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Poème dédié à une floraliste d’art rencontrée au coeur du "Jardin de la France" rabelaisien,

en l’honneur d’un autre amour naturaliste : celui du félin...

 

 

 

Vous attendiez dans une gare, altière et timide, l'oeil  rivé au temps,

 Un train qui n'avait  de destination que notre rencontre dans l'air du temps ,

Coiffée d'un chapeau sage et  la jupe longue  aux chevilles

 Je ne sais pourquoi encore, je vous vis, d'abord sans famille. 

Comme vous, j'attendais dans la vaste salle

Sans savoir que c'était vous, vous et moi sans malle,

Les pieds  entravés  de  sacs, nonchalamment posés

Comme déposés  par   envie de l'attente reposée .

 

Je ne sus pas pourquoi, mes yeux se firent regard

Au votre  s'esquivant pudique, les paupières embellies de fard

Vous étiez ailleurs et  si présente,

Presque transparente.

Je vous vis longuement  évanescente

Tout à la fois surgissant de l'ombre tourmente

Comme  un saule aux  larmes somnolentes

Qui vous prit et vous reprit  d'une émotion en attente.

Le sentiment naissant de l'inconnue  faveur

Me fit  votre diligente en votre présence  vécue telle une saveur.

Je peignis en mon âme un vaste  paysage

 Avec pour couleurs votre visage pour modèle sage. 


Aux marques du temps  je me suis suspendue, 

Flânant fièrement à la lumière des lueurs attendues

Que jamais vous n'aimerez autant que moi

Dans ce clair obscur presque Verméen des émois. 

 

L'aura couronnée  de pastels en des fleurs vibrantes

La composition florale dans le creux de la ride passante

Je vous vis et vous  vécus comme une ode aux fées

Qui des passantes  riches de soucis à la pensée étoffés.

 

Je n'osais peut être pas  frôler  votre attention 

Qui pourtant me scrutait, loin des nuages  et des volitions ; 

L'envie me prit de vous connaître sans oser de témérité,

Je ne vous connaissais   ni de   vous, ni d'Astarté !

 

A  l'alizé soufflant  vers  Freyja, Bast et Sélène tendrement

Je vous  vis encore   auréolée d'ondes  garances en mouvement

Que seule revêtue de mon esprit rassuré à vos vœux d'émerveillement

Vous fîtes  très soudainement deux à nos grands soulagements.

 

 Je n'avais que cela à vous dire très chère Madame !

Ce poème   pour vous être votre puissant dictame.

A l'orée des jardins et des chapelles fleuries, vous êtes ; 

Des fleurs gardez  le ciel  en  levées d'aurores   or et violettes.

 

Béatrice Lukomski Joly

 

 

 

Réponse au Chant de dame Béatrice

 

Autour d'un noble prénom porteur de bien des évocations...

 

 

Neuf fois depuis ma naissance, le ciel

de la lumière était retourné

au même point de son évolution,

quand apparut à mes yeux pour

la première fois la glorieuse

Dame de mes pensées, que beaucoup

nommèrent Béatrice, ne sachant

comment la nommer…

 

Dante Alighieri

Fragment de La Vita nuova

 

 

 

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Béatrice de Marie Spartali Stillmann ( 1844 - 1927 )

 

 

Béatrice

Dante et Platon de Rémy de Gourmont

 

 

 

                         Parmi les créations féminines écloses dans le cerveau ou dans le cœur des poètes, le type de la Béatrice est assurément un des plus beaux, mais aussi un des plus énigmatiques. Pour les uns elle est la femme idéalisée par le plus pur et le plus désintéressé des amours, une création du cœur ; pour les autres, elle est la personnification de la science et de la théologie, vers laquelle Dante porte toute les ardeurs de son esprit. Enfin quelques-uns, comme le poète anglais Rosetti, pensent que Béatrice n'a jamais existé, qu'elle n'est que l'héroïne, créée de toutes pièces, d'un poème merveilleux, qui a été chanté sans être vécu. Cette opinion hasardée qui ferait de la vie littéraire de Dante un mensonge poétique, sublime, fécond, mais un mensonge n'est pas acceptable, et aucun de ces érudits qui font de la vie et des œuvres de Dante leur étude perpétuelle, ne s'y est arrêté un instant.

                     

                        Béatrice a existé, le témoignage des contemporains est formel : le poète la vit pour la première fois lorsqu'ils avaient huit ans tous les deux, et de ce jour-là naquit en lui, pour la jeune fille, pour l'enfant, un amour qui devint un culte et auquel il consacra toutes ses pensées. Béatrice se maria, mais l'affection, toute désintéressée, que le poète lui portait n'en fut pas diminuée, et lorsqu'elle mourut, à vingt-cinq ans, il la pleura et jura qu'elle vivrait éternellement dans son souvenir et dans le souvenir des hommes : il tint parole.

                     

                       Quelque belle, quelque parfaite qu'ait été la jeune Florentine, dans la Divine Comédie elle est idéalisée par le poète, au point de ne paraître presque plus une femme : elle est devenue l'idéal même, la personnification en un seul être de tout ce qu'il y a de beau, de vrai et de bon dans la créature humaine. Et c'est peut-être pour cela qu'elle est si complexe et que l'on peut voir en elle, selon le point de vue auquel on se place, l'image vivante de la Beauté, de la Science, de la Sainteté.

