J'aurais aimé être un Fagnard,
un vrai, un gars du pays !
Le teint maté par le soleil couchant,
la peau tannée par la rudesse du vent,
les rides creusées par la force du temps.
J'aurais aimé sur tes chemins,
à tes cotés avoir grandi !
De tes dangers me jouer et m'y sentir bien,
connaître tes secrets et tes moindre recoins,
te parcourir les yeux fermés, confiant et serein.
J'aurais aimé au beau milieu de tes landes m'asseoir,
pouvoir t'entendre et t'écouter,
pouvoir te comprendre et te parler.
Être ton amant, ton confident, ton ami.
Creuser ta tourbe millénaire,
faire paître mes moutons,
faucher, ramasser les foins à la bonne saison,
l'automne venu couper ton bois, préparer le tison,
et pour l'hiver rester le plus fidèle de tes compagnons.
Un jour c'est sûr je vais mes yeux fermer
et avoir pour les fagnes un ultime pensée.
Mais jamais je n'aurais eu le regret de n'avoir pas tenté,
« d'être un Fagnard, un vrai, un gars du pays ! »