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                    DE LA NON COULEUR A’ LA LUMIERE : LA MÉMOIRE SELON SERGE TENEZE

Du 07-O2 au 20-02-20, l’ESPACE ART GALLERY (83 Rue de Laeken, 1000 Bruxelles) a exposé l’œuvre du peintre français, Monsieur SERGE TENEZE, intitulée : MEMOIRES : ABSTRAC ET LUMIERES NOIRES.

Peindre la Mémoire! Voilà un thème fascinant. Thème ancien, par surcroît, mais qui s’avère « contemporain » dans sa façon d’aborder le sujet. Si dans le passé, la Mémoire s’incorporait spécifiquement au sein de la figure humaine idéalisée avec souvent une connotation magico-religieuse (l’image de l’ancêtre dans la Rome antique privée de regard pour garder, à travers cette cécité imposée, une distance acceptable entre le monde des vivants et celui des morts), aujourd’hui, par le biais de l’abstraction, elle devient « magnétique ». Le personnage féminin, peint à maintes reprises par Dante Gabriele Rossetti au milieu du 19ème siècle, est censé portraiturer l’épouse de ce dernier qui s’efforce à la comparer à la Béatrice de Dante. Même peinte jusqu’à l’obsession, ce fantôme, issu de la Mémoire demeure une femme. Par conséquent, cette Mémoire s’incorpore dans un sujet : un corps féminin pétrifié dans la fleur de l’âge. SERGE TENEZE, lui, peint la Mémoire dans sa manifestation à la fois humaniste et cérébrale. La couleur-support qui la sous-tend est le noir, lequel renvoie la lumière vers le regard qui en saisit les contours, jusqu’à en chercher l’origine. Temps et Mémoire se conjuguent dans un réseau d’entrelacs pareils à des ondes magnétiques dont jamais l’on n’entrevoit le point de départ ni le point final. Et ce qui frappe au premier regard c’est précisément cette ondulation sur la surface qui ramène l’œuvre à sa vérité, sinon plastique, du moins cosmique. Car ce réseau d’ondes magnétiques rappelle l’écho des signaux laissés par un astre perdu. L’artiste produit des ondulations stimulant d’autres ondulations. Aux traits finement ciselés, évoquant les lignes de l’électroencéphalogramme, se forment des ondulations provoquant des déphasages en forme de courbes, créant ainsi l’idée d’une possible élasticité spatiale. Ces deux constantes (couleur noire et lumière) assurent l’élément déterminant à la viabilité de l’œuvre, à savoir le rythme. La lumière est littéralement « propulsée » par la couleur noire. Elle devient son émanation.   

 LUMIERES NOIRES SILLONS 1 (130 x 98 cm-huile sur panneau de bois)12273333073?profile=original

L’artiste peint les effets produit par l’acte de la mémorisation. Les résultats sont la matière spectrale laissée par le souvenir s’imprimant sur la toile tel un négatif.

Il ne s’agit pas de la forme classique de l’électroencéphalogramme centré sur trois lignes horizontales continues. Mais bien de volutes enroulées sur elles-mêmes. Des semi-spirales fluctuantes où la Mémoire se renouvelle dans l’espace d’un éternel retour.

Peindre la Mémoire équivaut à peindre le vent. L’artiste explore les feuilles tombantes, ramassées à l’intérieur d’un tourbillon qui les rend aériennes et compactes à la fois. Forme et légèreté deviennent l’essence même du mouvement.  

Concernant les lumières noires, l’exposition présente deux écritures plastiques de l’artiste :

  • le tableau conçu comme nous venons de l’évoquer
  • le tableau « incisé »

Ce dernier, évoquant la sculpture, présente des marques et des entailles que l’on pourrait imaginer avoir été réalisées au burin sur la toile.  

LUMIERES NOIRES LAC 2 (120 x 120 cm – huile sur toile) est une œuvre où le trait se définit par des incisions au couteau, donnant vie à un cinétisme d’une géométrie inconnue où chaque forme est délimitée dans son espace sans empiéter pas sur l’autre.  

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L’œuvre de l’artiste se divise en toiles de grandes et de petites dimensions. Si le noir est la note principale, le bleu n’est nullement délaissé. Il se fond dans l’arrière-plan contribuant à faire émerger la teinte noire définitive.  

LUMIERES NOIRES LAC 14 (65 x 50 cm) 

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Quatre variations sur le gris enchantent l’exposition. La finesse du trait que nous remarquons sur les toiles noires, se perpétue dans un dédale magique d’entrelacs noirs et blancs, donnant par le biais du fond blanc de la toile, naissance à un gris, comme surgi de l’hypnose. Ces petits formats sont des travaux sur verre, Ils sont « activés » par une petite lampe située derrière chaque tableau que l’on allume pour les illuminer. La note grise se révèle comme l’apparition d’une fumée faisant, au gré du mouvement, apparaître et disparaître sa forme. Il s’agit, là encore d’une variation sur la Mémoire à la fois dans sa persistance et son absence. 

                                                          

LUMIERES DE VERRE 5 (50 x 50 cm)12273334060?profile=original

                                                        

Ce travail sur le verre, l'artiste l'a également réalisé à partir d'une dominante bleue. Ce sont des variations à la fois personnelles et contemporaines sur des vitraux d'église où nous retrouvons la même dialectique sur la Mémoire.

                                     

LUMIERES DE VERRE 7  (50 x 24 cm)

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Depuis une quinzaine d’années, l’artiste ne travaille que sur la Mémoire, à la recherche d’états d’être oubliés, conçus comme des corps vivants. Pour cela, il utilise la terminologie freudienne en parlant de « Mémoire-peau ». Ce derme  mnémonique trouve sa nourriture dans l’expérience à la fois sensuelle et mystique de la sensation, à la façon d’un Proust savourant sa madeleine. L’artiste nous donne l’exemple d’un rabot appartenant à son père décédé. Dans une toile peinte dans le passé (ne faisant pas partie de l’exposition), il décide de « portraiturer » feu son père, non pas en se référant à sa présence physique mais bien à ce qui, selon la Mémoire du peintre, le caractérisait par- dessus tout, à savoir son rabot, non pas dans sa matérialité pleine et plastique mais bien dans la forme vaporeuse du souvenir, évidée de son contenu. Forme que le regardant appréhende sans la moindre explication extérieure.

Cette Mémoire, l’artiste ne l’approche que par le biais de l’abstraction. Abstraction qui n’existe que comme simplification à son travail. Il n’hésite pas à se référer à Monnet dans sa quête vers l’essentiel. Son désir consiste à savoir comment son travail sera ressenti. En cela, il n’hésite pas à demander au regardant de toucher la toile pour qu’il en ait déjà un contact sensoriel, renforçant ainsi la possibilité d’une Mémoire tactile chez ce dernier. Car la « Mémoire-peau » se nourrit des sens. Et cette Mémoire porte en elle une couleur : le noir. Son travail est une quête qui le place dans la peau d’un archéologue à la recherche de l’idée première. Remonter le temps. Les sillons acquièrent une importance capitale car, tels les anneaux d’un arbre, ils remontent vers la surface. Ils symbolisent également l’image de l’empreinte digitale. C'est-à-dire d’une trace laissée sur la toile du temps. Mais ils symbolisent aussi une plénitude, une enveloppe, une peau. Le noir, c’est aussi la recherche de son Moi, qu’une transparence bleue, issue de la couleur maîtresse, affleure à la surface du regard, lorsque celui-ci s’efforce à la trouver.

