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Tina Modotti, amour et révolution

Voir la présentation PowerPoint ou télécharger le billet en PDF, illustré par une quinzaine de photos et un poème de Pablo Neruda, sur sur mon site.

12272844052?profile=originalAssunta Adelaide Luigia Modotti Mondini, communément appelée Tina Modotti, est née à Udine (Frioul, Italie) le 17 août 1896, son père est mécanicien, elle a un oncle, Pietro Modotti, qui est un photographe réputé dans la même ville. En 1897 ou 98, le famille s’installe dans les environs de Klagenfurt (Autriche) où son père a trouvé un emploi dans une usine de bicyclettes. C’est probablement lui qui a inventé le cadre de vélo en bambou qui est la spécialité de cette usine, la bicyclette de l’époque étant très lourde et peu commode dans cette région au relief accidenté. La famille revient à Udine en 1905, et Tina doit recommencer ses études primaires au début, en italien, après avoir les avoir faites en allemand à Klagenfurt. La réadaptation lui sera difficile, notamment à cause de la différence d’âge avec ses condisciples. Son père émigrera en Amérique vers 1908 avec sa fille aînée, où il rejoint un de ses frères établi à Turtle Creek (Pennsylvanie) depuis 1904. La situation économique sur la côte Est n’est pas très bonne, le secteur mécanique dans lequel il espère trouver un emploi est frappé par une grève qui durera un an et demi, et il part pour  San Francisco où il tente d’installer son propre studio de photographie dans le quartier de la Petite Italie. San Francisco offre beaucoup d’opportunités car la ville est encore en pleine reconstruction après le tremblement de terre, suivi d’incendie, qui la détruisit à plus de 80 % en 1906. Après un an, il doit abandonner ce projet qui est un échec et, revenant à son métier d’origine, il ouvre un atelier de mécanique où il fait surtout des réparations en tous genres. Il invente une machine à faire des ravioli qui rencontre un grand succès dans l’importante communauté italienne et sa situation économique s’améliore progressivement.


Pendant ce temps, la famille restée à Udine se trouve plongée dans une très grande pauvreté que Tina n’oubliera jamais. Elle a à peine 14 ans, travaille dans une usine textile et est la seule à apporter un salaire à la maison pour nourrir sa mère et ses quatre frères et soeurs.


En 1913, le père a les moyens de faire venir Tina à San Francisco. Elle débarque à Ellis Island le 8 juillet 1913 et répond au fonctionnaire de l’Immigration qui l’interroge qu’elle n’est “ni anarchiste ni polygame, et n’a jamais été en prison.” C’est l’année qui voit le plus d’Italiens quitter le pays : 3 % des 25.000.000 d’Italiens s’embarquent pour le Nouveau Monde cette année-là. Tina a 17 ans et trouve rapidement un emploi de couturière auprès de sa soeur dans le prestigieux magasin de mode I. Magnin qui propose notamment les dernières créations de Paris et a rouvert ses portes un an plus tôt. Sa grande beauté est vite remarquée, et elle est alors employée comme mannequin pour présenter les collections.


1914-1915 voit la région d’Udine être le théâtre de combats violents et le reste de la famille est obligé de fuir vers le sud pour trouver finalement un refuge dans les Abbruzzes où elle connaîtra une très grande misère. En 1915, San Francisco accueille l’Exposition Internationale Panama-Pacific officiellement organisée pour célébrer l’ouverture du canal de Panama, mais surtout pour célébrer la reconstruction de la ville après le séisme de 1906. C’est là que Tina rencontre celui qui deviendra son mari en 1917, le peintre et poète Roubaix de l’Abrie Richey (dit Robo), et est confrontée pour la première fois aux manifestations de l’art moderne. Au Palais des Beaux-Arts elle pourra voir notamment des oeuvres d’Edvard Munch et des futuristes italiens et des photos d’Edward Weston qui est déjà un artiste reconnu. Un an plus tard, elle abandonne le métier de mannequin et se tourne vers une carrière théâtrale, elle joue dans des opérettes médiocres données dans un théâtre italien local. Son talent et l’adoration du public sont peut-être à l’origine de sa découverte par un chercheur de talents de Hollywood. Le cinéma, encore muet, est alors en pleine évolution.


Tina Modotti et Robo arrivent à Los Angeles à la fin de 1918 et après quelques petits rôles, elle obtiendra les rôles principaux dans deux films, I Can Explain et The Tiger’s Coat. Dans ce dernier, elle porte une robe dont le modèle et le tissu ont été créés par Robo. Pour Tina et Robo, Los Angeles ne se limite pas à Hollywood et au cinéma. Ils font partie de tout un cercle d’avant-garde composé d’artistes, d’anarchistes, et d’intellectuels, tous fascinés par l’art, le mysticisme oriental, l’amour libre et la révolution mexicaine. Pendant ce temps, le père Modotti a acquis une certaine aisance et, en 1920, il a enfin pu faire venir son épouse et les enfants restés en Italie.


À Los Angeles, en 1921, Tina rencontre Edward Weston, photographe célèbre de dix ans son aîné, marié et père de 4 garçons, personnage important d’un autre cercle d’intellectuels bohèmes. Les deux groupes fusionnent quelque peu, se retrouvent régulièrement chez l’un ou chez l’autre, et Modotti et Weston ressentent rapidement une attirance réciproque. Le mariage de Tina et Robo bat déjà un peu de l’aile et Tina expliquera plus tard que leur union s’est progressivement dégradée, quoiqu’ils restent en bons termes, du fait de la personnalité de Robo, trop dépendant, qui ne peut la satisfaire ni sur le plan sentimental ni sur le plan sexuel.  Elle devient d’abord le modèle de Weston, puis son amante.  Robo et Weston sont invités à exposer à Mexico par le directeur de l’Académie des Beaux-Arts, le poète Ricardo Gómez Robelo, dont Robo a illustré un recueil. Il est prévu que Tina accompagne son mari, mais elle doit auparavant terminer le tournage de I Can Explain. Robo part donc seul pour le Mexique. Weston avait envisagé de partager un atelier avec lui, mais hésitait encore.  En 1922 elle part pour Mexico où Robo à contracté la variole, elle y arrive deux jours après son décès. Elle reste sur place et supervise une exposition des oeuvres de Robo, Weston et d’autres artistes californiens dont il avait emporté des travaux. Robelo l’introduit auprès des muralistes mexicains lors de ce premier séjour qui se termine brutalement lorsqu’elle apprend la maladie et le décès de son père quelques semaines plus tard.


