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Publications de Josette Gobert (307)

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De retour JGobert

A l’aube d’un nouveau jour, le ciel à peine éclairé, retentissent des pas feutrés d’un passager.  Il est là, ce petit être, un peu triste d’être parti sans laisser d’explications et au fond de lui, en colère contre le monde entier.

Le petit personnage est revenu, tempétueux. Il veut reprendre sa place au sein de nos rêves, de nos cœurs, de notre vie. Etre aimé comme par le passé et effacer le chagrin, la peine, les larmes. Gommer la solitude des mots, des jours, vécue comme un abandon. 

Pour un mot de trop, tout a chaviré. Il n’y a pas eu de bienveillance accordée. Pas de pardon venant du cœur pour qu'il soit sincère et viable mais un doute opérant et mortel pour des actes, des termes incompris.

Le petit personnage est revenu, magnanime. L’enfant prodigue, accueilli jadis les bras ouverts, l’est un peu moins aujourd’hui parce que la vie a changé. Les valeurs ne sont plus pareilles. Le pouvoir est réparti, et doit être admis. Les esprits n’ont pas sexe, de grade, de puissance.  Ils sont libres de s’exprimer sans contrainte, sans loi, ni dieu.

Le petit personnage est revenu, quémandant. Il cherche un futur meilleur, dans un contexte de paix, dans une absolue confiance, avec tout le réconfort possible. Lui n’a pas compris que les hommes ont évolué, que le temps est passé, que certains rêves se sont évanouis. Que d’une époque révolue, nous gardons les plus beaux souvenirs. Et que, pour chasser la souffrance, l’amour de l’autre est de mise.

Le petit personnage est revenu, lénifiant. Ce petit être est aussi tout pour nous, poésie, amour, amitié. Il est l’espérance et le souffle qu’il véhicule nous protège.  Il détient la force de vivre et de se battre. Avec lui, le temps fait son œuvre réparatrice et comme toujours, nous bravons ensemble le mal pour un monde meilleur.

 

 

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Au coeur de Noël JGobert

Raoul a reçu le bon de commande ce matin. Tout excité et d’un geste rapide, il appelle Jacques, son fidèle ouvrier. Le camion est prêt. Tout est vérifié et comme chaque fois, Raoul se fait fort d’être à la hauteur et à l’heure.

Les deux hommes montent à bord du camion. Ils savent que le travail demandé est long, important et que la livraison est attendue avec impatience.  Ils sont bucherons. Des hommes énergiques, durs à la tâche, fidèles aussi à cette nature qu’ils aiment.

Arrivé au centre de la forêt, Raoul cherche le sapin désigné. Il est magnifique. Toutes ses branches sont solides, épaisses, régulières. Il est colossal. Le sapin a compris que c’est son tour. Dès qu’il quitte la forêt, son existence ne lui appartient plus. Partout dans la forêt, des amis le regardent et guettent avec tristesse les premiers coups qui abattront ce géant.  C’est la magie de Noël et pour que la fête soit belle, un sapin est sacrifié, coupé chaque année. C’est la tradition.

Raoul et son employé sont déjà à l’ouvrage. Des craquements douloureux, sourds se font entendre. Le vent s’engouffre dans la clairière et surveille le travail accompli. La mise à mort n’est plus qu’une question de minute. Le monde de la forêt retient son souffle.

Le matériel est installé et le sapin se couche, docile, sur les rouages du camion. Attaché, ficelé, celui-ci est silencieux et immobile. Il commence son voyage vers le monde des hommes.

A l’intérieur du sapin, deux petites voix se font entendre. Deux petits lutins plein de vie, habitués à grimper sur ce bel arbre et qui n’ont pas fui à l’arrivée de Raoul. Ils se sont accrochés aux branches du sapin et ont vibré, tremblé avec lui à chaque coup de hache. Incognitos, ils partent eux aussi vers un univers qu’ils ne connaissent pas.

Ces deux petits farfadets, sortis tout droit d’un conte de fée, se posent d’innombrables  questions. Noël, ce Noël qui, chaque année, vient prendre son dû, qui arrache à la forêt le plus beau sapin et  laisse à chaque fois un grand vide. Il doit être très important ce Noël.

Ils sont curieux, avides de voir, de savoir. Au cours des temps, ils ont entendu des histoires extraordinaires, étonnantes racontées par des voyageurs de passage. Un monde étrange, insolite, décrit par certains et où part l’ami sapin.

Le voyage se déroule parfaitement. Les lutins sont blottis dans une blessure de l’arbre, le temps du parcours.  Ils se tiennent chaud. Au loin, déjà des sons, des lumières, une vie surprenante, étonnante qu’ils ignorent.

Le déplacement a été long, très long pour arriver sur cette Grand-Place. D’autres hommes attendent et prennent en charge l’énorme sapin fraichement coupé. Sa taille est impressionnante. Seul au milieu de ce nouvel espace, il est majestueux. Les hommes aiment montrer leur puissance et leurs yeux d’enfants sont toujours émerveillés.

Raoul est parti, un peu triste de laisser cet arbre aux mains d’experts. Il les aime ces arbres au cœur de la forêt. Remis debout, le sapin soupire et grâce au vent qui s’engouffre dans ses branches, remet ses épines froissées à leurs places.

Dans la vallée, la fête s’organise, la plus importante de l’année. Noël est célébré avec un grand enthousiasme, une vive ferveur et rassemble toutes les âmes des environs.

Nos deux petits comparses sont tout excités, énervés. Ils écarquillent  les yeux devant toutes ces choses inconnues. Ils sautent, gambadent dans les branches.  L’église, devant eux, est gigantesque, magnifique. Les portes grandes ouvertes laissent apercevoir l’endroit de la crèche. Une paille sèche garnit le sol. On distingue des emplacements encore vides.  La lumière s’échappe de ce bâtiment et éclaire tous les alentours. La magie de Noël a commencé.

Le sapin est maintenant orné de guirlandes scintillantes, de petits personnages en bois et de boules bariolées, multicolores. Le géant de la forêt clignote depuis quelques minutes. Nos deux amis sont subitement envahis par une grande tristesse. Ils frottent leurs larmes qui s’échappent. Triste destin pour leur ami. Les hommes sont cruels.

De leur perchoir, ils voient bouger, se déplacer, courir les habitants les bras couverts de cadeaux. La nuit est tombée sur la ville.  La visite de l’endroit peut commencer. De petits bonds en petits bonds, nos amis descendent et sautent hors du sapin. Ils gagnent rapidement un énorme chalet mal monté. Celui-ci recèle des objets immobiles de toutes sortes. Heureux de leur découverte, ils s’amusent dans ce bric-à-brac désenchanté.

A quelques pas de là, leur attention est attirée par des mouvements à l’intérieur de fenêtres éclairées. Des hommes préparent Noël. La table de fête est garnie de décorations scintillantes, d’assiettes, de verres. Eux aussi ont un sapin métamorphosé, couvert de guirlandes. La pièce est éclairé par des bougies de couleur et règne un air de fête. Dans un coin, des boites s’empilent, des cadeaux joliment emballés, des jouets, des bonbons, des bouteilles, tout ce que les hommes aiment.

Des besoins, créés, générés par eux, pour eux. Nos deux amis se glissent d’une fenêtre à l’autre sans faire de bruit, le nez collé à la vitre. Ici aussi, tout est décoré, tout brille et il s’échappe une merveilleuse odeur de cuisine. Curieux, ils iraient bien goûter, déguster ces mets.