L’empreinte de la Mémoire se manifeste également dans les titres que l’artiste donne à ses œuvres. Concernant ses petits formats, le mot « Lac » apparaît fréquemment, voulant exprimer par là l’étendue d’eau enfouissant les sentiments et que l’artiste-archéologue cherche à exhumer.

Mais l’eau c’est également, au sein de la pensée humaine, le terrain à partir duquel se fertilise l’univers cosmique, à partir de la dichotomie entre le « différencié » et l’ « indifférencié », dans bien des civilisations, notamment dans la cosmologie mésopotamienne. L’image du lac devient celle d’un bouillon de cultures fertilisant et créateur.

Le noir est depuis des décades une couleur remise à l’honneur. Cela nous le devons au centenaire PIERRE SOULAGES qui, un beau jour de 1979 la recréa au point de la faire accoucher d’une lumière jusqu’alors inconnue (« l’outrenoir »). SERGE TENEZE, quoi qu’admiratif du peintre, se sert de la lumière émise par la couleur noire mais en la contournant pour trouver sa propre vérité. En effet, essayer de comparer son travail avec celui de Soulages reviendrait à constater qu’absolument rien ne les relie. Ce qui n’est rien de plus normal puisque de tout temps l’histoire de l’Art est avant tout une histoire d’influences. De plus, l’artiste, traitant le thème de la Mémoire, vise les hauteurs mystiques, en ce sens qu’il veut transcender la couleur noir pour la recréer en une « non-couleur » comme il se plaît à le souligner, de laquelle s’exhale la lumière.   

Et d’insister en déclarant que pour lui : « la « non couleur » devient le « médium » idéal. Il ne me faut plus compter qu’avec la matière  et la lumière. Abandonnant les artifices de la couleur au profit de ce noir dense et dépouillé, sérieux, honnête et fort. Travailler cette matière pour la faire mâte ou brillante, fine ou épaisse, lisse ou accidentée. La charger d’émotion, lui donner mes impressions, mes sensations, y laisser mes traces ».  

SERGE TENEZE a fréquenté les Beaux Arts de Bordeaux, à la suite de quoi il a suivi les cours du Professeur Claude Yvel qui lui a révélé les secrets des techniques anciennes ainsi que la valeur de son travail. Ce qui a fait de lui un artiste qui perpétue des techniques ancestrales en les adaptant à un langage contemporain.

Certaines de ces techniques remontent à la Grèce antique, telles que le traitement à « l’huile noire » provenant de l’île grecque de Chios dont il se sert pour fabriquer la base de son medium, à savoir une résine appelée le « mastic en larmes ». Ces techniques, il les ressuscite pour consolider un lien non seulement technologique mais aussi humaniste et culturel avec un passé qui a vu fleurir les grandes heures de l’histoire de l’Art. En effet, le temps passé dans les ateliers de Claude Yvel et de J.P. Braz fut un complément considérable à son passage aux Beaux Arts. Ne perdons jamais de vue que l’Académie, telle que nous la connaissons aujourd’hui, remonte (du moins en France) au 19ème siècle. Autrefois et plus précisément au cours de la Renaissance, l’artiste se formait à l’intérieur même de l’atelier, sous la supervision du Maître. La formation de SERGE TENEZE porte en elle l’empreinte de cette époque.

Epoque qu’il perpétue par la grande culture de son métier qu’il témoigne à chaque œuvre créée. Tel le chef d’orchestre qui compose dans le but de diriger ses propres partitions, l’artiste à l’instar de l’alchimiste, crée pour expérimenter ses matériaux dans le processus de sa création. Œuvre et matériau ne font plus qu’un et lorsqu’il évoque sa science, il devient intarissable. Ainsi, parlant de la réalisation du tracé laissé par les sillons de la série consacrée à la Mémoire, il indique qu’il effectue un premier passage au couteau « en 8 » (c'est-à-dire que l’on passe l’outil – en l’occurrence le couteau – comme si l’on dessinait la forme d’un 8 horizontal, en suivant sa ligne tout en déplaçant le couteau sur la toile. C’est là la meilleure façon, affirme-t-il, de l’imprégner sur la totalité de son espace), afin que le support puisse accueillir les pigments noirs d’ivoire, l’essence de térébenthine bi rectifiée, mélangée à de la résine de mastic en larmes provenant de l'île de Chios ainsi qu’une petite quantité d’huile. 

Il effectue ensuite, un deuxième passage au couteau à peindre (d’une trentaine de centimètres environ) dans le but d’étaler en épaisseur ce même mélange, enrichi d’huile cuite en plus de l’adjonction d’un médium, tel que par exemple, l’essence de térébenthine bi rectifiée, mélangée à la résine de mastic en larmes de l'île de Chios. Tandis que les sillons, en tant que tels, sont créés avec différents outils, comme la large brosse plate que le pinceau reprend par la suite pour mettre en exergue la fluidité du mouvement, créant ainsi la naissance de la lumière. L’importance qu’il accorde à l’apport de couches successives est dicté par le besoin les rendre, comme il le dit, « amoureuses ». Et cette succession de couches n’existe que pour assurer à l’œuvre, par le biais de la matière épaisse, la possibilité de traverser les siècles. La création s’accorde avec le passage du temps.

Le travail sur le noir est en réalité la suite d’un travail initial ayant pour attribut la couleur dans lequel était déjà présente la nécessité d’appropriation de la Mémoire.  

ORANGE DE NOEL (64 x 54 cm – huile sur toile) est l’expression plastique d’un souvenir d’enfance appartenant à la fois à l’artiste ainsi qu’à sa mère. Petit, celle-ci lui relatait le souvenir qu’au jour de Noël, celle-ci recevait une orange. Emu par la maigreur du cadeau, cet épisode avait marqué la mémoire de l’artiste. Des ersatz de chromatisme orange parcourent, de haut en bas, l’ensemble du fond bleu, parsemé ça et là, de quelques vagues notes blanches. La couleur orange, striant la surface de la toile brille, incandescente et le souvenir se révèle de façon épidermique. 

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Dans l’œuvre précitée, l’artiste nous a conviés à la manifestation d’un épisode remontant à sa petite enfance, avec MON AUTOMNE (95 x 130 cm- huile sur toile) il aborde l’intimité d’un sujet existentiel, à savoir l’automne de la vie. Toujours dans l’abstraction, ses strates chromatiques sont considérées par lui comme des « signifiants », témoignant sous la forme de « traces », des différentes phases de sa vie. Si des ersatz de couleur jaune parsèment de haut en bas, l’œuvre précédente du peintre, MON AUTOMNE en revanche, présente une continuité linéaire, carrément progressive dans l’évolution humaine de l’artiste. Trois phases en superposition axées sur trois notes différentes (le vert à l’avant-plan, le bleu entrecoupé de noir dans la zone médiane et le rouge également entrecoupé de noir) sont clairement délimitées, face auxquelles le regardant pourra se risquer à une tentative d’interprétation subjective. Notons que cette différence organisationnelle dans la disposition chromatique concernant ces deux œuvres est d’un intérêt qui interpelle. Surtout si nous observons que le sujet de ces deux toiles se situe à la charnière de deux phases de la vie. 

