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femmes (55)

administrateur théâtres

Le jardin parfumé (théâtre du Grand Midi)

« Les regards langoureux mettent en communication une âme avec une autre et les tendres baisers servent d’intermédiaires entre ton ardent jardinier et mon jardin parfumé... »


"Apprends ô vizir – que Dieu te prenne en sa miséricorde – que les femmes sont de différentes sortes : on loue les unes, on blâme les autres. La femme qui est louée par les hommes est celle qui se porte bien physiquement, qui a une bonne stature, une chair généreuse avec un teint blanc et brillant. Elle sentira bon. Ses épaules seront éloignées l’une de l’autre, ses bras seront larges, les deux os de l’avant-bras renflés. Sa bouche sera étroite, avec des lèvres tendres d’une couleur rouge cramoisie, épaisses, chaudes, équilibrées, charnues. Elle aura un nez étroit et gracieux, des joues lisses d’un blanc éclatant, rehaussé de rose, de grands yeux. Son visage sera majestueux et, d’après certains, il devra être de forme ronde. Ses sourcils seront bien arqués, sans être séparés par trop d’espace. Son front sera vaste, sous une chevelure d’un noir semblable à celui du fard pour les cils. Son cou sera long, et rond à la base. Cette femme aura les épaules larges, la poitrine spacieuse et bien développée, ainsi que la ceinture, les deux seins debout, la taille et les plis du ventre bien proportionnés, les hanches larges et fortes, le sein arqué, le nombril en fond de gouffre, les mains et les pieds menus…." Notre actrice, Nathalie Stas incarne avec humour cette femme idéale, et nous conte avec sagacité toute la théorie de l’érotologie de ce manuel peu connu dans notre monde occidental : « Le Jardin parfumé » de Cheikh Nefzaoui , écrit vers 1510. Un art d’aimer. Une recherche de paradis. Elle a le charme, la séduction des 1001 nuits, l’opulence de l’amour et navigue dans le décor oriental comme une reine, plutôt que comme une esclave ou une courtisane promise à la mort. ... Qui est le maître dans ce monde d’hommes, dans ce traité écrit par un homme pour les hommes ? Nathalie Stas provoque et renverse les rôles avec finesse et drôlerie. Sous une coupole d’étoiles, les tissus transparents d’une tente dans le désert, les coussins magiques, les bâtons d’encens, et les timbres de musiques d’ailleurs, et un déshabillé de rêve. Pruderie envolée, le vocabulaire est poétique ; les confidences, détaillées ; les conseils, humoristiques ; les descriptions, précises. Le corps sculptural retrace le bonheur des mots. Et la voix, et la danse. Le texte est garant de la vie. La curiosité du vizir, sa seule chance de survie. Ce vizir, c’est chacun de nous. Elle sent déjà le fil de la lame sur sa gorge offerte. Un spectacle étonnant dans la froidure glacée de notre mois de novembre ! Ne soyez pas frileux, et déposez les mineurs d’âge au cinéma avant de pénétrer dans la tente de l’amour!

LE JARDIN PARFUMÉ


du 16 novembre au 11 décembre à 20h30, uniquement les jeudis, vendredis et

samedis. Relâche dimanche et lundi

Librement et coquinement adapté par Bernard Damien

Pour et avec Nathalie Stas dans le rôle de la belle et mystérieuse Shéhérazade

Scénographie Ateliers du Vrai-Semblant Costumes Véronique Biefnot
Photographie Nicolas Toussaint Régie Alexis Couvrat
Dossier de presse
Nicole Palumbo



http://www.xltheatredugrandmidi.be/index.php?pid=36

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administrateur théâtres

Lettre d'une inconnue

De Stefan Zweig, avec Nathalie Stas.

Le drame intégral: « Tu ne m’as jamais reconnue! » Un message qui à force, va tuer cette belle inconnue car il lui manque le souffle conjoint de l’autre pour respirer, elle ne respire qu’à demi. Et pourtant le feu des regards se rencontrait, mais pas l’intelligence. Au cours de leurs quelques rencontres, l’amant passionné mais distrait, futile et ébloui à chaque femme sublime, ne la reconnaît jamais et il ne garde aucun souvenir. Il ne saura jamais qu’elle l’aime passionnément depuis l’âge de 13 ans, avec le mystère de l’adoration totale. Tragédie de l’amour : cécité et aveuglement conjugués. Privée de figure paternelle, à l’âge de l’absolu, elle a concentré sur cet écrivain rencontré au seuil de l’adolescence, toutes les cristallisations de son désir de femme et d’enfant. Un amour caché d’enfant, est plus fort encore que celui d’une femme.

Nathalie Stas en corsage et pantalons de dentelles pudiquement recouverts d’un peignoir de soie blanche, sa longue crinière sombre frôlant les chandeliers qui font encore croire à la vie, le visage défait, mais la vénération de son amant fichée dans les yeux, achève de lui écrire une lettre, plutôt une longue confession d’amour. Les reproches y sont presqu’absents tant son amour est vaste. Elle lui avoue leur enfant caché, mais il vient de mourir, à trois ans. Elle lui a caché son existence, s’épargnant une nouvelle non-reconnaissance, et se ménageant un seul espoir de vie, la trace vivante de leur amour… « Cet enfant, il était tout pour moi : il venait de toi ; c’était encore toi, non plus l’être heureux et insouciant que tu étais et que je pouvais retenir, mais toi pour toujours, pensais-je, m’appartenant, emprisonné dans mon corps, lié à ma vie… » Si l’enfant meurt, elle ne peut survivre.

