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LARGEUR DU CHŒUR - COULEURS - COULEURS COULEURS !

LIEU BIENFAISANT

OÛ L'ON RESSENT LES FORCES DU CŒUR

ET OÙ IL FAIT BON ÉCOUTER UN MUSICAL CHŒUR -

L’Église Saint Michel d'Espéraza - Haute Vallée de l'Aude - Début des Pyrénées orientales

est tellement chaleureuse, toute décorée et peinte

mais surtout

SON CHŒUR EST TOUT OUVERT !

ELLE EST TOUTE EN LARGEUR, ACCUEILLANTE.

Imaginez comme nous pouvons nous sentir bien au niveau de la respiration et du cœur

dans de telles proportions qui laissent s'épanouir la partie médiane de notre être, notre poitrine,

siège de nos ressenti-sentiment-émotion !

Comme ce le fut pour nous en ces temps d'Ascension, lors de la Manifestation "Artistes à Suivre",

Imaginez le bonheur d'entendre un chorale de qualité en ces beaux lieux chaleureux tout décorés !

Il faut réaliser que nous somme là dans la partie Sud de la France où les Troubadours

ont donné leur impulsion primordiale de civilisation, dans cette Occitanie

qui tenait haut le flambeau de la culture jusqu'en Europe.

Imaginez que bien loin de ce royaume du sud, au XIIème siècle,

le Comte Rodolphe de Neuchâtel, était troubadour et minnesänger !

http://www.alphil.com/index.php/domaines/musees/rodolphe.html

Il composait sa poésie en Occitan (on la retrouve jusque dans les archives de la bibliothèque de Marseille)

et cette langue était parlée jusque dans les plus grandes Cours d'Europe.

Rudolf Steiner a parlé de la Mission  passée de la France consistant à développer l'âme de cœur et de raison :

qu'il appelle "'âme d'entendement" aussi apportée par les philosophes de ce temps-

Et l'on peut ressentir comment c'est la région du Sud et de l'Occitanie qui a commencé à développer cette

âme de cœur par cette impulsion des Troubadours apportant l'amour courtois destiné à la Belle et noble Dame.

- Cf Cour de Puitvert ...

Commencement du développement d'une intériorité - jardins intérieurs au sens figuré et artistique,

psychologique et au sens réels jardins d'amour fleuris.

Et plus tard, fut développé l'âme de raison par les régions du Nord de la France.

Hélas par les évènements historiques de guerre, domination et scission,

le royaume du Nord envahissant le Sud par jalousie afin de s'emparer des terres et richesses,

du Royaume du Comte de Toulouse,

cela fit que cette âme d'entendement - qui devait s'équilibrer entre ses deux polarités complémentaires

de cœur et raison, - resta coupée en deux.

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L'indifférence

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L’indifférence.

 

Vous avez votre confort,

Vous pratiquez votre sport,

Vous vous sentez fort,

On envie votre sort.

 

Indifférence minime.

 

Vous pratiquez une religion,

Vous vénérez votre nation,

Vous respectez les traditions

Et ne posez pas de questions ;

 

Indifférence divine.

 

Voue êtes heureux,

Vous faites des envieux,

Vous entre dans le jeu

D’un monde peu scrupuleux.

 

Indifférence anonyme.

 

Vous êtes entourés de misères,

Vous constatez quelques guerres,

Vous ne pouvez rien faire

Pour la faim d’un pauvre hère.

 

Indifférence unanime.

 

Vous subissez l’intégrisme,

Vous supportez le racisme,

Vous vivez le fanatisme,

Cela nous amène au fascisme.

 

Indifférence ultime.

 

Vous êtes effrayés,

Vous avez été choqué,

Vous avez un jour regardé

Mais vous n’avez pas bougé.

 

Indifférence assassine.

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L'au revoir du printemps.

C’est la fin des lilas,

explosent ça et là,

 les rosiers grenadine,

se déploient,

des foulards en mousseline,

bleus, roses et verts,

puis sur moi,

l’empreinte de vos mains

tout en soie, que je garde secrète,

des volets bleus et tièdes,

capturent  entrouverts,

 tous les soleils.

L’aube fleurant bon l’aubépine,

me murmure diablotine,

vos fous désirs, mais taiseux,

point libres,

destinés à ma peau,

à mes grands yeux azur,

à mes chevilles blondes,

à mon cou frêle et blanc,

à mes lèvres menteuses,

à force de prudence,

à mon être tout entier.

Assise, près d’un chat bleu,

dont les yeux mauves sont clos,

je bois avec délectation,

un thé vert dans une tasse

 en porcelaine blanche.

 

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Esclavage sexuel.

 

Objets de chair vendus, pour le trafic du sexe,

Femmes  et  enfants  sont  outils  de  travail,

Depuis  l’abattage*  jusqu’au  cybersexe,

Qui permet aux infâmes la jouissance au bercail.

 

Ces  esclaves  de  joie  que  rien  ne  console,

Sont de mauvaise vie pour les gens bien-pensants,

Coiffés  de  prestige  sous  des  auréoles,

Blanches ou bien rousses aux effluves d’encens.

 

Enfants du tourisme, petits morceaux de choix,

Cédés  ou  kidnappés  pour  le  bizness charnel,

Nulle  compassion  face  à  leurs  yeux  bichois,

L’appétit  du  pognon  tente  les  criminels.

 

Services  sexuels  en  échange  de  fric,

La  criminalité  organise  et  se  sert,

De proies récoltées comme des agarics*,

En coupant les pieds à leurs papiers diserts.

 

Escort girl de luxe  ou  bien femme au foyer,

Liberté  de  l’emploi  pour  arrondir sa  paye,

Voler vers le confort  ou  solder les  impayés,

L’important pour toutes, gagner de  l’oseille.

 

Légalité  ici,  l’Etat  approbateur,

Encaisse les impôts, rend du sanitaire,

Prohibitionniste là, punit les corrupteurs,

Du  marché  du plaisir se fait accusataire.

 

 

Claudine QUERTINMONT D’ANDERLUES.

 

 

*Abattage : très grand nombre de clients par jour.

*Agaric : variété de champignons à lamelles.

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Petit mot d'une passionnée d'aquarelle.

A voir absolument si vous en avez la possibilité :

Biennale de l'Aquarelle du 3 au 7 Juillet 2013 à Ribeauvillé.

Salon dédié à cette belle technique de peinture qu'est l'aquarelle.

Vous pourrez admirer des oeuvres pleines de poésie et de lumière.

L'aquarelle est vivante.

Un concours de peinture sur le motif aura également lieu Dimanche 7 Juillet.

Cette manifestation est accompagnée de stages et démonstrations.

J'ai la chance d'être sélectionnée et exposerai.

Et serait heureuse de vous rencontrer lors du vernissage, le 3 Juillet à 18h. 12272916457?profile=original

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administrateur théâtres

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Vous qui pensiez voir des violons dans la fosse jouer Lully, détrompez-vous. Si perruque d’époque il y a, et au singulier, elle deviendra pathétique et couverte de ridicule. C’est un théâtre très costumé mélangeant genres et époques. ( Création de Françoise Van Thienen). Un fauteuil et peut-être un tabouret font l’économie de tout autre accessoire. Afin de nous être plus proche ? Tant que cela plaît…et que les comédiens sont bien trempés dans la théâtralité, c’est sûrement bon ! Vous verrez des jeunes danseurs disco-techno qui s’éclatent et parodient le menuet et les danses galantes, comme s’ils étaient au Club Med (Chorégraphie de Stephanie Lowette). Cette pièce de Molière qui, la première, instilla dans notre jeunesse le rythme de la phrase, le plaisir des beaux mots et des expressions obsolètes, le sens de la comédie, l’esprit du suspense, le goût de l’humour et de la saine critique, est devenue sous la direction de Serge Demoulin… une farce moderne rock-coco.

 

 Il y aura sans doute des détracteurs, car le texte de la comédie-ballet n’a pas été gardé dans son élégance première au cours de la réécriture mais, comme la musique de Lully (adaptée par Daphné d'Heur), il  a été tordu pour le rendre plus percutantaux oreilles modernes et dénoncer ouvertement  la vanité de l’homme qui se rêve autre qu’il naît! Mais est-on vraiment à une époque de nouveaux riches prétentieux ou bien,  à une époque de nouveaux pauvres  et de démunis appelant à la raison ...qui ne serait pas toujours celle du plus fort ?  La femme a le beau rôle.  Ouf ! Cette bourgeoise bon teint à la voix de commère est une reine ignorée. Elle sait d’instinct la valeur des vraies valeurs et ne court pas après des chimères comme son naïf de mari qui s’émerveille tel une alouette, des apparences  et des trompe-coeur, et devient  victime consentante de tous les pièges et  hypocrisies du siècle.

