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   LE MARCHAND DE CAROUBE

 

Sur les marchés de notre enfance

Riait notre ami Bamboula

Un Bamboula de chocolat

Qui vendait des Caraboudjas.

 

Il avait de longs doigts agiles

Et des cils à n'en plus finir

Où brillait le regard fragile

D'une âme aux mains du souvenir.

 

Il avait fait la grande guerre

Entraîné par on ne sait qui

Vers un pays riche, prospère

Que l'on nommait "Le Paradis"

 

Dans le sang, la boue et les flammes

Il avait agrippé l'horreur

Et reconnu les sombres drames

De sa jeunesse dans les pleurs.

 

Il n'a jamais revu l'Afrique,

Son grand ciel bleu sous les palmiers,

Ni réentendu la musique

Du vent dans les frangipaniers.

 

Mais le vieux noir n'était pas triste :

Il rigolait, il plaisantait.

Même la pluie la plus sinistre

En étoile se dissolvait.

 

Il faisait rêver et sourire

La fillette aux vents de l'été

Qui se plaisait d'entendre rire

Avec autant de vérité.

 

La fillette a suivi l'étoile

Qui l'a menée dans un pays

Où, sans escale pour sa voile,

Elle a perdu le "Paradis".

 

Si les parfums de son enfance

Ont pris un air acidulé,

Elle n'a pas perdu sa chance

Et rêve encore aux jeux d'été.

 

Car elle a retrouvé le rire

En pensant au grand Bamboula

Qui la faisait rêver, sourire,

En vendant des Caraboudjas.

 

Tous deux ont vécu les chimères

Des Paradis entrecroisés

On dit bien ; "Les hommes sont frères."

Sont-ils, vraiment, apprivoisés ?

 

Sur les marchés de notre enfance

Riait notre ami Bamboula

Un Bamboula de chocolat

Qui vendait des Caraboudjas.

 

E.L. Quivron-Delmeira

 

Poème écrit dans les années 1980 et basé sur un fait réel.

A paru dans diverses revues, anthologies.

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Commentaires

  • Merci Sandra pour cet hommage au "Marchand de Caroube" fidèle compagnon de mon enfance.

    J'étais toute petite lorsqu'il est décédé des suites de captivité en Allemagne lors de la guerre 1914-18. Un ami de ma grand-mère adorée. L'un de ses camarades a pris le relais. Beaucoup se souviennent, parmi les anciens, de ces marchands ambulants qui animaient de leurs rires et de leur bonne humeur les "marchés de nos enfances".

    Une rencontre qui, jamais, ne m'a quittée.

    Je t'embrasse affectueusement. Rolande.

  • Merci Adyne,

    Te voilà donc revenue de ce beau voyage au Canada où, je l'espère, tu auras retrouvé ta fille et également de multiples sources de joie, de bonheur et d'inspiration.

    Merci pour le "Marchand de Caroube".... dont je m'occupe pour l'instant d'écrire notre histoire. Multiple en rebondissements, synchronicités et j'en passe.

    Je n'ai, hélas, pas tellement de temps entre les tâches ménagères dont je m'extirpe très fatiguée et la remise en ordre de toute ma paperasserie .... en vue du grand départ auquel il est utile de se préparer.

    Il est donc possible que je reste muette et absente pendant une bonne période.

    Mille amitiés. Rolande

  • Bonjour Rolande,

    L'histoire d'une personne toujours prête à rebondir, il est admirable!

    Merci pour ce partage et félicitations pour ce beau poème!.

    Je vous embrasse.

    Adyne

  • Les expatriés de tous les temps "cherchent le bonheur égaré dans un monde où l'argent est roi et où l'homme n'est que servage" ....J'ai écrit ceci dans au autre poème intitulé "Les émigrés".

    Eh oui, Chère Josette, le marchand était beau et je l'ai revu bien plus tard .... Ses cheveux avaient blanchis mais son rire était toujours éclatant. Lors de cette rencontre, j'ai appris qu'il était venu chez nous pour "faire la guerre" ..... Celle de 14-18 !!  Nous ignorions tout de cette histoire et, jamais, en classe lors des cours d'histoire, la moindre allusion a été faite à ce propos ....Je prépare en ce moment tout un récit relatant cette histoire.

    Et oui, Cher Robert, beaucoup sont aussi venus chez nous pour défendre nos libertés comme on dit. Dans la boue des tranchées, tous avaient la même couleur : celle de la boue.

