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                     SWERTS : L’EAU ENTRE L’ABSTRAIT ET LA MATIERE
L’ESPACE ART GALLERY (35, Rue Lesbroussart, 1050 Bruxelles), termine l’année présente par une exposition (qui se termine le 22 - 12 -13) intitulée AU FIL DE…L’EAU, consacrée à Madame  SWERTS, une peintre Belge fascinée par les reflets multiples à la surface de l’eau.

L’eau a toujours fasciné par sa symbolique (ou pour mieux dire, ses symboliques) car, à y regarder de près, elle est à l’intersection entre la vie et la mort (l’on s’y baigne, s’y baptise mais l’on s’y noie aussi). Il existe, par contre, un univers sur lequel elle règne en maîtresse, c’est celui de l’intemporel. L’eau existe et a toujours existé tout en étant constamment différente dans la consistance de son élément : « on ne se baigne jamais dans la même eau de la rivière » (Héraclite – Panta Rei), « la mer, éternelle et toujours renouvelée » (Paul Valéry – Le Cimetière Marin). 

A la question « quelle symbolique voyez-vous dans l’eau ? », TINE SWERTS répond sans la moindre hésitation : « le mouvement insaisissable, le changement, la vie sans fin ». L’artiste obéit à une idée, une impression. Son geste débutant sur la toile ignore sa finalité, « comme si la peinture commence à se peindre d’elle-même ».

Son travail est axé à la fois sur la transparence (l’eau) et sur la forme (la plastique de cette eau). A la question : « qu’est-ce que la forme ? », elle avoue qu’au début, ce concept reprenait les termes dictés par l’académie (la conception classique), c'est-à-dire, la chose visible mais qu’au fur et à mesure, ce même concept s’est transformé en une interprétation personnelle qui couvre toutes les dimensions offertes par la perception. On peut l’interpréter dans tous les sens car il y a avant tout cette antithèse fascinante qu’est la matière de l’eau. Et cette antithèse nous conduit vers l’abstrait. La forme devient une interprétation de la nuance dans une tentative de transposition du mouvement sur la toile. La captation de ce mouvement s’exprime dans toutes les toiles exposées, en particulier dans ANNEVOIE I (11O x 170 cm – huile sur toile)

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au cours de laquelle elle se réalise à la fois par la lumière irradiant le centre de la toile, ainsi que par toute une série de segments, occupant les deux extrémités de l’espace pictural, créant des ondulations travaillées au pinceau et au couteau, pour restituer l’énergie du flux.

De même avec VENISE (120 x 95 cm – huile sur toile),

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la dynamique est restituée par les zones noire, verte et blanche, soulignant la matérialité des vagues issues du reflux créée par le vaporetto fendant l’eau.

IMPRESSION D’ISLANDE (56 x 59 cm – huile sur toile)

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s’appuie sur l’utilisation de notes blanches répétées, recouvrant la presque totalité de la toile. Elle demeure volontairement dans la transparence pour célébrer le mystère de l’eau.

L’artiste, dilettante à un moment de sa vie, a fini par fréquenter sérieusement l’académie. Elle peint depuis l’An 2000. Et cette entrée en création est selon ses propres termes « la réalisation d’un rêve ».

Lorsqu’elle commence une œuvre, elle travaille au couteau pour établir une couche de base (le gris pour ANNEVOIE I), concentrée en huile miscible pour obtenir les effets changeants de l’eau. Elle laisse ensuite sécher cette première couche pour se rendre compte du résultat puis elle en ajoute d’autres. Elle commence par aborder la note transparente pour l’amplifier par d’autres éléments. Des variations chromatiques peaufinent le travail final.

Le visiteur remarquera sans peine que sa couleur préférée est le vert. Cette tonalité recouvre la majeure partie de son œuvre exposée. Le vert est, à l’instar du noir,  une couleur excellente pour souligner l’eau capturée au moment où elle se cabre ou se déploie. Elle devient à la fois figée et élastique. Mais surtout, elle devient solide tout en conservant sa fluidité liquide qui finit par la rendre abstraite.

 SWERTS relève un terrible défi : figer l’eau dans le récipient du regard !  Marcher sur l’eau participe de l’exploit…christique mais la peindre relève de la folie de l’instant créateur. Un instant isolé dans le gouffre pulsionnel de l’Etre vivant.

 

François L. Speranza.

 

 

Une publication
Arts
 
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Lettres

 

N.-B.: 

Ce billet est publié à l'initiative exclusive de Robert Paul, fondateur et administrateur général d'Arts et Lettres. Il ne peut être reproduit qu'avec son expresse autorisation, toujours accordée gratuitement.

 

J'ai désigné Albertine (Tine) Swerts, peintre comme l'invitée télévision d'arts et lettres de février 2014

R. P.

 

Albertine Swerts: un document initié par arts et lettres et réalisé par Actu-TV

 

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François Speranza et Tine Swerts (Photo: Robert Paul)

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Le mangeur de blanc.

Le mangeur de blanc.

 

Mangeur de blanc. Je n’ai jamais su ce que cela signifiait précisément mais à travers la vitrine de « chez Marcel », le samedi soir, nous répétions dès que nous l’apercevions: voilà le cocu. Tout le monde peut être cocu mais lui c’était le cocu content. C’est peut-être la raison pour laquelle un d’entre nous l’avait qualifié de mangeur de blanc. Et nous éclations de rire.

Marcel nous servait une autre tournée, c’était à mon tour de payer.

C’était un homme sympathique. Grand, maigre, il avait les traits creusés d’un homme atteint d’anémie. Son regard respirait la bonté. Ses yeux si je peux me permettre cette image avaient l’air de vous tendre la main.  Je n’osais pas exprimer cette impression à haute voix parce que mes copains se seraient moqués de moi.

Joueurs de hockey, maniant le stick comme si c’était pour nous creuser un chemin parmi des adversaires déterminés à nous arrêter à n’importe quel prix, nous étions des hommes qui n’avions que faire de sensiblerie. Des yeux qui respirent la bonté, c’était une image ‘cucul la praline’, je n’ai pas besoin de traduire.

C’était le genre d’homme dont je me disais aussi à voir les cernes qui soulignaient ses yeux que ses nuits devaient être chaudes. Sa femme était séduisante. Raison de plus pour la surveiller.

Son nom était Edouard Belhomme, cela ne s’invente pas. Sa femme et lui tenaient le magasin de lingerie situé rue Royale. A chaque fois que nous passions devant le magasin, nous regardions à travers la vitrine pour voir la belle Cécile. L’un de nous avait dit un soir que nous étions chez Marcel, nous y étions pratiquement tous les soirs, est-ce que les clientes qui essayent des soutiens ou des culottes sortent de la cabine presque toutes nues pour choisir un soutien ou une culotte d’une couleur différente ? Nous éclations de rire à cette idée. Marcel servait une autre tournée, c’était celle de Robert, notre goal, le fils du vitrier de la rue Notre-Dame.

