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En piste : La somptueuse Messe en si mineur BWV 232 de Jean-Sébastien Bach pour 5 solistes, chœurs et orchestre (1832–45). Le Chœur New Baroque Times était dirigé par Pablo Garcia et Thierry Lequenne et laissait à de nombreux solistes l’occasion de partager leurs talents pour interpréter cette somme musicale. On vous donne les noms :
Aurélie Moreels, Amélie Renglet, Sopranos I
Ana Sofia Ventura, soprano II
Boris Kondov, alto I
Alain Gahima, alto II
Pierre Derhet, ténor
Joris Stroobants, basse
Philippe Gérard dirigeait le bel orchestre de la Chapelle musicale de Tournai comprenant outre les différents pupitres de cordes, des flûtes traversières, hautbois, bassons, trompettes, timbales, continuo. Il s’agissait d’une production particulièrement extraordinaire, et certainement un grand défi pour l’ensemble, mais le chef a su doter cette œuvre baroque monumentale d’une rare ivresse musicale. Elle était présentée dans le cadre de la Balade musicale de Rixensart, dont l’organisateur passionné, Jean-Pierre Peres, avait lui aussi, de son côté fait un pari osé de présenter une œuvre d’une telle importance. Elle est d’ailleurs selon lui, à rapprocher des autres « sommes » musicales telles que l’Art de la fugue, l’Offrande musicale ou les Variations Goldberg. Jean-Sébastien Bach lui-même ne dit-il pas vouloir dédier cette œuvre sacrée à « la délectation spirituelle des amateurs et, surtout, des connaisseurs de ce genre de travail »…
Et tout de suite les premières notes du Kyrie déboulent comme coup de tonnerre sur une matière musicale chatoyante et une intervention vigoureuse du ténor. L’entrée en scène des deux sopranos verra briller de beaux timbres et de belles tenues de notes. Ensuite ce sont des violons printaniers qui relaient la prière au chœur d’hommes, rejoints très vite par celui des femmes, dans une beauté enveloppante. L’église est pleine à craquer, l’espace est utilisé à son maximum, mais quel déluge de bonheur musical! Cuivres et percussions introduisent l’allégresse du Gloria dans un flux d’énergie enflammée. Les femmes répandent le pax hominibus bonae voluntatis comme une profonde vague de prière pour la paix. Le sourire de la soprano précède des violons un peu aigrelets, et elle enfile les paroles latines sans presque respirer. Le public retient son souffle. C’est visiblement l’énergie du bonheur d’interpréter, de partager qui dispense ces superbes sonorités. Le public se sent uni dans la tension musicale et se trouve inondé de couleurs.
Dans cette première partie du concert, mettons également en évidence un magnifique solo de flûte traversière et le duo soprano et ténor, un sombre qui tollis peccata mundi du choeur et orchestre qui arrache des larmes avec des entrelacs de voix qui évoquent le chant d’un monde blessé. Au cours de la soigneuse et discrète chorégraphie, un jeu de cache-cache entre le chœur et l'avant-scène, survient un remarquable alto solo sur hautbois d’amour et cordes avec le qui sedes at dexteram patris. Le ballet musical n’est pas fini, voilà le solo basse et cor solo avec deux bassons qui signent le quoniam tu solus sanctus. Enfin le Chœur se dresse pour un Cum spiritu tuo étincelant, presque martial, Onward Christian Soldier … C’est une déferlante qui nettoie le monde de tous ses péchés et accueille la lumière. Oui, un tsunami musical peut être salvateur, dirigé par le tourbillon de l’Esprit. L’émotion de l’assemblée est palpable, traversée par une sorte de suspens.
La deuxième partie s’ouvre sur le Credo, à la fois spirituel et musical, tant le compositeur entrecroise ces deux substances avec succès. Et incarnatus est développe un exemple de foi , d’humilité et de révérence absolument contrasté avec la douleur tragique et le rythme pesant du Crucifixus. Sans doute aussi le poids du joug de l’obéissance au père… mais cette ambiance est détrônée par la surprenante victoire de l’ et resurrexit ! Voilà Le rire de Dieu, l’extraordinaire, l’impensable, chantés avec le feu de Dieu. Les choristes ont du phosphore dans la voix, l’orchestre jubile. Les sopranes Aurélie Moreels et Amélie Renglet sont acrobatiques dans le Confiteor qui plane par-dessus les violoncelles et le continuo. Les portes du paradis s’ouvrent sur le Sanctus , le vent de l’esprit soufflerait sur le chœur et l’assemblée ? Une ivresse spirituelle se joint à une joie presque dionysiaque : cuivres pétillants, syllabes détachées comme pétales de fleurs. Un court instant, c’est toute la tapisserie Champagne du Chant du monde de Lurçat qui surgit dans l’imaginaire. Etranges phénomènes que les correspondances. Pierre Derhet, habite pleinement le Benedictus tandis que le chef d’orchestre semble transfiguré par la musique, envoûté, certainement. Tout cela pour en arriver à un exaltant Dona nobis pacem, da tutti : un miroir de paix, fleuri, les cuivres et percussions en fête.
Les solistes : Aurélie Moreels, Amélie Renglet,Ana Sofia Ventura,Boris Kondov, Alain Gahima, Pierre Derhet, Joris Stroobants, et le chef d’orchestre Philippe Gérard, pressés par le public de leur accorder un bis… ou deux… Osanna !
Balade musicale à Rixensart du jeudi 17 février 2022 à 20h
Eglise St Sixte, place communale à Rixensart / Genval
Notez la date du prochain,
c’est le 31 mars avec le 1er concerto de Chopin : Anaïs Cassiers
accompagnée par la Camerata IMEP dirigée par Ayrton De Simpelaere
Réservations :
reservation@balademusicale-rixensart.be
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