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Le Salon International de la littérature en langue Française est le premier rassemblement dédié à la littérature en provenance de toute la Francophonie. 

Ce lieu virtuel permet aux lecteurs, aux auteurs, aux éditeurs, aux libraires et tous ceux qui tournent en orbite autour de la passion d'écrire de créer des liens privilégiés.

​Sans restriction de contrée vous aurez l'opportunité de rencontrer ici vos auteurs préférés, de faire des découvertes, d'acquérir vos nouveautés et participer à des conférences, des lectures et si vous en avez envie, de poser vos questions en toute liberté.

Vous pouvez d'ores et déjà connaître les auteurs participants et découvrir leurs oeuvres !

Site du salon

Du 04/12/2020 au 06/12/2020
 

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Biographie et bibliographie

À l’issue d’une carrière en ingénierie informatique (industrie aéronautique), Christian Eychloma décide de se consacrer à l’écriture, et plus spécifiquement à la science-fiction dont il renouvelle le genre.

D’un naturel extrêmement curieux, l’auteur s’est toujours beaucoup intéressé aux sciences et aux techniques, à la genèse des découvertes et à leur avenir, consacrant l’essentiel de son temps libre à approfondir ses connaissances dans tous les domaines, dévorant des ouvrages de vulgarisation et… de science-fiction !

Aiguillonné par ses interrogations sur la nature de la réalité, son intérêt n’a notamment jamais faibli pour les développements théoriques et philosophiques concernant la Relativité et la physique quantique, ceci en raison de l’obligation que nous font ces percées conceptuelles de remettre en cause nos paradigmes habituels.

S’attachant à proposer à ses lecteurs des histoires originales porteuses de sens, il a à ce jour publié six romans (anticipation et uchronie) qui ont connu un vif succès auprès des connaisseurs comme des simples curieux :

– « Que le Diable nous emporte… »,  un fabuleux « space opera »  

– « Ainsi soit-il… »,  un peu la suite du premier

– « Mon Amour à Pompéi »,  récit d’un voyage temporel dans l’empire romain

– « Les Larmes de Titus »,  la suite du précédent

– « Le Dilemme de Trajan »,  dernier opus de la trilogie

– « Ta mémoire, pareille aux fables incertaines »,  récit de deux destins semblables pourtant séparés dans le temps et dans l’espace.

 

Remarques :

« Que le Diable nous emporte… » publié à l’origine en deux tomes, republié en un seul tome dans une nouvelle collection.

Les cinq autres ouvrages également publiés ou republiés dans la nouvelle collection.

 

Contacts :

Courriel : christian.eychloma@sfr.fr

Blog de l’auteur : http://futurs-incertains.over-blog.com/

Site de l’éditeur : http://www.editionschloedeslys.be/

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DOUCEUR DU SOIR...

Perdu dans la noirceur du soir

Un trois-quarts de lune me sourit

Comme un clin d'œil porteur d'espoir

Une porte ouverte vers la vie...

Blottie au creux de la maison

aux douces lumières tamisées

Je peux repousser la raison

Aussi la course des années...

Mon esprit apaisé s'envole

Avec les instants de bonheur

Qu'avec toi encore je vole

Et je laisse rêver mon cœur...

J.G.

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Poème visuel (1)

12273355870?profile=original« Si l’on avait vaincu le secret de l’immortalité,
On ne compterait plus les allées et venues du printemps. »,

                                                                                      Anonyme chinois (XVIIIe s.)

Poème visuel

Quand les mots ne suffisent plus
Quand le mystère est trop grand
Que même la pierre ne peut exprimer l’indicible
Que ma plume s’assèche en attendant le jour
Que l’hiver espère un nouveau printemps
Alors la nature toute entière se grave dans ma mémoire
Comment s’en détacher ?
Et je pleure sur le monde d’hier.

                                                                                                    Michel Lansardière

Illustration : Pierre de rêve (mengshi)
Infinie terminologie faite de fantaisie et de poésie, on parlera de « pierres de rêve » (mengshi), « pierres étranges » (qishi), « pierres de couleurs » (caishi)… ou simples « pierres de décoration » (kazari-shi) toutes vous transportent et vous poussent à aimer.
Il s’agit d’une calcédoine (agate), polie comme un miroir,
finement ciselée et dorée sur tranche
(la tranche supérieure est en effet recouverte d’émail doré selon une technique, laque et or, proche du kintsugi, « jointure en or », japonais).

Ce que fit le lettré ?…

Il s’assit alors sous le pin de la longévité…

Le prochain billet lui sera consacré…


M. L.

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                                      QUAND LA CARICATURE SAUVE LE MONDE : L’ART DE MARC VIOULÈS

Du 04-09 au 27-09-20, l’ESPACE ART GALERY (83, Rue de Laeken, 1000 Bruxelles) a eu le plaisir d’exposer l’œuvre du peintre français, Monsieur MARC VIOULÈS, intitulée : TRANCHES DE VIE.   

L’œuvre de MARC VIOULÈS est régie par la ligne directrice de la caricature dans toute la noblesse de sa nature. Cela est dû au fait qu’il y a, parmi tant de choses, l’empreinte de la bande dessinée dans son écriture picturale. Mais il y a également la grandeur d’un Daumier dans sa satyre corrosive. Son œuvre nous offre une critique parfois acerbe mais toujours humoristique de la société contemporaine. Ses failles, ses inconsistances et ses tares sont mises en exergue par une écriture associant forme et couleur pour atteindre son but. Parmi les sujets présents dans cette exposition, c’est avant tout la thématique du couple qui est à l’honneur. Le couple et tout ce qui y gravite autour. Il s’agit manifestement du couple contemporain, campé dans une série de situations particulières. Force est de constater que la composition est toujours associée au titre qui l’accompagne. Nous pourrions carrément dire « qui la sous-tend ».

Suivant la dialectique proposée par titre de l’exposition, la thématique du couple est présentée de façon (socialement) évolutive. Par « socialement », nous entendons un ensemble d’émois et de pulsions, lesquels vont en se répercutant dans leur image sociale. Cela se concrétise par une série de toiles intitulée NOUS DEUX. L’artiste débute son parcours par l’enfance de l’amour, en nous présentant l’image des premiers émois amoureux.

LA MÉLODIE DE L’ACNÉ (81 x 65 cm-huile sur toile)

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Une atmosphère de candeur régit cette mélodie où l’acné n’est que l’indicateur de l’étape humaine du couple : la prime jeunesse. Elle se manifeste à titre picturalement indicatif sur le visage des personnages. La composition est fort intéressante. Tout est régi par le signe (comme d’ailleurs l’ensemble des œuvres exposées). A’ l’avant-plan (à droite), se trouvent les signifiés de la mélodie, à savoir l’électrophone avec le disque qui tourne. Au centre, sont indiqués à la fois la couverture extérieure du disque avec sur le haut à droite, le logo en forme de « V » renversé que l’on retrouve sur le disque ainsi que l’illustration montrant un groupe de sept personnages tournés vers la mer, desquels se déploie tout en longueur leur ombre.

Un détail significatif exprimant le parcours du temps se manifeste dans la deuxième couverture, intérieure celle-là, posée à côté de l’enveloppe extérieure.

