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KANDINSKY & RUSSIA, Du 8 mars au 30 juin 2013 aux Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique.

 

Scène russe, Dimanche (Vieille Russie), 1903 - 1904 Tempera sur carton, 23 x 54,7 cm Centre Pompidou, Musée national d’art moderne, Paris Legs Nina Kandinsky, 1981© Adagp, Paris

 

C’est la première fois que cette collection de 150 œuvres sera montrée en Belgique. Elle témoigne de la complexité d’un artiste habité à la fois par le courant symboliste russe, la culture grecque, la métaphysique allemande, la spiritualité orthodoxe et l’ésotérisme.

De double ascendance mongole et slave, Kandinsky  est né à Moscou en 1866 et passe son enfance au sein d’une  une famille aisée à Odessa. Il suit des cours de musique, d’allemand, achète ses premières couleurs…voyage.  En 1886 il choisit  des études de droit et d’économie politique. En  1889, il participe à un voyage d’étude dans la province de Vologda, à 500 Km de Moscou, pour étudier les coutumes relatives au droit paysan. C’est là qu’il a  son premier éblouissement  artistique en visitant une isba

 

« Jamais dans ma mémoire je n’oublierai les grandes isbas de bois à deux étages avec leur samovar brillant à la fenêtre… »

Kandinsky évoquera ce voyage plus tard dans ses Rückblicke (Regards sur le passé): « Je n’oublierai jamais les grandes maisons de bois couvertes de sculptures. […] Elles m’apprirent à me mouvoir au sein même du tableau, à vivre dans le tableau. Je me souviens encore qu’entrant pour la première fois dans la salle, je restais figé sur place devant un tableau aussi inattendu. La table, les coffres, le grand poêle, qui tiennent une place importante dans la maison du paysan russe, les armoires, chaque objet, étaient peints d’ornements bariolés étalés à grands traits. Sur les murs, des images populaires, les représentations symboliques d’un héros, une bataille, l’illustration d’un chant populaire. […] Lorsqu’enfin j’entrai dans la pièce, je me sentis environné de tous côtés par la peinture dans laquelle j’avais pénétré. […] C’est à travers ces impressions vraisemblablement, et non autrement, que prit corps en moi ce que je souhaitais, le but que je fixai pour mon art personnel. »

Il a  pu contempler en face le miracle de la spiritualité qui émerge de la vision qu’il a eue. Le coin rouge  dont le nom signifie  en russe « bel angle rouge » était rempli d' icônes, d’images accrochées peintes ou imprimées. Une petite lampe rouge brillant fidèlement pour le recueillement.  Il décide alors que ses tableaux devront recréer la même impression magique qu’il a ressentie dans l’isba  le jour de cette visite mythique. Un vibrant appel spirituel semble fuser des icônes à fond doré qui peuplent sa vie intérieure. Il s’agit d’un regard vivant qui semble être enchâssé dans la forme.

En 1896 il refuse une chaire de droit en Russie et commence  des études de peinture à l’âge de 30 ans à Munich où il étudie à l’Académie des Beaux-Arts.

 Pendant l'été 1911, Kandinsky a l'idée de constituer un recueil de textes sur l'art moderne avec ses amis artistes à Munich. Avec Franz Marc  il choisit le titre : Der blaue Reiter. En effet  les deux artistes adorent  le bleu. C’est la masculinité, et la spiritualité. Tous deux sont à la recherche de l’être absolu.  Marc aimait les chevaux, et lui les cavaliers. Kandinsky aimait beaucoup la figure du chevalier et en particulier celle de Saint-Georges terrassant le dragon, héritage du Saint-Empire romain germanique. Pour Wassily, le cavalier représente  l’artiste libéré du passé et du carcan des traditions. Le cheval représente le talent de l’artiste. Il porte le cavalier avec impétuosité et vitesse, mais  c’est au cavalier de guider sa monture.  L'artiste doit apprendre à connaître de mieux en mieux ses compétences et repousser ses limites  comme le cavalier le fait avec son cheval. Ces artistes voudraient imaginer un art qui ne connaîtrait « ni peuple, ni frontière, mais la seule humanité.»

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 C’est en 1911 que Kandinsky peint « Tableau avec cercle » (Bild mit Kreiss) un tableau  en provenance du Musée des Beaux-arts de Tbilissi en  Géorgie. Un cas isolé dans la production d’alors mais néanmoins la première peinture à l’huile abstraite de l’art européen.  L’œuvre porte au dos  l’inscription « première peinture non objective ». Kandinsky est mal à l’aise avec cette œuvre qui rompt avec toute forme et n’est que jaillissement de mouvements et de couleurs. L'avènement d'un nouvel âge, celui de l'esprit pur? Sorte d'apocalypse joyeuse qui transformerait l'ensemble de l'Univers.  Une expérience de l’artiste initié proche de l’expérience du shamanisme. L’objectif de l’art est d’avoir une compréhension élargie du monde où nous vivons.  

