Concerts au 15ème festival de musique de chambre de Musica Mundi 2013
Hagit et Leonid Kerbel, fondateurs de Musica Mundi, respirent le bonheur ! Ce 15 juillet dernier, ils ouvraient le traditionnel festival Musica Mundi pour la quinzième fois, dans la salle Argentine du Château du lac, à Genval. Musica Mundi a reçu le haut patronage de la princesse Mathilde, maintenant Reine des Belges. Parmi le public bourdonnant d’excitation, il y a, à droite de la scène, les partenaires et les généreux mécènes du stage, l’ensemble des nombreux sponsors, tous, «amis de la famille de Musica Mundi », à gauche toute la classe 2013 de plus de 60 élèves qui s’installent par ordre de taille, et aussi les parents de jeunes élèves de toutes nationalités, et de nombreux amis fidèles de la musique et des jeunes talents. Un public branché, chaleureux et enthousiaste, qui croit fermement au fier concept européen « United in diversity »… In varietate concordia, souligne Hagit, l’impeccable organisatrice de ce festival. Mais bien sûr, c’est le stage de musique de chambre - réservé aux musiciens en herbe, entre 10 et 18 ans – qui est le cœur de cet événement estival belge et international. Il est associé à une série de concerts tantôt prestigieux, tantôt teintés d’humour, de musiques passionnées aux accents tziganes et à la virtuosité enflammée, mais toujours de grande sensibilité. Des artistes de réputation internationale comme l’ardent Vladimir Perlin, l’Orchestre symphonique de Biélorussie, le Trio Maisky, le Quatuor Danel, ou l’exceptionnel pianiste tranquille Rudolf Buchbinder, ont été cette année les grandes rencontres qui nous ont embrasé le cœur et charmé l’oreille lors de fougueux récitals. A la fin de chaque concert, beaucoup participent à la réception où l’on se parle, se photographie et se fabrique des souvenirs inoubliables. Un lieu où se tisse le lien inaltérable du bonheur musical. Où l’on côtoie le comte Jean-Pierre de Launoit, le violoniste israélien Ivry Gitlis…. et Stéphanie, la fille de Martha Argerich et son petit-fils. On chuchote que Maxime Vengerov sera l’ambassadeur d’un projet de qualité : la création d’une école primaire et secondaire pour jeunes musiciens... le rêve !
Chaque année, les concerts se donnent aussi au Concert Noble à Bruxelles. C’est là que nous avons entendu le Quatuor Danel qui faisait partie de l’équipe en résidence cette année. A l’entracte, il y a toujours des récitals de jeunes prodiges musicaux qui arrêtent vos pas vers les rafraîchissements du bar. Des minutes de pure émotion, ces grappes de notes savoureuses, ces bouillonnements de sève musicale juvénile quand on voit la candeur et la talentueuse interprétation des jeunes instrumentistes en route vers un avenir prometteur. Revenons quelques instants au quatuor Danel. Basés à Bruxelles, français d’origine sauf, Vlad Bogdanas, l’altiste né à Bucarest, conquérants certainement, ces quatre jeunes instrumentistes surréalistes parcourent l’Europe et le monde dans tous les sens et sont particulièrement friands des nuits blanches de la Finlande. Et ils enseignent. Ce ne sont pas des musiciens de salon, ils ont du caractère et une forme d’enfer. Passionnés ou espiègles, Ils font preuve d’une force expressive stupéfiante, d’un humour au vitriol, d’une fonte habile et soudée des instruments, raffolent des touches fauves, des sonorités rutilantes, des silences à mystères, des coups de couteau et des plages de flegme apparent. Ils créent une musique pleine de substance mais le travail semble se faire dans l’apesanteur !
Dans « the Joke » de Haydn, Marc Danel se détache presque de son tabouret, levant presque en même temps les pieds au ciel. L’expressivité est intense et torturée tandis que le deuxième violoniste, Gilles Millet joue dans la zenitude. Contraste farceur s’il en est ! Quant au violoncelliste, Guy Danel, il est totalement pince sans rire, …not a Joke ! C’est fini ? Non on reprend par blague, la première phrase de l’œuvre qui risque de ne pas s’éteindre, comme une bougie magique. Leur quatuor N° 30 de Tchaïkovski et son funèbre Andante sera démonstratif. Le buste entier de Marc Danel se retrouve face au public dans un accès de vaste douleur. Les mouvements paroxystiques démesurés s’opposent aux jeux de sourdine absolue. Fermez les yeux, vous entendez quelque chose ? Et la réponse est affirmative, un filet de vie, un filet d’âme répond dans un dernier souffle au miroir ! La fin se caractérise par un jeu pétaradant de bacchanale violonistique, les quatre monstres sacrés se sont égayés entre les colonnades de l’auguste tapisserie à l’arrière-plan, parmi les divinités gréco-romaines. Les augustes feuillages en tremblent. Pomone et Flore ont couru se cacher!
