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J'aime Mark Twain, son humour, sa lucidité, sa modernité. Volontiers caustique, jamais cynique, il sut raconter la vie des gens simples, parler à toutes les générations.

Il a bien connu la vie rude des bateliers, des mineurs...

12272819071?profile=original"Train de bois sur un fleuve américain" (gravure in Le Magasin Pittoresque, 1849)

Joueur de mots, son pseudonyme d'abord vient de son tumultueuse expérience sur le Mississipi où il fut pilote, avertissant "Mark Twain", "Deux brasses de fond !". Ses héros même, Tom Sawyer qui lui aussi découle de ces bois de dérive appelés, selon la position qu'ils prennent dans le fleuve, "logs", "snags" ou "sawyers", causant des désastres aux bateaux qu'ils défoncent et aux radeaux qu'ils soulèvent et submergent.

Gourme jetée, typographe puis pilote donc, Samuel Clemens partit en Californie avec son frère ainé Orion pour trois mois en 1861, de batelier il deviendrait bateleur ! Il y passa finalement "six ou sept années longues et singulières", en Californie puis au Nevada. prospecteur malheureux, il devint journaliste en signant Josh puis Mark Twain. Il entra au Territorial Enterprise de de Virginia City en 1862 (j'ai pu retrouver, dans un bric-à-brac indescriptible, un article original signé mark Twain pour le Daily Alta California, juste avant qu'il ne s'installe à New York) et s'y taille une petite réputation, ses lecteurs le reconnaissant sous les traits de "Wild humorist of the Pacific Slope" (l'extavagant humoriste des bords du Pacifique) ou de "Sagebrush Bohemian" (le Bohémien de l'armoise sauvage).

d'une blague sur les batraciens colportée dans le comté de Calaveras, et entendue à l'Angels Camp, Samuel Clemens tirera sa première nouvelle. Dans ce coin de Californie on organise toujours, pour en perpétuer le souvenir, des courses pour ces animaux sauteurs. Il publia un récit sur son épopée en 1872 : Roughing it ("Mes folles années années" ou dans une traduction plus récente "A la dure").

Quelques unes de ses impressions tirées de son expérience minière :

"La Gould & Curry n'en est qu'une des mines parmi beaucoup d'autres et, cependant, les rues de ses galeries et de ses tunnels avaient ensemble cinq miles de longueur et sa population était de cinq cents mineurs. Prise dans son ensemble, la ville souterraine avait quelques trente miles de rues et une population de seize mille âmes. A l'heure présente, une partie de cette population travaille à douze ou seize cents pieds de Virginia et Gold Hill et les Sonnettes  qui leur signalent ce que leur surintendant, à la surface, désire qu'ils fassent, sont mises en marche par télégraphe comme nous mettons une sonnette d'alarme en marche. Des homes tombent parfois dans un puits de mille pieds de haut".

Gould & Curry avait bâti là "une fonderie monstre de cent pilons moyennant une dépense qui s'avéra finalement très proche du millions de dollars. Les actions Gould & curry rapportaient de gros dividendes, chose rare et résultat confiné à la douzain ou à la quinzaine de filons sur la veine principale, la Comstock".

Il est facile de trouver un florilège de ses bons mots (y compris sur notre site, cf. Groupe Citations). Pourtant certaines de ces "petites phrases"" sont moins connues et révèlent sa pénétration d'esprit, son humanité sous le masque de l'humour. Un humour de l'Ouest (tale tall) dont il fut le chantre (citons aussi, moins connus chez nous, Bret Harte, son alter-ego, ou O Henry-William Sidney Porter, dit-).

Portait chinois (les Chinois furent parmi les minorités les plus maltraitées, c'est dire) :

"En Californie il tire sa subsistance de vieilles mines que les blancs ont abandonné comme épuisées et sans valeur, et les fonctionnaires leur tombent alors dessus avec une escroquerie exorbitante à laquelle l'administration a donné le nom très large et très général de taxe minière étrangère, mais elle n'est généralement infligée à aucun autre étranger que les Chinois".

"La libre Californie prélève un impôt illégal sur John le Chinois, chercheur d'or, et permet à Patrick l'Irlandais de fouiller le sol gratis. Pourquoi ? Sans doute parce que le Mongol dégénéré ne dépense pas un cent en achat de whiskey, tandis que le Celte civilisé ne peut vivre sans boire".

Les Chinois "sont des gens inoffensifs quand les blancs, ou bien les laissent en paix, ou bien ne les traitent pas plus mal que des chiens".

Du quoi rire, John ?

Sur les pratiques douteuses de ses contemporains :

"La coutume était de chercher le morceau le plus riche et de le faire évaluer ! Très souvent ce morceau, de la grosseur d'une aveline, était le seul fragment d'une tonne contenant du métal, et cependant, l'évaluation le présentait comme représentant la valeur moyenne la valeur moyenne de la tonne de matière sans valeur d'où il venait !". Toujours prévenant, "en son état primitif, l'or n'est qu'une matière terne et sans agrément... seuls les métaux vils excitent l'ignorant par leur brillance ostentatoire" (ce qui est souvent vrai, de la pyrite, l'"or des fous", à la muscovite, "l'or des chats"). Car il faut prendre garde de pécher par excès de confiance, d'optimisme ou de naïveté dans les "mines les plus riches de la terre", selon la désignation locale usuelle" où "la modestie dans la nomenclature n'est pas un trait dominant".

Qu'aurait-il dit de nos modernes traders, avocats, philistins, notaires ?

Amer moqueur ce merle persifleur et pourfendeur poursuit :

"Rien n'offrait un tel champ d'action à l'activité intellectuelle comme de nourrir une batterie et de tamiser les résidus et rien ne stimulait les qualités morales comme de distiller de l'or et de laver les draps, mais je me trouvais, toutefois, contraint de demander une augmentation de salaire".

Voilà pour cette page à son honneur, j'espère ne pas l'avoir trahi ou escamoté l'essentiel de sa pensée. Aussi pour me faire pardonner mon éventuelle offense, j'ajoute qu'un astéroïde a été baptisé "Mark Twain".

Que les feux de l'humour continuent à briller (lorsqu'il se mêle à l'acuité).

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Le neveu de Rameau

12272820890?profile=originalIl s'agit d'un récit dialogué de Denis Diderot (1713-1784), commencé vers 1761. Plusieurs fois remanié, il fut publié d'après une copie autographe par G. Monval à Paris chez Plon-Nourrit en 1891.

 

Avant cette date, le texte n'était connu que par une traduction de Goethe (1805), elle-même retraduite en français (1821); puis par une copie autographe, mais défigurée par des interventions de la fille de Diderot, Mme de Vandeul (1823); enfin par les éditions, sensiblement plus fidèles, d'Assézat (1875) et de Tourneux (1884). Le sous-titre de l'oeuvre est Satire seconde parce qu'elle vient après la Satire première sur les caractères et les mots de caractère. Étant donné sa forme, on peut entendre le terme de satire dans son sens antique de pot-pourri de libres propos; mais il est possible aussi de le comprendre dans son acception actuelle de critique mordante de moeurs ou de personnes, puisque le Neveu de Rameau est à l'origine une réaction contre les antiphilosophes, spécialement Palissot, qui en 1760 avait ridiculisé Diderot et ses amis dans la comédie les Philosophes.

 

Après un Prologue qui relate la rencontre du Philosophe (MOI) avec l'original neveu du compositeur Rameau (LUI) au café de la Régence, un dialogue s'engage entre eux, à partir de la critique des joueurs d'échecs, sur le thème de l'homme de génie, puis le Neveu de Rameau glisse à son cas personnel, ce qui l'amène à faire l'éloge du parasitisme. Il s'interrompt pour exécuter sa première grande pantomime au violon et au clavecin. La conversation passe ensuite des capacités du Neveu aux leçons que donnait autrefois le Philosophe, et à l'éducation des jeunes filles. Parlant à son tour des leçons de musique qu'il donnait sans connaître celle-ci, le Neveu énonce sa théorie des idiotismes moraux: «Chaque état a ses exceptions à la conscience générale, auxquelles je donnerais volontiers le nom d'idiotismes de métier.» La réflexion s'ouvre alors sur les rapports entre morale et bonheur, le Neveu se disant capable d'être heureux grâce aux vices qui lui sont naturels. Il vante son art de la flatterie, lequel n'a échoué qu'une seule fois, chez son protecteur le financier Bertin. Ce souvenir donne lieu à une description féroce des antiphilosophes sans talent qui fréquentent la «ménagerie Bertin». Au Philosophe qui s'étonne: «Pourquoi me montrer toute votre turpitude?», le Neveu réplique par la thèse du «sublime dans le mal», qu'il illustre par l'exemple du renégat d'Avignon, qui avait dénoncé par intérêt son ami juif à l' Inquisition. Triomphant, le Neveu se livre à sa deuxième grande pantomime musicale (fugue a cappella). Horrifié, le Philosophe porte la conversation sur un autre sujet, la querelle des Bouffons, ce qui entraîne bientôt le Neveu dans sa troisième grande pantomime, la plus extraordinaire: il mime à lui seul tout un opéra. Émerveillé, le Philosophe s'interroge sur le décalage entre le talent du Neveu et son manque de vertu. Celui-ci invoquant son atavisme, on enchaîne sur l'éducation de son fils, pour terminer sur l'échec du Neveu, qui n'a «rien fait qui vaille». La «pantomime des gueux», enfin, figurant ironiquement les «positions» prises par chacun à quelque niveau de la société qu'il se trouve, permet au Neveu de résumer sa conception de la vie. Seul le roi est, selon LUI, dispensé de la pantomime; pour MOI, c'est le Philosophe. La cloche de l'Opéra, qui annonce le début du spectacle, surprend le Neveu en pleine évocation de sa défunte épouse et met fin à l'entretien.

