Statistiques google analytics du réseau arts et lettres: 8 403 746 pages vues depuis Le 10 octobre 2009

administrateur théâtres

Et voici la lauréate du prix première 2012:

Elle vient d'obtenir pour son  premier roman "Léna" le prix Première de la RTBF décerné ce premier mars à la foire du livre de Bruxelles.

12272787486?profile=original

 Virginie Deloffre  est médecin à Paris... à mi temps, car elle écrit depuis un long moment et voici son premier roman.  Fascinée depuis l’enfance par la Russie, elle signe  un livre magnifique à l'écriture sensitive. La toile de fond est  toute l’épopée soviétique depuis les années 20 jusqu’à  l’effondrement de l’URSS à la fin des années 80.  Une débâcle spectaculaire qui ressemble à celle du fleuve Léna lorsqu’il sort de sa rêverie hivernale et cause des conséquences catastrophiques quand craquent tous les barrages de glace.

La Léna dont la romancière retrace le parcours est une enfant rêveuse, traumatisée par la mort de ses parents disparus dans un trou de glace en Sibérie, recueillie par un vieux couple sans enfant, Dimitri, un scientifique exilé en Sibérie et Varvara une bonne vieille paysanne pragmatique au franc parler, fière de son communisme. Hélas sa chaleur humaine peine fort à dégeler l'enfant mystérieuse et secrète.

Léna les quitte pour épouser Vassili, un ardent pilote de chasse de l’Armée rouge, et se retrouve seule dans un nouvel environnement urbain. A quel malheur doit-elle se préparer ?  Sa vie intérieure est marquée par  la rêverie et l’attente perpétuelle des retours de mission de Vassia. Son immobilité lui suffit pour capter la permanence.   Elle se complait dans l’inaction comme si bouger dans sa chrysalide allait tout faire basculer. A chaque départ et chaque retour de son mari elle écrit  de longues missives nostalgiques à son oncle et sa tante restés dans le Grand Nord et se souvient : "La terre et la mer se confondent, uniformément blanches et plates l'une et l'autre, sans ligne de fracture visible. L’œil porte si loin dans cette blancheur, qu'on croit percevoir la courbure de la terre à l'horizon. A ce point d'immensité l'espace devenait une stature, imprégnant chacun des êtres qui l'habitent, une irréductible liberté intérieure qui fait les hommes bien nés, les Hommes Véritables, ainsi que ces peuples, les Nénètses,  se désignent eux-mêmes."  Elle se sent comme les paysages de sa tribu d’origine: sans limites, à la fois changeants et immuables, aussi désertiques.

 La langue poétique dévoile peu à peu tous les replis de son âme vagabonde. Elle a aussi la distance pour décrire avec humour son nouvel environnement : "C'est la fameuse Laideur Soviétique, inimitable, minutieusement programmée par le plan, torchonnée cahin-caha dans l'ivrognerie générale, d'une tristesse inusable. Un mélange d'indifférence obstinée, de carrelages mal lavés, de façades monotones aux couleurs uniques -gris-bleu, gris-vert, gris-jaune-, témoins d'un probable oukase secret ordonnant le grisaillement égalitaire de toutes les résines destinées à la construction du socialisme avancé. Un genre de laideur qu'on ne trouve que chez nous, que l'Ouest n'égalera jamais, malgré les efforts qu'il déploie à la périphérie de ses villes. "  
 

Soudain, rien ne sera plus jamais le même. « Elle est tombée sur moi, la menace que je sentais rôder. »  Lorsque Vassia  est sélectionné pour faire partie de mission de la station Mir, Lena, fille de l’immuable perd ses repères: la routine de son attente des retours-surprise du mari qui faisait  tout son bonheur  tranquille et solitaire explose et fait  place aux incertitudes et au questionnement. Son monde solitaire est fracassé.
Elle est forcée au commerce avec autrui, confrontée par la réalité. Et de se demander ce que  vont donc chercher les hommes dans l'espace. Quelle est cette force qui les lance vers l'inaccessible?  Qu’ont-ils contemplé ces cosmonautes,  face à face avec l'univers? Pourquoi ceux qui en reviennent ont-ils tous le même vide au fond des yeux ?  « Je ne sais pas pourquoi les hommes veulent aller plus loin. Mais ils l'ont toujours fait, ils ont toujours marché droit devant eux. Ils se sont heurtés à des déserts, puis à des montagnes, et ils les ont franchis. Ils sont arrivés à la mer et cet obstacle leur a pris des siècles. Mais ils ont appris à construire des bateaux et ils sont partis sur la mer au milieu des tempêtes, droit devant vers l'inconnu. Vers l'inconnu terrifiant toujours. Chaque étape de leur progression était jonchée de cadavres et pourtant ils ont continué jusqu'à couvrir la surface de la terre, et maintenant la terre ne leur suffit plus. Ils sont ensorcelés par les lointains. C'est une force en eux, sans doute semblable à celle qui habite les oies sauvages au printemps. L'étendue les attire, elle les appelle. Et ils se mettent en marche. »

