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Nature JGobert

Loin des soucis de ce monde, la nature, dans nos régions, vit ses ultimes beaux jours. Parée de ses plus étonnants atouts, elle se mire avec délice dans les couleurs chatoyantes et chaudes de l’automne. De délicats parfums s’échappent et masquent cette mort annoncée sur cette végétation encore belle sous un soleil déclinant. Le jour est proche où le naturel va se modifier, se bouleverser. Habituées à ce chaos, les plantes vont se laisser mourir doucement. Une fois encore, une transformation tranquille  où elles peuvent s’endormir longuement. Elles sont prêtes pour l’arrivée des froids glacials de l’hiver. Les intempéries n’auront pas de prises sur eux.

La fin de l’été appelle à de belles promenades. Chemins de campagne, sentiers et sous-bois sont envahis par les amoureux de la terre. Ils se promènent, admirant les splendeurs imperceptibles de cette nature généreuse, prodigue.  Délicate dans sa mesure, la nature aborde le changement de sa vie en douceur. Feuille par feuille, elle se métamorphose.  En cadeau, elle nous donne la beauté, la sérénité des fruits de l’automne, que petits enfants, nous ramassions avec tant de plaisir, bourrant nos poches de ces trésors uniques.

Au détour d’un chemin, un écureuil fait son marché. Récoltant avec énergie sa nourriture qui lui sera salutaire l’hiver venu. Un espace au sein d’un arbre creux lui sert de gîte et de grenier. Un magnifique endroit suspendu auquel il veille avec attention, sa maison depuis quelques années. Chaque changement est vécu avec passion, bonheur au milieu de cette vie parfaite d’une nature exemplaire.

Ce matin, la nature est triste. La pluie tombe à grosses gouttes et ruissèle avec abondance sur les visages et les cœurs. Elle envahit tout et lave les esprits chagrins. Les petits visages se protègent dans le cou de leur mère. Cette pluie salvatrice arrive tôt et assombrit le ciel de l’automne naissant. Un équilibre dans l’évolution des saisons que nous connaissons parfaitement.

Non loin de là, une barricade, érigée de ronces et d’épines, de fils barbelés, de béton, déshumanise l’espace. Tranchant ainsi le paysage, le passage et séparant la nature en deux mondes meurtris, les enfermant chacun de leur côté dans des cris, des pleurs, des larmes d’incompréhension. Des hommes marchent. Un si long chemin passé, des moments si pénibles, la peur dans les yeux et dans le cœur, l’espoir si proche d’un bonheur dans un voyage sans retour.

La nature n’a pas voulu cela. Cette meurtrissure colossale dans sa beauté infinie, cette plaie béante sur sa chair lui donne la mine affligée, accablée. Horribles souvenirs que les hommes de bonne volonté avaient juré de ne plus laisser construire.

Un énorme choc pour les routards sans bagages. Un arrêt brutal de leurs rêves où s’entrechoquent, s’unissent espoir et désespoir, bonheur et chagrin, paix et terreur.  La nature en est marquée d’infinies tristesses, de signes sombres. Les petites larmes ne feront rien pousser de bon sur cette terre d’accueil. La nature n’a que faire de ces chagrins d’un autre temps et n’aspire qu’à donner l’espace de liberté, l’attachement  à un autre sol et l’égalité  d’y vivre, de manger à ces passagers en quête de travail, de bonheur et de paix.

La vie apprend à chacun que rien ne dure. Des solutions viendront niveler ces dérèglements humains et la nature reprendra ses droits immuables. Elle continuera sa transformation en douceur de l’automne à l’hiver, du printemps à l’été pour des jours meilleurs. Des brasées de fleurs sauvages envahiront  les chemins de l’exil, de l’exode que les souvenirs des migrants n’oublieront  jamais.

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Commentaires

  • Merci Michel. Les mots, la nature, les brasées de fleurs, les chemins de l'exil. Un petit message qui passe si bien par cette forme de poésie simple à qui veut entendre.

    Amicalement

    Josette 

  • Vos écrits sont saisissants j''aime votre nature décrite et vos mots qui l'accompagnent 

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