 

La composition du Neveu de Rameau reproduit le rythme vivant de la conversation, où les répliques s'enchaînent selon les caprices des interlocuteurs, par l'intermédiaire d'un terme, d'une idée, d'un geste, comme Diderot l'expliquait dans une lettre à Sophie Volland: «C'est une chose singulière que la conversation; voyez les circuits que nous avons faits; les rêves d'un malade en délire ne sont pas plus hétéroclites. Cependant, comme il n'y a rien de décousu ni dans la tête d'un homme qui rêve ni dans celle d'un fou, tout se tient aussi dans la conversation; mais il serait quelquefois bien difficile de retrouver les chaînons imperceptibles qui ont attiré tant d'idées disparates.» C'est la recherche de ces chaînons qui intéresse Diderot, plus soucieux de montrer une pensée jaillissant avec le dialogue que de mettre en dialogue une pensée préétablie. En cela le Neveu de Rameau diffère du dialogue socratique, duquel la présence du Philosophe et les références à la philosophie antique nous invitent à le rapprocher. Ici, les interlocuteurs, malgré la déférence du Neveu envers le Philosophe, n'entretiennent pas des rapports de maître à disciple. Ce ne sont pas, comme pour Platon, des seconds rôles mis au service d'une vérité préexistant au dialogue. Du reste, le dialogue chez Diderot, qui alterne l'idée et son contraire, n'aboutit même pas à une vérité; il apparaît comme l'éternelle quête d'une synthèse des contraires.

 

Qui a raison, du Philosophe qui croit en l'utilité sociale de l'homme de génie ou du Neveu qui le présente comme un homme dangereux en tant que facteur de changement? Le Neveu, d'ailleurs, est-il un génie ou un raté? Diderot ne tranche pas. Tout au plus peut-on dire que le Philosophe, par certaines allusions à ses leçons de mathématiques, à sa fille, à son apparition dans la comédie de Palissot - «Vous n'êtes pas épargné là plus qu'un autre», lui dit le Neveu - et surtout par sa foi dans l'humanité (R. Desné voit résolument en lui le porte-parole d'une avant-garde intellectuelle militante) lui ressemble beaucoup. Mais le Neveu, avec sa voix de stentor et sa conversation animée, ou même sa vie de bohème, ne représente-t-il pas l'autre face, anticonformiste, d'un Diderot bicéphale? «Car Rameau, pense J. Fabre, est, au naturel, un autre Diderot, un homme sans politesse, ni conséquence, qui ne songerait pas à se surveiller. Mêmes poumons, même gesticulation forcenée, mêmes sautes d'humeur ou d'idées. Plus précisément encore, Rameau, compagnon de jeunesse et de bohème, est resté ce que Diderot a été, ce qu'il a failli devenir, ce qu'il se félicite, mais aussi regrette parfois, de n'être pas devenu.»

 

Les points communs, il est vrai, sont frappants mais le Philosophe, bien que fasciné par la personnalité du Neveu, ne cache pas son mépris pour le type humain auquel il appartient: «Je n'estime pas ces originaux-là.» Il voit en lui, plutôt qu'un pôle d'attraction, un catalyseur qui permet, par sa seule présence, de faire sortir la vérité: «S'il en paraît un dans une compagnie, c'est un grain de levain qui fermente et qui restitue à chacun une portion de son individualité naturelle.» Il rompt l'uniformité que les conventions sociales ont introduite et démasque les coquins, ou plutôt il excelle à placer sur le visage de chacun le masque qui correspond à leur être véritable: «Les folies de cet homme, les contes de l'abbé Galiani, les extravagances de Rabelais, avoue le Philosophe, m'ont quelquefois fait rêver profondément. Ce sont trois magasins où je me suis pourvu de masques ridicules que je place sur le visage des plus graves personnages, et je vois Pantalon dans un prélat, un satyre dans un président, un pourceau dans un cénobite, une autruche dans un ministre, une oie dans son premier commis.»

 

Outre ce rôle de révélateur, le Neveu possède une fonction satirique. Calqué sur Jean-François Rameau, extravagant neveu du fameux musicien Jean-Philippe Rameau qui mena une existence précaire en donnant des leçons de musique avant de mourir dans la misère, le personnage de Diderot s'en différencie par deux traits essentiels. Défenseur de la musique italienne et critique virulent des antiphilosophes, il se distingue du modèle original qui était un admirateur, à travers son oncle, de la musique française et un ennemi des Philosophes. Le génie de Diderot a été de faire servir à sa propre cause l'un de ses adversaires. En mettant dans la bouche de son Neveu des paroles très acerbes contre la froideur académique du musicien Rameau et en prêtant à un habitué des cercles antiphilosophiques la condamnation la plus féroce des antiphilosophes, il confère à sa satire une extrême efficacité.

 

Le lecteur contemporain n'est plus très sensible au caractère de «manifeste de l'art nouveau» (J.-C. Bonnet) du Neveu de Rameau, ni à la bataille, parfois très basse, que Diderot y livre contre ses ennemis intellectuels. Il en retient surtout la peinture piquante et juste qui y est faite de la société française du XVIIIe siècle. Par l'intermédiaire du Neveu, appuyé parfois par le Philosophe, Diderot fait ressortir le rôle qu'y jouent la richesse - «De l'or, de l'or. L'or est tout, et le reste, sans or, n'est rien», - les protections, et, par voie de conséquence, la flatterie. Dans ce monde corrompu où le ministre plie devant le roi, la foule des ambitieux devant le ministre et l'abbé de condition devant le dépositaire de la feuille de bénéfices, «la pantomime des gueux est le grand branle de la terre». La critique marxiste a pu voir dans le Neveu de Rameau le reflet d'une société en faillite, arrivée à un point de décomposition tel que la Révolution devenait nécessaire.

 

Le Neveu est incontestablement un individu aliéné par sa position sociale. Contre le Philosophe qui défend le vrai, le bon et le beau, il soutient qu'il faut être ce que l'on a intérêt à être: «Faire sa cour, morbleu! faire sa cour, voir les Grands, étudier leurs goûts, se prêter à leurs fantaisies, servir leurs vices, approuver leurs injustices: voici le secret.» Le meilleur rôle auprès des Grands est par conséquent celui de fou, mais il ne faut pas se leurrer, on est toujours le fou de quelqu'un: «Moi, je suis le fou de Bertin et de beaucoup d'autres, le vôtre peut-être dans ce moment, ou peut-être vous le mien: celui qui serait sage n'aurait point de fou; celui donc qui a un fou n'est pas sage; s'il n'est pas sage il est fou et peut-être, fût-il le roi, le fou de son fou.»

 

Mais ces superbes analyses sur l'aliénation de l'individu ont-elles une portée politique réelle? Ne s'agit-il pas plutôt pour Diderot de poser, à travers le personnage du Neveu, les problèmes existentiels de l'être et du paraître, de l'identité et de l'altérité? «Que le diable m'emporte si je sais au fond ce que je suis», s'exclamera LUI, que le Philosophe présente d'emblée comme «un composé de hauteur et de bassesse, de bon sens et de déraison». Ces contradictions sont, dans la perspective matérialiste de Diderot, le lot de tous les individus, formés de bribes hétérogènes d'énergie circulant dans la matière. Même le Philosophe est ébranlé dans son moi par les paradoxes du Neveu. Plus d'une fois, il se dit partagé entre l'admiration et l'effroi, le rire et l'indignation.

 

Le Neveu de Rameau est donc avant tout la représentation magistrale et théâtrale de deux consciences qui s'affrontent et auxquelles le dialogue, s'il ne parvient pas à faire chanceler leurs convictions respectives, aura au moins permis de mieux se connaître. «Adieu monsieur le Philosophe, n'est-il pas vrai que je suis toujours le même?», demande LUI en partant. Que la réponse positive de MOI ne nous trompe pas: le Neveu n'a pas changé mais, entre la première et la dernière discussion sur le génie, il s'est rendu compte qu'il est un raté: «Je m'étais persuadé que j'avais du génie; au bout de ma ligne je lis que je suis un sot, un sot.» Quant au Philosophe, en se confrontant avec le Neveu, il finit manifestement par s'identifier à Diogène, «le philosophe qui n'a rien et qui ne demande rien», préférant être privé de tout plutôt «que de ramper, de s'avilir et se prostituer».

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L'AUBERGE AUX HERISSONS

Aujourd’hui, il a fait particulièrement lourd… C’est cet état de fait que j’ai mis sur le compte du comportement bizarre de Coco Nérisson.

Habituellement, mes deux petits pensionnaires ont un rythme de vie assez bien réglé. A savoir qu’en principe, le matin, quand je leur dépose leur gamelle bien garnie, ils sont roulés en boule sous des tas de loques en éponge et en flanelle. Même par ce temps caniculaire. Ils se goinfrent de morceaux de raisins, de pommes, de Sheba et du petit bout de madeleine pour lequel ils se damneraient, laissant pour plus tard les croquettes pour chat. Et ensuite, se remettent à la sieste jusqu’en début de soirée.

Dès que le soir descend, ils sortent de leur refuge non sans s’être quelque peu sustentés. Et là, le ballet commence : Coco entreprend un va-et-vient incessant dans la cour, du portail du jardin à la petite pièce d’eau dans laquelle il s’était noyé. Il ne risque plus rien puisqu’elle est maintenant protégée. Et, Gipsy, lui, s’il a renoncé à rentrer bien que la porte de la cuisine reste ouverte, préfère se balader tranquillement dans cette partie de la cour.

