Statistiques google analytics du réseau arts et lettres: 8 403 746 pages vues depuis Le 10 octobre 2009

Publications de Yvette Hulin (83)

Trier par

 

Voilà sans doute pourquoi je ne voulais pas d’une fille…

Quitte à avoir des enfants, autant que ce soit une équipe de rugbymen !

La petite fille qui était lovée en moi n’avait pas su grandir.

Je l’ignorais à l’époque…

Mon prince était venu et m’avait enlevée sur son blanc destrier…

J’étais enfin heureuse… J’étais sa princesse… Je l’ai été jusqu’à la fin.

Mais, même les plus jolis contes de fée ont leurs sorcières…

Les miennes étaient à l’intérieur de moi : on appelle cela maintenant le déni de grossesse…

Nous étions heureux ensemble, ne voulions pas d’enfant…

Folcoche, enfant du viol, m’avait fait la morale pendant des années. Il était inconcevable pour elle, que sa marionnette puisse se reproduire.

La vie, selon elle, était bien plus jolie sans marmot puant et braillard.

Je ne l’imaginais pas autrement et mon prince non plus puisqu’il ne savait pas partager son amour unique et indivisible.

Alors, quand le test a viré au bleu, le ciel nous est tombé sur la tête !!!

La seule et unique fois où j’ai vu mon Amour pleurer jusqu’au décès de son papa… Et pas de bonheur, hélas…

Alors, je me suis décomposée et j’ai prié pour que CA n’arrive jamais…

J’en suis devenue malade… « Pierres aux reins » a dit le doc qui ne savait pas.

J’ai voulu me jeter sous le train mais manque de courage…

Nous habitions près du passage à niveau, ça aurait été tout simple…

Mais un enfant venait d’être tué à cet endroit et le spectacle n’était pas ce qui me semblait le meilleur pour ceux qui devraient rester…

Alors, j’ai décidé de ne plus exister : j’ai fermé les yeux, déconnecté mes oreilles et me suis réfugiée dans un brouillard bienfaisant.

Je me suis réveillée à l’hôpital… Une bonne étoile à mon chevet.

Elle était religieuse et sage-femme.

Elle m’a fait entendre le cœur de la petite chose que je portais déjà depuis six mois en moi…

Avec mes larmes, je devenais enfin enceinte… J’ai en réalité porté vraiment mon bébé pendant deux mois et demi… Juste le temps de lui confectionner un trousseau, d’accepter de montrer mon ventre devenu subitement énorme et d’oser quelques mémorables envies…

Quand au futur papa, une fois le test de grossesse digéré, il s’en était fait une raison mais il était surtout tracassé par mes idées noires...

Il avait même chargé sa mère et sa sœur de ne jamais me laisser seule… Je dois reconnaître qu’elles ont été aux petits soins pour moi. Surtout quand j’ai failli perdre le bébé… Maintenant que je m’attachais à lui, c’était lui qui ne voulait plus de moi.

Personne ne comprenait plus rien : nous avions pourtant tout pour être heureux !

Bien des années plus tard, une malheureuse confidence a fait que j’ai failli le perdre une seconde fois…

D’autant plus qu’il me reproche la dureté de son éducation.

Malheureusement, les bébés ne sont jamais livrés avec le mode d’emploi…

Nous n’avons pas été les parents qu’il souhaitait.

Nous avons seulement fait de notre mieux avec l’amour que nous n’avions pas reçu.

Pourtant, nous l’avons aimé dès son premier cri…

 

 

 

Lire la suite...

L'AUBERGE AUX HERISSONS

Aujourd’hui, il a fait particulièrement lourd… C’est cet état de fait que j’ai mis sur le compte du comportement bizarre de Coco Nérisson.

Habituellement, mes deux petits pensionnaires ont un rythme de vie assez bien réglé. A savoir qu’en principe, le matin, quand je leur dépose leur gamelle bien garnie, ils sont roulés en boule sous des tas de loques en éponge et en flanelle. Même par ce temps caniculaire. Ils se goinfrent de morceaux de raisins, de pommes, de Sheba et du petit bout de madeleine pour lequel ils se damneraient, laissant pour plus tard les croquettes pour chat. Et ensuite, se remettent à la sieste jusqu’en début de soirée.

Dès que le soir descend, ils sortent de leur refuge non sans s’être quelque peu sustentés. Et là, le ballet commence : Coco entreprend un va-et-vient incessant dans la cour, du portail du jardin à la petite pièce d’eau dans laquelle il s’était noyé. Il ne risque plus rien puisqu’elle est maintenant protégée. Et, Gipsy, lui, s’il a renoncé à rentrer bien que la porte de la cuisine reste ouverte, préfère se balader tranquillement dans cette partie de la cour.

Nicky, continue de veiller sur eux mais il ne joue plus au bowling avec Coco depuis que je l’en ai empêché… trop de poils abîmés et de gencives endolories… Les amours d’un toutou et d’un hérisson ne manquent pas de piquant.

Or donc, aujourd’hui, Coco n’était pas couché au lever du jour. Il continuait de s’agiter ne s’intéressant même pas aux Choupinoux qui n’en revenaient pas. Puisqu’il refusait de jouer, ils ont fini par se lasser et sont venus préparer le  déjeuner de la petite tribu avec moi. Et comme ils sont devenus quasi végétariens, ils goûtent à tout : chicons, carottes, pommes, raisins…

J’ai tout de même commencé à m’inquiéter du comportement du hérisson quand il n’est pas rentré alors que j’avais déposé la gamelle dans le refuge. Même l’odeur de la madeleine ne l’intéressait pas. Pour le plus grand bonheur de Gipsy qui n’en fit qu’une bouchée. Quelque peu dépitée, pensant que sa noyade lui avait endommagé les neurones, je l’ai pris et remis dans la cabane. Où il a tout de même décidé d’aller dormir sans manger. Il devait d’ailleurs être épuisé.

Ce soir, il n’y a que Gipsy qui soit sorti du repaire. Par contre, Nicky est déjà venu me chercher plusieurs fois. Je pensais qu’il s’ennuyait de son ami. Mais il ne regardait pas dans la bonne direction. Il me fit alors comprendre qu’il fallait qu’il sorte. Bien que j’en sois fort attristée, j’ai refusé puisque depuis trois jours, le portail est fermé. Les chiens sont en convalescence de piqûres d’aoutats qu’ils ont récoltées en jouant dans le jardin.

Devant son insistance, je me suis approchée… et dans la lumière des spots, quelle ne fût pas ma surprise de voir un petit hérisson qui s’encourait. J’ai alors envoyé Nicky à sa rencontre. Il m’a permis de le retrouver roulé en boule à côté de la fontaine. Je l’ai pris… traité pour les puces et déposé dans la cabane.

Je me doutais qu’en son temps, Gipsy avait attiré Coco dans la cour. Mais là, le doute n’est plus permis. Jamais en plus de trente ans, je n’ai vu un seul hérisson dans mon jardin. Alors, oui, on peut dire que quelque chose se passe entre eux, une espèce de signal à distance. Ils doivent se dire que l’auberge est étoilée et qu’on s’y sent comme chez soi…

Lire la suite...