Sa relation avec Weston qui s’intensifie et cette double perte provoquent une nouvelle prise de conscience chez Tina Modotti. Elle ne peut plus se satisfaire des rôles stéréotypés que lui offre Hollywood, ni de son rôle de simple modèle devant l’objectif de Weston, de Johan Hagemeyer et des autres membres du cercle de Weston. Elle commence à travailler au studio de Weston, à les accompagner, Hagemeyer et lui, lors de prises de vue en extérieur, et à les assister pour les travaux de laboratoire. Ce sont probablement ces expériences, plus les souvenirs de ses visites chez son oncle à Udine, qui l’incitent à installer son propre studio.


En 1923 elle retourne au Mexique, accompagnée cette fois de Weston et de Chandler, le fils de ce dernier. Weston s’est engagé à lui enseigner la photographie en échange de son aide au studio, elle devient donc officiellement son assistante. Le Mexico post-révolutionnaire des années 20 est en pleine effervescence sociale et culturelle, un peu comme le sont Berlin et Paris à la même époque, et la maison des Weston-Modotti devient un lieu de réunion célèbre où se rencontrent radicaux, écrivains et artistes tels que Diego Rivera, Anita Brenner ou Jean Charlot.


Instruite par Weston, Modotti maîtrise rapidement la technique photographique, et plus son séjour se prolonge au Mexique, plus elle s’éloigne de son influence pour s’investir dans le reportage photographique et rendre compte de l’agitation politique et de l’injustice sociale dont elle est témoin, ainsi que de la révolution culturelle en cours au centre de laquelle se trouvent les muralistes. Le 1er novembre 1924 une exposition où l’on peut voir des photos de Tina et de Weston est inaugurée en présence du président Obregón. Ils font la connaissance de l’écrivain D.H. Lawrence qui est alors au Mexique en train d’écrire son roman fameux Le Serpent à Plumes. Elle a lu Oscar Wilde, Edgar Allan Poe, Freud et Nietsche, et ses idées radicales, alimentées par les souvenirs de la misère connue en Italie ont été renforcées par l’influence de son mari. Son amitié avec les muralistes, et Rivera en particulier, tous proches ou membres du Parti communiste mexicain, la fortifie dans son engagement politique et l’amène à devenir la photographe officielle de ses fresques en 1925. Elle fait la connaissance du poète russe Vladimir Maïakovski, un des chefs de file des futuristes russes. C’est pour elle une période de grande activité artistique et politique, où elle s’implique surtout dans des campagnes pour la libération des prisonniers politiques ou la promotion des mouvements de libération internationaux, laissant de côté les débats idéologiques qui ne l’intéressaient que très peu.  Fin 1925, début 1926 elle retourne à San Francisco auprès de sa mère gravement malade. Elle fréquente tous les amis de Weston et le studio de Dorothea Lange. En 1926 elle sillonne le Mexique avec Edward Weston et son fils aîné, Brett, prenant des photos pour illustrer le livre d’Anita Brenner Idols Behind Altars (Des idoles derrière les retables), une réflexion sur l’art moderne mexicain et ses sources traditionnelles et précolombiennes. En novembre de cette année 1926, la rupture entre Weston et Tina Modotti est consommée : l’écart entre leurs conceptions esthétiques et l’engagement politique et social de Modotti, qui se tourne vers l’extérieur alors que Weston est dépourvu de tout réalisme social, la nostalgie de Weston qui voulait revoir sa famille, et la volonté de Modotti de rester au Mexique où elle pressentait qu’elle avait un rôle à jouer dans la révolution culturelle et sociale en cours, toutes ces différences qui s’accentuent provoquent leur séparation. Ils ne se reverront jamais, mais resteront en contact permanent jusqu’en 1931, date à laquelle Modotti s’installera en Russie.


 Elle mène de front son oeuvre personnelle, les photographies de travaux d’artistes mexicains destinées à la publication de livres d’art ainsi que ses travaux de photojournalisme pour El Machete, le journal du parti communiste mexicain, et une activité de photographe plus conventionnelle, alimentaire, réalisant de nombreux portraits en studio pour la riche bourgeoisie de Mexico. Sa maison est devenue un lieu de rencontre pour les exilés dont elle soutient les luttes de libération nationale et pour nombre d’artistes mexicains, comme le jeune photographe Manuel Alvarez Bravo, Rufino Tamayo ou Frida Kahlo, qu’elle présentera à Diego Rivera.


En 1928, elle vit avec Julio Antonio Mella, un jeune révolutionnaire cubain en exil, qui sera abattu en pleine rue à ses côtés alors qu’ils rentraient un soir d’avoir été au cinéma. Il s’agit d’un crime politique dont le gouvernement se sert contre les communistes, le faisant passer pour un crime passionnel malgré les témoins qui ont décrit le déroulement des faits. L’ enquête est orientée, sa maison est perquisitionnée, et une véritable inquisition sur sa vie privée commence. Les photos de nus que Weston a  réalisées d’elle sont saisies comme preuve de son « immoralité », ce qui va causer un tort irréparable à sa réputation et à sa carrière, aussi bien auprès de la base du parti communiste, paysans et ouvriers peu familiarisés avec l’art photographique, qu’auprès de sa clientèle de la haute société qui la voit dépeinte dans la presse comme une « communiste dépravée ».


