Festival Musiq 3 dimanche 29.06 - 11:00 - Studio 4
#24 Opera for kids: Brundibár
Un top ce matin à 11 heures! le Studio 4 accueille une foule nombreuse de jeunes familles qui viennent écouter l’opéra pour enfants « Brundibar ». Créé en 1938 par le compositeur tchèque Hans Krasa pour survivre en temps de guerre et joué pour la première fois en 1943 dans le camp de concentration de Terezin, cette œuvre célèbre le pouvoir de la musique comme outil de résistance et chante les vertus de la solidarité et de la générosité. Aninka et Pépicek, orphelins de père d'une famille pauvre, tentent de porter secours à leur mère malade en lui trouvant du lait. Ils s’aperçoivent que sans argent, jamais ils ne pourront se procurer le précieux aliment. Ils rêvent aussi de tous les délices dont ils sont privés ! L’imagination aidant, ils décident de chanter dans les rues de leur quartier pour trouver l'argent qui leur manque. Cependant, ils se voient bientôt menacés et chassés par Brundibar, un terrible musicien affublé d’un ridicule orgue de barbarie qui ne tolère en rien cette innocente concurrence. Une discrète allusion au dictateur de l'Allemagne nazie. Trois animaux magiques, Le Chien, le Chat et le Moineau, amis des deux malheureux, font appel aux enfants du voisinage. « Droit et justice nous allons défendre ! » Ils se rassemblent et renversent le tyran « avide de gloire et d’argent » grâce à la puissance de leur chant collectif.
Au Steinway, à l’accordéon et à la direction d’orchestre, l’excellent Patrick Leterme, entouré par un jeune orchestre raffiné de musiciens adultes très prometteurs. Ils joueront discrètement dans l’ombre à gauche pendant que le plateau s’éclaire pour accueillir les protagonistes. Une petite vingtaine d’enfants entre huit et quinze ans surgit. Ils sont vêtus pauvrement, à l’ancienne, façon village. Les filles, la plupart sagement coiffées en tresses, les garçons …un peu gavroches. Les costumes témoignent d’une grande inventivité, bien que tous déclinés dans les mêmes tons feuilles mortes. Des caisses de bois d’antiques déménagements sont les seuls accessoires dont ils disposent. Qu’importe ! Ils chantent, jouent, se meuvent sur le grand plateau du Studio 4 avec une aisance surprenante. Ils sont extraordinaires, ces mômes de rêve qui connaissent intégralement leurs partitions et dont la diction est impeccable, élégante et claire. Ils sont reliés entre eux par une étrange connivence, une force secrète qui exclut la moindre distraction. Une telle simplicité naturelle est belle à regarder et fait plaisir à entendre. Les timbres s’harmonisent à la perfection et leurs chorégraphies ne sont pas en reste, elles sont réglées au millimètre. Les changements de scènes sont exécutés avec une rare précision, apparemment sans la moindre surveillance extérieure. De la graine de professionnels?
Voilà donc une heure de spectacle musical très abouti qui cache sans doute un grand nombre d’heures de répétitions intensives et dont on ressort captivés et admiratifs, touchés par le message de l’œuvre qu’ils ont si bien comprise et mise en scène avec une telle conviction. Leur hymne final rassure sur la nature humaine et exhorte à l’espérance. Et il reste à l’oreille, en plus des chants des enfants ce motif lumineux et entraînant joué à la flûte et à la clarinette…comme une ode à la vie!
