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Ma sœur, qui préfère l’agitation de la ville à celle de la campagne, me faisait remarquer hier, alors que nous faisions la file à la caisse, que les gens trouvaient normal d’attendre tandis que deux caissières s’entretenaient entre elles pendant qu’une cliente prenait son temps pour ensacher ses achats…

Elle me disait que, dans son coin, chose pareille n’existerait pas sous peine d’une émeute. En effet, il m’est déjà arrivé, alors que je l’accompagnais, d’être étonnée de la rapidité avec laquelle vous êtes expédié… Vous n’en avez pas encore terminé avec les vôtres que, des marchandises du client qui vous suit arrivent déjà sur le tapis…

Si je déteste faire les courses, la caisse est le seul endroit où je me sens à l’aise dans un magasin… L’attente ne me dérange pas… Bien au contraire, je la mets à profit pour étudier le genre humain… Souvent étonnant : c’est là que vous trouvez la plus grande panoplie des vices et des vertus…

En premier, il y a la mémère qui s’est arrangée pour faire ses courses à l’heure de grande affluence et qui râle parce qu’elle est pressée… faisant des yeux de chien battu parce qu’il se trouve toujours une âme charitable, très souvent un jeune homme « bien de sa personne » qui détesterait qu’on pense que « les jeunes sont tous pareils » ou qui a tout simplement une âme de boyscout… Cette mémère donc, fini immanquablement par passer avant tout le monde…

Devant vous, la mère de famille rentrant du boulot et pressée d’aller nourrir ses oisillons affamés, vous prend à témoin de la situation… C’est tout juste si elle ne proposerait pas la solution finale pour tous ces vieux emmerdeurs qui n’ont que ça à faire toute la journée…

-Vous avez bien raison, madame, éradiquons les vieux… Mais avez-vous songé que nous le deviendrons tous un jour ? Et peut-être serons-nous alors bien content d’aller emmerder un tas de gens aux heures de pointes… Le seul moment où on peut encore voir du monde et se donner une importance qu’on a perdue au sein de sa famille.

 Des cris, des jérémiades, des pleurs… Il se trouve toujours l’un ou l’autre parent qui a fort à faire entre le petit tas hurleur qui se roule par terre, le caddie rempli de cochonneries sucrées, frelatées, jouets en tout genre, et les œillades outrées de la dame de bonne famille qui elle, « dresserait vite fait » le chenapan… Ce qu’elle essaie d’ailleurs vainement de faire. Finalement, le petit Kevin (pourquoi s’appellent-ils tous Kevin ?) triomphant, pose sur le tapis le jouet ou le bonbon que sa mère, jurant qu’on ne l’y reprendra plus, qu’il restera une autre fois seul à la maison, a renoncé à lui arracher des mains.

-J’adore tous les Kevin, je leur fais d’ailleurs toujours un clin d’œil complice… Pourquoi être sage ? Puisqu’alors vous ne recevez rien, pas même un encouragement… Le jouet qu’il ne regardera plus dans quelques minutes est son trophée, sa victoire… Pour quelle raison s’en priverait-il ? Et pourquoi devrait-on plaindre un parent qui n’a rien compris à l’éducation ? Une bonne action égale une récompense… fût-elle orale, un simple encouragement, une mise en valeur de l’acte d’être un enfant sage… Par contre, l’inverse est aussi vrai : si je ne suis plus adepte de la fessée, je refuse de croire, comme certains le prétendent, qu’un enfant est trop petit pour comprendre…

Mais je me perds dans mes pensées… Comme toujours lorsque je suis la dernière de la file d’attente… Ceux qui étaient derrière moi sont partis depuis longtemps à une autre caisse… Où, bien souvent, ils n’ont gagné que peu de temps.

Vous y trouvez aussi parfois le voleur, quasi pour le fun, puisqu’aux caisses, vous ne trouvez que les bonbons qui attireront le regard des Kevin… Ce qui, vous l’avouerez, ne vaut pas la peine d’être pris en flagrant délit…Tout le monde n’y a vu que du feu… Sauf moi… Mais il peut être rassuré : je ne suis pas une délatrice et puis,  les magasins, voleurs volés, n’ont qu’à être plus vigilants… J’admire la technique et je regarde ailleurs.

