Fabuleux! Du théâtre bilingue Fr/Es au théâtre de la Clarencière:
"Je m’appelle Federico García Lorca. Je suis né en 1898 près de Grenade. Grenade mes amours, Grenade blanche, Grenade mauresque, Grenade,
ma Grenade, Grenade des neiges, de l’olive et du vin. Je suis mort en 1936. Près
de Grenade aussi. Grenade pillée, déchirée, violée. Grenade noire, chrétienne,
balayée par le bruit des fusils et le silence des poignards dans la gorge."
Un texte époustouflant écrit en hommage à F.G.Lorca, vibrant de résistance à toutes les dictatures, 5 comédiens, de la musique, de la tension, et tant de sincérité dans le jeu! Une création du théâtre de la Clarencière et un superbe spectacle, comme toujours! Avec Laurence Briand, régisseur et actrice passionnante.
Il y a 80 ans…
Le poète et dramaturge espagnol, ami de Manuel de Falla, Luis Buñuel, Salvador Dalí, également peintre, pianiste et compositeur avait 38 ans quand il fut assassiné le 19 août 1936, il y a 80 ans, à Viznar près de Grenade, par les milices franquistes. Il s’appelait Federico García Lorca.
Lorca, le vagabond du verbe… plutôt Laurence Briand la vagabonde, ne veut pas mourir. Il/Elle n’est pas un(e) hérétique! Et pourtant son procès se tient bien au cœur souterrain de la Clarencière, un mur noir taché de sang plus noir encore, devant une salle comble et silencieuse. Laurence Briand dans le rôle de Federico est entourée de François Mairet, Ruy Peres, José Peres et Marguerite Topiol.
A la lumière de cierges, l’audience est prête à suivre le protocole habituel de la mise en accusation de l'hérétique, comme l'étaient avant le poète andalou, les Juifs, les Marranes, les Cathares. Voici démontée la mécanique bien rodée d'un procès d'Inquisition, avec toutes ses étapes qui vont de la présentation de l'hérétique, de celle de l'Inquisiteur, de l'autodafé - temps de grâce pour l’« actus fidei » à l'exécution et à la mise à l'index des œuvres du poète en passant par l'indispensable délation. Après abjuration des convictions et des écrits de l’accusé, tortures à l'appui, on passe à l’application des peines dont on ne ressort jamais vivant et les écrits sont brûlés sur la place publique. Tout cela ne se passe pas au Moyen-Âge, comme on pourrait le penser, mais il y a moins d’un siècle, dans la très sainte et catholique Espagne franquiste, que des milliers de personnes ont dû quitter pour sauver leur vie et se réfugier dans d’autres pays.
Jugements sommaires, exécutions sanglantes.
Entre 1998 et 2001 Les talibans détruisirent les 55.000 livres rares de la plus vieille fondation afghane et ainsi que celles de plusieurs autres bibliothèques publiques et privées. Au Mali en janvier 2013, en Irak en 2015, l'organisation djihadiste Etat Islamique brûle 2000 livres à Mossoul. « Art is the signature of civilizations.» La Turquie ne se prive pas d’user de méthodes similaires en 2015-2016. La meilleure couverture de la dictature, c’est la foi ; la meilleure couverture de l’oppression de la femme, c’est encore la foi.
Dans ce spectacle où s’affrontent les 5 comédiens exaltés, le spectateur est plongé malgré le sujet terrifiant, dans la douceur de vivre andalouse par le verbe poétique et la beauté de la gestuelle. On y découvre en effet une très attachante Marguerite Topiol. Elle danse, chante, mime, raconte un rêve de femme libre et belle. Elle est un modèle de bonheur et de joie de vivre. Elle est un modèle de larmes versées pour la terre qui l’a vu naître. Car on plonge aussi évidemment dans la manipulation exécrable des tribunaux d’exception qui pratiquent une justice expéditive et destructrice, souvent aux noms de dieux ou d’idéologies meurtrières. Il faudrait se rendre compte qu’aucune dictature n’a de place pour la femme. Hommes et femmes, devraient s’en convaincre. Si non, partout et toujours, la femme sera reléguée, privée de liberté de parole et d’action, interdite de toute manifestation de libre-arbitre sauf à être l’esclave de l’homme. Voilà ce que toutes les dérives extrêmes nous proposent. Voilà ce qu’il est primordial de combattre.
La pièce se déroule dans les tonalités chaudes des rythmes espagnols, la mélodie de la langue espagnole est fortement présente et chante la nature et la beauté. Même si on n’est pas bilingue on a l’impression de tout comprendre ou presque : la magie de l’interprétation? La magie du lieu, qui oblige les comédiens à donner la quintessence de leur art. Chaque fois que l’on quitte La Clarencière, on a goûté une large rasade d’intense théâtralité de proximité qui vous pénètre et vous enivre jusqu’au fond de l’âme. Remercions son infatigable directrice, Fabienne Goovaerts qui trouve toujours la manière de galvaniser la pensée ou le cœur car son théâtre est fait, ici ou ailleurs, pour réenchanter le monde: le poète a dit la vérité…
Et l’auteur s’appelle ...José Peres.
Site de la Clarencière
Par : Laurence Briand, François Mairet, Marguerite Topiol, José Perez et Ruy Perez
Chant : Cécile Rigot
Mise en scène : Laurence Briand
Assistanat : Marguerite Topiol
Production : Toc Toc Art
Photos de Christian Snoeckx
Commentaires
Chers amis,
Seconde et dernière semaine pour ce spectacle autour
du procès imaginaire de Federico Garcia Lorca.
Plus que quelques places, les toutes dernières.
Elles sont à votre disposition sur le site : www.laclarenciere.be
Je réserve mon fauteuil en 1 clic !