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Et c’est précisément ce que nous avons souligné, plus haut, en insistant sur le fait que le rendu pictural de la Mémoire rendu par l’artiste est à la fois humaniste et cérébral. Humaniste, parce  qu’il fait appel à tout un héritage culturel séculaire. Cérébral, parce qu’il s’efforce à retranscrire tel un scribe, les signes plastiques, les « signifiants » semés par le cerveau humain.    

L’artiste a pour projet de continuer son exploration de la couleur noire. Toujours sur le thème de la Mémoire, il compte réaliser un assemblage de neuf toiles sur fond noir avec cette fois, le jaillissement d’un trait de fulgurance symbolisant l’émergence de la pensée, soit sous une forme colorée, soit par une suite de plusieurs couches de noir. 

Abstraction et Mémoire se conjuguent dans un discours qui rejoint la mythologie du Temps dans l’image expansive du sillon proche de la spirale, symbolisant l’infini. Or, l’infini annihile le temps.

Sur la toile cosmique, SERGE TENEZE nous en laisse l’empreinte.

François L. Speranza.

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                                                              Une publication
                                                                       Arts
 
12272797098?profile=original                                                                        Lettres

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Collection "Belles signatures"  ©  2019  Robert Paul

                                                      

   

N.B. : Ce billet est publié à l'initiative exclusive de ROBERT PAUL, fondateur et administrateur général d'Arts et Lettres. Il ne peut être reproduit qu'avec son expresse autorisation, toujours accordée gratuitement. Mentionner le lien d'origine de l'article est expressément requis. 

Robert Paul, éditeur responsable

A voir:

Focus sur les précieux billets d'Art de François Speranza

   

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L'artiste SERGE TENEZE et François L. Speranza : interview et prise de notes sur le déjà réputé carnet de notes Moleskine du critique d'art dans la tradition des avant-gardes artistiques et littéraires au cours des deux derniers siècles.                                               
                                                                                                                   

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Photos de l'exposition de SERGE TENAIZE à l'ESPACE ART GALLERY

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            Elle …

            Présente sa Trinité

            Si féminine

            Équilibrée

            Androgyne

           Elle ...

           L’Esprit Créateur

           Reconnaît le Père & le Fils

           En son propre Être.

           Son oreille est intérieure

           Elle ...

           Fait partie de la Trinité

           Son nom

           Est l’Esprit Sain(t)

           Inhérent en chacun

           Elle ...

 

           Manifeste dans la forme

           Une plénitude

           Hors normes

           Elle ...

 

           A le potentiel

           D’insuffler l’Esprit de Vie

           Souverain

           Elle dit ...

           Réunifie toi

           Corps/Âme/Esprit

           Connais-Toi toi-même 

           Et deviens !

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12273371882?profile=originalPrimevères au rendez-vous du Printemps

 

Primevère, la printanière.

 

Primevère, petite fleur printanière

Tu parsèmes nos jardins, nos couverts

Discrète, tu réjouis les espaces verts

Le trille de la mésange charbonnière

Egaie nos vies mornes et confinées

Herbes folles, végétation spontanée

Haies, taillis, halliers, graminées

Rêvez, plantez, semez, laissez aller

La biodiversité ne se réduit aux cimetières

Vous serez mieux en pré qu’en terre*.

 

Michel Lansardière

 

* Plutôt cueillir le jour… Herbicides et pesticides sont interdits dans les cimetières depuis 2015, tandis que le glyphosate reste autorisé dans nos champs jusqu’en 2023. Carpe diem.

 

12273372472?profile=originalMésange charbonnière et mésanges bleues

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J'aimerais vous faire découvrir & partager le travail qu'Albert Hartweg consacre avec passion au thème des livres. Il nous "raconte" de somptueuses histoires de papier,de vieux livres, d'ateliers et autres lieux de mémoire où règne une atmosphère pleine de nostalgie et de poésie... 

Le lien : https://www.scribest.fr/article-186-empreintes

Le livre présente également trois beaux poèmes de Lionel Droitecour - disparu depuis peu - et je vous propose celui qui se trouve page 52 de la publication :

PORTE CLOSE

Le libraire a fermé, sa boutique est déserte ;
On n’a pas tiré le rideau : une affichette
Invite le chaland à passer son chemin.
La vitrine est vidée mais, en regardant loin,


Dans la pénombre on voit volumes oubliés...
Comme jonchée d’automne à l’air de supplier
Le vent qui la chahute et pousse son murmure ;
Un titre, deviné, fait comme une échancrure


En mon cœur attristé face à la porte close.
Hier je portais là mon âme un rien morose,
Essuyant ma tristesse aux pages des vieux livres.
Comme un prince indulgent, magnanime, délivre


Un mortel de ses fers, j’emportais quelquefois
Une âme dissidente accordée à ma voix ;
Échangeant la poussière en la vieille boutique
Pour celle de mon antre où sont mes chœurs antiques.


Et, parmi leurs pareils, entre mes rayonnages,
J’appareillais ces mots à mille autres voyages,
Spectateur immobile appuyé au lutrin
Où mon âme tranquille espérait le matin.


Lionel Droitecour(*)
(*) voir aussi p. 18 et 66.

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administrateur partenariats

Partenariats 

Arts12272797098?profile=originalLettres

En décembre 2012, Robert Paul et moi-même inaugurions les partenariats poésie-peinture

sur Arts et Lettres.

Nous étions accompagnés par les poètes de la première heure,

Sandra Dulier et Joelle Diehl, aujourd'hui en route vers d'autres sillages.

 

Une belle aventure qui allait générer des centaines de billets, d'abord créés par mes bons soins,

puis, créés par les membres actifs, emportés par cette vague d'échanges riches en émotions.

 

En me retournant, je découvre avoir créé 120 billets autour de ces échanges.

Ces billets ont reçu plus de 92.000 vues,

des centaines de commentaires aussi.

Des billets de duos poésie-peinture, des partenariats créés entre tous sur de nombreux thèmes,

des partenariats avec traductions de poèmes en anglais, allemand, italien et arabe.

Des billets de belles rencontres entre les membres, des événements culturels et festifs...

Les treize sorties de peinture en plein air "sur le motif" de 2013 et 2014 

ont généré à elles seules 11.000 vues.

Certains billets, mettant en valeur des membres actifs du réseau,

ont été honorés de centaines, de milliers de visites.

 La couleur des mots 

dédié à Robert Paul a reçu plus de 6.790 vues depuis sa création, le 6 février 2013.

 Les belles rencontres d'Arts et Lettres.. 

a été visité plus de 10.000 fois depuis sa création,

en février 2013.

Deux billets exceptionnels.

Au fil du temps, des membres nous ont quitté, d'autres nous ont rejoint.

Ainsi va la vie...

Ce petit résumé pour vous dire, chers amis d'Arts et Lettres, 

que le réseau représente un immense potentiel d'édition.

Au vu des chiffres de ma contribution, qui n'est qu'une infime partie de ce que le réseau a produit

au cours des dix dernières années, me vient un conseil à vous donner.