Nicky, continue de veiller sur eux mais il ne joue plus au bowling avec Coco depuis que je l’en ai empêché… trop de poils abîmés et de gencives endolories… Les amours d’un toutou et d’un hérisson ne manquent pas de piquant.

Or donc, aujourd’hui, Coco n’était pas couché au lever du jour. Il continuait de s’agiter ne s’intéressant même pas aux Choupinoux qui n’en revenaient pas. Puisqu’il refusait de jouer, ils ont fini par se lasser et sont venus préparer le  déjeuner de la petite tribu avec moi. Et comme ils sont devenus quasi végétariens, ils goûtent à tout : chicons, carottes, pommes, raisins…

J’ai tout de même commencé à m’inquiéter du comportement du hérisson quand il n’est pas rentré alors que j’avais déposé la gamelle dans le refuge. Même l’odeur de la madeleine ne l’intéressait pas. Pour le plus grand bonheur de Gipsy qui n’en fit qu’une bouchée. Quelque peu dépitée, pensant que sa noyade lui avait endommagé les neurones, je l’ai pris et remis dans la cabane. Où il a tout de même décidé d’aller dormir sans manger. Il devait d’ailleurs être épuisé.

Ce soir, il n’y a que Gipsy qui soit sorti du repaire. Par contre, Nicky est déjà venu me chercher plusieurs fois. Je pensais qu’il s’ennuyait de son ami. Mais il ne regardait pas dans la bonne direction. Il me fit alors comprendre qu’il fallait qu’il sorte. Bien que j’en sois fort attristée, j’ai refusé puisque depuis trois jours, le portail est fermé. Les chiens sont en convalescence de piqûres d’aoutats qu’ils ont récoltées en jouant dans le jardin.

Devant son insistance, je me suis approchée… et dans la lumière des spots, quelle ne fût pas ma surprise de voir un petit hérisson qui s’encourait. J’ai alors envoyé Nicky à sa rencontre. Il m’a permis de le retrouver roulé en boule à côté de la fontaine. Je l’ai pris… traité pour les puces et déposé dans la cabane.

Je me doutais qu’en son temps, Gipsy avait attiré Coco dans la cour. Mais là, le doute n’est plus permis. Jamais en plus de trente ans, je n’ai vu un seul hérisson dans mon jardin. Alors, oui, on peut dire que quelque chose se passe entre eux, une espèce de signal à distance. Ils doivent se dire que l’auberge est étoilée et qu’on s’y sent comme chez soi…

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Georges Rouault nous regarde

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« J’ai le défaut de ne laisser à personne son habit pailleté. L’homme que j’ai devant moi, c’est son âme que je veux voir, et plus il est grand, plus on le glorifie et plus je crains pour son âme. » (Georges Rouault)

 

Ecorché vif, Georges Rouault ne s’accommodait pas du monde « comme il va ». Il suffit,  pour s’en convaincre, de regarder ses œuvres : ses pierrots innocents, ses filles déchues, ses clowns vaincus ou triomphants, son squelette en uniforme, ses civils imbéciles, serviteurs de l’apocalypse, son Christ solitaire et bafoué…et son regard à lui, dans cet autoportrait de la désolation.

 

Les marchands de mort, le pharisaïsme,  L’indifférence des riches, l’accablement des pauvres, l’arrogance des puissants, l’humiliation des petits, la niaiserie satisfaite de ceux qui s’accommodent de tout (« Tout cela ne nous regarde pas ! »), le grand cirque du monde…Tout cela le rendait malade.

 

Oui, il suffit de regarder ses œuvres. Mais à vouloir les regarder, l’on s’aperçoit bientôt que ce sont elles qui nous regardent : « Que fais-tu de ce monde ? »

 

Né à Paris, pendant la Commune, le 27 mai 1871, Georges Rouault montre très tôt de grandes aptitudes pour le dessin. En 1885, il entre comme apprenti chez les verriers Tamoni, mais il n’a qu’une idée en tête : devenir peintre. En 1890, il suit les cours de Gustave Moreau. De 1895 à 1901, il expose des tableaux à sujets religieux ou mythologiques influencés par son maître. Dans les années qui suivent, il se lie avec des écrivains et penseurs chrétiens atypiques : Joris Karl Huysmans, Léon Bloy, le philosophe Jacques Maritain. Il fait aussi la connaissance de Jacques Rivière, d’Alain -Fournier, et  d’André Suarès. De 1903 à 1914, il réalise de nombreuses gouaches et aquarelles sur papier, représentant des clowns, des acrobates, des prostituées, des bourgeois infatués, symboles d’une humanité misérable et déchue. La première guerre mondiale est l’occasion d’un nouveau tournant dans son œuvre.

 

Au cours des années 1914-1939, poussé par Ambroise Vollard, Rouault va consacrer, parallèlement à la peinture, une part importante de son activité à la gravure. Chrétien douloureux,  passionné et sincère, il chercha à traduire picturalement sa vision religieuse et tragique de la condition humaine. Ses compositions aux tonalités sombres et mêlées semblent renouer avec l’art des imagiers du Moyen-âge.

 

« Né dans une cave sous un bombardement, pendant la Commune, écrit  Jean-François Garmier, confronté dès son enfance à la misère des banlieues pauvres, ayant expérimenté pendant de nombreuses années une vie de difficultés matérielles (…) Rouault a consacré la majeure partie de son œuvre à l’évocation de l’injustice et de la souffrance. »

 

« Ses œuvres vont droit au but, poursuit Jean-François Garmier… Il n’est pas besoin de temps, de lent décryptage, de supputations, pour percevoir et comprendre instantanément la réalité fulgurante qu’il veut faire partager au spectateur (…) S’il pourfend l’hypocrisie de la société, s’il tonne contre les marchands de canons, les avocats indifférents, les exploiteurs coloniaux, les bellicistes, les conformistes et la bêtise de tout poil, il est rempli d’humanité pour ceux qui ont touché le fond du désespoir ou de l’abjection. Toujours il montre de la compassion (…) Rouault n’est pas un désespéré. Même dans ses œuvres les plus dramatiques, il y a toujours une lueur d’espoir et d’émerveillement… »

 

La gravure occupe une place importante dans son œuvre. Il créa un grand nombre d’estampes souvent rassemblées autour d’un texte dans des livres dont les premiers ont été édités à l’initiative du marchand d’art Ambroise Vollard. 

 

Le Miserere occupe une position centrale dans l’œuvre gravé de Rouault. Il y travailla de 1912 à 1928. Cet ensemble qui porta d’abord le nom de Miserere et Guerre constitue un poème dédié à la douleur, où l’on voit défiler toutes les souffrances humaines. Les caricatures grimaçantes, les paysages, les scènes allégoriques ou symboliques se rapportant à la guerre restituent avec une acuité exceptionnelle l’inconscience, la bêtise, la force aveugle et brutale, la folie meurtrière de l’homme. La figure du Christ y est centrale. Christ honni, toujours flagellé, souffrant des mêmes maux que les hommes, offrant sa vie pour eux.

                                                                                                    

  

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marguerite-audoux.jpgPublié aux éditions L'Harmattan sous la direction de Bernard-Marie Garreau, Le terroir de Marguerite Audouxrassemble une série de six articles consacrés à Marguerite Audoux, présentés dans un colloque sur George Sand et Marguerite Audoux à l'université d'Orléans, à l'automne 2004.


Ces articles se distribuent en deux ensembles. Les uns, signés par Sylvie Sauvage, Bernard-Marie Garreau et Samuel Lair sont particulièrement centrés sur la relation poétique et amoureuse de "la couturière des Lettres" avec son terroir de Sologne, les autres, écrits par Angela Kershaw, Maguy Albet et Mireille Dumont, insistent plutôt sur l'expérience que fit l'ancienne bergère de la vie ouvrière parisienne.

Dans son introduction, Bernard-Marie Garreau  rappelle quelques éléments biographiques indispensables. L'oeuvre de Marguerite Audoux se confond avec sa vie : Marguerite Donquichotte, qui adoptera plus tard le nom de sa mère, Audoux, naît à Sancoins en 1863. Devenue orpheline à l'âge de trois ans, elle est élevée de 1868 à 1877 par les soeurs de l'Hôpital Général de Bourges. A quatorze ans, elle est placée comme bergère d'agneaux et servante de ferme en Sologne. A partir de 1881, elle poursuit son humble existence à Paris comme couturière.

Vers 1900, elle rencontre Michel Yelle, ami d'André Gide. Ce dernier découvre que la jeune femme écrit ses souvenirs. Il vend la mèche aux amis écrivains, intellectuels et artistes du Groupe de Carnetin, auquel s'est jointe l'ancienne bergère. L'un d'eux, Francis Jourdain, va trouver Octave Mirbeau qui s'enthousiasme pour le manuscrit. Marie-Claire paraît en volume en octobre 1910 et obtient le Prix Fémina le 2 décembre. Ce premier roman autobiographique relate les dix-huit premières années de la romancière. L'Atelier de Marie-Claire, paru en 1920, évoque le monde de la couture à travers l'atelier Dalignac où Marguerite Audoux travailla pendant vingt ans. Suivront deux autres romans :De la ville au moulin (1926) et Douce lumière (1937), ainsi qu'un recueil de contes, La Fiancée (1932). Devenue presque aveugle, Marguerite Audoux s'éteignit près de la mer, à Saint-Raphaël, en 1937.