En effet, dans un passé assez lointain, les disques étaient emballés dans deux couvertures (une extérieure, l’autre intérieure). Le plan moyen de l’image nous montre le couple tendrement enlacé. L’arrière-plan est constitué du papier peint ornant la chambre. Les figures à l’avant plan sont « en lévitation » dans l’espace, en ce sens qu’elles semblent flotter. Cela est dû à la position allongée du couple, bercée à l’intérieur d’un espace ondulant qui les recueille dans une forme de chrysalide chromatique. Ce qui confère la matérialité essentielle à l’électrophone, c’est précisément le disque qui tourne sur lui-même. Il est figuré en plan, dominant l’appareil campé de trois-quarts, reposant sur une table. Les couvertures sur le lit sont également conçues en plan. Celle extérieure s’affirme bien droite tandis que la couverture intérieure traduit l’enflure d’un pli du fait qu’elle repose sur le bord du lit. Le plan moyen montrant le couple est un exemple de raccourcis créant le rythme. Du couple, le premier personnage émergeant au regard est le garçon, campé dans son entièreté physique. A’ partir de ce premier personnage, naît la jeune fille dont nous ne percevons que le visage, posé sur le bras du jeune homme. Elle n’apparaît que par « à-coups », en ce sens que tout ce qui se révèle de son corps ce sont ses jambes et ses bras. L’arrière-plan enveloppe l’ensemble engendrant une consistance chromatique. Le chromatisme tient, comme dans toute l’œuvre de l’artiste, un rôle primordial. Les couleurs tendent vers l’harmonie : le bleu (en dégradés), le vert du papier peint et le blanc immaculé de la couverture intérieure du 45 tours se conjuguent et se répondent sans le moindre antagonisme. Tout contribue à l’existence de la mélodie amoureuse. Il y a, néanmoins, un élément troublant : nous avons évoqué la présence de l’électrophone, du vinyle ainsi que des couvertures pour disques. Ce qui tant dans l’imaginaire comme dans le vécu (probable) du visiteur évoquent des images du passé. Déjà, le fait d’avoir utilisé le mot « électrophone » participe du passé. Par conséquent, il nous faut imaginer que la prime jeunesse de ce couple date déjà de plusieurs années. Quelle est alors la surprise de constater que le pantalon du jeune homme est coupé au rasoir sur plusieurs endroits, comme ceux des jeunes d’aujourd’hui! L’artiste a voulu mettre en scène une nostalgie qui ne l’est déjà plus, en ce sens qu’il s’est plu à illustrer la renaissance d’une technologie laquelle semblait moribonde, sinon morte, celle du vinyle.

En cela, par le choc sémantique créé par la présence du jeune aux pantalons striés au rasoir et du 45 tours d’antan, il a voulu peindre une jeunesse « intemporelle ».

Pour la petite histoire, il s’est plu à représenter sur la couverture un groupe de  rock français nommé « Archive » dont l’enregistrement proposé par le vinyle est sorti vers 2010.

Interrogé à ce sujet, il parle d’un « éternel recommencement », en se demandant si, somme toute, l’Homme ne serait pas un être ontologiquement nostalgique. Néanmoins, indépendamment de tout questionnement, l’idée d’un départ dans la vie sociale coïncidant avec l’élément pulsionnel amoureux et formateur sont indiscutablement présents.  

Procédant dans leur parcours à la fois intime et social, le couple accède à la procréation.

UN LÉGER COUP DE BARRE (146 x 114 cm-huile sur toile)

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Cette toile nous démontre la maestria de l’artiste en tant que cadreur de toute première force. La forme, morcelée en plusieurs éléments, s’inscrit pleinement dans les dimensions du cadre. Un cubisme, autant personnel que discret, structure la toile. A’ l’avant-plan, se distinguent, en premier lieu les pantoufles des personnages. Celles de l’homme oscillent entre deux variations sur le bleu, alternant sur des stries d’intensité chromatique différentes. La position du personnage masculin, affalé sur le divan permet aux jambes de se plier pour rejoindre, derechef, les pantoufles par le biais de l’utilisation du trait de couleur rouge, démarquant les zones et précisant également le volume du rendu physique de l’homme. Le repli des jambes ainsi que des bras (désarticulés par l’intensité de l’effort), accélèrent ce cubisme discret. Remarquons que l’artiste utilise une technique picturale remontant à l’Antiquité classique que l’on nomme « le rabattement interne », consistant à ramener les éléments vers l’intérieur de la toile pour augmenter le côté à la fois « rationnel » mais « fouillé » de la mise en scène spatiale. Participant de ce même jeu cubiste, la chemise du personnage, réalisée en un damier blanc et bleu, accentue la tension rythmique dans la dynamique de l’ensemble. Par sa posture, le personnage féminin contribue à ce même discours rythmique.

Son bras droit (gauche par rapport au visiteur), posé sur l’épaule de son compagnon, crée par un balancement des bras, une diagonale qu’appuie la direction prise par son visage, tourné vers la droite (la gauche par rapport au visiteur).

Autre manifestation au cubisme discret, le divan, « ramassant » le couple est conçu en une série de huit segments, chacun d’entre eux étant séparé par un trait rouge, celui-là même servant à structurer la silhouette de l’homme, à l’intérieur de sa forme. La dernière manifestation de ce cubisme discret, nous est apportée par la décoration du papier peint, constituée d’un décor imaginaire rappelant le motif floral. L’expression du couple, unique tant pour l’homme que pour la femme, traduit l’immense l’effort physique et moral par l’impact métaphorique d’une énorme fatigue sociale. Les yeux sont fermés. La bouche est ouverte. Les traits du visage obéissent dans leurs traitement au reste de la composition : ils sont délimités par le même trait de couleur rouge, évoqué plus haut, accentuant le relief à l’origine du volume. La femme montre sa maternité par la présence de son sein sorti du corsage. En réalité, son sein est le seul élément plastique indiquant qu’elle possède un corps : celui de la maternité. Partant de son visage pour se poursuivre avec son cou, le sein duquel s’échappe une goutte de lait, termine cette suite composée de trois signes charnels, mettant en exergue trois parties identifiables de son être féminin et social. Le jeu des mains, unissant les personnages, est également fort intéressant. Par leur relâchement, elles accentuent la mollesse des corps. Remarquons la main gauche (droite par rapport au visiteur) du personnage masculin tenant d’un doigt la tétine de l’enfant. Comme pour l’homme, les jambes de la femme, repliées sur elle-même, accentuent l’élément cubiste mentionné plus haut. Insistons sur le fait qu’à l’intérieur de la géométrie structurant les jambes des personnages, se profilent une série de stries évoquant les reliefs créés par les plis des étoffes. Ces stries sont blanches pour mettre en relief le pantalon bleu de l’homme et bleu-foncé pour souligner les plis du vêtement vert de la femme. Le seul personnage « vivant » du groupe est l’enfant qui l’air espiègle, fixe le visiteur. Notons que même si cette scène est régie par une forte charge humoristique et caricaturale, cette situation se retrouve dans l’histoire de la peinture depuis le 2ème siècle jusqu’à la Renaissance, dans la représentation de l’Enfant Jésus assis sur les genoux de la Vierge allaitant. On la nomme d’ailleurs « La Vierge du lait ». Bien que l’enfant ici représenté ne soit pas en train de téter comme on le voit dans les sujets sacrés, une goutte de lait transparait du sein nu de la femme. Cette goutte de lait sanctionne l’image de la maternité dans son statut social. Il arrive souvent que dans l’art religieux, l’enfant interpelle le visiteur en le fixant du regard. C’est le cas en ce qui concerne l’œuvre de l’artiste.

La pantoufle retournée, à l’avant-plan, contribue à souligner cette atmosphère de chienlit. La couleur dominante est assurément le bleu. Celui-ci alterne de façon harmonieuse avec le rouge, à la fois clair et foncé ainsi qu’avec le vert du vêtement de la femme. De même qu’il épouse le jaune tendre de l’abat-jour, duquel émane une lumière douce et claire ainsi qu’avec le blanc ressortant de la chemise à carreaux du personnage masculin.  

Si LA MÉLODIE DE L’ACNÉ ainsi que UN LÉGER COUP DE BARRE (évoqués plus haut) faisant partie de la série NOUS DEUX traduisent les débuts de l’existence du couple (le premier amour et la constitution de la famille), la série LE SEXE, annonce avec LA BROUETTE THAÏLANDAISE l’embourgeoisement affirmé du couple dans tout ce qu’il y a de plus délicieusement pervers.   

