Salvador Dalí et René Magritte : deux icônes du surréalisme en dialogue
Les Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique consacrent une exposition exceptionnelle à Salvador Dalí et René Magritte. Pour la toute première fois, les rapports et influences entre les deux plus grandes icônes du surréalisme sont étudiés et mis en lumière. Il en ressort un authentique dialogue de potaches métissé de compétition artistique.
90 ans après leur rencontre...
Plus de 40 musées internationaux et collections privées ont prêté leurs œuvres aux Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique (MRBAB).Tous deux, Dalí et Magritte s’attachent à défier le réel, à questionner notre regard et à bousculer nos certitudes. L’exposition révèle leurs liens personnels mais aussi leurs approches philosophiques et esthétiques à travers plus de 100 peintures, sculptures, dessins et photographies...
La visite commence par une expérience immersive, la tête dans les nuages. La célèbre œuvre "Le temps menaçant" de Magritte étant absente de l'exposition, les organisateurs, quelque peu déçus, ont décidé de la recréer en images de synthèse, explique Michel Draguet, commissaire de l'exposition. Il s'agit d'une peinture que Magritte a réalisée lors de son séjour en août 1929 en Espagne, à Cadaqués, le port d'attache de Salvador Dali. Un été qui verra entrer la Méditerranée dans l'œuvre du Belge et se révélera décisif pour lui.
Tout au long du parcours, les deux icônes du surréalisme interagissent autour de thématiques qui les unissent, telles que "le rêve et l'hallucination", "les portraits", "les paysages", "dedans >< au-delà", ... Ce "dialogue de tableau à tableau témoigne d'une fabuleuse proximité dans la différence", souligne Michel Draguet. "La relation qui unit Magritte à Dali et Dali à Magritte est sans doute l'une des plus fécondes" de ce mouvement artistique.
Notez que cette exposition se veut aussi accessible aux personnes aveugles ou malvoyantes, grâce notamment à quatre postes tactiles qui décrivent en braille des œuvres significatives des artistes, reproduites en relief. Plusieurs activités seront aussi organisées dans le cadre de l’événement.
Espaces créatifs Accessibles en permanence et gratuits. Co-créez avec Dalí et Magritte dans 4 espaces d’expérimentations artistiques, didactiques, et ludiques. Dormez les yeux ouverts! Traversez les 90 ans après leur rencontre. Plus de 40 musées internationaux et collections privées ont prêté leurs œuvres aux Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique (MRBAB).paysages infinis : dedans et au-delà! Jouez avec les mots, les images et les illusions! Créez, superposez, en un mot, « anamorphosez »! Daliriant ou Dalirant?
Anniversaire des dix ans du Musée Magritte : le 24 novembre 2019
Journée festive! Save the date! Visitez gratuitement la plus grande collection d’œuvres du célèbre surréaliste belge et découvrez la nouvelle sélection du Musée. Visites contées, ateliers d’écriture, workshops, "Take the pose" et pleins d’autres activités attendent petits et grands!
Intro Expo 12.10 | 9.11 | 7.12 | 18.1 | 8.2
En 30 minutes, le conférencier de ce bref exposé déploie l’essentiel des faits, références et analyses qui vous permettent de savourer pleinement l’exposition Dalí & Magritte. Familiarisé avec l’univers des deux artistes, vous abordez le parcours de l’exposition à votre rythme et selon vos envies…
Visite-lectures: qu’a dit Dali ?
Visite-lectures dans l’exposition, par un trio de guide-lecteurs native-speakers : Inès della Calle, Jack Ghosez & Myriam Dom. Des extraits choisis dans les biographies de Dali et dans ses écrits, La vie secrète de Salvador Dali, Visages cachés, seront lus en français et en espagnol et agrémentés de commentaires, dans des mises en scène aussi daliniennes que magritiennes !
Visites en famille
Venez découvrir en famille l’exposition consacrée à deux icônes du surréalisme.
Pour la toute première fois, les rapports et influences entre les deux plus grandes icônes du surréalisme sont mis en lumière. L’exposition révèle leurs liens personnels mais aussi philosophiques et esthétiques à travers plus de 80 peintures, sculptures, photographies, dessins, films et pièces d'archives.
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Commentaires
Ce qu'en dit l'ECHO:
Les flirts surréalistes de Dali et Magritte
André Breton écrivait en 1928 que "l’œil existe a l’état sauvage". Et ce, "pour répondre à la nécessité de révision absolue des valeurs réelles sur laquelle aujourd’hui tous les esprits s’accordent". En réaction à l’effondrement civilisationnel de 1914-1918, s’étirant de 1924 à 1969, le surréalisme est l’un des plus longs et des plus amples mouvements artistiques du XXe siècle. Entre révolte et révolution, expérimental et subversif, débordant les cadres strictement artistiques, il voulait libérer le désir et renverser tous les ordres établis.
Exposition
"Dali & Magritte"
Note : 5/5
Commissaire: Michel Draguet
Dans la constellation surréaliste, René Magritte (1898-1967) et Salvador Dali (1904-1989) occupent une place de choix. Ils se rencontrent à Paris dès 1929, l’Espagnol vouant déjà une admiration pour le Belge. Dali l’invite à Cadaquès l’été de la même année. Les deux hommes copinent et, outsiders du surréalisme, en rejettent une idée précoce, chère à Breton: l’écriture automatique.