Malgré son acquittement lors du procès, la mort de Mella et le harcèlement policier et médiatique la laissent profondément meurtrie, lui donnent une perception du monde irrévocablement changée et renforcent son engagement dans la lutte pour le changement social. « Il n’y avait plus pour elle de moyen terme ; la vie était désormais affaire d’absolus. Elle avait été une photographe engagée, elle était désormais une révolutionnaire pourvue d’une mission. Un zèle nouveau la poussait à suivre les traces de Mella. »


Mella était le rédacteur en chef de El Machete, elle y avait déjà publié une série de photos sous le titre Les contrastes du régime, montrant des images de dégradation et de pauvreté confrontées à celles de la richesse des possédants. Elle poursuit son engagement dans le photojournalisme en couvrant une manifestation le 1er mai, 18 images prises avec son Graflex qui montrent le début jovial de la marche que l’on suit dans les rues de Mexico, l’arrivée de la police venue disperser la foule et les violences qui mettent fin à la manifestation. C’est un changement d’attitude dans sa pratique photographique : la composition lente et précise de l’image esthétique n’en est plus l’objectif principal, il s’agit maintenant de montrer le mouvement de la vie saisi sur le vif. Elle se déplace rapidement pour enregistrer les moments importants de la manifestation. Dans une interview parue la même année, elle définira sa nouvelle manière comme traduisant sa volonté de ne produire que des « instantanés parfaits. »


Après un voyage dans l’isthme de Tehuantepec où elle s’est consacrée à un reportage sur la vie quotidienne et les coutumes des femmes de cette région, elle est de retour à Mexico et de nouveau poursuivie par le scandale et la police secrète qui la met sous surveillance continue. Des vigiles sont en permanence devant sa porte. Lors de sa première exposition personnelle, le peintre muraliste David Alfaro Siqueiros fait le discours inaugural et sera arrêté quelques jours plus tard pour conspiration contre le gouvernement. La presse se déchaîne à nouveau contre Tina Modotti alors que, dans le même temps, son travail était de plus en plus reconnu sur le plan international à un point tel qu’elle devient une caution publicitaire pour Agfa et que ses photos ou des articles sur elle sont publiés dans différentes revues de gauche ou d’avant-garde aux états-Unis et en Europe.


Au début de 1930 les membres du Parti communiste mexicain sont l’objet d’une répression sévère car on leur attribue la responsabilité d’un attentat contre le président. Tina est arrêtée et extradée. Sur le bateau qui l’emmène vers l’Europe, elle retrouve Vittorio Vidali, un ami italien dont elle a fait la connaissance à Mexico en 1927. Il est agent soviétique et essaye sans succès de la convaincre de l’accompagner à Moscou. Elle préfère s’installer à Berlin où elle entre en contact avec le Bauhaus dont elle connaît les travaux par des publications. Lotte Jacobi lui organise une exposition qui est très bien reçue par les critiques. Mais Tina ne parvient pas à s’adapter à cet environnement et au bout de six mois, elle rejoint Vidali à Moscou où une autre déception l’attendait. Elle se rend assez vite compte que son travail de photographe ne correspond pas aux exigences du réalisme socialiste stalinien. En 1930, la création soviétique est loin des expérimentations et de l’originalité enthousiasmantes des années 20.


Comme elle l’envisageait déjà depuis quelques temps, elle abandonne complètement la photographie pour se consacrer essentiellement à la lutte contre le fascisme en travaillant pour le Secours rouge international. Déjà au Mexique, après l’assassinat de Mella, le traumatisme du meurtre et de son intimité violée, de sa vie privée exposée au grand public par  des journalistes malveillants plus l’incompréhension et le rigorisme des dirigeants du Parti communiste, tout cela avait dû faire naître en elle un sentiment de malaise vis-à-vis de sa propre beauté, sentiment qu’elle ne pouvait sans doute apaiser qu’en s’immergeant avec humilité dans le travail en faveur de la « cause ». Sous différents pseudonymes elle se rend ainsi dans les pays à régime fasciste pour apporter de l’aide aux familles des prisonniers politiques.


En 1936, dès le début de la guerre d’Espagne, elle est à Madrid avec Vidali. Sous le nom de Carlos, il participe à la défense de la capitale contre les fascistes franquistes tandis qu’elle travaille activement à l’organisation de l’aide internationale à la république, fait des traductions et écrit pour Ayuda, le journal du Secours rouge espagnol et s’occupe particulièrement de l’évacuation des enfants de Madrid et Valence vers Barcelone.  Elle fera également partie de la garde chargée de la protection de Dolores Ibárurri, La Pasionaria, la présidente du Parti communiste espagnol. En 1937 elle représente le SRI au Congrès international des Intellectuels pour la Défense de la Culture à Valence. Jusqu’à la fin de la guerre d’Espagne elle s’occupe de l’organisation du SRI et de l’évacuation vers l’étranger des orphelins de guerre.


En 1939 Barcelone est occupée par les franquistes et elle parvient à fuir avec Vidali pour Paris. Elle arrive avec un faux passeport espagnol à New York, en avril, où est déjà Vidali, mais on ne la laisse pas débarquer et elle est transférée sur un bateau en partance pour le Mexique où Vidali la rejoindra quelques temps après. Elle vit sous la fausse identité de Carmen Ruiz et évite ses anciens amis. Elle travaille au soutien des réfugiés de la guerre d’Espagne. Lorsqu’elle rencontre Manuel Alvarez Bravo, elle lui confie qu’elle a abandonné la photographie. Elle ne se réinscrit pas au Parti communiste car elle est en désaccord avec le parti sur le Pacte germano-soviétique.


En 1940 le président Lázaro Cárdenas annule l’ordre d’expulsion qui la frappait. Elle reprend progressivement contact avec ses anciens amis et vers 1941 on peut penser qu’elle envisageait d’acheter un appareil pour recommencer à photographier. Vidali est arrêté, soupçonné d’avoir trempé dans le meurtre de Trotsky, survenu en mai 40 à Mexico. Terrorisée, elle n’ose presque plus quitter sa maison, passe quand même le réveillon de la saint Sylvestre chez le poète chilien Pablo Neruda.


Elle meurt d’une crise cardiaque dans le taxi qui la ramène chez elle, dans la nuit du 6 janvier 1942, à l’âge de 46 ans à peine, après un dîner chez son ami l’architecte du Bauhaus Hannes Meyer.


Le contexte


Quand Tina Modotti arrive à San Francisco, la ville achève sa reconstruction après le séisme de 1906. C’était la ville la plus importante de la côte Ouest avant cette catastrophe, et malgré les efforts des autorités, elle ne retrouvera pas le rang qu’elle occupait alors. Le centre de gravité du développement économique et culturel se déplace à Los Angeles, 600 km plus au Sud. C’est en 1911 que le premier studio de cinéma s’y installe, et quelques années plus tard, le quartier de Hollywood est devenu l’épicentre de l’industrie cinématographique américaine.