Né du désespoir, ce texte est d’une finesse exquise, la description de cet amour fantasmé et malheureux y est analysé jusqu’au moindre frisson. Les joies et les extases alternent avec la douleur profonde, nous sommes au cœur d’un mystère intime, d’une symphonie déchirante et romantique. Lorsque l’écrivain lira enfin la longue missive, elle sera déjà de l’autre côté du miroir : « Son regard tomba alors sur le vase bleu qui se trouvait devant lui sur sa table de travail. Il était vide, vide pour la première fois au jour de son anniversaire. Il eut un tressaillement de frayeur. Ce fut pour lui comme si, soudain, une porte invisible s’était ouverte et qu’un courant d’air glacé, sorti de l’autre monde, avait pénétré dans la quiétude de sa chambre. Il sentit que quelqu’un venait de mourir ; il sentit qu’il y avait eu là un immortel amour : au plus profond de son âme, quelque chose s’épanouit, et il pensa à l’amante invisible aussi immatériellement et aussi passionnément qu’à une musique lointaine ».

Nathalie Stas incarne un théâtre de pure émotion, la mobilité de son visage est telle qu’elle annonce presque le texte qui lui passe par le corps. Sa voix épouse le trouble et la volupté, tremble l’indicible, révèle la profondeur du sentiment, galope dans l’azur du bonheur éphémère. Sa féminité absolue et sa beauté brune sous-tendent le texte à merveilles. Elle empêche presque le public de respirer… à moins qu’on ne se sente soudainement mal, tant le duo du texte et comédienne est intense et poignant.

XL Théâtre - Théâtre du Grand Midi Tél. : 02-513.21.78

http://www.xltheatredugrandmidi.be rue Goffart 7 1050 Ixelles

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administrateur théâtres

Mes Nuits sans Robert (Théâtre de la Samaritaine)


La nouvelle pièce de Véronique Gallo avec Véronique Gallo:

MES NUITS SANS ROBERT

OU

« CONFERENCE INTITULEE "LES ACCESSOIRES DU 7E ART QUI TRANSCENDENT NOTRE VISION DE L’AMOUR" »

***

Les paroles de Jean-Jacques nous chatouillent le cœur à regarder Louise évoluer sur la scène avec ses souvenirs en boîtes noires serties de métal froid :

Elle met du vieux pain sur son balcon
Pour attirer les moineaux les pigeons
Elle vit sa vie par procuration
Devant son immense collection…

Un à un elle prendra chaque écrin avec tendresse et commentera les objets fétiches de toute une vie ciselée par la romance du cinéma. Américain, de préférence. En vrai, elle n’a jamais eu la chance de faire La rencontre de celui qui partagera sa vie! Elle connait pourtant tous les ingrédients de l’amour par cœur, elle a analysé tous les comportements et les échafaude en théories burlesques et drôles…. Cela met un peu de distance et lui donne un sens de l’humour irrésistible! Elle peut tout jouer à merveilles, mettre en scène avec brio toutes les légendes de passion fictives…. Fictives ? Elle n’en n’est pas trop sûre !

Et de faire son cinéma tous les soirs sur l’écran noir de ses nuits blanches. Désespérément seule, malgré ses visites à l’herboristerie, attirée par les rêves, les senteurs, elle serait vite la proie facile de toutes les fumisteries. Heureusement qu’il y a les gouttes du Docteur Bach ! Sa vie sentimentale s’est figée une fois pour toutes sur ce beau Robert Redford, elle se le repasse inlassablement, et ne vit plus désormais que sur arrêts sur images impalpables, évanescentes. Il lui manque ce numéro introuvable pour sa collection de magazines…

Et la voilà qui nous livre son personnage le plus vrai : cette horloge biologique qui doucement se fane, affolée, ne sachant plus dans quel sens tourner, tant les minutes comptent…Six fois marraine, Tata Loulou, sent sa sève refluer, l’angoisse va la tuer au milieu de ses objets mythiques à qui elle a donné tant d’âme…

Véronique Gallo établit un rapport avec le public aussi rapide que les vendeurs d’éplucheurs magiques sur les grands marchés, on est fasciné et conquis. On assiste à de la prestidigitation verbale, elle peuple tous les espaces possibles, jusqu’à la régie, de personnages qui lui parlent dans son désert. Et chaque scène va jusqu’au mime des émois les plus profonds: « Coupez ! » hurle-t-elle à la fin…

« Non ! » Car l’éclat de la peau, les pupilles allumées, la chaleur du corps, tout participe: le talent fou !

Sans Robert...Ou sans Georges?

http://www.lasamaritaine.be/saison2009-2010/index.html#bv000004

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administrateur théâtres

Les Reines (Théâtre de la Flûte Enchantée)

Du 29 octobre au 21 novembre 2010


(Reprise)

de Normand Chaurette


Mise en scène: Jacqueline Préseau
Avec : Muriel Audrey, Céline Robaert, Brigitte Louveaux, Jacqueline Preseau, Sibylle du Plessy, Emilie Duvivier

Édouard IV, l’aîné des York, agonise dans sa chambre. Le roi en voie de putréfaction, n’est plus à même plus à même de maintenir l’ordre. Qui règne alors au château ? Le chaos. Se fermant le nez aux remugles persistants de la décomposition, les femmes rêvent toutes de la vacance du pouvoir. Toutes espèrent poser la couronne d’Angleterre sur leur front ambitieux. L’inspiration des noms des Reines revient à Shakespeare, mais cela pourrait se passer en Chine, à Venise, sous les Médicis, ou dans n’importe quel autre lieu où règnent le vide et l’avidité dévorante du pouvoir.

Ces femmes, toutes majestueuses, belles comme des porcelaines de Saxe, décolletés de rêve, couvertes de bijoux sont aussi incapables de communication que les pourceaux sous le pouvoir de Circé. Elles sont emmurées non seulement dans la tour de Londres mais dans leurs fantasmes et leur folie dominatrice. Un régal pour certains… Elles s’agitent, foulent le parquet, parlent, ne s’écoutent, ni même ne s’entendent, se font taire ou carrément rendre muette…. On assiste à un ballet verbal absurde et le spectateur attend. Il n’y aura pas d’histoire, que de l’intrigue, du fiel et des sarcasmes perfides. De très belles tirades pleines d’éloquence, déclamées par des voix tour à tour délicieuses ou sorcières, des rythmes d’alexandrins, douceur suave pour l’oreille, sont inlassablement jetés dans le vide. Ils meublent l’attente et restent sans écho.