Un poème de la vie intérieure

Rappelant l'amitié qui lia Marguerite Audoux à Alain-Fournier, Bernard-Marie Garreau cite les termes d'un article qu'écrivit l'auteur du Grand Meaulnes au lendemain de la publication de Marie-Claire : "La littérature des trente dernières années n'a pas produit peut-être un poème de la vie intérieure plus beau que la deuxième partie de Marie-Claire qui se passe chez des paysans de Sologne (...) C'est là, ne craignons pas de le dire, chez ces paysans du centre de la France, que la vie du coeur est la plus intense, parce qu'elle est aussi la plus cachée. Et tel est l'art de Marguerite Audoux : l'âme dans son livre est un personnage toujours présent mais qui demande le silence". "Marguerite Audoux, écrit de son côté Mireille Dumont dans l'article final, était perdue d'avance, puisque femme, orpheline, pauvre et isolée. Elle fait partie des "sans voix" et elle va pourtant faire entendre la sienne, parce que l'époque permet une émancipation qu'elle va saisir. Elle va quitter le monde rural où, par définition, les femmes sans condition ne sont rien, pour la ville où, après des emplois pénibles, elle accède à "l'artisanat artistique" d'un atelier de couture. Les amis qu'elle rencontre vont lui donner des idées, en particulier celle d'écrire, d'abord pour elle, puis pour les autres, les gens du peuple, qui sont les personnages de ses livres."

Espérons avec Mireille Dumont que des initiatives telles que lesconcours Marguerite Audoux dans les collèges du Cher, la tenue en 2004 du colloque sur Marguerite Audoux, à l'université d'Orléans et, bien sûr, la publication de ce livre, contribueront à dissiper le silence qui recouvre injustement l'oeuvre d'une femme qui croyait en l'être humain et qui fut un exemple rare d'élévation par le travail et de générosité.

Le terroir de Marguerite Audoux, publié sous la direction de Pierre-Marie Garreau aux éditions L'Harmattan, dans la collection Espaces littéraires.

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VACANCES...

 

L'eau fait des clapotis et le sable est trop chaud...

En douceur on s'alanguit, sieste au bord de l'eau?

Dans les corbeilles de fruits, des abeilles s'affairent...

Et le rosé tiédi, plus de glaçons dans les verres!

Le ciel àl'horizon se teint de poudre d'or

L'heure est comme immobile, cette chaleur endort...

Il règne une sorte de paix, sur un air de Provence

Et des soucis au loin, on perçoit la démence!

Vacances...

J.G.

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Le crapaud Victor Hugo

Philosophe ! O penseur, tu médites !

Veux-tu trouver le vrai sous nos brumes maudites !

Crois, pleure, abîme-toi dans l'insondable amour !

Quiconque est bon voit clair dans l'obscur carrefour.

Quiconque est bon habite un coin du ciel ..O sage.

 

La bonté, qui du monde éclaire le visage

La bonté, ce regard du matin ingénu.

la bonté, pur rayon qui chauffe l'inconnu.

 

Instinct qui dans la nuit et dans la souffrance aime,

est le trait d'union ineffable et suprême

qui joint, dans l'ombre, hélàs, si lugubre souvent

le grand ignorant au grand savant.

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Alvéoles (16)

Curieusement, Morhange et Milos venaient d'avoir la même pensée : parfois les choses peuvent basculer très rapidement.

En ce qui concerne le pirate, c'était le message de Sabrina qui posait problème. Il avait réveillé en lui quelques signes de nervosité, le premier d'entre eux étant la cigarette qu'il venait d'allumer.

Pour le directeur du CILTI, c'était tout autre chose : alors que son tartare de saumon venait de disparaître de son assiette, il se rappelait à quel point il avait été impressionné par la démonstration de la « chute des dominos ». Milos avait adopté un ton très didactique :

J'ai créé mes premières machines virtuelles « clandestines » au sein d'une société d'assurances. Leurs applications informatiques servaient un nouveau département, que leur management avait lancé à l'assaut du marché de l'assurance en ligne. Elles nécessitaient des adaptations très rapides, et des cycles de tests très courts : j'étais à peu près sûr de trouver ce que je cherchais. Et je n'ai pas été déçu : nombre de machines virtuelles étaient là, désactivées, attendant qu'on les fasse démarrer pour procéder à des tests intensifs, puis qu'on les remette à zéro. J'ai cloné trois machines, je les ai activées puis éteintes, et je les ai laissées dormir sur leurs serveurs, persuadé que quelques jours plus tard elles auraient été éliminées du système. Je me trompais. Personne n'y avait touché.

Milos avait demandé à Sabrina de montrer le schéma suivant. La carte du monde s'était vidée de ses points multicolores, pour montrer quelques symboles verts, ressemblant chacun vaguement à un frigo.

Cloner une machine virtuelle est une opération qui ne prend qu'une poignée de minutes. Quelques semaines plus tard, je disposais d'un groupe de plusieurs dizaines de machines virtuelles réparties dans quelques entreprises sans réel rapport entre elles, aux quatre coins de la planète. Chacune portait un nom très proche de ceux qui étaient réellement attribués aux autres machines virtuelles au sein de ces entreprises, et personne ne semblait s'en soucier le moins du monde. Ces machines m'appartenaient, m'obéissaient au doigt et à l'œil, et n'éveillaient pas la moindre attention. Bien sûr, elles n'étaient pas interconnectées, mais elles étaient capables d'émettre des messages l'une vers l'autre via l'internet, et c'est tout ce dont j'avais besoin.

L'image s'anima : chacun des frigos vint se placer l'un derrière l'autre. Puis ils se déformèrent pour former une suite de dominos placés à égale distance, au centre de la carte du monde.

Rappelons-nous une chose : si nous faisons abstraction de la technologie qui permet à tout ceci de fonctionner, une machine virtuelle n'a aucune présence physique. Elle n'est jamais qu'un fichier (ou un ensemble réduit de fichiers) d'une taille de quelques gigabytes. Une simple opération logicielle, et hop, la machine disparaît.

L'image suivante montra une scène vidéo.

Vous vous souvenez de cette cérémonie ? Vingt ans après la chute du mur de Berlin, Lech Walesa a été invité à participer aux cérémonies de commémoration de l'événement. Parmi les moments forts de ces manifestations, on retiendra l'image de l'ancien président polonais poussant un grand domino. C'était un grand bloc de polystyrène symbolisant une partie du mur. Il a heurté un autre bloc, l'entraînant dans sa chute. Ils se sont ensuite tous écroulés les uns derrière les autres. J'ai reproduit le même schéma. Lorsque j'ai piraté votre who's who, vous avez lancé les chiens à la poursuite de la machine virtuelle numéro 10, mais vous ignoriez qu'il y en avait 9 autres derrière elle. Chacune d'entre elle a envoyé une séquence d'ordres à la suivante, et m'a permis d'apporter les modifications taquines que je réservais à votre site. J'ai ensuite fait basculer le premier domino : la machine numéro 1 a reçu l'ordre de s'arrêter, mais aussi de passer le mot à sa voisine, et ainsi de suite.

Sur l'écran, la vidéo avait fait place au schéma des machines-dominos, qui, au lieu de basculer, semblaient s'enfoncer dans un sol imaginaire, l'une après l'autre.

J'ai modifié certaines parties du code de gestion des machines que j'ai créées, de manière à ce qu'au moment de s'arrêter, elles procèdent aussi à leur auto-destruction. Elles libèrent l'espace-disque qu'elles occupaient pour fonctionner : autrement dit, elles ne se contentent pas de mourir, elles font aussi disparaître leur propre cadavre , l'une après l'autre. Et quand bien même vous auriez trouvé la machine numéro 10, et – admettons – empêché sa destruction... nous n'auriez pas pu remonter la séquence, car à ce moment, toutes les autres machines avaient déjà disparu. Le reste, vous le connaissez : je vous ai envoyé un simple mail expliquant ce que j'avais fait, et vous invitant à prendre contact avec moi, si vous vouliez savoir comment je l'avais fait.

Milos avait marqué une pause, puis avait dit d'un air très satisfait :

J'ajoute que les différentes images que j'ai fait diffuser sur cet écran, avec votre collaboration, mademoiselle Bassalah, ne proviennent pas de la clé USB que je vous ai remise.

Sheppard et Wilson s'étaient regardés, puis s'étaient tournés vers Morhange.

Vous aussi, vous utilisez la virtualisation. Ici même. Vous pouvez enlever la clé, Mademoiselle Bassalah. Comme je vous l'ai dit, il n'y a aucun malware dessus. Juste un petit logiciel qui a réveillé une machine virtuelle sur l'un de vos serveurs. Et c'est elle qui a diffusé les quelques illustrations que vous avez vues.

Morhange soupira et lança un regard désabusé vers Sabrina.

Comme vous le constatez, la présentation tourne toujours sans l'aide de la clé. Mademoiselle Bassalah, pourriez-vous, je vous prie, appuyer sur la touche « End » de votre clavier ?

Morhange ferma les yeux durant une demi-seconde en signe d'approbation. Sabrina s'exécuta. La présentation disparut, aussitôt remplacée par un écran de veille arborant le sigle de l'OTAN et l'identification de la machine. Milos reprit :

Cette machine virtuelle tourne actuellement sur un de vos serveurs de bases de données. Son nom est « dbexp001 ». Seulement trois machines virtuelles sont exploitées sur ce serveur. Trois... dont une à moi, qui va disparaître dans exactement une minute.

Sheppard et Wilson se levèrent et quittèrent la salle de réunion précipitamment. Milos planta ses yeux dans ceux de Morhange, et demanda sur un air faussement poli :

Des questions ?

Les ingénieurs du CILTI, avertis par Sheppard, avaient bien trouvé la trace de l'activité de la machine de Milos, mais durant quelques secondes seulement. Après, elle s'était évanouie.