Quand Robo et Tina s’y installent, en 1918, l’Amérique est en pleine mutation. La Première Guerre mondiale vient de s’achever, Los Angeles entre dans le XXe siècle : c’est l’avènement de l’automobile et du cinéma, l’émergence du jazz, le bouillonnement des idées nouvelles, les revendications des suffragettes, la fascination pour le mysticisme oriental, mais aussi la Prohibition (janvier 1919), l’agitation ouvrière, un renouveau religieux fondamentaliste, les attentats du Ku Klux Klan.


Au Mexique, après la présidence de Porfirio Díaz qui a duré de 1876 à 1911, période de grande stabilité politique mais aussi d’inégalités sociales croissantes, la révolution a éclaté après les dernières élections entachées d’irrégularités flagrantes.


La classe moyenne voit ses revenus se réduire, des terres confisquées à l’église et aux communes traditionnelles sont vendues à vil prix aux grands propriétaires et les paysans vivent dans la misère. L’insurrection éclate donc, marquée par deux figures qui deviendront légendaires : Pancho Villa, un paysan pauvre de l’état de Durango, et Emiliano Zapata, un petit propriétaire terrien de l’état de Morelos. La révolution se termine en 1917 avec la publication d’une nouvelle constitution, mais des troubles continuent d’éclater jusqu’au début des années 20.


Le président Alvaro Obregỏn soutient théoriquement le désir de réformes sociales, quoiqu’il se laisse aller au favoritisme, et entreprend une politique culturelle vigoureuse. Pour asseoir la légitimité de son régime il prône la construction symbolique d’une identité culturelle spécifiquement mexicaine et le ministre de l’éducation publique, José Vasconcelos, invite les artistes mexicains à la grandeur au nom d’un peuple appauvri et ravagé par la guerre. Son projet est basé sur une instruction gratuite et universelle, des concerts et des expositions gratuites, en bref : l’art et la culture pour le peuple. Il rencontre ainsi les préoccupations des muralistes et des autres artistes de gauche qui croyaient en la capacité de l’art à améliorer la vie des gens et réfutaient un art élitiste centré sur lui-même.


C’est ainsi que les muralistes négocient avec le ministère des milliers de mètres carrés de peintures murales didactiques à réaliser sur des édifices publics, au tarif des peintres en bâtiment, des oeuvres qui ne pourraient jamais être achetées et appartiendraient à tous, des oeuvres glorifiant la révolution et les classes laborieuses et revendiquant l’héritage précolombien.


Des discours complexes sur la mexicanité prenaient une importance considérable dans le paysage culturel post-révolutionnaire, et les intellectuels étaient à la recherche du lien idéologique qui pourrait unir dans un sentiment national les cultures et les ethnies disparates du Mexique.


Le ministre Vasconcelos considérait que les métis représentaient l’identité de la nation, une « race cosmique » selon ses termes, qui reliait le pays au reste de l’Amérique latine. Un autre courant de pensée voyait dans les cultures indiennes, pourtant très divergentes, l’essence de la nation mexicaine. L’ expression artistique était donc traversée par ces différents courants, comme par les influences des mouvements de pensées venus d’Europe ou des états-Unis.
En même temps que le mouvement muraliste, se développe un mouvement d’avant-garde esthétiquement plus radical, le stridentisme, pour qui révolution sociale et radicalisme artistique participent de la même idée. Les stridentistes partagent avec les futuristes italiens l’amour de la vitesse et de la machine, une vision idéalisée de la modernité urbaine, mais ils rejettent l’engagement généralement pro-fasciste des Italiens. C’est un groupe d’écrivains et d’artistes gauchistes qui célèbrent une utopie urbaine et moderniste, indépendante des conditions économiques et sociales, qui les écarte de l’orthodoxie communiste de la plupart des muralistes.


Il y a alors au Mexique une effervescence culturelle extraordinaire qui attire des intellectuels et des artistes comme André Breton, Sergueï Eisenstein, Antonin Artaud, Luis Buñuel, John Dos Passos ou D. H. Lawrence. On parle, à propos de cette période, de « Renaissance mexicaine. »

A propos de l’oeuvre de Tina Modotti


On peut distinguer quatre périodes dans l’oeuvre de Tina Modotti. à ses débuts, son travail ne se distingue pas de celui de son mentor, Edward Weston, de qui elle a hérité la rigueur dans la composition, le purisme et la précision. Ce sont des compositions géométriques ou des photos de fleurs, un art intimiste, représentation symbolique de la femme en tant qu’être de beauté, fragilité, sentimentalité. Elle adhère d’abord totalement à la démarche de Weston qui s’écarte alors du pictorialisme de Stieglitz, style qu’il affectionnait jusqu’il y a peu. Ils perfectionnent la spécificité du rendu photographique par une mise au point extrêmement précise et une profondeur de champ qui couvre toute l’étendue du sujet, souvent des objets familiers isolés et photographiés dans une nouvelle perspective.


Viennent ensuite les photos stridentistes, ode à la modernité, images épurées de fils télégraphiques ou d’échafaudages, vision intemporelle d’une civilisation urbaine moderne, des constructions intellectuelles épurées à partir d’éléments réels qui traduisent non seulement une réflexion esthétique, formelle, sur la photographie mais aussi la projection de l’artiste dans une société en pleine évolution, la préfiguration d’une civilisation future.


Le reportage social occupe ensuite une large place dans l’oeuvre de Tina Modotti, concomitant des photos de peintures murales. Il s’agit pour elle de montrer les inégalités sociales criantes malgré le discours officiel, mais aussi de rendre un hommage simple, non emphatique, à la dignité des classes laborieuses. Ses photos se distinguent par une extraordinaire clarté formelle, couplée à un contenu social incisif . Elle parcourt notamment l’isthme de Tehuantepec pour rendre compte de la vie des femmes de cette région, certes réputées pour leur grande beauté, mais surtout parce que c’est une région où la culture traditionnelle est encore largement matriarcale, ce qui ne peut manquer d’attirer l’attention d’une féministe engagée comme elle dans le combat social.