Le désespoir, la solitude et l’approche de l’odieuse vieillesse d’une Marguerite d’Anjou, devenue un ballot d’amertumes et de rancoeur refusé sur tous les continents, nous remplissent d’effroi glacial. ...Où trouverait-elle quelque tendresse? Deux nouveau-nés incapables de cris, sont ballottés au gré des ambitions et des menaces mortelles. Et toujours pas d’histoire.

S’il fallait mettre le spectateur mal à l’aise, c’et parfaitement réussi. Déjà avec le dépeçage de la vérité historique il doit rentrer dans un tourbillon d’absurdité et est éjecté sans ménagements hors du temps. Côté espace, le fauteuil du spectateur, comme la ville de Londres qui se dissout peu à peu ce 20 janvier 1483 dans une tempête surréaliste, semble s’évanouir à son tour. Il essaie de rester assis entre deux chaises : celle de l’envie de partir, tant on est inconfortable, ...et celle de rester, car la curiosité et le talent extrême des comédiennes nous retiennent! Et aussi cette jeunesse ensorceleuse de Anne Warwick, douze ans, ou plutôt 22, visage de Botticelli et sourire de jeune louve.

Le maléfice atteint son comble avec les mots de Cécile d’York qui, jalouse de l’amour passionné qui unissait ses enfants Anne et Georges petits, a toujours refusé la naissance et l’existence de cette belle grande fille muette à la bouche en cœur qui erre sur la scène parmi les Reines. Petits, elle leur a cousu un silence à vie, ajoutant à sa fille l’odieuse punition de lui faire couper les mains. Anne ? Un prénom d’une fille qui n’existe pas… Et si, rompant le sortilège infernal, elle se met subitement à parler, personne ne l’entendra. Spectacle dérangeant, n’y emmenez pas vos enfants, ils ne comprendront rien et vous ne pourrez rien leur expliquer, il ne s’y passe que malaise, mal-être et maléfice. Même si le décor, les costumes sont séduisants et le jeu des comédiennes, jeunes virtuoses, étincelant.

Les talents et le théâtre sont bien au rendez-vous, mais qu’ont donc fait les femmes, à Normand Chaurette ?

http://www.lafluteenchantee.be/

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administrateur théâtres

La nuit de l'audience (théâtre Royal du Parc)

La nuit de L’audience

De Jean-Claude Idée & Jean des Cars

Année 1900. On s’attend à un piano à queue caché sous le drap, et on découvre un empilement de chaises dorées au milieu d’une pièce fastueuse et vide ! Empilement de barreaux dorés , car la pièce qui se joue est une prison. Des colonnes grises comme la pluie belge rendent l’endroit encore plus sinistre. Loin des palmeraies du Mexique… Au pied du balcon, les douves glacées du château de Bouchout, sont nettement plus carcérales que les jardins français du château de Tervuren qui vient de brûler ! Charlotte, impératrice du Mexique y est enfermée avec sa folie ou non, soumise à la volonté de son frère Léopold II qui l’a dépouillée de ses biens, de ses droits de son identité et même de sa filiation. Avec sa dot il a acheté le Congo et la sœur se meurt, par raison d’état, pour raison de folie. Qui eût cru que de si sombres desseins puissent se tramer au nez et à la barbe de l’Europe entière ? Camille Claudel revisitée. La visite : l’autre femme, Agnès de Salm-Salm, femme d’extérieur, aventurière hors du commun, n’ayant peur de rien, entreprenante, guerrière même, qui s’est « battue contre la guerre », belle, par ce que c’est Brigitte Fossey, vient la délivrer et peut-être l’aider à fuir. Armée, elle a balayé les geôliers, le docteur et sa seringue calmante et la gouvernante allemande.

Les deux femmes qui ne se connaissaient que sur dossier détaillé se rencontrent enfin, se mesurent, se jaugent, se scrutent, s’auditionnent, s’esquivent, et tombent dans la connivence des secrets partagés. Le duo de femmes devient alors musique de cœur, un peu de tequila - Mexique oblige. Agnès a quitté son chapeau de voyage et la coiffe de folle de Charlotte tombe après avoir revêtu sa dérisoire couronne. Elles sont devenues « sœurs d’orgueil !». Emergeant par dessus la camisole de forcenée, le cheveu vivant, brouillon, blanc et court apparaît, une vie volée renait. La vérité aussi…. se dévoile, petit à petit. Carlotta est femme victime, Agnès est femme protectrice. La condition de la femme ? Comment s’advenir ? Comment refaire surface dans la réalité après 25 ans d’internement ? « Vous avez peur de la réalité ! … C’est que j’en ai perdu l’habitude ! » Comment s’extirper de la machination machiste, des serres de l’avidité qui méprise superbement la vie ? Léopold a enterré sa sœur vivante. La pièce réhabilite sa mémoire, fait revivre un pan de l’histoire belge très peu glorieuse et soigneusement dissimulée dans nos cours d’histoire.

Le seul refuge pour Carlotta sera dans les chimères du monde intérieur, la magie de la folie, feinte ou non, loin de la « volupté des fonctions végétatives ! ».