Les négociations avaient commencé tout de suite après.

Un magret de canard rosé, subtilement parfumé au miel, vint achever d'apaiser l'appétit de Morhange. Il se souvenait très bien d'avoir trouvé le ton de Milos d'une arrogance parfaitement condamnable. C'est à ce moment précis qu'il avait pris sa décision. Il appellerait ce numéro de téléphone qu'on lui avait confié jadis, et il s'emploierait à mettre le procédé de ce petit prétentieux à la disposition des gens qui lui avaient fait miroiter bien plus d'argent qu'il pouvait imaginer un jour en posséder.

Depuis le jour de cette réunion, Morhange avait avancé ses pions avec patience. Utiliser la « chute des dominos » entrait parfaitement dans le mandat du CILTI. Sabrina avait reçu pour mission d'accompagner Milos, et si l'occasion lui en était donnée, de prendre possession de la technologie développée par le pirate – même si plus tard, en imaginant que les négociations aboutissent, le CILTI récupérerait le tout : l'homme et le procédé.

L'opération sur le barrage avait entre temps confirmé son efficacité. Il était temps que cette technologie échappe au CILTI pour être transférée à de plus généreux commanditaires.

Morhange posa son verre d'Auxey-Duresses. Il aimait décidément beaucoup ce vin, et tant pis pour les esprits besogneux qui réprouvaient son penchant pour les repas bien arrosés à midi. Qu'ils aillent au diable. Il était en train de prendre une option ferme sur une suite de vie paisible, bien plus confortable et exotique que celle que lui réservait son employeur actuel. Sa cave abriterait plusieurs milliers de bouteilles prestigieuses, et ce serait tant mieux, car bientôt, dans certaines parties du monde, on tuerait peut-être pour un simple flacon de mauvais Chardonnay.

*

Les vingt-quatre tubes numérotés siégeaient dans leur écrin. En préparant son premier rendez-vous, Denis suivit une fois de plus les instructions. Il prit le premier tube, l'ouvrit au-dessus de l'évier, et se lava les avant-bras et les mains avec le liquide épais. Celui-ci ne séchait pas vraiment : il laissait une fine pellicule moite du coude jusqu'au bout de ses doigts.

Le rendez-vous devait avoir lieu dans la demie-heure. L'homme s'était montré jovial au téléphone, et semblait bien connaître la région. Il pouvait se rendre au premier point de dépôt dès la nuit tombée. Dès qu'il aurait confié la première couveuse, il reviendrait dans sa chambre, prendrait une douche, se saisirait du deuxième tube, et vogue la galère. Vingt-quatre fois en quelques jours. Heureusement qu'il ne passait jamais plus d'une nuit dans chaque hôtel, car avec toutes ces allées et venues, on l'aurait pris pour un dingue.

Denis rejoignit sa camionnette et démarra immédiatement, tout en se demandant si ce cérémonial avait un sens. Plus le temps passait, et plus il doutait qu'il y eût une quelconque relation entre la numérotation des tubes et celle des couveuses. Toutefois, les instructions étaient claires et impératives.

Il n'avait pourtant rien à manipuler. Chaque couveuse était scellée : il suffisait de la glisser dans le sac à dos prévu pour son transport et de la confier au porteur. Il n'y avait donc aucun contact entre le produit enfermé dans le tube et le précieux contenu de la couveuse. Denis s'était bien abstenu d'intervertir quelque couveuse ou quelque tube : la correction qu'il s'était prise lorsqu'il avait osé poser une question qu'il estimait légitime l'avait encouragé à s'en tenir strictement aux consignes.

Denis ne décidait pas non plus de la répartition des couveuses sur le territoire du département. Celle-ci lui était donnée sous la forme d'une série de pointeurs visuels posés sur une carte « Google earth » dont la dernière version était à chaque fois installée sur l'ordinateur portable qu'on lui confiait. Il n'avait qu'à recruter les porteurs pour chaque point, et faire déposer chaque couveuse dans l'ordre croissant de leurs numéros. Si pour une raison ou pour une autre il ne trouvait pas de porteur, il devait faire le travail lui-même. Cela n'était Dieu merci pas arrivé très souvent, car même s'il n'éprouvait pas de difficultés particulières à lire une carte à l'échelle 1:25000, trouver un endroit isolé en pleine nature était une tâche bien moins aisée pour lui que pour des gens qui connaissaient bien le coin. C'était d'ailleurs son principal critère de recrutement.

Cela ne l'empêchait pas de se sentir de plus en plus frustré. Lorsqu'on l'avait recruté, on lui avait expliqué bien des choses sur sa mission. Il avait appris quels étaient les desseins de ses commanditaires, et avait librement accepté d'y apporter sa contribution. Il estimait légitime qu'on le traite autrement que comme un simple pion sur un échiquier. Un département, vingt-quatre couveuses. Au suivant. Vingt-quatre autres couveuses. Et au suivant. Il n'avait même pas la moindre idée de l'étendue de l'entreprise. Quelle était la véritable étendue du projet ? La France ? L'Europe ? Le monde ?

Denis s'approchait du point de rendez-vous. Il devait chasser ces pensées de sa tête s'il voulait faire bonne figure face à son premier porteur.

Il se raisonna. Il en savait bien assez. Quelle que soit la portée des opérations en cours, les conséquences seraient mondiales, tout simplement.

*

Dominique traversa la petite pinède en trottinant. Sous l'eau, il n'avait pas arrêté de penser à Judith. Pas un seul instant il ne s'était posé la question de savoir si oui ou non il lui fallait attendre vraiment six minutes, trois ou dix : il savait que sa femme ne lui ferait pas le moindre reproche. Il ne serait ni trop tôt, ni trop tard, il serait là, et elle lui dirait qu'elle aimait sa présence. Tout était si simple avec elle.

Lorsqu'il arriva sous le soleil de la terrasse, tout changea très vite.

Il y eut d'abord la subite impression d'une multitude de petites caresses sur sa peau, suivie immédiatement d'une impression de froid, totalement déplacée sous le soleil encore haut dans le ciel. Il y eut aussi un feulement continu et rageur, quelque chose comme une cascade, en plus solide, ou comme un énorme sablier. Cela venait de la chambre. En levant la tête, Dominique vit une multitude de petits points noirs et furieux aller et venir aux abords du toit.

Il poussa un juron tout bas, puis hurla :

Judith !

Mais il savait déjà qu'il n'obtiendrait aucune réponse. Il se rua vers l'escalier, pensant vaguement qu'il était nu comme un ver, et que ce serait d'autant plus douloureux. Mais cette pensée s'effilocha derrière lui alors qu'il montait les marches quatre à quatre.

*

Milos s'était emparé de son ordinateur portable.

Ce n'était pas la première fois que Sabrina lui annonçait un changement de programme de dernière minute, mais l'idée même de manquer un repas libanais en sa compagnie le frustrait au plus haut point. Il s'était déjà habitué à recevoir nombre de messages d'elle en provenance d'autant de numéros de portable différents que les pays dans lesquels on l'envoyait. À chaque fois, elle disposait de coordonnées locales. Dans ce cas-ci, c'était un numéro suisse, ce qui se justifiait pleinement : le barrage qu'il avait pris pour cible était situé à la frontière franco-suisse, mais les deux centrales étaient sur le territoire helvétique.

Milos activa la connexion bluetooth de son téléphone. Sur l'écran de son ordinateur vint s'afficher l'historique des derniers échanges de SMS. Il porta d'abord son attention aux précédents textes qu'elle lui avait fait parvenir pour annoncer une mission urgente (quatre depuis qu'ils avaient fait connaissance). Il n'y avait là rien à redire : le contenu était comparable à chaque fois. Milos appréciait par ailleurs le fait qu'elle écrive sans sacrifier aux abréviations classiques tant répandues dans les SMS. Deux fois sur les quatre, son message avait été émis par le numéro portable qu'elle avait ensuite utilisé pour appeler Milos durant sa mission. Là non plus, a priori, rien de suspect.

Il y avait cependant plusieurs choses différentes dans cette dernière situation. La première était la plus évidente : Sabrina avait dû retourner au CILTI, ou à tout le moins avoir eu un contact avec quelqu'un. Car dans son premier message, elle annonçait « je suis sortie », et puis seulement elle parlait de sa mission-surprise... en émettant le message avec un portable dédié à sa mission. S'il avait été à sa place, il aurait émis un message bien plus tôt.

Mais il y avait plus suspect. Durant ses autres missions, Sabrina avait à chaque fois pris le soin de personnaliser sa boîte vocale : c'était sa propre voix qui disait « Je ne puis prendre votre appel, merci de me laisser un message et j'y donnerai suite dès que possible ». Dans ce cas-ci – il venait d'essayer de la joindre – le message était celui que l'opérateur téléphonique fournissait par défaut à ses abonnés.

Mais ce n'était pas une preuve. Une preuve de quoi d'ailleurs ? Que cherchait-il ? A combler sa frustration de ne pas déguster une bouteille de Château Kefraya sous le regard noir et pétillant de Sabrina ? Ou prouver qu'elle l'avait peut-être surveillé d'un peu trop près ?

Inutile de chercher plus loin. Sabrina le privait d'un bon moment, elle avait intérêt à lui avoir dit la vérité. Milos consulta le fichier « log » qui conservait les traces de l'activité de son ordinateur portable. Rien de suspect : à première vue, il n'avait pas été utilisé à son insu durant la nuit précédente, ni durant aucune des nuits où Sabrina et lui avaient dormi ensemble.