Après avoir parcouru quelques superbes balcons enjolivés, un bruit étrange les attire vers le bas. Derrière des tôles froissées sont assis des enfants et une femme âgée. Elle les protège du mieux qu’elle peut, abritant ses chérubins du froid avec d’épaisses couvertures trouvées dans un recoin de la cour. Cette dame  s’épuise de tant de misère, de malheur. La vie ne l’a pas ménagée.  Il fait glacial ce soir de Noël et les petits sont gelés. Serrés les uns contre les autres, les enfants se protègent du froid et ont faim.

La place scintille de mille lumières multicolores, de sons mélodieux  qui s’échappent. De petits chalets sont entr'ouverts et font commerce.  Le sapin trône au milieu de la fête. Les gens déambulent et rient, heureux de se retrouver ensembles.  Nos lutins sont étonnés de tant d’inégalités entre les hommes et ne comprennent pas cette différence.  Le monde est injuste, arbitraire, artificiel.

Ce ne serait pas un conte de Noël si la magie ne venait pas  à la rescousse de la réalité. Nos petits amis, bonnets verts sur la tête, se concentrent et réfléchissent. De toutes les histoires entendues depuis des siècles au cœur de la forêt, une histoire pourrait se répéter une seconde fois. Un conte de Noël qui aiderait les petits enfants et cette dame, là dehors. Assez agités, remuants tous les deux, ils passent en revue ce qu’ils ont entendu et ne trouvent pas de solutions.

Et s’ils appelaient les forces de la nature, le vent, la pluie, la neige. Mais les enfants sont dehors. Et s’ils transformaient par magie la fête en un immense théâtre. Tout le monde au même rang, à la même place. Et s’ils alertaient les hommes. Changer le monde n’est pas dans leur pouvoir. Trouver des cœurs purs. Transformer l’indifférence en amour. Faire de ce monde obscur une nouvelle source de lumière. Appeler les hommes de bonne volonté à plus de compréhension. Donner l’espoir à chacun, l’espérance, le bonheur.

Sur la place bondée de monde,  vient d’arriver un homme d’une grande sagesse qui, d’un pas ferme et décidé, se dirige vers cette arrière-cour isolée. D’un geste vif, il écarte les tôles et cueille avec une grande douceur les plus petits enfants. Les blottissant contre lui, il sent son cœur se remplir de chaleur et d’amour.  La femme se lève et tire vers elle l’enfant resté sur le sol et l’embrasse avec tendresse et douceur.

La magie de Noël  se répand, joue une fois encore. Nos deux amis se sourient.  Par un tour de magie, nos deux génies ont transféré l’immense force du sapin dans un être humain pour en faire un homme d’exception. Celui-ci reçoit une force inhabituelle qui encourage, qui incite à toujours continuer quoiqu’il arrive le long chemin de la vie. Une force inébranlable en lui et en sa générosité. La force de partager les valeurs humaines.  La force d’aller chaque jour plus loin au plus profond de soi.

Nos deux petits amis ont maintenant un long chemin avant de retrouver leur forêt et d’un geste amical, salue leur ami sapin pour la dernière fois.

 

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Noël 2015 JGobert

Où est dont passé ce petit personnage qui, du fond de mon cœur, rendait la vie agréable, parfois féérique ? Ce petit être qui me faisait vibrer et qui m’emmenait sur les chemins de l’imaginaire. Il faisait mon existence belle et mes rêves bleus. J’attendais toujours sa venue avec un grand intérêt.

Quelques coups, cruels et barbares l’ont fait disparaître. Tous mes beaux rêves de fraternité, d’amour, d’amitié, ont d’un coup laissé place au vide. J’ai perdu la gaieté du rêve, la joie des pensées, le bonheur de l’autre.  Ce vide s’est rempli de chagrin, de peine, de larmes.  

La vie apprend que le temps est le meilleur des guérisseurs et que la mémoire fait toujours place à d’autres rêves. Le temps de Noël, propice à tous les sentiments n’a pas son éclat habituel.

Il ne tient qu’à moi de le rendre magnifique et de lui donner une illumination exceptionnelle.  

Pour vous, le petit personnage reviendra et fera Noël beau, merveilleux.

Joyeux Noël à tous.

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Marie, Rose, Georges et d’autres. JGobert

Ce matin, à peine réveillée, Marie prend de nouvelles résolutions.  Au lever du soleil, la nuit lui paraît déjà lointaine. Une part de son passé, de ses souvenirs s’est estompée avec le temps. Des idées neuves, modernes  germent dans son esprit et la motivent. D’autres envies voient le jour et la remplissent de bonheur et d’espoir.

Rose se lève dans les brumes d’une nuit agitée. Elle n’a pas beaucoup dormi et récupéré de sa journée d’hier. Elle est songeuse et un peu grognon. Avant un bon café, son esprit tourne à vide. Le temps lui parait toujours trop court. Son travail  lui prend toute son énergie et elle n’a pas suffisamment d’instants pour avoir des états d’âme. Une bonne douche et elle repart.

Georges rentre de son travail, fatigué, mais content. Il soupire. Encore quelques minutes et il est chez lui. Après quelques heures de sommeil, sa vie  va reprendre, s’égrener paisible au sein de sa maison. Sa femme travaille et est déjà partie pour sa journée. Ce soir, ensemble, un moment d’une vie privée, agréable avant de repartir travailler.

Marie a pris son petit déjeuner. Moment qu’elle affectionne. Un vieux rituel familial qu’elle répète depuis des années avec le même plaisir. Son chat la regarde. Toujours enroulé sur le canapé, il l’observe les yeux mi-clos, avant de se rendormir. Trop tôt pour se lever dit-il ! Marie est prête et déjà, elle ferme la porte de son appartement.

Rose déjeune à son travail. Elle aime la compagnie de ses collègues, le bruit familier de la salle de garde. La lumière blanche qui inonde tout. Et les rires qui se déversent dans les couloirs. Elle a eu du mal à s’habituer à cette ambiance particulière. Aujourd’hui, elle est chez elle dans ce service.

Le ciel levant est splendide. Georges a envie de marcher un peu sous cette voute bleutée, colorée. Un petit détour et il est chez lui.  Georges travaille depuis des années de nuit dans cette entreprise. Elle fait partie de sa vie avec ses horaires décalés et les jours qui tournent  à l’envers.

Tous trois se dirigent vers le centre de la  vieille  ville, centre historique de la région. Marie est pleine d’idées et d’envies nouvelles, Rose se presse pour rejoindre sa vie active passionnante et Georges flâne quelques instants encore avant de rentrer dormir.

D’autres passants ont rejoint Marie, Rose et Georges. La ronde matinale des passants pressés commence par un ballet d’allées et venues. La vie s’éveille dans la ville, riche et abondante,  aux matins du monde. Une atmosphère séduisante pour cette Grand-Place aux accents moyenâgeux.  Décorée de chalets et de stands bariolés, elle accueille la fête, ce soir, comme chaque année.

Marie aime parcourir cet endroit où de multiples souvenirs l’accompagnent. Légère, elle presse le pas. Rose la suit dans la foule sans la connaître. Elle la dépasse.  Plongée dans ses pensées, elle est déjà à son travail. Georges se promène et admire un instant cette architecture qui fait la beauté de cet emplacement. Tous trois croisent la vie qui passe, qui brasse les destinées, qui soulève les attraits et les désirs.

Chacun est arrivé à l’interjection d’un point précis. Un endroit choisi au hasard par une main funeste, une main cruelle et froide. Un homme attend l’instant fatal pour accomplir son œuvre. Un immense éclair accompagné d’un bruit mortel se pose sur ce lieu et le couvre de rouge. En quelques secondes, le silence est tombé sur Marie, Rose, Georges . Un silence d’éternité.

