Juste ce qu’il faut d’atmosphère sensuelle et méridionale des palais de l’Andalousie du XVIIIe siècle et au bout…. Le bonheur !
Envoûtés par la qualité de la musique et celle de la distribution éblouissante réunie sur le plateau de l’Opéra de Liège, les spectateurs participent, à une folle journée (le sous-titre même de la pièce Le Barbier de Séville de Beaumarchais) vécue par Figaro, valet du Comte et Suzanne, camériste au service de la Comtesse Almaviva, habitant une belle demeure à Séville.
Après une ouverture fulgurante, augurant le caractère ludique de l’opéra et de son issue heureuse, les deux amoureux préparent leurs noces, mais le Comte, un coureur impénitent, a juré d’exercer son « droit de cuissage » sur Suzanne, la jeune et séduisante fiancée. Mis au courant, Figaro, jure de déjouer les plans de son maître. « Se vuol ballare signor contino » déborde d’énergie combattante et annonce un personnage de haute voltige. Mais Figaro se heurte à de nombreux écueils : Don Basilio (Enrico CASARI), le maître de musique, qui joue le douteux rôle de l’entremetteur pour le Comte, Marcellina ( une ébouriffante Alexise YERNA), soutenue par maître Bartholo (Julien VÉRONÈSE) , qui, après avoir prêté de l’argent à Figaro contre promesse de mariage, espère bien se faire épouser, mais finit par découvrir qu’elle est sa mère, ce qui résout la question! Et aussi, parmi les gêneurs, l'adolescent craquant et adorable, Cherubino, amoureux de « sa marraine », la Comtesse, mais aussi amoureux de toutes les femmes à la ronde.
Judith VAN WANROIJ, La Comtesse, loin d’être une personne figée et compassée, vit dans l’opulence mais elle est désabusée par les frasques de son mari volage, par ailleurs "Grand d'Espagne!". Elle se révèle être d’une vive et belle intelligence et d’une humanité touchante, comme dans son air « Porgi Amor », un vrai coup de cœur. Tout ce qu’elle chante porte un relief extraordinaire. Elle est restée la Rosine pétulante, enlevée jadis par le Comte et partage l’esprit rebelle et critique de son impertinente compagne, Suzanne. Ensemble elles vont tramer des pièges pour faire ... entendre raison! Ainsi ce merveilleux duo « Sull'aria » où la comtesse dicte le billet donnant rendez-vous au comte. Une merveille d’harmonies féminines.
Surprises, déguisements, quiproquos, situations embarrassantes, rebondissements dignes de vaudeville émaillent donc l’histoire dans un tempo vif et enjoué, jusqu’à ce que tombent les masques au quatrième acte. Le tout est ciselé avec finesse, saveur et jubilation par le maître de musique: Christophe Rousset, titulaire de deux rôles. D'une part, instrumentiste délicat et talentueux, au piano forte qui illumine l'ouvrage, et de l'autre, incomparable chef de l’architecture musicale de l'opéra. Il a un don extraordinaire pour mettre les choses en musique : révélations, surprises et revirements... Il narre cette histoire hautement ludique avec brio et intercepte la multitude des états psychologiques tout en faisant mystérieusement ressortir le regard critique de Mozart sur de l’Ancien régime, par des modes burlesques. Il pénètre inlassablement l’arrière des masques et déjoue les singeries sociales, questionnant avec humour les rapports homme-femmes. Avec une préférence pour les femmes?
En dehors du plaisir intense de la musique, la réussite de ce spectacle tient particulièrement à la mise en scène d’une pureté dé(?)concertante! Signée Emilio Sagi. Cela dit beaucoup! Les décors et les costumes en élégantes teintes pastel ou sable, sont comme - idéalisés - et jouent avec de belles luminosités et la subtile blancheur du palais, jusqu’au dernier acte - le plus fou et où la musique a atteint un niveau quasi charnel - qui se déroule, lui dans un luxuriant jardin semi-tropical, un paradis où ne peut qu’advenir le pardon, indissociable compagnon de l’amour véritable.