 

images?q=tbn:ANd9GcSAf2OR-poyVfQpW22g3ClyU1XKjQx6CD3S4xWoc3PO9XcGkTNTCe qui est sûr c’est que la troupe de comédiens qui a joué dans plusieurs très beaux spectacles du Public cette année (Réal Siellez, Alexis Julémont, Maroine Amimi… ) s’amuse follement, comme à une auto-revue décalée! Et c’est vachement communicatif. Le rôle mythique du Bourgeois Gentilhomme sied à merveille à Michel Kacenelenbogen qui en fait une sorte de manifeste pour le rôle utile de l’artiste dans la société.  Lui aussi joue et s'amuse, d’une voix tantôt de bon vivant tantôt de celle de l'amoureux transi …pour sa propre image virtuelle. Quel talent de comédien ! Plus il avance dans l’intrigue, plus il se grime, à en devenir plus ridicule que les Précieuses du même nom. Les chansons ont du peps, le décor en triptyque est plein de trappes, celles de la dictature de l’argent et prend des airs de « Big Brother is watching you » !

Enluminure_300x0.jpgEt de surcroît, il est difficile de ne pas pouffer ou  de se tordre de rire carrément,  tant le comique est bien travaillé, truffé de trouvailles intelligentes et bien amenées. Si le jeu d’enfer est  un moyen pour attirer le public vers les textes classiques, on comprend la démarche, même si la nostalgie pour Jean-Baptiste Poquelin nous tire de temps à autres par  le bout du cœur. Et nous irons donc tous en enfer !  

Infos/Réservations

0800/944 44

Théâtre Le Public

Rue Braemt, 64-70

1210 Bruxelles

www.theatrelepublic.be

 

play_326_visu_le_bourgeois.jpg?width=250LE BOURGEOIS GENTILHOMME

de MOLIERE
Mise en scène : Serge Demoulin. Avec Michel Kacenelenbogen, Anne Sylvain, Babetida Sadjo, Maroine Amimi, Cédric Cerbara, Claire Beugnies, Grigory Collomb, Vincent Doms, Alexis Julémont, Agnieszka Ladomirska, Marvin Mariano, Quentin Minon et Réal Siellez.  DU 09/05/13 AU 29/06/13

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Qui sait

Je cite ici le  texte d'une chanson de Daniel Lavoie,auteur  compositeur qui m'a toujours  beaucoup  touchée mais dont  ce texte  en particulier, m' émeut davantage, en ce moment :

Qui sait

...  Qui sait, peut-être que je n'ai pas d'âme

peut-être je n'ai pas de coeur

Non même pas de flamme Juste une ombre,

un vide, une petite pièce sombre

Le creux entre deux lames, si j'avais

juste la moitié d'une âme je pourrais

voler bien plus haut 

Je verrais tes yeux éteints,

je saurais faire ce qu'il faut

Si j'avais juste une poussière d'âme

Je n'pourrais plus jamais tout  briser

Mais je n'sais pas t'aimer

et je te fais pleurer

Si j'avais juste la moitié

d'une tête,j'entendrais

tes appels au secours

Cette moitié me suffirait mon amour 

pour savoir ce qui t'a blessé.

Et si j'avais juste la moitié d'un coeur

je verrais tes cernes au petit jour

Cette moitié me suffirait pour

comprendre le mal que je te fais.

 Qui sait -tiré de l'album de Daniel Lavoie- J'écoute la radio

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La poésie des blancs nuages

 

J'espérais écrire un poème,

Pensant que j'allais recevoir,

En n'ayant rien à concevoir,

Des pensées s'offrant d'elles-mêmes.

J'ai été fortement surprise,

Et naturellement déçue,

Dès que je me suis aperçue

Que je côtoyais la bêtise.

Lassitude, engendrant langueur,

Sans attente, dans le silence,

La place est à l'indifférence,

Qui n'a ni couleur ni saveur.

J'ai renoncé au bavardage,

Mis fin à ma passivité,

Et suis sortie pour contempler

La poésie des blancs nuages.

                                                                         17 juin 2013

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Chaque année, Denis et Michel viennent en Europe pour animer des  ateliers et donner des conférences

passionnantes. Les connaissant de mes ateliers parisiens, cette année, j'ai eu le grand intérêt de participer

aux deux conférences et aux ateliers biographique et astrosophique ci-dessus dans une ambiance

chaleureuse et artistique typiquement canadienne avec le concours de plusieurs amis.

1      - Stage de questionnement biographique

Mort métamorphose et résurrection


De mes rôles, idéaux et pouvoir de création pendant le cours de ma vie

Denis Schneider et Michel Bourassa

À l'Atelier du Fontenay, Yverdon-les-Bains.

Vendredi 31 mai 18h00-22h00;

à 20h00 – Conférence -

Denis Schneider

La vie de Anne Keller - De l'obscurité à la lumière

Biographie et jeu des constellations planétaires chez les âmes sœurs

qui se donnent mutuellement le goût de vivre.

L'apport indispensable de Laura Bridgman et Samuel Howe,

précurseur de Keller-Sullivan.

À l'Atelier du Fontenay, Yverdon-les-Bains.

 Et

Samedi 1 juin 8h30-12h00 et 13h30-19h00;

Dimanche 2 juin 2013 8h30-12h00 et 13h30-17h00.

2  - Stage d'introduction à l'astrosophie

Quelle lumière faire jaillir de l'autre qui me fait de l'ombre ?

Les coups de Mars peuvent nous fortifier ou nous faire tomber,

les soins de Vénus peuvent nous réconforter ou nous porter à l'indolance.

Nous avons besoin de la qualité de ces deux sphères pour relever nos défis.
Souvent nos ennemis nous aident en nous révélant les qualités

que nous ne pouvons acquérir qu'à leurs contact.

Exploration des grands combats de notre vie sous les regards de Mars et de Vénus.

Denis Schneider et Michel Bourassa

À l'Atelier du Fontenay, Yverdon-les-Bains.

Vendredi 7 juin 18h00-22h00;

à 20h00 - Conférence -

L'épreuve initiatique de Nicolas Fouquet

L'homme du monde qui fut coupé du monde

Denis Schneider

Les constellations planétaires et l'apport des étoiles fixes accompagnant le drame social

autour de la disgrâce de Nicolas Fouquet (1605-1680).

Ce dernier fut emprisonné pendant 19 ans par Louis XIV.

Rôle de Colbert et de Mazarin.

À l'Atelier du Fontenay, Yverdon-les-Bains.

 

Samedi 8 juin 8h30-12h00 et 13h30-19h00;

Dimanche 9 juin 2013 8h30-12h00 et 13h30-17h00.

 

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1 - La démarche scientifique de Goethe

livre de  Henri Bortoft,

À la différence de la science d’aujourd’hui qui ne s’occupe que de l’aspect quantitatif des phénomènes, Goethe cultiva une science de la qualité. Ses recherches suscitent de plus en plus d’intérêt à une époque où l’on a perdu l’« unité » du monde.

Pour comprendre la manière d’observer de Goethe, il faut en faire soi-même l’expérience. En prenant appui sur l’apparition des couleurs, la métamorphose de la plante et la morphologie animale, Bortoft montre ici comment on peut découvrir le « tout » dans la « partie ». Il s’agit, avant tout, d’une mise en mouvement du regard et d’une transformation de la conscience.

Sommaire de l’ouvrage

- Les expériences de Newton
- Le phénomène primordial de la couleur
- La conscience scientifique de Goethe
- L’unité de la plante
- L’unité de l’organisation animale
- La connaissance scientifique
- Le penser organique de Goethe.

http://www.editions-triades.com/livres/nature-et-sciences/la-demarche-scientifique-de-goethe-art197.html

2 - ARTICLE DE PATRICK ROUSSEL

Un exemple de d'artiste scientifique
Johann Wolfgang von Goethe

 

Un artiste profondément savant  Un savant étonnamment artiste

1749 - 1832

La science goethéenne

 

Une science est dite goethéenne quand elle est approchée selon l'esprit de Goethe, selon sa façon d'observer et de se lier à la "chose" observée. Si une telle science s'applique avec magnificence aux sciences du vivant, elle reste aussi une démarche intéressante dans la sphère physique, matérielle.


L'absence d'image dans cette page se justifie par la nécessité d'expérimenter soi-même et de ne pas se borner à suivre une représentation.
Goethe parlait de discernement intuitif à propos de sa démarche cognitive.
L'intellect actif dans le domaine de la réflexion scientifique telle qu'elle est vulgarisée pour le grand public ne fait appel qu'à l'aspect extérieur du phénomène.
Goethe a eu d'une certaine manière l'outrecuidance de laisser parler aussi ce qu'il ressentait face au phénomène. Disons qu'il introduisit un caractère subjectif au côté du caractère objectif de la démarche scientifique classique, laissant de côté toute théorie, toute synthèse mathématique.