Qu'attendez-vous pour faire pareil ?

Profitez, usez et abusez des possibilités d'éditions du réseau. 

Echangez, parlez, communiquez, faites vous de nouvelles amitiés. 

Par ces temps difficiles, il est un espace sécure. 

Il vous attend.

Amitiés,

Liliane

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L'arbre de vie"

A l'origine des partenariats plume-pinceau sur Arts&Lettres

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Matin clair JGobert

Matin clair ..
Un soleil timide qui annonce de belles journées. Je crois aux jours meilleurs, aux retrouvailles, aux découvertes de toutes sortes. Je prends tout ce bonheur annoncé pour mon âme, mon cœur...
J ai besoin de rêver pour garder les pieds sur terre, pour ne pas faillir à cette vie qq peu turbulente et qui me tourmente tant. Malgré les années, je ne trouve pas cette paix qui me manque. Je cherche toujours ce qui fera mon bonheur. L amitié n a pas donné les effets escomptés même si je peux dire que j ai connu des êtres de lumière. Le temps a estompé ce cadeau. L'amour n'a pas été au rendez vous. Je me suis accrochée comme un noyé. J ai coulé. Je me suis noyée. J ai cru mourir plusieurs fois de ce mal qui tuait mon cœur, de ces trahisons à l infini.
Alors, je vis. Je ris. Je chante pour que mon cœur soit gai, parfois heureux. Peut-être n est il pas responsable ? Je lui pardonne toujours. Je lui promets des jours meilleurs où enfin il sera heureux.

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Du 03 au 28-12-14, l’ESPACE ART GALLERY (35, Rue Lesbroussart, 1050 Bruxelles) termine l’année de façon flamboyante en vous présentant l’œuvre du peintre Belge LEONARD PERVIZI, laquelle n’en finira pas de vous émerveiller, tant elle déconcerte par l’élaboration de ses thématiques.

L’œuvre picturale de LEONARD PERVIZI se concrétise par un dialogue entre la forme et la matière, duquel émerge l’incision du trait. Car la caractéristique majeure de l’artiste est de se servir de la matière comme d’une sorte de voile derrière lequel apparaît la forme. Et cette forme s’avère être celle de la Femme, campée dans une série de postures évoquant le mouvement retenu à l’intérieur d’une suspension du temps.

La nature de ce mouvement oscille entre le plaisir et le tourment : l’un s’enchevêtrant souvent dans l’autre.

Les postures adoptées témoignent d’une force organiquement sculpturale. D’une lascivité à la fois crispée et relâchée, chaque partie du corps, scandée par rapport à la lumière, est mise en exergue pour faire ressortir l’ensemble de la composition à l’intérieur de l’espace.

A titre d’exemple, ANTHROPOMORPHE (90 x 70 cm – huile sur toile)

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étale le corps, alternant dans trois zones, chacune baignant dans une lumière différente. Il est rendu visible sous un éclairage constamment renouvelé pour le révéler au regard dans sa totalité sensible. Trois zones composent le corps : la tête, le coccyx (surélevé, créant une tension dans le volume), les pieds qui remontent (assurant un équilibre par rapport à la tête). Ces mêmes trois zones anatomiques s’enserrent dans trois espaces chromatiques : 1) la tête comprise dans une zone brun-foncé se mariant avec la chevelure du personnage. 2) le coccyx, à l’intersection des espaces brun-clair (en haut) et blanc (en bas). 3) une zone brun-clair comprenant les pieds. 

La signature chromatique de l’artiste se distingue par un contraste obtenu par des couleurs douces, portées par des variations sur le brun, rehaussées d’ocre et de vert réalisé à base de terre verte.  

Ce qu’il y a de fascinant dans la peinture de cet artiste c’est que, outre la mise en scène à l’intérieur du cadre, le « détail » explose littéralement aux yeux du visiteur en le laissant pantois. Cela est dû au fait que (nous l’avons mentionné plus haut) la matière sert d’écran au sujet pour que ce dernier se dévoile au visiteur. Car, ici, la symbiose entre l’œuvre et le regard s’affirme dans le temps : la seule voie menant au dévoilement d’une œuvre s’inscrivant dans une connaissance critique de l’Histoire de l’Art et de ses répercussions dans le monde contemporain.  

Mais que le visiteur ne se méprenne pas. Il ne s’agit pas d’une « visitation » des chefs- d’œuvres  d’antan mais bien de l’expression moderne d’une écriture passée.

LEONARD PERVIZI s’inscrit en droite ligne dans la lignée d’un Michel-Ange, d’un Raphaël ou d’un Leonardo da Vinci. Sa peinture est imprégnée de Renaissance, tant dans le chromatisme qu’il emploie que dans le traitement des sujets qu’il aborde.

Mais par-dessus tout, il descend du 16ème siècle par la finesse du dessin qu’il adopte avant toute réalisation finale. Car l’artiste est un dessinateur hors pair, quand nous sommes amenés à découvrir la beauté de ses dessins préparatoires*** destinés, après d’éventuelles modifications, à figurer sur la toile.

En guise de première approche avec sa filiation classique, observons EUROPE II D’ATOMIUM (140 x 220 cm – huile sur toile).

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Nous voilà plongés en pleine mythologie grecque puisqu’il s’agit d’Europe enlevée par Zeus travesti en taureau pour mieux la séduire par sa blancheur. L’œuvre nous pose la question suivante : qu’est-ce qu’un mythe ? Il s’agit d’un récit édificateur bâtit sur une légende, lequel tout en gardant les ferments de son histoire, se transforme au fil des cultures et des siècles. D’un épisode d’une grande violence (Zeus enlève Europe et du viol de celle-ci naîtra le futur roi Minos), l’artiste nous offre une vision carrément enchanteresse. L’écriture de la Renaissance se retrouve dans le traitement de la « scène répétée », en ce sens qu’Europe apparaît quatre fois dans l’espace scénique, à l’intérieur d’une farandole (trois personnages à l’avant-plan et un quatrième caché derrière les autres penché contre un mur). Observez cette scène attentivement. La nymphe évolue « à la manière » d’un Botticelli. Par la scansion des trois personnages à l’avant-plan, l’atmosphère de LA PRIMAVERA (1477-82) 

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est parfaitement palpable, avec, néanmoins, quelques légères modifications : à titre d’exemple, la posture cabrée du personnage de droite se retrouve placée à gauche dans le tableau de Botticelli. Qu’importe ? La dimension onirique d’un épisode joyeux se retrouve exprimée par l’expérience de la culture. Comme il s’agit au départ de la Grèce antique, une colonne dorique surmontée d’un chapiteau à volutes émerge comme un élément de soutien, à la droite du tableau. Et l’évolution du mythe dans tout cela ? Eh bien, il apparaît tout-à-fait à l’arrière-plan, à gauche de la toile, par une vue de l’Atomium, symbole de Bruxelles, Capitale de l’Europe. En cela, l’artiste, d’origine italienne ayant vécu longtemps en Albanie, affirme son appartenance à la Belgique dont il est devenu un ressortissant.  