Le roman est construit avec  le soin d’une lente distillation de l’art de dire,  sans en dire trop, par petites touches successives, pour fabriquer des images inoubliables. Le plaisir de la lecture est total tant la langue soutient l’imaginaire, fait éclore l’émotion, et ouvre nos yeux sur la sensibilité de l’âme  russe. Elle insiste sur  le désir permanent  de conquête  de l’homme. Elle capte les différences ahurissantes entre l’homme et la femme dans les deux couples… qui malgré tout s’entendent.   Le personnage de Léna est tout émotion: fine, pudique et délectable. Tous les  personnages sont riches, la narration de l’histoire soviétique prend des allures de conte. Le lecteur de l’OUEST se sent transporté dans un monde inconnu et surprenant.  L’écriture fluide  et rythmée colle au roman, comme un vêtement mouillé car Léna au fur et à mesure fait fondre la glace qui l’étreint. Tout au long de l’histoire on assiste à une accélération dynamique de l’énergie  et à une authentique mise à flots du vaisseau de la vie. Celle de Léna.

12272788855?profile=original

Le ravissement de l'éclosion.

 

Envoyez-moi un e-mail lorsque des commentaires sont laissés –

Vous devez être membre de Arts et Lettres pour ajouter des commentaires !

Join Arts et Lettres

Commentaires

  • administrateur théâtres

    2965971886?profile=originalEric Migom, peintre

  • administrateur théâtres
    fb0h_Lena.jpg
    Virginie Deloffre, pour son premier roman Léna, est sélectionnée pour le Prix Senghor 2012 du Premier Roman Francophone et Francophile. Le prix sera remis le vendredi 19 octobre 2012 à 18h30 au Musée de la Poste (34, boulevard de Vaugirard, 75015 Paris).
     
  • administrateur théâtres

    La lauréate du Prix Première ... et du prix des libraires!

    Virginie Deloffre remporte le 58e prix des Libraires

    Publié le 12 mars 2012 par cfr
    Deloffre_120312.jpg

    (Photo : Virginie Deloffre)

    La récompense est remise ce lundi 12 mars à l’hôtel Madison, Paris 6e, à l'auteure de Léna, premier roman publié par Albin Michel.

    Lors d’un vote qui a rassemblé 366 libraires francophones indépendants, le premier roman de Virginie Deloffre, médecin passionnée de culture russe, a remporté le grand prix des Libraires, décerné cette année pour la 58e fois, par 142 voix contre 132 à Hubert Haddad (Opium Poppy, Zulma) et 92 à Hervé Le Tellier (Électrico W, JC Lattès).

    Tiré à 12 000 exemplaires et salué par la critique, Léna, qui a reçu dernièrement le prix Première RTBF 2012 à la foire de Bruxelles ainsi que le prix Thyde-Monnier de la SGDL 2011, se verra également décerner au Salon du livre de Paris, le vendredi 18 mars, le prix des Lecteurs de Notre Temps.

    Dans ce premier roman, fruit d’une fascination pour les landes glacées de l’ex-Union soviétique, Virginie Deloffre met en scène une Russie essouflée, entre 1988-1992, de la Pérestroïka à la dissolution de l'URSS en passant par la chute du mur de Berlin. A travers le récit épistolaire de Léna, “âme russe pure et innocente” mariée à un homme sempiternellement absent, l’auteure plonge ses lecteurs dans les méandres de l’histoire soviétique.

  • administrateur théâtres

    Dans la foulée je vous présente un personnage que je n'ai hélas pas pu rencontrer à la foire du livre avec mes collègues jurés, mais il s'agit d'une perle, cadeau de Guy Leboutte:

    "Jim Sumkay à ceux d'entre vous qui étaient à mes côtés quand il nous a croisés le jour de la remise du prix.

    Ce photographe liégeois, "naïf" en quelque sorte, ne travaille, sauf exception, qu'en noir et blanc.
    Il construit une oeuvre qui fera date, un peu à l'image de l'Allemand August Sander connu pour Menschen des 20. Jahrhunderts (Hommes du 20e siècle), "commencée au milieu des années 1920 et pour laquelle il regroupa pendant plusieurs décennies des portraits de personnes issues de différentes couches sociales et catégories professionnelles" (lien).
    C'est un photographe du quotidien, des petites choses et des petites gens, parfois des grands, dont j'ai parfois pensé qu'il montrait notre époque comme un après-guerre, ce qu'un ami plasticien considère comme tout à fait pertinent.

    Jim Sumkay s'est jeté dans une pratique quotidienne de la photographie il y a quelques années après une crise existentielle et de santé dont il a failli ne pas sortir vivant. Depuis, il dépose quasi quotidiennement ses prises de la journée sur un site que lui a ouvert les Musée en plein air de l'ULG. On peut y voir
    - ses photos du 5 mars - nous n'y sommes pas
    - ses expos publiques ("Installations" - Liège et région liégeoise, Bruxelles, Belgrade, Arlon, Paris, Kiev, La Havane, Aachen, Tourinnes-la-Grosse, Namur....)