Choeur d'enfants | Patrick Leterme, direction, piano, accordéon | Vincent Goffin, mise en scène | Héloïse Mathieu, costumes | Quentin Debroeyer, violon | Laure Bardet, violon | Sofia Costantinidis, violon | Cyril Simon, violoncelle | Natacha Save, contrebasse | Gilles Bréda, flûte | Andrés Pueyo López, clarinette | Roeland Henkens, trompette | François Couvreur, guitare | Simon Drachman, percussions | Elèna Lavrenov, violon | Aubin Denimal, violoncelle | Claire Ringlet, production
Vous les retrouverez en tournée en Wallonie, (www.festivaldewallonie.be) pendant tout le festival et lors d’une dernière à Flagey le 23 novembre 2014.
http://www.flagey.be/fr/programme/15492/-24-opera-for-kids-brundibar
Commentaires
15.05.2015
La semaine dernière, toute la troupe de Brundibar, (près d’une quarantaine de personnes dont de petits chanteurs et chanteuses belges de 8 à 13 ans) qui fut déjà un grand succès de l’édition 2014 du Festival de Wallonie, a été invitée par le Train des 1000 a joué deux fois au Théâtre Nowa Huta à Cracovie (300 km au sud de Varsovie).
Ce train permet depuis 2008, à 1000 jeunes (700 Belges et 300 jeunes de 18 à 20 ans issus de toute l’Europe), de visiter, dans ce cas-ci, les camps de concentration d’Auschwitz-Birkenau, à l’initiative de la Fédération internationale des Résistants, avec, pour la Belgique, la Fondation Auschwitz et l’Institut National des Vétérans.
Brundibar (« bourdon » en tchèque commun) est un opéra pour enfants, écrit par Adolf Hoffmeister et le compositeur Hans Krasa en 1938. Il fut interprété pour la première fois le 23 septembre 1943 par les enfants déportés du camp de concentration de Theresienstadt, en Thécoslovaquie occupée. L’an dernier, cet opéra a été repris, dans la transversale « Famille » du Festival de Wallonie, sous la direction de Patrick Leterme avec Vincent Goffin à la mise en scène.
Le rôle du méchant joueur d’orgue de barbarie est inspiré d’Aldof Hitler : la symbolique est donc évidente et pertinente, 70 ans après la libération des camps.
D’autant plus que le final avait été changé pour la circonstance : en effet des images du premier Brundibar, tourné par la propagande nazie en 1944 (et qui n’y avait vu que du feu à l’ époque), avaient été ajoutées en toile de fond et reprise à l’unisson par les enfants d’aujourd’hui.
La force de cette union à travers le temps bouleversa complètement les 500 personnes à chaque fois présentes (dont une large majorité de jeunes rhétoriciens). L’émotion fut à son comble au point de provoquer une double ovation debout. Impressionnant.
Le genre de moments qui, pour ceux qui les ont vécus, les marqueront profondément.
L'opéra Brundibar de Hans Krása produit l'an dernier par le Festiv' de Wallonie et dirigé par Patrick Leterme sera proposé les 7 et 8 mai prochains à Cracovie (...Théâtre Nowa Huta) dans le cadre du "Train des 1000". Deux représentations pour ces 1000 jeunes, afin d'évoquer la délicate problématique de la vie musicale dans les camps de concentration.
http://www.theguardian.com/world/2014/feb/23/alice-herz-sommer-holo...
Les échos d'un papa heureux et qui a raison de l'être!
"Les vacances et tous les dimanches depuis février, mais dans l'allégresse ! Une magnifique aventure pour les enfants... J'adorais voir les yeux de ma petite Apolline (Aninka) rouler sous les vivats. Grand moment d'émotion pour les parents... Et maintenant, la tournée !" Xavier Flament
deux documents pour mieux comprendre et ne jamais oublier:
http://litteraturetcheque.fr/?p=289
rencontre avec les survivants:
http://www.cbsnews.com/news/brundibar-how-the-nazis-conned-the-world/
La tournée:
JEU 10.07 18h00 Namur – Théâtre Royal de Namur
SAM 12.07 15h00 – Maison de la Culture de Marche-en-Famenne
JEU 07.08 17h00 Stavelot – Abbaye
SAM 30.08 16h00 Tournai – Halle aux draps
DIM 12.10 16h00 Charleroi – Palais des Beaux-Arts
DIM 19.10 11h00 et 14h00 Verviers – Espace Duesberg
VEN 24.10 19h00 Liege – Opéra Royal de Wallonie
Félicitations à tous les artistes, les créateurs et, surtout aux enfants toujours merveilleux.