  

                       Pour arriver à la connaissance et à la possession de Dieu, selon l'idée chrétienne, la seule voie est la sainteté ; selon la philosophie scolastique, c'est la science, résumée en la science des sciences, la théologie ; selon Platon, c'est la contemplation de la beauté. Dante en prenant Béatrice pour guide à travers la vie comme à travers son poème, réunit donc d'abord en elle les trois moyens naturels et surnaturels qui sont offerts à l'homme pour parvenir en la présence « de la divine Puissance, de la suprême Sagesse et du primordial Amour » (1).

 

                      Virgile qui est le guide visible du poète dans l'Enfer et dans le Purgatoire n'est que le délégué de Béatrice, celui auquel la « femme divine » a confié le protégé sur qui elle veille et qu'elle viendra recevoir elle-même à la porte du Paradis (2).

                      La Béatrice représentant la sainteté ou la science a été le sujet de bien des études et de bien des commentaires, mais je crois montrer cette précieuse figure sous un jour nouveau en examinant surtout en elle son troisième attribut, la beauté.

                      En plusieurs endroits de la Divine Comédie on trouve des traces des idées platoniciennes, plus ou moins modifiées par leur voyage à travers les œuvres des Pères de l'Église. Il est probable que c'est surtout dans Boèce, auquel il a emprunté plus d'un trait, dans saint Augustin et dans saint Bonaventure que Dante s'est familiarisé avec certaines théories du philosophe grec, avec celle à laquelle nous faisons allusion et qui est exposée dans le Banquet. La voici, résumée aussi brièvement que possible, d'après l'admirable traduction de Cousin (3) :

 

                    « Celui qui veut s'y prendre comme il convient doit, après s'être attaché dès son jeune âge à aimer une seule des manifestations visibles de la beauté, s'efforcer ensuite d'aimer tout ce qui est beau, sans distinction. Après cela il doit considérer la beauté de l'âme comme bien plus relevée que la beauté visible, de sorte qu'une belle âme suffise pour l'attirer. De là il sera amené à considérer le beau dans les actions des hommes et dans les lois et à voir que la beauté morale est partout de la même nature. De la sphère d'action il devra passer à celle de l'intelligence et contempler la beauté des sciences, jusqu'à ce que, grandi et affermi dans ces régions supérieures, il n'aperçoive plus qu'une science, celle du beau.

 

                     Celui qui s'est avancé jusque là par une contemplation progressive et bien conduite, parvenu au dernier degré, verra tout à coup apparaître à ses regards une beauté merveilleuse, celle, Socrate (4), qui est le but de tous les travaux précédents, beauté éternelle, non engendrée et non périssable. Donc, le vrai chemin, c'est de commencer par les beautés d'ici-bas et, les yeux attachés sur la beauté suprême, de s'y élever sans cesse en passant par tous les degrés de l'échelle. O mon cher Socrate, ce qui peut donner le prix à cette vie, c'est le spectacle de la beauté éternelle ! Je le demande, quelle ne serait pas la destinée d'un mortel à qui il serait donné de contempler le beau sans mélange, dans sa pureté et simplicité, non plus vêtu de chairs et de couleurs humaines et de tous ces vains agréments condamnés à périr, à qui il serait donné de voir face à face sous sa forme unique, la beauté divine ! »

 

                    Dante mettant en action les préceptes de Platon, plus heureux que lui, a l'espérance formelle d'arriver à la contemplation de la beauté divine, et pourtant il prend un chemin plus court que celui qui est conseillé par le philosophe grec. La beauté de Béatrice, seule, le conduira directement au but suprême, sans qu'il change de culte. C'est Béatrice elle-même qui se modifiera et qui, après l'avoir soutenu dans le droit chemin, par le charme de sa beauté terrestre, le soutiendra encore, quand elle aura quitté ce monde, par la beauté cachée de son âme ; par cette seconde beauté qui n'est visible qu'aux yeux de l'esprit :

 

Alcun tempo 'l sostenni col mio volto :
Mostrando gli occhi giovinetti a lui,
Meco'l menava in dritta parte volto
(5).

 

                    Et plus tard, lorsque le poète est arrivé au Paradis, il entend chanter autour de lui :

 

Volgi, Beatrice, volgi gli occhi santi
(Era la sua canzone) al tuo fedele...
Per grazia fa noi grazia che disvele
A lui la bocca tua si che discerna
La seconda belleza che tu cele
(6).

 

                     Mais Dante est poète, plus encore que philosophe, et il avoue que lorsque la vue de la « femme belle et bienheureuse » lui a été enlevée, il s'est laissé entraîner hors de la bonne voie : « Les objets présents et les faux plaisirs ont détourné mes pas depuis que votre visage m'est caché. » (7). Alors Béatrice lui fait de mélancoliques reproches où l'on sent passer non pas un regret, mais un souvenir complaisant des jours vécus sur terre, pendant lesquels elle pouvait offrir son pur visage à la contemplation de son poète : Tu m'as quelquefois oubliée, et pourtant, lui dit-elle, « jamais la nature ou l'art ont-ils pu t'offrir un plaisir pareil à celui que tu ressentais à admirer ma beauté, maintenant ensevelie et perdue sous la terre ! » (8).