LA BROUETTE THAÏLANDAISE (81 x 65 cm-huile sur toile)

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Le regard acerbe que l’artiste lance à cette phase traversée par le couple, met en exergue à la fois le côté « voyeuriste » de ce dernier mais également la peur existentielle vis-à-vis de sa défaillance croissante par rapport à sa propre libido, que l’on peut ressentir (malgré la charge caricaturale) comme l’antichambre de la mort. Trois éléments de perspective structurent la toile : le lit occupant l’ensemble de l’espace, à l’avant-plan, avec le couple qui y est comme « prisonnier » tenant le « Kamasutra » grand ouvert, occupant le plan moyen. Le couple, enveloppé à l’intérieur d’un grand coussin, regarde les illustrations érotiques di livre. L’attitude des personnages ne se prête à aucune équivoque : ils sont médusés par ce qu’ils voient. Nous pouvons même nous risquer à dire « apeurés » par ce qu’ils découvrent. Observez l’attitude de la femme qui « s’agrippe » à son mari. Est-ce la peur? Est-ce le désir? Force est de constater que Freud avait raison : peur et désir se conjuguent. Et ils se conjuguent dans le cadre rassurant d’un univers bourgeois qui étouffe doucement ses propres angoisses. C’est à ce stade qu’intervient le rôle du chromatisme. L’œuvre se structure principalement sur deux couleurs : le vert (en dégradés) et le jaune. C'est-à-dire des couleurs tendres. Le vert de la couverture et du baldaquin répondent au jaune du coussin et des abat-jours. Seul le blanc du drap tranche avec l’ensemble.

On devine les jambes des personnages qui le soulèvent, créant ainsi le volume. L’arrière-plan, toujours constitué de papier peint, nous propose des motifs géométriques, contribuant à structurer l’ensemble à l’intérieur d’un cadre se voulant « rationnel » mais qui déjà, par la situation même, trahit ses propres angoisses. La couleur rouge bordeaux du Kamasutra, le nu féminin au centre de la couverture du livre, appuie le côté « agité » du drap se soulevant frénétiquement. Les deux abat-jours, chacun dans une extrémité par rapport à l’autre, terminent la composition. Tous deux exhalent une lumière se mariant à celle du coussin.

LES PREMIERS SIGNES (81 x 65 cm-huile sur toile)

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Au contact premier avec cette œuvre, l’on pourrait croire qu’il n’y a que deux personnages : l’homme et la femme. En fait, ils sont trois, en comptant le miroir.

C’est ce dernier qui les révèle au visiteur. Car ceux-ci, même s’ils sont supposés se trouver devant le miroir, sont « enfermés » à l’intérieur de leur propre reflet. Le couple peut être le reflet du visiteur qui constate l’évocation des signes du temps sur son propre visage. Comme toujours, avec l’artiste, une série de signes nous conduisent vers l’essentiel : à l’avant-plan, le lavabo (schématisé), viennent ensuite la tablette avec dessus les produits de beauté. Arrivé à l’arrière-plan, celui-ci nous conduit vers le nœud du discours, à savoir le temps qui passe. En haut du miroir, une paire de luminaires exhalent une lumière vive qui nous illumine. Car, au-delà de l’évolution du couple en tant que tel, le discours de l’artiste devient universel, en ce sens qu’il parle au visiteur. Le personnage du miroir, tout torsadé, appartient à l’univers du conte de fée : « Miroir, mon beau miroir, dis-moi qui est la plus belle! » Dès lors, il est intéressant d’observer la gestuelle des personnages : la femme s’aperçoit de la présence d’un cheveu blanc (est-ce le premier?). L’homme, lui, constate ses premières rides. A’ l’instar de LA BROUETTE THAÏLANDAISE (cité plus haut), la composition se termine dans ses extrémités par deux éléments, à savoir le porte dentifrice (à gauche) et un globe en verre (à droite).

L’artiste s’exprime également dans les petits formats.

LES BONS SOUVENIRS (55 x 44 cm-huile sur toile)

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Le couple, apaisé, parcoure l’album des photos comme l’on arpente sa vie. La femme pose son doigt sur une photo. L’homme a l’attitude du rêveur, disons du « rêveur pensif ».

Une fois encore, ils sont enserrés à l’intérieur d’un élément matériel qui les unit, à savoir le divan. L’arrière-plan est constitué d’une cheminée, sur laquelle reposent un miroir accompagné d’une pendule, au centre.

Une pile de vieux livres sur la droite ainsi que la statuette d’un singe sur la gauche. L’avant-plan est structuré à la fois par l’album des photos et un gsm, sur la gauche et d’un porte-monnaie, sur la droite. Le gsm se trouve du côté de la femme.

Le porte-monnaie se trouve du côté du mari. Il y a là, comme une antinomie résistante par rapport au temps qui passe. L’image du vieux couple ayant traversé les décennies que l’on imaginerait tranquillement assis au coin du feu, vestige d’une image d’Epinal, altérée par la présence du gsm, soulignant la modernité au diapason du siècle. Notons que l’engin se trouve devant la femme…le mari se contentant de compter sa mitraille! Les couleurs sont essentiellement vives (rouge et bleu, en dégradés), traduisant la joie de vivre.

La chaise esquissée sur la gauche est conçue dans la tonalité verte (en dégradés). L’abat-jour terminant la composition est réalisé en jaune vif.

Nous avons évoqué plus haut la satyre corrosive digne d’un Daumier. Cela se ressent dans la réalisation des GRANDES DÉCISIONS (130 x 97 cm-huile sur toile).

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Réalisée en pleine époque du premier confinement dû au Covid-19, cette œuvre à forte dominante bleu, nous montre un groupe de onze fonctionnaires de l’Etat entourant le « décideur » chargé de prendre La décision irrévocable de tuer le virus (sur la gauche et à l’avant-plan). D’emblée, l’on observe que, contrairement à ce que pourrait évoquer en nous le titre, ces « grandes décisions » ne se prennent pas collectivement mais bien par une seule personne : le personnage à l’avant-plan. On le remarque avant tout par le fait que lui seul jouit du « privilège » d’avoir les chairs du visage mises en valeur, voire « personnalisées » par la lumière. Son attitude pensive, signe de réflexion aigüe, appuie l’action décisionnelle à venir…si jamais elle viendra! En outre, les onze personnages l’entourant ne sont que des comparses n’ayant pas droit au chapitre, renforçant ainsi une ambiance d’emblée théâtrale, à cheval entre Daumier et Courteline. En réalité, les visages des comparses sont, à y regarder de près, privés d’humanité. Ce sont, en fait, des masques au teint cadavérique à l’instar de la totalité de la scène à l’atmosphère macabre.

Le seul personnage « humain » n’est autre que le décideur car son visage, bien que caricaturé, exprime le poids de la décision à prendre. Une atmosphère à la fois bleue et nocturne inonde l’espace, mettant en relief chacun des personnages. Cette œuvre est carrément une parabole adressée à notre société.  

Les constantes régissant l’œuvre de l’artiste se retrouvent essentiellement dans un jeu de mains de type expressionniste ainsi que dans des visages caricaturés à l’extrême, lesquels aboutissent au bout de l’expression dictée par la situation ou le sentiment.

L’œuvre est surtout régie par un dialogue « ubuesque » dans la scansion narrative des couleurs, au service de la trame picturale. Le visiteur remarquera que l’artiste a toujours éprouvé un immense attrait pour la bande dessinée. Le dessin qu’il a pratiqué très jeune a été le moteur de la vocation d’artiste. Sa formation est académique.