Enfin, il y a les images de propagande réalisées pour El Machete. Le lectorat de l’hebdomadaire communiste étant peu instruit, souvent illettré le discours du journal s’appuyait sur des images, photographies, dessins et gravures sur bois à la symbolique simple et évidente. Loin de sa démarche allusive habituelle, Tina Modotti utilise le même schématisme afin que leur signification soit immédiatement accessible à tous. Néanmoins, elle aura toujours le souci d’une composition rigoureuse, ainsi, la photo « Défilé de travailleurs » où l’on ne voit aucun visage, prise en plongée, sans horizon, qui nous montre une mer de sombreros, est à rapprocher de « Verres », une image qui est une recherche esthétique pure. La masse d’individus, des travailleurs défilant le 1er mai 1926, devient ici une entité organique autonome, la représentation  d’une classe ouvrière forte, unie dans une volonté commune.


Dans d’autres photos au langage aussi simple, mais à la composition tout aussi rigoureuse, Modotti utilise des éléments significatifs de la vie des travailleurs mexicains : guitare, marteau, faucille, mais aussi cartouchière, dont le rapprochement hors de tout contexte réaliste donne des images à la valeur symbolique évidente. Elle utilise également des éléments portant une charge symbolique forte par eux-mêmes, indépendamment de tout agencement avec d’autres : le maïs qui, plus qu’un simple aliment de base, symbolise la culture ancestrale pré-colombienne et le sombrero, large chapeau porté par les paysans, les ouvriers et les révolutionnaires zapatistes.


Nous nous trouvons ici en présence d’une artiste majeure du début du XXe siècle dont la vie et l’oeuvre, malgré leur brièveté, se confondent dans des engagements absolus, un météore dans le ciel de la photographie.

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Imogen Cunningham, 70 ans de photographie

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12272845672?profile=originalImogen Cunningham est née le 12 avril 1883 à Portland (Orégon), fille de Isaac et Susan Cunningham, elle sera l’aînée de six enfants. La famille s’installe à Seattle (Washington) en 1889. Le père est un petit fermier, pauvre, issu d’une famille d’immigrants irlandais, qui a grandi dans une petite plantation du Kentucky comptant quatre esclaves. Il est profondément religieux, mystique même, il étudie chaque religion sur laquelle il peut se documenter mais refuse tout contact avec les églises et les institutions religieuses. Sa mère est complètement soumise au père qui semble être un aimable tyran domestique dont elle satisfait naturellement les moindres désirs, Imogen dira d’elle qu’elle « n’a jamais émis la moindre opinion personnelle. »


Son père se charge de son éducation jusqu’à l’âge de huit ans, où elle entre à l’école. Après le lycée elle fait des études de chimie à l’université de Seattle, qu’elle finance en travaillant comme secrétaire pour son professeur de chimie et en réalisant des photos pour les botanistes. Elle obtient sa licence en 1907, avec un mémoire intitulé Procédés modernes en photographie. Durant ses études elle s’intéresse à la culture et à la langue allemandes, intérêt qu’elle gardera tout au long de sa carrière, suivant l’évolution de la photographie allemande, notamment par la lecture de Das deutsche Lichtbild et du livre de Karl Blossfeld Urformen der Kunst (Les formes originelles de l’art), paru en 1928.


En 1906 elle a acheté par correspondance son premier appareil photographique à l’American School of Art and Photography de Scranton (Pennsylvanie), une chambre 4x5 inches ainsi qu’une boîte spéciale qui lui permet, en un premier temps, d’envoyer ses plaques qui sont développées à l’école et lui sont renvoyées avec les critiques des professeurs. Elle s’en désintéresse rapidement, mais la rencontre de l’‌oeuvre de Gertrude Käsebier durant ses études à l’université réactive son intérêt pour la photo. Très vite elle se construit une chambre noire dans la grange familiale avec l’aide de son père. Quand elle déclare vouloir être photographe, il est très déçu par ce choix d’une profession qu’il considère comme très médiocre, mais il ne fait rien pour l’en dissuader.


Après l’université, de 1907 à 1909, elle travaille 3 jours par semaine comme laborantine et retoucheuse au studio du portraitiste Edward S. Curtis où elle est chargée de la retouche des négatifs et apprend la technique du tirage au platine, une technique assez délicate fort en vogue au XIXe siècle et au début du XXe. Elle obtient alors une bourse d’étude de sa fraternité étudiante et se rend en Allemagne, à Dresde, pour étudier la chimie photographique avec le très réputé professeur Robert Luther à la Technische Hochschule. Dans sa thèse, décrivant son procédé pour augmenter la rapidité du tirage au platine, augmenter la clarté des hautes lumières et obtenir des tons sépias, elle préconise l’usage d’un papier au platine de fabrication personnelle plutôt que ceux du commerce.
Lors de son voyage de retour, elle s’arrête à Londres et rend visite au photographe Alvin Langdon Coburn et, à New-York, elle rendra visite à Alfred Stieglitz et Gertrude Käsebier qui auront chacun une influence importante sur son oeuvre.


De retour à Seattle, elle ouvre son studio de portraitiste ; elle est la seule photographe membre de la Society of Seattle Artists. En 1913 elle publie un article, Photography as a Profession for Women, dans lequel elle encourage les femmes à embrasser une carrière, non pas pour surpasser les hommes, mais pour faire quelque chose pour elles-mêmes. Elle acquiert rapidement une réputation au plan national, non seulement pour ses portraits mais également pour son oeuvre pictorialiste dont des images sont publiées en 1914 dans le Wilson’s Photographic Magazine, année où a lieu sa première exposition personnelle au Brooklyn Institute of Arts and Sciences.