                  Chaque fois qu'il parle de Béatrice, Dante a des mots charmants pour caractériser sa beauté. Tantôt il exalte la douceur de sa voix :

 

...mia donna

Che mi disseta colle dolci stille (9) ;

tantôt son sourire :

... raggiandomi d'un riso

Tal che nel fuoco faria l'uom felice (10).

 

                  Puis c'est le fameux portrait de Béatrice, lorsqu'elle lui apparaît aux portes du Paradis, encadrée dans un passage céleste, triomphante et resplendissante d'une incomparable beauté :

                 « J'ai vu, au commencement du jour, tout l'horizon affranchi de nuages, et nuancée de rose la partie de l'orient au milieu de laquelle naissait le soleil, dont on pouvait supporter l'éclat tempéré par les vapeurs du matin ; de même à travers un nuage de fleurs qui retombaient de toutes parts, je vis une femme, les épaules couvertes d'un manteau vert ; elle était vêtue d'une draperie couleur de flamme ardente ; un voile blanc et une couronne d'olivier ornaient encore sa tête... (11).

 

                 O splendeur d'une lumière éternelle : quel est celui qui ne serait pas découragé en essayant de te reproduire telle que tu me parus dans l'air libre, là où le ciel t'environne de son harmonie ! » (12)

 

                  Il faudrait un long travail pour arriver à dégager complètement cette personnification des deux autres, tellement la Béatrice est marquée à la fois de son triple caractère. Serait-ce même possible ? L'idée platonicienne que j'ai indiquée dans la Divine Comédie, n'y est qu'à l'état de vague réminiscence et si bien enchevêtrée dans les multiples emprunts du poète à toutes les connaissances humaines, que ce serait peut-être en exagérer l'importance que de l'exposer plus longuement. Néanmoins cette conception de la beauté immuable dans son essence, se transformant du visible à l'invisible, et aboutissant à la beauté unique et primordiale, est tellement en dehors des idées du XIVe siècle, qu'il m'a paru intéressant de la signaler. Un peu plus tard, avec le progrès des études grecques, qui ne commencent sérieusement que cinquante ans après la mort de Dante, on trouverait plus facilement dans les poètes quelques traces de philosophie socratique. On verrait par exemple Pétrarque considérant les choses mortelles comme une échelle qui monte au Créateur,

                che son scala al Fattor,

 

               mais cette recherche perdrait de sa nouveauté à mesure qu'on se rapprocherait des temps modernes et deviendrait banale. Rien de ce qui touche à Dante ne saurait l'être, rien surtout de ce qui touche à sa Béatrice. Je me suis plu à montrer la complexité de cette création aussi étrange que sublime, d'autres y reviendront. Le sujet ne sera jamais épuisé, car on se plaira toujours à suivre le grand poète dans son voyage vers l'infini, régions où nul autre que lui n'est monté si haut, où nul peut-être n'ira plus ; qui oserait comme lui s'élever jusqu'aux étoiles ?

                 Puro e disposto a salire alle stelle ?

 

Rémy de Gourmont

 

 

(1) Inferno, III, 5.

(2) Inf. II, 52-126.

(3) Platon : Œuvres complètes trad. par M. Cousin. Le Banquet, passim.

(4) Socrate raconte un entretien qu'il a eu avec Diotime, femme instruite dans la philosophie, qui l'a initié aux mystères divins de la science du beau. Socrate et Platon se vantaient d'avoir tiré plus d'un enseignement de leurs entretiens avec les femmes cultivées de leur temps.

(5) Purg., XXX, 121 : « Quelque temps mon regard le soutint : je lui montrais mes yeux d'enfants, je le conduis[a]is dans la véritable route. »

(6) Purg., XXXI, 133 : « Tourne, Béatrice, tourne tes yeux saints vers ton fidèle ami. Par grâce, fais-nous la grâce de lui faire entendre ta voix, afin qu'il distingue la seconde beauté que tu caches. »

(7) Purg., XXXI, 34.

(8) Purg., XXXI, 49.

(9) Par., VII, 12 : « Ma dame, qui me désaltère avec les douces gouttes (de sa voix). »

(10) Par., VII, 18 : « Me rayonnant d'un sourire tel qu'il rendrait heureux l'homme au milieu des flammes. »

(11) Purg., XXX, 22.

(12) Purg. XXX, 142.

L'Enseignement secondaire des jeunes filles, février 1883, pp. 76-80.

 

 

I)

 

Une prière


LADY, dans tes yeux fiers
Il y a un air las,
Comme si l'esprit que nous connaissons à travers eux
Ont été intimidés avec réprimande
Penser que le cœur de l'homme désormais
Se lit comme un livre lu.
Dame, dans ton visage levé
La solitude est douloureux;
La vraie solitude suit la foule.
Sera-ce plus ou moins
Lorsque les mots ont été prononcés à toi
Que mon cœur est à la recherche de?
Lady, tu peux pas deviner
Les mots qui cherchent mes pensées?

Et mieux vaut ne pas parler.
Oh faut que tu saches mon amour est fort,
Entendre ma voix si faible.
Dame, ah vont pas ainsi:
Dame, prêtez l'oreille à nouveau:
Dame, oh apprendre de moi que encore
Il peut y avoir une chose reste
Quel est pas que tu as des connaissances
Et dans la tradition ton des hommes.


