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Publications de Khadija ELHAMRANI (79)

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Ô larmes desséchées ! Comment vous retrouver

Alors que cette fois j’ai besoin de pleurer 

Et vous voir arroser ce cœur aride de plaintes,

Cette bouche dont la parole a oublié l’adresse ?

Comment ne pas pleurer cet oiseau qui était

Hier encore symbole de l’envol et des joies ?

Comme si d’être orpheline très tôt n’avait suffi,

Ou de perdre de suite trois embryons sans noms

Etait un moindre mal pour l’âme prisonnière

Du silence des morts des vieilles traditions !

« Se plaindre, lui dit-on, n’est pas bon pour une femme 

Dont l’éducation doit l’élever sans vacarme

Pour qu’on célèbre  dans le silence sa patience ! »

Et pleuvent les parallèles aux prophètes et aux saints !

Jusqu’à ce que le Moi s’emmure dans le silence

Et dans l’abnégation disparaisse tout Non !

Cet oiseau qui hier faisait la joie de tous ;

Beau, joyeux, élégant, bon vivant et parfait,

Ne vole que d’une seule aile, les pieds quasi liés,

Et regarde peiné sa nichée quémander

Jeux, soins et attentions, est-ce trop demander ?

Trop, bon Dieu, pour l’oiseau de daigner lui laisser

Aux moins ses deux petites ailes pour pouvoir caresser

Ce duvet qui rappelle sa vieille mobilité ?

© Khadija ELHAMRANI,  vendredi  03/5/2013.

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EXTINCTION PRECOCE

EXTINCTION PRECOCE
(Pour ces enfants violés dans le silence des adultes et l’indifférence des responsables)

Que peut bien refléter
Un miroir brisé ?
Un cœur en miettes ?
Des rêves déchirés ?
Des envies frustrées ?
Des ailes cassées ?
Un  bec ulcéré ?
Un ciel brumeux ?
Des regards terreux ?
Une vie écrasée ?

Un avenir brisé !
Des regards vitreux !

Du ciel en pleurs,
Du bec séché,
Des ailes déplumées,
Des envies folles,
Des rêves enterrés,
Du cœur de pierre,
Un miroir aveuglé
A l’heure du départ,
Que peut-il bien voir ?

Khadija, Agadir, Mercredi  13/2/2013
© Khadija ELHAMRANI

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INSPIRATION

INSPIRATION

(un petit aperçu des archives ELHAMRANI)

Blanches pages
Où les mots sages
S'étiolent tels de légers nuages
Blanches feuilles
Où sur le seuil
De l'oubli les maux se propagent
Blanches toiles
Où sous le voile
De l'ombre les sons sourds sombrent
Blanches murailles
Où derrière les
Peintures les belles pensées s'enrayent
Et moi qui cherche
Sans ma perche
A m'accrocher aux souvenirs
Et j'entends rire
La muse qui ruse
Avec mes mots
Et je l'accuse
Tant elle abuse!
Muse où es-tu?
Mais où veux-tu en venir avec ma patience?
Et que fais-tu par ces chemins si tortueux?
Car je te cherche,
Pas depuis peu
Cela fait des terres et des cieux
Des milliers de milliers de lieues
Ton long chemin
Semé de songes
Et de mensonges
Me mène si loin
Embrume mes yeux
Mais j'ai mes mains
Et je saurai
Les essuyer
Me relever
Recommencer
Et soulever
Le poids de l'oubli
Réactiver
La machine des mots, des idées
Rouvrir une toute nouvelle clause
Une nouvelle page jamais close!

Khadija ELHAMRANI 2009
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Rencontre

Rencontre

 

Appel éclair

Des êtres fous

Cœurs à genou

Sourires offerts

 

Les yeux se cherchent

Cœurs à la perche

 

Appel éclair

Cœurs à l’écoute

Fi des déroutes

Pas des mystères

 

Les yeux repèrent

Le cœur se perd

 

Des bras ouverts

Des sens ignés

Défiant les codes

Vivant l’exode

 

Les corps en feu

Les bras fougueux

 

Bras enlacés

Cœurs embrassés

Seins embrasés

Sans nul aveu

 

Que le secret

D’une destinée

 

Quel beau voyage

De ces fous sages

Vécu au gré

D’une brève rencontre

 

Khadija, Marrakech le Mardi 29/1/2013

© Khadija ELHAMRANI

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POURVU QUE TU RESTES!

Pourvu que tu restes !

