La Revue… revue, et corrigée?
Retour du Music-Hall et du cabaret artistique. Sous la baguette magique d’Alexis Goslain qui vient de reprendre les rênes « du » spectacle de fin d’année mythique bruxellois, la recette traditionnelle de la Revue du théâtre des Galeries est …revue à la hausse, côté poétique, musical et chorégraphique, à la baisse, côté agressif, revanchard et sarcastique. Divertissant mais peu impertinent. On avouera qu’on n’en attendait pas moins devant une actualité 2018 tellement trouée de souffrances humaines et de violences environnementales. Qui s’en plaindrait ? Revue et corrigée, moins baroque, plus tendue, fluide et artistique. Elle souhaite recoudre les blessures, plutôt qu’en découdre. Elle apporte un fin dessert à nos papilles arrachées par la virulence des événements, à nos yeux gavés d’images télévisuelles insupportables, à nos oreilles saturées des bruits chaotiques du monde.
Cette nouvelle cuvée ne rate pas son lever de rideau, célébrant les vertus magiques des planches et des mots et la force de la dérision. Le plateau s’habille des drapés cramoisis du théâtre lui-même, reproduisant à l’identique les deux portes battantes de l’allée centrale et ses deux hublots de croisière. Surprise, Hibernatus – 50 ans déjà – devient le fil rouge de la mise en scène, comme si des souvenirs joyeux des trois glorieuses, ressortaient subitement, venaient rafraîchir nos mémoires, secouer les âpres poussières du nouveau siècle et retrouver l’or du rire.
Presqu’un bain de jouvence, les mimiques impayables de Louis de Funès entouré de ses comparses par le maître d’œuvres : Bernard Lefrancq, absolument magistral. Si l’héritage de Johnny est un peu moins réussi, ou si la séquence des Diables rouges, cultes ou incultes monstrueux, c’est comme on le sent, reçus en grande pompe à l’hôtel de ville, fait moins rire pour son humour franchement bas de gamme, le vaste tableau qui met en scène France Gall (Angélique Leleux, qui met les larmes aux yeux), Serge Gainsbourg (Denis Carpentier), Elton John (Philippe Peter) et Michel Berger (Gauthier Bourgeois) est un festin de bonheur.
Après les Belgitudes obligées, moins royales que d’habitude, l’incontournable séquence réchauffement climatique, extraite de la même époque «Let the Sunshine in», est tout aussi étourdissante de joie et de brillance. Les mêmes, avec Perrine Delers, Marie-Sylvie Hubot, Anne Chantraine, Natacha Henry, Frédéric Celini et Kris Castelijns. That’s all folks. Une équipe resserrée qui prône le juste milieu. Bref, In fine, Nonobstant, etc… du ramassé-condensé, plus roseau pensant que chêne déchaîné, du subtil, de belles souplesses de style et de danses et claquettes, de beaux costumes, du rythme, des paillettes dans les yeux des spectateurs ravis par l’éphémère cocktail d’hommes et de femmes assoiffés de bonne volonté : Amour, Paix et Tolérance, tous unis contre les guerres fratricides et la misère. Un patch de bonheur.
Distribution
Bernard Lefrancq, Angélique Leleux, Denis Carpentier, Perrine Delers, Anne Chantraine, Marie-Sylvie Hubot, Gauthier Bourgois, Frédéric Celini, Natasha Henry, Kris Castelijns et Philippe Peters.
Du 5 décembre 2018 au 27 janvier 2019
Théâtre Royal des Galeries
Galerie du Roi, 32 1000 Bruxelles
http://www.trg.be
infos@trg.be
02-512.04.07
Commentaires
Revue 2018
Il ne vous reste que quelques jours pour savourer la Revue cuvée 2018 !
Mise en scène pour la première fois par Alexis Goslain, menée par Bernard Lefrancq, parfaitement à l’aise dans la peau de Louis de Funès disparu il y a 35 ans déjà, habillée par les chatoyants costumes de Fabienne Miessen et Ronald Bermes, éblouissante grâce aux chorégraphies de Kylian Campbell, la Revue brille cette année encore de mille flammes.
Avec les superstars Charles Michel et Bart de Wever dans un numéro de Fantômas, le petit monde des politiciens belges inspire quelques numéros savoureux dont un règlement de compte entre Charles Michel (toujours lui) et la calamiteuse Laurette Onkelinx, une romance entre un Roméo di Rupo et une Juliette Milquet, le parti pris de Raoul Hedebouw, sans oublier la fumeuse rencontre Macron/Trump, les scandales et déboires du foot, le vent Franken… Et les éternels déboires des cyclistes à Bruxelles, chronique alimentée par les spectateurs eux-mêmes qui n’hésitent pas à envoyer leurs propres vidéos si l’on en croit Bernard Lefrancq.
