Le jeune Brussels Philarmonic Orchestra débute sa saison au Conservatoire de Bruxelles
…In a nutshell, dit-on! Sachez que le BPO n’est pas le BPO. On pourrait aisément le confondre avec l’ orchestre de la VRT, le Brussels Philarmonic –fondé par l’ INR d’antan (l’Institut National de Radiodiffusion, cela vous dit sûrement quelque chose …) en 1935, naguère sous le nom de Grand Orchestre Symphonique. Il est dirigé actuellement par le grand chef d’orchestre Stéphane Denève en résidence à Flagey. Ceci n’est pas une pomme, on s’en doutait, juste des noms similaires…avec des dates de naissances toute différentes.
Le « Brussels Philharmonic Orchestra », créé lui à Bruxelles, au théâtre Saint- Michel en septembre 2002, poursuit le but louable d’offrir aux diplômés des conservatoires l’occasion de mettre en pratique leurs aptitudes musicales en faisant partie d’un grand orchestre symphonique permanent et de se lancer ainsi dans leur carrière musicale. Place aux jeunes donc. Place à des répertoires très éclectiques et ambitieux. Le BPhO …appelons-le ainsi, puisqu’il y a une « h » dans leur adresse électronique, développe des voies d’avenir. Il est devenu une réalité confirmée dans la vie artistique de notre pays et à l’étranger. Les musiciens se réunissent de façon intensive pour préparer les grandes œuvres du répertoire classique et d’autres plus modernes, avec une attention particulière pour des compositeurs belges.
La vie est belge! Les musiciens du Brussels Philharmonic Orchestra proviennent de vingt-six pays et quatre continents mais avec une prédominance de la nationalité belge, originaire des trois régions et des deux communautés. La musique au service de l’unité et de la paix. Tous sont portés par le feu de la musique, la joie du partage, la force des émotions et le souci de rassembler autour des différences. Contribuer ainsi au progrès social et culturel. Pour que le monde vive… au même diapason.
Les jeunes musiciens épaulés par des instrumentistes chevronnés sont dirigés avec complicité par le chef David Navarro Turres, né au Chili. Les organisateurs recherchent également à promouvoir des jeunes solistes belges, une belle occasion pour permettre ce soir au jeune espagnol Andrés Navarro au piano et Julie Gebhart, soprano, de se produire dans la magnifique grande salle du Conservatoire de Bruxelles lors du très beau concert d’ouverture donné ce samedi 23 octobre 2021, cette fois avec une cinquantaine d’instrumentistes.
C’est un vent d’espoir partagé qui flottait ce soir dans la salle du Conservatoire. Une énergie magnifiquement partagée, une petite victoire, sur la pandémie qui nous accable.
Difficile aussi de faire des choix dans le beau programme présenté. Pour commencer, dans la Moverture de Daniel Capelletti, c’est l’atmosphère insouciante et ludique qui prédomine, tout de suite rattrapée par la nostalgie, et des cascades de tendresse, Le premier thème réapparaît, comme une brise connue. La reprise sautillante s’engouffre alors dans une apothéose de percussions.
Au centre du programme il y a le concerto pour piano No. 2 de Camille Saint-Saëns. Sostinuto ! Un début massif et puissant, et des contrastes de douceur malgré le sens aigu du drame. Des arabesques élégantes se disputent le souffle épique. Quel créateur, ce chef ! D’abord un peu tendu, le jeune soliste, Andrés Navarro surveillé de près par-dessus l’ épaule du chef, se lance dans des arpèges de bonheur. Le jeune a vaincu la peur, il joue avec des sonorités liquides et conclut avec panache. Le deuxième mouvement a des légèretés de ballerines, des jeux d’échos l’agilité des bonheurs bucoliques. Les cordes sont frottées comme autant de cigales. Clin d’œil solaire entre ce que l’on pourrait voir comme … un lien père et fils! La musique est filiation. Le troisième mouvement devient feu musical ardent avec des reflets spectaculaires, la frénésie de danses de sorcières ? Le jeune pianiste donne tout : la virtuosité, la maîtrise absolue, et participe à un final fracassant. En bis ? Un Granados introspectif… beau et flûté comme l’ode à l’alouette, du poète romantique anglais Percy Bysshe Shelley. Ode to a Skylark. La musique transforme.
Le Mahler dégage tout de suite une atmosphère de chasse au trésor. On y trouve une matière musical souple, des bois gracieux, des sonorités apaisantes des violons dansants. Et aussi de fracassantes ruptures, de profonds abîmes, et de l’illumination malgré l’horloge du temps qui rappelle la réalité. Notre humilité. Alors la confiance gronde dans le cœur, un fil d’Ariane guide le voyageur -spectateur. L’apparition de Julie Gehbard dans une lourde jupe de brocart doré et son haut de danseuse ballerine, fait impression. Les cordes dessinent l’automne et son dénuement. La chanteuse se nourrit de la complainte vibrante des cuivre et des cordes en larmes dans une douceur de coucher de soleil. Assise, les mains jointes, le destin va–il frapper ? La vie va-t-elle fleurir ? L’orchestre miroite sous la baguette du chef. La souffrance se lève dans l’orchestre, une affliction grandissante et inexorable. Tuée par cette chose rare, restée tapie au fond de la boite de Pandore, nommée Espérance. Sommes-nous ces poupées pendues à un fil ? Fragiles mais vivantes. La harpe diffuse de l’encens, allume un cierge brillant. La dame s’est levée, elle semble s’adresser à la lune . L‘orchestre la berce lorsque son chant s’éteint. Applaudissements. La joie de se retrouver dans ce lieu séculaire.
Dominique-Hélène Lemaire Pour Arts et Lettres
Programme
Daniel Capelletti / Moverture
Camille Saint-Saëns / Piano concerto No. 2
Gustav Mahler / Symphony No.4 (chamber version by David Navarro-Turres)
+ A la Cathédrale le 17/11/2021
réservations:
www.cathedralisbruxellensis.be
+Concert for Hope 27/11/2021
- 20:0022:30
- Palais des Beaux-Arts de Bruxelles - Bozar
Rue Ravenstein, 23
1000 Bruxelles - Belgique
Plus d'infos sur Palais des Beaux-Arts de Bruxelles - Bozar...
+ le 16/12/2021 20h00 Grande salle du Conservatoire Royal de Bruxelles
Au programme :
The Night Before Christmas » – Daniel Capelletti
« Double concerto Cinq canyons » – André Ristic
« Schéhérazade » – R. Korsakov
Simon DIRICQ – saxophone
Charles MICHIELS – clarinette basse
David NAVARRO-TURRES, chef d ‘orchestre
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