Expression du talent féminin : Ce duo de femmes, Brigitte Fossey et Frédérique Tirmont, totalement opposées tant par la voix que le langage corporel, les postures et la photogénie jouent chacune dans leurs registre, superbement. « Le jour où je cesserai d’être neuve je serai morte ! » Maîtrise totale et nuancée de l’élocution et de la théâtralité…Jeu comparable à une orchestration de musique faite de contrebasse et violoncelle…Emouvant et beau.

http://www.theatreduparc.be/spectacle/spectacle_2010_2011_001 Mise en scène: Patrice KERBRAT.
Décor: Edouard LAUG. avec: Brigitte Fossey (Agnès) Frédérique Tirmont (Charlotte) Nathalie Stas (La suivante) Olivier Cuvellier (le médecin)

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administrateur théâtres


d'après Homère, Eschyle, Sophocle, Euripide

Au théâtre des Martyrs, splendide deuxième partie

Œuvre de transmission, la suite de l’épopée est tout aussi grandiose. Si pas plus percutante car il s’agit de découvrir, grâce aux textes millénaires, notre ajustement dans ce monde si éphémère, parvenir à la vie bonne, trouver notre juste place, se fondre dans l’harmonie de l’ordre cosmique. Combattre le chaos et les forces du mal. Retrouver la paix. Le texte est magnifique, intemporel et cadencé. L’empreinte des grandes tragédies laissera sa trace de sagesse pour ceux qui n’y ont jamais été exposés, quel défi et quel bonheur à la fois ! Rien ne dure, sauf l’écriture.

Le jeu d’Electre, fleur de sel sauvage, opiniâtre et noble, est digne du Grand Sophocle. Elle paraît si jeune, tout amour pour son père et son frère, et si forte. De la passion à l’état pur, cheveux courts en broussaille, nervosité, rage et débordements. « Je ne fais que montrer la vraie nature de celle qui m’a conçue ! » « Ta colère a fait de moi ce tas de haine ! » Clytemnestre, comme d’habitude ne l’écoute pas et s’adressant à Apollon le supplie : « Accorde-moi ce que je n’ose dire et que, dieu, tu auras compris ! » Elle appelle la mort de son propre fils pour protéger sa vie et celle de son amant, Egisthe. Au mépris du bien de ses enfants, si facilement reniés.

« L’outrage répond toujours à l’outrage » Clytemnestre aurait pu s’exiler après avoir vengé le sacrifice de sa fille Iphigénie, et aller expier sa culpabilité pour arrêter la malédiction. Non, elle veut avec son amant, jouir de la gloire et du prestige, du pouvoir, spoliant ses enfants à jamais. Electre, devenue animale et gonflée de rage, rejetant tous les honneurs de princesse, est saisissante : c’est la vie même qui se débat dans un cadre de mort. On voudrait la prendre dans le creux de sa main et la sauver. Comme essaie de le faire désespérément, sa sœur Chrisothémis, délicieuse, humaine, d’une extrême compassion pour sa sœur, une fleur de vie. « Electre, réfléchis, la justice peut être mortelle ! »

« Ceux qui font le mal, souffrent ! » Le chœur ne souligne-t-il pas : « Le plus grand des dons des dieux est un esprit modéré ». Il clame sa confiance dans l’homme, fondement de l’humanisme : « il n’est rien que les humains ne puissent surmonter ! » Hélas l’humanité est prise aux filets du Destin, Cassandre la première, dans sa robe de dentelle, elle sait qu’elle va mourir, que les hommes ne croiront pas ses prophéties. Elle est, selon le concept grec, déjà morte. Clytemnestre, suffocant de jalousie, lui souffle : « Orgueilleuse, tu es maintenant sans patrie! ». La malédiction est sur tous les Atrides. Oreste est pris de folie après le meurtre de sa mère. « Le mal engendre toujours le mal » Il faut donc interrompre le cycle infernal : « La loi, non la vengeance ! » Mais aucun homme n’est jamais libre, nous sommes toujours esclaves de quelque chose….

Cette création théâtrale est magistrale, costumes, coiffures, mise en scène prodigieuse. La foule de comédiens est un vrai peuple transmetteur. Agamemnon, Oreste, Pylade, sont des virtuoses de notre humanité. Le chœur est pétri d’humour, de sagesse et de bonne distance ... et les rôles de DOLORÈS DELAHAUT et d’ HÉLÈNE THEUNISSEN sont interprétés avec l’énergie … du dés’Espoir !

http://www.theatredesmartyrs.be/pages%20-%20saison/grande-salle/piece1.html

Première partie :

La Guerre - Les Femmes Deuxième partie :

Les Crimes - Les Dieux Du 28/09 au 31/10/2010

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administrateur théâtres

SARAH Le Cri de La Langouste

Avec Jacqueline BIR et Alexandre VON SIVERS
Titre original: Memoir (1978) de John MURELL adaptation de Eric-Emmanuel SCHMITT
Mise en scène : Daniel Hanssens, création de Argan 42

Eté 1922… Sarah Bernhardt, vieillie, tente de dicter ses mémoires à son secrétaire Pitou. Pour l’aider à se souvenir de cette vie d’aventure, d’audace et de fantaisie, il accepte de jouer les personnages qu’elle veut retrouver. Ainsi, sa mère, sa sœur, son amant, son mari, son fils, son imprésario américain, un machiniste, Oscar Wilde et George Bernard Shaw répondent tour à tour à une Sarah Bernhardt défiant sa propre mort entre vie et théâtre.

Personne ne me croira, mais je regarde Jacqueline Bir et Alexandre Von Sivers jouer Sarah Bernhardt dictant la 2e partie de ses mémoires à son’ P majuscule de Patient secrétaire nommé Pitou, et avant de devenir elle-même une p minuscule poussière, …. et je vois soudain une femme croulant sous l’expérience de deux ou trois siècles contigus, refaire tout le chemin exploratoire de l’imagination, comme le fait avec tant de passion et de grâce, un enfant de trois ou quatre ans quand il invente le bonheur magique du théâtre.