Nombreux sont les ligues de la nature sauvage
Jusqu'à ce que vous venez où le vert se trouve;
souvent entre doute et le doute
Mort chuchotements et rend sage.
Dame, n'a pas ma pensée
Beaucoup osé? Car je voudrais être
La fin des ténèbres et de l'aube
D'une nouvelle journée à toi,
Et ton oasis, et ta place de repos,
Et ton temps de paix, de dame.

Dante Gabriel Rossetti

 

II)

 

 

JE REGARDE PAR LA FENÊTRE

 

Je regarde par la fenêtre :
Le jour est déjà là, mon ami,
Le merle musicien sautille éblouis
De primevère en primevère,
Reviens sous les camélias, s’arrête
Et écoute le ruissellement mélodieux de l’air.

Et soudain, ô mon ami,
De sa gorge minuscule,
De sa toute petite gorge essoufflée
Jaillit le premier chant du printemps !

Ne sois pas triste, ô mon ami ! Pas toi !
Laisse les jours passés parler avec le chagrin !
Toi, ouvre ton tendre cœur à l’aurore
Et pars, sans te retourner,
Vers l’azur qui tend vers ta face délicate
Ses bras lumineux !

Ô mon ami,
Rêve suave,
Rêve
Tellement suave !

 

Christina Georgina Rossetti

 

 

 

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Beata Beatrix de Dante Gabriel Rossetti (1864-1870)


Huile sur toile, 86,4 x 66
Londres, Tate Gallery

 

   

Notes :

Le sujet est inspiré de la Vita Nuova de Dante, qui chante l'amour idéalisé du poète italien pour Béatrice et la mort prématurée de celle-ci. Comme un présage de mort, un oiseau, coquelicot blanc dans le bec, tombe entre ses mains ouvertes.

Au fond, Dante, tel un fantôme regarde vers la figure de l'Amour idéalisé qui a les traits de Béatrice.

Rossetti peint ce tableau comme un mémorial à sa femme,Elizabeth Siddall, nouvelle incarnation de de Béatrice, décédé en 1862.

Beata Beatrix représente Elizabeth Siddal, femme de Rossetti, peintre et muse par excellence du mouvement préraphaélite, égérie éthérée des œuvres de William Holman Hunt ou Millais, ainsi elle incarne sa célèbre Ophélie. Par Beata Beatrix, Rossetti compare Elizabeth Siddal à la Béatrice de Dante, il l’immortalise dans l’extase de la mort.Cette œuvre de Rossetti, s’accompagne d’une étrange histoire, qui exerce une certaine fascination morbide. De nouveau enceinte après une fausse couche « Lizzie », mourut en 1862 d’une overdose de laudanum, probablement un suicide. Rossetti, désespéré l’enterra avec ses propres carnets de poèmes, au cimetière de Highgate. En 1869, pris d’une passion renouvelée pour la poésie, et voulant publier ses anciens poèmes dans son prochain recueil , Rossetti pris la douloureuse initiative de récupérer ses carnets. Son agent fut envoyé a pour déterrer l’infortunée a la nuit tombée, il découvrit un corps en état de remarquable conservation. Phénomène plutôt étrange, en effet, c’est dans la partie ouest du cimetière de Highgate que proviennent de nombreuses rumeurs d’une présence vampirique…

Elizabeth Siddal était décédée depuis deux ans lorsque Dante Gabriel Rossetti décida d'utiliser son portrait pour une œuvre inspirée par la Vita Nuova de Dante. Ayant été lui-même baptisé en l'honneur du grand poète italien, il projeta sur sa jeune épouse l'image de Béatrice, aimée de Dante mais aussi personnification de sa propre âme.
Dans ce tableau que Rossetti considérait comme un mémorial à la défunte, Béatrice est représentée dans un état de transe mystique, les yeux clos, les lèvres entr'ouvertes, la tête légèrement rejetée en arrière.

 

 

 

 

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Les murmures de l'âme

 

Ô le raffinement du temps des belles dames

Et des messieurs galants préoccupés de l’âme,

Du charme de l’esprit et de celui du corps.

Ils savaient les louer, en merveilleux accords.

...

Libertins, moralistes, philosophes, amoureux,

N’étaient préoccupés surtout que d’être heureux.

La liberté hélas est chose rare au monde

Même pour les enfants réunis en des rondes.

...

S'imposent les efforts pour un bon rendement.

Les amants au repos s’aiment charnellement.

N’ont que faire de mots regorgeant de saveur.

Ils exaltent leur corps au rythme des moteurs.

...

En errance souvent, je pense à d'anciens jours,

Lors, je prête l’oreille aux murmures d’amour.

Ceux d'amis que j'aimais laissent mon âme en quête.

L'oubli aurait pour moi l'effet d'une défaite.

5/6/1990

 

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La Moisson

De la vielle termitière…celle de ma terre,
Elle-même qui domine ma pensée, celle…
Des hirondelles qui retournent aux bercail,
Je n’eus rien recueilli des rizières en pleurs….

Sur la plaine en gaieté, s’installe les pardons,
Des clins d’œil d’amoureuses aux mains nues,
aux reins ardus, profonds comme les nuits de souffrances
que portent ces plis sur leur visage, celui des champêtres

Tape logbo Firmin

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Alvéoles (1)

L'homme achevait lentement son ascension. Il avait surestimé le poids de son fardeau : finalement il s'acquitterait de sa mission bien avant le lever du soleil.

