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conceptualisme (1)

administrateur théâtres

Un géant de 2m01 qui fit trembler les certitudes de l’art John Baldessari. Sa silhouette même devint matière artistique, instrument de jeu sur l’échelle et la perspective, métaphore d’une œuvre monumentale où l’image se frotte au mot. Car au fond, l’écrivain qu’il rêvait d’être, ne disparut jamais : il s’est contenté de transformer sa plume en caméra, en pinceau, en ciseaux et collages de textes.

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Pionnier de l’art conceptuel dès les années 1960, Baldessari remit en cause les frontières de la peinture, osa le métissage des disciplines et fit exploser les codes établis. Photographies, films expérimentaux, fragments textuels, récits visuels à tiroirs : il inventa des cocktails d’Art et de Lettres qui secouèrent la scène contemporaine. « Au diable les émotions, vive la réflexion ! » aurait-il pu dire, tant sa démarche fut guidée par le désir de décaler le sens, de l’arracher à son confort. De briser les codes. 

 

Né en 1931 à National City, au sud de San Diego, au carrefour de langues et de cultures, John Baldessari grandit dans une famille d’immigrés où l’anglais, le danois, l’italien et l’espagnol s’entrechoquaient. Ce rapport vital au langage, il le transposa dans son art : pour lui, les mots étaient aussi plastiques que les images. L’équilibre subtil entre texte et représentation, il l’apprit chez Goya, maître des « caprices » et des « désastres », où gravures et titres caustiques forment un dialogue ironique. Chez Baldessari, ce dialogue devient une méthode, une poétique de l’ambiguïté. Une grammaire picturale novatrice. 

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À Bozar, l’exposition John Baldessari : "Paraboles, fables et autres salades" (jusqu’au 1er février 2026) révèle cet art de l’équilibre, cette jubilation de brouiller les pistes. Partant,  la visite est  … récréative. On y croise Ingres and Other Parables (1972), où photographies et courts textes, traduits en plusieurs langues, inventent une narration à la fois absurde et éclairante. On y découvre aussi ses relectures tardives de Goya, où titres et images se cherchent sans jamais se dominer, comme deux forces en tension qui créent une troisième voie, faite de pensée et d’humour. Ou les subtilités de l’avant-garde de la seconde moitié du xxe siècle.

 

Baldessari fut professeur, expérimentateur, passeur, inspirant plusieurs générations d’artistes. Récompensé du Lion d’or à Venise en 2009, exposé dans le monde entier, il laissa à sa mort en 2020 un héritage toujours vivace. Ses œuvres continuent de questionner, de surprendre, de « décoiffer » même, tant elles abolissent les frontières entre les arts et entre les sens. Vous écrivez cela comment ?

 

Bref, cette exposition, certes, chahutante, est une belle réalisation de Bozar, pour qui veut mesurer l’influence de ce géant conceptuel, l’un des rares à avoir su orchestrer le sens comme d’autres composent une symphonie pour une oreille tendue. Baldessari, immense par la taille et par la créativité, reste cet artiste qui nous interroge, plus qu’il ne nous raconte, mais oblige à regarder autrement, à lire entre lignes et couleurs et découvrir les interstices où se loge le sens. Intéressant.

Dominique-Hélène Lemaire, Deashelle pour le réseau Arts et lettres

Crédit photos : Laurent De Meyer

 

https://www.bozar.be/fr/calendrier/john-baldessari

 

 

 

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