J’explique : en scène il y a l’enfant qui veut faire éclore son histoire avec une détermination flambante… Ni boire ni manger ne l’intéressent, encore moins dormir ! Comme Sarah ! Il faut inventer des excuses pour arrêter le jeu… Le jeu bouge sans cesse : glissements de personnages, de temps et de lieux, l’imparfait ludique relie le tout, l’enfant exulte. Une toute nouvelle réalité pour lui, celle qu’il crée de toutes pièces, voit le jour. Son esprit ne connait pas de limites. Liberté sauvage, quelle excitation dans ses yeux ! Il se fâche quand le compagnon de jeu ne se plie pas à ses caprices créateurs, force à continuer quand on voudrait s’évader, mais il est craquant de candeur et de plaisir sur les chemins de ses histoires et frissonne sous le plaisir du jeu pour le jeu. Et le compagnon de jeu lui aussi de s’embarquer inévitablement pour Thespies ! Voici ce que nous avons connu sur scène ce soir. Arrêter le temps et la réalité ambiante pour se livrer aux plaisirs fascinants de la création vivante … même s’il y a un texte adapté par de E.E Schmitt derrière, qu’importe , on dirait qu'ils improvisent! La grande Jacqueline s’amuse de son secrétaire avec ravissement. Celui -ci endosse avec bonheur le rôle poétique du petit prince : « Je suis responsable de vous ! »déclare-t-il. On dirait qu’il parle à la rose !

Quant à Sarah, les souvenirs ne sont qu’un moyen de retrouver le frisson, c’est le jeu qui la galvanise. Même si c’est au prix d’une âcre réflexion sur l’âge et ses destructions : « Rien ne vaut la peine d’être vécu, le soleil a raison de se consumer le plus vite possible » Le tragique grec nous saisit à la gorge: « Devoir se fondre dans la boue et l’obscurité définitive. Nous rentrons tous dans le même marais im-monde » …Est-ce à dire « Sans monde ? »

Le pathétique abonde : elle cite les paroles de Phèdre : « Tout m’afflige et conspire à me nuire, Soleil, je viens te voir pour la dernière fois… » Des salves répétées d’ironie amère accusent l’absence de sens de la vie et la finitude même de « la boule » au rang du quel elle n’hésite pas à se hisser. Vous aurez compris, Il s’agit encore du soleil : « A quoi sert le soleil ? A me faire oublier que l’univers est obscur ! » Et soudain, une lueur d’espoir: « Le soleil ne se couche pas, il se lève ailleurs ! »

Jacqueline partage sans doute frénétiquement avec Sarah l’immense mélancolie de la vie et celle du bout de la course… Les deux étoiles se réunissent, à défaut d’atteindre l’éternité rêvée. Et puis, qui sait ? Sarah a lancé à la volée et sans la moindre honte les documents soigneusement étiquetés par son fidèle secrétaire. Quelle importance ? Voyez la jouissance dans son jeu de scène, dans les comptes qu’elle règle avec sa mère, sa sœur, « J’ai rêvé de l’impossible puisque tu ne rêvais de rien pour moi ! » son mythe fondateur, accusateur et tragique. Elle se complait dans le plaisir de donner « J’ai nourri l’ogre (le public) » et se réjouit « Il te sera beaucoup pardonné car tu as beaucoup aimé…». Elle s’empare de la réplique, de la joie du drame, des mimiques savantes et autres gestuelles théâtrales. Sarah Bernhardt pleure sa vie qui s’éteint, mais Jacqueline, s’amuse au firmament. Quoi de plus beau et de plus étincelant? On ne vous dira pas son âge à la fin, lorsque tombe le rideau !

Pièce solaire

http://www.argan42.be/fr/home.html

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administrateur théâtres

Féminaire (théâtre de la Clarencière)

Feminaire, un sanctuaire


« Mon père était couvreur. Je louchais du subconscient : un œil dans la mine, l'autre sur lui. Le gouffre et les hauteurs simultanément épiés, créateurs d'un unique émoi. De mon père, j'admirais le glissement sur les tuiles, en évadé, en rocambole, , mais aussi parfois, la pâle, la lente reptation. C'était un couturier des toits. Il ne pratiquait certes que l'alpinisme des humbles, néanmoins, il connaissait le royaume du vent (...) Acrobate pur de public, funambule méconnu, mon père fût-il mon premier héros ? » Marcel Moreau sécrète une écriture pulsionnelle et charnelle, établissant l’existence de deux corps, le corps charnel d’abord et le corps verbal ensuite. Il lui faudra l’accès à l’écriture, toute jeunesse passée, pour enfin révéler son corps verbal fait de jaillissements et de peintures sensuelles et érotiques, toutes décrivant au plus précis, la femme et le désir de la femme. « Le corps a donné corps à ma rage d'interpréter l'Homme, et le monde. » Sa dernière pièce injouée et injouable a deux personnages : le rythme et le verbe. C’est dire si son univers est illuminé et insolite."La mort de mon père met fin à mon inconscience. Tout ce qui l'a précédé a été l'enfance des sens. Tout ce qui la suivra sera l'enfance du verbe"

Jean-Claude Drouot établit le parallèle entre le monde minier du Borinage de l’enfance du poète belge, amnésié comme par un coup de grisou par la mort de son père lorsqu’il avait 15 ans et ce monde des profondeurs de la sensualité où l’on débarque comme dans un monde tumultueux, impétueux, fantasmagorique et jamais dit. Où l’on pénètre dans des veines souterraines jamais explorées… celles de l’érotisme incandescent et paroxystique, seule valeur sûre dans les flottements et dérives modernes. Quant aux dérives anciennes… dans ce texte dont on n’ose dire le nom, Moreau est plein de colère contre ceux qui touchent à l’intégrité féminine. Féminaire, un sanctuaire !

Jean-Claude Drouot a évoqué de grands noms dans ce spectacle : Alechinsky, Topor, Anaïs Nin. L’actrice Suzy Falk, l’Eve du Théâtre, était présente… et Marcel Moreau, " l’objet d'une véritable passion chez ses innombrables (lecteurs) lectrices anonymes ou célèbres" sera là en personne vendredi soir… à la Clarencière!