Dès l’âge de dix-sept ans, il a fréquenté les Beaux Arts de Lorient, sa ville natale, où il s’est formé en architecture, perfectionnant ainsi ses recherches sur la perspective. Une fois obtenu son diplôme en architecture et en décoration à l’âge de vingt ans, il a axé ses recherches vers l’aquarelle pour se diriger ensuite vers la technique à l’huile au début des années ’90. Breton d’origine et de culture, il s’est dans un premier temps dirigé vers les « marines » et les paysages champêtres avant de trouver sa propre écriture. De très grands noms de la bande dessinée et de l’animation ont influencé l’artiste, tels que Hergé et Walt Disney. Dans un autre registre, Van Gogh et Buffet ont eu sur lui une grande influence. Cela se constate dans l’importance constante qu’il accorde aux couleurs. Celles-ci témoignent des phases tant humoristiques que désopilantes dans le déploiement d’un chromatisme vif, souvent à outrance. Elles assument une saveur létale lorsqu’il faut aborder des thèmes tels que le Covid-19, à l’instar des GRANDES DÉCISIONS (mentionné plus haut). Concernant la caricature, Honoré Daumier joue incontestablement le rôle de mentor. La problématique du couple, pris en tant que baromètre social, est le thème de prédilection qu’il décline dans toutes ses phases. L’artiste se considère « fâché avec la société ». Qui ne le serait pas ? Et c’est à ce moment-là qu’intervient l’humour, souvent corrosif, lequel se déclenche par la recherche du titre.

En effet, il ne vous aura pas échappé qu’il est en adéquation totale avec le sujet. En réalité, l’artiste attaque la toile par le titre en tant qu’idée de départ mais comme dans toute création qui se respecte, cette idée de départ peut par la suite, déboucher sur autre chose. Il est décidé à poursuivre cet itinéraire tant qu’il aura des choses à exprimer, en se concentrant sur la conception des personnages dans l’expression faciale, laquelle se voudra de plus en plus minimaliste dans le but d’arriver à l’essentiel. Bien que cette exposition présente à la fois des grands et des petits formats, l’artiste se sent décidément à l’aise avec les grandes surfaces, lesquelles lui permettent de s’exprimer davantage.

MARC VIOULÈS, par sa verve picturale, met le doigt sur ce qui forge notre société. Certains de ses aspects sont hilarants, d’autres sont moins glorieux et certains d’entre eux sont même tragiques. Son extraordinaire talent de peintre devient « prophétique », en ce sens que par le miroir qu’il nous tend, il souligne sans pour autant les juger, nos propres failles.

François L. Speranza.

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Collection "Belles signatures" © 2020 Robert Paul

N.B. : Ce billet est publié à l'initiative exclusive de ROBERT PAUL, fondateur et administrateur général d'Arts et Lettres. Il ne peut être reproduit qu'avec son expresse autorisation, toujours accordée gratuitement. Mentionner le lien d'origine de l'article est expressément requis. 

Robert Paul, éditeur responsable

A voir:

Focus sur les précieux billets d'Art de François Speranza

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L'artiste MARC VIOULES et François Speranza : interview et prise de notes sur le déjà réputé carnet de notes Moleskine du critique d'art dans la tradition des avant-gardes artistiques et littéraires au cours des deux derniers siècles

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12273354864?profile=original12273355289?profile=originalPhotos de l'exposition de MARC VIOULES à l'ESPACE ART GALLERY  

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Ma commune Ixelles aide les artistes

Cette semaine, 211 artistes Ixellois recevront une prime de 1.000 euros. 82 organisations culturelles bénéficieront elles d’un soutien financier de 1.500 euros. Le Collège du Bourgmestre et des Echevins d’Ixelles a validé l’octroi de ces primes pour donner un coup de pouce au secteur et pallier à leurs difficultés économiques en cette période difficile. 

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Les passagers du temps



Le passé et l’avenir faisaient route tout deux :

Le passé fort chargé de lourdes valises
Ahanait sur le chemin près de l’avenir capricieux ,
Lequel, sur des ” oeufs “ posait ses frêles béquilles !

- ” Pourquoi traînes tu de si lourds paquetages comme un âne bâté
Lui dit le second au regard aussi inquiet que ses quilles ? ”

- ” J’y ai mis toutes sortes de preuves pour avoir à justifier ,
Des papiers d’identité, mon adresse, tout un tas de broutilles ! ”

- ” Mais qui, à part toi, crois-tu que cela intéresse ?
Ces broutilles sont des brouillards de paresse ;
Mets le feu à ces caisses, tu t’en porteras mieux .
Vois comme je suis ” léger à marcher sur des oeufs ” ! ”

- ” Je ris à te voir car tu parais bien anxieux !
Ta légèreté que tu prétends comme un avenir radieux
Me semble comme mes valises pleines à craquer,
Porter les mêmes doutes que j’ai longtemps amassés ! ”

Prisonniers de leur pitoyable fardeau passé et à venir,
Les voilà qui tombent sur le présent en chemin.
Ce dernier n’a ni valise ni projet à entretenir
Mais de simples lunettes pour y voir de bon matin !

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Poème "S'aimer à tout vent"

Voici le partage d'un poème. Merci d'avance pour vos commentaires, réactions, questions, avis... Il est extrait d'un de mes recueil, qui porte le même nom que ce titre.

S’aimer à tout vent


Donner tout pour parler de soi,
Dans un froufrou et ivre de joie,
Sous forme d’un dessin à desseins.
Se révéler, tel un bourdon à un essaim…


Pourquoi est-ce si compliqué
De si simplement pouvoir se livrer ?
On m’a dit d’abord : « Aime-toi »
J’ai viré la haine et je t’ai regardé, toi…


Me rassurer par vos conseils, vos voix,
Car mon intérieur restait coi.
A tout prix trouver des maudits modèles
Pour ne pas devoir se montrer tel quel !


A chaque nouvel échec, se détruire l’esprit,
Et crier de toute son âme : A mort la vie !
Observer des reliques se nourrir et pourrir,
Et rendre sa vie et son cœur à mourir…

Alors, au plus bas, tes mots viennent, me réjouissent,
Ma main gauche inspirée, s’anime, le crayon crisse.
Elle a retrouvé le nostalgique chemin
Que tout petit j’employais déjà avec entrain.


Mais difficile est le partage, semer reste incompris.
Les amis, qui soutiennent, eux, n’ont pas de prix.
Il y aurait tant de « Merci » à offrir au vent,
Car s’aimer, voir naître et se multiplier le vivant :


Sérénité dans l’amour, le moi n’est pas oublié !
Chaque petite fleur amie aide à démarrer !
Une première étape pour une réconciliation
Reçue de la graine première, un don si bon !


L’ouverture des pétales par l’art à amener la beauté,
A se dessiner dans un clair-obscur pour exister.
En redevance, un immense besoin d’affection,
Une sensibilité qui a besoin d’une révélation.


Ma chrysalide émet son cri : « Tuez-moi » !
La Mue et la muse fondent en émois,
Eclatement de la gangue qui me maintenait triste,
Naissance de l’art guérisseur comme piste.


Mais l’écorché vif que je suis a une famille,
Pré fleuri, semant tant de couleurs dans ma vie,
Eclore cet intérieur qui se terrait depuis des années,
Tel un nouveau-né, mais émotionnellement liquéfié.

Naissance accompagnée d’émotions et de visions…
Se reconnaître dans des amitiés accomplit le don !
Myriades de fleurs, baume pour un cœur abîmé,
Ca y est mon féminin intérieur peut se révéler !


Source des Cévennes où l’inspiration coule à flot,
Avec ma muse, ma fée, mon ange, et mon alter ego !
La découverte se vit, un yin et yang qui résonne,
Dans un trip en poésie, un edelweiss et Dickinson…


S’aimer à tout vent est unique et bouleversant.
Être une petite fleur qui chante au milieu de l’océan,
Une aventure à planter en vous si vous le voulez,
Une croissance si belle à observer…


Promis, vous êtes aimés.

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Liberté

Avancer vers l'inconnu

Est la vie de chacun

Tout ce qu'on a pas vu

Découvrons notre chemin

A travers les obstacles

Il ne faut pas renoncer

C'est la preuve d'un miracle

Se battre et recommencer

Fuir ne sert à rien

Continuer dans sa lancée

Imaginons que le bien

Dans un monde coloré

Admire autour de toi

Ecoute les oiseaux chanter

Garde toujours la foi

C'est la force et la liberté

                                                               Emma Henriot

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Cordialisez!