Sa lampe frontale hasardait un halo gris entre broussailles et cailloux. À partir de cet endroit, le chemin se raidissait pour aboutir quelques dizaines de mètres plus haut, juste au col.

C'est là qu'il se débarrasserait de son chargement. Il le sortirait de son sac à dos, le déposerait sur le sol, ajusterait avec patience les trois pieds pour stabiliser l'appareil en position horizontale. Un niveau d'eau intégré au toit plat de la forme – un cylindre obèse qui lui rappelait vaguement un aspirateur – l'aiderait pour cette opération, puis il rebrousserait chemin.

Il devrait s'éloigner assez vite après avoir amorcé le système. Sa présence pouvait perturber l'établissement de la communication avec le satellite – surtout, lui avait dit son commanditaire, s'il disposait d'un téléphone portable.

À l'approche du col, les reflets rosés de l'aube baignaient déjà une bonne partie du ciel. Quelques caresses de vent frais accueillirent le grimpeur. Lorsqu'il entamerait sa descente, l'air serait déjà étouffant. Une fois de retour au village, ce serait une vraie fournaise. Vivement un bon orage.

Les instructions étaient simples : poser, amorcer, s'en aller. Le reste était automatique. Interdiction formelle de revenir sur les lieux avant la fin de l'expérience. Quelqu'un d'autre reviendrait rechercher l'engin.

De temps à autres au cours de sa marche, le randonneur avait eu l'impression de percevoir comme une vibration dans son dos. Peut-être y avait-il quelques pièces en mouvement dans son étrange matériel.

Il posa son sac et l'ouvrit. La petite bulle d'air entourée de cercles concentriques constituant le niveau d'eau lui firent fugitivement penser à un viseur. Il se souvenait en avoir vu un jour, fixé sur une mitrailleuse, au musée de l'armée.

En deux temps trois mouvements, l'appareil fut installé. Le métal de sa paroi bombée était brossé comme celui de certains appareils électroménagers. Il ajusta rapidement les pieds, vérifia la stabilité de l'ensemble, jeta un dernier coup d'œil : tout était prêt.

Il était temps de partir. Il appuya sur le bouton dissimulé au bord inférieur de l'appareil. Un « bip » discret se fit entendre. Sans plus attendre, il ramassa son sac à dos et descendit en contrebas du col.

En marchant d'un bon pas, il serait de retour au village juste pour l'ouverture du bar-tabac. Il pourrait attendre son commanditaire – et l'argent promis – en savourant un café serré.

Une sympathique balade nocturne, somme toute bien rémunérée.

Ce que l'homme ignorait, c'est qu'en cette fin de nuit, dix-neuf autres personnes avaient déjà répété les mêmes gestes dans un rayon de quelques dizaines de kilomètres.

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HAÏKUS CHAMPETRES DU 28 JUILLET 2012

 

               Un deux trois cailloux

               Onde glacée dans les prés

               Rivages d'été

               Broutent  chenilles

               Frêle herbe  arrosée

               Arnica dressée

               Nuages montants

               Raisonnent les clarines

               Troupeaux apeurés  .   

               

               Raymond  Martin

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Une exposition émouvante

 

Né de l'art, l'émerveillement
Nous emplit d'une joie profonde
Et le sublime crée des ondes
D'un délectable envoûtement.
...
Des poètes peuvent penser
Qu'ils sont pénétrés d'une grâce,
Et qu'une muse leur fait face,
Les aidant à se surpasser.
...
Tout compositeur a sa muse,
Chaque artiste peintre la sienne.
Que la transcendance survienne,
Elle les grise, les méduse.
...
Hier, dans le ravissement,
J'ai pu voir, métamorphosées,
Par deux sculpteurs du Zimbabwe,
Des roches mises en mouvement.
...
L'un d'eux me dit, en confiance,
Qu'elles leur parlent audiblement,
Les guident vers leurs préférences:
La pureté et l'élégance.
...
27 juillet 2012

Ré: Exposition à Beaconfield dans le parc longeant le fleuve St-Laurent

 

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Ces sauterelles en métal

Tout commença ainsi si j’ose dire. Un phénomène phénotype s’exhibant cru à ciel ouvert. Le code intenable enfui aux fins fonds de ces primates «idéogènes» prédit l’issue programmée de ce jeu presque existentiel aux fins fatales.

 

Au début, elle n’a rien compris. Nadia fait partie de ces primates, comme moi d’ailleurs, qui se croient avoir échappé aux roues infernales de cet engrenage planétaire aux grincements lugubres et infernaux. De ceux qui sont en dehors de cette chaine automatique conçue pour ces mêmes primates idéogènes, pour les aider à mieux intégrer la mécanique harmonieuse et macabre pour leur meilleur et parfaite désintégration et assimilation finale. Une vraie course instinctive et intelligente facilitée par cette armée d’humanoïdes cybernétiques, partout incrustés, vers cette fin tragique dictée par cette faim insatiable de destruction et d’extermination pré déclenchées et progressant inéluctablement au point de non retour.

 

Nadia me croyait dingue. Me regardait sans cesse, de cette façon avec laquelle on regarde ceux qui nous annoncent notre fin soudaine et imminente.

 

Elle me jeta :

-         Adam, ressaisie-toi ! tu perds les pédales !

-           Regarde, là-bas au nord.. !

J’avais à peine eu le temps de pointer l’horizon du doigt que le déluge d’enfer s’abattit.