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L'espoir en Dieu Musset

" Que faire donc ? " Jouis, dit la raison païenne ;
Jouis et meurs ; les dieux ne songent qu’à dormir.
- Espère seulement, répond la foi chrétienne ;
Le ciel veille sans cesse, et tu ne peux mourir. »
Entre ces deux chemins j’hésite et je m’arrête.
Je voudrais, à l’écart, suivre un plus doux sentier.
Il n’en existe pas, dit une voix secrète ;
En présence du ciel, il faut croire ou nier.

Puisque je ne puis croire aux promesses du prêtre,
Est-ce l’indifférent que je vais consulter ?

Voilà donc les débris de l’humaine science !
Et, depuis cinq mille ans qu’on a toujours douté,
Après tant de fatigue et de persévérance,
C’est là le dernier mot qui nous en est resté !

Pourquoi donc, ô Maître suprême,
As-tu créé le mal si grand,
Que la raison, la vertu même,
S’épouvantent en le voyant ? »

L’Espoir en Dieu.
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Je suis Paris JGobert

Quand tout est détruit, cassé et qu’il ne reste que des larmes, des cris de douleur, des corps sans vie. Le monde s’éveille et quitte son insouciance, son indifférence. Il lui faut du sang pour bouger, se secouer. Le sang des innocents sacrifiés sur les trottoirs, les terrasses de la ville. Nous sommes en France, à Paris.

Des slogans, des pancartes s’élèvent, se hissent et rappellent à tous, les mêmes évènements, les mêmes paroles « plus jamais ça » «  Je suis Charlie » « Je suis Paris. »

Dans une douleur apocalyptique commence le ballet des sirènes hurlantes, des lumières clignotantes et des hommes en blanc qui courent. Le temps est précieux et sollicite des efforts inhumains.  Le rouge du sang des innocents baigne tout. Des gémissements, des cris, des sanglots, des soubresauts  se font entendre. Les secours sont enfin arrivés. Combien de minutes pour un geste sauveur. Le temps prend une toute autre dimension couché sur le sol froid d’une mort annoncée.

Dans la solennité des lieux, des hommes et femmes survivent à l’indicible, à la tuerie. Instant d’indulgence du hasard, ils sont là, respirent dans cette masse de corps couchés. L’horreur se délecte de ce moment. Le monde, transformé en haine par des bras armés de mitraillettes, de fusils, pleure.

Qui justifie un tel carnage ?  La perte d’amis, de frères, de sœurs en pleine fleur de l’âge à la terrasse d’un café ou dans un dancing. Miroir potache, ébauche factice qui détruit des vies à un concert ou un match de foot ? C’est notre vie.

La folie toujours plus barbare de certains lâches. Des commanditaires crépusculaires, sanguinaires, qui à l’abri des balles, tuent par délégation.

Les souffrances se sont rependues dans la ville, et en quelques minutes dans le monde. La technologie moderne transmet les cris d’horreur et les images macabres. Les cœurs se serrent, les larmes coulent.  Et le doute s’installe. Pour certains, le besoin de savoir est plus fort. Un course folle s’engage et si et si…

Et chacun compte les siens pour se rassurer. Un Sms tinte et tout rentre dans l’ordre. Mais pour d’autres, c’est le silence, lourd, pesant, étouffant. Il faut vivre avec l’espoir encore un moment. Un coup de téléphone et l’attente prend fin. Ils cherchent toujours, affolés, à se détacher de l’inévitable. Ils sont anéantis. Les heures passent et l’espoir disparaît. Ceux que l’on cherche avec amour ne donneront plus jamais de nouvelles.

Aux bords des trottoirs se groupent, se rassemblent des personnes étranges, livides, aux yeux rougis, témoins indispensables pour l’histoire. Ils seront les voix contre l’oubli.  Devant ce carnage, ils souffrent, éprouvent compassion, sympathie, humanité.

Et le ballet reprend en sens inverse, les sirènes retentissent, bruyantes, assourdissantes et les véhicules emmènent les vivants dans les hôpitaux. Ce sont des blessés de guerre qui arrivent aux urgences. Une guerre qui ne les concerne pas.

Le temps s’est arrêté sur l’aiguille de l’incompréhension. Comme à l’aube du premier jour, le temps, figé dans nos esprits, accueille les premiers balbutiements  de nos réflexions. Ceux-ci grandiront et ébaucheront avec intelligence une solution.  Nous honorerons nos morts dans la dignité et leurs sacrifices ne seront pas vains.

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Le 13 JGobert

Malgré tous les mots répandus dans les médias, les images à la télé et les discussions entre nous, l’entendement, la faculté de comprendre les actes de terrorisme ne m’apaisent pas. Je suis en colère.

En colère avec ceux, qui ont perdu des proches, des enfants, qui vivent cette douleur effroyable de la disparition d’un être cher. De tout cœur avec eux.

En colère contre ceux qui perpétuent ces crimes odieux, menés à l’abattoir par des gens très motivés, évolués et qui incitent, se servent de ces jeunes dépravés sans repère pour en faire des bombes.

En colère contre moi de toujours vouloir tourner la page et de faire comme si tout ceci n’est qu’un mauvais rêve. En colère de ne pas me sentir plus concerné et malhabile pour me rendre utile.

Nommons l’Etat Islamique : Daech qui répand la terreur autour de nous en tuant nos enfants. Nommons ceux qui aident ces assassins qui, blottis, tapis par terre comme des rats, attendent le moment pour tuer. Nommons tous ceux qui savent et laissent faire. Nommons l’argent qui coule à flot dans les mains de ces terroristes.

La campagne de guerre de Daech se dessine avec précision, tuer la liberté de la presse, atteindre les juifs, la culture. S’attaquer aux spectacles et aux loisirs. Briser le sport. Détruire la liberté.

Amalgamer, associer les faits à des populations innocentes, développer la haine de l’autre, la méfiance, déstabiliser l’état, et dénigrer les forces de l’ordre.  Un travail pensé que Daech croit nous laisser terminer. Mais nous sommes un peuple fier. Nos ancêtres se sont battus pour des causes justes et nous ne tomberons pas dans l’obscurantisme, la barbarie, la sauvagerie.

La colère est mauvaise conseillère mais à cet instant, elle me réveille et me met face à face avec le mal.

 

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Marie JGobert

Et si, pour elle, écrire était une évasion. Un besoin de mots qui lui font défaut. Un besoin de dire que la vie n’est pas un long fleuve tranquille et que les jours après les jours ne sont pas meilleurs.  Marie noircit du papier et ressasse ses déboires. Rien n’est facile pour elle. Marie est désespérée.

Mais ce matin, Marie est partie errer sans but. Une longue marche avec elle pour comprendre son immobilisme, son acception, ses regrets, ses remords. Marie marche comme ceux qui ont choisi cette expression pour alerter le monde, pour réveiller les consciences. Marie est seule dans sa tête pour remettre en place sa vie, ses idées, ses aspirations  qui deviennent de plus en plus difficiles.

Marie déambule dans les feuilles mortes, d’un geste triste, elle tape dans les tas rassemblés par le vent. Jeter au loin cette vie qui n’a plus de sens, plus d’attrait, plus de joie et retrouver une perception positive. Prisonnière d’elle –même, elle est sa pire ennemie.

Marie parcourt ainsi des kilomètres et déroule les rames de papier jauni de ses souvenirs. Au fur et à mesure de son effort, les idées s’éclaircissent et le peu de confiance qu’elle possède encore en elle réapparait peu à peu lui apportant un léger réconfort. Sa vie lui appartient. Le ciel s’éclaircit,  la légère brume matinale se dissipe.  Le rythme de ses pas a pris une cadence accélérée, une force inconnue  la soulève et la porte.