"Ce ne sont pas les sens qui trompent mais le jugement." dit ce grand savant, mettant ainsi de côté tout ce qui peut venir d'une théorie pour laisser parler avant tout les sens.
"Les animaux sont instruits par leurs organes disaient les anciens ; j'ajoute, les hommes aussi; ils ont toutefois le privilège de pouvoir à leur tour instruire leurs organes." Que rajouter, pour donner l'esprit de Goethe?


Ce ressenti dans la perception du phénomène permet une toute autre approche que l'approche scientifique classique. Si l'on admet que nous ne sommes pas propriétaires de nos pensées mais que notre cerveau agit comme un simple miroir capable de réfléchir la pensée disons organisatrice du phénomène observé, on détient alors la clé pour faire un pas de géant dans chaque science, voire dans chaque étude de processus quelconque (social, économie, ...) :  ce ressenti met en relation la pensée intérieure propre de l'observateur avec la pensée propre qui soutient le phénomène observé. Tout l'art consistant à plonger dans un arrière plan sans tomber dans la métaphysique ou la tautologie.
Goethe parlait alors de sensible-supasensible et il disait très sérieusement qu'il voyait l'idée de la chose en même temps que la chose, mais là nous entrons dans un espace trop large pour de l'info sur internet.

" Le beau rend manifeste des lois secrètes de la nature qui,
sans cette révélation, demeureraient éternellement cachées. "


Exemple d'approche dans le domaine de l'optique:

 

Sur la

 Nature des Couleurs

Goethe fit une expérience remarquable dans le monde la couleur qui laisse entrevoir la valeur d'une telle science :

  • Isaac Newton (1642 - 1727) avait déjà diffusé le résultat de ses recherches sur la nature de la lumière en 1669.
  • Goethe, friand de nouveauté, s'en alla réclamer cet appareil à travers lequel Newton avait pu contempler un monde de couleur là où ne s'exprimait qu'un fade blanc...

Ainsi Goethe reçut un simple prisme de la part d'un certain Büttner (conseiller d'état).Très occupé par ailleurs, il laissa l'objet en quarantaine jusqu'à ce que son propriètaire le réclamât.


Dès cet instant le monde tourna,

ou plutôt, malheureusement, le monde faillit tourner. Goethe prit le prisme.
Goethe regarda à travers le prisme,
dirigeant son regard vers le mur tristement blanc de son bureau.
Et, Goethe vit ce que chacun peut voir :
un mur blanc !


 

Déception, tout était comme avant, aussi blanc, et même sans doute moins intéressant car moins net.

  • Heureusement l'œil phénomélogique du savant artiste allemand ne manqua pas de remarquer le phénomème d'"arc en ciel" à la frange des objets, à la limite des choses.

Lorsqu'il tourna son regard (toujours à travers le prisme) vers la croisée de sa fenêtre, l'appareil fit merveille et séduisit alors l'expérimentateur passionné.

Débauche de couleur. Fantaisies lumineuses.

  • Le résultat attendu remplit certainement Goethe de joie.
  • Mais nouvelle déception ! l'arc en ciel annoncé par l'éminent Newton (sur qui la science fonde ses théories les plus fiables...)  n'apparaît pas !!!

Faites l'expérience.

L'arc en ciel se vêt de sa parure si hautement et chèrement symbolique, seulement, oserai-je dire, dans un cas très, trop précis pour bâtir une science vraie sur laquelle pourrait s'appuyer l'humanité pour faire le pas de géant qui la propulserait loin du monde stérile dans lequel elle s'installe lentement, incidieusement.
Seules, une frange lumineuse qui va du rouge au blanc en passant par le jaune d'un côté et une frange qui va du bleu très pâle au noir de l'autre côté, apparaissent quand on visualise un objet sombre sur fond clair ou le contraire !

C'est déjà beau mais le vert est totalement absent.

L'éminent Newton a tiré une conclusion quelque peu hâtive sur le phénomène.Il a menti par ommision ou par excés de recherche d'une satisfaction personnelle; cédons-lui sur ce point, ce serait plus beau avec l'arc en ciel car plus harmonieux, et puis, les 7 couleurs, c'est magique non? Le chiffre 7 surtout !

Point de sarcasme inutile de ma part car c'est un drâme en quelque sorte qui suit l'événement.
Et les expériences de Goethe n'y vont rien changer, la science plonge derrière l'auguste savant anglais et assène à tous les peuples sous l'emprise de quelque mysticisme occulte (que la science s'octroie volontiers) que la lumière est composée des 7 couleurs de l'arc en ciel.

C'est beau, cela fait rèver mais c'est presque un mensonge puisque ce n'est pas une vérité !
C'est au plus une vérité extrêmement partielle.

Errare humanum est bien sûr, mais perséverer dans l'erreur est une faute grave quand la lumière (!...) est faite sur le sujet.
Le Traité sur la couleur de Goethe n'aura qu'un très faible écho dans le monde des sciences optiques et pourtant ce qu'il propose pourrait permettre un pas en avant très sérieux dans la compréhension de ce que représente la couleur (et qui est paut-être plus intéressant que de ce limiter à une longueur d'onde). Evidemment ce traité ne recèle aucune formule mathématique, ni autre élubration théorique.

L'expérience

  • Il suffit de faire une expérience très simple et l'on comprendra que, c'est vrai, c'est plus satisfaisant avec l'arc en ciel.

Au lieu de regarder la lumière passant à travers une fente étroite et que l'on fait diffuser à travers le prisme, agrandissez la fente ou rétrecissez-la encore plus.
Dans le premier cas (fente large), le vert disparait laissant la place à du blanc si l'écran est blanc...
Dans le second cas (fente étroite), le vert disparait et des teintes nouvelles appraissent dans les tons de violet, si l'écran est blanc...

Le vert est un leurre dans cette expérience,

il est le chevauchement du jaune et du bleu

qui sont aux limites de l'image

et qui se mèlent

quand la largeur de la fente est bien choisie...

 

Tout est dit et si vous voulez en avoir la preuve, regardez dans le prisme (tout verre taillé avec des faces formant des angles peut convenir, il suffit de coller son oeil dessus et de regarder le paysage...).

Il y a de forte chance que cela ressemble à ce qui était plus haut ou alors à cela (en moins étiré bien sûr) :

 - La couleur telle qu'on la perçoit après le passage de la lumière au travers d'un prisme se comprend par l'expérience goethéenne comme une "lutte" de l'ombre avec la lumière.

Avant de tirer des conclusions du genre de ce qui vient d'être formulé, la démarche goethéenne doit avoir considéré aussi la façon dont notre oeil réagit à la lumière. Et Goethe a fait pour cela des expériences facilement reproductibles par tout un chacun.
Ces expériences sont connues mais on étudie alors l'oeil (les phosphènes par exemples). Les choses OEIL et COULEUR sont dissociées. Goethe les rassemble et l'élément qui arrive dans sa démarche est à proprement parlé l'élément de discernement intuitif pour aboutir à ce qui, à défaut de conclusion, peut être un élément de compréhension. On peut ressentir le caractère très "objectif" du travail de Goethe (il considère et poursuit son investigation avec le point de vue le plus large possible : l'objet (ici le prisme) et l'oeil du sujet (ici, élément de perception des phénomènes colorés)).
 

 

Par la suite tout s'ouvre, là où le savant ne fait que formuler des hypothèses jusqu'à ce qu'elle soient infirmées par d'autres hypothéses, Goethe pousse la chose jusque dans la poésie. (Et je suis désolé d'affirmer ici l'empirisme de nos sciences qui échaffaudent de bien belles théories sur les bases bien fragiles d'hypothèses théoriques ou de théories hypothétiques....)
Et Goethe a compris le bleu du ciel, et les rouges du levant et du couchant sans avoir a "hypothétiser" une certaine dimension du rayon lumineux traversant un air grossier qui ne laisserait passer que ce qu'il veut ou peut.
Et pourquoi l'ombre violette sur la neige?
Et les couleurs complémentaires?

Goethe est allé plus loin que Newton, très loin même, et il a donné ses résultats, et personne ne l'a écouté bien que les expériences soient manifestes.

Je vous laisse à l'énorme documentation qu'il nous a laissé mais parfois indisponible en français pour la plupart (Traité des couleurs * (traduit) pour le sujet abordé ici très succinctement en tant qu'exemple).
Que nous reste-t-il de tout le travail de ce savant poète? Des écrits sur lesquels s'appuient certains de nos scientifiques qui timidement sans doute n'osent pas faire trop de bruit autour du sujet. Car Goethe amène dans son sillage un courant où souffle l'Esprit.


Deux citations en exemple :

"Il lui convient (à l'Esprit) de mouvoir le monde de l'intérieur,
De cacher la nature en lui et de se cacher dans la nature.
Afin qu'à tout ce qui vit, travaille et existe en lui
Ne manque jamais sa force et son esprit."

 

"L'âme humaine est semblable à l'eau,
Qui descend du ciel,
Puis remonte au ciel,
Et redescend encore sur la Terre,
Selon un rythme éternel."