 

L’horizon était fermé par un mur monstrueux d’insectes métalliques géantes, de formes diverses, vrombissant et vomissant cette vomique hétérogène de bombes, de gaz, de missiles et de poudres «polycides»(1), hydrolysant de façon systématique centimètre carré par centimètre carré toute forme d’existence biologique ou mécanique sous leur aire de survol. 

 

C’est en ces instants du fin fond de l’enfer que j’ai failli perdre les pédales. Nadia ne m’a plus jamais fait cette remarque depuis. Elle sait maintenant que ces contingents venus du coté du nord n’étaient en fait qu’un simple exercice de routine , programmé , déclenché , piloté et guidé par ces bases hybrides de primates idéogènes à mille lieux aux lointains nord , nord-ouest ou n-importe où , en face de ces satellites géostationnaires qui jonchent la voute céleste.

 

Ça va de soit qu’aucun escargot, qu’aucune mésange, ni aucune autre espèce de vermine n’a survécu. L’engrenage fonctionne donc à merveille. On trinque partout avant que le contingent des sauterelles métalliques ne fasse escale au dessus, après le tour complet de la planète.                          

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Mouillé sur mouillé

Spalter, éponge, vaporisateur,

De l’eau coule et ruisselle

Sur le papier qui se gonfle, se détend.

Les pinceaux courent, se croisent.

Sur la feuille, une zone humide, un lac dirais-je.

Quelques zones en partie asséchées.

Je place une teinte puis deux, trois et plus.

La feuille basculée, renversée, redressée

Les couleurs fusent, se mêlent, se repoussent

Brillantes, ruisselantes par endroit

Puis se calment et s’assagissent.

J’ajoute, je retire.

J’attends, guette et ose.

Quelle magie ! C’est vivant !

Oh ! Voici le désastre, cela festonne !

Mais après tout, voyons ce que cela donne ?

Non, ce n’est pas judicieux à cet endroit.

J’interviens, modifie l’espace

Joue avec l’élément, créé des effets.

Ou les provoque ?

Pinceaux plats, en pointe ou biseautés,

Couleurs minérales ou teintures

Je construis et donne vie

Au portrait, hé oui, de grand-père.

Voici quel était le sujet

De cette belle journée de stage. 

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Nostalgie

Il est de vieux lieux qui vous tentent

Si tant est qu’ils ne sont que vent

D’une mémoire si lourde d’histoire

Où se pavanent les pas de l’enfance

Et flânent dans la belle insouciance

Des roses ruelles de l’âge tendre

Les beaux fruits de l’innocence

Et des passions immaculées

Des jeux le long des blanches journées

Et des rêves bleus des nuits sacrées

Des rêves si doux et consacrés

A bâtir de cotonneux châteaux

Cimentés de beaux souvenirs

Aux murs crème de soie drapés

Aux fenêtres sur l’amour ouvertes

Sur le désir de lendemains

Lumineux, de radieux chemins

Vers des Éden parfumés

De joies et de plein de jouissances.

 

Khadija, Agadir, Mercredi 25/7/2012

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Aura de lumière

Hier, j’entendis dire

Dans un conte lilas

D’une âme lumière, ces dires

Que je n’oublierai pas :

« Si j’avais don d’écrire,

J’aurais décrit la femme

Comme aura de lumière,

Hautaine mais sage et fière,

Des déesses l’héritière.

Qu’elle soit reine de Saba

Ou princesse Amazigh,

Elle garde dans le sang

Les valeurs, le bon sens,

L’amour, la bienveillance.

J’en aurais fait mon guide,

Ma lumière, mon encens.

Car loin de sa douceur

L’homme ne s'rait que néant

Et le monde ténèbres. »

Khadija, Agadir, vendredi 27/7/2012 à 03h15 du matin.

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Au père

les chênes abattus dans ta forêt

et les vignobles par toi seul

plantées

les fleurs de lin au bord de la route

tout est à toi

et tout t’écoute.

 

froufrous des feuilles séchées

champs de maïs et

champs de blé

la graine

t’attendait

non plus maintenant

raté recours

c’est moi qui attends.

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Structure

la terre est construite

de cœur sur cœur sur cœur

les cœurs de mes ancêtres

les cœurs et les douleurs

 

la terre brûlée

ma terre cuite

est à la fois en fleurs

et en odeurs

 

la terre ma terre confite

au son des voix

en vain la mort.

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COMPLAINTE...

Quand le printemps est beau

Et l'amour à zéro...

Contrariété!

Quand les années s'entassent

Que la vie nous dépasse...

Contrariété!

Quand les enfants soudain

Cherchent d'autres lendemains...

Contrariété!

Et quand avec le temps

On oublie d'être amants...

Contrariété

 

Quand les mots font défaut

Ou qu'on les crie trop haut...

Contrariété

 

Quand le corps nous trahit

Et qu'explosent les non-dits...

Contrariété!

 

Quand les rides s'installent

Que la jeunesse détale...

Contrariété!

 

Quand malgré son courage

On est pris dans l'orage...

Contrariété!

 

Quand les oiseaux meurtris

Recherchent en vain leurs nids...

Contrariété!

 

Mais quand des lèvres enfin

Viennent boire nos gros chagrins...

Somptuosité!

J.G.