Le monde des médias n’est pas épargné quand Benjamin Maréchal ne maîtrise plus ses auditeurs et Cristina Cordula prend en main le Prince Laurent.
Côté variétés, comment rester insensible à la succession de Johnny, au chagrin de France Gall et aux enfants cachés qu’ils soient de Brel ou de Cloclo mais le soleil brille pourvu qu’on le laisse entrer !
En tout, plus de trente pour une soirée relax et joyeuse sous la maxime de Michel Serrault : « On ne peut sous aucun prétexte être sérieux trop longtemps. Si on est trop sérieux, on devient facilement con. »
Le concept de revue est devenu rare sur les scènes belges. La satire et la parodie enrobées de musique, de danses et de sketches se doit de relever le défi du renouveau. Les Galeries ont choisi de porter le flambeau en intégrant des médias nouveaux. L’équipe a pris le parti de chérir une pointe de nostalgie en offrant un spectacle où les rouges et ors de la belle époque rejoignent les exigences contemporaines. La scénographie à paliers et le grand final au rythme et aux couleurs du French Cancan vous en mettront plein les yeux.
Palmina Di Meo
Eux? Une pure merveille!
Derniers jours pour voir la revue!
Mise en scène d’Alexis Goslain, avec Bernard Lefrancq, Angélique Leleux, Denis Carpentier, Perrine Delers, Anne Chantraine, Marie-Sylvie Hubot, Gauthier Bourgois, Frédéric Celini, Natasha Henry, Kris Castelijns et Philippe Peters. Du 5 décembre 2018 au 27 janvier 2019 au Théâtre Royal des Galeries.
Le Théâtre Royal des Galeries offre jusqu’au 27 janvier une rétrospective haute en couleur des évènements marquants de cette année. Le mondial, le mouvement #MeToo, les débats sur le changement climatique et la migration, la perte de France Gall et d’Aznavour, les bisbilles politiques et plein d’autres choses encore sont revisités sur le ton de l’humour et de la parodie.
À travers des sketches, du chant, de la danse et des paillettes, la troupe de la Revue, emmenée par le nouveau metteur en scène Alexis Goslain, nous transporte de l’actualité politique en Belgique aux grands enjeux mondiaux ou de société, tout en faisant la part belle à de grands chanteurs français récemment disparus.
L’édition 2018 est empreinte d’une certaine nostalgie avec de belles parodies du duo France Gall/Michel Berger et une véritable ode à Charles Aznavour. Bien sûr, ce passage en revue ne pouvait faire l’impasse sur l’affaire Hallyday. Johnny et sa galaxie, dont Mamie Rock, ont droit à leur quart d’heure. Les fans de foot ne seront pas en reste avec l’interview d’Eden Hazard, Kevin de Bruyne et Axel Witsel, bien peu en verve.
Un des clous du spectacle concerne la politique de mobilité de Bruxelles, brillamment exposée et moquée par le meneur de revue Bernard Lefrancq. Un exemple du surréalisme belge preuves à l’appui avec des photos de pistes cyclables assez farfelues dont Bruxelles est parsemée. On y apprend aussi que la capitale détient le triste record de capitale mondiale des vols de vélos. Les numéros d’équilibriste de Charles Michel avec la N-VA sont épinglés et donnent lieu à une belle séquence de ventriloque remplie de belgitude. Toutefois, la Revue 2018 semble moins insister sur la politique que les précédentes éditions.
La troupe n’a pas peur de rire de tout, quitte à pousser le public dans ses retranchements. Il faut également noter la somptuosité des costumes et des décors sur un air de cabaret, la grâce des moments chantés et dansés. La troupe communique son plaisir d’être ensemble sur scène, avec des éclats de rire non feints et une chorégraphie finale pleine de gratitude pour le public, que l’on pressent fidèle. Illustrant certainement une volonté de modernisation, la vidéo fait son entrée dans le spectacle de manière harmonieuse. Au final, on sourit beaucoup, on rit parfois et on se laisse prendre par la magie des paillettes, la mémoire rafraîchie par cette mise en perspective. Note 8/10
http://www.lesuricate.org/la-revue-des-galeries-lannee-2018-se-donn...