12272875298?profile=originalLa toile « Saint Georges II » (1911) s’inscrit dans les débuts de la période abstraite, au moment de la création simultanée des « Improvisations » et des « Compositions ». L’Improvisation trouve ses sources dans des souvenirs épars, des impressions de la « nature intérieure », c’est-à dire inconsciente et spontanée. L’Impression trouve son origine dans l’impression directe de la nature et la Composition est une création consciente souvent précédée de nombreuses études. L’artiste rompt totalement avec la représentation mimétique des objets. Explosions de formes, contrastes éclatants de couleurs, arcs puissants, énergie impétueuse. Dissonances presque musicales, à l'instar de celles de Schönberg.   Dans  son manifeste « Du spirituel dans l’art » Kandinsky comparait «  l’état d’âme en train de s’éveiller à  un point de lumière qu’elle entrevoit dans un immense cercle noir. »

Ci-dessous, « Improvisation 11 » 1910

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L’exposition rassemble environ cinquante « œuvres perdues », provenant du Musée d’Etat de Saint-Pétersbourg, de musées  provinciaux russes et de collections privées ainsi que du Centre Pompidou. Elle recouvre la période comprise entre les années 1901 et 1922, quand Kandinsky quitte définitivement la Russie Soviétique après avoir été un partisan dans les premières années de la révolution. L’ombre totalitaire plane sur les artistes et son rêve de fraternisation s'écroule car il appartient à une bourgeoisie en voie d'éradication. De cette époque (1918) datent quelques  ravissantes peintures sur verre,  illustrant des contes et légendes.  Des petits bijoux romantiques au charme désuet de style Biedermeier: « Nuage blanc», « Amazone dans la montagne », « Nuage doré »  sont en provenance du Musée Russe de Saint-Pétersbourg.   Il se trouve en porte à faux avec les révolutionnaires, alors qu'il est commis à la réorganisation des musées. Il accepte donc  la charge qui lui est offerte en Allemagne par Walter Gropius: enseigner au Bauhaus aux côtés de Paul Klee. A la fermeture du Bauhaus, taxé « d’art dégénéré »  par les nazis en 1933, il émigre alors en France et y vit le reste de sa vie, acquérant la nationalité française en 1939. Il s'éteint à Neuilly-sur-Seine en 1944, laissant derrière lui une œuvre fantastique.12272875476?profile=original

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L'exposition consacre une section fascinante aux racines visuelles et conceptuelles qui forment la base de l'œuvre de Kandinsky, l’univers des objets du folklore scythe, l’univers des contes (animaux mythiques, sorcières chevaliers et princesses) et de la musique russe (Rimsky Korsakov). Kandinsky est intimement attaché à la tradition culturelle russe et l’intériorise particulièrement lors de son exil définitif. L’orthodoxie de l’icône chevauche la fiction littéraire des contes et légendes de la grande Russie et constituent la fabrique de son imaginaire.   Cette section   regorge d'objets rares appartenant au shaman ou à la vie paysanne.

En conclusion, l’exposition retrace tout  le cheminement artistique de Kandinsky avec comme point de départ les peintures conçues dans l’ambiance symboliste et poursuit avec celles de la période de Murnau (Munich)… Ci- dessous deux : « Murnau, Paysage d'été » , 190912272876899?profile=original

12272876688?profile=originalavant l’explosion de l’abstraction.  Sont exposées également des œuvres de Gabriele Munter, Alex Jawlensky, Marianne Werefkin et Arnold Schönberg). Sans oublier d’autres compatriotes russes comme Mikhail Larionov, Natalia Gontcharova, Kazimir Malevitch, Nicholas Roerich, Mikhail Vroubel et Ivan Bilibine. Une mine d’or de L’ART RUSSE  et une  large main tendue vers L’EUROPE.

12272877477?profile=originalAnonyme, « Icône du Mandylion »  (Sainte Face) XVIe siècle12272878299?profile=original

« Composition sur fond blanc » 1920

Pour finir, Les Musées royaux des Beaux-Arts n’oublient pas leur public jeunesse. Les trente premiers numéros de l’audioguide sont destinés aux enfants de 6 à 12 ans (et plus, pour ceux qui ont gardé leur âme d’enfant!) afin de mieux apprécier les œuvres ...exposées à leur hauteur ! De la musique russe de l’époque de Kandinsky et des contes merveilleux y ont été intégrés avec bonheur.  On vous recommande l'histoire du Tsar Saltan. Le magnifique catalogue, très attrayant et informatif est un outil précieux à celui qui veut se plonger dans les racines de l’art abstrait en Europe.

Détails utiles : 02 508 32 11 – www.fine-arts-www.museum.be

  • lieu: 3 rue de la Régence - 1000 Bruxelles
  • dates et heures: Du 8 mars au 30 juin 2013 (fermeture  le 1er mai)
  • Du mardi au dimanche de 10h à 18h30  (dernière entrée à 17h), avec des nocturnes les mercredis de 18h30 à 20h (dernière entrée à 18h30)

et aussi

http://www.lavenir.net/article/detail.aspx?articleid=DMF20130308_002  où vous pouvez trouver une  charmante vidéo faite le jour de la conférence de presse par un jeune  journaliste canadien.  

 


 

 

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