Selon ce mot inventé par Jean Lurçat, il est nécessaire en ces temps difficiles de porter attention à l'autre.

Invitez vos amis à rejoindre le réseau arts et lettres. Commentez les oeuvres que vous appréciez.

Cordialisez.

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Deux génies



Deux génies s'en allaient cahin-caha,
Bien côte à côte et de tout temps,
Tels des frères se tenant par le bras,
Comme les familles en pondent souvent.

Ah les garnements, des frères, oui,
Mais aux visions bien différentes !
L'un bon comme le pain béni,
L'autre cruel tel une épée tranchante

- Pourquoi es tu si dur dit le bienfaisant,
- Les hommes ont besoin d'amour ?
- J'aime qu'il se haïssent toujours !
- Ils veulent de l'amitié ?
- J'aime les en priver !
- Ils veulent la paix, la tranquillité ?
- Je leur offre la guerre pour sérénité !
- Ils veulent gagner leur vie honorablement ?
- J'en fais des menteurs en les affamant !
- Ils aiment la chaleur d'un foyer ?
- Je veille aussi à le brûler !

Et nos deux génies n'en finissent pas de parler
Débattant sur nos désirs profonds.
L'un déversant pitié, amour de l'humanité,
L'autre pourfendant ses ridicules questions ...

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Ah, justement

Car cela m'a touché. Profondément. Troublé. Quand celle ou si celui auquel le cœur vous lie se retrouve au tapis grâce aux lois du marché - celui dont on nous dit que sans lui tout s'écroule - …
Lorsqu'on voit un enfant enfermé et taulard d'un emploi salvateur, cadeau du Capital redevable de tout, qu'un jour on le dégage à quoi bon, dites-moi, croire à la tromperie
du fric et du bizniss, ces géants prétentieux ?
Nos enfants au travail ne sont pas, excusez, simplement des données, variables comme on dit d'ajustement. Horreur ! La valeur du travail se réduit à néant, cent lieues de ce à quoi nous avons souhaité éveiller nos enfants.
Merde, trois fois merde et même plus. La vie ce n'est pas ça et ne pourra plus l'être. Je m'insurge puis le crie comme tant de millions de femmes, d'hommes et d'enfants.
Oh oui, toi notre enfant, tu mérites bien plus que le mépris du fric, illusion d'un bonheur.

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Hum' ours

"Nihilisme ambiant

Consumérisme environnant

Tendance sans révolution

Mais bien plus abnégation

Mode de vie aux tendances

Indigne de nous !

Nulle île

Sans fruit

Ni passion

L'horizon

Faux ..."

Écriture prompte

ED - 11.2020

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“HIER, J’AVAIS 20 ANS” L’émission d’une douce nostalgie

Les auditeurs exigent un temps d’antenne au jour le jour

https://www.youtube.com/watch?v=wgnJznHIZGE

Bonjour mes ami(e)s ! Je vous espère bien vous et vos proches.

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Nostalgique du temps qui passe, il avait fait sien le refrain d’«El Barrah[1]» de feu El Hachemi Guerouabi[2] (1938-2006) comme s’il voulait figer le temps à l’aide du poème d’Alphonse de Lamartine (1790-1869) : « Ô temps suspend ton vol » sur l’autre ritournelle d’«Hier j’avais 20 ans ! » de Charles Aznavour (1924-2018). Si tant, qu’il en avait fait le jingle de son émission, où les premières notes auguraient de l’incontournable rendez-vous des nostalgiques des années 1960-1970. Sur ce point, « Can » ! Puisque c’est de lui qu’il s’agît, aurait crée le club des fans de « Salut les copains » (S.L.C) pour les intimes de l’époque bénie des sixties et où chaque jeune « croulant » y trouvait son « gusto » (plaisir) par la voix de son idole préférée. A cet égard,  l’animateur Ahmed Chellaoua ou plutôt le « Can » si célèbre par son logo d’animateur à la radio d’Alger Chaîne 3, avait eu l’idée lumineuse d’illuminer l’existence de celles et de ceux qui s’accrochaient aux souvenirs de leurs tendres 20 ans à l’aide des « voix éternelles et célèbres » qu’il a légué à la postérité.  Pour ma part, j’ai connu l’homme du temps où il dressait des portraits d’artistes dans l’émission « Qahwa Oulataï » (Café thé) aux côtés de Sid-Ali Driss. Mais maintenant qu’il n’est plus de ce monde, je garde de l’homme qu’il était, le souvenir d’un être accessible et amène à souhait. Qu’il repose en paix l’artiste des ondes qui, tout comme Michel Fugain,  n’a pas eu le temps qu’il voulait pour mener à bien ses projets. Et des projets, « Can » en avait à en revendre. A ce propos, voilà ce que j’ai écrit en hommage à « Can » du temps où il était au firmament des ondes.  Qu’il repose en paix et que Dieu apaise la douleur de son épouse, de ses enfants et de ses proches, dont la famille de la Radio. Alger, Louhal Nourreddine le 15 Novembre 2020. Bonne journée et excellente journée.

[1] « El Barah » qui signifie (Hier) est un texte et une composition musicale (1970) de Safar Bati Mohamed El Mahboub dit Mahboub Bati  (1919-2000).

 

[2] El Hachemi Guerouabi dit « le Rossignol » est un chanteur Châabi (Populaire) né le 6 janvier 1938 dans le quartier d'El Mouradia (ex-Le Golfe) et a grandi a « Diar El Babor » (maison en forme de bateau) au quartier de Belouizdad (ex Belcourt), et mort le 17 juillet 2006 à Zéralda.

 

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Les mots

12273374701?profile=original… Les mots…

se sont invités au bal masqué. Ils ont profité du moment que j’avais choisi pour hiberner, au beau milieu des bois. La balade contée « Arbres & Sens » m’avait mise sur la piste. L’endroit serait propice pour un retour à soi, loin de tous, loin des médias, loin de tout. J’allais enfin pouvoir prendre soin de moi, et des autres, en laissant les mots se frayer leur chemin.

À chaque détour d’une sente, ils sautillaient de joie et ne savaient où se poser, des fougères aux nuances tigrées, aux feuilles des arbres leur offrant une mosaïque de couleurs des plus variées. Un gros tronc qui avait eu la tête tranchée, réincarné en conifère, profitait de sa force pour grandir. D’autres troncs arrachés, à moitié recouverts de mousse, étaient devenus le gîte d’une famille entière de champignons. Ceux-ci s’amusaient, pour l’occasion, à revêtir toutes sortes de chapeaux, de toutes les tailles et formes. Les uns se camouflaient parmi les feuilles, les autres, au contraire, aimaient se faire remarquer en se parant de chapeaux de couleur orangés vifs, certains même rouges à pois blancs ! Sur d’autres encore, on aurait dit que les premiers flocons venaient de s’y poser. C’était un bal où chaque espèce végétale offrait aux mots leur plus belle palette de couleurs automnales. Certains arbres étaient chaussés de mousse, assortis parfois à leurs chaussettes, d’autres de lierre.

Entre les sentiers, les chemins feuillus, caillouteux, boueux, labourés par les sangliers ou encore bétonneux, chaque bifurcation en T offrait aux mots une occasion rêvée pour imaginer des fantômes qu’ils espéraient voir surgir de derrière l’obscurité des forêts de conifères, ou ce qui leur donnait l’eau à la bouche, les emmenant vers des infusions fruitées et boisées. Tout était prétexte pour s’évader. L’objectif était atteint.

Les mots aimaient se glisser sur l’eau des ruisseaux ou parfois, suivaient le courant de la rivière. Même les gouttelettes de pluie, en se posant sur les mots, avaient un effet apaisant et venaient en masser chaque syllabe. Par moments, ils s’accrochaient aux feuilles, pour virevolter avec elles jusqu’à se poser par terre. Ils adoraient la légèreté de cette danse. Plus loin, ils se laissaient bercer par les cris des oiseaux, résonnant dans ces grands espaces qui invitent à la contemplation. Tous leurs sens étaient en éveil dans cette immersion totale. Le soleil accentuait les couleurs, quelles qu’elles soient, du jaune au rouge, en passant par le vert, et invitait le peintre à reproduire leurs teintes rendues chatoyantes, par les rayons lumineux.