Elle épouse l’année suivante le graveur et imprimeur Roi Partridge qui est de retour à Seattle, ayant quitté Paris après un séjour de plusieurs années à cause de la guerre qui s’annonçait. Elle a eu connaissance de son oeuvre par une exposition organisée par des amis communs, et lui a écrit à Paris pour lui faire part de ses commentaires sur son travail. Une correspondance régulière s’ensuivit, qui deviendra de plus en plus personnelle, et ils se marieront quelques mois seulement après le retour de Partridge. Leur fils aîné, Gryffyd, naît 9 mois plus tard. Son mari lui sert de modèle pour des nus en pleine nature, dont une photo est publiée dans un journal local. Cela entraîne un tel scandale qu’elle ne montrera plus ces images pendant de nombreuses années. Elle est probablement la première photographe américaine à présenter des nus masculins.


En 1917 la famille quitte Seattle pour San Francisco. C’est là que naissent les jumeaux Rondal et Padraic, Gryffyd a deux ans et Imogen n’a que peu de temps à consacrer à son oeuvre de photographe. Elle se limite à des photos de ses enfants et des plantes de son jardin. La nature exubérante de la Californie est pour elle une source d’inspiration inépuisable. En 1918 elle travaille brièvement dans le studio de Francis Bruguière, rencontre Dorothea Lange et son mari, le peintre Maynard Dixon. La maison des Cunningham-Partridge devient un lieu de rencontre habituel pour de nombreux artistes et intellectuels. Chaque week-end voit des invités arriver, souvent plus d’une dizaine, et certains restent parfois plusieurs semaines.  Les enfants grandissant, Imogen Cunningham se décharge sur eux d’une grande part des tâches ménagères et se consacre avec plus d’intensité à son travail de photographe. La famille part souvent en montagne, campant en des lieux sauvages ou pittoresques, propices à la réalisation de photos et de croquis, où Imogen utilise son mari et les enfants comme modèles.


12272844895?profile=originalLe couple déménage pour Oakland en 1920, où Roi Partridge a obtenu un poste d’enseignant au Mills College. Ils font la connaissance de Edward Weston, Johan Hagemeyer et Margarethe Mather. Imogen Cunningham reçoit sa première commande commerciale, un reportage sur le Ballet Intime, la troupe du chorégraphe Adolph Bolm. En 1922 elle fait des portraits de Weston et Margarethe Mather et participe à l’exposition de la Pictorial Photographic Society à San Francisco.  C’est à cette époque qu’elle commence à faire des prises de vue de très grande précision de plantes et expérimente la double exposition.


En 1929, Edward Weston est chargé de choisir des oeuvres de photographes américains éminents pour la prestigieuse exposition Film und Foto de Stuttgart, Imogen Cunningham est représentée par huit photos de fleurs, un nu de couple et une photo de château d’eau.


 Elle fait une série de photos de la danseuse Martha Graham, qui sont publiées dans Vanity Fair, et la revue l’engage alors pour faire une série de portraits de personnalités hollywoodiennes. En 1932 elle est parmi les membres fondateurs du « Groupe f/64 », avec Ansel Adams et Edward Weston notamment, groupe assez informel qui se donne comme objectif une photographie d’une qualité technique irréprochable, d’une netteté absolue et présentant une gamme de valeurs d’une étendue maximale, ce qu’on appelle maintenant straight photography ou photographie pure. Ils réagissaient en opposition au pictorialisme et aux manipulations de l’image photographique, ainsi qu’au fait que Stieglitz n’ait jamais fait un geste vers eux. Les photographes californiens se sentaient isolés, loin de New York qui était alors le centre de gravité culturel de Etats-Unis. Elle s’éloignera assez rapidement de ce mouvement, trouvant ces critères trop restrictifs, et aussi du fait de son individualisme prononcé.


En 1934, elle divorce de Roi Partridge. « J’ai été mariée 20 ans, dira-t-elle plus tard, je trouve que c’est assez. »  Imogen était intéressée par tout, sauf les voitures et le sport, dira son fils, elle avait une très grande ouverture d’esprit, tandis que Roi était très conservateur. Ils avaient de fréquentes disputes. Imogen devait séjourner un temps à New York pour répondre à une commande de Vanity Fair, et Roi aurait voulu qu’elle retarde son départ jusqu’à ce qu’il puisse l’accompagner. Elle a refusé et est partie au début du printemps, quelques temps après, en juin, il est parti pour Reno où il a fait prononcer le divorce. Elle ne vivra plus jamais en couple par la suite, appréciant trop la liberté. Partridge et elle sont deux personnalités très fortes, très individualistes l’un comme l’autre, ayant chacun une grande ambition professionnelle. Ils veulent l’un et l’autre laisser une oeuvre à la postérité. Roi Partridge s’absentait parfois plusieurs semaines pour des randonnées en montagne dans le but de ramener les nombreux croquis qui serviraient de base à ses gravures. Cunningham était également absorbée totalement dans la réalisation de son oeuvre, ou de ses travaux de commande. Dans une interview des années 70, son fils, Rondal, racontera que sa mère ne se chargeait jamais des achats pour la famille, qu’elle régentait toute la maison, mais que tout était commandé par téléphone et livré à domicile car elle n’avait pas de temps à consacrer aux tâches ménagères, hormis les repas. Ce sont les garçons qui sont chargés du reste. Mais chacun s’accordera sur ses qualités de cuisinière hors paire et beaucoup gardent le souvenirs de repas exceptionnels. à la fin de sa vie, elle avait d’ailleurs le projet d’un livre de recettes.


Après son divorce, elle travaille donc un temps à New-York pour Vanity Fair, rend visite à Alfred Stieglitz dont elle fait plusieurs portraits (avec l’appareil de Stiegletz), puis fait un reportage avec Dorothea Lange et Willard Van Dyke à Oroville (Californie) sur une coopérative de chômeurs qui fait de la récupération de vieux mobilier un moyen de lutte contre la pauvreté.


En 1946 elle enseigne la photographie à la California School of Fine Arts de San Francisco, abandonne en partie sa chambre technique au profit d’un Rolleiflex, et fait la connaissance de Lisette Model qui y enseigne également. Elle s’installe alors à San Francisco dans la maison où elle résidera jusqu’à son décès. Elle enseignera encore brièvement à la California School of Fine Arts en 1950.


