Ô larmes desséchées ! Comment vous retrouver
Alors que cette fois j’ai besoin de pleurer
Et vous voir arroser ce cœur aride de plaintes,
Cette bouche dont la parole a oublié l’adresse ?
Comment ne pas pleurer cet oiseau qui était
Hier encore symbole de l’envol et des joies ?
Comme si d’être orpheline très tôt n’avait suffi,
Ou de perdre de suite trois embryons sans noms
Etait un moindre mal pour l’âme prisonnière
Du silence des morts des vieilles traditions !
« Se plaindre, lui dit-on, n’est pas bon pour une femme
Dont l’éducation doit l’élever sans vacarme
Pour qu’on célèbre dans le silence sa patience ! »
Et pleuvent les parallèles aux prophètes et aux saints !
Jusqu’à ce que le Moi s’emmure dans le silence
Et dans l’abnégation disparaisse tout Non !
Cet oiseau qui hier faisait la joie de tous ;
Beau, joyeux, élégant, bon vivant et parfait,
Ne vole que d’une seule aile, les pieds quasi liés,
Et regarde peiné sa nichée quémander
Jeux, soins et attentions, est-ce trop demander ?
Trop, bon Dieu, pour l’oiseau de daigner lui laisser
Aux moins ses deux petites ailes pour pouvoir caresser
Ce duvet qui rappelle sa vieille mobilité ?
© Khadija ELHAMRANI, vendredi 03/5/2013.