Camille De Taeye (Uccle 1938) débute sa carrière dans les années ’60. à l’Institut Supérieur Saint-Luc de Bruxelles (1958-1962), il suit notamment l’enseignement de Jean Giraud et de Gaston Bertrand. Dans les années ’50, son œuvre reste un certain temps abstraite avant d’évoluer vers son propre style indéniablement influencé par le réalisme magique, le symbolisme (Khnopff, Ensor, Rops) et le surréalisme. Assister à une exposition de Camille De Taeye ébranlera toujours votre ego. Vous vous retrouvez un instant dans le brouillard complet avant de revenir à vous. Vous éprouvez une sensation d’aliénation, de détachement de la réalité. Vous échouez dans un monde de révolte et d’absurdités, de combinaisons impossibles et d’associations libres. Un univers étrange et surprenant, à la fois sensuel, cruel et éphémère, à la fois poétique et d’une insolence choquante, à la fois monstrueux et ludique.L’œuvre de Camille De Taeye baigne dans une perversion générale (références phalliques et vulvaires constantes) où l’idée de la mort est très présente (faux, scies, scies circulaires, hachettes, ciseaux ou rasoirs à main, etc. comme motifs de destruction). Des fragments hybrides de corps humains ou des membres masculins ou féminins sont associés à des paysages à première vue étranges (une alternance de pics rocheux et de profonds abîmes, de vallées verdoyantes, de chutes d’eau, de vastes étangs et lacs), des objets tels que les fruits (bananes, pommes), les légumes (choux-fleurs, concombres, asperges, carottes, chicons, poireaux, etc.), des animaux (chiens terrifiants, serpents, crocodiles, girafes, chevaux, cerfs), des souches d’arbres coupées, des têtes d’animaux, des crânes, des squelettes, des boules de billard, des balles de tennis, des plumes douces et des arums, etc. En d’autres termes, son œuvre sème un chaos permanent dans l’ordre public. Il crée un monde parsemé de dangers, où le calme et la menace mortelle s’affrontent en un contraste continu. La vanité occupe une place centrale dans l’univers mental de De Taeye, où la prétention humaine est par définition immédiatement étouffée. Toile après toile, Camille De Taeye recherche le drame et la tragédie dans un paysage à l’apparence paisible. Son œuvre se révèle finalement un grand cauchemar.Au cours des dernières décennies, Camille De Taeye a obtenu la reconnaissance qu’il mérite sous la forme de quelques grandes rétrospectives : en 1987 au Musée d’Ixelles, en 2009 au Botanique à Bruxelles, en 2012 au Rouge-Cloître d’Auderghem. En 2012, il a reçu le 1er Prix de la Fondation Gaston Bertrand. Son œuvre figure dans les grandes collections publiques telles les Musées royaux des Beaux-Arts de Bruxelles, le Musée communal d’Ixelles, le Musée de Louvain-la-Neuve. Il a également réalisé une toile monumentale installée dans la station Eddy Merckx du métro bruxellois.
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