Hier matin, au abord d’un parc, sur la route de campagne qui longe le mur d’enceinte, j’ai aperçu un petit homme surprenant. Chapeau vert et bottes de cuir, il cheminait d’un pas ferme vers l’entrée du domaine.
Parvenue au porche du parc, une foule compacte attend et se presse pour entrer. Des visiteurs venus des environs, curieux et intéressés se bousculent, impatients de voir tous les locataires de cet endroit.
Mon imagination débordante me joue parfois des tours. C’est halloween. Le parc accueille un grand nombre d’enfants grimés. Squelettes, sorcières, monstres, fées diaboliques, fantômes se mêlent à la foule. Merlin l’enchanteur et sa baguette me précède dans les allées envoutées du parc. Au détour d’un chemin, je me trouve nez à nez avec Lord Voldemort et Mangemorts. Plus loin Obi-Wan et Yoda se promènent tranquillement alors que Dark Vador attire autour de lui une nuée d’enfants.
Le parc est transformé de mille couleurs et une ambiance insolite se repend dans les allées. Les animaux du parc sont en attente, nerveux et soucieux. Il plane une atmosphère anormale.
D’énormes citrouilles ont envahi les allées. Des coloquintes de toutes sortes s’ajoutent au décor singulier du parc. Des toiles d’araignées géantes comblent les coins les plus sombres et dissimulent leurs propriétaires. Dans les arbres, des lanternes aux couleurs de l’automne et des guirlandes ornées de chauve-souris se suspendent un peu partout.
De nouveau, ma vision se dessine devant moi. Un lutin gambade, cabriole face à moi. Le parc est bondé. Les allées sont repues d’enfants qui courent, cavalent.
Les animaux nous examinent comme des bêtes étranges. Lassés, blasés, ils nous tournent le dos. Ils s’endorment sous ce dernier soleil d’automne. Le temps a une dimension carcérale pour certains.
Un sifflement capte mon attention et juché sur une branche, ma vision m’observe. Seule, je le regarde. Il ne parle pas. Il me fait signe de le suivre. Arrivé à la hauteur des cages de perroquets, d’un geste précis, son petit doigt s’enfile dans l’ouverture et fait sauter le cadenas. La porte s’ouvre et l’oiseau s’envole vers le ciel.
Il fait de même avec d’autres cages et libère les volatiles. Les cris des libérés se répandent dans l’espace et de bond en bond, il atteint les enclos. Mon esprit déchiffre enfin les agissements de ce lutin. Sa mission est de libérer les animaux enfermés.
Les portes s’ouvrent. Les bêtes se répandent dans les allées. Le parc a pris une autre dimension, des hommes galopent, les parents s’enfuient tirant les enfants ébahis devant ce capharnaüm. Des cris, des pleurs, des larmes et la magie d’halloween prend soudainement l’image d’une catastrophe. Les animaux libérés déambulent tranquillement sur les pelouses, d’autres plus dangereux sont rapidement cernés et remis en cage. Au milieu de ce tapage, masques et déguisements sont tombés. Le lutin, inaperçu, invisible, savoure son œuvre.
Je contemple le carnage accompli et la horde de gens qui courent dans tous les sens. Un ballet terrien mal dirigé où le chef d’orchestre a perdu sa baguette.
Le lutin n’a pas dit son dernier mot et tout à coup, les hommes se retrouvent enfermés dans des cages étroites, réduites. Ils manifestent leur mécontentement. Ils crient, hurlent, vocifèrent. L’incompréhension est totale. Une vie captive, douloureuse se dessine devant eux dans des tableaux imaginaires, inventés par leurs esprits internés. La vie qu’ils ont créée pour d’autres ne leur sied pas. Tous crient, innocents.
Le machiavélique génie, espiègle, malicieux a fini ses farces et d’un geste diabolique rend le présent à la réalité du monde. Il disparaît.
Commentaires
Bonjour Gilbert,
Halloween et ses farfadets, j'aime assez cette ambiance mystérieuse qu'on invente pour se faire peur. Un besoin d'enfance qui resurgit et qui ne déplait pas.
Amitiés
Josette
Bonsoir Josette,
Une belle histoire à la Stéphen King ou à la Edgar Poe qui n'auraient pas fait mieux !
Le jour de l'année où l'imaginaire rejoint une réalité quelque peu édulcorée.
J'aime beaucoup...
Amicalement,
Merci Adyne pour ton commentaire.
Excellente journée un peu grise mais c'est l'automne.
Amitiés
Josette
Un scénario inattendu!! Beau récit!
Merci Josette
Bonne soirée.
Amitiés.
Adyne