Cette marche salutaire a remis les choses de sa vie dans l’ordre qu’il lui convient.  Et comme à chaque fois, elle va se battre contre les monstres qui l’entourent. Elle va refaire de son monde un conte où elle peut s’échapper et vivre. Marie se réconforte dans ses pensées. Un besoin inexpliqué qui l’envahit quand l’adversité s’attaque à elle. Marie n’est pas faible.  Elle se bat depuis longtemps contre des préjugés, des conjectures, des rejets inacceptables. La société a fait d’elle une révoltée pacifique et la vie une rebelle mesurée.  

La fatigue commence à se faire sentir et le poids de ses ennuis s’allège doucement. Encore quelques instants et Marie sourit. Tout ceci n’était pas bien grave. Elle va reconsidérer les problèmes et trouver une oreille attentive. Le gros de la tempête est passé. Marie rit de s’être sentie si démunie. Elle connaît ses ressources et le temps n’est pas venu de baisser les bras.

Marie a du boulot à achever.

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Alfred de Musset A.M.V.H.

Il faut, dans ce bas monde, aimer beaucoup de choses,
Pour savoir, après tout, ce qu’on aime le mieux,
Les bonbons, l’Océan, le jeu, l’azur des cieux,
Les femmes, les chevaux, les lauriers et les roses.

Il faut fouler aux pieds des fleurs à peine écloses ;
Il faut beaucoup pleurer, dire beaucoup d’adieux.
Puis le coeur s’aperçoit qu’il est devenu vieux,
Et l’effet qui s’en va nous découvre les causes.

De ces biens passagers que l’on goûte à demi,
Le meilleur qui nous reste est un ancien ami.
On se brouille, on se fuit. Qu’un hasard nous rassemble,

On s’approche, on sourit, la main touche la main,
Et nous nous souvenons que nous marchions ensemble,
Que l’âme est immortelle, et qu’hier c’est demain.

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Halloween JGobert

Hier matin, au abord d’un parc, sur la route de campagne qui longe le mur d’enceinte, j’ai aperçu un petit homme surprenant. Chapeau vert et bottes de cuir, il cheminait d’un pas ferme vers l’entrée du domaine.

Parvenue au porche du parc, une foule compacte attend et se presse pour entrer. Des visiteurs venus des environs, curieux et intéressés se bousculent, impatients de voir tous les locataires  de cet endroit.

Mon imagination débordante me joue parfois des tours. C’est halloween.  Le parc accueille un grand nombre d’enfants grimés. Squelettes, sorcières, monstres, fées diaboliques, fantômes se mêlent à la foule. Merlin l’enchanteur et sa baguette me précède dans les allées envoutées du parc. Au détour d’un chemin,  je me trouve nez à nez avec Lord Voldemort et Mangemorts. Plus loin Obi-Wan et Yoda se promènent tranquillement alors que Dark Vador attire autour de lui une nuée d’enfants.

Le parc est transformé de mille couleurs et une ambiance insolite se repend dans les allées. Les animaux du parc sont en attente, nerveux et soucieux. Il plane une atmosphère anormale.

D’énormes citrouilles ont envahi les allées. Des coloquintes de toutes sortes s’ajoutent au décor singulier du parc.  Des toiles d’araignées géantes comblent  les coins les plus sombres et dissimulent leurs propriétaires. Dans les arbres, des lanternes aux couleurs de l’automne et des guirlandes ornées de chauve-souris  se suspendent un peu partout.

De nouveau, ma vision se dessine devant moi. Un lutin gambade, cabriole face à moi. Le parc est bondé. Les allées sont repues d’enfants qui courent, cavalent.

Les animaux  nous examinent comme des bêtes étranges. Lassés, blasés, ils nous tournent le dos. Ils s’endorment sous ce dernier soleil d’automne. Le temps a une dimension carcérale pour certains.

Un sifflement capte mon attention et juché sur une branche, ma vision m’observe.  Seule, je le regarde. Il ne parle pas. Il me fait signe de le suivre. Arrivé à la hauteur des cages de perroquets, d’un geste précis, son petit doigt s’enfile dans l’ouverture et fait sauter le cadenas. La porte s’ouvre et l’oiseau s’envole vers le ciel.

Il fait de même avec d’autres cages et libère les volatiles. Les cris des libérés se répandent dans l’espace et de bond en bond, il atteint  les enclos.  Mon esprit déchiffre enfin les agissements de ce lutin. Sa mission est de libérer les animaux enfermés.

Les portes s’ouvrent. Les bêtes se répandent dans les allées. Le parc a pris une autre dimension, des hommes galopent, les parents s’enfuient tirant les enfants ébahis devant ce capharnaüm. Des cris, des pleurs, des larmes et la magie d’halloween prend soudainement l’image d’une catastrophe. Les animaux libérés déambulent tranquillement sur les pelouses, d’autres plus dangereux sont rapidement cernés et remis en cage. Au milieu de ce tapage, masques et  déguisements sont tombés. Le lutin, inaperçu, invisible, savoure son œuvre.

Je contemple le carnage accompli et la horde de gens qui courent dans tous les sens. Un ballet terrien mal dirigé où le chef d’orchestre a perdu sa baguette.

Le lutin n’a pas dit son dernier mot et tout à coup, les hommes se retrouvent enfermés dans des cages étroites, réduites. Ils manifestent leur mécontentement. Ils crient, hurlent, vocifèrent.  L’incompréhension est totale. Une vie captive, douloureuse se dessine devant eux dans des tableaux imaginaires, inventés par leurs esprits internés. La vie qu’ils ont créée pour d’autres ne leur sied pas. Tous crient, innocents.

Le machiavélique  génie, espiègle, malicieux  a fini ses farces et d’un geste diabolique rend le présent à la réalité du monde. Il disparaît.

 

  

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Le parchemin JGobert.

Alors que le fil de sa vie se déroule sur un parchemin craquelé, fendillé, vieilli par les années. De beaux souvenirs lui reviennent en mémoire, mettant en émoi une fois encore, un cœur qui bat. Des sentiments mêlés de joie et de tristesse, apaisés, adoucis par la langueur du temps, Lisa se souvient des instants de grâce de sa vie tumultueuse, lasse des jours sombres et des départs inéluctables.

Une époque que les jeunes aiment profondément, celle de la jeunesse. Des rencontres dans les bars de la ville où ils se retrouvent pour refaire le monde, où les discutions, les questions vibrent aux sons des musiques modernes, où la fumée s’approprie l’atmosphère et empeste les vêtements.

Lisa, comme beaucoup de filles de son âge, navigue dans ce milieu de fête et passe le plus clair de son temps dans ces petits bistrots, charmants et festifs de la ville.  Des lieux où cohabitent des poètes, des peintres, des artistes cherchant l’inspiration et le talent. Tous ces jeunes se livrent à une vie facile, dans l’art qu’ils ont choisi. Petits bistrots transformés en scène, en atelier où tout le monde se connait et joue le jeu. Les rencontres sont ponctuées de présentations, de commentaires.  La cohabitation entre les artistes naissants et ceux qui ont la chance d’être reconnus se passent parfaitement, dans le respect de l’autre.

Des petites soirées artistiques s’organisent, accompagnées d’originaux. Des musiciens animent et donnent vie à la mélodie.  Des chanteurs, des conteurs se succèdent et l’ambiance, ardente, se fait heureuse, plaisante.