Nous avions tous plus ou moins vingt ans à cette époque. Les Belhomme devaient en avoir entre quarante et cinquante.  Robert prétendait qu’une femme dans la quarantaine avait forcément acquis une maturité tant physique que spirituelle qu’aucune jeune femme ne pouvait égaler. Il avait connu, bibliquement connu, la voisine du magasin de son père, la mère d’un gamin de dix ans et il en avait conservé un souvenir inoubliable. A seize ans, disait-il, cela marque. Les jeunes filles que nous fréquentions, ajoutait-il, reconnaissaient en lui un expert, il le disait en toute modestie.

Personne parmi nous ne contredisait les propos de Robert, c’était le plus fort d’entre nous, mais chacun de nous savait à quel point il était vantard. Durant les matchs c’était pareil. Il allait d’un côté du goal à l’autre, le visage recouvert d’un masque protecteur en treillis pour effrayer nos adversaires. Nous perdions à chaque fois mais Robert affirmait que nous manquions de punch.

Cécile Belhomme plaisait beaucoup au jeune homme que j’étais. Je ne comprenais pas son mari. Si elle avait été ma femme, elle n’aurait pas eu à chercher ailleurs. Pauvre cocu !

Ils étaient mariés depuis près de quinze ans. Edouard avait hérité du magasin de ses parents à la suite d’un accident qui leur avait couté la vie. A partir d’un magasin vieillot, Cécile avait su construire une affaire bien achalandée dont ils vivaient largement tous les deux. Leur seule frustration, c’est qu’ils n’avaient pas eu d’enfant.

Edouard était le fils d’un commerçant établi, Cécile, en l’épousant, avait gravi un échelon de l’échelle sociale. En province cela compte. Elle n’était que la fille d’un contremaître de l’usine métallurgique du bas de la ville. De l’usine dont le fils du propriétaire avait été le condisciple d’Edouard si bien que depuis leur mariage il faisait partie des relations du couple Belhomme. Il appelait Cécile par son prénom et Cécile lui disait Pierre.

Edouard était très amoureux de sa femme. Qu’elle plaise à d’autres ne le gênait pas. Au contraire. Son amour pour Cécile n’en était que plus grand. Même ses amis, plutôt que d’en être jaloux, il les aimait davantage de la désirer. N’était-il pas le seul à pouvoir mettre cette jolie femme dans son lit ?

Malheureusement, Edouard était cliniquement impuissant. Durant les premières années de leur mariage, cela ne l’empêchait pas de désirer Cécile et d’en jouir lorsqu’elle était nue. Quant à Cécile, elle avait fini par apaiser elle même les pulsions de son corps tant son mari était maladroit.

Malgré cette morsure qu’ils éprouvaient chaque nuit tous les deux, elle l’aimait profondément. Mais aucun d’entre eux ne trouvait les mots pour les confier à l’autre.  Qui sait ce qui lie deux êtres dont la relation ne répond pas à une logique qui, seule, paraît naturelle aux yeux de la plupart.

Lorsqu’elle l’avait épousé, elle s’était réjouie d’être enfin chez elle. Combien d’autres jeunes filles s’étaient-elles mariées pour cette seule raison. Il était séduisant à sa manière. Grand et maigre, un peu vouté comme le sont souvent les hommes grands et maigres, il avait les yeux d’un bleu transparent. Il ne cessait jamais de lui sourire.

Il l’avait rencontrée un soir dans une discothèque. Parmi d’autres filles, il n’avait plus regardé qu’elle. Peut-être qu’ils avaient bu un peu trop ? En sortant, il lui avait entouré les épaules. Il avait dit comme dans un roman de gare :

- Epousez-moi.

- Ce soir ?

- Non, demain.

Il l’avait ramenée, et le lendemain il s’était rendu chez elle. Il avait dit au père de Cécile qu’il voulait épouser sa fille, est-ce que son père serait d’accord ?

Il y avait longtemps que les fiançailles commençaient autrement. C’était probablement ce style, elle le trouvait distingué, qui l’avait émue. Jamais il ne s’était permis les gestes osés auxquels elle s’attendait inconsciemment. Il l’aimait pour elle-même, avait-elle pensé. Elle était vierge lorsqu’ils s’étaient mariés. Lui aussi.

Un jour qu’il s’était absenté pour se faire couper les cheveux, en rentrant plus tôt que prévu il avait vu que le représentant d’un fournisseur sortait du magasin après l’heure de fermeture. Et Cécile, les cheveux mal repeignés, le corsage mal refermé, le saluait de la main. Elle avait le visage en paix, pensa Edouard. En paix, c’est le mot qui s’était imposé à lui tandis qu’il la regardait, dissimulé derrière une camionnette rangée le long du trottoir d’en face.

Il rebroussa chemin. Il avait la gorge sèche. Il poussa la porte du café de Marcel où comme tous les soirs nous bavardions entre nous. Marcel venait de servir une tournée de bière. C’était celle d’Oscar qui faisait des études universitaires. Il voulait devenir médecin ou

 à défaut vétérinaire, c’était un bon métier disait son père. Oscar se voyait plutôt psychologue, il prétendait qu’il était doué pour juger du comportement des hommes et des femmes.

- Dommage que tu ne le sois pas sur le terrain. En face des joueurs du camp adverse. Nous ne serions pas dans le bas du classement.

La venue d’Edouard Belhomme nous avait surpris. Il s’était assis à une table proche  du comptoir. Il nous avait fait un signe de la tête.

-Ce sont des joueurs de hockey ? Je les ai déjà vus. Ils jouent sur le terrain contigu à celui du Tennis Club.

Il dit à Marcel de nous offrir un verre.

- J’aime les jeunes gens. Ils me rappellent mon jeune temps.

- Hip, hip, hip, hourrah !

Nous avons levé nos verres à sa santé.

Décidément, c’était un brave type.  

Nous le savions que ceux qui étaient cocus étaient toujours les derniers informés. Sa femme, il suffisait de la regarder pour comprendre qu’une aussi jolie femme ne pouvait que susciter le désir. Et souhaiter donner et prendre du plaisir. Il n’y a pas de justice en amour. Chacun doit veiller sur son bien. Les amis ne sont pas assez courageux pour révéler à un ami que sa femme le trompe. Qu’elle n’est qu’une putain qui trahit son serment. C’est que probablement, leur morale était assez élastique, ou bien c’est qu’ils étaient sur les rangs. 

Il est sorti du café, et il est rentré chez lui. Cécile l’attendait dans la cuisine.

- Il y avait du monde chez le coiffeur. J’ai du attendre.

Ils ont dîné, et ils sont montés se coucher. La télévision, ils ne la regardaient qu’en mangeant, à l’heure des informations. C’était toujours le même spectacle : des morts nombreux à l’étranger. Si le nombre de morts était réduit, un crime par exemple, c’est qu’il s’était produit près de chez nous. Le journal en donnerait davantage de détails. Le lendemain certes, mais on pouvait s’y attarder plus longtemps. Ou attendre le crime suivant.