Dommage que ce spectacle ne soit pas accessibles à tous. Mais comment faire ????
Cyniques et tragiques, l’histoire de "Brundibár" et le contexte dans lequel cet opéra pour enfants a été créé ne peuvent laisser indifférent. Elue comme projet "familles" du Festival de Wallonie, l’œuvre du compositeur tchèque-allemand Hans Krása se jouera pour la première fois ce dimanche à Bruxelles, à Flagey, puis voyagera tout l’été de Namur à Charleroi en passant par Marche, Stavelot, Tournai, Liège, etc. La dernière représentation se donnera à nouveau à Flagey le 23 novembre. Sur scène, un chœur de 16 enfants, souvent déjà initiés à la musique et choisis lors des auditions qui ont été données dans toute la Wallonie.
Symbole de la résistance
Trop peu connu du grand public, "Brundibár", symbole de la résistance du ghetto, écrit en 1938 par Adolf Hoffmeister, fut interprété pour la première fois le 23 septembre 1943 par les enfants déportés du camp-ghetto de Theresienstadt (Terezín, en tchèque), en Tchécoslovaquie, un lieu mirage que les Allemands exhibaient, faisant croire au reste du monde qu’ils traitaient bien les enfants juifs et les intellectuels, leur offrant même des loisirs culturels. Et allant jusqu’à déporter de nombreux prisonniers à la veille de la visite de la Croix-Rouge pour faire croire qu’à Theresienstadt, on ne manquait pas d’espace…
Parabole joyeuse célébrant le courage, la bonté, la solidarité et l’amitié entre les peuples, "Brundibár" a été joué une cinquantaine de fois entre 1943 et 1944 par des enfants du camp de Terezín. Chacun d’entre eux avait une doublure car tous, ou presque, étaient finalement déportés à Auschwitz avec les conséquences que l’on sait.
Enlever l’étoile
"Engagé" comme directeur de la section musicale de l’organisation des loisirs en 1942, Hans Krása a voulu monter cet opéra pour échapper à l’horreur qui l’entourait. Jouée dans ce contexte-là, l’œuvre a pris une autre dimension. Comme les deux enfants pauvres qui doivent acheter du lait pour leur mère malade, ceux de Theresienstadt savaient ce que voulaient dire la faim, la violence, la peur et les humiliations permanentes. L’opéra, cependant, était relativement joyeux, en tout cas moins sombre que le reste, et tout le monde voulait le voir. Pour les enfants chanteurs, c’était aussi l’occasion d’enlever enfin leur étoile jaune.
La fable reprend les éléments des contes d’Hansel et Gretel et des Musiciens de Brême. Pour gagner l’argent réclamé par le laitier, les enfants décident de chanter dans la rue comme l’ogre Brundibár, Hitler en réalité, qui jouait de l’orgue de Barbarie, cet instrument étrange qui broie le papier.
Quant à l’opéra, il est adapté aux instruments disponibles dans le camp ghetto : flûte, clarinette, guitare, accordéon, piano, percussions, violons, violoncelles, contrebasse. "Ecrite pendant l’entre-deux-guerres, explique Patrick Leterme, directeur musical, la musique est tiraillée entre l’héritage post-romantique, le cabaret berlinois, quelques résidus de valses viennoises et même, dans les chansons courtes, une certaine influence de l’est et de ses mélopées. Si l’histoire de cet opéra est intéressante, l’œuvre en soi l’est également. Il importe de le rappeler. Hans Krása ayant été déporté en 1944, elle tombera bientôt dans le domaine public et sera sans doute plus souvent jouée."
Vincent Goffin a opté pour une mise en scène simple et très contemporaine. Juste quelques caisses pour la leçon de gymnastique matinale - qui ressemble presque à un cours de step - ou pour aider les enfants à se grandir lorsqu’ils endossent le rôle d’adultes puisqu’ils jouent tous les protagonistes. Et pour mieux soutenir encore ce chœur d’enfants qui sera sans doute émouvant, l’ensemble instrumental sera sur scène avec Patrick Leterme au piano et à l’accordéon.