Il se souvenait de l'avoir sentie s'éloigner du lit à plusieurs reprises, en murmurant « je vais faire pipi », et à chaque fois elle était revenue immédiatement après. Il s'en souvenait d'autant mieux qu'à chacune de ses occasions, il l'avait attendue pour la voir revenir. Non pas pour la surveiller, mais pour le plaisir de voir le corps nu de Sabrina s'avancer vers lui, éclairé par la lune.

En revanche, il avait un souvenir moins précis des moments qu'ils passaient ensemble juste après avoir fait l'amour. Elle le prenait souvent dans ses bras, laissant sa main descendre sur les reins de son amant, comme pour goûter à l'apaisement de son corps. Il s'était maintes fois endormi sous la douce pression de cette main chaude, et au réveil, il l'avait retrouvée douchée, d'excellente humeur, et le cendrier prêt à déborder.

C'était d'ailleurs arrivé la nuit précédente.

Milos creusa immédiatement cette hypothèse. Il activa le gestionnaire de périphériques de son portable, et passa en revue les traces d'activité de chacun des composants grâce auxquels son portable pouvait communiquer avec d'autres appareils.

Communication sans fil : rien. Il avait désactivé son émetteur par précaution, et ne s'en servait que lors d'opérations de piratage. Port réseau : rien. Ports USB : rien. Port IEEE1394...

Quinze minutes d'activité, dès 03:52.

À ce moment, Milos dormait, et Sabrina prenait une douche. Disque dur : idem.

Milos n'eut même pas à entamer un petit exercice de calcul mental, car il savait déjà quel serait le résultat. Son port IEEE1394 était de la dernière génération, il pouvait supporter une vitesse de transfert de 3,2 Gigabit par seconde. En quinze minutes, le contenu intégral de son disque dur pouvait avoir été transféré sur n'importe quel périphérique compatible.

Morhange et Sabrina s'étaient bien foutus de lui.

Alvéoles est disponible en texte intégral ici...

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Au Parc Graton, l'immense lac

 

 

Le vent dans les cheveux, le soleil sur le corps,
Je suis à contempler la beauté du décor.
Des collines boisées en rempart verdoyant,
Entre le bleu céleste et son reflet brillant.

L'eau de glace du lac déconcerte d'abord
Mais se décourager, ce serait avoir tort.
Je vois s'y divertir de très jeunes enfants,
Leur bien-être paraît tout à fait évident.

Se déplacer dans l'eau sans aucune contrainte,
Flotter comme un bouchon sans éprouver de crainte,
Se sentir caressé, délices infinis!

Solitaire entourée, j'existe pleinement,
Prends ma part de bonheur dans l'éblouissement,
Dans l'harmonie parfait. Un autre lieu béni!

3/7/2004

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Sans attente...

 

Endiguer la lumière, épingler le soleil,

Fil à fil dénuder ses couleurs ondoyantes

Et tisser ses rayons en corolles de miel,

Enrubanner ton cœur de douceurs chatoyantes… 

 

Le poser tendrement sur l’herbe du jardin,

Laisser le vent sécher les larmes taciturnes

Qui ternissent le ciel de tes yeux au matin, 

Libérer cet oiseau de ses ombres nocturnes…

 

Épandre autour de lui la menthe et le jasmin,

Aromatiser l’air qu’il respire d’épices,

Ensemencer de fleurs l’esquisse d’un chemin,

D’un geste de la main l’extraire des abysses…

 

Repeindre l’horizon d’une écharpe d’iris,

Composer l’harmonie aux cordes d’une lyre,

L’écouter palpiter dans la claire oasis,

L’éveiller dans un nid de soie et cachemire…

 

D’un souffle éparpiller les ombres de l’ennui,

Composer un poème impossible à transcrire,

Déposer une clef sur ta table de nuit,

Dessiner au crayon, sur ta bouche, un sourire…

 

Et puis, à pas feutrés, comme je suis venu,

Disparaitre, partir, me fondre dans l’espace,

M’étendre dans l’oubli, glisser vers l’inconnu,

Sans attente, ne plus penser au temps qui passe…

 

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J'aurais...

 

J’aurais voulu quitter mes habits de tristesse,

Ne pas me sentir seul lorsque tu dis tendresse,

La vie est infidèle au bon vouloir du cœur,

Sous ma fenêtre chante un grand merle moqueur…

 

J’aurais voulu cueillir des roses sur tes lèvres,

Ensemencer le ciel d’aubépine et de rêves

Mais le temps est cruel avec celui qui aime,

Des promesses d’hier, ne reste qu’un poème…

                                                                                                    

J’aurais voulu t’aimer à en perdre la tête,

Faire de chaque jour une nouvelle fête,

Je t’ai vu doucement ne plus dire demain,

Pas à pas t’éloigner en délaissant ma main…

 

J’aurai voulu partir avec toi pour Venise

Et peut-être m’assoir sur le banc d’une église

Mais sur les quais déserts, s’éloigne ton regard,

Seul résonne l’écho d’un train sur le départ…

 

J’aurais voulu garder ton petit cœur pour cible

Mais je suis maladroit, cela devient risible,

Comme peau de chagrin mon carquois est usé, 

Je n’en ai plus la force et mon arc est brisé…

 

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Indiscrétion

Il a plu. Sous un ciel nacré,
Les arbres géants se détachent.
Le poids de l'eau sur les pivoines
Les courbe toutes jusqu'au sol.
Silence et immobilité.

Sur un cable téléphonique,
Au-dessus de l'érable noir,
Que de ma fenêtre j'admire,
Deux oiseaux beiges, de belle taille,
Se bécotent amoureusement.

Du bec à bec puis des caresses,
À coups de bec, de l'un à l'autre.
C'est un échange instantané
Qui se répète et me surprend.
Indiscrète, je les contemple.

Soudain la femelle s'envole
Lors son compagnon fait de même,
Dans son sillon évidemment.
Déçue, je reste à ma fenêtre
Et subitement, je comprends:

C'est en pensant à leurs oiseaux
Que les Québécois amicaux
Ont choisi de donner des becs.

15 juin 2005

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Nos hivers québécois

 

ruepetit014.jpg

Si tu voyais l'hiver, ici, comme c'est beau !
Les érables géants, sculptures délicates,
Étalent leurs ramures noircies sur de la nacre.

La neige immaculée s'amoncelle partout.
Sur les toits, les sapins ,en bancs sur le gazon.
Pour qui s'y aventure, elle est sable mouvant.

Les rues, rivières calmes, sont des tableaux charmants
Où les ombres varient selon l'humeur du temps,
En symétrie fidèle, au tout commencement.

L'air frais, froid ou glacé, est chargé d'énergie.
Si l'on veut s'attarder il faut se rendre actifs.
Lors, ce n'est qu'à l'abri qu'on devient nonchalants.

Derrière d'immenses baies,fascinés,on contemple,
Dans l'éblouissement, en pleine nuit souvent
Des haies de porcelaine, des gerbes de cristal.

17/12 2003

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Pays Meurtri

Alors que le soleil est au zénith

Les cris pour la liberté

Sont étouffés dans le sang

Sous le regard inerte de l’univers

Canons, chars et hélicoptères

Se déchaînent sur les innocents

Toits rasés, vitres soufflées

Pères et mères réduits en poussière

La terreur est partout

Par milliers et nu-pieds

Femmes et enfants pris en otages

Partis loin des bombes et des grenades

Dans les camps au milieu du néant

Ô,  Syrie, mon pays meurtri

Ma famille et mes proches sont là- bas

Je suis tes nouvelles de près

Mais hélas à travers l’écran

Morcelé, mon cœur, je prie le ciel

Qu’il te sauve du mal

Parce qu’aujourd’hui, je n’arrive pas à le croire

Ce sont des stratégies et des jeux de pouvoirs

Qui passent devant le bien

Devant les âmes du peuple

Cependant, je me fie à l’espoir

D’aller ensemble vers la lumière

 

16.08.12

Nada

 

 

 

 

 

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Merci la Vie...

Merci à la vie d'être telle quelle est , bien sûr , rien n'est jamais rose mais je peux vous garantir que le soleil finit toujours par apparaitre , une rencontre, un mot gentil, une espérance ....

 

Si ton soleil ne brille plus ou se fait la belle

Si ton coeur à trop souffert , garde Espoir

Les plus terribles situations s'arrangent

certe avec du temps mais crois y , avance

ne perds surtout pas confiance, tu n'est pas seul...

 

Souvent les épreuves sont si difficilles qu'il est impossible

de croire en des jours meilleurs et pourtant, pourtant

la vie t'apportera aussi son lot de chance , de joies

Crois y surtout , fais en moi la promesse,

Si on pense très fort , les bonnes choses arrivent

Si on garde foi en son destin , il nous ouvre les portes

les portes de ce que l'on espère....

 

 

Içi et maintenant , ne désepère plus

Içi et maintenant continue de rêver

car seul les rêves peuvent nous faire évoluer

et celà vers notre destinée.

 

 

Sois celle que tu veux devenir

Sois un livre ouvert pour ton avenir

à toi de l'écrire avec tout  ton coeur.

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Après "Bouquets et Prières" (1843), avant-dernier recueil avant les "Anges de la famille" (1849), qui exploitait la veine et la manière privilégiées d'un auteur reconnu et salué par les grandes voix du romantisme, les "Poésies inédites" (1860) s'imposent comme le point culminant d'une abondante oeuvre poétique.