Depuis plus de dix ans, Edouard ne touchait plus sa femme que très rarement. Il avait consulté un sexologue à l’étranger. L’incapacité d’avoir une érection, comme s’il n’était doté que du sexe d’un bébé, n’était qu’un de ses problèmes. Depuis plus de dix ans, il ne désirait sa femme qu’après un exercice mental laborieux. La caresser ne servait à rien. Au contraire. Certaines caresses le heurtaient. Elles lui paraissaient répugnantes, proches du viol. Même si Cécile se serait prêtée à tout pour le satisfaire.

Ils n’étaient heureux ni l’un ni l’autre mais ils s’aimaient. C’est quoi l’amour, pensait-il ?

Une fin d’après-midi, peu de temps avant l’heure de fermeture du magasin, il vit à travers la vitrine de l’étalage que le représentant d’une firme de soutien-gorge exposait encore sa collection à Cécile. Elle l’écoutait, le regard absent, les joues rouges. Elle avait une main sur la poitrine.

Edouard fit demi-tour. Il ne revint qu’une heure plus tard. Cécile ne lui demanda pas ce qu’il avait fait. Ils bavardèrent assez longtemps après avoir dîné, cela ne leur était plus arrivé depuis longtemps.

 Depuis, il s’efforça d’être absent de chez lui lorsque devait se présenter un représentant. Soit en prolongeant le temps qu’il consacrait à des activités extérieures, soit en allant boire un verre chez Marcel.

Lorsque ceux qu’il nommait les jeunes y  jouaient aux cartes, il regardait par-dessus l’épaule de l’un ou de l’autre.

Si l’un des joueurs levait un regard interrogateur vers lui, il tendait la main dans un geste de refus.

- Les conseilleurs ne sont pas les payeurs.

Il offrait une tournée.

Nous nous étions habitués à lui. Il nous était de plus en plus sympathique et, de plus en plus, nous le plaignions. Robert était le plus véhément. Un jour, il avait tenté de séduire Cécile. Entré au magasin, il s’était fait montrer de petites culottes qu’il destinait à sa petite amie, avait-il dit.

- Vous ne voulez pas les essayer pour que je puisse juger ?

Il nous avait raconté qu’elle avait fait « sa fière », et qu’il était sorti.

- Pauvre type. Si j’avais voulu. Je trouve que c’est un scandale. Des femmes comme elles…

Oscar partageait son avis.

Le couple Belhomme était devenu l’objet de la plupart de nos conversations. Nous étions en plein drame et il ne s’agissait pas de télévision. Ni même de quoi faire la une de la page régionale du quotidien. Quoique, disait Oscar. Il s’agit de la dignité d’un homme, d’un homme que nous avions adopté.

-Il faudrait le lui dire, ça ferait un déclic.

- Il faudrait le lui montrer, là, ça ferait un déclic.

- Je vois déjà sa tête. Sa tête à elle.

- Avec son amant. En petite tenue, tous les deux.

- En petite tenue ? Pas de tenue du tout, oui.

Nous avons ri, et nous avons fait signe à Marcel.

- Encore une.

Le quatrième d’entre nous, celui qui sur le terrain était censé marquer les buts, c’était Jean Brillet, le fils du commissaire. C’est lui qui apporta le revolver.

- On ôtera les balles, hein ! C’est juste pour faire peur.

- On en laissera une. La roulette russe.

C’est moi qui l’avais dit. Je l’avais déjà répété à Oscar qui était mon ami: la vie, c’est une comédie. Mais, je raconte trop vite.

C’est le vendredi qu’elle recevait son amant. Vers sept heures. Edouard quittait le magasin à six heures vingt, il arrivait chez Marcel à six heures et demie et ne rentrait chez lui que vers huit heures. Il disait en faisant un signe à Marcel :

- En fin de semaine, il faut bien se défouler du stress de la semaine.

Du stress, si tu veux en avoir, rentre plutôt chez toi; pensions-nous. Nous avions découvert à cinq minutes près le jour et l’heure où la Cécile s’envoyait en l’air. Chaque jour de la semaine dès l’après-midi, l’un de nous venait chez Marcel et surveillait le magasin. Nous en parlions dès que nous étions réunis avant d’entamer notre partie de cartes. C’est ainsi qu’au bout de trois mois, nous connaissions tout des plaisirs de la dame. Et du malheur de notre ami.

Il faut croire que de la voir heureuse même si c’était un autre qui la comblait le rendait heureux. Quant à  Cécile, elle aimait Edouard à la manière dont on aime un frère. Bien plus encore, elle se serait tuée pour lui. Cette partie obscure de leur union était un ciment bien plus fort que les déclarations les plus emphatiques.    

C’était le jour et l’heure où Cécile cédait à son amant. Edouard était parmi nous. Chacun de nous, tour à tour, lui avait offert à boire sous différents prétextes

- Tu ne peux pas nous refuser ça.

Les yeux troublés, il était passablement ivre.

Je pensais comme mes copains qu’il fallait frapper un grand coup. Foutre aux deux amants qui ridiculisaient notre ami, et le symbole de l’amour, la frousse de leur vie.  

C’est Oscar qui s’écria :

- On te ramène.

- Non, pas encore. Je veux rester.

Oscar et moi, nous lui avons fait traverser la rue en lui tenant les bras. Les deux autres de nos amis nous regardaient à travers la vitrine, un verre de bière à la main. C’est moi qui ai ouvert la porte du magasin. Oscar a poussé Edouard.

Je ne sais plus qui, d’Oscar ou de moi, lui a glissé le revolver dans la main en disant :

- Sois un homme, Edouard.

J’ai refermé la porte derrière lui. Nous sommes restés sur le trottoir. Nous avons entendu le coup de feu. Nous sommes retournés chez Marcel.

Une heure plus tard, nous avons appris qu’Edouard avait glissé le canon du revolver dans sa bouche.

 

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Duo

Un nouveau couple vient de se former. Alors que rien ne laissait présager ce duo, ils se sont trouvés pour réaliser un rêve. Peut-être que le destin, la chance est derrière tout cela et les a réunis pour un instant, pour un moment. Belle rencontre pour ces partenaires, ces artistes qui apprennent maintenant à se connaître, à s’apprécier, à collaborer. Associés d’un jour pour créer un ouvrage, pour exécuter un projet qui leur tient à cœur.

Quelle agréable mission.

N’étant pas du voyage, j’imagine le plaisir qu’ils ressentent de se réunir entre eux et former un partenariat pour composer une œuvre sociétaire que tout le monde lira, verra, appréciera. Les membres se mettent à l’ouvrage et le résultat est vite probant, joli, intelligent.

Une belle association.