VOTEZ POUR MOI

 La rumeur circule et comme de bien entendu, j’en ai été la dernière informée…

Coup de fil inhabituel de papa :

-Machin Truc m’a téléphoné que tu étais sur la liste électorale de Chose…

Long éclat de rire de ma part…

Je savais que l’esprit de clocher des habitants de mon village était toujours de mise mais qu’on sache que j’avais assisté à une rencontre citoyenne et que de là, on avait bâti des plans sur la comète,  on avait fait fort.

Il fallait pourtant que cela vienne d’une personne ayant assisté à la réunion... Je voulais en savoir plus. Papa est très pipelette… Il ne s’est pas fait prier pour me raconter que Machin Chose tenait cela de l’épouse du fermier qui portait les patates et le beurre et chez mes parents.

Je me suis retrouvée plongée des années en arrière, dans ma plus tendre enfance alors que la maman du fermier faisait le tour du village avec sa production de beurre et d’œufs… Rien n’a donc changé… Aucune évolution des mentalités. Le village est devenu presqu’une ville… Les espaces verts réduits à peau de chagrin mais les gens du cru continuent de pratiquer leur sport favori : le coup de langue.

Si seulement elle leur servait à rendre service… Non, elle est directement reliée à un coin très sombre de leur cerveau qui leur sert à inventer… Pas de jolies histoires… Non, le coin des cancans…

Et puisqu’ils veulent y croire, ce n’est pas moi qui les contredirai…

J’ai simplement envoyé un message, sur facebook,  à l’échevine qui m’avait invitée à assister à la rencontre. En lui confirmant bien qu’il était inutile de penser que je reviendrais sur ma décision.

Ce soir, j’assisterai à une nouvelle réunion. Loin de moi l’idée de nier quoi que ce soit… De toute manière, si le cerveau de cette dame a disjoncté, tout en étant assise en face de moi et donc entendant mes propos, je n’y peux rien. J’avais dit haut et clair qu’il n’entrait pas dans mes intentions de revenir à la politique. Et donc, ou bien elle n’a rien compris ou bien elle n’a entendu que ce qu’elle a bien voulu entendre. Et dans les deux cas, ce n’est pas à moi de faire une mise au point.

Connaissant la plupart des candidats, de tous horizons, de ma commune, nul doute que cette nouvelle fera son petit bonhomme de chemin… Je m’attends à des approches quelque peu rigolotes.

De toute manière, je compte bien faire ma petite campagne… « Votez pour moi » sera dorénavant mon slogan. J’imagine déjà d’ici le désappointement de certains de mes concitoyens qui chercheront vainement sur leur énorme liste la case à cocher…

Pour en finir avec cette histoire « clochemerlesque », un propos de papa m’a particulièrement émue :

-Si tu avais figuré sur la liste, j’aurais voté pour toi mais, maintenant que je sais qu’il n’en est rien, je vais demander une attestation médicale pour être dispensé de mon devoir électoral…

Lire la suite...

IL N'Y A PAS DE QUOI REVER

Entre deux occupations, je jetais un œil sur l’émission « Faut pas rêver »…

Aujourd’hui, il y avait un reportage sur l’Australie. Et on y voyait notamment un « dingue des serpents »… mais dans le bon sens du terme. Il capture les reptiles pour les étudier, les répertorier (il existe, selon lui, encore un tas d’espèces inconnues) et les « traire »… J’ignorais, jusqu’à aujourd’hui, le terme exact de cette action qui consiste à les obliger à cracher leur venin. Celui-ci entre notamment dans la fabrication de médicaments contre la douleur.

Contrairement à, il y a quelques années, on en extrait les toxines dangereuses à la santé pour éviter les accidents d’antan. Par contre, ces mêmes toxines sont utilisées dans les ogm. Certains venins tuent les insectes. On l’injecte donc dans les plantes génétiquement modifiées pour éviter qu’elles ne soient infestées.

Je pense que la plupart des défenseurs des ogm ignorent ce « détail » qu’on a omis de leur signaler. Non seulement il y a manipulation… Et je crois sincèrement, qu’à ce sujet, la nature reprend souvent ses droits ou se rappelle à nous. Beaucoup se prennent pour des dieux et si la population a plutôt tendance à vieillir, c’est surtout parce que les anciens savaient ce qui est bon. La nouvelle génération se nourrit tellement mal qu’on n’a jamais vu autant d’enfants atteints de cancers.

On ignore bien souvent d’où ils proviennent mais ne serait-il pas temps de se pencher sur la question des ogm ? Oh, il existe bien des études mais on n’a sans doute pas encore assez de recul pour y trouver un lien de cause à effet. Ou bien on ne veut pas qu’on sache.

Comme toujours, il est question de gros sous… Les lobbies pharmaceutiques qui financent la recherche ne participent-elles pas aussi la manipulation génétique ?

Soit disant pour contrer la faim dans le monde… Laissez-moi rire (jaune). On produit assez pour que plus personne n’ait faim mais quand on voit ce que nos poubelles contiennent, celles des grandes surfaces qui préfèrent jeter leurs périmés plutôt que de les offrir à ceux qui n’ont pas assez de moyens, les récoltes entières qu’on détruit pour telle ou telle mauvaise raison, le surplus qui y passe aussi, etc., point n’est besoin de génétique.

Il existe bien sûr des gens qui luttent pour que nous sachions, pour que nous renoncions aux ogm… Une goutte d’eau dans l’océan. Et pourtant, je pense qu’ils ont raison. Il faut continuer à lutter avec nos faibles moyens. Pour que les générations futures ne deviennent pas des mutants qui auront une espérance de vie tellement courte que tous les progrès que la médecine a fait jusqu’à aujourd’hui n’auront servi à rien.

Il y a de quoi se hérisser, non ?

 

Lire la suite...

QUELQU'UN... QUELQUE PART...

« L’amour, ce n’est pas quelque chose, c’est quelque part » J-F Vézina

 

Mais où qu’il est ce quelque part ???

Il se cache bien… Bon, je dois bien avouer que je n’en suis nulle part en ce qui concerne mes voyages… Si ce n’est en rêve… Mais j’ai passé l’âge de rêver au prince charmant… Il n’y a d’ailleurs que dans les rêves qu’ils sont charmants. Et puis, la vie de princesse doit être ennuyeuse à mourir… Que de contraintes à cause du protocole…

En matière de protocole, je ne connais que ceux que mes médecins s’envoient de l’un à l’autre… Ils adorent ça : « Bien cher Confrère,» ; la con(ne)-fraternité… résumant à elle seule la bêtise humaine… Celle qui vous entraîne à vous tourner du côté de la « sagesse » animale.

J’ai souvent entendu qu’eux (les animaux), sont incapables d’aimer, que c’est plutôt leur estomac qui parle pour eux… Eh bien, dans ce cas, je veux bien reconnaître l’estomac pour organe de l’amour ! Parce qu’en matière de cœur, je connais peu d’humains qui en ont réellement en ce moment. Deviendrais-je misanthrope ?