 

On voit tout de suite le gouffre immense qui existe entre le promoteur d'une nouvelle démarche scientifique et la démarche toujours actuelle et l'on peut comprendre aussi pourquoi on a tant de réticence à mettre ce grand savant plus souvent à l'honneur dans les sciences qu'on ne le met à propos de littérature. Mais il est temps que cela bouge car on arrive dans une impasse, une limite qu'on ne sait pas vraiment comment la franchir.

POURQUOI


un poète n'a-t-il pas droit de cité
dans l'espace " étriqué " d'une science frigide
incapable de s'unir à l'être intérieur de l'homme ?


La science d'aujourd'hui semble omettre l'importance du vécu intérieur de l'expérimentateur.
Or ce vécu fait partie intégrante de l'expérience. Le physicien Pauli eut le mérite d'évoquer une telle idée sur la fin de sa vie, après des années de travail et d'expérience ! Bien mal lui en prit, il fut alors dénigré par ces confrères...

Un objet tombant dans le désert doit faire du bruit même si aucune oreille n'est là pour le révéler au reste du monde, mais si une oreille l'entend, l'expérience continue avec sa cohorte de questions : pourquoi ce bruit pourquoi unbruit comment ce bruit comment un bruit ...

Même si peut-être des milliers d'applications fonctionnent sur la théorie de Newton, cela ne veut pas discréditer Goethe. L'expérience de Goethe inclut celle de Newton. Mais en agrandissant la fente on élargit les oeillères, d'autres découvertes intéressantes pourraient voir le jour...

Si cela n'ébranle pas un peu vos certitudes, tournez-vous vers la science dite autoritairement exacte (!) et demandez-lui :

  • comment il y a deux arcs-en-ciel l'un au-dessus de l'autre, avec une inversion des teintes pour le 2e ?
  • comment le ciel est bleu le jour, rouge le soir, violet avant la nuit ?
  • comment la nuit, en ville les ombres sont de toutes les couleurs ?
  • comment certaines personnes visualisent-elles inconsciemment et spontanément les couleurs complémentaires
  • ...

Et demandez bien toujours "comment ?" et non "pourquoi ?".


Si les réponses que vous obtiendrez vous satisfont,
si l'histoire de la grosseur des rayons qui ne peuvent pénêtrer la couche d'air vous enchante,
si les longueurs d'ondes suffisent à vous convaincre que ce que vous voyez ne réside que par le jeu de votre âme dont l'existence n'est pas prouvée comme une réalité,
alors soit, je n'ai plus rien à dire !


Sinon, pourrions-nous dire :

Malheureux qui ne possède que la Science et veut la vérité

Il reste au dehors des choses,

Etranger au monde qu'il est.

Malheureux qui ne possède que l'Art et désire la vérité

Il reste au dedans des choses,

Etranger au monde qu'il regarde.

 

Celui qui possède l'Art et la Science établira la Religion,
la Vérité viendra vers lui
.

 

Patrick ROUSSEL


 

 

 

 

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Notre amie d'Arts et Lettres Elena Ducu, artiste et galeriste nous présente du 11 au 20 juin au Royal Opera Arcade à Londres (5B, Pall Mall) bien d'autres artistes de tous horizons à l'occasion de l'exposition "Light in Art". Il serait donc regrettable de limiter aux seuls membres de notre réseau favori...

Afin de vous donner une petite idée des oeuvres présentées voici donc une courte suite à ma présentation (voir première partie de cet article).

12272908697?profile=originalSasaki Fumio : The sommit (bronze)

et

deux oeuvres de Celino Gemma (art digital et toile) en fond

12272909501?profile=originalDehmel Justyna : sans titre (or et huile sur toile)12272910098?profile=originalMais il fut bientôt temps de faire sa valise et de retrouver le morne quotidien...Allez un dernier petit clin d'oeil...12272911057?profile=originalOlivier Lamboray : The fools (détail)Merci encore à Elena Ducu pour pour son accueil et sa disponibilité.Avec toute mon amitié, sans oublier Tine, Barbara, Chantal et Olivier d'Arts et lettres.Michel Lansardière

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Roaring ROA (en revenant de l'expo...)

Le prétexte était tout trouvé... découvrir quelques nouvelles oeuvres et trinquer avec des amis d'Arts et Lettres, et bien d'autres, à l'occasion de l'exposition Light in Art à la Royal Opera Arcade Gallery de Londres (ROA, 5B, Pall Mall, tout près de la National Gallery et de Trafargar Square donc) du 11 au 20 juin 2013.

Nous avons été fort cordialement reçus par notre hôtesse Elena Ducu, organisatrice de cette exposition collective autour du thème de la Lumière et elle-même artiste. Charmante et attentive, elle met en valeur les artistes invités de toutes nationalités (britanniques bien sûr, mais aussi belges, français, italiens, suisses, japonais, australiens, brésiliens, roumains, autrichiens, albanais ou polonais) avec tact et modestie. Ce qui ne saurait occulter son travail de peintre et de sculptrice. J'en veux pour preuve son étonnante sculpture "Metropolis", styrofoam (polystyrène extrudé) et fibre de verre peinte. Mais suivant sa volonté, place aux invités...

Petite rétrospective... mettons en lumière tout d'abord quelques membres d'Arts et Lettres.

Tine Swerts et ses tableaux d'eau et de lumière, reflets changeants, cristaux aux mille facettes, ailes de papillons, étangs miroitants.

12272912880?profile=originalImpression 2 (huile sur toile, détail)

12272913662?profile=originalImpression (huile sur toile, détail)

Barbara Stacher, feu et fougue, perpétuelle recherche de l'équilibre, peinture, sculpture selon son instinct.

12272914063?profile=originalPaysage intérieur VI (huile sur toile, détail)

12272914297?profile=originalTorse féminin (bronze)

Olivier Lamboray, qu'on ne présente ici plus tant son talent est grand et reconnu de tous, son imagination

féconde. Bbbelgissime !!!12272914876?profile=originalMoving on (acrylique sur toile, détail)

12272915679?profile=originalThe fools (acrylique sur toile détail)

Nous eûmes à déplorer l'absence de Chantal Roussel, malade et excusée. Partie remise...

Mais bien sûr ce n'est pas tout, puisque d'autres amis du monde entier s'ouvraient à nous...

A suivre...

Michel Lansardière

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CE QUE DISENT LES ETOILES

Dans les chansons chinoises

les étoiles chantent le désespoir

la vie est une vallée noire vite parcourue

Chante Danse Bois

conseillent les chansons

tant que que tu es jeune

car la vie passe comme un vol d'oiseau

JEAN ARP  (Jours effeuillés )

Petite lecture ce jour

12272912291?profile=originalAquarelle AA

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Mallarmé le fascinant

Un grand pas est franchi quand la « modernité » des années 1960 met en avant  Mallarmé le théoricien. C'est lui, dit-on, qui a consommé la rupture avec la tradition d'une poésie expressive, d'une littérature de la représentation. On le compare à Joyce, à Nietzsche. On en ferait presque un fournisseur de concepts. Pour un peu, on oublierait qu'il est poète, et même en prose.

Poète fascinant, et lui-même fasciné par la musique. Pourquoi voulait-il que la poésie reprenne à la symphonie son bien ? En cette fin du XIXe siècle, la formule a des échos divers, déformés. Peut-être, aujourd'hui encore, n'en at-on pas épuisé le sens.

 

Le poème, un théâtre de rythmes

Mallarmé n'a rien d'un enfant prodige. De ce point de vue comme de beaucoup d'autres, il s'oppose absolument à Rimbaud. On le voit vieilli, frileux, calfeutré dans une chambre avec un plaid sur les épaules. Et cette image s'est tellement bien imposée que l'on oublie un tout petit fait : les anthologies n'ont cessé de reprendre plusieurs des poèmes publiés en 1866 dans le Parnasse contemporain , et notamment L'Azur ou Brise marine . Lorsqu'il les compose, Mallarmé n'a guère plus de vingt ans. On soupçonnera peut-être les faiseurs d'anthologies d'avoir préféré des textes facilement intelligibles. Mais on peut également prendre leur accord pour un indice : la perfection de ces poèmes semble unanimement reconnue. Cette parfaite maîtrise d'un débutant n'est pas un phénomène des plus fréquents.

Il faut mettre en cause l'époque. Le système du vers français n'a pratiquement pas subi de modifications depuis la fin du XVIe siècle. La technique poétique est objet d'enseignement et les bons modèles ne font pas défaut. Il n'est pas tout à fait étonnant qu'un collégien parvienne assez vite à une impeccable facture. De fait, quand on lit les recueils de cette époque, même ceux qui, médiocres, ont été oubliés depuis, on ne peut pas ne pas être frappé par la sûreté de main dont font preuve tant de braves garçons.