Le International Museum of Photography de Rochester achète une grande collection de ses photos. Elle voyage en Europe en 1960-61, à Berlin, Munich, Paris et Londres. En Allemagne elle rend visite à August Sander et rencontre Paul Strand en France. Elle visite ensuite la Norvège, la Finlande la Suède, le Danemark et la Pologne, et à nouveau Paris. La Librairie du Congrès des Etats-Unis achète un ensemble de ses photos en 1970, et 1975 voit la création du Imogen Cunningham Trust, actuellement dirigé par Meg Partridge, sa petite-fille, qui est chargé de la préservation et de la diffusion de son oeuvre.


En 1976 elle prépare la publication d’une étude photographique sur la vieillesse (Age and aging) et réalise les 12 derniers portraits du projet, qui paraîtra à titre posthume dans un livre sous le titre After Ninety.
Elle meurt le 23 juin de la même année à San Francisco à l’âge de 93 ans.

A propos de l’oeuvre
En 75 ans d’expression photographique, Imogen Cunning­ham a connu les principales tendances de son art durant le siècle. Ses premières photos sont résolument pictorialistes, influencées par la lecture de William Morris et le préraphaélisme. Dans le choix des sujets (Eve repentant, The Supplicant), on peut sans doute aussi déceler l’influence du mysticisme de son père. Déjà elle expérimente, faisant des tirages très différents d’un même négatif (In Moonlight et Morning Mist and Sunshine) explorant les différentes expressions que l’on peut donner d’une même composition.  Elle prend ses amis comme modèles dans des scènes composées, romantiques et maniéristes, utilisant un objectif très doux (soft focus), et fait ses tirages sur des papiers au platine en tons satinés.


Elle se dégagera rapidement de ce genre de sujets tout en gardant la technique et le langage pictorialistes dans ses photos de paysages et ses scènes de nus en pleins nature, les sujets changent, mais le style, l’écriture, restent victoriens. Ses photos de nus de Roi Partridge au Mont Rainier sont très représentatives de cette période.
Son installation en Californie, et la naissance de ses enfants, ont une influence directe sur ses sources d’inspiration dans les années 20 et provoquent une rupture de style brutale. La nature exubérante qui l’entoure, les charges familiales et un nouvel environnement culturel, l’amènent rapidement à ne traiter dans son travail personnel que de sujets très proches : ses garçons et les plantes de son jardin, ou des portraits de personnes qui l’intéressent. C’est là que se montre, dans les années 20, toute la profondeur de la remise en question de sa pratique antérieure et de l’influence préraphaélite. Ses nouvelles photos sont marquées d’une pureté graphique qui dénote son adhésion à une vision moderne de la photographie, dégagée des modèles du XIXe siècle, tendant presque à l’abstraction et proches de la Nouvelle objectivité et du Constructivisme russe. Elle rejoint ainsi l’esthétique d’autres photographes californiens comme Margarethe Mather, Ansel Adams ou Edward Weston. Weston et elle s’influencent d’ailleurs réciproquement, jusqu’à ce que Weston parte pour le Mexique et que chacun suive sa voie. Cette époque, celle des années 20-30, est celle où la photographie “examine” le monde avec attention. Renger-Patzsch en Allemagne, Weston et Cunningham en Californie,  examinent formellement les choses qui les entourent, mais chacun, évidemment, avec sa sensibilité propre.


Avec le groupe f/64 elle adhère un temps aux préceptes définis par Ansel Adams et Willard Van Dyke d’une reproduction du monde réel avec tous ses détails, mais, tout en continuant à apprécier leur travail, elle trouve trop restrictifs leurs critères et leur exigence de tirages parfaits, où la recherche d’une étendue maximale dans la gamme des nuances devient presque obsessionnelle. Son travail est plus instinctif,  et plus sensible,  même si ses images sont également très construites, et elle rejette toute limite à ses propres possibilités d’expression. Weston, Adams et Van Dyke utilisaient exclusivement une chambre technique 8x10 inches (20x25 cm), ils étaient très préoccupés de la qualité de leurs tirages, qu’ils faisaient par contact, et étaient toujours à la recherche du meilleur papier. Ces détails techniques ne l’intéressaient pas : la façon de voir les choses était la seule importante pour Imogen Cunningham.
Ses photos de fleurs et de plantes sont des épures alliant une rigueur extrême dans la construction au velouté des nuances rendues. Nous sommes ici très loin des planches de botanique : les sujets sont extraits de leur contexte naturel, dans la majorité des cas, et présentés sur un fond uni, souvent très sombre, comme des objets esthétiques indépendants. Certaines de ces images tendent à l’abstraction, il s’agit de cadrage très serrés de détails tandis que d’autres, dans un plan plus large, pourraient presque être documentaires. Mais dans tous les cas, il est évident que le propos ici n’est pas d’illustrer ou de documenter mais bien de produire une image esthétique construite comme une fin en soi.


Elle poursuit également sa recherche très personnelle en matière de photo de nus, avec des images de fragments de corps, des attitudes contorsionnées, des angles de vue inhabituels. Dans ses études elle se montre moins géométrique que Weston, moins “abstraite” mais plus sensible. Si son cadrage est souvent très serré, sauf lors de prises de vue dans la nature, et les attitudes parfois inattendues, la sensualité n’en est jamais absente mais il ne s’agit pas ici de poses alanguies plus ou moins érotiques. Ce sont des études de formes prenant le corps humain pour modèle, avec une nette différenciation des genres, une expression en général plutôt athlétique de la masculinité et une féminité sans mièvrerie. Elle a rarement travaillé avec des modèles professionnels, préférant le naturel et la spontanéité de personnes de sa connaissance.  C’est un genre qu’elle pratiquera tout au long de sa carrière avec un égal bonheur.
Quoique elle ait déclaré que le portrait n’avait pour elle qu’un intérêt, l’argent qu’il pouvait rapporter, il est évident qu’elle a été une portraitiste de grand talent dont le style, là aussi, a évolué au fil du temps. Des images sentimentales de ses débuts (comme Mother and Children, 1909) aux manipulations des années 60 et suivantes (A Man Ray version of Man Ray, 1960), elle produit des portraits très pénétrants, révélateurs à la foi de sa compréhension du modèle et de l’évolution de son esthétique. Quand, à partir des années 50, ses contemporains rétrécissent le champ de leur recherche artistique, Weston approfondissant sa poétique hautement formalisée et Ansel Adams perfectionnant son expression symphonique du paysage, Imogen Cunningham élargit sa vision, combinant des portraits avec des prises de vue de plantes ou utilisant les expositions multiples pour produire une oeuvre presque post-moderne.
Imogen Cunningham a très peu parlé de son art, si ce n’est sur un plan anecdotique, quoiqu’elle fut très au consciente des analyses et des critiques produites sur son oeuvre. Elle ne s’est pas exprimée sur la signification qu’elle donnait à ses photos ni à ses motivations en les faisant. Elle explique  néanmoins que pour faire une bonne photographie, il faut penser comme un poète le ferait. Une dizaine d’années avant sa mort, elle dit dans une interview que les peintres et les photographes s’épanchent trop dans un charabia excessif pour exprimer ce qu’ils pensent et ressentent. “Moi, je photographie et je laisse les gens me comprendre s’ils le peuvent”, dit-elle. Quand on la questionnait sur ses travaux, elle était très brève. Ainsi, Minor White rapporte qu’un étudiant, parlant d’un portrait du peintre Morris Graves dit que “Ce portrait montre un homme si enchanté par la nature qu’il semble avoir transcendé son environnement. La lumière romantique l’entraîne vers d’autres mondes, inconscient quoique très sensible. Il comprend la nature parce qu’il y a beaucoup réfléchi et est obsédé par ce qui lui a été révélé.”


