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J'aime Mark Twain, son humour, sa lucidité, sa modernité. Volontiers caustique, jamais cynique, il sut raconter la vie des gens simples, parler à toutes les générations.

Il a bien connu la vie rude des bateliers, des mineurs...

12272819071?profile=original"Train de bois sur un fleuve américain" (gravure in Le Magasin Pittoresque, 1849)

Joueur de mots, son pseudonyme d'abord vient de son tumultueuse expérience sur le Mississipi où il fut pilote, avertissant "Mark Twain", "Deux brasses de fond !". Ses héros même, Tom Sawyer qui lui aussi découle de ces bois de dérive appelés, selon la position qu'ils prennent dans le fleuve, "logs", "snags" ou "sawyers", causant des désastres aux bateaux qu'ils défoncent et aux radeaux qu'ils soulèvent et submergent.

Gourme jetée, typographe puis pilote donc, Samuel Clemens partit en Californie avec son frère ainé Orion pour trois mois en 1861, de batelier il deviendrait bateleur ! Il y passa finalement "six ou sept années longues et singulières", en Californie puis au Nevada. prospecteur malheureux, il devint journaliste en signant Josh puis Mark Twain. Il entra au Territorial Enterprise de de Virginia City en 1862 (j'ai pu retrouver, dans un bric-à-brac indescriptible, un article original signé mark Twain pour le Daily Alta California, juste avant qu'il ne s'installe à New York) et s'y taille une petite réputation, ses lecteurs le reconnaissant sous les traits de "Wild humorist of the Pacific Slope" (l'extavagant humoriste des bords du Pacifique) ou de "Sagebrush Bohemian" (le Bohémien de l'armoise sauvage).

d'une blague sur les batraciens colportée dans le comté de Calaveras, et entendue à l'Angels Camp, Samuel Clemens tirera sa première nouvelle. Dans ce coin de Californie on organise toujours, pour en perpétuer le souvenir, des courses pour ces animaux sauteurs. Il publia un récit sur son épopée en 1872 : Roughing it ("Mes folles années années" ou dans une traduction plus récente "A la dure").

Quelques unes de ses impressions tirées de son expérience minière :

"La Gould & Curry n'en est qu'une des mines parmi beaucoup d'autres et, cependant, les rues de ses galeries et de ses tunnels avaient ensemble cinq miles de longueur et sa population était de cinq cents mineurs. Prise dans son ensemble, la ville souterraine avait quelques trente miles de rues et une population de seize mille âmes. A l'heure présente, une partie de cette population travaille à douze ou seize cents pieds de Virginia et Gold Hill et les Sonnettes  qui leur signalent ce que leur surintendant, à la surface, désire qu'ils fassent, sont mises en marche par télégraphe comme nous mettons une sonnette d'alarme en marche. Des homes tombent parfois dans un puits de mille pieds de haut".

Gould & Curry avait bâti là "une fonderie monstre de cent pilons moyennant une dépense qui s'avéra finalement très proche du millions de dollars. Les actions Gould & curry rapportaient de gros dividendes, chose rare et résultat confiné à la douzain ou à la quinzaine de filons sur la veine principale, la Comstock".

Il est facile de trouver un florilège de ses bons mots (y compris sur notre site, cf. Groupe Citations). Pourtant certaines de ces "petites phrases"" sont moins connues et révèlent sa pénétration d'esprit, son humanité sous le masque de l'humour. Un humour de l'Ouest (tale tall) dont il fut le chantre (citons aussi, moins connus chez nous, Bret Harte, son alter-ego, ou O Henry-William Sidney Porter, dit-).

Portait chinois (les Chinois furent parmi les minorités les plus maltraitées, c'est dire) :

"En Californie il tire sa subsistance de vieilles mines que les blancs ont abandonné comme épuisées et sans valeur, et les fonctionnaires leur tombent alors dessus avec une escroquerie exorbitante à laquelle l'administration a donné le nom très large et très général de taxe minière étrangère, mais elle n'est généralement infligée à aucun autre étranger que les Chinois".

"La libre Californie prélève un impôt illégal sur John le Chinois, chercheur d'or, et permet à Patrick l'Irlandais de fouiller le sol gratis. Pourquoi ? Sans doute parce que le Mongol dégénéré ne dépense pas un cent en achat de whiskey, tandis que le Celte civilisé ne peut vivre sans boire".

Les Chinois "sont des gens inoffensifs quand les blancs, ou bien les laissent en paix, ou bien ne les traitent pas plus mal que des chiens".

Du quoi rire, John ?

Sur les pratiques douteuses de ses contemporains :

"La coutume était de chercher le morceau le plus riche et de le faire évaluer ! Très souvent ce morceau, de la grosseur d'une aveline, était le seul fragment d'une tonne contenant du métal, et cependant, l'évaluation le présentait comme représentant la valeur moyenne la valeur moyenne de la tonne de matière sans valeur d'où il venait !". Toujours prévenant, "en son état primitif, l'or n'est qu'une matière terne et sans agrément... seuls les métaux vils excitent l'ignorant par leur brillance ostentatoire" (ce qui est souvent vrai, de la pyrite, l'"or des fous", à la muscovite, "l'or des chats"). Car il faut prendre garde de pécher par excès de confiance, d'optimisme ou de naïveté dans les "mines les plus riches de la terre", selon la désignation locale usuelle" où "la modestie dans la nomenclature n'est pas un trait dominant".

Qu'aurait-il dit de nos modernes traders, avocats, philistins, notaires ?

Amer moqueur ce merle persifleur et pourfendeur poursuit :

"Rien n'offrait un tel champ d'action à l'activité intellectuelle comme de nourrir une batterie et de tamiser les résidus et rien ne stimulait les qualités morales comme de distiller de l'or et de laver les draps, mais je me trouvais, toutefois, contraint de demander une augmentation de salaire".

Voilà pour cette page à son honneur, j'espère ne pas l'avoir trahi ou escamoté l'essentiel de sa pensée. Aussi pour me faire pardonner mon éventuelle offense, j'ajoute qu'un astéroïde a été baptisé "Mark Twain".

Que les feux de l'humour continuent à briller (lorsqu'il se mêle à l'acuité).

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Commentaires

  • Un bel article sur cet auteur que je n'approchais pas beaucoup

    Merci Michel

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