Ah, c’est à mon tour… Veuillez m’en excuser, mais je dois m’occuper de mes marchandises… Vous voyez, comme  cela va vite lorsqu’on prend la peine de prendre le temps et d’observer ses semblables.

Maintenant, je me consacre entièrement à la caissière… Avez-vous pensé qu’à l’heure où vous râlez parce qu’il faut encore faire des courses avant de rentrer du boulot ou pendant vos heures de liberté, elle travaille… Elle doit tout entendre, recevoir les plaintes, les affronts et les morves des Kevin ?

Alors, un bonjour, un merci et un au revoir… enrobés d’un sourire… Et quelques mots gentils pendant le scannage des marchandises… cela ne mange pas de pain, donne un peu de courage à la dame et me donne l’impression d’un peu de soleil dans mon petit cœur de hérisson.

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Commentaires

  • Merci Rosyline

    Cela ne saurait tarder. Je suis ravie que mes petites chroniques te plaisent.

    Bonne soirée

  • Quel plaisir de lire et constater que je ne suis pas seule à avoir ce comportement, je fais toujours mes courses en pensant que ce doit être un moment de délassement et je prends aussi le temps d'observer la foule en délire.  Arrivant complètement zen aux caisses je suis toujours acceuillie avec un sourire et un petit mot ce que chacun devrai partager au lieu de suivre le mouvement de mauvaises éducations du temps actuel.

                                                                Jacqueline

  • Merci...

    En effet, la situation est universelle et pas prête de changer.

    Tu as raison, Jo. Il vaut mieux garder le sourire et être indulgent pour nos semblables.

    Ne t'inquiète pas Adyne, j'observe uniquement pour mon information personnelle et me donner des idées pour mes bouquins. Mais il est certain que nous sommes tous observés, à commencer par les caméras de ton magasin favori.

    Merci à tous pour vos gentils messages

  • Et voilà ! A lire les commentaires, j'ai l'impression que la situation est universelle (effet de la mondialisation). Ce n'est pas moi qui te contredirai ! C'est pareil à la petite supérette près de chez moi.

    Ton regard sur les autres est indulgent. Je trouve que tu as raison. L'humanité dans son ensemble (caissières comprises) a bien besoin d'un peu de compréhension et de quelques sourires.

    Jo

  • Bonjour Yvette,

    La description est amusante, je ne passerai plus à la caisse sans penser, que je suis observée:-)

    Adyne

  • Merci pour ce délicieux commentaire, Olivier.

    Non, mes hérissons ne sont pas encore sortis de leur baignoire... Ils ont jugé qu'il faisait trop froid dehors et ont demandé pour rentrer. Nous sommes en effet très loin du printemps de Bali: pluie, vent et température sous la moyenne...

    Chez nous, pour limiter la consommation de plastiques, les sacs sont payants. De plus en plus, chacun apporte son propre cabas.

    J'ai une amie qui fait comme toi: elle zieute d'abord le caddie et se fait tout un film sur le comportement de la famille.

    Bonne journée et bonnes courses...

  • ah que oui !!! J'aime faire les courses car comme vous je zieute à gauche à droite, le comportement mais aussi ce qu'ils achètent, ya les bio, les gourmands, les radins, et puis les comme moi qui n'achète que deux trois trucs à la fois, car tête de linotte j'oublie toujours quelque chose...

    Ici à Bali c'est aussi moi qui fait les courses, et j'aime ça, je suis efficace et les caissières sont souriantes, soyez en sure que moi aussi je leur demande comment elles vont, je les remercie et surtout je leur dis d'y aller molo avec les sacs en plastique..eh oui pays en plein développement, la consommation est au top et il faut de des plastiques pour emballer les paquets plastifiés bien sur...

    Drôle de monde mais la bonne chose, c'est qu'on s'y amuse !!!

    Bisous aux hérissons, je suppose qu'avec ce printemps bien entamé, ils doivent être sortis de leur baignoire hivernale 

  • Merci Rébecca. En effet de grands moments qui nous permettent de voir vivre nos semblables et de nous dire modestement que nos amies les bêtes ont parfois des qualités qui nous manquent

  • Un humour rafraichissant petit cœur hérisson tendre.

    Je m'amuse aussi comme vous dans la queue bigarrée Lausannoise

    où toutes ces caractéristiques se retrouvent ou presque.

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