Marcel Moreau est né le 16 avril 1933 à Boussu en Belgique. Marcel Moreau a construit une oeuvre majeure dont quatre grands titres, Quintes, L'Ivre livre, Le Sacre de la femme et Discours contre les entraves, ont récemment été réédités. Son cinquante-troisième livre, Une philosophie à coups de rein, apprivoise l'énigme de sa propre mort et nomme les leurres de notre modernité.

http://www.dailymotion.com/video/xd6hw9_la-seve-de-marcel-moreau_creation

https://www.youtube.com/watch?v=Nwowpxs0eDY

D O N C ,

Les mercredi 13, jeudi 14, vendredi 15 octobre 2010 à 20h30,
Le dimanche 17 à 16h00 (sous réserve)
http://www.laclarenciere.be/

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Pièce Montée (théâtre Argan 42)

croquer la figurine de "La Pièce Montée" De Pierre Palmade

On est allé revoir LAURE GODISIABOIS pour son style. Joli divertissement ! Immense pouvoir comique de « cette vraie actrice » seule en scène, sont les mots susurrés à gauche et à droite que l’on peut entendre à la sortie du spectacle. Le jeu est incessant, à peine moins turbulent que celui d’une jeune chatte enfermée dans une cuisine. Les intonations et la voix sont au bord de l’étrange, sorcière morte de solitude, ou Bobo du XVI è ? Tour à tour pétillante ou frissonnante et inquiète elle se joue du temps qui passe. Duel serré. Heureusement qu’il y a le tiers : dès le début s’installe une absolue connivence avec public puisqu’il est là, lui, alors qu’amis et famille se font désespérément attendre, cela nous mène au bord de l’attendrissement. Pathétique, sa chanson d’accueil, une ode à l’amitié, si dérisoire ! On sortirait bien de son fauteuil pour aller la consoler !

Pièce montée. Comment passer le temps ? Meubler le silence implacable de la rue sans voitures, parler au voisin et son chien par la fenêtre, raconter et vivre un cauchemar, dévoiler avec ironie incisive les inimitiés profondes des pièces rapportées, tout un montage ! S’affairer sans cesse pour les détails domestiques. Elle marche sur le fil poétique: voici un savoureux coup de téléphone où elle n’est pas toute blanche, et où elle épèle son nom un peu comme dans le fameux sketch du Télégramme. « Je m’appelle Françoise Lumière : C’est comme PUMA, mais avec un -L- et à la place du A à la fin : i-è-r-e……» Hier ou Demain ? Consulter les horoscopes, chanter et danser des souvenirs heureux tant qu’on y est, puisqu'on attend!

Broder avec verve et humour quelqu'accent anglais. S’adressant à son seul partenaire, le public : « You’re welcome !» dit-elle avec un clin d’œil irrésistible elle fait de son angoisse une somptueuse dentelle inutile et belle.

La table de style dit tout son cœur débordant d’amour et de brocarts rêvés, l’installation dinatoire pour pages de maisons de charme dit sa solitude profonde. Doux-amer parfait. Loufoque sérieux. Espièglerie et tristesse. D’un bout à l’autre : du vrai talent, à croquer!

Spectacle de clôture du festival d'été de Bruxellons

http://www.argan42.be/fr/piecemontee.html

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…« Je suis née en Algérie de père vietnamien et de mère belge. Quand mes parents se sont séparés, nous sommes venus vivre à Mons avec ma grand-mère maternelle qui développait un racisme totalitaire. Nous représentions le “péril jaune”. Pour elle, éduquer un enfant consistait à l'empêcher de rire, de jouer, d'avoir des secrets. L'adulte avait le pouvoir absolu », raconte la comédienne toute menue.

Devant l’immense mur de briques du théâtre surgit une véritable enchanteresse, légère comme une plume en robe ethnique noire, épaules et pieds nus, cheveux tirés comme une ballerine. Une phrase soudaine détonne dans son cœur fou de vivre. Une phrase innocente de la femme-oiseau, une voisine maghrébine, chaleureuse mère de famille nombreuse chez qui elle se réfugie de temps en temps. Une permission de vivre et d’ouvrir les yeux : « Il faut de tout pour grandir » dit-elle à la petite fille comme la bonne fée… « Pourquoi as-tu besoin de la musique de l’oiseau en cage au bord de la fenêtre?» demande-t-elle, elle qui d’habitude muselée, n’ose que de rares pourquoi. « Pour retrouver mes ailes » répond la voisine sibylline. Son professeur de piano lui disait : « Ecoute le chant, raconte l’histoire, même dans une gamme… ». Mais elle a dû apprendre à rire en silence. Et à fuir sur la pointe des pieds.

Vy en vietnamien veut dire « tout petit », c’est le nom de sa poupée de bois, son doudou, qui raconte ses déboires avec humour et douceur et s’échappe par le verbe gracieux et tendre par-dessus les murs de silence hostile. C’est cette poupée qui a pleuré silencieusement quand la grand-mère a coupé sauvagement les magnifiques cheveux de sa sœur. « J’ai cru que j’allais vomir ! » nous confie-telle, pour l’atteinte symbolique à l’intégrité de sa sœur, en attendant son tour. Touches par touches l’enfance et l’adolescence se disent sur les pages blanches du cahier d’écolière cent mille fois visitées par l’ancêtre curieuse et méchante, comme dans les contes de fée. La poésie, la grâce vont faire d’elle une artiste de gestes et de mots. C’est le conte de fée. Au fond d’elle il y a cette détermination de vie de la mauvaise herbe, « de cochon jaune », oserait persifler la marâtre … et une jeune fille amoureuse de la danse, de la musique et des mots en train d’éclore et de briser sa coquille.