Ne tardez pas, tout le monde ne pourra être satisfait !
Au plaisir de vous accueillir à la Clarencière.
Le procès en hérésie
de Federico García Lorca,
Drame de José Perez
Par : Laurence Briand, François Mairet, Marguerite Topiol, José Perez et Ruy Perez
Chant : José Perez
Mise en scène : Laurence Briand
Assistanat : Marguerite Topiol
C’est en s’imprégnant de l’œuvre de Lorca, que José Perez, auteur, poète, fils de républicain espagnol, a eu l’idée de constituer le drame de la vie du Rossignol andalou à travers la mécanique bien rôdée d’un procès d’Inquisition, avec toutes les étapes qui vont de la présentation de l’hérétique, de l’Inquisiteur, l’autodafé à l’exécution et à la mise à l’index des œuvres du poète.
Lorca n’a jamais bénéficié du moindre procès. Il est mort dans des conditions plus ou moins déterminées, alors que la guerre civile d’Espagne venait d’éclater. Il y a 80 ans
Tels les hérétiques du temps passé, les Parfaits, les Cathares du Languedoc, Lorca menait une croisade à contre courant de tout, et même si aucun juge ne s’est prononcé sur son sort, certains de son temps, eux, se sont permis de mener le procès le plus terrible qui soit, celui où la défense n’a pas voix au chapitre.
Tout public :
Les mercredi 21, vendredi 23 et samedi 24 septembre 2017 à 20h30
Les mercredi 28, vendredi 30 septembre et le samedi 1er octobre 2016 à 20h30
P.A.F. : 15 € - étudiant : 10 € - Article 27 : 1,25 €
(Federico Garcia Lorca)
extraits de la critique de Roger Simons
"Sont aussi évoqués Salvador Dali, Luis Buñuel, Manuel de Falla... Des chansons issues du folklore traditionnel espagnol sont au programme. Paco Ibañez notamment est mis à l'honneur. La torture fait partie intégrante d'une procédure d'inquisition et Lorca est obligé, en ce sens, d'écouter le lamento lent de ses amis qui se morfondent de sa disparition prochaine ! L'abjuration et l'acte de foi, mieux connus sous le vocable d'autodafé, sont au programme dès lors que le poète andalou s'entête à vouloir donner une place à la femme dans sa poésie, et dans la société espagnole tout court. Le Grand Inquisiteur emploie toutes les ruses pour faire fléchir Lorca : La perfidie et l'hypocrisie. Le mensonge même pour soutirer de l'argent à la famille du poète. ! Allégoriquement, c'est la tyrannie qui est fustigée : quarante ans de dictature sanguinaire de la part de Franco, l'ami d'Hitler et de Mussolini. Quarante ans de nuit noire pendant lesquelles les œuvres de Lorca sont interdites."
Federico Garcia Lorca interprété par une comédienne!
- Pourquoi avoir choisi une femme pour représenter Lorca ?
José Perez : J’ai choisi délibérément une femme pour tenir le rôle du poète. D'abord parce qu'on sait que Federico avait une grande sensibilité féminine, mais aussi parce l'œuvre du Rossignol andalou n'existerait sans doute pas sans sa condition de marginé sexuel (Ian Gibson, spécialiste de l'œuvre et de la vie de Lorca) dans une Espagne ultra-conservatrice et sans tout ce qu'il éprouvait de maternel pour les exclus du système. "Je serai toujours du côté des plus pauvres", disait-il. On peut noter d'ailleurs que tout le théâtre de Lorca n'est qu'une ode à la femme. De Doña Rosita à la Savetière prodigieuse en passant par Bernarda Alba ou Mariana Pineda, le héros "lorcaïen" est toujours une femme. Sur les planches, ses héroïnes se meuvent, se battent, luttent contre l'injustice d'une société ankylosée, paralysée même et fermée à leur bonheur.
Le combat féministe prend toute sa dimension lorsque Franco retire le droit de vote aux femmes, devenues simples machines d'une terrible organisation de la société.
« Par un juste retour des choses, représenter Lorca sur scène ne pouvait se faire qu'à travers les traits d'une femme au cœur fort de toute sa poésie, empli de l'âme du poète, capable d'une émotivité à fleur de peau. Dali disait de Lorca qu'il était fin, galant et d'une excessive beauté. Le génie moustachu écrivit un jour au poète : « je viendrai un jour te chercher pour peindre ton visage de mer » (de mère ?). Et il s'exécute en dessinant un Lorca au bord de l'eau semblable à une déesse nue. Et c'est en voyant le croquis que Federico répond à Salvador : « je loue la direction si ferme de tes flèches. »
L'auteur a délibérément choisi une femme pour tenir le rôle du poète. D'abord parce qu'on sait que Federico avait une grande sensibilité féminine, mais aussi parce l'œuvre du Rossignol andalou n'existerait sans doute pas sans sa condition de marginé sexuel (Ian Gibson, spécialiste de l'œuvre et de la vie de Lorca) dans une Espagne ultra-conservatrice et sans tout ce qu'il éprouvait de maternel pour les exclus du système. "Je serai toujours du côté des plus pauvres", disait-il. !Notons d'ailleurs que tout le théâtre de Lorca n'est qu'une ode à la femme. De Doña Rosita à la Savetière prodigieuse en passant par Bernarda Alba ou Mariana Pineda, le héros "lorcaïen" est toujours une femme. Sur les planches, ses héroïnes se meuvent, se battent, luttent contre l'injustice d'une société ankylosée, paralysée même et fermée à leur bonheur.
Le combat féministe prend toute sa dimension lorsque Franco retire le droit de vote aux femmes, devenues simples machines d'une terrible organisation de la société.
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