De toutes ces soirées, Lisa garde un bienveillant souvenir.  Lisa se souvient d’un jeune homme particulier qui compta beaucoup pour elle. Il ne quitta plus  son esprit, ni son cœur. Discrète, elle s’arrangea pour le rencontrer à plusieurs reprises. Le regard joyeux, pétillant de ce garçon la comblât de suite et son ton moqueur la fit rire d’emblée. Il la trouva sympathique également et la conversation s’anima. Lisa était aux anges. Une grande amitié commençait.  Lisa ne cherchait pas autre chose que d’être en sa compagnie.

Au fil du temps, les liens créés sont devenus sacrés. Chacun respectait l’autre dans une amitié profonde et partageait les sorties, les amis, les petits restaurants. Une succession de plaisir simple et facile.

Un soir d’été, sous le ciel étoilé où les rêves se font, où se content les passions, les ambitions, une main délicate prit celle de Lisa. Lisa en fut bouleversée dès la première seconde. Ce que le conscient ne voulait pas, l’inconscient le désirait pour eux.  Lisa retira sa main d’un geste brusque comme pour couper court à ce sentiment inconnu. Son ami, surpris, fit l’innocent et repartit dans l’évocation de ses pensées.

Lisa, troublée, émue, interprète ce geste délicat. Un trouble s’est installé entre eux. Le scénario parfait de l’amitié irréprochable peut être rompu. Lisa est confiante, le temps fera son œuvre et ce petit geste disparaîtra.

Les terrasses festives des soirs d’été, chaudes de vie animent les rues et réunissent les jeunes jusque tard dans la nuit. Les couples formés partent et laissent les célibataires entre eux. Un dernier verre et la soirée se termine dans les rires. Ce soir, Lisa est songeuse, son regard est lointain, triste. Le ciel étoilé ne lui apporte pas le bonheur escompté. Un léger vent s’est levé et il est l’heure de rentrer. Son appartement n’est pas loin. Elle attend. Elle ne se décide pas à quitter cet endroit. Son esprit prit par ses pensées, elle attend.  Depuis quelques jours, son ami est absent et ne réapparaît pas.

Lisa s’est mariée et a de beaux enfants. La vie s'est installée pleine de surprises.  Le temps a pris soin d’effacer les histoires de jeunesse et les interrogations. Des sentiments nouveaux, inédits, agréables sont apparus plein de joies nouvelles et emplissent avec bonheur sa vie d’adulte.  De merveilleux ciels étoilés ont effacé ceux de la jeunesse ne laissant que des souvenirs rangés dans un passé révolu.

Avec le temps, Lisa a oublié son chagrin, l’absence, le départ inexpliqué de ce jeune homme pour qui elle avait tant de tendresse, d‘attention et de sentiments enfin révélés. Les soirées dans les petits bistrots de la ville ont été longues avant l’oubli.  Une histoire qui n'a pas commencé et qui ne finit pas.  Elle a attendu longtemps le bruit familier de ses pas et rêvé chaque jour au sourire de cet homme. Elle a gardé le doux souvenir de sa main sur la sienne.  Elle a espéré son retour, des explications, des commentaires qui ne sont jamais venus.

Lisa a tourné la page pour oublier cette histoire qui n’en était pas une.  Seul le vieux parchemin usé se souvient de cette histoire comme d’un grand amour.

   

 

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Mes petits amis JGobert

Certains jours plus tristes que d’autres, quand les sentiments, les émotions entre les hommes ne sont pas ce qu’ils doivent être, déçus, désappointés, nous sommes désarmés de tant d’indifférence, de désamour. Alors des souvenirs nous reviennent en mémoire, des petites choses insignifiantes, minuscules qui ont fait notre vie, qui nous donnent du baume au cœur et nous ramènent, malgré notre tristesse passagère, sur les chemins heureux du passé.

Dans un paradis que j’imagine enchanté, j’ai deux amis disparus. Deux petits compagnons qui m’ont toujours accompagné,  fait la fête chaque jour, d’une fidélité exemplaire. Toujours joyeux, satisfaits, heureux de me voir, de m’accueillir par des petits bonds de bienvenue.  Jamais fâchés de mon absence, de mes départs et toujours en quête de cajoles, de caresses de ma main. Nos habitudes sont bien organisées, arrangées et malgré tout, chacun a sa vie. Comme des petits doubles, ils me suivent  toute la journée, d’une pièce à l’autre, d‘un fauteuil à l’autre, toujours collés à moi.

Un de mes amis vient d’un chenil où il a été déposé par ses maîtres. Notre rencontre et notre complicité instantanée se poursuivit 10 ans sans entorses, sans malentendus. Notre entente parfaite a rendu les personnes de notre entourage parfois jaloux de tout l’amour que nous échangions.  Un souvenir profond qui me bouleverse toujours. Une fidélité sans faille dans la petite tête d’un animal haut comme trois pommes. Sa tendresse se manifeste par des petits gestes, des regards et de grands coups de langue râpeuse et mouillée. J’ai le sentiment que cette bête m’est reconnaissante de lui avoir rendu la liberté, un foyer et une famille. Je n’ai probablement jamais compris pourquoi il a été abandonné dans un chenil.

Mon second petit ami me rejoint très jeune. Acheté sur un coup de tête, il est la copie du premier. Même race, même couleur, il est tout petit, une boule de poils, adorable.  Au fil du temps, il remplace l’ami tant aimé qui m’a quitté quelques mois plutôt. L’immense chagrin de son départ, le vide à mes pieds m’est insupportable. Et le nouvel ami prend possession de ma vie, de mes habitudes et de ma tendresse à sa façon. Toujours à jouer, il court partout. Il ramène cent fois sa balle. Il ne me quitte jamais et nous sommes devenus les meilleurs amis du monde.

Mais le temps n’a pas le même rythme pour les hommes que pour les animaux. Mon petit complice  a pris de l’âge et est devenu mon vieux compagnon des bons et mauvais jours. Il a besoin aide. Sa vie est devenue difficile et compliquée. Un beau matin, il est parti sans crier gare me laissant seule. Des larmes pour que s’écoule cette tristesse maintenant enfuie mais toujours réelle.

Souvenirs agréables et cruels dans une vie d’humain. Mes deux amis sont partis et ils me manquent tellement. Le vide de leurs absences me poursuit comme celles des êtres aimés et disparus depuis si longtemps.  Des déchirures douloureuses qui font la vie et qui s’atténuent avec le temps sans pour cela disparaître. Une forme de solitude qui, malgré une vie bien remplie, reste béante, une faille géante que le néant continue de remplir sur les chemins du passé.

 

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Le petit garçon JGobert

Dans les bras de son père, un petit garçon aux yeux de khôl regarde avec intérêt et une grande inquiétude un grand homme blanc. Celui-ci est planté devant lui, appareil photo en main. Il gesticule dans tous les sens pour prendre des clichés. Il est arrivé depuis quelques jours dans ce pays pittoresque, captivant où s’interposent, se mêlent richesse et pauvreté. Ce forçat des temps modernes avale les kilomètres de ville en ville. Un circuit élaboré le conduit de Palais en Palais sous un soleil de plomb.

Les yeux de l'enfant se sont emplis de larmes. Une peur soudaine, subite, venue des abysses de sa vie naissante, le secoue, l’agite. Petit homme, c’est la première fois qu’il voit de près un humain différent des siens.

Le grand homme blanc, surpris, étonné, dans l'embarras devant les larmes de ce petit enfant, redevient en une seconde, le petit gamin vulnérable qu'il était. Ses souvenirs l’envahissent, le prennent et le rendent  fragile un instant.