Comme une chenille, chaque mot s’accrochait à l’autre pour venir se poser sur une feuille et chaque feuille s’assemblait pour offrir à celui qui passera par ici les bienfaits du bain de forêt par le biais de l’écriture.

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LA NATURE DANS LA FORME ET LA LUMIÈRE : LA VISION DE LUCILE VAN HERCK  

L’ESPACE ART GALLERY (83, Rue de Laeken, 1000 Bruxelles) qui fête ses quinze ans d’existence, a inauguré l’année 2020 par une exposition tenue le jeudi 09 janvier, consacrée à l’œuvre du peintre belge, Madame LUCILE VAN HERCK, intitulée : RÉVÉRENCE AU RÈGNE VÉGÈTAL

L’œuvre de LUCILE VAN HERCK résulte d’un mariage mystique entre la matière picturale et la Nature vivante dont elle s’inspire. Ou, pour mieux dire, qu’elle réinterprète dans une surcharge d’éléments polymorphes, l’origine de formes inconnues dont seule la tonalité chromatique indique la provenance tellurique.  Car c’est bien les fruits de la terre que l’artiste célèbre. Les tonalités usitées sont, globalement, le vert, le jaune, le brun et le rouge. Tout ce qui rappelle la feuille aux différents stades de son existence. Le brun (en dégradés) est associé à l’écorce de l’arbre. La matière, travaillée au couteau, accentue la consistance de l’écorce. Le fruit de la Nature et la main de l’artiste sont à l’unisson. Mais il ne s’agit pas d’une simple approche de la peinture avec la Nature dans sa représentation. Il y a de la part de l’artiste une volonté interprétative, notamment dans DIVAGATION.

DAVAGATION (94 x 73 cm-huile sur toile)

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Cette œuvre offre un univers d’aperceptions s’imprimant sur la persistance rétinienne, jusqu’à évoquer un vocabulaire technique proche de l’abstrait.

GRAND MAȊTRE (100 x 80 cm-huile sur toile)

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Cette oeuvre accuse une volonté figurative dans la représentation du sujet, campé en son milieu (lequel prend sa source à partir de l’avant-plan de la toile) dont la cime est occultée par les limites de l'espace pictural. Le tronc domine la composition par son volume en offrant un arrière-plan sur lequel se profile un ersatz de paysage forestier, traité de façon schématique : quatre zones chromatiques composées de vert foncé (à l’avant-plan), de vert clair annonçant le plan médian qu’une forte note brune prolonge, sur la droite. Une quatrième zone bleue se profile, rapidement rejointe par le brun et le vert clair, sur la gauche. En réalité, il s’agit de deux espaces divisés par la masse imposante du tronc de l’arbre. L’arrière-plan s’inscrit dans une série de minuscules trouées laissant transparaître le bleu du ciel. L’écorce de l’arbre est soulignée par un minutieux travail au couteau.

L’ensemble de l’œuvre baigne dans une brillance faisant ressortir chaque élément. Ce qui s’avère être une constante que nous retrouvons sur la presque totalité de l’œuvre exposée.

En réalité, l’artiste nous propose deux écritures picturales : une écriture que nous pourrions qualifier de « fluide» et une deuxième plus « rugueuse ». Les deux étant reliées par un dénominateur commun, à savoir une vision inconditionnelle de la Nature.

C’est à partir de photographies que l’artiste travaille en les réinterprétant, guidée par la puissance de ses émotions. Il y a (comme nous l’avons spécifié plus haut), deux écritures, autant « fluide » que « rugueuse » dans l’expression de son rendu par rapport à la matérialité, voire la corporalité de la Nature. Dans le premier cas (la fluidité), il s’agit d’une Nature carrément en éclosion, tout en douceur, personnifiée par L’ÉTÉ.

L'ETE (100 x 73 cm-huile sur toile)   

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Cette oeuvre se perpétue dans FLAMBOIEMENT, montrant un feu de brindilles. 

FLAMBOIEMENT (100 x 73 cm-huile sur toile)

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La toile se divise sur deux niveaux : la partie inférieure (avant-plan) composée des cendres du bois et la partie supérieure représentant les flammes ravageant. Une zone blanche dans la partie centrale de la toile assure la transition entre les deux étapes. Il s’agit d’un feu, non pas de destruction mais bien traduisant une pulsion de vie, laquelle se trouve au centre de l’émotion à l’origine du geste créateur de l’artiste. Bien qu’il s’agisse d’un univers de fureur, l’atmosphère demeure apaisée par le traitement de la lumière apportée à la composition. Sans doute est-ce dû à la zone noire de l’avant-plan, atténuant considérablement l’impact pulsionnel exprimé par le feu. On la retrouve d’ailleurs, parsemée sur les six petites zones formant l’arrière-plan. C’est un peu comme si cette haute note noire contenait en elle-même ce qui impulse la dynamique au tableau. Nous retrouvons d’ailleurs cela dans ÉTÉ (mentionné plus haut), où cette même note noire, à l’arrière-plan, met en exergue les couleurs vives de la végétation baignée de soleil avec néanmoins, une saveur douce et nocturne.   

Une deuxième écriture picturale, essentiellement « rugueuse », exprime la corporalité des choses. Une corporalité, entre brut et abstrait, laissant libre cours à des aperceptions réveillant l’imaginaire du visiteur.

Des aperceptions manifestes parcourent ESPOIR (92 x 63 cm-huile sur toile).

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Il s’agit d’une étendue d’eau gelée illuminée par le soleil. L’artiste a utilisé du vernis de retouche sur l’huile dans un but de protection.

Sont-ce des oiseaux aux ailes déployées, rayonnant dans le haut de la composition? Nous retrouvons cet  univers magique qui illumine l’ensemble de l’œuvre.

Une surprise nous attend avec ÉVASION (100 x 70 cm-huile sur toile)

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Nous nous trouvons à la charnière entre deux étapes : une étape s’inscrivant dans la corporalité affichée de la deuxième écriture, à peine décrite : la conception du ciel entre crépuscule, nuages et résidus de ciel bleu. Associée au souvenir de la note noire lisse, à l’avant-plan, assurant  calme et stabilité dans l’équilibre de l’œuvre. Un côté « surréaliste » baigne le tableau. Mais à y regarder de près, l’œuvre participe de l’ombre chinoise. Car elle semble conçue à contre-jour.

La peinture de LUCILE VAN HERCK témoigne d’un rapport mystique avec la Nature. Un rapport qui se concentre, comme le précise l’intitulé de l’exposition, sur l’élément végétal et l’on perçoit l’empreinte d’une communion entre elle-même et l’élément naturel qu’elle projette sur la toile. Cet amour se retrouve surtout dans les couleurs qu’elle apporte à la forme. Comme signalé plus haut, le point de départ est une photographie, à partir de laquelle la forme se crée tout en se déployant sur l’étendue de la toile, d’où la présence de nombreuses aperceptions ressenties par le visiteur. Dès son enfance, l’artiste a pratiqué le dessin. Elle a ensuite fréquenté l’école Maurice Quentin de la Tour à Saint Quentin, se spécialisant dans le pastel avant de rompre avec l’enseignement académique. Foncièrement indépendante, c'est-à-dire autodidacte, elle a très vite divorcé de l’académie pour trouver sa propre voie. L’artiste peint à l’huile. Dans son parcours artistique elle a également réalisé des portraits. LUCILE VAN HERCK associe forme et couleur dans un long chant bucolique qui flambe en mille illuminations dans l’imaginaire du visiteur. 

François L. Speranza.