Mais, dès l'abord, Mallarmé se place au premier rang, peut-être par une impitoyable rigueur. Il écrit, à propos du recueil publié par un ami : « La pensée, lâche, se distend en lieux communs et, quant à la forme, je vois des mots, des mots, mis souvent au hasard, sinistre s'y pouvant remplacer par lugubre, et lugubre par tragique, sans que le sens du vers change. » C'est, sous sa plume, la première apparition du mot « hasard », auquel il rêvera tant. Il est curieux et peut-être significatif que ce mot apparaisse d'abord à propos de technique, très précisément à propos du choix des adjectifs. Dès le début, Mallarmé est marqué par le souci, dans un poème, de donner à chaque mot une raison d'être. Il suffit de regarder ses propres épithètes pour voir qu'elles ne sont pas mises là au hasard. Et cette solidité d'enchaînement dans le détail, Mallarmé la demande aussi à l'ensemble. Il écrit, à propos de L'Azur : « Il fallait toute cette poignante révélation pour motiver le cri sincère et bizarre de la fin, l'azur. »

« Motiver », c'est le mot. Mallarmé fait siens les principes posés par Edgar Poe dans Genèse d'un poème . Comme le Corbeau , L'Azur doit, de tous ses détails, se subordonner à la nécessité de l'« effet » final, ce mot : « L'Azur ! », quatre fois répété. Tout doit être calculé pour que soit implacable le déroulement du « drame ». Ce mot dit clairement quel rapport étroit le poème de Mallarmé entretient d'emblée avec le théâtre : ce doit être une suite d'événements liés, un déroulement réglé comme celui d'une cérémonie.

A « drame », on pourra donner aussi un sens plus banal. Les difficultés de la vie s'expriment à travers l'un de ces calembours pour lesquels le poète avait une curieuse passion : muni d'un certificat d'aptitude, Mallarmé, à vingt et un ans, est nommé chargé de cours au lycée de Tournon (Ardèche). Orphelin, tôt marié, il a dû s'imposer ce labeur sans joie. Ardèche, c'est « art, dèche », l'une pénible, l'autre effrayant. Les crises de spleen ne sont pas sans motifs. A l'isolement dans une petite ville hostile, à la pauvreté décente du fonctionnaire suppléant se joint, souffrance infiniment plus profonde, la difficulté de l'art, de l'« art cruel ».

Car Mallarmé n'est pas seulement un écolier brillant, et qui compose avec rigueur. Cette perfection que le vers français a atteinte, et qui pousse tant d'autres à ronronner, Mallarmé la met sans cesse à l'épreuve. Faut-il parler d'expériences ? Dans le poème qui commence par « Las de l'amer repos... » il y a tout un travail sur la répétition obsédante d'un seul mot, « roses », qui s'irise de nuances, une évidente recherche des effets de l'enjambement. Dans Soupir , on perçoit une complexité voulue qui affecte et la syntaxe et le jeu de la comparaison. « Creuser le vers », voilà ce dont il est question. La maîtrise très baudelairienne des Fenêtres doit être dépassée.

Ce n'est pas mépriser la gravité de la crise spirituelle qui commence à Tournon et culmine à Besançon, où Mallarmé est nommé pour l'année scolaire 1866-1867, ce n'est pas la diminuer que de dire qu'elle est d'abord liée à la difficulté d'écrire, à cette effroyable, à cette impossible exigence de tout contrôler dans le poème, depuis la moindre lettre. C'est dans l'impuissance du poème à exister comme immuable, comme indubitable, que Mallarmé fait la plus profonde expérience de l'évanescence et de la contingence. C'est dans les infinis reflets des comparaisons éparpillées qu'il découvre l'absence du sujet, quel que soit le sens qu'on donne à ce terme et dût-il, pourvu de majuscule, désigner Dieu ou l'Etre. C'est dans le travail sur le poème dramatique qu'il découvre que la personne, ou masque, n'est personne ; à travers Hérodiade, il peut dire : « Je suis parfaitement mort. »

Car Hérodiade et L'Après-Midi d'un faune sont d'abord des textes de théâtre, prévus, calculés pour que le jeu de leurs rythmes scande le temps d'une représentation. « Rythme » n'est pas à prendre ici au sens de « mètre » ; l'alexandrin, docile au canon séculaire, n'entre que comme un élément parmi d'autres dans cette construction où ses pauses tantôt s'accordent à celles des phrases, tantôt se plaisent à les contredire. Parfois distendue en phrases infinies, parfois ramassée en cris brefs, la syntaxe prend sa part, et royale, à l'élaboration du rythme. Dans ces drames où il se passe peu de chose, les événements majeurs sont événements de langage : accélérations, plages étales, ruptures. Et l'acteur devrait se perdre dans cette voix qui le profère. Il s'y évanouirait, ayant perdu toute identité, devenu poème.

Un acteur, Coquelin, fut effrayé par le Faune . Cette raison d'anecdote n'est pas la seule qui transforme en poèmes des essais rêvés pour la scène. De lui-même le théâtre est devenu mental ; on le remarque à un détail : les rubriques - descriptions de décors, de costumes, de gestes - se sont incorporées au texte, les armes suspendues aux murs d'Hérodiade , le paysage de marais siciliens où évolue le faune se transmuent en mots portés par la voix. Ainsi le réel tangible n'impose plus la platitude de ses toiles peintes. Dissous en parole, il se glisse dans le jeu complexe de relations, comparaisons, analogies, « confusions fausses », qui se construit entre les mots du poème.

Mais, mental plus qu'imaginaire, le théâtre reste théâtre. Il suppose artifice avoué, lenteur de la diction, distance d'avec ce que la rue voudrait imposer comme réalité humaine : événements du quotidien, passions analysées, conversation. On voit se modeler sur la complexité des rythmes le geste d'un acteur soucieux de chanter plus que d'exprimer son moi. Comme dans le heurt du vers et de la phrase, comme dans le conflit que font naître les impossibles comparaisons, on perçoit une confrontation dans l'évocation d'un souvenir qui est peut-être une illusion de rêve - et c'est le Faune -, dans l'attente d'un inconnu qui viendrait déchirer le refuge d'un décor - et c'est Hérodiade .

La crise spirituelle elle-même, que disent les lettres de Besançon, se met « en scène », dans « L'Intelligence du lecteur ». Le personnage d'un conte inachevé descend au tombeau pour y accomplir l'acte, le coup de dés, qui niera le hasard. On notera qu'il porte le nom latin d'une conjonction : Igitur , c'est-à-dire « Donc ». L'événement syntaxique et logique qu'est la déduction devient objet de représentation théâtrale.

Igitur laisse vide sa chambre, comme le faisait le personnage du Maître dans le Sonnet allégorique de lui-même , première version du sonnet qui commence par « Ses purs ongles très hauts... » Composée en Avignon, où Mallarmé enseigne de l'automne 1867 à l'été 1871, cette première version, qui ébahit ou inquiète les amis les plus chers, donne lieu, de la part de son auteur, à un commentaire fulgurant : « Le sens, s'il en a un (mais je me consolerais du contraire grâce à la dose de poésie qu'il renferme, ce me semble), est évoqué par un mirage interne des mots mêmes. » Ce « mirage », aussi illusion, est un immense jeu de relations qui s'établissent entre les mots, par analogies sémantiques ou ressemblances phoniques, selon la syntaxe ou en dépit d'elle. Le regard se perd dans cet entrelacs qui, à la différence des toiles d'araignée, n'est pas orienté vers un centre. Le titre provisoire, Sonnet allégorique de lui-même , le laisse entendre : car toute allégorie, dans la tradition, se hiérarchise ; l'Albatros, image du poète, se subordonne à lui ; et la Bouteille à la mer a moins de valeur que l'idée de message qu'elle représente. Ici, les différents termes de l'allégorie échangent sans fin leurs places, et l'on ne sait ce qui domine. Aussi le sens, comme on l'entend dans la vie et la communication quotidiennes, peut-il avoir disparu. On ne saurait résumer le poème, ni en énoncer à coup sûr le sujet.

Pour la première fois peut-être dans l'histoire de la poésie, un poète affirme que le sens n'est qu'un élément de la poésie, et qui pourrait faire défaut. Quelques années plus tard, des musiciens douteront que la tonalité classique soit le seul principe constructif possible, des peintres penseront que le sujet peut être écarté, oubliée toute volonté de représenter le réel.

Sa découverte, Mallarmé ne l'a jamais transformée en oukaze. Il n'y voit pas le slogan possible pour une nouvelle poétique à lancer. Peut-être n'a-t-il nullement l'impression d'accomplir une rupture, de clore une époque. Plus tard, vers 1885, quand le symbolisme naissant le prend pour étendard, il glisse dans un texte qui passe, encore aujourd'hui, pour un manifeste : « Je ne vois, et ce reste mon intense opinion, effacement de rien qui ait été beau dans le passé. » Mais il ajoute : « Selon moi jaillit tard une condition vraie ou la possibilité, de s'exprimer non seulement, mais de se moduler à son gré. » Une plus profonde intelligence du phénomène poétique ouvre de nouvelles, de multiples voies ; elle n'exige pas que la modernité se fasse iconoclaste. Mallarmé, jusqu'au bout, admire Hugo.