J’avais fait le choix de la discrétion… Un besoin de me retirer du monde, pour réfléchir et faire le vide… C’est tellement bien réussi que j’en suis devenue transparente… Inexistante pour certains. Lors de mes (trop) rares sorties, on pousse l’idiotie jusqu’à venir me toucher pour voir si c’est bien moi… Hypocrites ! Personne ne s’est inquiété de savoir si j’existais encore… Alors, je les gratifie d’un sourire moqueur quand ils me disent combien on voit que je resplendis de santé.

Certains poussent le vice jusqu’à me demander si j’ai refais ma vie… Alors, je joue à fond la carte du mystère… Parlez, jacassez… pauvres pies que vous êtes ! Qu’est-ce que vous en savez, vous, de la vie que l’on refait ? Elle n’est pas une tapisserie que l’on fait et défait à volonté en attendant un époux… Elle continue… brinquebalante au début… et puis on essaie de faire au mieux pour moins souffrir… ensuite, on attrape une vitesse de croisière et on parvient parfois à retrouver un bonheur confortable.

Mon horoscope de ce matin me prédit que l’amour frappera aujourd’hui à ma porte… Tellement peu de gens en franchissent le seuil que je n’ai pas jugé bon de remettre la sonnette qui s’était décollée. Ce quelque part, où se trouve l’amour, se déplacerait-il pour venir enfin à moi ? L’inconvénient est que si je crois en l’influence des planètes, je ne trouve les horoscopes que particulièrement amusants…

Je crois pourtant au destin… parfois cruel… parfois complice. Croiserais-je l’amour au coin de ma rue ? Viendra-t-il à moi ? Ou devrais-je franchir des océans, grimper sur des montagnes ou voler dans les airs pour enfin voir dans d’autres yeux de petites étoiles scintillantes ?

 

 

 

Lire la suite...

NOYADE... L'HISTOIRE D'AMOUR CONTINUE.

 

Comme tous les matins, les Choupinoux sortent dans la cour pour satisfaire leurs besoins naturels…

Ce qui l’était bien moins, c’était l’attitude de Nicky : après être venu m’alerter, il s’est mis en arrêt devant la minuscule pièce d’eau… Son regard suppliant m’inquiéta. En m’approchant, je vis un petit corps flottant à la surface. Je n’avais que peu d’illusion concernant cette chose flasque et froide quand je l’ai prise en main.

Si j’admets la mort comme étant la fin normale de toute naissance, j’ai cependant une foi profonde en la vie… Et ne rien faire me semble un abandon un peu trop rapide. J’ai donc tenté le tout pour le tout : la réanimation… massage cardiaque et… bouche à bouche !

Certains qui me liront se diront sans doute : « pouah ! Un hérisson ! »… Ce à quoi je répondrai que, quand on aime vraiment, il n’y a rien qui soit rebutant. Et ce petit être mérite tout autant de vivre que n’importe quel humain.

Tout doucement, le petit cœur a recommencé de battre et la respiration, très saccadée au début, a repris… Coco restait cependant tout mollasson… Je l’ai enveloppé dans de l’éponge et de la flanelle pour le réchauffer. Je l’ai ensuite posé sur le divan, pour qu’il puisse récupérer des forces, toujours enveloppé dans ses loques, sous la surveillance intensive de Nicky.

Que s’est-il passé dans cette petite tête de hérisson pour qu’il s’approche aussi dangereusement de ce point d’eau, en hauteur et assez difficile à atteindre, et qui existe depuis des années ? Je l’ignore mais je me suis attelée, ce jour, à le protéger par un treillis.

Heureusement que je me lève tôt et que Nicky est un petit chien extraordinaire. S’il survit à son aventure périlleuse, il lui devra la vie.

Puisque Coco, remis sur patte, s’est laissé choir du divan, je l’ai remis dans son cabanon. Les deux hérissons dorment en ce moment, roulés en boule l’un contre l’autre. Tout me semble rentré dans l’ordre. J’aurai en tous cas, fait tout ce qui était en mon pouvoir… Inch’Allah.

Lire la suite...

UNE BELLE HISTOIRE D'AMOUR

 

J’avais déjà pu observer l’immense complicité qui existait entre Nicky Choupinou et Coco Nérisson, mais j’étais loin d’imaginer ce qui va suivre…

Au grand désespoir de leur nounou, qui jonglait avec ses horaires de travail et ceux supposés des hérissons en activité, jamais, elle n’a pu les voir éveillés. Pourtant, des traces révélatrices laissaient supposer une activité nocturne intense.

Et puis, un jour ou bien une nuit, Coco, disparut… Toutes les recherches furent vaines… Bien qu’ayant un petit pincement bien normal au cœur, je me tracassais bien moins que Nounou, vu qu’au départ, il s’agissait de les remettre sur pattes pour qu’ils puissent vivre en liberté leur vie de hérissons. J’ai donc pensé que, cette fois, il se sentait capable de prendre son envol…

Trois ou quatre jours plus tard, nous sommes tous rentrés au bercail… Mon premier geste fut d’aller rendre visite à Gipsy, qui lui, préférait visiblement sa vie de captif volontaire. Quelle ne fut pas ma surprise de retrouver mes deux hérissons endormis l’un contre l’autre… tels que je les avais laissés avant mon départ.

J’ai donc préparé leur gamelle et réparé leurs dégâts nocturnes (un hérisson est et restera toujours un animal sauvage, donc très sale). Normalement, ils ne résistent pas longtemps à l’odeur des morceaux de madeleine… et s’éveillent pour la déguster… et,  laissant le reste pour plus tard, se rendorment comme par magie jusqu’en début de soirée.

Cette  fois, j’ignore pourquoi, je ne peux que présumer d’un odorat que j’ai déjà constaté très développé… ou bien un effet merveilleux de la nature qui me dépasse… Coco s’est mis à arpenter la cour… de long en large, très vite (un hérisson peut être très rapide)… jusqu’à attirer l’attention des Choupinoux qui sont venus me prévenir. Bien entendu, j’observais la scène depuis un moment de ma fenêtre mais j’étais incapable de perturber de si belles retrouvailles.

Continuant à vaquer à mes occupations, je trouvais plutôt étrange que, seul Tommy m’accompagnait du regard, couché sur le divan qu’il avait retrouvé avec beaucoup de bonheur… Habituellement, les deux frères ne font jamais rien l’un sans l’autre… Se bouderaient-ils ? Curieuse, je jetai un coup d’œil du côté de la cour…

Nicky était occupé à jouer au bowling avec Coco… Celui-ci, roulé en boule, mais pas trop pour que le toutou puisse le prendre où le poil est plus doux, se laissait lancer sur le dallage. Ce n’est d’ailleurs peut-être pas le terme exact parce qu’il y avait tellement de douceur dans ce geste. Je les ai donc laissés à leurs jeux…

Je me demande tout de même, si, durant notre absence, notre hérisson n’était pas en manque de son petit compagnon de jeu .  J’ai donc laissé mon imagination, fertile, je l’avoue, me faire gamberger sur les fruits de cet amour improbable : chiots à piquants ou hérissons à poils longs et soyeux ?

 

 

Lire la suite...