INRI (200 x 250 cm – huile sur toile)

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constitue une étape importante de l’exposition. A nouveau, une interprétation contemporaine de la Renaissance est à l’honneur. A la fois par le thème abordé mais aussi par sa composition. Nous assistons à un jeu de droites et de diagonales. Les droites sont amorcées par les lances des soldats Romains, structurant le tableau en sept zones verticales. Cela est une référence discrète à la célèbre BATAILLE DE SAN ROMANO de Paolo Uccello (c. 1435), dans laquelle les lances des deux armées antagonistes structurent le tableau en une multitude de segments.

Les diagonales sont réalisées à la fois par la position oblique de la croix, laquelle laisse apparaître les pieds sculpturaux du Christ dans un rendu anatomique, accordant une part importante au supplicié dans sa souffrance corporelle ainsi que dans sa main « irradiant » le corps nu de Marie-Madeleine. Ce qui contribue à décentrer le Christ de sa croix, créant une troisième diagonale en joignant sur un même axe la main du crucifié plongée sur Marie-Madeleine à celle clouée sur la croix.  

D’autres personnages s’enserrent dans la composition. A la droite du Christ, le père de l’artiste est représenté, écrivant (il est en fait écrivain) et levant le doigt dans un geste socratique*** (dessin préparatoire),

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tandis qu’à ses côtés, apparaît la fille de l’artiste dont le prénom « Kate » est écrit dans un coin. Faisant face à Marie-Madeleine, se trouve Marie dans une gestuelle d’adoration. 

LEONARD PERVIZI associe dans un même élan créateur le corps avec le code, distillé dans une myriade de détails, enfuis sous l’écran de la matière, que le regard est censé découvrir. INRI ne fait pas exception à la règle. Une sémiologie iconographique, appartenant à l’univers de l’artiste, parcourt le tableau. A titre d’exemple, en haut, au centre de la croix, se profile un iris incrusté dans le bois. Il s’agit du symbole de la ville de Bruxelles, faisant référence à la nationalité du peintre. Dans le bas, à gauche, sous Marie-Madeleine, l’esquisse d’un petit flacon de parfum Chanel n° 5, faisant référence à la luxure de la vie antérieure de la courtisane apparaît, presque effacé par la matière. Sur le vêtement blanc de Marie, au niveau du ventre, une autre esquisse, celle d’une échographie présentant l’ombre d’un fœtus, témoin de la filiation entre Marie et Jésus, se présente au regard égaré du visiteur. Le Christ est couronné d’une auréole dont la forme rappelle celle de la cellule microscopique, à l’origine de la vie. En haut, à gauche de la toile, l’inscription latine « Legio omnia vincit » (« La Légion toujours victorieuse ») contraste avec l’acronyme « Inri » (Jesus Nazaremus, Rex Judaeorum – Jésus, Roi des Juifs).

Malgré son admiration inconditionnelle pour la peinture de la Renaissance, LEONARD PERVIZI se situe résolument dans l’art contemporain, à la fois par sa relecture personnelle du mythe mais aussi par sa définition de la forme. En quoi s’écarte-t-il définitivement de la Renaissance ? L’art classique se définit par une représentation iconographique totale, à la fois de la forme, mais aussi de ce qui l’enveloppe : la forme compte autant que le vêtement. L’art grec considère le corps aussi bien que le drapé qui l’entoure. La sculpture classique rivalise de génie dans la représentation des plis glissant sur le derme. Les siècles postérieurs à l’art grec n’ont fait que confirmer cette importance pour la forme. A certains moments de l’Histoire de l’Art, ce sont les plis qui, à l’extrême limite, rivalisent avec l’anatomie (ex. La conception du drapé dans l’art byzantin). Bien entendu, la Renaissance a amplifié cette recherche esthétique et les siècles qui l’ont suivie n’ont fait que la modaliser (ex. le drapé dans l’œuvre de Rubens).  

Concernant l’artiste, la conception des corps, dilatés dans une myriade de postures dans l’espace à l’instar de sculptures « dansantes » (car l’univers de la danse est intrinsèquement présent dans sa peinture), l’écartent du langage proprement antique.

De même, les visages conçus par lui sont « flous », presque inexistants (à l’exception de celui du personnage féminin d’ANTHROPOMORPHE, que nous avons évoqué plus haut. Il y a par rapport à ce dernier une volonté d’aboutissement). Le visage du Christ se réduit au seul volume. Aucune expression ne l’anime. De plus, il est imberbe et porte les cheveux courts, revenant ainsi vers une conception proche de l’iconographie paléo chrétienne, adepte du Jésus jeune et imberbe. S’éloignant, par conséquent, du statut iconographique néo platonicien du Christ empourpré et barbu que nous avons adopté, en Occident.  

En quoi l’artiste renoue-t-il avec la Renaissance ? Notamment avec la représentation du « jeu des mains » qu’il envisage comme un dialogue (POSE/ACADEMIE 140 x 110 cm – huile sur toile).

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Les mains sont, d’ailleurs, la « marque de fabrication » des maîtres de la Renaissance italienne : Raphaël est incontestablement le maître du genre. On parle des « mains raphaëlesques », pour désigner tel artiste concevant les mains comme le peintre. LEONARD PERVIZI éprouve, d’ailleurs, une immense fascination pour les mains, contrairement à la méfiance qu’il porte au visage (extrêmement complexe à réaliser), parce qu’il les considère comme l’extrémité du corps, ses propres limites.  

Cette peinture est une mise à l’honneur du corps, de l’anatomie considérée comme la composante majeure contenue dans l’espace. Ce qui lui permet d’effectuer une série de volutes et de contorsions, destinées à s’étirer, à se tendre et se détendre pour trouver sa propre existence spatiale. La position du corps tourmenté du Christ est fort proche de celle de la femme allongée, proposée dans INVITATION (140 x 110 cm – huile sur toile – Grand Palais 2012),

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laquelle pose nonchalamment la jambe droite sur la gauche, formant à l’instar du corps de la crucifixion, une diagonale. Le trait, sinueux, séparant la jambe de droite de celle de gauche crée le volume mis en relief par le traitement des chairs. Ce même trait sinueux se retrouve dans PEINTRE – PEINTURE (140 x 11O cm – huile sur toile – Grand Palais – 2012),

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lequel souligne, par le contour des corps, la matérialité originelle unissant dans une même argile, l’artiste et son modèle. 

Ce même corps est mis en relief par la matière, présentée ici comme une sorte de miracle réclamant sans cesse l’intervention du regard pour découvrir la forme cachée sous l’ombre. Contrairement à ce que d’aucuns pourraient imaginer, cette matière ne réclame jamais l’intervention technique du couteau : tout est réalisé au pinceau. L’on demeure abasourdi par cet amalgame pâteux, prenant à certains moments l’aspect d’une lave encore chaude mais qui déjà se fond au chromatisme et au dessin, révélant par là même, la matérialité spatiale de l’anatomie, non comme un corps perdu dans le néant mais retrouvé dans son humanité.  

L’artiste alterne entre compositions de grand format et miniatures.  

La miniature le rend plus libre dans le geste. Non pas que le résultat se réduise à l’esquisse, car les poses adoptées par les personnages sont les mêmes que celles figurant sur les grands formats, mais parce qu’une miniature lui offre l’opportunité d’exprimer quelque liberté dans la conception du dessin que ne le ferait le grand format, lequel « ne pardonne » aucune incartade, notamment dans le rendu des mains.