Beaucoup d’entre nous sommes vite épatés de voir les résultats, poésie, texte, aquarelle, dessin.

De cette œuvre restera le souvenir d’une chronique éphémère relatant le plaisir d’une rencontre, d’un passage sur un site. Et pour nous, le bonheur de profiter pleinement de la création de ce duo pour notre plus grand plaisir

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Evasion

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L'inspiration, baptisée Muse,
Nous prend toujours au dépourvu.
Elle déploie du jamais vu
Qui nous émeut ou nous amuse.

Dans une noble liberté,
Notre âme vit une aventure,
En zones claires ou obscures,
Que la pensée a désertées.

Mais celle-ci intervenant,
Lors du charmant vagabondage,
Nous fait rechercher des messages
Où nous allions à l'avenant.

On quitte alors l'impondérable,
Rien ne peut nous en dispenser.
On se concentre pour penser
À cette évasion mémorable.

Nous serons sans doute tentés,
Si nous possédons l'art d'écrire,
De mettre en mots certains sourires,
Et des reflets de la beauté.

26 septembre 2002

    NB: poème sur un abstrait «Évasion» de Suzanne Walther-Siksou









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Une vérité acceptée

 

Un jour un gland tomba d'un chêne,

Ne causant pas bien grande peine

Au paysan qu'il abritait.

Un fruit lourd l'eut ensanglanté.

La Fontaine tira de ce fait

Une vérité acceptée:

Certes dieu fait bien toute chose,

Une évidence qui s'impose.

Tout est savamment mesuré.

Si les fleurs ne peuvent durer,

Chaque printemps les renouvelle,

Nombreuses, et quelques fois plus belles.

Je m'émerveille très souvent,

Mais il arrive cependant

Que je devienne soupçonneuse;

Ma raison me semble trompeuse.

Face à la splendeur, j'applaudis.

La vieillesse qui enlaidit,

Causant d'irréversibles drames,

M'attriste, je la trouve infâme.

Or Dieu fait bien tout ce qu'il fait.

Le temps de vie nous est donné,

À savourer comme une grâce.

Telle un mirage, elle s'efface.

3 décembre 2013

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La partie d'adieu

La partie d’adieu

(de mon beau- frère,Ted Waid)

 

Entourée des amis fidèles,

La famille invite à l’adieu.

Pas de prières et pas de voeux,

Dans cette salle sans autel.

Sur le cercueil des roses rouges.

Au-dessus un écran où bougent

Des images, fameux instants,

Tedy ravi, tout souriant.

C’est certainement l’âme en peine

Qu’on se retrouva réuni.

Mais les paroles sont sereines,

Se rappeler nous rajeunit.

Par son courage et ses mérites,

Sa vie fut une réussite.

Il ne fit jamais que le bien

Et sut rendre heureux tous les siens.

Or, pour une dernière fois,

Ted est notre hôte généreux.

Nous puiserons à notre choix,

Le buffet paraît savoureux.

Notre adieu est empli d’amour,

De simplicité, de douceur.

Tu nous as quittés sans retour

Mais restes vivant en nos coeurs.

 

8 août 2005

 

 

 

 

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ELODIE HASLE : EAU EN COULEURS

                                       ELODIE HASLE : EAU EN COULEURS          

En guise de dernier évènement pour l’année 2013, l’ESPACE ART GALLERY (Rue Lesbroussart, 35, 1050 Bruxelles) vous propose, par le biais de l’exposition intitulée EAU EN COULEURS, de visiter les œuvres de Madame ELODIE HASLE, une jeune peintre Française qui explore les tréfonds de la nature de l’huile et de l’aquarelle.

Avec ELODIE HASLE, nous assistons à l’ébauche d’une écriture plastique, laquelle paraît, dans un premier temps confuse, parce qu’en formulation, pour aboutir par la suite à un schéma extrêmement construit, dans lequel le trait appuie la trajectoire des droites, des horizontales et des obliques : LES DISPARUS (80 x 80 cm – acrylique sur toile)

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FEMME QUI PLEURE (80 x 80 cm – acrylique sur toile).

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Dès l’approche de sa première époque, l’on sent que les couleurs se bousculent, presque anarchiques. Prises isolément, ces premières œuvres peuvent laisser le visiteur pantois. Le regard est saisi par des éclats de bleu, de rouge ou par cette explosion lumineuse émergeant d’un chromatisme en fusion où la matière pâteuse s’accroche à l’eau de l’aquarelle. L’eau et la matière. La communion d’une antithèse explosant sur la toile par la magie du vert marié au jaune (zone centrale), encerclé par le bleu (partie gauche), le rouge - en dégradés - et le brun, étalés sur la partie droite de la toile  (VIVRE !  80 x 80 cm - technique mixte).

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Alchimie savamment dosée, donnant le sentiment d’un univers chaotique, cet ensemble vivant d’huile et d’aquarelle nous fait sentir l’opposition organique entre ces deux matières : la consistance pâteuse de l’huile, travaillée tant à la brosse qu’au couteau, opposée à la fluidité de l’aquarelle, dont la technique (pour ne pas dire la nature) consiste, rappelons-le, en un dosage dans lequel la quantité d’eau est supérieure à celle de la couleur.

Néanmoins, considérés, non plus individuellement mais comme une entité, ces tableaux forment une étape, la première manifestation d’un langage en formation, lequel au fil du temps, va se structurer en un dialogue réunissant géométrie et couleurs, l’une participant de l’autre. 

A l’origine de la période actuelle de l’artiste, cette écriture trouve son aboutissement dans ces ensembles géométriques structurés par les droites, les verticales et les diagonales (mentionnées plus haut), conférant simultanément à l’ensemble un équilibre ainsi qu’une dynamique empêchant l’œuvre de sombrer dans le statisme.

L’art d’ELODIE HASLE est avant tout abstrait. Néanmoins, des ersatz de formes connues surgissent presque inopinément au regard du visiteur lorsque celui-ci se perd dans ses toiles. Tel est le cas pour VISAGES (80 x 60 cm – acrylique sur toile)

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ainsi que pour L’ARBRE (50 x 100 cm – acrylique sur toile).

Si la figure humaine n’est exprimée que par des silhouettes définissables (à la fois absentes et présentes), émergeant d’un contraste fortement étudié, créé par des zones noires et blanches (VISAGES), L’ARBRE

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porte en lui l’écho du temps fossilisé convié au regard par une série de segments stylisés, réalisés à la couleur noire, scandant des formes circulaires, vestiges des anneaux de jadis.

L’artiste, autodidacte et animatrice d’ateliers en arts plastiques auprès des jeunes, peint depuis sept ans. Elle a délaissé le figuratif pour aboutir à l’abstrait parce que, dit-elle, le visiteur avait du mal à se projeter dans son œuvre. Chose habituelle chez tout artiste, elle sait d’où elle part mais elle ignore où elle va. Quand on lui parle de langage pictural pour la définir, elle préfère parler en termes de « plaisir de travailler l’eau », transposant le mouvement dynamique en poésie.