 

Musique mentale

A l'automne de 1871, il est enfin nommé à Paris. Il y trouve un milieu littéraire et artistique plus vaste que celui que lui offrait Avignon avec la compagnie des félibres. Il se plonge avec bonheur dans cette vie dont l'absence, à Tournon, à Besançon, lui avait été pénible. Vie d'amitiés, avec Manet, avec Villiers de L'Isle-Adam, avec Verlaine, avec tous ceux qui, à partir de 1877, se retrouveront le mardi dans le petit appartement de la rue de Rome. Vie de rencontres à l'allure mondaine, avec des écrivains et des plumitifs, des artistes et des tâcherons. Vie de démarches auprès des journaux et des éditeurs, de Lemerre, par exemple, qui refuse et le Faune et la traduction des poèmes d'Edgar Poe. Vie consacrée enfin à des travaux rémunérateurs, accomplis avec probité et sans concessions : une adaptation parfois libre d'un ouvrage anglais de mythologie, une éphémère revue mondaine, des ouvrages pédagogiques ; soit : Les Dieux antiques (1880), La Dernière Mode (huit livraisons de septembre à décembre 1874), Les Mots anglais (1877).

Ce dernier livre, ouvrage de philologie, ne rappelle pas seulement que, pour vivre, Mallarmé dut être professeur. Il évoque aussi cette thèse de linguistique à laquelle Mallarmé a longuement songé sans peut-être écrire autre chose que les quelques pages qui nous restent. Le travail du poète a longtemps été accompagné, en sourdine, par une réflexion sur la parole. L'image d'une science se profile, entrevue, à l'horizon.

Mais Paris est aussi, à partir, semble-t-il, de 1878, l'occasion de découvrir le concert symphonique, la musique, les « riches musiques » de l'orgue et de l'orchestre. Mallarmé restera toujours un amateur privé de connaissances techniques. Mais il n'a sans doute pas tort, ce musicien de métier qui lui écrit : « Savoir entendre et définir nettement les lignes extérieures de la mélodie et les profondeurs incommensurables de l'harmonie sont des qualités rares, que les poètes tels que vous sont seuls - en privilégiés - à posséder. » Le compliment touche juste : il n'y aurait pas grand sens à dire que la musique a influencé Mallarmé. C'est tout au contraire parce que le poète avait pratiqué son art d'une certaine manière qu'il peut percevoir dans la musique autre chose qu'un prétexte au discours du sentiment. Car, dans la symphonie, ce n'est pas l'expression qui intéresse Mallarmé. Au milieu des wagnerolâtres trop souvent préoccupés de souligner combien la musique sert le texte, l'anecdote et le commentaire moral qui l'enveloppe, le poète a un recul : ce n'est pas la légende que retient son attention. La musique est pour lui organisation de figures dans un temps, glissements et contrastes, coups d'ailes et retombées.

On comprend comment peut devenir un fidèle des concerts symphoniques celui qui, dès 1865, notait à propos de son Hérodiade : « J'ai, du reste, là, trouvé une façon intime et singulière de peindre et de noter des impressions très fugitives. Ajoute, pour plus de terreur, que toutes ces impressions se suivent comme dans une symphonie, et que je suis souvent des journées entières à me demander si celle-ci peut accompagner celle-là, quelle est leur parenté et leur effet. » Ce que Mallarmé découvre sans pouvoir le nommer, c'est peut-être le contrepoint : non plus la succession déductive des idées, mais leurs simultanéités décalées, tout un jeu d'accords, d'échos et de fuites.

Musicien, il l'était déjà, dès que son poème avait tourné le dos à l'art oratoire. Il ne le deviendra pas davantage, ne songera jamais, semble-t-il, à apprendre l'art de composer. Car, comme le théâtre, la musique devient mentale : c'est le livre qui est appelé à réaliser son essence pure. Le poème est une musique sans instruments. « De la musique visible », disait Arthur Symons, ami de Yeats et excellent traducteur de Mallarmé. Il faudrait suggérer plutôt : de la musique inouïe.

Car le mot n'est pas vaine sonorité. Les sons mêmes qui le composent, transmués en lettres, apparaissent déjà comme objets spirituels. Presque toujours absent de la musique instrumentale, le sens est cette étrange opération qui d'un groupe de sons fait naître une « notion ». Non pas, on l'a vu, que le poème se dissolve en un sens global et résumé, une idée, à moins que l'on ne prête à ce dernier mot la valeur qu'il a chez Mallarmé : figure, forme. « Idée même et suave », dit le poète. Jean-Pierre Richard suggère « essence concrète ».

Ces expressions paradoxales indiquent assez de quelle difficulté est, encore pour nous, la pensée de Mallarmé. Une « idée » est « suave » ; on la goûte, avec la bouche. Une « essence » est « concrète ». Il nous faut nous déshabituer de ces distinctions séculaires qui opposent la sensation à la pensée, le visible à l'invisible, le corps à l'âme ; il nous faut essayer de prendre à la lettre le mot « imaginaire », où persiste, dans le fictif, l'image. Si Mallarmé a perçu la musique comme une réalité à la fois sensible et spirituelle, et non comme un discours expressif, un peu plus subtil que celui des mots, c'est peut-être, dans une démarche inverse, par une méditation sur l'objet musical que nous pourrions saisir quelque chose de son intuition.

La question demeure de savoir comment, en son temps, il a pu être compris de ceux qui le vénéraient, de ces jeunes poètes qu'à partir de 1886, à cause du manifeste de Moréas, on appelle « symbolistes ». Que Mallarmé ait d'emblée paru comme un des parrains, voire le parrain, du mouvement, c'est un fait incontestable : révélé à un certain public par le roman de Huysmans, A rebours , et par Les Poètes maudits , de Verlaine, il se voit sollicité, par toutes les revues qui se lancent alors, de fournir articles ou poèmes inédits. Mais il y aurait abus de langage à le considérer comme symboliste, et plus encore à vouloir le définir en partant d'une certaine idée du symbole. Pour lui-même, il évite le mot « symboliste » jusque dans un article de 1892, intitulé Crise de vers , où il décrit les récentes transformations de la poésie française. Quant au mot « symbole » ; il ne l'emploie qu'avec précaution et sans marquer pour lui de religieux respect : il est même question, dans l'étude sur Richard Wagner, de « hasardeux symboles » qui ne semblent guère dignes qu'on se prosterne devant eux.

Il reste, par un paradoxe, que les grands poèmes écrits ou révélés à partir de 1885, la Prose pour des Esseintes et plusieurs sonnets, dont le célèbre sonnet en i, dit aussi, abusivement, « Le Cygne », représentent pour beaucoup de lecteurs les textes majeurs du symbolisme, et ont quelque peu fait pâlir les poèmes d'Henri de Régnier, de Francis Viélé-Griffin, de Gustave Kahn et de quelques autres à qui le qualificatif de symboliste convient de manière irréfutable.

Il reste aussi que, de l'abondante production à visées théoriques qui fleurit dans les revues du mouvement, se détachent impérieusement, difficiles et superbes, les poèmes en prose que publia Mallarmé sous le modeste nom d'articles. La continuité est en effet visible entre les poèmes en prose écrits à Tournon, les traductions, en prose, des poèmes de Poe, et les Divagations publiées en 1897 ; notons que ce volume reprend justement les premiers poèmes en prose, à côté de textes comme Crise de vers , le Mystère dans les lettres ou la superbe conférence sur Villiers de L'Isle-Adam. C'est peut-être dans cette prose que l'on saisit le mieux le travail proprement musical sur la phrase, les infinies variations du rythme, la composition dramatique, et tout le jeu, à travers les comparaisons éparpillées, des motifs en fuite perpétuelle. D'un certain point de vue, par exemple, il pourrait être dit que Crise de vers a pour sujet, ou « motif général », l'orage, comme La Gloire , expressément qualifié de « poème », s'organise autour d'un soleil couchant. A côté de ces textes qui scintillent à l'infini, la prose commune des symbolistes semble une vaine ornementation, l'expression inutilement chantournée de quelques idées simples.

Dans Divagations , les idées d'apparence la plus abstraite, sur le langage, la littérature ou l'économie politique, sont étonnamment mises en scène, rendues perceptibles. C'est toujours un théâtre qui est proposé, non pas un théâtre qui serait une imitation du réel, mais un spectacle mental où l'acteur concret se transforme en figure. C'est aussi peut-être un ballet, pourvu que l'on admette, comme le dit Mallarmé, que la danseuse n'est pas une femme et qu'elle ne danse pas. On pourrait recourir à une autre métaphore, celle d'une géométrie en mouvement, qui ne se résout pas en concepts, mais persiste à imposer des figures. Cette singulière manière de prendre la pensée, on ne la retrouve peut-être que chez certains poètes d'autres pays, poètes qui ont pu ne pas connaître Mallarmé par coeur, mais qui donnent l'impression de l'avoir deviné comme il avait deviné la musique. Mais y aurait-il un sens à soutenir que Mallarmé a exercé une influence sur Yeats, Hofmannsthal ou Alexandre Blok ?