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                                                        Une publication
                                                                Arts
 
12272797098?profile=original                                                                          Lettres

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Collection "Belles signatures" © 2020 Robert Paul

N.B. : Ce billet est publié à l'initiative exclusive de ROBERT PAUL, fondateur et administrateur général d'Arts et Lettres. Il ne peut être reproduit qu'avec son expresse autorisation, toujours accordée gratuitement. Mentionner le lien d'origine de l'article est expressément requis. 

Robert Paul, éditeur responsable

A voir:

Focus sur les précieux billets d'Art de François Speranza

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L'artiste LUCILE VAN HERCK et François Speranza : interview et prise de notes sur le déjà réputé carnet de notes Moleskine du critique d'art dans la tradition des avant-gardes artistiques et littéraires au cours des deux derniers siècles

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 Photos de l'exposition de LUCILE VAN HERCK à l' ESPACE ART GALLERY

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Mon Poète Prisonnier

Ferme les yeux mon beau poète

Ferme les yeux pour oublier

Cette injustice qui t'a puni

Pour tes poèmes de génie

Tu n'as pas le droit de penser

On t'a privé de rêver

On t'interdit de t'exprimer

Continue de respirer

Qui sera le gagnant?

Mais c'est toi mon prisonnier

Même en te torturant 

Tu ne changeras pas tes idées

               Emma Henriot12273376687?profile=original 

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        GILLES BEYER DE RYKE : HORIZONTALITÉ ET VERTICALITÉ, DEUX AXES D’UN MÊME SIÈCLE.

Du 02-10 au 31-10-20, l’ESPACE ART GALLERY (83, Rue de Laeken, 1000 Bruxelles) a eu le plaisir de vous présenter de vous présenter l’œuvre du peintre belge, Monsieur GILLES BEYER DE RYKE, intitulée : VUE SUR LE 21ème SIÈCLE.

Le titre de cette exposition, même s’il est inconsciemment entré dans les mœurs, comporte une particularité pour le moins intrigante : on ignore s’il est envisagé a priori ou a posteriori. Le 21ème siècle n’a que vingt ans d’ancienneté. Or, pour qu’il y ait une vue pertinente sur un siècle, il faudrait qu’il soit, sinon derrière nous, du moins en être arrivé à la moitié. Cette vision, décidément a posteriori n’est pas récente, elle est déjà ancienne d’une dizaine d’années. Que l’on nous comprenne bien, ceci n’est pas un reproche mais une constatation.

En ce qui concerne GILLES BEYER DE RYKE, cette vision est sciemment calquée sur le moment présent du siècle. C’est sous la forme d’un florilège stylistique renfermant des expériences expressionnistes, métaphysiques mais aussi cubistes que l’artiste affirme son regard sur le siècle courant. Pour renforcer son écriture picturale, une forme involontaire de « cinétisme cubiste » s’affirme dans une uniformité axée sur une verticalité que sous-tend une savante dimension perspectiviste, témoignant d’une extrême connaissance de la peinture classique. Mais également une horizontalité, laquelle se retrouve dans des œuvres témoignant d’une aura mélancolique. Les œuvres se divisent en toiles isolées ainsi qu’en diptyques et en triptyques. Chacune d’elles se développe spatialement à l’intérieur de ses proportions.

Envisageons ce triptyque : OUVERTURE (92 x 32 cm-huile sur toile x 3)

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Chaque panneau est pleinement centré sur une section de la scène pour former une entité. Cette fenêtre ouverte sur le littoral (panneau de droite) est construite sur un jeu de perspectives fort intéressant qui trouve son élan à partir de son bord, bien avant que l’œil n’atteigne la fenêtre en tant qu’élément physiquement tangible. L’artiste avance étape par étape. Le rebord s’inscrit à la fois chromatiquement et spatialement à l’intérieur du module du quadrilatère. Il remplace la fonction du cadre. L’on s’en aperçoit en regardant les quatre coins du tableau soulignés par un fort trait noir.

Les bords de ce cadre sont scandés par l’orange du rebord de la fenêtre et le rouge foncé des parois latérale et supérieure du cadre faisant office de mur portant. La fonction des couleurs est celle d’accentuer les effets de perspective : l’orange du rebord amène le regard vers le vert du chambranle, lequel conduit vers le jaune du sable, avant d’atteindre le paysage marin.

Au-delà de la fenêtre, s’ouvre une scène formée par quatre zones chromatiques initiales : le jaune de la plage, le bleu (en dégradés) de la mer, alternant avec le bleu foncé du ciel (dont le reflet s’amorce tout en devenant plus clair à partir du panneau de droite). D’autres couleurs émergent discrètement. Les édifices, de taille variable, varient de l’orage au vert, en passant par le bleu (le premier édifice que la fenêtre ouverte du panneau de droite annonce). Un « champ » d’immeubles, au loin parsemés, confèrent à l’ensemble, un rythme des plus intéressants. Essaimés vers l’arrière-plan, leur hauteur épouse les dépressions du terrain.

TERRE DES HOMMES (70 x 50 cm-huile sur toile)

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Il y a aussi une volonté expressionniste dans l’œuvre de l’artiste. Le titre de ce tableau, agencé avec la vision délibérément expressionniste du rendu graphique, font que cette mégapole prend des allures menaçantes. Qu’est-ce qui rend ce graphisme si expressionniste? Essentiellement le choc de deux couleurs rageusement vives, à savoir le rouge et le jaune des immeubles, conçus comme des sortes de crayons au garde-à-vous, enveloppés par la chape noire du ciel, lequel occupe l’espace extrêmement réduit du coin droit supérieur de la toile. Ce vocabulaire expressionniste rend compte d’une vision pessimiste de l’humanité, sinon future du moins actuelle. La présence de l’édifice se déployant de tout son long, traduit le rejet par l’artiste de l’uniformité culturelle ambiante.

Comme nous l’avons évoqué plus haut, GILLES BEYER DE RYKE est à la croisée de plusieurs styles, forgeant son écriture picturale : l’expressionnisme dicté par l’influence d’Egon Schiele et mais aussi par le symbolisme de Léon Spilliaert ainsi que de l’art métaphysique de Giorgio de Chirico. Sans parler de ses rendus cubistes exprimés de façon cinétique. Mais que l’on ne se méprenne pas, il ne s’agit en rien d’un cubisme et d’un cinétisme volontaires. Le cubisme en tant que tel ne l’a jamais véritablement influencé. Il en va de même en ce qui concerne le cinétisme. Ces deux styles ne sont que le résultat d’une mathématique engendrée par sa maîtrise de la perspective, laquelle demeure toute personnelle, en ce sens qu’en aucun cas elle ne pourrait être comparée avec celle de la Renaissance italienne.   

Il s’agit d’une vue contemporaine revisitant dans un langage contemporain une convention à la fois humaniste et picturale datant du 16ème siècle.

Parmi les références picturales de l’artiste, nous avons, entre autre, signalé le peintre autrichien Egon Schiele. Affranchi de l’influence de Klimt, Schiele apportera une révolution personnelle à la symbolique du corps humain. Il le peindra meurtri et malingre, mettant en parallèle la déliquescence corporelle avec la décadence de la bourgeoisie de l’époque. Outre les élongations et déformations physiques, le chromatisme appuiera cette mise en scène de la décadence psycho-physique par des teintes lugubres, telles que le noir ou le violet.

GILBERT BEYER DE RYKE reprend cette esthétique en l’adaptant non pas aux corps humain mais au corps urbain, en présentant les gratte-ciels comme de longs corps malades, dont l’élévation se termine de manière effilochée, presque filiforme. L’état de pourrissement du corps se transforme en une sombre pathologie urbaine et lugubre.

L’ARC DE TRIOMPHE (92 x 33 cm-huile sur toile)

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Ce diptyque aux couleurs ternes est censé glorifier l’arc de la victoire présent sur le bas du panneau de droite. Sa présence est timide, insignifiante. Il croule sous les édifices squelettiques, en élévation. L’œuvre est bi-chromée : noir et gris, alternant avec le blanc qui recouvre les toits. On peut y voir une « parabole » picturale de l’image du « Triomphe ». Image flamboyante dans son symbolisme mais altérée par la dimension squelettique (mortifère) des édifices, comme un crachat lancé au visage d’une beauté défunte. Notons qu’avant de se consacrer à l’univers urbanistique, l’artiste s’était concentré sur le corps humain en tant qu’expression des tensions humaines.   