PEINTURE 3 (18 x 24 cm – huile sur toile)

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présente un jeu que l’on pourrait qualifier d’ « expressionniste » dans la représentation des mains et du pied, tous deux campés à chaque extrémité du corps, « divisant » ce dernier en une diagonale accentuée par la position du corporelle de la femme.

Notons que, comme à son habitude, l’artiste associe chaque « étape » de la réalisation anatomique à une zone chromatique différente : les mains (à l’avant du corps) sont irradiées de lumière tandis que le pied (à l’arrière du corps et à l’avant-plan par rapport au visiteur, est plongé dans une zone d’ombre). 

Sans doute est-il vrai de dire que si « expressionnisme » il y a dans son œuvre, il se situe dans le langage des mains : main du Christ irradiant Marie-Madeleine, l’index enlevé du père de l’artiste, geste d’adoration de Marie au pied de la croix (INRI). Pose de la main du modèle sur le coussin (POSE ACADEMIE). Atmosphère joyeuse de la farandole d’Europe enlevée par Zeus (EUROPE D’ATOMIUM). Geste de la main agrippée à la toile du peintre face à son modèle (PEINTRE-PEINTURE).

Il n’y a que dans INVITATION et ANTHROPOMORPHE que les mains disparaissent, soit derrière le corps de la femme (INVITATION) ou sous sa chevelure (ANTHROPOMORPHE), laissant le visiteur dans une interrogation rêveuse. Néanmoins, ne perdons jamais de vue que ce corps mis en exergue dans l’espace se conjugue avec toute une symbolique intérieure, laquelle s’articule dans une codification : corps et code au service de l’Art.  

LEONARD PERVIZI, qui  a adopté la technique à l’huile, peint depuis l’âge de treize ans. Il a étudié à l’Académie des Beaux Arts de Bruxelles. Depuis des années, Il participe à de nombreuses expositions (en Italie, au Palazzo Comunale, (Assises) - 2013, en France, au Grand Palais –  Salon des Indépendants (Paris) – 2011-2012, à la Galeria d’Arte Stefano Forni, à Bologne – Italie, entre autre), toujours à la recherche constante d’une communion avec les maîtres de la peinture occidentale.

L’on sent que, probablement, il ne s’écartera jamais de la figure humaine, même si ce figuratif-là offre parfois, grâce à cet écran de matière et au chromatisme tendre qui émoustillent le regard, quelque évanescence proche d’un monde aux senteurs éthérées.

 

François L. Speranza.

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Une publication
Arts
 
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Lettres

N.-B.: Ce billet est publié à l'initiative exclusive de Robert Paul, fondateur et administrateur général d'Arts et Lettres. Il ne peut être reproduit qu'avec son expresse autorisation, toujours accordée gratuitement. Mentionner le lien d'origine de l'article est expressément requis.

Robert Paul, éditeur responsable

 

A voir: 

Focus sur les précieux billets d'Art de François Speranza

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Leonard Pervizi et François Speranza: interview et prise de notes sur le déjà réputé carnet de notes Moleskine du critique d'art dans la tradition des avant-gardes artistiques et littéraires au cours des deux derniers siècles 

(3 décembre  2014 - Photo Robert Paul)

Hommage à Leonard Pervizi

                                

                                                               Proposé et réalisé par Robert Paul

Vues de l'exposition: photos Espace Art Gallery


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De Pâques à la Trinité

De Pâques à la Trinité
Les façades perdent la face,
des nuances de gris les menacent.
Plus d’aventure devant les devantures,
on a rangé les tables des terrasses,
les parasols sont fermés.
Les temples de rencontre trinquent
de ne plus voir âme trinquer.
Au cœur chagrin de leur enseigne
sont condamnés par contumace
même les fidèles habitués.
Longtemps déjà en perdition,
les chemises blanches des garçons,
rejoignent les nœuds papillons
parmi la lessive collective
des oasis désertées.
Palliant à leurs étoiles ternies,
les hôtels se font particuliers.
Aux balcons desdites demeures,
ne demeurent que quelques fleurs
au seuil d’une fatale destinée.
Les lieux de délices et de bonheur,
saveurs d’ici ou d’ailleurs,
les brunes et blondes des brasseries…
ce qui est bon restera sous pression,
du présent à la Trinité.
Derrière les rideaux métalliques,
éclairées à fonds perdu,
les vitrines des boutiques,
sont en proie au vandalisme
qui tôt ou tard va éclater.
Les porte-parole de tous bords
positivent dans la diversion,
tandis qu’il est bien pénible
de deviner les sourires invisibles
que les masques veillent à cacher.
© marc honnay12273382658?profile=original
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Du 29 – 04 au 17 – 05 – 15, l’ESPACE ART GALLERY (Rue Lesbroussart, 35, 1050 Bruxelles) a le plaisir de vous présenter SPIRALES, l’œuvre abstraite de Madame LILIANE MAGOTTE, une peintre Belge dont la relation qu’elle entretient avec l’abstraction ne manquera pas de vous interpeller.

LILIANE MAGOTTE nous entraîne dans les tréfonds d’une aventure qui secoua l’Histoire de l’Art, particulièrement à partir de l’après-guerre : celle de l’abstraction dite « lyrique ». Les premiers exemples de cette forme abstraite remontent au début du 2Oème siècle avec des peintres tels que Kandinsky. Si cette abstraction fut qualifiée de la sorte, ce fut pour la différencier d’une autre forme abstraite, à tendances géométrique ou constructiviste, de laquelle l’émotion ne transparaissait pas. Mais ce ne fut qu’à l’Après-guerre que cette forme d’abstraction nouvelle se développa avec bonheur, à partir de l’Ecole de Paris, sous l’égide de peintres tel que Georges Mathieu.  

Entre abstraction « lyrique » (dominée par la seule couleur) et abstraction « florale » (dominée par la présence du motif- en l’occurrence, la fleur), LILIANE MAGOTTE se cherche en nous offrant des bouquets de couleurs, plongés dans un arrière-plan dont la luminosité particulière fait ressortir le sujet représenté de façon saisissante.

Au contact avec son œuvre, le visiteur peut se demander si l’artiste veut entretenir un rapport sentimental avec la forme, associée à un référant faisant intimement partie de notre vie quotidienne.

Dans le cas qui nous occupe, ce référant c’est l’univers floral. Elle le propose au visiteur en interpellant son souvenir dans la moindre réminiscence sensuelle. Sont-ce des fleurs ou des aperceptions rappelant l’univers des fleurs ?

Mais ces bouquets ne se suffisent pas tels quels : des stries de couleurs viennent les enrober et les porter au regard.

En réalité, tout chez cette artiste est une question de couleurs et de celles-ci surgit la forme dans toute la magie de son abstraction. Concernant l’univers floral, cette abstraction est « matérialisée » par une technique acquise en Histoire de l’Art, au début du 20ème siècle, dans le but de brouiller l’acuité du regard, en projetant le sujet dans une dimension « photographique », à savoir le pointillisme, obligeant le regardant à « faire le point » sur le sujet regardé.

