Pureté exquise des voix, présence chorale, musicalité, tendresse, complicité, réflexion… Immersion dans l’enchantement de Noël
La puissance dramatique, la ferveur, la contemplation mystique voluptueuse ont rendez-vous avec les anges de la cathédrale. Une estrade, dressée au centre du transept, juste en dessous des grandes orgues accueille les douze interprètes de « L’Ensemble Vocal de l’Abbaye la Cambre » et leur chef, Anthony Vigneron, brassant l’espoir et la lumière, présence dans les moindres interstices musicaux. L’architecture et l’acoustique de la cathédrale favorise l’envol des voix et les résonances des orgues. C’est l’amour entre des interprètes et celui qui les dirige, qui déborde et inonde une assemblée prise par l’enchantement de Noël.
Entre chaque chant, les textes sobres et profonds de Christian Merveille font mouche, invitant à la méditation sur l’histoire de la nativité, sur la condition humaine. Chaque naissance n’est-elle pas une promesse? Le conteur invite à prendre conscience des silences habités, de l’invisible qui soudain devient tangible, de l’infini relié par les mots et de la présence, du souffle, du Verbe. Il nous invite à nous laisser transformer, humblement, par les mots, la musique, ce temps de grâce qui enveloppe l’assemblée.
L’ouverture du concert qui a débuté par un murmure, le « Calme des nuits » de Camille Saint-Saëns (1835-1921) nous plonge dans le mystère « bien plus vaste que les jours ». Chanter « est un manière d’être au monde…» Cela nous aide à retrouver l’enfant, l’être primordial qui est en nous. Celui qui est au cœur du texte « En prière » de Gabriel Fauré. (1845-1924)
Répands sur nous le feu de Ta grâce puissante ;
Que tout l’enfer fuie au son de Ta voix ;
Dissipe le sommeil d’une âme languissante
Qui la conduit à l’oubli de Tes lois !
Anthony Vigneron embrasse l’air, souffle le vent, distille la musicalité comme s’il conduisait un bateau ivre. Il est jeune passionné de musique romantique française et allemande. Il détrousse aussi les partitions perdues. L’ « Ave Maria » de Martial Caillebotte est l’une de ces œuvres perdues ou oubliées dont il ressuscite la beauté, l’énergie et la ferveur.
L’organiste, Xavier Deprez, que l’on peut voir à l’œuvre sur un grand écran tout au long de la soirée, peuple la soirée de morceaux méditatifs, comme pour ponctuer le propos de Christian Merveille. On le voit pétrir avec exaltation l’harmonisation du compositeur belge François-Auguste Gevaert (1828-1928) de la pièce « Le message des anges ». Et comme dans nos antiques campagnes, voilà l’assemblée invitée par Anthony Vigneron à se joindre au refrain dans un immense sentiment de renouveau et de réveil de rites oubliés.
François-Auguste Gevaert reviendra encore après la pause avec «Les trois rois » et « Entre le bœuf et l’âne gris » deux noëls harmonisés par ses soins. Le transcendant est dans la douce brise de la musique qui flotte sous les voûtes séculaires. « O Beata mater » d’August De Boeck (1865-1937) résonne comme une symphonie vocale autour de la merveilleuse soliste. Pour terminer, un double festin nous attend: « Panis angelicus» de César Franck et Hostia, extrait de « Consurge Filia Sion », Oratorio de Noël, opus12. 12 : Un chiffre symbolique d’union, de partage et de tolérance. Généreux, Anthony Vigneron livre en bis une version brillante et du « Venite Adoremus » auquel il associe l’assistance heureuse d’être appelée à se joindre aux merveilleux choristes dans le cadre exceptionnel de la cathédrale.
“When the song of the angels is stilled, when the star in the sky is gone, when the kings and princes are home, when the shepherds are back with their flocks, the work of Christmas begins: to find the lost, to heal the broken, to feed the hungry, to release the prisoner, to rebuild the nations, to bring peace among the people, to make music in the heart”.
Howard Thurman
« Quand le chant des anges s’arrête, quand l’étoile dans le ciel s’en est allée, quand rois et princes sont dans leur demeure, quand les bergers sont de retour avec leurs troupeaux, alors commence l’œuvre de Noël: retrouver les perdus, guérir les blessés, nourrir les affamés, libérer le prisonnier, reconstruire les nations, apporter la paix parmi les peuples, faire chanter la musique du cœur. » traduction libre
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Et voici le nom des choristes:
Soprani: Gwendoline Blondeel* Élise Gäbele* Camille Hubert* Alti: Marie-Laure Coenjaerts* Laurence Renson* Gilles Thomas* Ténors : Pierre Derhet* Kenny Ferreira* Thierry Lequenne Basses: Yannick Taymans* Pieter Coene Guillaume Knop (* ont chanté en solistes lors de ce concert)