Mais la réussite parfaite de cette production tient bien sûr surtout à la qualité de ses interprètes. Aux côtés de la Comtesse pleine de charme, de noblesse et de profondeur, Jodie DEVOS met sa voix claire et naturelle ainsi que sa malicieuse théâtralité au service du fougueux personnage de Suzanne, plus maîtresse que suivante! Elle est le centre de tous les duos qu’elle mène sans faiblir…avec la vaillance musicale intrépide que l’on lui connaît. L’exquise Raffaella MILANESI est le jeune Chérubin: du vif-argent éveillé à l’amour qui gambade sans la moindre retenue, tel un jeune dieu, libre, farceur, tendre, passionné, possédé par l’énergie grisante et urgente de son personnage. Quant au Comte Almaviva, il est superbe, tellement déterminé et sûr de lui dans son inconstance toute masculine. Il est interprété par un Mario CASSI tout-à-fait solaire. Sa tessiture semble rayonner et vibrer, caressant les plafonds et les fenêtres du palais, continuant à jouer de splendides couleurs de parade masculine, même si ...c’est finalement Suzanne qu’il découvre dans le placard à la place du jeune amant qu’il brûlait de surprendre à l'acte II, ou même s’ il ...se fait piéger par Suzanne et la Comtesse à l'acte IV, et apparaît comme un personnage plutôt ridicule.
Délicieuse Julie MOSSAY dans Barbarina, qui elle aussi décline une des facettes de l’amour dans sa belle cavatine de l'Acte IV … et un jardinier râleur et intempestif à souhait, très bien campé sous les traits de Patrick DELCOUR. Mais la palme revient sans doute au chatoyant Figaro, le jeune baryton Leon KOŠAVIC à l’élocution parfaite. Un homme de caractère, qui n’a rien à envier à son maître en termes de voix masculine affirmée, héroïque et radieuse, et à travers lequel on perçoit un brûlant de désir de construire un nouveau monde, rêvant pour celui-ci, de plus d’amour, plus de justice et de plus de liberté. La densité et la musicalité du final est un sorte d’aboutissement heureux, de fusion parfaite du comique et du sérieux du livret, le moment où s’arrête enfin le tourbillon de ces personnages illustrant si bien l'esprit du XVIIIe siècle, celui où le regard et l’oreille se trouvent confondus d’admiration devant l’esthétique de la mise en scène et la qualité sonore de la production.
En Italien DIRECTION MUSICALE : Christophe Rousset MISE EN SCÈNE : Emilio Sagi CHEF DES CHŒURS : Pierre Iodice ARTISTES : Mario Cassi, Judith Van Wanroij, Leon Kosavic, Jodie Devos , Raffaella Milanesi, Julien Véronèse, Alexise Yerna, Julie Mossay, Enrico Casari,Patrick Delcour
NOMBRE DE REPRÉSENTATIONS : 5 DATES : Du vendredi, 06/04/2018 au samedi, 14/04/2018
Avec L’Orchestre et Chœurs de l’ Opéra Royal de Wallonie-Liège, nouvelle production
Vous trouverez ici des Ressources à propos de la biographie de Mozart.
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Charmante, la nouvelle mise en scène des "Noces de Figaro" enchante l’Opéra de Liège
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Nouvelle production à l’Opéra de Wallonie-Liège
L’Opéra de Liège accueille une nouvelle production d’une des œuvres lyriques les plus célèbres de Mozart et incontournable de l'opéra comique. L'orchestre de l'Opéra royal de Wallonie-Liège est sous la direction du claveciniste reconnu et chef d'orchestre, Christophe Rousset, qui est aussi pour l'occasion au piano forte.
Une intrigue pittoresque
Dans le château du comte Almaviva, une journée extraordinaire s’annonce. Son valet Figaro et la servante Suzanne préparent leurs noces. Leur bonheur est de courte durée et ternit par l’insolence du comte qui défie Figaro en imposant son « droit de cuissage ». À force d’imagination, et de pièges ingénieux, les deux amoureux, aidés de la comtesse agacée par son mari volage, vont faire tomber les masques et mettre les cœurs à nu.
L’opéra est imaginé d’après la comédie de Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais, "le Mariage de Figaro". L’opéra se divise en 4 actes, et représente la première collaboration entre Mozart et le poète Lorenzo Da Ponte.
Découvrez en vidéo la présentation de l’oeuvre par l'Opéra de Liège
DISTRIBUTION
détail du jardin...