Une rencontre, inopinée au centre de cette cité historique, profonde de sens où deux mondes se font face dans un cadre inhabituel, donne à cette situation un caractère exceptionnel.
L'homme bafouille  d
oucement des mots dans son langage étranger et touche de ses mains malhabiles le visage mouillé de l'enfant attristé. Il l'embrasse avec douceur, d'une bonté dissimulée voulant lui offrir tous les trésors du monde. Il essaie de le réconforter avec des mots vides que l'enfant ne comprend pas. L’enfant l’évite de son regard noir.
Autour de lui, le souffle court, les autres touristes, vivent cette scène avec émotion, s’attendrissent, s’émeuvent aussi.

L'enfant, toujours accroché  à son père, se tourne, pivote et sourit enfin.
Le joli minois couleur de miel s'éclaire, s’illumine dans la lumière et la chaleur accablante. Il reprend le chemin de sa jeune vie.  D’un geste amical, un sourire esquissé, il salue l’étranger avant de disparaître.

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Nature JGobert

Loin des soucis de ce monde, la nature, dans nos régions, vit ses ultimes beaux jours. Parée de ses plus étonnants atouts, elle se mire avec délice dans les couleurs chatoyantes et chaudes de l’automne. De délicats parfums s’échappent et masquent cette mort annoncée sur cette végétation encore belle sous un soleil déclinant. Le jour est proche où le naturel va se modifier, se bouleverser. Habituées à ce chaos, les plantes vont se laisser mourir doucement. Une fois encore, une transformation tranquille  où elles peuvent s’endormir longuement. Elles sont prêtes pour l’arrivée des froids glacials de l’hiver. Les intempéries n’auront pas de prises sur eux.

La fin de l’été appelle à de belles promenades. Chemins de campagne, sentiers et sous-bois sont envahis par les amoureux de la terre. Ils se promènent, admirant les splendeurs imperceptibles de cette nature généreuse, prodigue.  Délicate dans sa mesure, la nature aborde le changement de sa vie en douceur. Feuille par feuille, elle se métamorphose.  En cadeau, elle nous donne la beauté, la sérénité des fruits de l’automne, que petits enfants, nous ramassions avec tant de plaisir, bourrant nos poches de ces trésors uniques.

Au détour d’un chemin, un écureuil fait son marché. Récoltant avec énergie sa nourriture qui lui sera salutaire l’hiver venu. Un espace au sein d’un arbre creux lui sert de gîte et de grenier. Un magnifique endroit suspendu auquel il veille avec attention, sa maison depuis quelques années. Chaque changement est vécu avec passion, bonheur au milieu de cette vie parfaite d’une nature exemplaire.

Ce matin, la nature est triste. La pluie tombe à grosses gouttes et ruissèle avec abondance sur les visages et les cœurs. Elle envahit tout et lave les esprits chagrins. Les petits visages se protègent dans le cou de leur mère. Cette pluie salvatrice arrive tôt et assombrit le ciel de l’automne naissant. Un équilibre dans l’évolution des saisons que nous connaissons parfaitement.

Non loin de là, une barricade, érigée de ronces et d’épines, de fils barbelés, de béton, déshumanise l’espace. Tranchant ainsi le paysage, le passage et séparant la nature en deux mondes meurtris, les enfermant chacun de leur côté dans des cris, des pleurs, des larmes d’incompréhension. Des hommes marchent. Un si long chemin passé, des moments si pénibles, la peur dans les yeux et dans le cœur, l’espoir si proche d’un bonheur dans un voyage sans retour.

La nature n’a pas voulu cela. Cette meurtrissure colossale dans sa beauté infinie, cette plaie béante sur sa chair lui donne la mine affligée, accablée. Horribles souvenirs que les hommes de bonne volonté avaient juré de ne plus laisser construire.

Un énorme choc pour les routards sans bagages. Un arrêt brutal de leurs rêves où s’entrechoquent, s’unissent espoir et désespoir, bonheur et chagrin, paix et terreur.  La nature en est marquée d’infinies tristesses, de signes sombres. Les petites larmes ne feront rien pousser de bon sur cette terre d’accueil. La nature n’a que faire de ces chagrins d’un autre temps et n’aspire qu’à donner l’espace de liberté, l’attachement  à un autre sol et l’égalité  d’y vivre, de manger à ces passagers en quête de travail, de bonheur et de paix.

La vie apprend à chacun que rien ne dure. Des solutions viendront niveler ces dérèglements humains et la nature reprendra ses droits immuables. Elle continuera sa transformation en douceur de l’automne à l’hiver, du printemps à l’été pour des jours meilleurs. Des brasées de fleurs sauvages envahiront  les chemins de l’exil, de l’exode que les souvenirs des migrants n’oublieront  jamais.

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Veille de départ. JGobert

Veille de départ. Les valises remuent. Elles attendent impatiemment l’heure de fermeture. Les choses se bousculent, se renversent, se retournent. Joli capharnaüm disposé avec plaisir.  Tout a une place.  Sur le buffet, les documents de voyage. Eux aussi s’impatientent. Enfin partir vers cette lointaine destination. Ils sont prêts, corrects et n’espèrent plus que le moment du départ. Les appareils, caméras et autres sont chargés. Ils trépignent d’impatience.

Jour J moins un. Quelques coups de téléphone aux parents, connaissances. Transfert des clés et recommandations essentielles.  Le chien part en villégiature. Son panier, ses croquettes, ses médocs. Oui, lui aussi, à des contraintes santé.  Un petit pincement au cœur de le laisser dans cette grande maison avec des étrangers. Il sera sage.

Repas avec les enfants. Bébé ne vient pas. Mamy est triste. Les valises se ferment. La maison s’endort. Un grand sourire sur le visage et le cœur serré de partir à cet instant.

Le téléphone sonne, les amis au bout du fil. Eux aussi sont énervés, excités à l’idée de partir.  Un résumé rapide et oral des choses à ne pas omettre, à ne pas oublier. Un à demain sonore. Une dernière nuit difficile et le matin du départ est arrivé. Comme à chaque fois, tout se précipite. Un petit déjeuner léger et le taxi est déjà là. Garé sur les cailloux de l’entrée, il attend. Le chauffeur est amical et propose son aide.

Première escale à Paris. Aéroport de Roissy et déjà la cohue des grands jours. Sur le tarmac, les avions sont alignés et eux aussi attendent. Impressionnants oiseaux rangés, dociles. Le hall est rempli de personnes qui circulent dans tous les sens. Le voyage s’engage pour de bon. Les valises partent seules de leur côté. La destination est inscrite sur les énormes panneaux. Les voyageurs se regroupent et débutent l’attente salutaire avant l’embarquement. Tout est clair dans les esprits et malgré le nombre impressionnant de vérifications, le doute s’installe encore une fois. Un dernier contrôle et le bruit familier de l’embarquement. Un dernier sms aux enfants pour les rassurer. Un dernier baiser.

L’aventure débute. Chaque moment va être unique. Visite du pays des seigneurs, le plus insolite et le plus pittoresque avec ses marques historiques, ses palais, ses couleurs, sa fierté et son romantique sens de l’honneur. Un incontournable voyage dans les brumes chaudes de ces contrées aux mille et une nuits. Une rencontre imparfaite de notre monde avec ce pays et un retour en arrière dans des civilisations  inconnues, extraordinaires. L’histoire d’un peuple aux multiples visages.

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En partance JGobert

En partance pour un monde imaginaire, un petit enfant se repose dans les bras douillets  de sa mère. Atmosphère douce et familiale pour ce petit garçon naît du bon côté de la terre. Un délicieux  repos envahit  de personnages insolites sortis tout droit de sa fantaisie. De tendres rêves que son imagination fait vivre intensément.  Au moindre cri, maman, vigilante,  veille.  L’enfant connait le réconfort et le souffle chaud des baisers de sa mère. Il dort en paix.