Le bis est un des favoris du Quatuor Danel qui a publié l’intégrale des 17 quatuors de Mieczyslaw Weinberg, compositeur russe d'origine juive polonaise, contemporain de Chostakovitch, mis à l’index sous Staline, et dont le nom a presque disparu des concerts et des enregistrements. C’est le troisième mouvement du 5e quatuor du compositeur qui a donné une ambiance du feu de Dieu au Concert Noble car la classe entière des jeunes prodigues de Hagit et Léonid s’est soulevée pour relancer une ovation générale.
Ce soir, la soirée de Gala clôturait le festival! Une immense bouffée de bonheur comme celle qui vous vient lors des feux d’artifices. Grandiose et émouvante, tant la fraîcheur et la sensibilité des jeunes artistes mêlées aux grands virtuoses d’envergure internationale sont touchantes. Le point culminant de cette odyssée musicale, s’il faut en choisir un dans cette longue soirée commencée à 19 heures, est certes l’interprétation palpitante d’une œuvre de R. Vaughan Williams où tous les musiciens du stage, du plus petit - ils sont 12 cette année, à avoir moins de douze ans - au plus grand (devinez qui…) ont uni leur musicalité sous la direction de Leonid Kerbel, le véritable animus de la soirée.
Ambiance : un océan de cordes, le souffle d’un Poséidon possédé par la musique et l’amour de ses élèves conduit les flots, vole la vedette à Eole et calme les vents. Tout tremble et vibre comme un gigantesque orgue marin. Mugissements salés, l’esprit du large envahit les musiciens et une audience muette d’attention. Beaucoup de musiciens jouent et écoutent les yeux fermés. Naissance marine : la premier violon inondée de grâce est souple comme des voiles de soie. Réponse empathique et lyrique de la deuxième violon et duo plein de profondeur recueilli par un violoncelle attentif. Les harmoniques merveilleuses sont lâchées, la baguette de Leonid Kerbel écoute et esquisse des gestes tendres d’une douceur infinie. On prie pour que la grâce musicale ne quitte jamais ces êtres dévoués au langage universel. Le flot musical enfle, remplit la salle Argentine de confiance et d’amour. Quel modèle de respect et d’écoute mutuelle créatrice d’harmonie absolue. On rêve… « Quand le pouvoir de l’amour sera plus fort que l’amour du pouvoir, le monde… » . Suivent deux, trois, quatre accords vibrants qui lancent de longs frissons, viennent de sombres et profonds pizzicati et voici les violons qui chevauchent une mélodie remplie d’espoir. On flotte en apesanteur. Le cœur bat plus vite et voici enfin le retour de la vague de fond qui porte sur sa crête les violons vainqueurs ! Rien n’est plus fort que l’amour.
Au Château du Lac (Genval), à l’Hôtel Le Lido et au Château de La Hulpe. Du 15 au 28 juillet. Infos : 02.652.01.01 ou 0495.200.595 ou www.musicamundi.org
Ayez la patience de regarder le diaporama jusqu'au bout! il y a une surprise!
Commentaires
Le rendez-vous de cette année: http://www.musicamundi.org/fr/concerts.htm
T O U T le P R O G R A M M E est I C I !
Concerts 2014
Date
Concert
Program
14.07.2014
MozART Group
20h00 : Château du Lac
"We exist despite the sober formality of great concert halls, despite the boredom of classical musicians' life, despite fanatic lovers of classical music, despite fans of rock, rap or pop who are afraid of classical music.
We treat our Muse with a humorous irony and we're sure, she will have nothing against it!"