TOUTE MEDAILLE A SON REVERS

 

Je suis rentrée à la maison et je fais le bilan de mon séjour au camping…

Fidèle à lui-même, le Hérisson Soleil, avait impulsivement pris la décision de se débarrasser de sa caravane. En effet, les déplacements style « arche de Noé », aussi sympathiques soient-ils, nécessitent la bienveillance de conducteurs de « convoi exceptionnel »…

Même s’il y avait une gare dans le village et un service de bus qui assurerait la correspondance, ce qui n’est pas le cas,  il n’est pas question de prendre le train avec un lapin, trois cobayes, un canari et deux chiens. Il n’est pas non plus question pour moi de les laisser à la maison… même si la nounou des hérissons (qui, eux, sont mieux dans leur milieu naturel habituel) serait tout à fait enchantée de les garder. Nous formons une famille, ce sera ainsi jusqu’à leur fin qui, tout doucement s’approche insidieusement pour les rongeurs.

Je dois donc dépendre de la bonne volonté et des disponibilités d’un nombre limité de conducteurs au cœur sur la main pour amener mon petit monde à la caravane. Et cette fois, il fallait que je jongle avec les congés et mes rendez-vous médicaux que je ne peux en aucun cas remettre à plus tard. Alors, une petite phrase insidieuse et, bien innocente il est vrai, de la part de « mon chauffeur » m’avait mis le moral dans les talons… Je ne veux être un fardeau pour personne. J’essaie donc de me faire la plus discrète possible mais avec tous ces animaux, ce n’est pas toujours évident.  Et ainsi, une pensée en entraînant une autre, vu le prix de l’emplacement, si je ne pouvais l’amortir en en profitant un maximum… Dans mon cas, trois ou quatre séjours d’une semaine à une quinzaine de jours… il valait mieux que je vende.

Des amis m’ont dit d’encore y réfléchir… En me baladant avec les Choupinoux (ce que je ne fais jamais à la maison), j’ai vu que les caravanes à vendre étaient légion. Dans ce cas, comment pourrais-je me débarrasser aussi facilement d’une ancêtre qui a perdu ses roues ? Quand je l’ai fait changer de camping après son achat, il a fallu qu’un des employés de la société qui la déplacerait travaille toute la nuit sur un système de roues très spécial… Mais il l’a repris au cas où… Je sais donc qu’il existe. Mais un acheteur potentiel qui aurait envie de changer d’emplacement parce que le mien ne lui conviendrait pas, devrait faire appel à cette société en particulier… trop de critères qui entrent en jeu pour la perspective d’une vente rapide. Pourtant, je me vois mal payant l’année prochaine un emplacement pour ne pouvoir en profiter, si je ne peux ou n’ose sans avoir l’impression d’abuser, demander mon transport.

Il y aurait bien une autre solution… Mais cela me fait vraiment mal au cœur… Pourtant, c’est ce que beaucoup font actuellement : laisser la caravane au syndicat d’initiative… Il essaie de la revendre à son profit (ce qui paie l’emplacement pour une année) et s’il n’arrive pas à le faire avant la fin de la saison, elle part à la casse. Mais ça me fend le cœur : bien que très modeste, j’y ai mis tout mon amour pour en faire un cocon à mon image. Pas besoin de luxe, rien que le strict nécessaire pour m’y sentir bien en compagnie de ma petite famille magique.

Alors, voilà, je réfléchis… le cœur gros et le cerveau en ébullition, pesant le pour et le contre… J’ai le choix entre devenir une vieille emmerdeuse qui répond à un appel ancestral de la nature et d’un petit village hors du temps ou bien rester un Hérisson Soleil dans un monde qui lui convient de moins en moins.

Hormis ce problème et une petite baisse de moral liée à un vécu assez difficile depuis quelques mois, le bilan de mon séjour est plus que positif : la rencontre de personnes généreuses et attentives, me sentir l’hôte d’une nature protectrice et bienfaisante, l’accueil et les sourires des habitants qui se souviennent de vous d’année en année… Le petit banc près de la rivière d’où on peut observer le vol de papillons qui ressemblent à de petits oiseaux tout en dégustant une délicieuse glace  artisanale… tous ces plaisirs simples mais ô combien revivifiant pour moi.

Alors, le Hérisson Soleil va-t-il devoir ou doit-il se départir de ce petit bonheur et prendre le parti de se contenter de se rouler en boule lorsqu’il aura un besoin d’évasion ? En ce moment, je ne vois aucune solution se profiler à l’horizon…

Lire la suite...

MOSQUITOS

Cette fois, la guerre est déclarée ! Ils vont voir de quel bois je me chauffe ! Non, mais ! Me prendre ainsi en traître, dans mon sommeil… ce n’est pas du jeu !

Tous les matins, je me lève avec des yeux de boxeur… Je dois être un resto cinq étoiles pour que tous viennent ainsi faire bombance sur mes pauvres paupières endolories.

Ne croyez pas que je me laisse faire mais devant une armée des ombres parfaitement organisée, je me sens quelque peu dépassée. J’observe, je scrute… en vain ! Il y en a toujours bien l’un ou l’autre qui échappe à ma sagacité… Et fond goulûment sur mes paupières abandonnées… avec un léger vrombissement qui finit toujours par me réveiller. Mais bien trop tard, l’insecte pompeur a déjà frappé !

Hier, j’ai tout de même pu en écraser un… Victime expiatoire pour tous les méfaits de tous les moustiques du monde. Et, horreur, le mur de ma chambre s’est retrouvé décoré d’une traînée assez conséquente de sang ! Mon propre sang ainsi exposé comme pour me faire comprendre que, j’avais peut-être eu le dernier mot le concernant mais que, même dans la mort, il continuait de me narguer : lui m’avait pompé ma substance vitale… et d’autres viendraient encore… c’était là la dure loi de la nature… manger ou être mangé…

En nettoyant la trace sanguinolente, j’avais presque pitié de cette pauvre bestiole qui n’avait fait que ce pourquoi elle était destinée… Je pensais à mes hérissons qui, comme dessert, vidaient de leur substance les limaces et vers de terre qu’ils trouvaient lors de leur balade nocturne… Ce n’était pas cruel, c’était tout simplement naturel…

Et nous humains, qui sommes-nous pour juger ? Nous comportons-nous naturellement ? Faisons-nous ce pourquoi nous sommes destinés ? Tuer pour se nourrir… et uniquement pour cela. Je pense que nous n’avons aucune leçon de morale à donner à aucun animal de la création quel qu’il soit. Ce pauvre moustique ne m’a prélevé qu’une infime partie de moi qui n’a pas tardé à se régénérer… Et moi, j’ai été ce que la nature a prévu que je sois… Nous oublions trop souvent, êtres qui nous considérons comme supérieurs, que nous ne sommes qu’un maillon de la chaîne.

Tout de même, je lance ici un appel à tous les moustiques du monde : de grâce, plus les yeux ! Il y a en bien assez sur mon anatomie pour repaître tout un escadron de moustiques affamés !

Lire la suite...