(Quand un bonheur infime, nous parle et nous

Intime de tenir à la vie, d’y croquer à pleines dents)

 

Etrangère ! Tu le fus ;

Etrangère tu seras !

Et le peu de lumière

Que capturent tes paupières

Tu l’offres au temps qui fuit ;

Et le peu de ton souffle

Qui te hante et t’étouffe,

Vole en rêves luisants, 

Vole en vers fuyants!

 

Ainsi tu ne tiens plus !

 

Alors écoute et reste !

Prend tout ce qui me reste

De sève et de sang,

De souffle et de dons,

De rêves et d’aura,

De temps, de ton, de bras,

De bon, de bien, de draps,

Mais reste, reste là !

Mais reste avec moi !

 

Ainsi tu ne mourras plus !

 

 

J’ai besoin de tes yeux

Pour refaire le monde

Au goût de l’innocence.

J’ai besoin de tes cris

Pour tenter de construire

Un pays de cocagne.

Mes couleurs se déteignent,

Mes globules se déteignent,

La fin vient sans bruire !

 

Mais pire si tu n’y es plus !

 

Je te donnerai mon sang !

Que mes yeux se débrident,

Que mes jours se dérident,

Que mes heures se dévident !

Je ferai une étoffe,

Et la soie de tes mots,

Douceur incandescente,

Recouvrira nos os

Et que vienne la descente !

 

Trépas, je ne le crains plus !

 

Khadija, Agadir, Samedi  26/01/2013 à 19h37

© Khadija ELHAMRANI

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REVE D'UNION


Mon doux amour,
Aimes-tu l’or du soleil levant ?
Retrouvons-nous vers le lever,
Quand se réveille l’astre doré,
Pour entre tes bras me serrer
Avant que ne s’éveille le monde
Jaloux de nos ardents baisers.

Où rejoins-moi au crépuscule,
Heure où les joues du ciel brûlent
Voyant le soleil s’embraser
De nos tendres étreintes enflammées.

Errons dans nos deux corps meurtris
Qui de se languir se déchirent
Loin de la source qui en abreuve
La soif où leurs douleurs se meuvent.

Khadija, Agadir le Vendredi 11/01/2013 à 00 :45
© Khadija ELHAMRA

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BELLE FISSURE


Comment oublier ? Dites-moi !
Le souvenir, cette fine épée
Au double tranchant aiguisé,
Se retournait nonchalante
Dans ma mémoire palpitante
Nichée sous mes côtes souffrantes,
Comme dans une fraiche plaie béante.

O oubli ! Belle fissure entre mon mal et moi,
Seigneur des recoins enfoncés,
Gardiens de l’ombre et de l’obscurité
Des âmes et des mémoires lésées,
Maitre des blancs sur les pages du passé !
Viens me sauver des heures écoulées
Dans les tourments de la pensée .

Khadija, Agadir le Samedi 05/01/2013 à 00 :45

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FEUILLE DE ROUTE


Vole mon cœur,
Tiens d’une main cette ardente flamme
Et de l’autre main guide-nous et rame !
Demain n’est loin qu’aux yeux aveugles.
Les cris des mouettes annoncent la « Terre ! »,
Ta promesse est proche et sereine.

Vole de tes ailes,
Survole les océans noircis
Par tant de haine et tant d’oubli
Et oublie les blessures terrestres.
Il est des cieux immaculés
Qui accueilleront nos amours folles.

Vole, et de tes rêves,
Redessine-nous un nouvel atlas,
Un aéroport pour nos deux cœurs,
Un doux asile pour nos deux corps
Usés par l’âge et les voyages,
Pour qu’enfin s’apaise ta rage.

Khadija, Agadir le Samedi 05/01/2013

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Martyr

 

Elle lui tendit ses bras de soie

Etala sur son lit si tiède

Des draps qui craignaient le froid

L’enlaça sans point se lasser

De le traiter de tant de soins

C’était son bébé de demain

 

Il se pencha sur son torse nu

S’endormit sur ses flancs charnus

Comme se coucherait sur une page

Une lettre écrite d’une main molle

Que la passion a rendue folle

Et entama son long voyage

 

Elle se réjouit de sa torpeur

Offrit son sein parmi les fleurs

De son jardin aux mille merveilles

Qui n’attendait que son soleil

Pour refleurir et s’égayer

Entre le printemps et l’été

 

Il lui tendit un cou de marbre

S’étira comme s’étire le sabre

Dans l’étui d’un vieux guerrier

Et s’adonna au long baiser

Le plus long connu des vivants

Sauf  que lui était bien mourant !