A quelques lieux de là, sur une route sombre et froide, s'assoit un autre petit enfant que sa mère tire depuis des heures, de longues heures difficiles.  Ce petit garçon n’en peut plus, épuisé de tant de marche. Ses petites jambes ne veulent plus le porter. Les larmes sur ses petites joues rougies par le froid ne font fondre personne même pas sa mère qui a pour lui d'autres craintes, d’autres frayeurs. Ils sont sur une route, une route d’exile. Un long chemin vers l'inconnu.  Sa mère, minée d’inquiétude et de fatigue, lutte pour rester dans le groupe.
L’enfant fait preuve d’un grand courage malgré ses larmes et son jeune âge.  Sa mère en est fière. Il sera un homme. Le petit garçon s’est relevé et a repris sa marche forcée le ventre vide. Il sait que sa survie passe par ces épreuves. 

 Silencieux, il suit sa mère et le groupe. Sa mère lui prend la main pour le rassurer. Elle ne l’abandonnera pas.  Enfin un peu de repos et il s’assoupit, épuisé sur le manteau élimé et le cœur de sa mère.

Ses rêves ne sont pas les mêmes que ceux d’autres enfants. Mais il part néanmoins lui aussi vers un pays imaginaire où la vie est devenue précieuse, la liberté respectée. Un monde de justice, un monde de paix, un monde de cocagne avec peut-être beaucoup de déceptions à vivre avant de devenir un homme juste qui fera honneur à sa mère.

En partance pour ce monde meilleur, où nous sommes les acteurs actifs ou inactifs, sensibles ou insensibles devant toute cette triste misère de ces peuples en quête de paix. A nos mémoires défaillantes, au temps de nos grands-parents et parents qui ont foulé les chemins de l’exile et les chemins des camps.
Que de mains charitables, que de cœurs purs ont aidé durant ces effroyables années. Ne laissons pas les marques béantes de notre indifférence prendre place dans le cœur de ce petit garçon pas plus haut que trois pommes.

Donner l’espoir d’une vie meilleure à ce petit enfant. Ne pas le laisser devenir de la chair à canon, l’éduquer fermement de ses valeurs et des nôtres pour qu’il ne bascule pas dans la violence et la terreur.

Un jour, les deux petits garçons seront vraisemblablement assis côte à côte sur un banc d’école et ensembles résoudront le délicat problème de l’étranger par une belle amitié.

Rien n'est jamais facile à comprendre et à accepter. Le temps est venu de montrer que nous pouvons accueillir  ce petit bonhomme.

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Annette JGobert

Fatiguée et peu enclin à rigoler, son visage est tendu, ses yeux cernés.  Ses cheveux mal coiffés lui donnent l’âge qu’elle n'a pas. Ses journées se remplissent rapidement de tout un tas d’ennuis qu’elle porte à bras le corps. La vie rêvée n’a pas existé. La réalité est tout autre et la misère a commencé quand elle est entrée comme employée dans cette petite entreprise de banlieue.  Un travail de bureau facile et sans conséquence pense-t-elle.

Cela fait longtemps qu’elle n’est plus partie se promener à la campagne,  sur les flancs de cette vallée qui lui est si chère. Ses racines sont là, attachées à cette petite maison vieillissante. Que de regrets dans ses pensées dès qu’elle y songe. La vie n’est vraiment pas juste.

Des ouvriers de passage, jeunes en majorité, ne parlent pas notre langue. Elle a posé des questions au début  mais elle n’a pas reçu de réponses correctes. 

Un matin, à son arrivée, un jeune homme malade est étendu dans le hall. Son regard, attiré par la maigreur de l’homme, lui donne des frissons. Personne n’appelle  le médecin et un de ses collègues lui conseille de rentrer dans son bureau rapidement.  Intriguée, elle reste sur sa curiosité, son besoin de savoir. Mais l’homme a disparu brusquement sans explication.  Son travail terminé, elle quitte cet endroit installé dans un ancien hangar et assez vieillot.  Un garage à l’ancienne qui recèle des trésors insoupçonnés. Elle ne sait pas encore ce qu’elle va découvrir.

Son travail consiste à tenir la comptabilité à jour. Des entrées, des sorties et quelques clients parcourent cet endroit ouvert à tout vent.

Les ouvriers changent régulièrement et elle a l’impression qu’ils ne font que passer. Chaque semaine, de nouvelles têtes qui ne s’intègrent pas et qui disparaissent rapidement. Sa curiosité est activité par l’arrivée sur le parking de camionnettes bâchés qui ne déposent, ni ne prennent de colis. Un spectacle étrange que ce ballet de fourgons de passage.  

Annette veut savoir. Prétextant un surplus de travail, elle reste tard un soir et profite pour visiter l’arrière de ce hangar. Des salles closes ne sont pas accessibles, toutes fermées de gros cadenas.  Son intérêt est maintenant captivé dans des bruits sourds, comme étouffés. Des murmures que l’on veut silencieux. Une conversation inaudible traverse la cloison.

Elle est convaincue qu’il se passe des évènements bizarres dans l’entreprise où elle travaille,  des agissements qui ne sont pas honnêtes.  Elle se promet d’y revenir un soir et d’en connaître le secret.  La journée lui paraît longue, interminable. Elle est nerveuse. Des nouvelles camionnettes ont fait leur apparition ce matin. D’autres sont parties tôt.

L’angoisse l’envahit. Et si..

Arrivée enfin à la fin de sa journée, Annette s’échappe vers l’arrière du bâtiment et reste dans l’ombre. Un employé a ouvert une porte et dépose de l’eau dans un seau. Cette fois, elle va savoir.

Pénétrant ainsi dans cette salle sombre, obscure,  elle se trouve nez à nez avec des personnes en errances, des migrants fatigués. Couchés à même le sol, les plus fragiles se reposent. Tous ces allochtones sont épuisés. Chacun a un regard noir comme la nuit. La solennité des lieux donne le frisson et Annette, humble, les regarde comme dans un miroir à double face. Reflet de l’humanité déchantée, maîtres de leur destin, ces hommes cherchent une vie meilleure. Miroirs vivants, ils réinventent un autre monde. Abandonnés, largués, refusant les litanies funestes, ils sont partis vers d’autres lieux avec l’espoir comme bagages.

Annette a décidé de les aider comme le font tous les autres membres de l’entreprise. Donner son temps, son énergie pour que ces gens trouvent enfin un point d’attache meilleur que celui qu’ils ont quitté. La tâche est immense.  Ces gens sont ramassés sur le bord des chemins par des bénévoles qui les soulagent quelques jours des affres du voyage.

Réalité ou pérégrination imaginaire. Peu importe la vérité. Annette n’arrête plus depuis ce jour. Elle donne sans compter à ces gens jetés sur les routes et à la recherche de sécurité, d’une vie d’homme libre et d’un repos bien mérité.