De là, s’accomplit la mise au point laquelle n’est autre qu’un problème de perception rétinienne. Mais à ce stade, intervient le phénomène de la subjectivité, laquelle guidée par le chromatisme de l’artiste, conduit le regardant à fabriquer une image à cette aperception. Car ce n’est que par la couleur que la forme survient dans son œuvre.

Par la présence de l’émotion, LILIANE MAGOTTE nous laisse, non pas deviner mais bien créer des choses car l’interprétation (subjective par excellence) revient au visiteur, cocréateur de l’univers qui le submerge. L’artiste (et c’est en cela que son œuvre est totalement « abstraite ») n’impose rien.

La portée même de l’émotion se retrouve exprimée dans le titre conféré aux œuvres. Ainsi, que vient faire parmi cette myriade de couleurs aux silhouettes florales, cette composition largement dominée par le noir ? NOIR DESSIN (50 x 50 cm – acrylique sur toile)

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a été dicté à l’artiste par les tragiques événements survenus à Paris le 7 janvier dernier, lesquels ont couté la vie à la presque totalité de la rédaction du magazine Charlie Hebdo. Malgré quelques petites étincelles dorées, c’est le noir qui est le sujet de cette œuvre. Le noir, allégorie d’une tragédie.  

A la lecture des titres, l’on s’aperçoit que beaucoup d’entre eux ont des réminiscences révolutionnaires évoquant une finalité régénératrice, telles que MESSIDOR (70 x 70 cm –acrylique sur toile),

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PRAIRIAL (40 x 100 cm – acrylique sur toile),

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REVOLUTION (70 x 70 cm – acrylique sur toile)

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ou VENDEMIAIRE (40 x 100 cm – acrylique sur toile).

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La phase florale n’est, en fait, qu’une étape dans l’œuvre créatrice de l’artiste. Cette exposition nous dévoile le parcours qui l’a conduite de l’abstraction florale à l’abstraction lyrique. Ce parcours se caractérise par un refus progressif (mais inconditionnel) d’un savant pointillisme. MESSIDOR (cité plus haut), laisse apparaître sur la toile, l’idée de pétales comportant de par son traitement pictural (la forme), les attributs nécessaires à la création d’une image, susceptible de s’inscrire dans le système cognitif du visiteur. PRAIRIAL (cité plus haut), offre également une « évocation » de fleurs que le visiteur peut interpréter au gré de sa sensibilité.

 

VENDEMIAIRE (cité plus haut) est sans doute la seule œuvre abstraite laissant apparaître la possibilité de formes florales précises. Des œuvres telles que REVOLUTION (cité plus haut), associent les discours floral et abstrait dans une série d’entrelacs mêlés à une végétation à peine transparente.  

Les trois derniers tableaux exécutés par l’artiste témoignent d’une rupture par étapes avec le discours floral pointilliste. Ainsi, la forme se déploie sur un fond uniformément blanc par rapport aux autres compositions, largement dominées par une série de couleurs créant parfois une atmosphère à la fois lumineuse et nocturne, telles que le vert ou le bleu associées.  

FRIMAIRE (40 x 100 cm – acrylique sur toile),

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accuse encore son goût pour un pointillisme extrêmement fourni.

Par contre, VENTOSE (70 x 70 cm – acrylique sur toile) réduit ce même pointillisme à sa plus simple expression. Contrairement à FRIMAIRE, les taches, plus amples dans leur volume, s’avèrent moins présentes. De plus, elles subissent un changement chromatique radical : du bouquet multicolore, elles passent au jaune-or, bleu-foncé et vert.

LUMINESCENCE (50 x 100 cm –acrylique sur toile)

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est l’aboutissement de cette quête vers une abstraction plus dégagée de ses contraintes chromatiques pour n’adopter que les spirales du trait.

Comme nous l’avons précisé, l’intitulé de cette exposition est précisément SPIRALES. Cela sous-entend une maîtrise du trait que l’artiste domine jusqu’à le faire tourbillonner dans l’espace, le faisant sortir carrément de la toile comme pour aller au-delà du geste.

Qu’est-ce qui crée la magie des toiles de LILIANE MAGOTTE ? « L’ensemble de la composition », direz-vous. Certes. Néanmoins, ce qui porte véritablement la forme au seuil du regard, c’est avant tout, l’arrière-plan de la toile, conçu comme un monde où couleurs et translucidité s’enveloppent l’une dans l’autre, plongeant l’œuvre dans une sorte de silence. De cet arrière-plan originel, la forme s’ouvre à la lumière.

L’artiste qui expose maintenant depuis six ans, a fréquenté les Beaux Arts. Elle a suivi les Humanités en Arts Plastiques et elle est titulaire d’un Régendat dans le même domaine.

Elle est aujourd’hui professeure d’Arts Plastiques dans une école technique. A vingt ans, elle découvre l’art abstrait avec, notamment, les œuvres de Jackson Pollock. Etant dans le figuratif depuis vingt-cinq ans, elle décide de franchir le pas vers un abstrait parsemé de pointillisme dans une perspective essentiellement « lyrique ». Ce n’est que récemment qu’elle décide de l’abandonner pour aborder une abstraction plus pure. Cette pureté est exprimée par le blanc. FRIMAIRE, VENTOSE et LUMINESCENCE, sont réalisés au blanc de zinc et de titane.  

D’un très grand éclectisme, elle pratique l’acrylique, l’huile, l’aquarelle, le fusain et le pastel avec le même bonheur.

Peinture essentiellement allégorique, les titres de ses tableaux renforcent l’éclairage de leur connaissance. Ils sont d’ailleurs agrémentés par des textes reproduisant des poèmes écrits par les poétesses : Sandra Dulier, Joelle Diehll et Suzanne Walther-Siksou, membres du groupe Partenariat Poésie-Peinture du réseau Arts et Lettres.

LILIANE MAGOTTE, par la délicatesse de son pinceau, nous prouve que, contrairement à ce que d’aucuns imaginent (ou craignent), l’abstrait fait transparaître et triompher l’humain.

François L. Speranza.

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N.-B.: Ce billet est publié à l'initiative exclusive de Robert Paul, fondateur et administrateur général d'Arts et Lettres. Il ne peut être reproduit qu'avec son expresse autorisation, toujours accordée gratuitement. Mentionner le lien d'origine de l'article est expressément requis.

Robert Paul, éditeur responsable

 

A voir: 

Focus sur les précieux billets d'Art de François Speranza

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François Speranza et Liliane Magotte: interview et prise de notes sur le déjà réputé carnet de notes Moleskine du critique d'art dans la tradition des avant-gardes artistiques et littéraires au cours des deux derniers siècles 

(29 avril 2015  -  Photo Robert Paul)

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Liliane Magotte - Vue d'ensemble (photo Espace Art Gallery).  

.                                                                                         

                    

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Ratatouille et Carabistouille


Deux berceaux ont vu naître deux proches en "ouille" !

En langes s'agitaient tels de fous lapereaux,
Leurs deux prénoms s'étaient résumés en ces mots :
Les frères Ratatouille et Carabistouille !

Une année les séparait et leur commune mère les aimait,
Ayant fait peu d'études elle s'échinait
En ménages, travaux divers, rendait service le soir
Pour planter à ses deux génies la graine du savoir.