La poésie est d’ailleurs son deuxième moyen d’expression. Aucun lien n’existe entre ses écrits et son œuvre picturale. A titre d’exemple, son recueil intitulé A CONTRE-JOUR. POESIES POUR PETITS ET GRANDS (Edilivre.com – 2010), dont nous présentons un texte, a été présenté par la CELLULE CULTURE - ENSEIGNEMENT comme un excellent outil pour faire découvrir la poésie aux jeunes.

 

TA  BOUCHE

Ta bouche

Me touche

Ta bouche

M’émeut

Je la goûte

Et l’écoute,

Je l’embrasse

Ne m’en lasse

 

Bouche cousue

Moue boudeuse,

Bouche rieuse

Moue rêveuse

 

Ta bouche

Je goûte

Elle me touche

Elle me déroute

 

L’artiste est aussi l’auteur des illustrations qui parsèment son recueil. L’on retrouve son style où les couleurs se télescopent. La page de couverture nous montre une figure torsadée. Un buste humain dont les habits volent au vent dans une dynamique où les couleurs s’opposent tout en s’unissant. L’auteur chavire entre peinture et poésie avec le même bonheur vers une même recherche esthétique. Les mots s’entrelacent dans la musique et le sens. A l’instar des couleurs qui se nouent dans un même accord.

ELODIE HASLE qui a définitivement aboli la figure humaine de son répertoire, se consacre désormais à l’abstrait pensé comme terrain d’exploration créative où acrylique et aquarelle s’opposent dans leur nature à la fois physique et philosophique : l’acrylique chargée de matière et l’eau qui métamorphose les couleurs vers le cheminement créatif.

 

François L. Speranza.

 

 

Une publication
Arts
 
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Lettres

 

N.-B.: 

Ce billet est publié à l'initiative exclusive de Robert Paul, fondateur et administrateur général d'Arts et Lettres. Il ne peut être reproduit qu'avec son expresse autorisation, toujours accordée gratuitement.

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ADMINISTRATEUR GENERAL

Vous êtes cordialement invités à la présentation du dernier livre de Jacqueline Gilbert présenté par Aurélie Michel.

Le 7 décembre

À l'initiative de Monsieur Robert Paul

Mise en bouche de la part de Jacqueline Gilbert:

"J'aurai l'honneur et le plaisir de lire un choix de poésies, certaines issues de mes cinq recueils publiés, dont le dernier : La vie et plus..., vient de sortir.

Aurélie MICHEL, bibliothécaire à la commune de Waterloo, me fera l'amitié d'une présentation, son regard à la fois passionné et pertinent est un soutien précieux.

Encore enfant, au début des secondaires, j'ai eu la chance de rencontrer un merveilleux professeur de diction, elle s'appelait Mademoiselle JADOT et encore aujourd'hui, je revois son œil pétillant lorsque les mots récités sonnaient justes! J'écris des poèmes depuis si longtemps que j'ai envie d'écrire... depuis toujours! Dire avec peu de mots, une ambiance, un désir, une mélancolie, un souvenir...et donner aux mots un rythme, une musique qui les rend plus accomplis, c'est un peu le défi d'une poésie. Raconter une histoire en quelques strophes, évoquer, suggérer un parfum de vie, jouer avec les mots et espérer que notre jubilation soit comprise, c'est un challenge, un bonheur qu'on aime à partager.

Grâce à Monsieur Robert Paul, ce rêve va se concrétiser le sept décembre une nouvelle fois. Un petit bonheur de vie... j'espère en votre compagnie?"

Jacqueline Gilbert

 

Voici la biographie succincte d'Aurélie Michel :

Passionnée depuis l'enfance par la lecture de fiction, Aurélie Michel s'est tournée vers des études de lettres avant de s'intéresser aux secteurs de l'édition et de la librairie. Après avoir vécu à Paris et à Amsterdam, elle s'est installée dans le Brabant wallon de son enfance où elle exerce le métier de bibliothécaire. Elle aime le théâtre et toutes les formes d'expression artistique. Curieuse de tout, elle n'est ni cinéphile, ni mélomane, ni comédienne, mais apprécie la vie en compagnie de personnes cultivant ces centres d'intérêt.

Evénement: Samedi 7 décembre 2013 à 18 H 30 Lieu: Espace Art Gallery, 35 rue Lesbroussart à Bruxelles – Ixelles. Entrée libre. Une initiative Arts et Lettres.

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Un souvenir

 

C‘est dix ans après la libération que Gaston nous avait réunis tous les cinq pour la première fois. Il disait que c’était rendre hommage à Fernand qui avait été fusillé deux jours avant que la guerre ne soit achevée.

Nous devons faire notre devoir quoiqu’il nous en coûte.

Il nous avait installés autour de la table ronde qui leur servait, à son épouse et à lui, à recevoir leurs amis sans qu’une préséance quelconque irritât l’un ou l’autre de ses invités. En réalité, c’était la seule occasion que Juliette avait de sortir de l’armoire la nappe ronde qu’ils avaient achetée près d’Avignon.

Il y avait six chaises. L’une d’entre elle était inoccupée,  celle qui était censée être celle de Fernand. C’était symbolique ; disait Gaston. Symbolique ou non, Fernand était bel et bien mort et n’existait que dans nos mémoires. Et durant la comédie que nous nous jouions.

Chacun de nous aurait pu être celui que ses amis honoraient aujourd’hui. Tous nous aurions pu être de ceux que les survivants évoquent en disant : nos morts. 

Je ne me souviens pas du jour où Gaston nous avait proposé de nous réunir afin d’évoquer la libération de notre pays. Pas de notre pays seulement mais celle de tous les pays qui s’étaient trouvés en guerre contre les Allemands et qui avaient étés occupés par eux.

Gaston aimait à se souvenir pour de vrai si je puis dire. Ce jour-là, il avait revêtu le costume qu’il portait durant la guerre. Moins fripé parce qu’il le conservait dans une housse après l’avoir délicatement repassé. C’est une tâche qu’il ne confiait pas à Juliette. Repasser son pantalon l’aidait à se souvenir.

Quant aux autres, il avait bien fallu qu’ils mettent leurs vêtements habituels. Les années avaient passé, ils étaient plus corpulents, les matières textiles utilisées n’étaient plus les mêmes et, après la guerre, ils avaient repris sans regret leurs occupations habituelles.

Finalement, seul Gaston était mentalement bousculé. Il contemplait avec complaisance les pinces-pantalons qu’il conservait pieusement. Ces pinces-pantalons qu’il utilisait pour se déplacer à vélo durant la guerre pour transporter des tracts à la barbe des policiers allemands. Des policiers qui se moquaient de lui lorsqu’il enfonçait  son béret jusqu’à hauteur de ses oreilles. Nous l’appelions : Gaston la pincette.

