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(pseudo (1)

 

 

   LE MARCHAND DE CAROUBE

 

Sur les marchés de notre enfance

Riait notre ami Bamboula

Un Bamboula de chocolat

Qui vendait des Caraboudjas.

 

Il avait de longs doigts agiles

Et des cils à n'en plus finir

Où brillait le regard fragile

D'une âme aux mains du souvenir.

 

Il avait fait la grande guerre

Entraîné par on ne sait qui

Vers un pays riche, prospère

Que l'on nommait "Le Paradis"

 

Dans le sang, la boue et les flammes

Il avait agrippé l'horreur

Et reconnu les sombres drames

De sa jeunesse dans les pleurs.

 

Il n'a jamais revu l'Afrique,

Son grand ciel bleu sous les palmiers,

Ni réentendu la musique

Du vent dans les frangipaniers.

 

Mais le vieux noir n'était pas triste :

Il rigolait, il plaisantait.

Même la pluie la plus sinistre

En étoile se dissolvait.

 

Il faisait rêver et sourire

La fillette aux vents de l'été

Qui se plaisait d'entendre rire

Avec autant de vérité.

 

La fillette a suivi l'étoile

Qui l'a menée dans un pays

Où, sans escale pour sa voile,

Elle a perdu le "Paradis".

 

Si les parfums de son enfance

Ont pris un air acidulé,

Elle n'a pas perdu sa chance

Et rêve encore aux jeux d'été.

 

Car elle a retrouvé le rire

En pensant au grand Bamboula

Qui la faisait rêver, sourire,

En vendant des Caraboudjas.

 

Tous deux ont vécu les chimères

Des Paradis entrecroisés

On dit bien ; "Les hommes sont frères."

Sont-ils, vraiment, apprivoisés ?

 

Sur les marchés de notre enfance

Riait notre ami Bamboula

Un Bamboula de chocolat

Qui vendait des Caraboudjas.

 

E.L. Quivron-Delmeira

 

Poème écrit dans les années 1980 et basé sur un fait réel.

A paru dans diverses revues, anthologies.

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