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RECIFS & SABLIER

 

L’horizon de tempêtes lourd de nuages en pleurs,

Crève  les   meurtrissures  nées  avec  le  drakkar,

D’une enfance blessée rompue dans les malheurs,

De barbaries portées sur le corps au moindre écart.

 

Fraîcheur  de  la  puberté humiliée par les coups,

Décochés  par  le  hasard  des  haines  parentales,

Sur la gosse symptôme, témoin gênante pour beaucoup,

De leurs profondes rancoeurs  et désunion fatale.

 

Magie  noire  des  chagrins  conduit  au  mariage,

D’un lourd roman reproduit dans le choix de l’inconnu,

Doux et pur d’apparence qui détruit dans ses rages,

                                                   Femme et enfants malmenés sur le terrain bien connu                                                                             ………..des violences psychologiques

 

Combats des passés sombres, de l’au-delà du futur,

Morne, le temps s’égrène en chapelets indigents,

D’un  amour  chimérique,  triste  caricature,

De  rêves  romantiques  à  l’idéal   exigeant.

 

Et  coule  le  sablier  des  instants  inexorables,

Accompagnant le  déclin de veilles sans avenir,

Pour l’histoire qui s’éteint sur des rives de sables,

Jaunis par  l’existence  de  pénibles  souvenirs.

 

Les  vagues  d’amertume  s’éclatent  douloureuses,

En pleurant sur les récifs de désespoirs clandestins,

Dissimulés  dans  le  cœur  de  fièvres  dévoreuses,

De  sagace  conscience  vide  du  feu  des  instincts

……. Morts !

 

Claudine QUERTINMONT D’ANDERLUES.

 

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12272817662?profile=originalIl s'agit d'un recueil de quatre dialogues «poetiques, fort antiques, joyeux et facetieux» de Bonaventure des Périers (1510-1543?), publié à Paris sans nom d'auteur chez Jehan Morin en 1537.

 

Sur intervention extraordinaire de François Ier, qui voyait dans l'ouvrage de «grands abus et hérésies», le Parlement de Paris saisit la Sorbonne: bien qu'en désaccord manifeste avec l'opinion du roi, la faculté recommanda la destruction du Cymbalum mundi. L'imprimeur fut emprisonné et Des Périers, identifié comme l'auteur du livre, n'échappa aux conséquences de l'affaire qu'avec l'appui de Marguerite de Navarre.

Comme d'autres textes provocateurs et paradoxaux de la Renaissance _ Pantagruel ou l'Éloge de la Folie _ le Cymbalum mundi puise largement dans les écrits de Lucien de Samosate: dieux et hommes y sont les protagonistes d'une comédie où l'influence rhétorique le dispute à la sotte crédulité; à l'instar de son modèle grec, Des Périers raille la quête d'un savoir manifestement inaccessible à l'homme, et réserve ses critiques les plus mordantes à l'irréductible antagonisme des doctrines et des écoles philosophiques: dénonciation de la vanité intellectuelle, le second dialogue du Cymbalum mundi emprunte plus d'un élément aux Sectes de Lucien.

 

Mercure descend à Athènes pour y faire relier, sur la demande de Jupiter, le Livre des destinées. Dans un cabaret, deux hommes qui feignent de ne pas le reconnaître se joignent à lui. Tandis que Mercure s'éloigne momentanément, ils lui volent le livre, qu'ils remplacent par un autre. Les deux hommes cherchent ensuite querelle au dieu, et Mercure quitte le cabaret (dialogue I). Averti par Trigabus de l'activité des philosophes, qui s'acharnent à chercher dans le sable des morceaux de la pierre philosophale, Mercure, déguisé en vieillard, se rend auprès d'eux: il raille leur «crédulité» et leur «égarement» (II). Mercure exige publiquement, à Athènes, la restitution du livre dérobé; il rencontre Cupidon qui lui révèle comment les deux hommes du cabaret, après s'être emparés du livre, s'en servent pour prédire l'avenir. En «manière de passe-temps», Mercure fait parler un cheval, au grand ébahissement de tous (III). Deux chiens, ayant jadis appartenu à Actéon, s'entretiennent de sujets divers, et notamment de «la sotte curiosité des hommes pour les choses nouvelles et extraordinaires» (IV).

 

L'imprécision embarrassée de l'arrêt du Parlement à l'encontre du Cymbalum mundi («Nous le supprimons bien qu'il ne contienne pas d'erreur en matière de foi, mais parce qu'il est pernicieux») illustre suffisamment la difficulté d'appréhender un tel ouvrage. Si la doctrine religieuse de l'auteur résiste à toute formulation positive, est-il possible au moins d'ouvrir quelques voies d'accès à ce texte insolite?