Réduire les Divagations à un recueil d'idées littéraires, c'est prendre La Divine Comédie pour un traité de théologie. C'est refuser d'apprendre à voir.

 

« De vue et non de vision »

« Je chanterai le voyant qui, placé dans ce monde, l'a regardé, ce qu'on ne fait pas. »

C'est en ces termes que Mallarmé dessine le projet du Toast funèbre consacré à la mémoire de Théophile Gautier. On ne saurait assez méditer cette phrase. Et il le faut, car l'image s'est trop longtemps imposée d'un Mallarmé, et d'un mouvement symboliste, dont le rêve, constamment, échapperait à ce que nous appelons réalité. Claudel a joué sur l'image de la chambre close, du refuge où l'on fuit la vie, du lieu protégé par la fumée des pipes, comme l'était le petit salon de la rue de Rome. Et l'on ne cesse de citer après lui Les Fenêtres , un poème très ancien, « où l'on tourne l'épaule à la vie ». La citation est exacte, mais il faut considérer le contexte, l'atmosphère encore très baudelairienne qui domine cette parfaite allégorie : le poète est écouré par l'ici-bas comme le moribond « las du triste hôpital ».

Le sens des Fenêtres est clairement affirmé. Il y a quelque abus à vouloir le retrouver dans toute l'oeuvre. Déjà, dans certains des poèmes publiés en 1866, l'ailleurs vers lequel s'enfuir n'est plus désigné par des termes abstraits tels que « l'Idéal » ou « la mysticité ». Il devient paysage. La vacuité de l'azur se transforme en un croquis contrasté : « Une ligne d'azur mince et pâle serait / Un lac [...] / Non loin de trois grands cils d'émeraude, roseaux. » Ces roseaux, nous les retrouvons dans le poème ensoleillé du Faune ; où, coupés, ils deviennent flûtes. « Instrument des fuites, ô maligne / Syrinx », la flûte n'est pas une invitation à quitter le monde, mais à le transmuer en « Une sonore, vaine et monotone ligne ». Et ce que dit le poème, ce n'est pas cette ligne que, plus tard, Debussy fera vibrer ; c'est la naissance de cette ligne, le jeu du rêve ou de la rêverie qui ressasse, déforme et multiplie la vision. On n'a jamais fini de regarder, de revoir, de revivre la scène, l'anecdote des nymphes ravies. On peut toujours « A leur ombre enlever encore des ceintures ».

Ainsi se dessinent les deux figures essentielles de la poésie mallarméenne : la fascination et le mouvement. La fascination, celle d'Hérodiade pour elle-même, mais aussi, dans les fragments derniers, pour cette voix du prophète qui est « comme un viril tonnerre / Du cachot fulguré pour s'ensevelir où ? », c'est encore l'« extase » qui domine la Prose pour des Esseintes : il y a extase parce que le monde se révèle plus riche que ne le croient ceux qui se hâtent de le cataloguer. Les objets existent, chez Mallarmé, avec une singulière intensité, qu'ils soient produits d'un art humain, vases, rideaux, miroirs, ou qu'ils appartiennent à l'éden natif : fleurs, pierres, verdures, étoiles, soleils couchants. Trop de commentateurs ont trop vite supposé qu'un cygne n'offrait, de soi, nul intérêt, qu'il fallait le dissoudre en une idée plus haute, une allégorie du Poète, une nostalgie d'un Idéal perdu. On pourrait être tenté de les suivre s'il ne s'agissait, dans ce sonnet fameux, que d'une description précise et à la fois lointaine, que d'une manière de tableau comme aimaient à en écrire certains poètes du XVIIIe siècle. Mais cette espèce de double glacé du réel est justement ici hors de question. Il n'y a de regard que passionné, et, par conséquent, détaché du détail oiseux. Tout devient mystère. Encore faut-il ne pas s'arrêter à confondre mystère et énigme. Le « trop grand glaïeul » de la Prose ne joue pas à cacher une solution qui devrait être devinée. Il est. On n'en finira pas de le regarder.

Ceux qui ne savent pas voir sont ceux qui ont l'assurance d'avoir vu, compris, classé. Ils font de la langue un usage commandé par la seule utilité. L'essentiel est pour eux d'en avoir fini avec le monde, avec ce qu'il offre à chaque instant d'inouï. Mais, de même qu'il existe un « double état de la parole », l'un commercial, l'autre poétique, il existe un double état de la vision. Voir, ce peut être avoir reconnu ; ce peut être aussi contempler. Pour qui voit, vraiment, le temps de la vision, de la fascination, se distend, se prolonge, s'organise en musique.

 

Un poème est à la fois un instant et un siècle.

Ce que Mallarmé laisse ici entendre, analyse avec une plus que rare finesse, semble faire écho à des paroles obscures parfois dites par des poètes de temps lointains. On songe à Shakespeare, à certains troubadours, à Homère. Il apparaît presque que Mallarmé pourrait bien avoir tracé, et pratiqué, une poésie qui ne serait pas celle d'une époque, fût-elle de rupture, mais le vieux rêve sans cesse enseveli sous le bavardage des moralistes. Lorsque s'insinue, dans les notes de La Musique et les lettres , une allusion sitôt niée à Platon, il y aurait lieu d'évoquer peut-être moins le système connu des « Idées » que la dérobade étrange par laquelle, dans Ion , Homère échappe aux raisons pour faire naître un charme.

Et le mot de « mystère », loin d'indiquer quelque problème de nature policière, renverrait à on ne sait quel Éleusis, à ces cérémonies par lesquelles, selon Aristote, « on n'est pas instruit, mais disposé ». Le poète ayant assigné comme but à son art une « explication orphique de la Terre », on s'est peut-être trop pressé d'entendre, selon une tradition, qu'Orphée avait, sous des allégories, dérobé une théologie. Expliquer est affaire de science. Mais expliquer à la manière orphique, n'est-ce pas entrer dans le jeu du monde, « ce qu'on ne fait pas » ? L'expression « magie poétique » est devenue si banale, si pauvre, que plus d'un hésiterait à lire, dans Divagations , le poème appelé « Magie ». Il y apprendrait pourtant qu'il est un « sortilège, que restera la poésie ». Mais il est vrai que, dans le commerce quotidien, la fascination est de nul usage.

C'est qu'on la croit parente de l'immobilité. Or il n'est d'objet qui, sous le regard de Mallarmé, ne s'anime. L'idée de drame est toujours latente. Il n'est pas possible de faire une revue des motifs mallarméens sans examiner le mouvement dans lequel ils sont pris, celui qui les transforme, celui qui tend à les annuler.

S'il n'y a pas de tableau dans le sonnet dit « du Cygne », c'est parce que l'oiseau est d'emblée donné comme un être en lutte, à jamais retenu dans son essor, parce qu'il « se délivre ». L'expression est extraordinairement forte ; elle confère au présent presque banal une tension plus pure. C'est une variante tragique de la figure dynamique qui se trouve dans l'Éventail de Mademoiselle Mallarmé , celle que le poète désigne, d'un trait sûr, comme « le coup prisonnier ». Rien n'interdira jamais à un lecteur de manifester son indifférence ou sa lointaine, quoique bienveillante, curiosité. Mais, ici, ce lecteur aura décliné l'invitation qui lui était faite. Car le texte le sollicite comme un rôle agrippe un comédien. Pourquoi le poème de l'éventail est-il écrit à la première personne, au nom même de l'objet, sinon pour que se produise dans l'imaginaire la moins vraisemblable des identifications ? En l'absence d'un procédé aussi voyant, l'effet, dans le sonnet du Cygne, pourrait être analogue. Ce ne peut pas être l'accord sur un jugement qui est demandé au lecteur docile, mais la répétition d'un geste.

C'est pourquoi nombre de poèmes, et notamment la série des Tombeaux , sont guidés par la figure d'un héros : Wagner, Verlaine, Poe, Puvis de Chavannes, Vasco de Gama. On s'étonnerait que le poète pur cède si facilement à l'anecdote, à la mondanité des célébrations et des anniversaires, si l'on ne voyait comment le personnage, plus loin que les allusions à ce qui fut l'aspect social de son existence, paraît dans l'élan d'un verbe : comme Wagner, il « a jailli » ; comme Vasco, il est dit « voyager outre [...] ». Et Villiers de L'Isle-Adam, dans une conférence qui a désarçonné plus d'un auditeur poli, est perçu tout en gestes, en scènes, « acteur convaincu de sa propre pièce ».