LA TERRIBLE VENGEANCE DU RAT MASQUE

Mon attention fut immédiatement attirée par un bout de plastique que je ne connaissais que trop bien. Mes petits chiens l’avaient abandonné près du grillage du jardin… En m’avançant, quelle ne fut pas ma stupeur de voir les grains rouges en tas sur le sol près du banc où j’aime me relaxer quand il fait beau temps. Si j’avais eu l’ombre d’un doute, cette fois, j’étais confrontée à l’horrible réalité ! Ils n’avaient pas pu ne pas en ingurgiter. Peu, il est vrai au vu de la quantité restée sur le sol, mais ils en avaient bel et bien goûté ! Voilà ce qui arrive lorsqu’on leur impose un régime végétarien… Et puisque c’est goûteux pour les rats, il n’y a aucune raison pour que ça ne le soit pas pour eux.

J’ai, bien entendu, d’abord fait tout ce qu’il fallait pour les sauver avant de me poser la question existentielle du moment : comment ces graines étaient-elles arrivées là ? Mes voisins ? Impossible, je n’en changerais pour rien au monde… Nous nous connaissons depuis trop longtemps pour qu’il y ait l’ombre d’un doute. De plus, ils ont eux-mêmes des animaux. Cela ne pouvait venir que de chez moi.

En effet, nous avons toujours vécu parmi les rats et entre eux et moi, c’est un combat quotidien. Surtout depuis qu’il n’y a plus de champs, que les espaces verts ont été réquisitionnés pour des constructions… Les rats qui en avaient fait leur territoire ont été chassés… Ils ont trouvé refuge autour d’un bassin d’orage proche. Mais n’étant pas inquiétés, la population s’est agrandie au point qu’il leur faut trouver refuge et pitance où ils peuvent. Je ne déteste pas les rats. Bien au contraire, ils me fascinent par leur intelligence, leur organisation et leur solidarité… C’est d’ailleurs ce qui fait leur force : si vous voyez un rat, soyez sûr qu’il n’est jamais seul… sauf s’il vient en éclaireur goûter la nourriture pour que la communauté ne soit pas empoisonnée. Mais je ne peux décemment pas les laisser pulluler dans mon jardin…

Alors, la meilleure défense étant l’attaque, j’empoisonne… Mais je le fais intelligemment, du moins, je le croyais avant ce jour fatidique. Cela fait des années que je pratique ainsi et je n’ai jamais eu d’accident. Je place des graines empoisonnées dans des endroits inaccessibles par tous les autres animaux qui passent dans mon jardin… Les rats grimpent et se faufilent… Ils ont un odorat qui repère les graines à des dizaines de mètres… Et ils partent mourir ailleurs.

En faisant un trou dans le jardin pour y mettre un petit bassin, j’ai trouvé un cimetière de rats… Ils avaient été disposés de manière très respectueuse au fond d’une galerie parfaitement nettoyée… Donc, si les grains étaient là, je ne voyais qu’une seule explication logique : un rat les y avait déposés… sans doute gêné par un chat…

A moins que ??? Et si un rat vengeur avait eut envie de me rendre la monnaie de ma pièce ? On pourrait imaginer un gros rat aux yeux malicieux tendant un piège à mes Choupinoux… Tapi quelque part dans l’ombre d’un arbrisseau, observant la scène et se délectant du spectacle de mes petits chiens tirant sur l’emballage et éparpillant les grains empoisonnés…

L’important est que tout est bien qui finisse bien… Après l’injection d’un antidote et un traitement d’une dizaine de jours, ils se portent comme un charme… Sauf qu’aujourd’hui, Nicky, en avalant le contenu de l’ampoule, s’est étranglé et vu qu’il respirait mal, j’ai dû appeler la vétérinaire du patelin où j’ai la caravane. Plus de peur que de mal… il survivra

. Mais, l’ombre du rat vengeur continuerait-elle de planer ?

Lire la suite...

RIDICULE FUNAMBULE

On peut sans aucun doute dire beaucoup de choses de mon éducation et peut-être la critiquer à juste titre… Cependant, j’aimerais qu’on m’explique ce qui peut pousser certains à mettre leur vie en danger.

Que n’inventeraient les médias pour faire de l’audimat ? Ce matin, un cinglé à vélo passait dans les rouleaux d’un carwash… Et c’est peu de chose face à ce qu’on peut zieuter sur certaines chaînes. Plus le défi est stupide et dangereux, mieux c’est…

Cette nuit, un funambule tentera de traverser les chutes réputées pour être les plus dangereuses … Si chute il y a, celle-là me laissera de marbre.

J’ai été éduquée selon le principe que la vie est précieuse et qu’il n’y a rien qui vaille la peine de la risquer… J’ai sans doute été trop bonne élève. Un de mes derniers grands défis consistait à sortir de chez moi pour aller prendre une tisane au « Vieux Moulin »… Et encore, il a fallu qu’on m’aide à le réaliser…

C’est surtout quand elle est menacée qu’on prend conscience du prix de la vie… Voulue ou non, il y a quand même à la base quelque chose ou quelqu’un (en fonction de la croyance de chacun) qui s’est esquinté à nous mettre au monde… Ce n’est pas si facile que cela après tout… Chaque naissance est une violence de la nature… Chaque respiration, un bienfait… Chaque mouvement, une bénédiction… Surtout quand on réalise les ratés, les échecs et les périls de cette même nature.

Qu’est-ce qui donne à certains individus l’envie de réaliser ces gestes extrêmes ? Quand on possède toute la fortune que représente une santé florissante, a-t-on le droit d’ainsi en faire fi ?

Si la notion de plaisir est un peu ma pierre d’achoppement, j’ai beaucoup de mal à imaginer ce que l’on ressent à affronter la mort. Je la regarde tous les jours en face mais jamais je n’oserais la défier. Je sais qu’elle finira toujours par gagner puisque c’est écrit d’avance. Je la respecte, elle me laisse en paix. Je mords à belles dents dans la vie, j’en fais mon alliée. J’espère ainsi qu’elle m’aimera assez pour se prolonger le plus longtemps possible.

A force de défier ainsi l’une et l’autre, cela finit souvent très mal… C’est leur choix après tout mais je trouve tout cela bien injuste alors que des enfants meurent tous les jours dans des unités de cancérologie, des adultes aussi, mais ils ont bénéficié d’un peu plus de temps.

Mon éducation m’a permis d’avoir assez d’ouverture d’esprit pour respecter le choix de chacun mais j’aimerais comprendre…

 

 

Lire la suite...

 

J’ai remis les hérissons en liberté…

Plus rien ne les empêche maintenant de prendre le large… de vivre leur vie de hérissons dans la généreuse nature. Et pourtant, chaque matin, je les retrouve roulés en boule sous les bouts de tissu en éponge et en flanelle que j’ai pris la précaution de laisser à leur disposition dans la remise. Leur gamelle, contenant la même nourriture qu’ils avaient lors de leur séjour dans ma baignoire, est vide. Je ne peux m’empêcher de la remplir…

Les traces ne trompent pas : ils se baladent la nuit dans la cour, fouinent sous les feuillages… Mais au petit matin, ils rentrent dans leur cocon. C’est ainsi qu’ils prennent leur plaisir de hérisson.

La notion de plaisir est propre à chacun…Pour moi, elle est liée à nos sens… Alors que le bonheur, lui, est plus profond, plus un ressenti, un état d’être et d’esprit… Tandis que le bonheur est constitué de plaisirs, grands et petits, le plaisir n’est pas forcément le bonheur.