 

Organisé en cinq parties, le recueil, dans une grande variété de mètres et de strophes, déploie les thèmes privilégiés de la poétesse. «Amour» (29 pièces) s'ouvre sur cette revendication: «Les femmes, je le sais, ne doivent pas écrire, / J'écris pourtant» ("Lettre de femme"). L'on y trouve la douleur, la nostalgie, la déploration et la résignation ("Le Secret perdu"), l'attente, l'évocation du souvenir ("Simple Oracle"), les vibrations ou les tourments du coeur et surtout les célébrissimes "Roses de Saadi". «Famille» (24 pièces) développe à la fois les souvenirs nordistes ("Un ruisseau de la Scarpe", "Une ruelle de Flandre") et la célébration des joies, des peines ou des chagrins familiaux ("l'Innocence", "A mon fils, avant le collège", "A mon fils, après l'avoir conduit au collège", "La mère qui pleure"). «Foi» (11 pièces) chante le recueillement, l'élévation, le don de soi, l'offrande des larmes ("Retour dans une église", "les Sanglots", "Renoncement"). «Enfants et Jeunes Filles» (21 pièces) est une galerie de portraits ("le Petit Brutal", "le Petit Mécontent", "la Grande Jeune Fille", "la Jeune Pensionnaire") ainsi qu'une série de danses et de fables ("Rencontre d'une chèvre et d'une brebis"). «Poésies diverses» enfin (32 pièces) est un ensemble un peu disparate de portraits d'amies, de dédicaces, d'anecdotes, de prières, où l'on peut distinguer, entre autres, "Invitation à la valse".

 

«Sonnez, cloches ruisselantes! / Ruisselez, larmes brûlantes!» ("les Cloches et les Larmes"): le recueil est en effet assez souvent lacrymal. Mais il s'avère aussi brûlant. L'amour ardent, ce «roi», ce «maître», ce «divin rôdeur», y laisse sa marque et sa blessure. Si les poèmes précédents avaient suivi les tribulations d'une âme meurtrie et d'une femme tourmentée par les chagrins, cet ultime bouquet, tout en rassemblant l'inspiration et la thématique valmoriennes, se distingue par de nombreuses pièces frémissantes, tour à tour doloristes, élégiaques, lyriques, où se donne à lire la sublimation poétique du deuil et de la mémoire. La douceur se met au service de la densité, de la ferveur, de la tendresse jamais mièvre, de l'émotion bouleversante, du cri déchirant qui expire sur des lèvres tremblantes. La résignation ne s'y fait pas abandon, mais acquiescement. Tantôt renoncement présenté à Dieu, tantôt accord intime avec l'ordre du monde («Laissez pleuvoir, ô cours solitaires et doux», "la Jeune Fille et le Ramier"), elle s'avère musique essentielle. L'on ne sait ce qu'il faut privilégier, de la mélodie déjà toute verlainienne des vers, de l'impressionnisme des notations, de la virtuosité strophique. Aux antipodes d'une poésie savante ou brillante, Marceline Desbordes-Valmore cultive la simplicité d'un lexique épuré. Ainsi dans "la Couronne effeuillée": «J'irai, j'irai porter ma couronne effeuillée / Au jardin de mon Père où revit toute fleur; / J'y répandrai longtemps mon âme agenouillée: / Mon Père a des secrets pour vaincre la douleur.»

 

L'exceptionnelle réussite des "Roses de Saadi", dont la légitime notoriété inspira l'iconoclaste dessinateur Gotlib ("Un peu de poésie que diable", Rubrique-à-brac n°5, 1974), emblématise la manière de l'écrivain. Le thème est également traité dans "l'Entrevue au ruisseau" («Voici ma plus belle ceinture / Elle embaume encor de mes fleurs»), mais il acquiert ici une dimension cosmique. Ces simples roses relient une vague qui «en a paru rouge et comme enflammée» à une discrète sensualité: «Respires-en sur moi l'odorant souvenir...» Cet enchantement parfumé rejoint le charme mélancolique du "Rêve intermittent d'une nuit triste", où le mètre impair des distiques d'hendécasyllabes évoque la «patrie absente», les grâces de l'enfant perdue ou les «flots d'or des pliantes moissons». De "Jour d'Orient", où éclatent les feux de la passion, à "Refuge", où se murmure une prière, de l'enfance à la maternité, du Nord où se mirent des «sourires limpides» ("le Puits de Notre-Dame de Douai") aux accents apollinairiens d'"Une nuit de mon âme" («A travers le dernier voile / Tendu sur l'autre avenir / Nous voyons la double étoile / De l'aube et du souvenir»), ce recueil distille un style poétique dont Barbey d'Aurevilly, entre autres commentateurs élogieux, parmi lesquels se distingue particulièrement Verlaine, proclamera la fécondité.

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Envol,

Psychanalyse ;

apprendre puis savoir voler qu'avec une seule aile,

dans un ciel renversé, ennuagé, un peu trop froid, bas.

Poésie ;

sentir, puis regarder son aile repousser,

enfin s'élancer, prendre de l'altitude dans

l'infiniment bleu et haut,

y cueillir des étoiles écloses,

comme autant de fleurs

lumineuses et poudrées, diaprées,

la nuit, le jour, toujours.

Le mélange des deux ;

philosophie et résilience,

grandir pas à pas,

choisir mon nom,

de vous me parer toute entière,

apprendre votre souffle,

le langage de vos mains,

me sentir belle, complète,

le partage de nous !

Sommet.

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La découverte d'un poète

Partage

Je viens de découvrir Jorge Luis Borges, un célèbre auteur argentin devenu presque aveugle. Je vais rechercher ses poèmes. J'ai été émue par son texte: Borges et moi .Je vous propose de le lire.

BORGES ET MOI

C’est à l’autre, à Borges, que les choses arrivent. Moi, je marche dans Buenos Aires, je m’attarde peut-être machinalement, pour regarder la voûte d’un vestibule et la grille d’un patio. J’ai des nouvelles de Borges par la poste et je vois son nom proposé pour une chaire ou dans un dictionnaire biographique. J’aime les sabliers, les planisphères, la typographie du XVIIIe siècle, le goût du café et la prose de Stevenson : l’autre partage ces préférences, mais non sans complaisance et d’une manière qui en fait des attributs d’acteur. Il serait exagéré de prétendre que nos relations sont mauvaises. Je vis et me laisse vivre, pour que Borges puisse ourdir sa littérature et cette littérature me justifie. Je confesse volontiers qu’il a réussi quelques pages de valeur, mais ces pages ne peuvent rien pour moi, sans doute parce que ce qui est bon n’appartient à personne, pas même à lui, l’autre, mais au langage et à la tradition. Au demeurant, je suis condamné à disparaître, définitivement, et seul quelque instant de moi aura chance de survivre dans l’autre. Peu à peu, je lui cède tout, bien que je me rende compte de sa manie perverse de tout falsifier et exagérer. Spinoza comprit que tout chose veut persévérer dans son être ; la pierre éternellement veut être pierre et le tigre un tigre. Mais moi je dois persévérer en Borges, non en moi (pour autant que je sois quelqu’un). Pourtant je me reconnais moins dans ses livres que dans beaucoup d’autres ou que dans le raclement laborieux d’une guitare. Il y a des années, j’ai essayé de me libérer de lui et j’ai passé des mythologies de banlieue aux jeux avec le temps et l’infini, mais maintenant ces jeux appartiennent à Borges et il faudra que j’imagine autre chose. De cette façon, ma vie est une fuite où je perds tout et où tout va à l’oubli ou à l’autre.

Je ne sais pas lequel des deux écrit cette page.

.JORGE LUIS BORGES

.

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ADMINISTRATEUR GENERAL

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Manolo Yanes

"Mythochromie"

Peintures

 

Exposition du 05/09 au 23/09/2012

De 11h 30 à 18h 30

Vernissage le 05/09/2012

De 18h 30 à 21h 30

 

 

Peintre de la transcendance

 

Les maîtres du Quattrocento et ceux du XXe siècle jalonnent la réflexion et le parcours pictural de Manolo Yanes. Il les a assimilés dans son œuvre parvenue à maturité. Assimilation qui lui permet de créer un univers à part entière à la symbolique très forte.

 

Né à Santa Cruz de Ténérife (Îles des Canaries) en 1957, il est viscéralement habité par la mythologie grecque, dont il décline tous les thèmes étonnamment proches du quotidien des hommes et en même temps de l’inconscient humain. Sa peinture se situe à la même charnière que la psychanalyse, sauf que ce sont des images au lieu des mots qui explorent ce questionnement fondamental de nos origines à travers la mythologie grecque.

 

Mythologie dont il s’est sans nul doute imprégné lors de ses études de Géographie et d’Histoire à l’Université de La Laguna à Ténérife, puis de dessin et de peinture à l’Ecole des Beaux-Arts, Santa Cruz de Ténérife. L’autre source d’inspiration est le surréalisme auquel Manolo Yanes fait toujours référence comme en un clin d’œil à l’esprit de ses maîtres.

 

Dans ses derniers travaux (Pastorale, Pothos, Hortus conclusus), il prend clairement son envol, en faisant siennes toutes les références passées, à travers la création minutieuse d’un cadre récurrent qui ouvre le champ d’une transcendance spectaculaire.

 

C’est sans doute là la clé d’entrée dans l’œuvre de Manolo Yanes : la recherche incessante d’une transcendance par l’expression picturale de la beauté charnelle.

 

Une fois adopté un thème qui le hante, Manolo Yanes le décline en autant de toiles qui forment une série dont la totalité exprimera l’idée initiale, dans toute sa splendeur, juste avant épuisement de la source d’inspiration. Une fois conçus les dessins de chaque toile, tel un démiurge façonnant le squelette des êtres, Manolo Yanes place sur les toiles des alignements de points en arcs de cercle et verticales, évoquant une mystérieuse géométrie symbolique, qui offre une voûte céleste à ses personnages en quête d’absolu et ouvre sur le silence des espaces infinis.