ESTACADE DE NIEUPORT (100 x 66 cm-huile sur toile)

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Cette oeuvre traduit la forte influence de Spilliaert. Cette estacade, laquelle de l’avant-plan, traverse l’espace jusqu’au plan moyen de la toile pour se jeter dans la mer, se déploie dans une continuité chromatique faite de couleurs à la fois tendres et ternes qui incitent à la mélancolie. L’association de deux verts (avant-plan et plan moyen) annonce le bleu foncé du large se confondant avec l’horizon, signifié par une zone blanche se déployant horizontalement sur tout l’espace. Le ciel maussade se signale par un contraste entre une zone brune et une zone noire annonçant la nuit.

L’estacade est une longue succession de notes blanches, marron et noires, composant avec le mur en briques bleu-foncé, réalisé en damier, situé en contrebas, sur la gauche. L’ensemble se déclame comme une longue composition cinétique qui apprivoise et emporte le regard. La présence du phare, au loin, terminant la digue est une longue ligne verticale, conçue comme un point de repère, indissociable de la plupart des œuvres marines de Spilliaert. Même si l’artiste l’a peint parce qu’il se trouvait là au moment où il l’a peint, la présence du phare, en tant que point de repère, est une constante dans les marines de Spilliaert. Une lueur au cœur de la nuit.

DIGUE DE NIEUPORT (98 x 97 cm-huile sur toile)

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Nous propose un discours similaire dans une esthétique contemporaine. Ce qui interpelle le visiteur c’est (outre la beauté des couleurs, engendrant une mélancolie sincère) la puissance visuelle de la droite, partant de l’avant-plan pour se perdre au loin, dans un point que l’œil n’arrive plus à atteindre. Cette droite, réalisée en brun-clair, est une piste sur laquelle se réfléchissent les ombres des bâtiments, exceptionnellement conçus en dimensions réduites afin de ne pas l’emporter sur la puissance picturale de la droite, rendue inatteignable.

Nous nous trouvons avec ces deux dernières œuvres, dans une « temporalité » horizontale. Car il s’agit d’un temps de mélancolie, propice à la méditation, laquelle est engendrée à la fois par la scansion des couleurs, à la fois sombres et tendres, mais aussi par cette ligne droite partant de l’avant-plan et s’arrêtant là où l’œil n’a plus prise sur le temps.

DEUX SOUVENIRS (70 x 60 cm-huile sur toile) Nous sommes à la charnière entre la dimension mystique intemporelle, chère à de Chirico et l’écriture personnelle de l’artiste. La structure en pierre, enveloppante entourant la statue équestre à laquelle font face les deux personnages, traduit l’influence du peintre italien. Les lignes droites faisant office de plages de couleurs horizontales, mettent en exergue l’écriture de l’artiste. Le chromatisme de la structure en pierres reste fidèle à l’esthétique de Giorgio de Chirico.  

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ENTRE DEUX MONDES (100 x 66 cm-huile sur toile)

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Dans une écriture décidément contemporaine, l’association entre l’influence séculaire arabo-muslmane traduite par les fenêtres, à l’avant-plan, donnant sur une section de la métropole, géométrique à outrance et déshumanisée, forme un contraste saisissant entre la sécularité culturelle présentée comme l’image d’un passé, révolu dans sa mélancolie poétique et la classification géométrique de l’urbanisme contemporain, ressenti comme l’harmonisation forcée d’un chaos. Il y a dans cette œuvre, l’image d’un dualisme délicatement obsédant qui cherche une issue.

RUE DE LA LOI (70 x 50 cm-huile sur toile x 2)

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A’ l’immense surprise du visiteur, cette œuvre, construite sur deux panneaux se présente comme un jeu de perspectives, aux allures de trompe-l’œil. L’artiste propose faussement deux vues de la ville : une en plan, montrant des gratte-ciels (panneau supérieur). L’autre, en plongée, axée sur un angle créant l’impression (au sens pictural du terme) d’un vertige (panneau inférieur). Ces deux panneaux produisent un effet « en contrepoint » en la présence de deux verticalités distinctes, l’une visuellement opposée à l’autre, créant ainsi une opposition visuelle entre deux dynamiques, à l’origine d’un trouble cognitif. L’erreur que pourrait commettre le visiteur à l’approche de cette œuvre, serait de considérer sa lecture en partant du haut pour atteindre le bas, voire de ne faire aucune distinction entre les deux panneaux en les considérant comme deux instantanés d’une même réalité urbaine. En réalité, il faut considérer cette œuvre comme une étude sur la genèse de la verticalité, présentée ici dans son élan carrément gothique, jusqu’à atteindre le point culminant de son élévation. C’est à partir du panneau inférieur que tout commence l’ascension. A’ partir de différents points dans l’espace, sortent en verticalité des gratte-ciels, lesquels partant du plan moyen, s’élèvent en flèche jusqu’à atteindre le bord du panneau supérieur. Celui-ci les reprend dans une perspective nouvelle pour porter leur verticalité à son terme. Le panneau inférieur témoigne d’une splendide conception de la perspective, usitée comme une focale pour concevoir un cliché photographique.

Elle se poursuit dans le splendide « quadrillé » formé par les fenêtres de l’édifice (dont on ne voit qu’une section), à l’avant-plan. Le côté « réticulaire » des carrés piège la lumière réfléchie par le ciel. Axée sur une plongée, observez l’excellente disposition des voitures dont le débit s’écoule sur des files de trois lignes. Les passants, marchant sur le trottoir, ne sont que des points à peine perceptibles que l’œil distingue à peine.

Nous avons, à l’instar de TERRE DES HOMMES (cité plus haut), affaire à une parabole contemporaine : l’Homme conditionné, écrasé sous le poids de la mégapole.

Les couleurs (vert-clair/foncé, bleu (clair/foncé), jaune, blanc et noir) contribuent à augmenter la perspective de l’œuvre.

Les vues sur ce 21ème siècle (somme toute) débutant sont des « instantanés » reprenant des problématiques (pour le moment) majeures qui le structurent, sur lequel l’artiste se pose, comme il le spécifie lui-même en « augure ». Au-delà d’une vue parfois pessimiste (TERRE DES HOMMES), il accompagne la vision de ce siècle d’une aura de rêve, comme pour lui faire entrevoir, in fine, la possibilité d’un sauvetage moral. A’ partir d’une perspective essentiellement personnelle, l’artiste engage un dialogue humaniste avec son époque.  

GILLES BEYER DE RYKE a une formation académique. Il a fait ses études à l’Académie Royale de Bruxelles ainsi qu’à L’Académie d’Uccle. A’ partir de son écriture picturale actuelle, il estime avoir encore beaucoup de choses à explorer dans ce domaine. Sa technique est essentiellement basée sur l’huile.

Comme nous l’avons précisé plus haut, avant d’aborder cette vision de l’humanité, il était axé sur le corps humain, exprimé en tant que réceptacle des tensions humaines. Ce passage entre le corps et la ville se traduit dans une dialectique composée de lignes horizontales, tournées vers l’élévation et verticales, visant un infini inatteignable, mettant en exergue le tréfonds de l’humain dans l’expression la plus vivante de sa condition. 

François L. Speranza.

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 Collection "Belles signatures" © 2020 Robert Paul

 

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Robert Paul, éditeur responsable

A voir:

Focus sur les précieux billets d'Art de François Speranza

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L'artiste GILLES BEYER DE RYKE et François Speranza : interview (masquée !) et prise de notes sur le déjà réputé carnet de notes Moleskine du critique d'art dans la tradition des avant-gardes artistiques et littéraires au cours des deux derniers siècles.

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Photos de l'exposition de GILLES BEYER DE RYKE à l' ESPACE ART GALLERY  

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