Je prends du plaisir à écouter des chants d’oiseaux, une mélodie, une chanson, le doux clapotis de l’eau, le bruit du vent dans les arbres… J’aime toucher et caresser… Je pense d’ailleurs que nos mains ne devraient servir qu’à cela. Il y aurait moins de douleur sur cette terre… Je ne me lasse pas de humer et de m’imprégner de l’odeur des fleurs, de celle la nature qui revit après l’orage ou de la fraîcheur d’une nuit d’été… Je me délecte d’un délicieux nectar, de plats savoureux amoureusement préparés, du goût des premiers flocons de neige…  De tous ces plaisirs qui font que la vie vaut la peine d’être vécue… Surtout s’ils sont partagés. Ils font partie du bonheur… Mais ne sont pas LE bonheur.

Qu’est-ce qu’il y manque ? Le désir du hérisson d’aller voir plus loin… De franchir le pont du confortable menant à cette nature offerte mais si mystérieuse, peut-être hostile… La peur aussi de souffrir encore : les hérissons sont si peureux.

Le Hérisson-Soleil, lui, a très envie de franchir ce pont… Il ne lui manque pas grand-chose… Seulement un sourire, un geste ou une parole qui lui donnerait envie d’aller voir plus loin.

Lire la suite...

LE VIEUX MOULIN D'ECAUSSINNES

 

Le cadre a toujours été idyllique…

Petite fille, j’ai dû le fréquenter quelques fois puisque je me souviens du juke-box installé contre le mur près du comptoir, des engrenages mal entretenus et du Cécémel que je dégustais religieusement. Il devait durer longtemps puisque je n’en recevrais pas d’autre. C’était ainsi… A l’époque pas question pour les enfants de se gaver de chips et de soda.

A l’arrière du café, il y avait un étang fréquenté par de nombreux pêcheurs. Papa a d’ailleurs participé à plusieurs concours. On y accédait par un petit pont enjambant la Sennette, rivière un peu capricieuse, gérée par des mains expertes qui activaient au besoin le mécanisme ouvrant les vannes du petit barrage en pierre situé non loin de là…

Et puis, le café, racheté par une secte,  a fermé ses portes, l’étang a été comblé, le petit pont n’a plus été entretenu et le barrage a été définitivement ouvert… Certaines de ses pierres ont d’ailleurs mystérieusement disparu… Tel l’univers de la Belle au Bois dormant, le Vieux Moulin s’est endormi… Pendant longtemps.

J’avais grandi… Une bande de jeunes à peine plus âgés que moi, refusant d’être ou de rester chômeurs se sont mis en tête de lui rendre vie. Ils l’ont racheté… Retapé… Et ont un jour rouvert le café sous les sourires narquois des habitants du coin. Il se disait que ces jeunes fous n’y connaissaient rien aux affaires, qu’ils se lasseraient vite et plein d’autres choses encore moins gentilles…

Bien des années plus tard, non seulement le Vieux Moulin existe toujours mais il a acquis ses lettres de noblesse. L’accueil y est sympathique et bon enfant. La carte des bières, véritable panel des spécialités belges, n’a rien à envier à celle des délicieux plats proposés en toute simplicité par Ali et son équipe.

Si bémol il doit y avoir, c’est à l’arrière du bâtiment qu’il se trouve… L’étang comblé est devenu morne plaine et du petit pont ne restent que quelques vestiges branlants interdits au public… Le barrage est devenu le refuge des canards et des poules d’eau. Mais la nature reprend toujours ses droits, pour le plus grand bonheur de quelques écureuils un peu taquins.

 

Lire la suite...

MOROSITE

                                                          

 

Le « joli mois de mai » est déjà sérieusement entamé…

De mon salon, j’entends les oiseaux du dehors qui essaient de jouer la sérénade malgré la pluie. Mon petit compagnon siffleur n’est pas encore assez bien réveillé pour leur damer le pion.

Je suis d’humeur morose… tout comme  l’arthrose qui se rappelle à moi. Aujourd’hui encore je ferai des gestes au rabais… Juste ce qu’il faut. A vrai dire, depuis quelque temps, je ne fais plus grand-chose sinon m’occuper de mes adorables bestioles…

Yvette et son arche :

A part deux ou trois sorties dans la cour ensoleillée, les hérissons m’ont bien fait comprendre qu’ils préfèrent leur baignoire.

Il n’a pas fallu longtemps pour que Ti’chou, le canari, se sente chez lui… Nous avons pas mal de conversations lui et moi. Installé dans la cuisine, il me donne son avis sur tous les plats, m’encourage pour la vaisselle et attend toujours très impatiemment son petit morceau de chicon ou de pomme…

Les Choupinoux, petits frères jumeaux espiègles, croisés york, toujours à mes côtés dans les bons comme dans les mauvais moments, passent leurs journées à somnoler… Ils n’ont aucune envie de courir au jardin, trop tristounet.

Lulu, lapine de son état, peaufine sans arrêt le toilettage de son petit compagnon cobaye. Il devrait en principe avoir le poil long… Elle doit détester cela.

Maya et Bouboule, autres cobayes finissent paisiblement leurs jours au salon… Elles doivent être pratiquement centenaires en années d’homme. Tous les animaux ont toujours vécu très vieux chez moi… Que les animaux…

Il me reste encore deux poissons dans la petite pièce d’eau au dehors… Les autres étaient aussi tellement vieux… Ils n’ont pas résisté à la rudesse de fin d’hiver.

Une gentille grenouille est venue d’on sait où leur tenir compagnie…

Un petit monde des merveilles… Hors du temps… Hors de l’agitation… Plein de tendresse… De douceur… D’amour… Contrairement à ce que beaucoup pensent, ils en sont capables… Gratuitement… Parce que ça leur fait plaisir… Que cela me fait du bien… Et que je plains bien sincèrement ceux qui pensent que je suis une ridicule vieille folle.

 

Lire la suite...

SOUVENIR D'ENFANCE...

Une image, une odeur, une atmosphère, un oiseau qui faisait notre ciel,… nous plongent parfois dans une enfance que nous avons tendance à embellir. Le bambin a grandi, ses goûts ont changé et peut-être après tout, n’est-ce qu’un leurre ?

Sa mémoire lui fait un film mais il s’obstine… Et aimerait tellement que, l’espace d’un instant ou quelques heures dans sa journée, le même bonheur lui revienne… Mais il se retrouve devant sa réalité et s’en trouve terriblement déçu… Alors, il s’en accommode et se dit, qu’après tout, il a bien vécu sans cela jusqu’à maintenant.

