Perruque : Véronique Lacroix, une production du Festival Bruxellons !

 

 

 

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