Parfois, dans son lit elle s’écrie en silence « Dis-moi papa je ne sais plus me servir de mes ailes, je ne sais plus où est le ciel». Yen l’hirondelle est au bord du désespoir. Mais quand elle a vu Ismaël, un ange aux yeux si brillants, amoureux des oiseaux, elle a senti « ce battement d’ailes de ce frémissement du ciel ». Au comble du malheur elle dit avec une douceur de papier de soie « la vie est un rêve, je vais me réveiller ou mourir ! » … Et jamais elle n’accusera, pas d’amertume, car elle a découvert la Vie en elle, devenue comédienne … et facteur. Et quoi de plus beau : la Vie ! Les Lettres ! Avec amour, sur la croix noire de sa grand-mère elle grave avec le crayon doré de ses plus beaux poèmes un message de paix:

« Elance ton âme vers le ciel … Vis ! »

« Vy » de et par Michèle Nguyen, Atelier Théâtre de la Vie, 45 rue Traversière, 1210 Bruxelles

http://www.theatredelavie.be/

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Les Fugueuses au théâtre de la Flûte Enchantée

Les Fugueuses

Se fuir soi-même et les autres et quand même se retrouver sur une route avec une alter ego, et malgré la vieillesse odieuse ou l’abandon mesquin, retrouver le plaisir des premières fois ? Voici le programme que les deux excellentes actrices Chantal Pirotte et Jacqueline Préseau, nous propose dans « les Fugueuses » de Pierre Palmade. Claude et Margot vont se concocter une échappée belle, belle comme leur nuit dans leur hôtel à trente étoiles.

Dans l’obscurité la bande sonore nous répète avec la chaleur de Stéphane Grapelli « the show must go on ». Le décor change souplement, comme des vignettes d’hiéroglyphes, épurés et parlants, mais la quête sera toujours aussi pathétique, malgré les éclats de colère à en rire ou de rire à en pleurer, ou les scènes de fourberies évidentes qui nous ramènent à la farce. « Ils ont des chapeaux ronds… En Afrique les dromadaires /Ont la peau qu'est si tendue, Que pour fermer les paupières/ Ils doivent …. »


Passée maître dans la comédie humaine Jacqueline Préseau, pétrit l’hypocrisie, l’égoïsme forcené, sa belle armure contre les souffrances de la vie, et la mauvaise foi… avec autant de naturel que les hommes pétrissent la jambe d’une femme, quel que soit son âge … Personne ne la croit vraiment, ni elle non plus… « Même l’instinct maternel, c’est de la foutaise» lâche-telle. Mais elle joue, désespérément, faisant croire. Elle y va de la comédie, même pour sa partenaire de route… jouant sur un fil et se jouant d’elle chaque fois qu’elle le peut ! Elle est donc une comédienne attachante qui se bat pour faire vivre un théâtre sans prétention mais où règne l’amour de la scène et le plaisir de dire. « Votre mère ne perd pas le Nord, elle le choisit » « Je voulais être ailleurs et je suis ailleurs !» Ain't Misbehavin'!

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Il est où l'incendie?

L’INCENDIE DE LA VILLE DE FLORENCE

Texte de : OLIVIER COYETTE

Joué avec brio au THÉÂTRE DE LA BALSAMINE

21/09/2010 >> 02/10/2010

avenue Félix Marchal - 1030 Bruxelles – Belgique Site Web : http://www.balsamine.be

Le public est sous le livre qui égrène les images de merveilles humaines, époques et horizons confondus. Brouhaha étourdissant, tant il y en a. Quand la page blanche se meut, la page est pliée en deux, au creux du pli, quatre femmes, de chair, de cheveux, de rires, d’humeurs et de voix surgissent et s’élancent au plus près du public, comme la voile dans le vent. Qui souffle ? Pour aller loin, au près serré, à travers les déferlantes…. Nouvelles Euménides ? Leur chaleur caresse le premier rang, facettes dévoilées, elles Vivent. Leurs voix émeuvent, leurs gestes captivent, parlent les yeux… Ecoutez-les respirer, faites de même, voyez battre leur col plein de vie, vous sentirez la vie déferler. C’est ce qu’elles font tout au long du spectacle, une ode à la vie.

Quatre voix de femmes qui ne font qu’une, qu’un chant réveillant la torpeur moderne. A la bouche un poème d’élan juvénile, de ravages, d’existence. J’aime donc j’existe… Elles racontent, en faisant tout autre chose - qu’on se gardera bien de vous dire, pour ménager l’effet de surprise. Ne sont-elles pas toutes multi-tâches… ? Elles racontent, en feuilletant une encyclopédie. Mais sous ce réel récité, il y a l’à venir qui va éclore des bouches vivantes…

Le poème a été écrit pour elles, par elles ? Par un homme qui veut percer leur mystère, les connaître enfin, les dévoiler, qui a lâché ses balises pour traverser l’océan. Il y a tant de culture, de tissu complexe fabriqué par l’humanité, tant à découvrir, à apprendre, à faire connaître. Où est l’essentiel ? Wikipedia s’en mêle… recherche: la ville de Florence est passée au peigne fin…. L’histoire, l’actualité, peintures d’une époque, d’une réalité ? L’art, peinture d’une réalité plus haute ? Jamais vue ?

Voici une pièce de théâtre audacieuse et innovante… Las, voici l’avenir, une page blanche, lieu de tous les possibles, angoisses gommées, tant la vie peut être présente et vive, si on le veut. Que sommes-nous maintenant, une cacophonie ? Alors que tout se joue à l’intérieur. Et qu’il faut oser dire, atteindre le vrai et le senti, faire péter les nœuds, se mettre en colère, pleurer et trouver et pincer cette corde ou cela vibre et où cela vit… la femme ose, la vie déferle. Nous ne sommes pas des cellules virtuelles ou mortes…

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Face à face...