Qui ne se souvient des cuberdons de notre enfance ? Ils étaient tellement odorants que nous en salivions à l’avance… Il faut bien dire que si nous n’en étions pas privés, nous en connaissions la valeur, nos parents ne nous permettant de nous en délecter qu’avec parcimonie. Une fois en bouche, nous le gardions précieusement pendant quelques longues minutes pour nous en imprégner du goût avant de le croquer… C’était alors un feu d’artifice de saveurs qui pétillait sur le palais et glissait voluptueusement le long de la langue jusqu’au fond de la gorge… Nous recommencions l’opération jusqu’à ce qu’on nous le permette. Le petit sachet de bonbons restants était précieusement remis au fond de l’armoire jusqu’au lendemain…

J’ai vainement essayé de retrouver cette saveur d’antan. J’en ai testé des bonbons qui n’avaient de cuberdon que le nom. De toutes les couleurs alors que les vrais étaient rouges, sirupeux à l’intérieur et croquants… J’en ai été écœurée. Alors, je me contenterai de me souvenir…

Cuberdons, pâte de pommes, spéculoos, caramels au beurre, ballons de Tournai… Il a suffit d’y goûter un jour pour que la saveur reste ancrée en nous…

Lire la suite...

 

Ma sœur, qui préfère l’agitation de la ville à celle de la campagne, me faisait remarquer hier, alors que nous faisions la file à la caisse, que les gens trouvaient normal d’attendre tandis que deux caissières s’entretenaient entre elles pendant qu’une cliente prenait son temps pour ensacher ses achats…

Elle me disait que, dans son coin, chose pareille n’existerait pas sous peine d’une émeute. En effet, il m’est déjà arrivé, alors que je l’accompagnais, d’être étonnée de la rapidité avec laquelle vous êtes expédié… Vous n’en avez pas encore terminé avec les vôtres que, des marchandises du client qui vous suit arrivent déjà sur le tapis…

Si je déteste faire les courses, la caisse est le seul endroit où je me sens à l’aise dans un magasin… L’attente ne me dérange pas… Bien au contraire, je la mets à profit pour étudier le genre humain… Souvent étonnant : c’est là que vous trouvez la plus grande panoplie des vices et des vertus…

En premier, il y a la mémère qui s’est arrangée pour faire ses courses à l’heure de grande affluence et qui râle parce qu’elle est pressée… faisant des yeux de chien battu parce qu’il se trouve toujours une âme charitable, très souvent un jeune homme « bien de sa personne » qui détesterait qu’on pense que « les jeunes sont tous pareils » ou qui a tout simplement une âme de boyscout… Cette mémère donc, fini immanquablement par passer avant tout le monde…

Devant vous, la mère de famille rentrant du boulot et pressée d’aller nourrir ses oisillons affamés, vous prend à témoin de la situation… C’est tout juste si elle ne proposerait pas la solution finale pour tous ces vieux emmerdeurs qui n’ont que ça à faire toute la journée…

-Vous avez bien raison, madame, éradiquons les vieux… Mais avez-vous songé que nous le deviendrons tous un jour ? Et peut-être serons-nous alors bien content d’aller emmerder un tas de gens aux heures de pointes… Le seul moment où on peut encore voir du monde et se donner une importance qu’on a perdue au sein de sa famille.

 Des cris, des jérémiades, des pleurs… Il se trouve toujours l’un ou l’autre parent qui a fort à faire entre le petit tas hurleur qui se roule par terre, le caddie rempli de cochonneries sucrées, frelatées, jouets en tout genre, et les œillades outrées de la dame de bonne famille qui elle, « dresserait vite fait » le chenapan… Ce qu’elle essaie d’ailleurs vainement de faire. Finalement, le petit Kevin (pourquoi s’appellent-ils tous Kevin ?) triomphant, pose sur le tapis le jouet ou le bonbon que sa mère, jurant qu’on ne l’y reprendra plus, qu’il restera une autre fois seul à la maison, a renoncé à lui arracher des mains.

-J’adore tous les Kevin, je leur fais d’ailleurs toujours un clin d’œil complice… Pourquoi être sage ? Puisqu’alors vous ne recevez rien, pas même un encouragement… Le jouet qu’il ne regardera plus dans quelques minutes est son trophée, sa victoire… Pour quelle raison s’en priverait-il ? Et pourquoi devrait-on plaindre un parent qui n’a rien compris à l’éducation ? Une bonne action égale une récompense… fût-elle orale, un simple encouragement, une mise en valeur de l’acte d’être un enfant sage… Par contre, l’inverse est aussi vrai : si je ne suis plus adepte de la fessée, je refuse de croire, comme certains le prétendent, qu’un enfant est trop petit pour comprendre…

Mais je me perds dans mes pensées… Comme toujours lorsque je suis la dernière de la file d’attente… Ceux qui étaient derrière moi sont partis depuis longtemps à une autre caisse… Où, bien souvent, ils n’ont gagné que peu de temps.

Vous y trouvez aussi parfois le voleur, quasi pour le fun, puisqu’aux caisses, vous ne trouvez que les bonbons qui attireront le regard des Kevin… Ce qui, vous l’avouerez, ne vaut pas la peine d’être pris en flagrant délit…Tout le monde n’y a vu que du feu… Sauf moi… Mais il peut être rassuré : je ne suis pas une délatrice et puis,  les magasins, voleurs volés, n’ont qu’à être plus vigilants… J’admire la technique et je regarde ailleurs.

Ah, c’est à mon tour… Veuillez m’en excuser, mais je dois m’occuper de mes marchandises… Vous voyez, comme  cela va vite lorsqu’on prend la peine de prendre le temps et d’observer ses semblables.

Maintenant, je me consacre entièrement à la caissière… Avez-vous pensé qu’à l’heure où vous râlez parce qu’il faut encore faire des courses avant de rentrer du boulot ou pendant vos heures de liberté, elle travaille… Elle doit tout entendre, recevoir les plaintes, les affronts et les morves des Kevin ?

Alors, un bonjour, un merci et un au revoir… enrobés d’un sourire… Et quelques mots gentils pendant le scannage des marchandises… cela ne mange pas de pain, donne un peu de courage à la dame et me donne l’impression d’un peu de soleil dans mon petit cœur de hérisson.

Lire la suite...

JESUS, CE DOUX REVEUR...

 

Il nous avait démontré qu’il était possible de marcher sur l’eau.

Cela ne l’avait pas empêché de porter sa croix.

Mes rêves me portent au-delà d’une triste réalité… mais la croix me semble de plus en plus lourde à porter. Surtout lorsqu’on n’a de cesse de vouloir à tout prix marcher sur l’eau… Et je plonge.

Je flotte parce que j’ai appris à nager. Mais même le meilleur nageur, arrive à se noyer s’il n’a pas une bouée pour s’y accrocher.