Confrontation visuelle
Durant leur carrière respective, Dali et Magritte resteront en contact. Attelés à une quête similaire – contester l’arbitraire de la représentation censément réaliste – ils ne cesseront de s’observer, en dépit de leurs divergences émotionnelles et stylistiques. La confrontation visuelle de ces deux génies est d’autant plus pertinente et stimulante qu’ils ne nous ont pas laissé de traces écrites d’échanges directs de leurs idées.
De Magritte, on peut dire ce qu’on a dit de Max Ernst: son œuvre est celle d’un philosophe qui a renoncé à écrire un traité de philosophie pour en offrir seulement l’illustration. Sobre dans son humeur comme dans sa peinture à la facture presque convenue, c’est un déconstructeur méthodique et obstiné de la représentation – non dénué d’humour.
Marqué par Freud, Dali est tourmenté par une abyssale pulsionnalité intérieure qu’il projette et transmute dans ses toiles, selon des voies hallucinatoires. Sa peinture est d’un réalisme à la précision vertigineuse, même dans l’extrême miniaturisation ("Les premiers jours du printemps", 1929). Au conceptualisme linguistique de Magritte répond le symbolisme psychanalytique de Dali. Ils ont un art consommé de semer la zizanie visuelle. Au contact de Dali, Magritte s’émancipe de la psychanalyse; Dali lui emprunte nombre de "trouvailles visuelles" selon Michel Draguet, le directeur général des Musées royaux des Beaux-arts de Belgique, où les deux comparses sont exposés ensemble.
Les nombreuses sections thématiques montrent leur regard singulier sur la femme, le rêve, le portrait, l’érotisme, la mort, l’impermanence, les rapports du mot et de l’image,… et leur manière propre de construire l’espace: illusionniste chez Magritte; se dilatant à l’infini de l’espace mental chez Dali.
Multiples appariements
La stratégie des multiples appariements – telle œuvre de Dali en regard de telle œuvre de Magritte – rend saisissant ce qui les divise comme ce qui les unit, et révèle les jeux d’influence, jusqu’à se citer visuellement l’un l’autre. Comme le dit joliment Michel Draguet, ces deux-là, "ils flirtent".
Dali, par exemple, adopte les objets en feu peints par Magritte ou bien, dans le fantastique et mystique "Tentation de Saint-Antoine" (1946), opère un copié-collé d’un torse nu féminin tiré de "L’attentat" (1932) de Magritte. De Dali, Magritte retient notamment l’idée de faire coïncider les contours d’une figure avec le cadre du tableau – d’après la variation érotique de Dali sur un tableau de Millet: "Couple aux têtes pleines de nuages", (1936).
"L’expérience surréaliste, où se manifeste la non-suffisance du monde, où se déréalise le quotidien, où se fait jour le pressentiment de l’Être, où l’exigence humaine, considérée dans sa totalité, refuse de se voir limitée ou trahie, est très proche de celle qui fut la source de toutes les grandes philosophies", écrivait Ferdinand Alquié, philosophe du surréalisme. En ces temps où notre civilisation tremble à nouveau sur ses gonds, le geste surréaliste est plus actuel que jamais.
Aux Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, à Bruxelles, du 11 octobre 2019 au 9 février 2020. www.fine-arts-museum.be
Plus de 3 millions: c’est le nombre de visiteurs accueilli par le musée Magritte de Bruxelles, depuis son ouverture en 2009. Ce musée qui présente la plus grande collection d’œuvres du surréaliste belge est donc un succès culturel et touristique.
Pour célébrer cet anniversaire, outre l’exceptionnelle exposition "Dali & Magritte", une grande fête sera organisée le dimanche 24 novembre. Occasion de découvrir une nouvelle sélection d’œuvres de Magritte ainsi que l’installation monumentale de l’artiste américain Joseph Kosuth, "La signification, l’emplacement du mot dans un champ grammatical", créée en 2016 pour l’exposition "René Magritte. La trahison des images", au Centre Pompidou, à Paris. L’artiste s’inspire directement de "L’apparition" (1928) de Magritte où le peintre expérimente l’alternance des mots et des images. Pionnier de l’art conceptuel, Kosuth se réfère à Magritte dès ses débuts: l’installation "One and three chairs" (1965), qui fait partie de sa série des "Proto-investigation" et annonce l’art conceptuel, fait directement écho au manifeste rédigé par Magritte en 1929, "Les mots et les images".
Appartenant désormais aux collections des Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, l’œuvre monumentale de 3,4m x 10m sera visible de manière permanente au niveau -2 du Musée Magritte (accès gratuit), dès ce vendredi.
https://www.lecho.be/culture/expo/les-flirts-surrealistes-de-dali-e...
Bonsoir l' exposition m'intéresse ,mais pour le moment les trains , cela est très difficile A bientôt
Jolie et féconde confrontation de deux maîtres parfois boudés mais toujours populaires.
Merci Deashelle; Nous espérons pouvoir arriver à Bruxelles malgré les problèmes de santé. Heureusement les visites s'étalent jusqu'en 2020. Y a de l'espoir donc.. A bientôt