Bruxelles, Flagey, le dimanche 29 juin, à 11h. Puis à Namur, Marche, Stavelot, Tournai, Charleroi, Liège, Verviers et à nouveau Bruxelles. Infos : www.festivaldewallonie.be
Un superbe Brundibar au Festival Musiq’3 à Flagey
Michèle Friche (Le Soir)
Mis en ligne dimanche 29 juin 2014, 16h59
L’opéra pour enfants était joué à Flagey ce samedi. Des artistes et des pros, ces mômes !
D’une efficacité scénique époustouflante, d’une beauté musicale raffinée, d’une lisibilité idéale, l’opéra pour enfants « Brundibar » du Tchèque Hans Krasa a mis instantanément dans sa poche le studio 4 de Flagey, comble, parents et enfants mêlés. Des enfants, il y en avait de tous les âges, des petits avec doudou à la main, sur les genoux des grands, d’autres à peine plus âgés, fièrement installés dans leurs fauteuils. Les uns comme les autres, sages, très sages, qui ne lâchaient pas des yeux la scène, murmurant de temps à autre leur avis…
À droite de la scène, les 12 instrumentistes, menés par Patrick Leterme de son clavier et de son accordéon, à droite, discrète, une traductrice en langage des signes et au centre, un monceau de caisses de bois, à claire-voies, empilées. Venus calmement du fond, les enfants se plantent devant nous, le regard assuré, la mine sérieuse. Il y a des petits, des moyens et des grands… des tresses et des queues-de-cheval, des casquettes, des vêtements à la fois proches et lointains, avec un air de Tchéquie, sobres et pauvres (Héloïse Mathieu). En un temps record, chacun s’empare des caisses et les range : les voilà chaises, puis podiums, puis lits et encore mur avec fenêtres. Précis, rapides ! De vrais pros, ces mômes ! Un accessoire vestimentaire sorti on ne sait d’où suffit à identifier les personnages. Les solistes sortent ainsi du chœur… et y retournent.
Ils sont 16 (impossible de les citer tous !), retenus sur audition d’une centaine : les couleurs vocales s’harmonisent, les timbres sont beaux, et l’articulation comme on en rêve parfois chez les adultes. Et la plupart ont le sens du théâtre. Mis en scène, en sobriété efficace, par Vincent Goffin, Brundibar se conte le plus naturellement du monde, dans une forme chorale, une vitalité sérieuse, et sans nulle surcharge historique, proche sans doute de l’esprit de son écriture. L’œuvre de Krasa est une fable où les fenêtres et les animaux dialoguent et c’est aussi un conte moral où deux enfants cherchent comment récolter des sous pour payer le lait destiné à leur mère malade et chassent avec l’aide de tous le méchant Brundibar… Une œuvre qui dit l’entraide, la résistance, l’imagination, la lutte du bien contre le mal, écrite en 1938 pour des enfants, créée au camp de concentration de Terezin, dans ce camp vitrine et abominable leurre orchestré par les Nazis.
Une nouvelle fois, après la Mélodie du bonheur, Le magicien d’Oz…, Patrick Leterme exerce sa magie du théâtre musical. Il y a du génie (et beaucoup de travail) en cet homme, producteur et animateur à la radio, rassembleur de troupe et surtout formidable musicien tout terrain. Et l’on salue tous ses instrumentistes au travers d’une partition qui mêle des mélodies très simples à des écritures plus complexes, nourrie du folklore tchèque, qui caractérise par un rythme, une ritournelle chacun des protagonistes et donne au choeur une force plus compacte. Une musique accessible et prenante.
Ce spectacle créé à Flagey dans le cadre du Festival Musiq 3, se jouera presque partout en Wallonie, de Namur à Tournai, dès le 10/7. Ne le ratez pas et emmenez vos enfants.
www.festivaldewallonie.be, 081/73 37 81.