J’ai voulu le meilleur… Et je l’ai. Mais j’avais oublié combien il m’était difficile de faire confiance… Alors, ma bulle, presque vide, ressemble à un grand lac immense et calme… Et je me surprends à vouloir marcher sur l’eau… Mais je suis ma seule spectatrice, seule face à moi-même… Et j’en perds mes moyens. La peur me reprend. Combien de fois, en une journée, je ne plonge pas ? Et je m’accroche à des bouées… Des placebos de l’existence…

J’ai énormément de contacts sur internet… Je les ai toujours amusés par mes écrits… Ils en redemandent à chaque fois… Et ça me fait plaisir… Cela flatte aussi mon ego… Et aussi l’impression de leur démontrer qu’il est possible de marcher sur l’eau ; que le seul miracle est la vie et ce qu’on en fait…

Ces derniers mois, j’ai un peu moins rêvé… Je n’ai écrit qu’aux gens qui m’avaient témoigné de l’intérêt… Mes bouées qui m’avaient aidé à me remettre à flot. Les autres ne se sont pas inquiétés… Ils en avaient le droit. Je n’ai pas la prétention d’imaginer que j’ai une quelconque importance pour qui que ce soit. Mais j’éprouve le besoin qu’on me le dise parfois…

Dès lors, pourquoi m’encombrer de boulets qui m’empêcheraient de réaliser mon rêve de marcher sur l’eau ? J’ai donc profité d’un futur changement d’adresse email pour envoyer un billet d’humeur à tous mes contacts… Du genre « si vous avez un chouia d’intérêt pour ma petite personne, faites-le moi savoir et je songerai à vous envoyer mes nouvelles coordonnées »

Eh bien, contre toute attente, ma connexion a chauffé : des « ouiiiii, je veux rester en contact », des excuses, deux déclarations d’amour et une invitation à un mariage… Eh bien, j’ignorais que j’étais aussi appréciée… Mais ils ont une drôle de manière de le montrer, non ?

Miracle ou nouveau leurre ? Et si, au lieu de vouloir marcher sur l’eau, les flots s’écartaient sur mon passage ? A force de trop vouloir en faire, on finit par ne plus apprécier ces petits plaisirs… Je ne me berce pas d’illusions mais je vais accepter ces témoignages de sympathie et je leur enverrai mes nouvelles coordonnées.

 

 

Lire la suite...

LIBERTINAGE...

La soirée d’hier est la meilleure que j’aie passée depuis le nouvel an :

Tout d’abord, la représentation théâtrale de « Le libertin » d’Eric Emmanuel Schmitt, donnée par une troupe d’amateurs très professionnels… Et rehaussée par de magnifiques décors et costumes.

Ensuite, le retour au « Vieux Moulin », cadre d’un prochain roman… On aurait pu y jouer la pièce… Une ambiance toujours des plus sympathiques… Malgré le monde, vous n’y êtes jamais dérangés… On vous y donne toujours l’impression d’être à votre écoute.

Ali, le cuistot magicien prépare, à la demande, un époustouflant thé à la menthe poivrée, aromatisé à la fleur d’oranger… Ou bien le thé « Louisa », une recette de Marrakech, à la verveine odorante… J’ai dégusté les deux. Un véritable ravissement.

Le moment s’y prêtant, le sujet de conversation s’est naturellement trouvé être la pièce et le libertinage…

Un bien joli mot comparé à ceux que l’on emploie aujourd’hui pour le même résultat : tout y est suggéré, très polisson et bien plus romantique que les termes « s’envoyer en l’air », « elle est bonne », « baiser », et encore bien plus vulgaires que l’on entend actuellement.

Non pas que je cautionne le libertinage… qui fait souffrir plus d’un mari ou d’une épouse. Ainsi que leurs enfants. Mais il existe depuis la nuit des temps et personne n’y pourra rien changer, certains le considérant comme un sport ou un challenge. Je n’aimerais d’ailleurs pas être la proie d’un pareil individu… Beau parleur et toujours à la chasse.

Et pourtant, qui n’est à la recherche de l’âme sœur ? Qui ne rêve pas de bras accueillants ou protecteurs ? Il y a toujours du romantisme à la base d’une relation. Je n’ai cependant pas le cœur libertin. J’ai encore la naïveté de croire, malgré mon âge avancé, en un « toujours ». Peut-être cela fait-il peur ?

En tout les cas, hier, si je suis rentrée seule dans mon cocon, c’était avec le sourire aux lèvres et pour quelques heures, j’avais oublié les quatre lettres gravées dans mon cerveau depuis mon opération.

Lire la suite...

Une voiture, c’est cher, ça pue et ça tue les fleurs… Parfois aussi les enfants. Mais c’est utile… On s’en aperçoit surtout quand on n’en a plus.

Si je n’en n’avais jamais eue, elle ne m’aurait pas manqué… J’aurais pris d’autres habitudes et j’aurais continué ainsi. Ce n’est pas le cas : pendant plus de trente ans, je me suis fait balader… Madame et son chauffeur… Et puis, la cata : un permis en poche mais trop de stress et pas assez de moyens.

En matière de moyens, ceux de locomotion, ne sont pas tristes… tellement de critères entrent en ligne de compte : il faut que ce soit en journée (le soir, je me sens en insécurité sur les quais, en bord de route, etc.)…  que je me sente assez bien (les escaliers, la hauteur des quais, les hautes marches des trains me brisent les jambes et le dos)… que ce soit le bon horaire… voire le bon jour (en week-end, pas ou peu de transports en commun chez moi)… la bonne destination (sans trop de correspondances, sinon, ça galère).

Il se trouve toujours quelqu’un pour dire : « Si tu as besoin, n’hésite pas… ». Et effectivement, j’ai beaucoup de chance. J’essaie toutefois de ne pas en abuser, de me débrouiller seule. Après tout, je n’avais qu’à pas la vendre cette foutue voiture… Les autres ont leurs propres soucis, leur vie et le carburant n’est pas gratos…

A ce sujet, lorsque quelqu’un me fait le plaisir de me prendre en charge, j’estime qu’il est normal qu’il en soit dédommagé… Mais comment présenter cela à un ami qui le fera volontiers et tout naturellement sans rien attendre en échange et sera, au contraire choqué, que vous ayez l’ombre d’un instant pensé qu’il puisse en être autrement. Et vous, vous serez gênée d’avoir, par votre faute, encore un peu plus grevé son budget, pris de son temps ou empêché de faire quelque chose qui lui tenait à cœur… Et vous essayerez d’encore moins faire appel à lui… Ce qui le fâcherait ou l’attristerait s’il savait… Quitte à vous priver d’un bien-être ou à remettre ou annuler un rendez-vous, une sortie ou une course.

Je me suis donc organisée pour dépendre le moins possible de mon entourage : ma commune met à la disposition d’allocataires sociaux ou de personnes ne possédant pas de véhicule, un transport social disponible en semaine aux heures de pointe, dans un rayon d’action assez large pour vous rendre à l’hôpital de votre choix, faire les courses ou vous déposer chez le coiffeur ou vos amis… Ce n’est déjà pas si mal.

Tout d’abord, mon fils m’a conduite au cours du soir de sophrologie… C’était trop beau pour durer. Ensuite, un de mes condisciples habitant près de chez moi a pris la relève… Mais il a abandonné le cours. Il a donc fallu trouver une autre solution… Faut-il que la sophrologie me tienne à cœur… J’ai fait appel à un bénévole qu’une amie d’une amie connaissait assez bien… Au téléphone, il m’a paru sympa… Je n’ai pas osé lui demander son tarif… Je stresse à l’idée de me faire véhiculer par quelqu’un d’inconnu… Mais les tarifs des taxis sont un peu exorbitants. Alors, j’essaie de gérer au mieux… je fais quelques respirations supplémentaires et fais appel au « petit bonhomme chinois ». Le paradoxe : faire des exercices de sophrologie pour pouvoir étudier la sophrologie…

Lire la suite...