 

Khadija, Agadir, Jeudi 03/01/13

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MON APOLLON

 

Il existe des paysages où les ardeurs ne s’apaisent guère,

Où la fournaise des cœurs en braise fait vibrer même les âmes fanées,

Où la douceur des mots d’amour fait rejaillir les cœurs damnés,

Où le soleil est au zénith des cœurs et des yeux affamés

D’amour, de rêve et d’évasion, de découverte et de mystère,

Où les sources d’amour s’épousent, elles qui ne tarissent jamais,

Où les rivières de sang à flot coulent et irriguent les terres rugueuses

D’où, dans les oasis coule une eau si douce, si fraiche et si précieuse :

Miracle de la nature comme dans le désert naissent les sources fières.

Ce paysage est mon asile quand la tempête menace mes terres

J’y ai mon gîte et mon couvert, mon Apollon, mon protecteur,

Nourrit mes  nouvelles passions naissant sous son verbe enchanteur,

Coulant de son encre adorée qui, divinement, d’un mot recrée

Et  réécrit sur une nouvelle page du ciel nos rêves grisés

Que les colombes, les canaris prient de ne les voir brisés.

 

Khadija, Agadir, Mardi 01/01/13

© Khadija ELHAMRANI

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LE PARDON



Le long cri de douleur que m’arrachent mes peines
Le long cri sans couleurs qui coule dans mes veines
Le long gémissement des herbes sous mes pieds
Le long gémissement de mes chers enterrés
Le long chemin franchi à oublier les heurts
Le long chemin restant à marcher sous les pleurs
Le long silence criard de ce tonnerre qui gronde
Le long silence pillard de mes lettres fécondes
Le long rire affamé des renards et des hyènes
Le long rire acclamé par mes metteurs en chaine
Le long chant des montagnes sifflant dans les vallées
Le long chant de cocagne sifflant dans les allées
Le long soupir ailé des tempêtes enragées
Le long soupir et les murmures de nos secrets
Me rappellent qu’il faut tout pardonner, oublier
Me rappellent qu’il faut vivre et qu’il faut aimer.

Khadija, Agadir, Vendredi 28/12/12
© Khadija ELHAMRANI

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PLUIE DE MOTS

 

Perdue dans mes vaines réflexions

Grises et quelques fois bien noires

Noyée dans de forts torrents

De déboires et de désespoir

Je perçois sous mon ciel tapissé de nuages

Tomber une fine pluie de mots

Comme une averse d’étoiles

Brillantes et étincelantes

Scintillantes et parfois filantes

Je leur tends tous mes bras

Et comme le sable file entre les doigts

Je sens couler comme des filets d’eau

Les soyeux filets de ces mots

Joignant la terre au firmament

Dans un universel langage

Unissant les coins de l’univers

Dans une idylle de mots en vers :

Il y en avait des mots de paix

Des mots amour

Des mots espoir

Des mots bonheur

Des mots sérénité

Des mots tolérance

Des mots solidarité

Des mots innocence

Des mots prospérité

Des mots aisance

Contre les misères de la terre

Des mots pour redéfinir les mots

Tel le mot « prochain »

Le mot « frère »

Le mot « ami »

Le mot « terre »

Un vrai ballet or et lumière

Qui dissipa les tons amers.

 

Khadija, Agadir, Lundi 24/12/12

© Khadija ELHAMRANI

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Rêve de postérité

Rêve de postérité

 

Derrière un voile de flou, de vague,

Je vous regarde et je perçois,

Comme à travers un voile de soie

Ou derrière une vitre embuée

Où des vapeurs multipliées

Ont déposé des couches de gris,

Ou comme après un long tournis,

Un monde où les vaguelettes en ondes

Voguent,  plissées d’un ricochet,

S’en vont flottant comme un mirage.

Et plus l’envie d’y voir plus clair

Me prend et plus grandit ma rage

Et je voyage dans un tunnel

Où la brume enveloppe la clarté.

Mais, à force de bonne volonté,

Je me propulse et vois le ciel

M’ouvrant les bras de l’éternel.

Je fonce comme une comète ailée ;

La lumière est ma chevelure

Et les étoiles de la quiétude

Sont les dauphines de mes succès,

Les témoins de mon grand accès

Au rêve de la postérité.

 

Khadija, Agadir, Vendredi 21/12/12

© Khadija ELHAMRANI

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Complainte

Mon cœur,

Ce frêle prisonnier que ses côtes emmurent

Implore

Ton cœur sculpté dans un marbre si dur

D’ouvrir

La porte fermée sur lui de mille serrures.