Ainsi mère des " ouille " s'adressait à Rata :
"Ce matin le directeur a quitté sa femme pour sa maitresse,
Quel triste sort pour les enfants maintenant sans papa,
Sans oublier les charges pour une affaire de fesses ! "

Carabistouille avait tout entendu et le soir au lit,
A son frère qui semblait n'avoir pas tout compris :
"Notre directeur a quitté l'école pour un mal aux fesses,
Il n'y aura donc pas classe et aussi pas de maitresse ! "

Mais Ratatouille avait mieux saisi ce que mère " ouille " lui avait conté,
Rétablit ainsi à son frère la vérité :
"La maitresse-femme du directeur voyant ses enfants délaissés,
S'est chargée ce matin, de lui donner un coup de pied où tu sais ! "


Et maman des " ouille" de poursuivre les ménages ...

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12273376684?profile=originalPapou ? pas papou ? petit papou du papa poule ?
(agate onyx œillée, photo L. M.)

La pierre ? Un bijou !

Rassemblés en colonies
Qu’on surnomme « roquerie »
Les manchots papous font leur cour
Prolongent la race et l’amour…

12273377077?profile=originalPetit manchot papou
(photo captée sur le net)

Sais-tu que le manchot papou
Drague en offrant de beaux cailloux ?
Cadeau obligé : un galet
Pour celle qu’il a choisi d’aimer…

12273376881?profile=originalSur la banquise, ce manchot-là est bien adroit…
Elle ne reste pas de glace… elle fond… elle craque.
(agate, photo L.M.)

Afin de séduire la femelle
Il construit un beau nid de pierres
Pas manchote, la donzelle,
Garnit aussitôt la litière.

12273377672?profile=originalRire… sardonyx (photo L. M.)
Le choix de Séléna, 7 ans et pas manchote
L’élu ? Bien Malouin qui peut le dire !

Au cœur des îles Malouines,
Le pingouin n’est pas fou !
Pour sa tendre Valentine,
Il offre une pierre : « un bijou » !

12273377482?profile=originalTransi, givré… mais content
Elle aime son gorfou des Terres australes,
tous ses papotages et ses papouilles.
Papa papou il est dans l’coup
(agate, photo L.M.)

 12273378082?profile=originalAmical clin d’œil…
Bijou, caillou, papou, scoubidou, fou…
(agate, photo L.M.)

12273378658?profile=originalCe conte poético-humoristique intergénérationnel vous est présenté en exclusivité pour A&L par Suzel Swinnen pour le texte en italique et Michel Lansardière pour les photos et légendes.

12273378482?profile=originalEn habit, prêt pour un voyage de noces.
L’île de Pâques pour nos épousailles ça te dit ?
Mais oui, on emmène le poupard, on pourra pouponner.
Et prends tes bijoux…
(photo Suzel)

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Lettre à ma Mère

Lettre à ma Mère

Ton ventre se fait lourd il est rempli de moi

Bercée au rythme sourd de ton doux cœur qui bat

Je suis comme une bulle blottie entre tes reins,

Je tangue et puis ondule dans l'eau au goût salin

Minuscule sangsue nourrie de ton amour

Flottant comme une plume dans un ciel de velours

Et nous ne faisons qu'une, je veux rester encore

Mon océan, ma dune, ma vie et puis ma mort

Des mois et des semaines, que tu m'attends déjà

Comme germe une graine, je sortirais de toi.

Ton cri devient mon cri, ma voix devient ta joie,

Quel bonheur infini d'être au creux de tes bras.

Et nos yeux se découvrent et ton sein s'offre à moi

Je suis bout de futur que tu aimes déjà.

Le temps fût long peut être avant que je ne sache

Que c'est la même chair qui à moi te rattache.

Nos yeux se sont quittés Maman, mais tu es toujours là … encore … encore

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Les champs divins

Déjà, lentement s'approche l'été
Et invite le paysan à s'agenouiller auprès des jeunes blés
Le soleil monte avec force dans la ouate des nuages
Et dans ce ciel bleu tendre, la foulée du temps.. L' éternité trop sage.
A travers l'immense...Issus de nous-mêmes le roulis incessant
Il y a tant d'extases et de cœurs qui pleurent dans le goute à goute du temps.
Le sommeil des dieux ne trouve pas de gîte.. Etrange sommeil
L'apparence du repos n'est que fleuves féconds.. sous l’éternel soleil.
Ce que nous voyons n'est qu'un aperçu d'aujourd'hui
Tout nous invite à lever les yeux plus loin que notre monde fini

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Les mains de ma mère

Les mains de ma mère

 

Elles avaient raclé les miettes sur les tables,

grapillé le charbon au flanc des terrils,

ramassé branches et planches  pour allumer

                                        un feu de pauvre.

Mordues par la vie, elles restaient pourtant des mains d'enfant

qui habillaient des poupées imaginaires

et dessinaient des soleils sur des bouts de carton.

Entre la lessive et le devoir d'écolière, 

elles avaient gratté d'irréelles guitares

où leur âme se fendait en notes secrètes

                                          Entrte leurs gerçures,

elles avaient étouffé des colères de rebelle

et, mouillées de larmes, s'en étaint allées

cueillir la fleur rare, éclatée d'une graine aventureuse

                                          entre deux pavés.

Captives dans un atelier et tirant l'aiguille,

elles semblaient sur les taffetas, satins, broderies,

deux papillons voletant de corolle à corolle.

Du lot des meurtrissures, elles émergeaient aériennes

comme si leur vocation était d'apprivoiser les tourterelles. 

Un jour d'amour, elles déposèrent leurs fines nervures

                                           dans les poignes d'un ouvrier.

Les unes et les autres avaient de longues racines

gorgées de la houille du Sud et des sables du Nord.
Elles se nouèrent au temps des primevères, dans le souvenir commun

                                           du pain noir. 

Quand elles caressèrent mon premier battement de paupières

je reçus leur grâce au plus profond de ma chair.
Quand elles m'apprirent à cueillir un myosotis

ce fut pour le piquer dans mon coeur, que vivant

il y demeure à travers doutes et trébuchements.

Du langage des mains, elles me montrèrent tous les signes,

                                            puissants et délicats.

La tendre pression d'amour et la forte pression d'espoir,

le signe de l'adieu et celui du baiser,

les mains qui prient, s'offrent, maudissent,

                                           et le signe dur

du poing fermé pour la lutte finale,

les mains sur les yeux écrasant les larmes,

celles se frappant l'une l'autre dans l'enthousiasme,

et celles qui se creusent en coupe pour recevoir l'ondée,

ou s'écartent en croix ou dressent le flambeau,

tous ces signres, enfin, qui fusent du coeur...

                                           Les mains, les siennes,

sculptées dans la glaise des corons,

ne se refusant jamais à l'appel d'une détresse,

multiples et uniques, comblées de prodiges

                                           et de poignantes tendresses.

Elles sont vieilles aujourd'hui, traversées de veines bleues,

belles, comme le combat du blessé contre la mort,

comme une justice qui se montrerait nue,

comme l'obstination de l'aveugle à voir le jour

                                            dans sa nuit.

                                             Barbara Y. Flamand 

 

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