    Merci Jacqueline .... nous avons donc des souvenirs commun. Il paraît que d'autres marchands de caroube ont fait leur apparition sur nos marchés. Qu'ils soient les bienvenus.

    Lorsque j'ai des ennuis, je ferme les yeux et j'entends le rire de mon ami Bamboula ...et pas seulement celui-là ...

    Je vous en souhaite autant. Très bonne soirée. Rolande. Mille amitiés.

  • Bonjour Rolande.

    J'ai connu un beau vendeur de Caraboudjas aussi dans ma jeunesse. il faisait les délices de ces marchés si fréquentés à l'époque. Quel plaisir de le retrouver ici en notre compagnie. Bel hommage de ces hommes qui ont fait partie de notre vie.

    Amitiés

    Josette

  • Que de souvenirs ici évoqués et remuant nos propres souvenirs d'enfance. Merci Rolande de nous raviver notre mémoire.

  • Tu me fais rêver à mon enfance, mais tu m'attristes aux souvenirs que j'ai, de gens qui se sont expatrié chez nous pour faire vivre leur famille là bas, très loin après la grande mer bleue, au delà de l'horizon, si loin que, même sut la pointe des pieds tu n'arrives pas à apercevoir les tiens . 

  • Merci Rébecca pour ta réponse pleine de sagesse.

    Notre ami Kudjabo a fait couler beaucoup d'encre ! Et sans doute cela va-t-il continuer.

    Cependant mes réticences ne sont pas sans fondements ! Loin de là. Je viens d'apprendre, avec tristesse, tout d'abord, le décès d'une écrivaine de chez nous, précédé de ses déboires avec la presse à propos de son livre "Le temps des mangues vertes" où, dans une émission d'Arte - une chaîne que j'apprécie énormément cependant- on se servit de son livre comme d'un repoussoir, témoin de la persistance de l'esprit colonial. Elle ne fut pas invitée à l'émission et sa lettre de protestation resta sans suite !!! La bêtise humaine est sans fond.

    Et, à ce propos justement, l'on cite deux autres exemples qui vont dans le même sens. en se référant au beau livre d'Albert Bastenier, publié dans les années 70 "Medias U akbar"  à propos du pouvoir démesuré que possèdent et dont abusent, parfois, les médias.

    Il est vrai que mon poème a été taxé par certains de "raciste". La personne voulait bien le publier, à condition que je change en ajoutant "Monsieur Bamboula" ... ce qui dénote une étroitesse d'esprit incommensurable que n'ont pas les Africains !! En effet, ce poème avait été lu à plusieurs reprises en leur présence et je n'ai reçu que des éloges de leur part. Je pense que dans tout cela, il y a une grande part d'envie et de jalousie.

    Mais je ne voudrais pas ternir ton week end par ces considérations tristounettes. Je pense, oui, tout au fond de moi, que ce serait une bonne chose de publier certains de mes écrits de tiroirs, ne fut-ce que, pour réveiller le bon sens en léthargie chez certains "bien pensants". Evidemment, se remettre en question est toujours difficile : il est plus facile de hurler avec les loups. Ouh Ouh ...

    Ah oui, que penses-tu du tableau "Le marchand de Caroube" réalisé d'après une photo authentique de notre ami Albert. Ce tableau a été offert à la Ville de Mouscron en août dernier.

    Bon week end à toi. Rolande

      

     

  • Sagesse. Vous verrez si vous avez envie ou pas

    l'énergie à passer du temps à cela ou pas.

    Mais c'est sur que si cela était le cas

    ce serait une très bonne chose, ma foi !

    J'avais capté en vous lisant avant la profondeur du lien.

  • Merci Rébecca pour ton commentaire.

    Pour le portrait, il est également sur ma page avec l'ensemble de mes dessins et poèmes illustrés.

    Le poème "Le marchand de Caroube" a été l'objet d'une très longue histoire, remplie de coïncidences diverses et a, également commencé par une longue histoire, dès mon enfance. Plusieurs s'accordent à dire que je devrai en faire ou une nouvelle ou carrément un livre !! Seulement voilà, pour ce faire, il faut du temps .... et de l'energie : celle-ci commence fortement à décliner. J'ai plein de projets de romans et nouvelles dans mes tiroirs, mais tout en reste là. 800 poèmes environ sont les reflets d'instantanés saisis au fil d'une trame de vie.

    Bref, on verra. Ou non ....

    Amicalement. Rolande

     

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