Nous étions âgés d’une vingtaine d’années. Pas beaucoup plus pour l’aîné d’entre nous. Je ne sais plus si le courage de nous opposer à l’occupant nous guidait ou le sentiment de participer à un jeu plus excitant que d’autres. De toute manière, chacun de nous avait le sentiment qu’il était immortel. Ceux qui ne l’étaient pas, nous ne l’avons appris que plus tard.

Les jeunes aiment à jouer au grand amour mais nous n’avions pas de liens réellement sentimentaux. Seul Fernand qui était presque marié. A Juliette précisément. Juliette qui avait épousé Gaston après la guerre.  

Ce que Gaston voulait évoquer en nous réunissant, je ne l’ai su que plus tard. Nous pensions que c’était  Fernand qu’il voulait honorer. En fait, il voulait évoquer la dernière image qu’il en conservait.

Fernand avait rendez-vous avec Gaston à la petite imprimerie qui imprimait leurs tracts. Ce jour-là, le texte qu’il avait écrit, il voulait le soumettre à Gaston avant de le remettre à l’imprimeur. Le texte appelait à la lutte armée. En gros, il disait : à chacun son allemand.

Était-ce le moment ou non ? Les jeunes gens que nous étions ne mettaient pas toujours en balance ce qu’ils préconisaient par rapport aux risques encourus. Fernand pensait que c’était le moment, c’est la raison pour laquelle il attendait Gaston chez l’imprimeur.

Gaston de son côté était au lit avec Juliette. Après qu’ils se fussent aimés, ils avaient pris la décision de dire à Fernand  qu’ils s’aimaient, qu’ils avaient l’intention de vivre ensemble et de se marier.

Lorsque Gaston était arrivé à proximité de l’imprimerie, une voiture de la police allemande stationnait devant la porte. Trois militaires en sortaient et parmi eux Fernand et l’imprimeur.

Si Fernand n’avait pas attendu Gaston, si Gaston n’avait pas fait l’amour à Juliette, si…si. Avec des si, dit-on, on peut mettre Paris dans une bouteille.

Nous avons cessé de nous réunir.

 

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Vous pouvez dès à présent commander mon dernier recueil : FACE A L’ÉTERNITÉ , en parution aux " Editions de la Fenestrelle " de NÎMES :

 http://www.editions-fenestrelle.com/livres-ebooks/face-leternite-poesie/

Face-à-léternité-Couverture.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Je remercie particulièrement mon ami Joan-Jaume BORRUT dont les illustrations magnifient cet ouvrage. Et Patrick MILANI pour la Préface...

 

Michel SIDOBRE

Auteur:

http://sidobremichel.onlc.fr

Acteur:

http://michelsidobre.blogspot.fr

 

 

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Songerie au soleil

 

 

 

Des fleurs, qui sont devenues fruits,

Pommes, raisins et mandarines,

Posés sur un plat y voisinent.

Au soleil, leur éclat reluit.

Émue, je m'écoute penser.

Lors, je contemple l'évidence,

La bonté de la providence

Et sa largesse à dépenser.

Étrange monde ensorceleur!

Y tombe une manne abondante,

Et de la folie délirante,

Dans d'époustouflantes couleurs.

2 décembre 2013

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Petits propos télévisuels.

Ce n’est pas la télévision qui rend con. Ce sont les téléspectateurs qui sont cons.. .
La télévision leur sert les conneries qu’ils aiment.Voilà tout.
- Qui réalise les conneries,me demande-t-on ?
J'ai dit...On m'a répondu....j'ai dit.... Non ?
- Si.
- Mais alors, les cons c’est.…nous !

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Minia

Minia

 

J’éprouve soudain le besoin de me souvenir.  C’est dû à l’âge, j’imagine. A quoi me raccrocher sinon aux visages et à l’histoire de ceux qui m’ont connu. Ou de ceux que j’ai connus. Ils ne sont plus. Ils vivent, dit-on dans la mémoire des autres. Encore faut-il qu’ils vivent encore, eux, les autres. Combien de vies différentes ont-ils vécues, dès lors. Et peut être qu’aucune d’entre elles ne correspond à la réalité. Qu’importe aujourd’hui ?

Minia est le premier nom dont je me souvienne. C’était celui d’une fillette de cinq ans que j’ai rencontrée en Pologne lorsque mes parents m’y ont envoyé pour saluer mes grands-parents. Je tirais sa natte en riant bêtement. C’était ma cousine. Je l’aurais épousé si elle avait vécu. A l’occasion de son sixième anniversaire sa mère m’avait envoyé sa photo en couleurs,  son nom était imprimé en bleu, un petit rectangle de dix centimètres sur cinq. Je l’ai conservée longtemps dans une poche de mon portefeuille.

Le second, c’est celui de Jeff. Il me servait d’ange gardien à l’école primaire lorsqu’un condisciple me poussait de la main en criant « Fier cul ». Il prétendait que j’étais arrogant alors que je n’étais que réservé et timide.

J’ignore ce qu’il est devenu. Son frère braquait les commerçants  de la ville, et pratiquait la boxe française. Il était très habile de ses jambes. Il s’était fait arrêter et Jeff l’avait remplacé. Il fallait bien manger. Sa mère était veuve, et ils étaient six enfants.

J’ai longtemps conservé une toile de 30 x 30 que m’avait offerte Esteban. Elle représentait un intérieur dont je ne sais plus s’il était flamand ou espagnol.

Esteban était un réfugié qu’une famille amie de la nôtre avait recueilli durant la guerre civile espagnole. Ses parents, ais-je appris par la suite, étaient communistes. La famille qui l’avait recueilli était catholique affichée.

De lui aussi, j’ignore pratiquement tout. Est-il vivant ou est-il mort, je ne l’ai jamais revu.

Un jour, j’ai voulu écrire un livre qui devait répondre à des questions qu’on appelle métaphysiques. Le titre en était  « le chemin de la vie ». Je le reconnais aujourd’hui,  il m’avait été inspiré par « la porte étroite »  d’André Gide. Un éditeur l’avait publié parce que ces livres étaient à la mode à cette époque. Il n’en avait vendu que très peu. Peu de temps plus tard, il a voulu éditer de petits livres, à l’américaine, dont chacun raconterait une histoire haute en couleur à la manière dont les dessinateurs racontent une bande dessinée.

Je lui avais proposé  « le commandant Zorovski »  qui lui avait plu et qui avait eu un succès extraordinaire en l’espace de quelques semaines. J’avoue qu’un ami journaliste à la radio l’avait cité comme étant le prototype de la littérature  des adolescents d’aujourd’hui.

- Il faut creuser cette veine, Pierre.

Il me secouait les épaules en riant.

- Les aventures de commandant Zorovski sont un chef d’œuvre. Vous avez du génie, il me faut une suite pour la fin du mois.