 

S’envolent

Les papillons dans les contours des songes,

Et traînent

Dans leurs sillons le bleu de mes doux songes

Où s’ouvrent

A mes grands yeux des univers étranges.

 

Ton cœur,

Ce fin geôlier enfermant mes pastels

Empêche

Les pinceaux de mes cils de peindre le ciel

Et prive

Les rives de mon sourire de couler comme du miel.

 

Il chasse

Les pigeons de mes idées de leurs nids.

Ton cœur,

Aigle des vents, rapace des insomnies,

Me cache

Le soleil qui réchauffe mes vieux débris.

 

Mon cœur

En devint rance et meurt de délaissement.

L’amour

Qui affaiblit les hommes à l’affrontement

Serait

L’unique remède à ce cœur en extinction !

 

Khadija, Agadir, Samedi 08/12/12

© Khadija ELHAMRANI

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PHOSPHORESCENCE


Tu boudes le monde et ses misères
Et tu aspires à la lumière.
Derrière l’écorce basanée
Et la poussière de tant d’années,
Tu pousses les barrières du possible,
Tu te mesures à l’impossible.

T’accueillent le ciel et le soleil !

Plus rien ne contente tes yeux
Que la lumière que tu diffuses.
Tu fuses comme lingot sous les feux,
La fleur en toi halète au jour
Et tes nuits ne sont jamais sombres.
De tes poèmes naissent les idées
Et les étoiles cherchent ton ombre
Pour abriter leur nullité
Sans te donner de vanité.

Tu es l’âme de la poésie
Et tu respires la poésie
Que tu sèmes sur ton sillon
Comme le pollen que sème le vent
Produit l’univers étalé
En livre dont les pages vermillon
S’ouvrent à qui veut boire à la lie
L’élixir de ta poésie.

Khadija, Agadir, le 05/12/2012
© Khadija ELHAMRANI
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LA CHIKHA*



Comme une ballerine sur ses pointes
Mais avec la douleur en moins
Elle se meut avec tant de grâce
Dans l’immensité de sa douceur
Dans la beauté de ses gestes
Et fait tourner les cœurs épris
Des cœurs avides d’étreintes

Comme une eau diamantine en cascade
Elle part en éclats de rire
Et de son air jovial
Comme une princesse de bal
Elle chatouille les désirs
Et fait valser les cœurs épris
Des cœurs avides d’escapades

Comme une petite luciole incandescente
Elle dépose ses baisers lumière
Sur la joue des fleurs bleues de la nuit
Fait scintiller les plaines palpitantes
Baigne l’univers de lumières
Narguant ainsi l’astre ébloui
Et fait vibrer les cœurs épris
Des cœurs avides de sensations fortes

Comme sur les plaies agirait le baume qui répare
Elle s’empare des maux des vils et des ignares
Qui lavent leurs péchés en la couvrant de billets
Et dérobant à sa douleur un pinçon ou un baiser
Mais hautaine et altière et le regard fier elle sourit
Et pardonne à ces cœurs épris
Des cœurs avides de chair faible et légère

Comme dort la fleur épuisée
Sur l’épaule d’une haie barbelée
Elle termine sa ronde d’esclave dévouée
Les yeux humides et le cœur déchiré
Elle se retrouve seule dans sa bulle cadenassée
Et essaie d’oublier les cœurs épris
Des cœurs indifférents à ses peines maquillées

*Chikha : danseuse populaire marocaine.
Khadija, Agadir, 03/12/12
© Khadija ELHAMRANI
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J’attends

 

Le brouillard gerce la joue de ma fenêtre

Le nid frémit et tremblant, comme mon être,

Attend.

A temps sont revenues les hirondelles nomades

Et les esquifs embrassent les pieds nus de la rade.

J’attends.

A ton retour bourgeonnent les baies abandonnées

Et chantant dans sa ruche, la petite reine couronnée

T’attend ;

Et tant qu’elle a ses ailes pour flirter avec les fleurs,

Ce sera donc pour elle les beautés, les couleurs

Et les tons.

Etend ton souffle tiède musqué par le Zéphyr

Et tend l’oreille aux vœux aériens de la lyre

Au Temps,

Etant éprise d’un rêve qui fuit sa longue quête

Elle roucoule le cœur dans les murmures de l’âme secrète.

O Temps !

Fais que ne tremblent ni mon être ni mon nid

Et que la lumière chasse l’ombre de tout ennui

Latent.