Une pièce bouleversante, un texte magnifique et fort : L’hiver de la cigale de Pietro Pizzuti

Eclairage sur la trame : il s’agit de Laura Welter, maintenue en détention préventive, hors de son pays natal, … le Chili sans doute, accusée d'avoir tué le général Oscar Antonio Roederer, ancien dictateur de son pays. Elle risque l’extradition et ses conséquences innommables. L'avocate de la défense, Maître Nathalie Franchi, va avoir du mal à arracher des aveux à sa cliente qui ne veut rien moins à travers son procès obtenir une révision au niveau international de l’immunité parlementaire. Extrait : « …Un vieux Monsieur dont la mauvaise santé était le plus efficace des passeports diplomatiques..»

Prenez deux personnages féminins, quarante ans, aussi contrastés que possible : une avocate très élégante, bourrée de féminité, coupe garçonne et voix de tragédienne, femme protectrice ... et une terroriste comédienne, feignant l’autisme, les cheveux mi-longs cachant le visage, la démarche mince et hésitante, en tenue de prisonnière kaki, bottines aux pieds, femme victime courageuse.

Mettez-les face-à-face et que la joute commence. Le combat singulier s’engage avec subtilité. Il y a un mystère à découvrir, une question fondamentale à comprendre. Rien ne progresserait sans cette interrogation et sans cet interrogatoire, minutieux, presque socratique. Qui des deux est la fourmi ou la cigale, on ne cesse de se poser la question.

L’empathie est le tiers personnage. On découvre qu’elles ont en effet la capacité de se mettre à la place l’une de l’autre, elles possèdent une qualité d’écoute profonde et ces deux femmes vont mutuellement se métamorphoser peu à peu au contact de l’autre, de révélations en révélations, les émotions devenant de plus en plus palpables et partagées. Le sujet est grave, le texte de la loi inflexible. Le texte de Pizzutti est saisissant et fourmillant de nuances. Tout les sépare et tout va les faire se rejoindre dans un même combat, celui de la vie ! Peu à peu, on assiste à un crescendo de révélations de plus en plus violentes au fur et à mesure que le meurtre semble devenir justifiable. Quel tour de passe-passe, ce combat verbal féroce et obstiné de filles d’Hercule, aussi fortes l’une que l’autre, où les rôles finissent par se renverser ! Et voilà le transfert du pouvoir absolu de l’une ... vers le pouvoir de l’autre, car on l’aura reconnu : c’est la liberté et le pouvoir de la vie qui doivent émerger ! C’est qu’elles ont en commun une confiance éperdue dans le progrès humain et la victoire du Bien sur le Mal. Et en secret, la nécessité d’une certaine rédemption.

Pourtant tout les séparait. Cigale et fourmi se rejoignent dans une nouvelle Antigone qui ne mourra pas, ni l’été, ni l’hiver. Pièce admirable servie par des comédiennes de haut vol…

du 09/09/2010 au 30/10/2010 - Théâtre Le Public - 1210 Bruxelles
Salle des Voûtes - Création mondiale -

Avec Nathalie Cornet et Laurence Vielle, Mise en scène Magali Pinglaut

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Ce que me disait hier un personnage lors d'une rencontre à l'atelier,il me parlait de personnages venus "d'outre-monde."

De la part de cet amateur d'art venu tout droit d'outre Pays de Gex.. ce ne pouvait être qu'un compliment..

Encore une fois je vivais ce que l'art m'apporte de plus gratifiant, la magie des rencontres, celles qui font chaud au cœur..

Les autres plus banales plus superficielles, on les oublie vite.

En fait tout est dans le regard neuf que certains peuvent garder toute la vie.


Une Flo d'outre-monde qui n'est pas restée longtemps dans cet état.. pourquoi je n'ai pas supporté son regard dans mon atelier plus d'une semaine..

Je ne sais pas, mais je mettais ici en place se travail sur les chairs livides.

Juste pour le plaisir de la chair et de ses variations translucides

100x80 acry et marouflages

2etat flo 80x60 full

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La paix des poissons rouges installés dans leur bocal lumineux sur le piano dénonce silencieusement les vastes angoisses qui étranglent chacun des acteurs. Quand la pièce devient un peu ‘lourde’, cela fait plaisir de les regarder et d’écouter le pianiste impassible. Plus que le passage brutal de monologues intérieurs en bulles, aux dialogues sans cesse avortés, (tiens les poissons… !) c’est justement ces non- transitions abruptes, dans le même souffle, bourrées de violence, qui sont géniales et vous coupent le souffle. Tous les acteurs se figent dès qu’une bulle éclate : belle trouvaille. Les adresses iconoclastes et blasphématoires où chacun crie son étouffement semblent ruiner toute communication et pourtant elles disent enfin la vérité de chacun. Magistral ! Les apparences sont si pacifiques, le discours à autrui est tellement recomposé et tricheur, ad nauseam! Le vocabulaire fort cru peut certes déconcerter certains spectateurs, mais il semble que cela fasse partie de la pièce… soyons ouverts ! Constat : quel que soit le kvetch, maîtrisé ou non, ce dernier finit toujours par avoir le dernier mot, quelles que soient les ruptures, les remises en question, les nouveaux départs. Pourquoi ne pas le reconnaître quand il vient, ce kvetch, l’accueillir et ne le considérer que comme une simple ombre au tableau. Ou trouver quelque recette anti-kvetch , comme s’intéresser d’abord aux autres , plus qu’à soi-même, le nombrilisme est omniprésent. L’altruisme est en effet totalement absent dans la pièce : comme « l’absente de tout bouquet»? Qui sait! La clé peut-être ! La scénographie est habile et bien menée, mais on se serait passé de certaines longueurs, les passages lutins qui sont tout, sauf lutins, plutôt tristes comme le kvetch! Mais on rit car les acteurs sont bons!

Kvetch, Atelier 210, Théâtre, Bruxelles

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