Je pensais que c’était idiot mais je lui ai écris une nouvelle aventure du commandant Zorovski en huit jours. A la Foire du Livre de Berlin, il en a vendu les droits pour l’Allemagne et l’Italie. Ma carrière était lancée.

C’est Isabelle qui me l’avait conseillé.

- Il faut tenir un journal où tout sera noté. Et des évènements de ta vie qui sont ta matière première, et les livres écrits. Une vraie comptabilité dont je me chargerai.

Elle sourit en me tendant la bouche.

- Enfin, pas tout.

Isabelle était ma maitresse depuis que j’avais rompu avec Louise.  Louise était la femme avec laquelle je vivais à mes tout débuts. C’est grâce à elle que nous mangions. Elle disparaissait un jour par semaine, et le lendemain elle ramenait des billets de banque qu’elle étalait sur la table. Elle disait :

- Je vais prendre un bain.

Nous nous sommes séparés après que deux de mes livres dont le héros était Zorovski aient paru. Isabelle qui était agent littéraire m’avait emmené à une foire, et le soir même, elle s’était introduite dans ma chambre vêtue seulement d’un string de dentelles. Elle faisait l’amour comme Louise ne l’avait jamais fait. Avec moi en tout cas. C’est elle d’ailleurs qui l’avait confié à Louise.

Depuis, tous mes livres eurent du succès et Isabelle notait les tirages dans ce fameux petit livre où on pouvait lire Zorovski – France : I52.000 ex. Italie : 66.000 ex. puis à la ligne suivante Isabelle -Pierre : 2 fois.

Cela nous faisait rire, et parfois…

Isabelle s’occupait de ce qu’on nomme l’ordinaire. Moi, j’écrivais tout les matins de 9 heures à midi. Plus de la moitié du temps, nous le passions à voyager soit pour visiter des éditeurs étrangers soit pour parcourir le monde. Ces parties de la planète dont je savais qu’elles existaient au travers des brochures touristiques, je les ai visitées de nombreuses fois. Elles situaient souvent le lieu qui était le théâtre des aventures du commandant Zorovski.  Au début de ma carrière, nous nous déplacions avec seulement un sac au dos. Plus tard, je réservais un guide et une voiture mais nous descendions toujours dans les hôtels que fréquentaient les gens du cru. Au Skri-Lanka, nous avons changé de chambre trois fois durant la même nuit à cause du bruit que faisaient deux cérémonies nuptiales différentes, à deux étages différents.

Isabelle en parfaite psychologue fermait les yeux lorsque je faisais la cour à la secrétaire d’un hôte qui m’éditait. La renommée est un aphrodisiaque puissant.

Quarante ans plus tard, après la mort d’Isabelle, j’en jouissais encore. Un écrivain renommé âgé de septante ans dispose toujours d’un attrait physique considérable.

Mais aujourd’hui à quatre-vingt, je suis seul et je m’ennuie. J’ai cessé d’écrire. Je ne lis plus rien. Même les journaux et leurs nouvelles ne m’excitent plus.

Je reste accoudé sur ma table de bureau, devant mon ordinateur fermé, et je m’efforce de me souvenir. Le livre de ma vie, comme Isabelle avait baptisé quelques carnets à spirales remplis de son écriture, je l’avais  rangé depuis longtemps. Aucun personnage qui y figurait, aucun des évènements qui avaient marqué mon existence ne m’apparait plus comme certain. Peut être que je les avais imaginés.

Un seul souvenir m’apparait clairement. Celui d’une fillette de cinq ans à qui je tirais la natte en riant bêtement. Son portrait figurait sur petit carton que sa mère m’avait envoyé à l’occasion de son anniversaire. Petit carton que je n’ai jamais plus retrouvé.  Elle se nommait Minia.

    

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administrateur partenariats

Billet d'invitation

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" L'automne est un chant de couleurs "

Interprétations poésie, peinture et photos entre les membres d'Arts et Lettres,

sur un poème de Sandra Dulier et une aquarelle de Françoise Buisson

Chers membres,

Comme vous aurez pu le constater,

les partenariats et duos plume-pinceau

ont repris leurs activités.

Ce premier blog d'interprétations entre les membres du réseau

est inspiré du délicieux poème de Sandra Dulier,

et de la tendre aquarelle de Françoise Buisson.

Ce blog est offert à votre créativité, vos commentaires ,

poèmes et photos illustreront cette belle saison qu'est l'automne, et tous ensemble,

nous vaincrons cette morosité qui parfois nous gagne en cette saison de transition.

Je rappelle toutefois que le blog est modéré, les textes entre autres sont soumis

à l'approbation de Robert Paul en cas de doute de ma part.

Vous comprendrez aisément cette démarche. Parfois contraignante, elle nous garantit

à tous une publication de qualité.

Je vous remercie pour votre fidélité et votre enthousiasme

et vous souhaite de beaux partages

Liliane

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Vivre et aller vers la connaissance de soi.

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Les leçons de la vie ne sont pas uniquement des coups durs, elles permettent également d’accéder à la connaissance de soi ainsi que des besoins qui sont les nôtres en propre, et de ces épreuves découle une forme de sagesse qui, en définitive, détermine notre but en tant qu’être vivant. L’expérience de la vie nous enseigne aussi l’acceptation consensuelle de ce qui est et de ce qui doit, et cela nous grandit et nous rend mature.

Aussi, se tromper dans le cours de sa vie constitue en quelque sorte une expérience inéluctable, et lorsque l’on réfléchi aux raisons qui motivent nos choix à ce propos, on s’aperçoit que ces derniers ne sont que la résultante de circonstances qui nous y ont amenés, et qu’avant de les avoir expérimentés, il est illusoire de prétendre savoir quelle sera l’échéance de ces redoutables dilemmes qui se posent à nous dans l’encours de notre vie. Pourtant, on croit  choisir et on pense être maître de sa vie, mais en réalité, on ne fait que s’adapter à une poussée d’énergie qui matérialise notre réalité personnelle. 
 
Un choix n’est donc jamais vraiment un libre choix, mais plutôt une forme de déterminisme auquel nous sommes tous soumis et dont la seule alternative en est l’acceptation, sans plus ; même si acceptation ne signifie pas passivité, car l’acceptation active de notre destin est le moteur d’une vie constructive et évolutive. Accepter l’échec et nos limites est un premier pas vers une victoire intrinsèque, un premier pas vers une autre étape.
Aussi, puisque nous ne maîtrisons pas consciemment tous les méandres de notre destin ; quoi qu’on en dise dans l’absolu, car l’être humain crapahute tant bien que mal la montagne de son inconscient, nous ne choisissons donc pas véritablement notre vie ; c’est la vie qui nous choisit afin de s’exprimer au travers de nous. On pourrait parler à ce stade de Divin, de philosophie spirituelle ou de destin, car peu importe le nom qu’on lui donne puisqu’elle s’en moque et ne connaît pas de frontière d’appartenance spirituelle ou de couleur philosophique. Cette vie-là n’est pas religieuse, ni même issue d’une idéologie quelconque ; mais elle appartient à tout un chacun ici-bas, et au travers de nos sens, nous interagissons avec Elle et en son Sein.
Alors, bien malin celui qui en revendiquerait la science exclusive, car elle ne relève d’aucun savoir ; la vie est au-delà de la connaissance, au-delà des mots et au-delà de l’intelligence. Elle n’est que l’instant qui meurt après avoir vécu l’instant présent et qui renaît de ses cendres encore et encore, sans notion de choix ni de leçon. 