    Un livre, Motus, préfacé par Ben, reprend les photos-jeux de mots qu'il a exposées il y a deux ans à la gare du Palais à Liège."

     

    2965938703?profile=RESIZE_1024x1024

    Ses photos d'art sur le vif à la foire aux livres, ce 5 mars 2012:

    http://www.museepla.ulg.ac.be/opera/sumkay/2012/0305.html

     

  • administrateur théâtres

    Coup de génie sans lendemain, ou premiers pas d’une plume prometteuse, le PRIX PREMIÈRE révèle tous les talents.Une invitation à la curiosité !”

    Corinne Boulangier, Présidente du jury.

     

     SéLECTION 2012

     

    Voici mon classement personnel des autres romans:

     

    L’audition du docteur Fernando Gasparri

    Giuseppe SANTOLIQUIDO - Grand Miroir

    En 1932, l’engagement d’un homme dans une Belgique troublée.

    L’art français de la guerre

    Alexis JENNI (Gallimard)

    Plus qu’une affaire de guerres, une histoire d’admiration.

    Jeanne et Marguerite

    Valérie PÉRONNET (Calmann-Lévy)

    Deux passions amoureuses, à un siècle d’intervalle.

    Le silence ne sera qu’un souvenir

    Laurence VILAINE (Gaïa)

    Une communauté Rom, sur les rives du Danube, en proie à toutes les haines.

    Karen et moi

    Nathalie SKOWRONEK (Arléa)

    Destins croisés d’une jeune femme et de Karen Blixen, l’auteure de “La ferme africaine”.

    La Zonzon

    Alain GUYARD (Le Dilettante)

    La philo en prison dans un polar irrévérencieux

    Si tu passes la rivière

    Geneviève DAMAS (Luce Wilquin)

    Un jeune homme, ignorant et rêveur, accède, peu à peu, à la connaissance.

    Le livre de Joseph

    Bernard DAN (Éditions de l’Aube)

    La barbarie nazie en arrière fond d’une quête identitaire tragi-comique.

    Dix

    Éric SOMMIER (L’Arpenteur)

    L’héroïsme d’un homme ordinaire, au cœur de la tragédie du mont Blanc

    Ce qu’il advint du Sauvage blanc

    François GARDE (Gallimard)

    Au 19e siècle, le retour difficile d’un marin oublié sur une île pendant 17 ans.

    Enjoy

    Solange BIED-CHARRETON (Stock)

    La force, l’impact et les ravages des réseaux sociaux. La “génération Y”.

    Avant le silence des forêts

    Lilyane BEAUQUEL (Gallimard)

    Une jeunesse perdue, gâchée par l’absurdité de la guerre.

    La faute de goût

    Caroline LUNOIR (Actes Sud)

    La transmission en question au cœur d’une réunion familiale.

    Rester sage

    Arnaud DUDEK (Alma Éditeur)

    L’amitié pour retenir le passage du temps et continuer de s’émerveiller.

    Brut

    Dalibor FRIOUX (Seuil)

    Une démocratie s’écroule sous le poids des richesses pétrolières. Anticipation ?

    Les grandes vacances

    Amélie VISENTINI (Les Blogueuses)

    L’apprentissage d’une toute jeune fille en plein drame familial.

    Dans un autre temps

    Philippe CAUBET (P.-G. de Roux)

    Une odyssée de la mémoire, pleine de mystères et de secrets.

    Rhapsodie pour une dent creuse

    Régis DELICATA (Grasset)

    À Hollywood, à la recherche du dentier de Robert Mitchum. Délire garanti !

    SéLECTION 2012

     

    L’ÉMOTION DES PREMIÈRES FOIS...

    Les dix-neuf romans sélectionnés pour le PRIX PREMIÈRE 2012 et les

    interviews des auteurs sont disponibles en radio à la demande sur :

    www.lapremiere.be, page PRIX PREMIERE.

     

     Lauréate : LÉNA Virginie DELOFFRE

     La renaissance d’une femme, la conquête spatiale et tout le mystère de l’âme russe.

  • administrateur théâtres

    le commentaire de la journée de remise du prix le 1er  mars

    par Amélie Vincenti une jeune romancière (17 ans) qui était dans la sélection du prix première, auteur du livre "les grandes vacances". Un beau  livre plein de fraîcheur qui capte bien  les émois de l'amour et de l'amitié, quand on a dix-sept ans dans la première décenie du 21e siècle et que la figure du père et la figure maternelle se sont éclipsées du tableau.

     

     

     http://lesgrandesvacances.skyrock.com/4.html

This reply was deleted.

Sujets de blog par étiquettes

  • de (143)

Archives mensuelles