 

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Le bouffon JGobert

Un bouffon a encore hurlé. Une façon peu élégante de montrer son autorité, son pouvoir. Hurler. Hurler à la face du monde sa haine, sa rancœur. Hurler son mécontentement haut et fort. Hurler de la pire des manières, oubliant que ses mots sont sans réflexion.  Un bouffon ridicule qui n'est pas content, il n'aime pas ce qu'il se passe. Tout est affreux, hideux, honteux.  Tout est à bannir. Tout est à chasser.
Ce bouffon odieux n'est pas heureux, satisfait. D’une part, sa vie est morne. Il n'a jamais eu beaucoup de chance selon lui. Il n’a pas cherché, non plus, à trouver ce qui lui convenait le mieux.  Vivre sa vie pensée, exprimer ses propres désirs lui ont échappé. D'excuses en excuses, le temps a filé, galopé ne lui laissant que trop de regrets.  Il cherche dans sa hargne, sa colère à qui la faute, les causes pour justifier le fait d'avoir raté son passage sur terre. Cette vie l’étouffe, l’asphyxie et il en fait payer le prix à son entourage.
Autour de lui, un silence lourd s’est posé. Le voisinage, complice, se met à l'abri. Le bouffon hurle de plus en plus fort. Il a toujours raison. Persuadé de l’incompréhension de ces condisciples, il active son ardeur à rependre son fiel qui le momifie dans son âme tordue. Les malheurs des autres le tétanisent dans tant de ferveur négative. A force d'écouter ses discours belliqueux, les personnes qui l'entourent, sont désarçonnées dans leurs propres croyances et dans leurs esprits. Ils ont affaire à un maître, un bouffon aux pensées noires. Manipulateur, menteur, lâche, il donne le change à qui ne le connait pas.

Il s’attaque à l’étranger. Il le rend responsable de tous les maux. Il se sent dépossédé de choses, de biens qui ne lui appartiennent pas. Il juge, condamne sans appel. Il est impitoyable envers la différence, la diversité. Il n'est pas besoin d'en dire plus, le bouffon est pénétré de grâces, de dons maléfiques. Le monde autour de lui n’est que désolation et félonie. Aucun espoir que la société change en mieux avec de tels résidents, de tels ressortissants. Les victimes comme les bourreaux sont responsables de l’insécurité, de l’appréhension de l’avenir. Le monde court à sa perte.
Lucide celui qui l'écoute, il ne vaut pas les mots que l'on lui accorde. Il n’est pas nécessaire de perdre son temps avec de tel personnage, un tel tireur de cartes.

Oiseau de mauvais augure, le bouffon hurle. Personnage risible, burlesque auquel sa conduite fait perdre toute considération.

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Le rêve d’Eléonore. JGobert

Réveillée en sursaut et en sueur, les dernières images de son rêve la font frissonner. Eléonore a rarement le souvenir de ses cauchemars mais ce matin, elle revoit parfaitement la scène et ressent toute la violence de cet instant comme une réalité. Une réminiscence brutale que son être intérieur couve, niche peut-être depuis des années et garde caché, dissimulé.

Sentir ainsi le danger répond à l’instinct de survie. Eléonore imagine la scène dans un tout autre contexte et reformule les images.  L’escalier droit, raide, la conduit vers le bas où une vieille dame, les pieds dans du verre cassé, la dévisage. Le regard de la dame est apeuré. Elle ne bouge pas, effrayée, inquiète, elle craint pour sa vie. Eléonore, toujours en haut de l’escalier, sent une présence derrière elle. Une jeune fille, farouche, fauve la suit  à quelques marches d’elle.  Eléonore se sent, à ce moment précis, vulnérable, fragile et dans le regard de cette fille voit sa faiblesse et sa peur.

D’un pas vif, elle descend l’escalier et est suivie par cette fille qui la colle maintenant. La voici cernée par deux étranges femmes dans cet espace et son cœur bat de plus en plus vite.

Durant quelques secondes, Eléonore voit défiler les images les plus dures de sa vie. Les incidents, les évènements qui l’ont marquée. Un déroulement automatique de tous ces instants difficiles et toujours avec le sentiment étrange qu’elle s’en est tirée. Les cauchemars de son enfance où petite, en larmes, elle s’éveillait et pleurait à gros sanglots. Le goût salé de ses larmes sur ses joues la fait sourire aujourd’hui. Et ceux de cette adolescence compliquée où la peur du changement lui glaçait le sang, la nuit dans ses rêves. Des songes d’un autre temps.

Eléonore a vécu un festival d’épisodes difficiles et ses chimères lui ont enseigné des façons d’être différentes. C’est la première fois que vivre ainsi par procuration la violence la rend perplexe, désorientée, choquée même.

Arrivée en bas de l’escalier, sentant le danger imminent, Eléonore se retourne et attrape la jeune fille avec force. Elle la maintient  vivement et la cogne avec fermeté contre le mur. Le visage de cette demoiselle, ensanglanté, l’étonne et elle relâche son emprise. La violence marquée par ce sang lui donne une force, une puissance qu’elle ne connait pas dans la réalité. Eléonore est étourdie par sa brutalité. La vieille dame a disparu.

La matinée, teintée de gris, se déroule normalement mais Eléonore croit percevoir un changement. Elle a l’impression de n’être plus la même. Une nouvelle Eléonore est née. Une Éléonore féroce que la peur ne fait plus reculer et qui se sent invulnérable.

La réalité de la vie a vite fait de remettre les pendules à l’heure. Ce sentiment de violence, qu’Eléonore a ressenti, est passager et ce mauvais rêve s’est vite effacé, oublié. Ce n’était qu’un vilain cauchemar.

 

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L’air du vent JGobert

Au carrefour du jour et de la nuit, sur les routes défoncées, les plaines brulées, déambulent des hommes soldats. Un grand nombre enrôlé, recruté, engagé dans des batailles meurtrières, sanglantes.  La mort circule, rôde et s’installe. Elle ravage celui qui la frôle. Un vent de mort monte et couvre les champs de guerre de dépouilles. Les hommes sont devenus fous, cruels, barbares. La haine et les ordres assassins se répandent sur la terre. Tuer. Dénaturer. Détruire. Réduire à néant. L’air du vent ne parvient plus les apaiser.

Le jour se lève dans l’humidité, dans le froid mortel. Les mains, les pieds ont du mal à se réveiller. Les âmes et les cœurs sont figés dans l’horreur.  Les vivants marchent vers le nord, vers le sud, vers l’est, vers l’ouest. Tout est à feu et à sang.

Les populations sont maltraitées, arrêtées, déportées. Des camps enferment, des ghettos étouffent. Les captifs meurent par centaine, par millier. Une agression injuste que subissent les populations sans défense.

Pendant que sur les grandes avenues paradent les légions, les uniformes flamboyants et les bannières rutilantes, applaudis par des peuples aveuglés, pleurent des petits enfants. Des criminels pensent des plans abjects. Ils sont étudiés, expérimentés, installés pour tuer en masse, d’une manière froide et radicale.  L’âme destructrice de ces tortionnaires, éclaboussée du sang des innocents, sèche à l’air libre et la rend résistante, avide de reconnaissance. L’air du vent ne les atteint plus.

De nombreuses années se sont écoulées depuis ces atrocités et les témoignages filmés nous ramènent toujours devant ces portes de l’horreur, pour ne pas oublier.

D’autres conflits ont vu le jour. Les hommes continuent à tuer, à massacrer. Beaucoup meurent encore aujourd’hui. Des mots toujours aussi barbares s’écoutent, se répandent.  D’autres s’expriment pour dénoncer des génocides, des pogromes, des nettoyages ethniques.

La  violence prend des formes toujours nouvelles et réapparait une autre terreur. Des attentats meurtriers tuant à l’aveugle  Des assassinats, des tueries, des meurtres se répètent chaque jour. Le monde entier est concerné. L’époque a changé mais pas le crime, la haine de l’autre attisée par des mots. Les esprits guerriers renaissent et reprennent le combat.

L’air du vent a pour mission de propager le progrès, l’instruction, l’éducation, rétablir l’amour du prochain et le dialogue entre les hommes. Son travail est immense, seul rempart pour l’homme du XXI siècle.  

 

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