Sabe.

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administrateur partenariats

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L'automne est un chant de couleurs,
une fusion de douceurs sommeillées,
un crépuscule lent et flamboyant,
parfum de terres et d'eau.
 
L'automne est ce chemin saisonnier,
parsemé de lumière et de brume
que consume l'instant lent.
   
L'automne quitte nos portes
pour laisser place aux hivernées
et quelques feuilles colorent
       l'herbier des souvenirs.        

© Sandra Dulier 


Présenté sur " Magie d'automne en Lorraine "

de Françoise Buisson
Mise en page L.Magotte

Un partenariat

Arts

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Lettres

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Le clown

Revêtu de son habit de lumière, un clown peaufine son maquillage, ajuste son déguisement, pose son nez vermillon. Dans sa loge qu'une lumière blafarde éclaire, le miroir lui renvoie l'image d'un comédien, d’une étoile qui, pour faire rire, a peint, dessiné sur ses lèvres son plus beau sourire.

Dans les coulisses, tout le monde l’attend et le salue. Les artistes l’admirent dans son beau costume de scène.  Les enfants du cirque lui font la fête, courent, sautent autour de lui et l’amènent jusqu’au bord de la piste.

Le clown attend le signal pour entrer. Son cœur bat de plus en plus fort et ses yeux se remplissent de larmes. Enfin, les bravos. Le clown est là, magnifique, auréolé de mystère, caché derrière son grimage et beau comme un dieu.

Amuser la galerie, c’est sa mission. Faire rire, rire à en perdre haleine, à s'en décrocher la mâchoire. Rire pour oublier. Rire pour ne plus pleurer,  rire pour effacer le temps d’un spectacle peine et chagrin.

Le spectacle commence, lumière, musique et les visages des spectateurs s’illuminent. Enfants émerveillés, adultes déconcertés se détendent enfin et les rires lui reviennent à la face comme un enchantement, un ravissement.

Tout s’oublie dans cet environnement et tout est redevenu comme il aime. Sa vie de clown reprend le dessus et pendant ce spectacle, c’est un homme heureux qui se déplace sur cette piste faisant des pitreries, des chutes et des bons mots. Les rires continuent de plus en plus forts lui soulevant l’âme de satisfaction.

La magie du cirque a encore frappé.

Dans les spectateurs, une dame est assisse, un peu à l’écart dans la pénombre de la piste. Elle a l’air triste, le regard sombre et si parfois ses lèvres crayonnent un léger sourire. Elle ne rit pas figée dans le silence malgré le bruit et les applaudissements. Son cœur ne garde que les blessures du temps et de l’absence.

Assis face à la piste, en pleine lumière un homme rit, il s’amuse, pouffe comme un enfant. Criard et bruyant, il s’immerge dans cette atmosphère plaisante. Il rit lui aussi pour effacer le passé d’un enfant malmené, brimé.

Et dans la salle, un autre, une autre que l’existence a blessé, accidenté, estropié.  Des gens à qui la vie n’a fait aucun cadeau, aucun présent. Mais ils rient, sourient enfin pour exorciser les épreuves, rient pour qq minutes de bonheur, de répits grâce à ce merveilleux clown.

Le spectacle est fini, le clown salue, heureux et quand cesse les applaudissements, il rentre dans sa loge, redevient l’homme qu’il était en arrivant, son manteau gris sur le dos et son léger sourire sur les lèvres. Fini la vie d’étoile. Seul, il regagne ses 2 pièces et pense déjà à son prochain spectacle où, au milieu de la piste, il sera le clown qui fait rire.

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Des arts complémentaires

 

À Liliane Magotte

 

Face à une scène émouvante,

Le photographe a le pouvoir

De la fixer sur un miroir

Où elle demeure persistante.

S'il est poète, il met en mots

Ce que ne dit pas cette image,

Les sensations et les présages

Que l'oubli emporterait tôt.

Le peintre qui a du talent,

Quand il est en état de grâce

Sait créer un certain espace

Où jaillit son ravissement.

L'encadreur ajoute au tableau

Un attrait, de la fantaisie,

Selon l'idée qu'il a choisie

Mais il ne le rend pas plus beau.

Chaque art se suffit à lui-même

Or le poète musicien

Chante les vers qui sont les siens

Et il transcende ceux qu'il aime.

    

Premier décembre 2013

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administrateur partenariats

Florilège de la deuxième saison des partenariats:

« La Fureur de vivre »

Sur un poème de Jacqueline Gilbert

et une peinture de Liliane Magotte

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Fureur de vivre

Enfuie dans le souvenir...

Elle était pourtant là,

Se devait de sortir

Avec un brin d'éclat!

Cette fureur en soi

N'a certes, rien d'anormal

Un jour sortir l'émoi,

Mais oui, devient vital !

C'est alors que le pinceau

Va chercher la couleur

Et trouve le rouge beau

pour dévider son cœur

Suivant tempérament

les formes sont diverses

Mais de mêmes tourments

Sur les toiles se déversent!

Un jour coïncidence

effleure l'amitié

Et voilà qu'on se lance

Pour vous les divulguer...

Nos "Fureur de vivre"

Jacqueline Gilbert

Poète et peintre sur Arts et Lettres

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" Les éditions masquées "

Poème de Claudine Quetrinmont inspirépar une peinture

de Alain Rolland

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" Trinité "

Poème de Rolande Quivron inspiré par une peinture

de Robert Pirschel

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" Féerie matinale"

Aquarelle de Adyne Gohy sur un poème de Gil Def

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"Requiem"

de Joelle Diehl et "Sonate d'automne" de Chantal Longeon

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" Fabienne sur Scène" et "Eugénie"

Musique et aquarelle Fabienne Coppens et Adyne Gohy

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"La mer est coquillage"

Sandra Dulier et Chantal Roussel

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« Feuilles d’or automnales « ,

Jacqueline Nanson et Claudine QUERTINMONT

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" La jeune fille et la mer"

de Gil Def et "Juste un bol d'air" d'Adyne Gohy

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« Les fruits de l'automne »

Jacqueline Nanson, Liliane Magotte et Michel Lansardière

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" Fureur de vivre "

Jacqueline Gilbert et Liliane Magotte.

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Les partenariats d'

Arts

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Lettres

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