 

Khadija, Agadir, 30/11/12

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FAÇADE

Qui suis-je ? Dis-moi, me connais-tu ?
Sais-tu ce que cacherait mon image
Derrière les traits de mon visage
Que tu crois connaître. Le connais-tu ?

Derrière tant de vernis et d’ombres,
Derrière l’artifice de ma face
Aux beautés visibles en surface,
Peux-tu percer mon côté sombre ?

Peux-tu discerner le goût âcre
Que cache la couleur en façade
N’offrant de moi que la parade,
Le bon côté, le simulacre ?

Sais-tu lire dans mes apparences
L’essence de ma vie d’ascète
Dont seuls mes mots sont l’interprète
Sans que te déroute le non-sens ?

Derrière le faux-semblant, l’aspect
De femme de cœur, de femme d’idée,
Seul le miroir de l’amitié
Saura percer ma vérité.

Khadija, Agadir, 25/11/12
© Khadija ELHAMRANI

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APOSTROPHES

Apostrophes

O mon âme !

Capitale de mes amours mort-nés,

Comme ces papillons éphémères

Condamnés à une nuit.

O mon cœur !

Réceptacle de mes douleurs,

Morne et gris

Comme un ciel de septembre,

Sombre et sans pluie.

O mon corps !

Affalé de langueur

À longueur de tes jours

De solitude et d’ennuis.

O mes yeux !

Puits épuisés de pleurs et de leurres

Qu’au fil des heures traversent

Des averses de chagrin infini.

O mes mains !

Adresse oubliée des caresses de tendresse,

Ridées par les traces de sagesses

Englouties au fond des sillons

Cultivés par le temps

Qui longtemps les creusait

Impitoyablement

Pour y piéger les baisers.

O mes doigts !

Témoins par vos dures

Empreintes osseuses

Serrant la plume du verbe amoureuse

Qui, sur les draps immaculés du blanc papier,

Pleurent toutes les larmes de l’encrier.

O ma bouche !

Désert de sourires envolés

Volés par tant de frustrations

Toi qui te bats et qui défends

L’ignare, la veuve et l’orphelin,

Sauras-tu défendre ton seul bien :

Moi ?

O moi !

Quand te retrouverai-je enfin ?

 

Khadija, Agadir, vendredi 9 novembre 2012.

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Le goût de la vue

Si fades et insipides que soient ses heures obscures,

Si longues et sans prénoms les routes des balanciers

De la pendule, qui courent vers d’incertains sentiers,

Elle essaie de garder le goût et la texture

 

De la vie qu’elle ne vit qu’avec procuration,

Puisque ce sont les autres qui guident ses moindres pas

Parfois vers des issues qu’elle-même ne choisit pas,

Mais finit par prendre par la force des vents.

 

Elle change les rayons des yeux des autres en siens,

Par leurs pieds elle emprunte de méconnues allées

Que lui dessinent ceux qui dans le noir condamnaient

Ses pas à ne sentir du sol tout le bien.

 

Si jamais son petit cœur rebelle n’aime les suivre

Elle ne peut point leur dire non ou les contester.

Par complaisance ou par abnégation elle tait

Ses désirs de marcher dans la lumière et vivre.

 

Alors elle substitue à ses pupilles cendrées

Un flair hyper puissant qu’on dirait un canin

Qui s’oriente à travers les monts et les jardins

En reniflant la terre et les fleurs de ses prés.

 

Pour chaque fleur elle donne non un nom mais un goût !

Elle a dans le palais une palette de tons :

Des couleurs elle connaît uniquement les noms,

Alors elle se retrouve là où d’autres se clouent.

 

Le rouge sous ses doigts fins devient ambre piment

Et le jaune solaire chaleureux curcuma

Ou safran aux saveurs du désert et des mâts

Allant à la recherche de valeureux diamants.

 

Le gris est pour elle mucre et le noir est du poivre,

Seul le rose est pour elle authentique et fidèle.

Aux bleus elle a donné le goût d’iode et de sel,

Cumin devient le vert et paprika le cuivre.

 

Celui qui la connaît sourit et la salue,

Ceux qui l’ignorent se disent qu’elle divague et s’enivre

A dérouter leurs sens déformés à la suivre,

Mais elle avance fière, sereine elle évolue.

 

Elle essaie de garder de la vie le secret

Que d’autres, plus aveugles, prétendraient bien savoir ;

Si par malheur hélas vous vous perdiez un soir,

Laissez-vous par son flair et par son goût guider.

 

Khadija, Agadir, Dimanche 28/10/2012 à 23H11

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