 

C’est dans ce cadre strict, que l’artiste donne vie aux différentes scènes, exprimant la liberté de ses couleurs, donnant du relief et de la matière à ses toiles. C’est dans ce cadre, que se raconte l’histoire de nos origines, se dit la sensualité des corps, s’exprime aussi le monde contemporain matérialiste.

 

Dans la série intitulée Pothos, la mise en scène de chaque tableau est aussi répliquée à l’identique avec la présence d’un personnage de la mythologie associé à un objet du monde moderne qui fait écho à son histoire. Association qui rend ludique la lecture du tableau.

 

Autre thématique ludique traitée de la même manière : la création d’un espace onirique et en même temps hyperréaliste autour d’Alice en son pays des merveilles, sublimée en un magnifique triptyque.

 

L’univers de Manolo Yanes constitue un raccourci saisissant de Fra Angelico à Dali avec à la clé, la création et la maîtrise de couleurs très spécifiques – au ton pastel avec des touches presque fluorescentes. Au-delà des thèmes mythologiques, ses couleurs montrent un continuum où l’on reconnaît la perfection de son style.

 

Dans sa recherche obstinée de la beauté, l’œuvre de Manolo Yanes vise une transcendance où l’intemporalité et la richesse des références offrent au regard des autres le plaisir d’une découverte tant intellectuelle que sensuelle.

 

Sylvie Darreau, Urrugne, le 1er juillet 2009

 

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Angela Magnatta

"Femmes-combats et rêves"

Affiches

 

Exposition du 05/09 au 23/09/2012

De 11h 30 à 18h 30

Vernissage le 05/09/2012

De 18h 30 à 21h 30

 

 

Parcours

 

Diplômée de l'Ecole Boulle, Angela Magnatta est graphiste de profession. Elle a travaillé de nombreuses années dans une importante agence de publicité parisienne, au service d’imposantes marques et multinationales. En 2009, elle débute son activité en free-lance et commence également à se pencher sur ses travaux personnels.

 

Commençant son parcours d’artiste en exposant ses peintures, elle décide, par la suite, de se concentrer sur la création graphique en mettant en exergue son savoir-faire dans une démarche purement artistique.

L'essentiel de son œuvre est, dès lors, dédié à la création d'A che. Elle conçoit l’A che comme une œuvre, en la libérant de tout message propagandiste et publicitaire, L’A che est déviée de tout contenu vulgaire, retrouvant alors sa place noble : le papier, sur lequel on écrit et on dessine, devenant ainsi le réceptacle de l’imagination, de pensées et émotions. Le thème unique de son travail est La Femme, elle parle d'héroïnes, de pionnières, de combattantes pour les droits de l’Homme et de la Femme, mais aussi de femmes invisibles, inconnues ou oubliées.

 

Ce travail naît d’un besoin de mettre en image ses réflexions et de rendre hommage aux

Femmes en rappelant leurs luttes et leurs mérites... leurs combats et leurs rêves.

 

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Jean-Pierre Mazubert

"De pierre et de mer inconnue"

Sculptures

 

Exposition du 05/09 au 23/09/2012

De 11h 30 à 18h 30

Vernissage le 05/09/2012

De 18h 30 à 21h 30

 

Né en 1958 Tailleur de pierre "Ornemaniste " Académie des Arts d'Ixelles (Bruxelles)

 

Comme dans les sculptures de l'art Africain, la question n'est pas de trouver une ressemblance d'après un modèle, mais d'essayer de reproduire via la sculpture, une entité douée de vie, comme c'est le cas dans l'art classique. La sculpture cubiste ne fonctionne pas comme un miroir de la réalité, mais en dissociant le contenu de la forme. Ce qui rend cet art difficile vu l'absence de détails, tout en devant restituer clairement le motif représenté.

 

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Olivier Filleul alias Ofil

"De pierre et de mer inconnue"

Peintures

 

Exposition du 05/09 au 23/09/2012

De 11h 30 à 18h 30

Vernissage le 05/09/2012

De 18h 30 à 21h 30

 

Démarche artistique :

 

« C’est en janvier 2009, sur un coup de colère, que je me suis lancé dans l’aventure de la peinture, en vue d’essayer de témoigner et de sensibiliser mes contemporains sur la fragilité et l’urgence à sauvegarder un cadre de vie, un patrimoine qu’il soit naturel, bâti ou de main d’homme en pleine déshérence.

Mon but est de témoigner de la beauté fragile des paysages essentiellement bretons ; je cherche à partager avec l’observateur, l’émotion qu’a provoqué en moi la vue d’un lieu, une atmosphère, qui de prime abord peuvent paraître quelconque mais qui recèle pour celui qui veut bien se donner la peine de regarder, de ressentir, une beauté simple mais vraie. Il s’agit pour moi d’essayer de sublimer un lieu, un instant, d’attirer le regard et l’attention sur des lieux menacés à plus ou moins long terme de disparition et peut-être susciter l’envie de les admirer et pourquoi pas, de les protéger. »

 

 Préface pour Olivier Filleul « Ofil »

 

" La peinture serait-elle sous influence, un art soumis au caprice du temps ? Il y a quelques décennies, tous ou presque annonçaient sa mort. Peu d’années auparavant, on ne valorisait de tous côtés qu’une tendance révolutionnaire, surgie dans les premières années du siècle pour dominer toutes les expressions et rénover radicalement la plastique. Pour nommer le changement, on hésitait, l’annonçant tantôt abstraction, tantôt non-figuration : autant proclamer son caractère radical ! Mais on le constate, la tradition millénaire avait la peau dure. De plus, à Barbizon comme à Pont-Aven, en passant par la vallée de la Seine, le XIXe siècle l’avait élaguée, oxygénée. Aussi le réalisme résistait-il, florissant, voire épanoui bien que la mode lui fût contraire.

 

Et dans ses trois composantes principales, la figure, l’objet, le paysage, son pouvoir d’attraction restait intact sur tant d’artistes, émérites ou débutants.

 

De fait, lorsque lui pesèrent les contraintes de la vie parisienne et le tracas professionnel de la gestion, la nature séduisit Olivier Filleul, l’engageant à la rupture ; à ses yeux, la campagne, la province n’avaient en rien perdu leur charme. Après quelques pérégrinations insulaires, il s’établit en Bretagne, choisissant le bocage, peu éloigné des polders dégagés du pays de Dol ou des anses, des ports de la côte. Le pari de ce virage hardi paraissait téméraire. Même s’il avait toujours baigné dans le milieu – ses parents et ses grands-parents étaient peintres – la distance reste longue entre affirmer par le dessin un talent de caricaturiste et vivre de ses gouaches, sur une terre où de surcroît les peintres pullulent en tout endroit. Mais depuis 2009, la volonté fut tenace et le travail assidu, moins pour découvrir des sujets (tous avaient été exploités depuis deux siècles) que pour définir une façon nouvelle de les traiter.

 

Là, l’originalité du jeune peintre s’affirme déjà et il convient d’y voir un signe des plus encourageants. D’abord, le réalisme le porte à traiter des champs, les prés, les haies, les ruisseaux et les chemins ruraux et il s’efforce d’en saisir ce qu’il appelle « le mystère ». Mieux, l’artiste lève les yeux vers la lumière haute et la masse des nuages qu’il perçoit lourds, épais. Il sait les traiter de gris et de noir ; il capte au sol les trouées claires, les taches de soleil, jouant avec finesse des reflets, des flaques, des ornières, ultimes traces de l’averse récente. Ce faisant, il entre de plain-pied dans une traduction subtile du paysage breton, retenant l’essentiel : le caractère maritime, mais aussi l’accessoire : les clôtures, les arbres émondés, le contraste entre le clos et l’étendue ouverte. Existe-t-il, pour un peintre, meilleur signe de réussite qu’approcher le secret d’un pays, que dépasser la petite réussite de ceux qui l’on précédé ?

 

Voilà le but déjà deviné et sitôt visé : imprimer sa vision au paysage et la faire reconnaître par tous, comme autrefois John Constable en 1816, face aux nuées au-dessus de Weymouth Bay, ou Rosa Bonheur modelant en 1849 la terre épaisse, labourée par les bœufs blancs du Nivernais, sans oublier le rapport qu’en 1895 sut établir Henry Moret, entre la fin de l’hiver et le sol rose violacé que l’on roule en avril. Autant d’images vraiment inoubliables, qui transformèrent le regard commun sur la nature. Puisse Olivier Filleul suivre cette voie difficile et marquer son art d’une empreinte indélébile."

 

René Le Bihan (Août 2011)

- ancien conservateur du musée des Beaux-Arts de Brest (1964-2002)

- critique d’art, écrivain.

Espace Art Gallery

35 rue Lesbroussart

Ixelles

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Mots rebelles

Mots rebelles

Rebelles sont les mots
Que j’aimerais dociles.
Je peine à les agencer
Pour en faire des phrases sensées.
Vierge est mon parchemin,
Que je ne peux garnir de mes pensées.
Devant mes yeux, ils virevoltent.
De leurs couleurs, ils étincellent
Et m’éblouissent et de ma volonté ils s’esquivent,
Sans daigner succomber à mes désirs.
Certains tels des sons de sirènes
M’assaillent et mon esprit ne peut s’en dessaisir.
Ceux que j’aime, ma plume en raffole,
Tels des lueurs d’un mirage,
Ils s’estompent et s’envolent.
Ravi je le suis, quand j’arrive à les charmer
Avec délicatesse à les apprivoiser
A les coucher, à les bercer, à en faire une poésie.

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