Rêver ! C’est par-dessus les pavés mouillés des rues de Liège au temps de Noël que se balance cette magnifique guirlande lumineuse au gré du vent. A Bruxelles, c’est au théâtre du Parc que se concentre le rêve et un voyage extraordinaire dans le surnaturel.
Pour Maxime, dix ans, c’est la première fois qu’il franchit les portes royales de la Comédie. Aller au Théâtre, il en rêvait.
Il s’est habillé en jeune collégien anglais pour l’occasion et sa première sortie en solo avec sa Mamy! Ça, c’est en attendant de visiter Londres. Il brûle de rencontrer le vrai Peter Pan, ce héros qui ne voulait pas grandir. Et savoir pourquoi. Le comédien est bien vivant. Julien Besure, prince de l’imaginaire en habit vert, s’emploie à merveille pour voler, planer, et allumer des étoiles dans les yeux des enfants et de leurs parents.
Maxime connaît par cœur le héros de Walt Disney. Sa grand-mère a feuilleté avec lui le vrai livre de James Matthew Barrie, Peter Pan and Wendy ( 1911) question de le lancer sur les chemins de la fiction du Neverland : de la maison, emprunter la deuxième étoile droite et filer tout droit jusqu'au matin.
Ce qu’il a préféré, ce sont les superbes décors et les culbutes, les sauts du héros qui dit tout ce qu’il pense. Ajoutons que c’est Émilie Guillaume, une incomparable artiste du mouvement, qui règle à nouveau les fracassants combats et les coups de rapières sonores. L’île est recouverte de forêt, la lagune aux sirènes est splendide, le bateau des pirates impressionnant, la maison souterraine des enfants perdus finement imaginée. On adore les troncs d’arbres aux portes secrètes qui font office d’ascenseurs, le camp des indiens, les cabanes de feuilles construite par les enfants perdus eux-mêmes et le pauvre crocodile qui a avalé le réveil. La mise en scène est signée Maggy Jacot et Axel de Booseré.
Comme Maxime s’est délecté en boucle du DVD du film « Hook ou la revanche du Capitaine Crochet » de Steven Spielberg (1991), cela ne le gêne pas du tout que l’histoire ait pris un tour différent de la version originale, avec ce virage étonnant dans l’interprétation de Thierry Janssen. Au contraire, Il est fier de sa science et de déclarer avec satisfaction que « C’est pas la vraie histoire, bien sûr ! ». Ils sont finalement tellement ravis, les enfants qui déclarent tout connaître sur Saint-Nicolas ou Père Noël ! Tellement rassurés aussi que le contes existent pour penser et rêver le monde ! Maxime adore le fait que le soldat ensanglanté puisse s’échapper de l’horreur des tranchées de la première guerre mondiale en culbutant dans le Neverland, le pays imaginaire qui ne se fane jamais. Et il est totalement heureux que lorsque le jeune soldat est touché en plein cœur, et qu’il « renaît » dans le Neverland. Totalement crédible non ?
Bon, la fée Clochette ( Anouchka Vingtier, plus carabosse que la minuscule nymphe Tinker Bell) « criait beaucoup et avait des cheveux très blancs ». Si elle était venue chercher majestueusement par la main le pauvre Tommy qui se mourrait dans les tranchées d’Ypres, elle allait refaire sa vie pour devenir la fée Crochette avec le formidable capitaine sauvage! Pitié pour Peter ! Cet effroyable capitaine, plus monstrueux que dans l’imaginaire, « plus abominable que dans les films » est personnifié par un Fantastique Fabian Finkels ! Un rôle explosif pour triple F ! Les adultes jubilent devant l’ampleur de la dérision en mode Don Quichotte. Pour ce comédien aux mille talents, c’est un super héros, sur mesure. Il est ffflanqué de son inénarrable acolyte, Mouche de son prénom, glorieusement endossé par Thierry Janssen en personne.
Dominique-Hélène Lemaire et Maxime Demoulin
PETER PAN
11.11.2021 > 11.12.2021
de Thierry Janssen d'après l'oeuvre de J.M Barrie
Nous vous entraînerons pour les fêtes dans l’univers magique et cruel à la fois d’un des personnages les plus célèbres de la littérature anglaise. Vous retrouverez Julien Besure qui fut D’Artagnan mais aussi le chevalier d’Eon. Nous sommes en 1915. Le garçon qui servit de modèle à Peter Pan se bat dans les tranchées en Belgique. Juste avant l’assaut, une femme mystérieuse le ramène au pays des enfants perdus.
Julien Besure (Peter Pan) - Anouchka Vingtier (La fée Clochette) - Fabian Finkels (Le capitaine Crochet) - Karen De Paduwa (Rabougri ) - Mireille Bailly (Lily la tigresse, Le soldat Smith et Nicky Nigoo le pirate) - Thierry Janssen (Mouche) - Elsa Tarlton (Wendy) - Aurélien Dubreuil-Lachaud (Le soldat Taylor, Cookson le pirate et un indien).
Et les enfants en alternance :
Issaiah Fiszman, Dario Delbushaye (Le soldat Jones, Ed le pirate et un indien) - Andrei Costa, Martin Georges, Stanley Dupic-Janssens, Léon Deckers, Ethan Verheyden, Lilia Moumen, Jannah Tournay, Lily Debroux, Eledwen Janssen (Les enfants perdus et les indiens) - Selma Jones, Babette Verbeek, Laetitia Jous (La sirène et une indienne).
Réalisation Maggy Jacot et Axel De Booseré
Assistanat Julia Kaye
Assistanat scénographie et costumes Fabienne Damiean
Création lumières Gérard Maraite
Création sonore et composition Eric Ronsse
Chorégraphie des combats Emilie Guillaume
Créatrice maquillages et coiffures Florence Jasselette
Commentaires
« Peter Pan » (Vu au Théâtre du Parc à Bruxelles) : le bonheur d’être enfant à nouveau ! Le Peter Pan (bondissant Julien Besure) imaginé par Thierry Janssen, est désormais un adulte, installé dans notre monde, mais le monde terrible de la première guerre mondiale. Soudain surgit la fée Clochette qui l’appelle à revenir au Pays imaginaire : elle aussi a beaucoup grandi (pour atteindre la taille d’Anouchka Vingtier). Et voilà que, grâce à ces magiciens que sont Maggy Jacot et Axel De Booseré, tout recommence, si ressemblant et si décalé à la fois, drôle et anachronique, inventif toujours. Avec toutes sortes d’effets spéciaux bien théâtraux. Le Capitaine Crochet est toujours aussi nuisible dans son incarnation par Fabian Finkels. A ses côtés, Mouche – Thierry Janssen lui-même – multiplie les maladresses rigolotes. Rabougri-Raspoutine a toute la détermination malvenue que lui confère Karen De Paduwa. Mireille Bailly est une impressionnante Lily la tigresse, si savoureusement doublée en langues des signes par l’irrésistible Aurélien Dubreuil-Lachaud. Elsa Tarlton-Wendy et une bande d’enfants complètent heureusement la galerie des personnages. On reconnaît, on découvre, on est surpris, on est curieux de ce qui va suivre, on a peur, on rit, on est émus. Le bonheur, oui (photo Zvonock)
Merci Stéphane Gilbart