Moins énigmatique qu'on l'a dit, le titre du recueil dessine une perspective générale qui atténue le caractère disparate des quatre dialogues. Vraisemblablement emprunté à la première Épître aux Corinthiens, le «cymbalum mundi» désigne métaphoriquement un verbalisme bruyant, que ses excès ont coupé des sources vives du sentiment religieux: «Quand je parlerais, dit saint Paul, les langues des hommes et des anges, si je n'ai pas l'amour, je suis [...] une cymbale qui retentit» (13,1). Le monde que découvre Mercure descendu sur terre est en effet celui du «grand babil et hault caquet» (II): les secrets du Livre des destinées sont divulgués par deux hommes avides de succès faciles, les philosophes persuadés de détenir une parcelle de vérité se transforment en «perroquets injurieux», et même l'un des chiens d'Actéon, doué de parole, est tenté d'éblouir les hommes par cette faculté extraordinaire. C'est indiscutablement le second dialogue qui donne à la satire de l'outrecuidance verbale sa dimension la plus brûlante: les «veaux de philosophes», Rhetulus et Cubercus, qui cherchent dans le sable des morceaux de la pierre philosophale, rappellent irrésistiblement les théologiens incapables de s'entendre sur le sens de l'Évangile; leurs noms mêmes, anagrammes latinisées de Luther et de Bucer, renvoient à l'éclatement de la Réforme en sectes concurrentes. Chargé de réminiscences érasmiennes, l'épisode peut être lu comme l'expression d'un évangélisme soucieux d'établir, par-delà les gloses, une relation d'humilité intellectuelle avec l'Écriture. Le dialogue final des deux chiens d'Actéon semble d'ailleurs confirmer cette interprétation: à son compagnon vaniteux, le second chien, qui «n'ayme point la gloire de causer», oppose un éloge du silence qui rejoint les vers de Marguerite de Navarre sur l'impuissance foncière du langage. Tous les théologiens enflés d'un verbe arrogant, catholiques et réformateurs, seraient ainsi voués à la même réprobation.

 

Il reste qu'une petite phrase du second dialogue mine la cohérence évangélique du recueil, et oriente l'interprétation en un sens nettement libertin: les philosophes, dit Mercure, ne font «aultre chose que chercher ce que à l'avanture il n'est pas possible de trouver, et qui (peut-estre) n'y est pas». Serait-ce que l'Évangile lui-même et les dogmes essentiels du christianisme n'échappent pas au soupçon d'invalidité? Il paraît vraisemblable, depuis les investigations de Lucien Febvre, que Bonaventure des Périers a puisé quelques-unes de ses idées les plus audacieuses chez Celse, polémiste antichrétien du IIe siècle, connu essentiellement par la réfutation qu'en fit Origène dans son Anticelsum. Aux yeux de Celse, l'absurdité de la naissance virginale, de l'Incarnation et de la Résurrection ne fait aucun doute: quelques tours de charlatan ont suffi à Jésus pour accréditer les fables les plus grossières. Des Périers a-t-il été sensible, comme d'autres libertins de la Renaissance, à ces idées radicales? Il n'est pas exclu en tout cas que le Mercure du Cymbalum mundi, faiseur de miracles et émissaire de son père parmi les hommes, soit une transposition dénigrante de la figure du Christ. L'ultime dialogue des chiens prendrait alors une autre dimension, l'apologie du silence impliquant la nécessité de voiler sous une facétie mythologique les provocations religieuses.

 

Condamné à la fois par la Sorbonne et par Calvin dans son Traité des scandales, le Cymbalum mundi résiste, en ces temps de déchirements confessionnels, à toute instrumentalisation doctrinale. Faut-il parler de déisme, d'évangé-lisme, de libertinage spirituel? La réponse importe moins au fond que la question ouverte par Des Périers: s'il est bien improbable que le langage s'articule sur l'être, l'exercice de la parole ne doit-il pas renoncer, enfin, à des présomptions métaphysiques destructrices de toute sociabilité et de tout bonheur de vivre?

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L'aller et le retour

 

Emportée, doucement, dans la non existence,

Je refais étonnée surface dans la vie,

Sans avoir souvenir d'aucune griserie.

Ne sais ce qu’il advint de moi dans mon errance.

...

Je refais, étonnée, surface dans la vie

Pas d’images venant colorer le silence.

Ne sais ce qu'il advint de moi dans mon errance.

Le soleil est absent de ma rue endormie.

...

Pas d'images venant colorer le silence.

Nul oiseau attardé à courtiser sa mie.

Le soleil est absent de ma rue endormie.

Attentive, j'espère accueillir la brillance.

...

Nul oiseau attardé à courtiser sa mie,

Sans doute qu'a pris fin le temps de leurs vacances.

Attentive, j'espère accueillir la brillance.

Revenue, en santé, où s'écoule ma vie.

...

16 septembre 2005

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À la case «Âge d'or »

Doux ami,

Soudain, je pense, avec tendresse,
À cette si lointaine adresse,
Où tu m’accompagnais souvent.

Je te taquinais tout le temps.
...
Devant nous, une longue route,
Semée d’embûches et de doutes.
Nous avons fait de notre mieux,
Nous sommes rejoints, déjà vieux.
...
Mais que m’importe l’âge d’or,
S’il ne me cause pas de torts.
Je suis redevenue coquette
Et fais de nouvelles conquêtes.
...
Je ne crie pas sur tous les toits
Que j’eus vingt ans plus d’une fois.
D’ailleurs je n’en suis pas très sûre,
Quand je me réfère à l’usure.
...
À distance, aux jeux de l’esprit,
On échange sans parti-pris.
Je me prévaux de ma sagesse,
Toujours empreinte d'allégresse.
...
Tu vois, je garde mon allant
Et toi, tu en fais tout autant.
Il nous fallut beaucoup de chance,
Du courage et de l’endurance.
...
Rue Rovigo, t'en souviens-tu?
Une impasse peu attrayante,
Dans une ville pétillante.
Alger, la Fac et ce qui fut !

Ier février 2006

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