16.07.2014
Boris Giltburg
(piano)
20h00 : Château du Lac
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Piano sonata No. 8 in C minor Op. 13, Pathètique
Edvarg Grieg (1843-1907)
Piano Sonata in E minor, Op. 7
Sergei Rachmaninov (1873-1943)
Six moments musicaux op. 16, n° 1-4
Sergei Prokofiev (1891-1953)
Piano Sonata No. 7 in B♭ major, Op. 83
19.07.2014
Maxim Vengerov (violin)
Itamar Golan (piano)
20h00 : Château du Lac
Edward Elgar (1857 – 1934) Violin Sonata in E minor, Op. 82
Sergei Prokofiev (1891 –1953) Violin Sonata No. 1 in F minor, Op 80
Selection of encore pieces:
Johannes Brahms ( 1833 1897)- Scherzo from F.A.E
Johannes Brahms ( 1833 1897)- Hungarian dance n.2
Antonín Dvořák (1841-1904) - Slavonic dance n.2
Henryk Wieniawski ( 1835- 1880)- Legende
Fritz Kreisler (1875-1962) - Schon rosmarin
Fritz Kreisler (1875-1962) - Liebesfreud
Niccolò Paganin (1782-1840)- caprice n.24
Eugène Ysaÿe (1858-1931)- Sonata - Ballada
Camille Saint-Saëns (1835-1921)/ Ysaÿe - Etude en forme du valse
22.07.2014
Szymanowski String Quartet
20h00 : Concert Noble
Joseph Haydn (1732-1809) String Quartet Opus 33 No. 1
Sergey Prokofiev (1891-1953) String Quartet No. 2 in F major ("Kabardinian"), Op. 92
Karol Szymanowski (1882-1937) Nocturne and Tarantella, Op. 28 for violin & piano Transcribed to String Quartet by Myroslav Skoryk
Felix Mendelssohn (1809-1847) String Quartet No. 6 in F minor, Op. 80
23.07.2014
Stotijn Trio
20h00 : Château du Lac
Johannes Brahms (1833-1897) Gestillte Sehnsucht op. 91,1. Text by Friedrich Rückert
Giovanni Bottesini (1821-1889) Cappricio di Bravura for double bass and piano
Maurice Ravel (1875-1937) Cinq mélodies populaires grecques Le reveil de la mariée - Là-bas, vers l'église - Quel galant m'est comparable - Chanson des cueilleuses de lentisques - Tout gai!
Michail Glinka (1804-1857) - O lyre - "Kak sladko s toboju mne byt" - How sweet it is to be near thee - Text by Pëtr Ryndin
- Poputnaja pesnja – Traveling song - Text by Nestor Kukol'nik
Somnenie – Doubt - Arrangement to Mezzo-soprano, double bass and piano. Text by Nestor Kukol'nik
Ned Rorem (1923- ) How Like a Winter for Mezzo-soprano, double bass and piano ( William Shakespeare )
-Sonnet 97 – “How like a winter…” - Sonnet 98 – “From the fairest creatures”
Emil Tabakov (1947 - ) Motives for double bass solo
Michel van der Aa (1970 - ) For Mezzo-soprano, double bass and piano. Texte by Carol Ann Duffy
- And how are we today- Miles away
William Bolcom (1938 - ) Cabaret songs - arranged for Mezzo-soprano, double bass and piano by Wijnand van Klaveren
- Fur (Murray the Furrier ) - Places to Live - The Actor - Song of the Black Max
27.07.2014
Course and Festival GALA Concert
19h00 Black Tie : Château du Lac
Artists in Residence :
Ivry Gitlis
Alexander Gavrylyuk
Leonid Kerbel
Rick Stotijn
Catherine Michel
Jorge Levin
Musica Mundi Young Talents Ensembles & Orchestra
Ástor Piazzolla (1921 –1992) From the “Four Seasons of Buenos Aires”
Georg Friedrich Haendel (1685-1759) Concert in B flat major for Harp & orchestra HWV 294
Antonio Vivaldi (1678-1741) Concerto RV531 in G minor for 2 cellos and orchestra
Wolfgang Amadeus Mozart (1756 -1791) Concertone in C major, K.190/186E for 2 violins and orchestra
Ástor Piazzolla (1921 –1992) Histoire du Tango - Arrangement for clarinet ensemble:
Johannes Brahms (1833 1897) Scherzo from the F-A-E Sonata
David Popper (1843-1913) Requiem, Op.66 for 3 cellos and orchestra
Aram Ilitch Khatchatourian (1903-1978) Adagio from the Ballet Spartacus (suite n° 2)
Max Bruch (1838 –1920) Concerto for Two Pianos and Orchestra, Op. 88a
Claude Debussy (1862-1918) Rhapsody for alto saxophone & orchestra L. 98
George Gershwin (1898 –1937) Rhapsody in Blue
Alexander Borodin (1833-1887) The Polovtsian Dances from the Opera Prince Igor
Fantasia on a theme by Thomas Tallis for double-stringed orchestra, Ralph Vaughan Williams (1872-1958)