Qui dit acteur dit déguisement. « Tel qu'en lui-même », le héros n'est plus ce que l'on a cru voir, dans les journaux. Le « je » de la Prose et d'ailleurs se confond mal avec le professeur d'anglais. On sait que Mallarmé a travaillé à un poème, après la mort de son jeune fils. De ce Tombeau, il n'est jamais venu à bout. Mais l'un de ses poèmes les plus poignants est mis dans la bouche d'une morte : le poète est littéralement devenu la voix de la morte qui parle.

Cette transformation redoutable, qui fait luire dans tout jeu l'éclair d'une puissance, les objets la connaissent aussi. Dans le Triptyque de sonnets, qui commence par « tout Orgueil... », la console devient un tombeau, le vase, un corps, la mandore, un ventre. C'est le principe même de la fascination mallarméenne que, sous le regard, loin de se figer, l'objet s'élargit (« Toute fleur s'étalait plus large »), ou, dissout en traits essentiels, les prête à quelque autre. C'est parce que la « verrerie » du triptyque est « croupe » et « bond » que, de vase ou de lampe qu'elle est aussi, elle se transmue en un corps de mère. La comparaison n'est plus un face-à-face, mais une métamorphose.

 

« Hiéroglyphes dont s'exalte le millier »

Le jeu repose sur les multiples ambiguïtés de la langue, qui déborde tous les dictionnaires. Les mots rêvent, s'associent par leurs lettres, comme si l'allitération entraînait analogie de sens, par les nuances infinies que leur a conférées leur longue histoire, encore que cette histoire ne soit pas parvenue à épuiser toutes les possibilités. Car toute langue, trésor d'archaïsmes et de fausses alliances avec les langues voisines - comme pour le français, le latin et l'anglais - tend aussi, discrètement, au néologisme, au sens inouï et pourtant acceptable d'un mot déjà connu. Le monde fuit dans le langage, le langage lui-même est en fuite perpétuelle, riche et multiple comme le monde. De cette fuite, le terme pourrait être le Néant. Et il est vrai que tout poème s'achève sur un blanc, débouche sur le silence. Et pourtant il a eu lieu. Il se répète dans l'infinie lecture. Et, le poète mort, les poèmes qu'il a laissés composent son nom. « Le nom du poète mystérieusement se refait avec le texte entier. »

Il existe un autre aspect, badin, de ce monument, une manière de jeu futile qui se délecte au calembour, voire à la parodie. On ne saisira pas Mallarmé si l'on est insensible à son sourire, à son humour. Il est vrai que Poe, selon lui, fut en butte « aux noirs vols du blasphème ». Dans un Billet à Whistler , on voit que, par grand vent, la rue est « Sujette au noir vol de chapeaux ». Un lecteur sérieux s'indigne de ces plaisanteries et regrette que l'on publie, pour grossir des oeuvres complètes, d'innombrables vers de circonstance, adresses en quatrains ou dédicaces fantasques aux rimes acrobatiques. Ce lecteur oublie que le sourire apparaît dans le poème mallarméen aux moments les plus graves. Qu'il se souvienne au moins de ce « muet / rire » qui passe, « au fond d'un naufrage », dans le dernier poème : Un coup de dés jamais n'abolira le hasard .

Poème sans égal, « partition » pour un concert mental, mais spectacle aussi bien, où la composition de la page joue un décor, inclus au texte comme celui d'Hérodiade , le Coup de dés est peut-être un fragment ou un mirage de ce Livre unique tel que Mallarmé n'a jamais cessé de le vouloir. Objet multiple, scintillant à l'infini, labyrinthe de syntaxe, fusées d'images et de rêves, il oppose à la mort l'absolue résistance d'un sourire, la rigueur achevée d'une constellation.

Le mystère est là, tout proche, non pas dans les abîmes théologiques, mais dans ce qui est, qui se donne, objets, soleils couchants, langage, musique, lettres. Tout poème est mystérieux pour qui ne s'est pas hâté d'en dégager le sens et de passer. Et l'on peut se souvenir que le Moyen Age donnait un théâtre de mystères. Reprise quelques mois avant la mort du poète, Hérodiade , devenue Les Noces d'Hérodiade , aurait reçu le nom de « mystère ». Cet archaïsme pourrait inquiéter quelque historien, soucieux de dater « à coup sûr » et de décrire le moment où a paru Mallarmé, novateur et guide. Il faut alors se souvenir que, à l'écart de la fiction sociale, un poète a toujours existé, dont Mallarmé, comme Mounet-Sully pour Hamlet, « lègue, élucidée, [...] comme authentiquée du sceau d'une époque suprême et neutre, à un avenir qui probablement ne s'en souciera mais ne pourra du moins l'altérer, une ressemblance immortelle ».

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Les mots

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Catou, les mots, vous les jetez sur le papier au grès de vos envies. Ce sont de simples mots destinés à expliquer vos rêves, vos fantasmes, vos manques d’aimer, vos exigences, vos labeurs, vos loisirs, vos… En moins de mots, vos joies, vos peines !

Vous semblez sorties d’un livre tant vous en abusez. Pas d’un roman policier, ni historique, disons d’un comte. Mais un conte pour adulte !

Votre surnom déjà, Catou, semble tiré de ce genre de récit. Si j’ai dit d’adulte, c’est que nos échanges écrits sont fait de ce langage mûr. Sans vous occuper des points, des virgules, vous allez à l’essentiel, votre écriture est virtuelle !

C’est en pensant à une autre dame que j’ai dessiné des livres s’envolant, tels des oiseaux ; des oiseaux de passage qui ne s’arrêtent que le temps d’un écrit, d’une lecture. Elle aussi à un surnom, presque semblable au vôtre, Fanou !

Décidément, elle aussi vit dans le monde de l’art et elle aussi à la tête remplie de rêves !

Sûrement d’autres que les vôtres mais avoir des rêves, n’est-ce pas merveilleux ?

Moi, je ne saurais pas vivre sans et j’aime fréquenter ceux qui en ont énormément !

Rêvons !

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administrateur théâtres

Il se démonte en lui-même
en une infinité de pièces minutieuses
sans nombre
par jeu de pertes et d’usures

il se défait

quelques fois il s’empare de l’une des pièces
une idée au hasard
une image de petit bois sec
un claquement de pomme de pin

d’autres fois il prend des notes
noter : cette douleur s’estompe songer à envoyer
bon de commande
noter : ce bonheur semble fragile songer à renforcer
les axes aux entournures
noter : cette envie de pleurer
d’aimer
de boire
d’oublier
de mourir
de vivre seul

il prend soin néanmoins de ne point mélanger
l’ordre de remontage
hélas cette pièce est usée elle aussi
trop usée
qui de quoi de quand où ça allez savoir

il sort de son hangar d’argile

aux autres il demande de l’aide
un plan pour repartir
mais c’est partout le même bordel on lui répond

il s’assoit
il cherche ses coudes
ses genoux
il cherche ses mains pour prendre sa tête
qui traîne
quelque part à côté du cœur tout démonté

il pleure sans larme
il pense à la tristesse de la vie qui l’attend
là-haut dans la pénombre de ses yeux baissés
égarés
quelque part.

texte extrait de "tu n'es pas encore prêt pour ton jour de chance en enfer" - Le Veilleur Editions - 2000 - épuisé -

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Musique et poésie

 

 

Le mystère s’insinue, s’amplifie, s’organise

mystifie, dépossède,

Les vents soufflent, les vagues déferlent,

mon âme subjuguée s’en va à la dérive.

 

Des torrents violents deviennent des cascades.

Dans un dernier éclat, la magie se dissipe,

laisse place au silence,

au spectacle apaisant des arbres sous la pluie.

 

Les feuilles desséchées, soudain, reprennent vie,

tapis de soie dorée.

Lors mon être en éveil, plongé dans l’harmonie,

parfaitement serein, s’ouvre aux réminiscences.

 

14/9/1989

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administrateur partenariats

L'amour triomphe de tout.

J'ai suivi pas à pas ses progrès.
Je l'ai guidée, lui ai réappris à être quelqu'un, à être une femme.
Elle va bien et je la reconduis demain chez elle, chaque jour nous marchions un peu plus loin.
Nous  faisions ces derniers jours quelques achats pour son retour, je l'ai gâtée au delà de ce que je pouvais imaginer.
Je m'en occupais comme d'un enfant, la couchait , la levait, nous riions sans cesse des oublis, des maladresses qui disparaissaient ensuite, au fil du temps...
 
Je n'ose imaginer la laisser seule.
Je m'y suis attachée à un point inimaginable.
Ces 7 semaines ont passé comme un jour.
Même si  tout est mis en place pour sa sécurité, son bien-être , j'appréhende ce moment où je refermerai la porte derrière elle.
 
Je crois que je vais ressentir un vide, un gouffre.
 
Demain sera une journée très dure pour moi.
Une des plus dure de ma vie je crois.
Mais cela me fait du bien  de l'écrire.
 
Liliane
 
 
 
 
 
 
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