Le commentaire de Cunningham sur le même portrait est : “Very good and enough” (Très bon et ça suffit).

Artistes et mouvements cités


Karl Blossfeld (1865 - 1932), un des plus importants représentants de la Nouvelle objectivité berlinoise. Son livre, Urformen der Kunst l’a rendu célèbre dès sa parution.


Adolph Bolm (1884 - 1951), chorégraphe russe ayant quitté les Ballets Russes de Diaghilev pour s’installer aux USA et fonder sa propre troupe de ballet moderne.


Francis Bruguière (1879 - 1945), photographe américain, ami de Stieglitz, ayant expérimenté des techniques d’avant-garde et travaillé pour les revues Vanity Fair, Vogue et Harper’s Bazaar.
Alvin Langdon Coburn (1882 - 1966), photographe américano-britannique qui a été publié dans Camera Work de Stieglitz, connu pour ses portraits de personnalités (Rodin, G.B. Shaw...), un des chef de file du pictorialisme américain.


Constructivisme, courant artistique apparu en Russie  autour de Alexandre Rodtchenko et Vladimir Tatline peu après la révolution de 1917, caractérisé par l’utilisation de formes simples (carré, cercle, triangles) et des couleurs pures.
Edward S. Curtis (1868 -1952), photographe ethnologue, surtout connu pour ses reportages sur les Indiens d’Amérique.
f/64 : Ansel Adams, Imogen Cunningham, John Paul Ed-wards, Sonya Noskowiak, Henry Swift, Willard Van Dyke, Edward Weston.


Martha Graham (1894 - 1991) : chorégraphe et danseuse expressionniste américaine dont l’influence sur le ballet moderne fut comparée à celle de Picasso sur la peinture ou de Stravinsky sur la musique.


Johan Hagemeyer (1884 - 1962), photographe d’origine hollandaise, installé à San Francisco et ami de Edward Weston.


Gertrude Käsebier (1852 - 1934), une des plus importantes photographes américains du début du XXe siècle, surtout connue pour ses portraits, ses photos d’indiens Sioux et avoir contribué à créer la Women’s Professional Photographers Association of America. Elle était membre de la Photo Secession.


Dorothea Lange (1895 - 1965), photographe américaine connue pour ses photos de la Grande Dépression pour la Farm Security Administration.


Margarethe Mather (1886 - 1952), photographe américaine associée à Edward Weston jusqu’au départ de celui-ci pour Mexico avec Tina Modotti. Sa recherche sur la lumière et la forme a influencé la photographie, l’éloignant du pictorialisme pour tendre vers un art résolument moderne.


Lisette Model (1901 - 1983), photographe américaine d’origine autrichienne, ayant travaillé pour Harper’s Bazaar et enseigné la photographie.


Tina Modotti (1896 - 1942) : photographe italienne, politiquement révolutionnaire, un temps compagne de Edward Weston.


William Morris (1834 - 1896) : designer textile, imprimeur, écrivain, poète, conférencier, peintre, dessinateur et architecte britannique, membre de la Confrérie préraphaélite.


Nouvelle objectivité : mouvement artistique apparu en Allemagne dans les années 20 en réaction aux excès de sentiments des expressionnistes, August Sander et Albert Renger-Patzsch en sont les chefs de file en photographie.


Photo-Secession : groupe résolument pictorialiste, fondé par Alfred Stieglitz en 1902 en réaction au Camera Club de New York. Il se dissout en 1917 suite à des désaccords esthétiques entre ses membres.


Pictorialisme : tendance de la photographie apparue vers 1885, influencée par l’impressionnisme et le symbolisme, et caractérisée par l’usage du flou et des interventions sur le négatif. Les photographes tenant de cette esthétique veulent faire reconnaître la photographie comme expression artistique et essaient d’imiter la gravure ou le dessin.


Préraphaélisme : mouvement pictural apparu en Grande-Bretagne en 1848, en référence aux peintres antérieurs à Raphaël. Ses thèmes de prédilection sont les scènes bibliques, le Moyen-âge, la littérature. Les préraphaélites rejettent les modèles de la Renaissance propres à la peinture victorienne et se tournent vers les primitifs, italiens et flamands.


Albert Renger-Patzsch (1897 - 1966), photographe allemand rendu célèbre par son livre Der Welt ist schön (Le monde est beau) publié en 1928 qui contient 100 photos de personnes,  paysages, architecture et produits manufacturés. Sans doute le photographe le plus représentatif de la Nouvelle objectivité.


Alfred Stieglitz (1864 - 1946), photographe américain et directeur de galerie, éditeur de la revue Camera Work qui a introduit l’avant-garde européenne en Amérique. Probablement l’artiste qui a eu le plus d’influence sur la photographie américaine au XXe siècle.


Paul Strand (1890 - 1976), photographe américain, s’est installé en France en 1949 pour fuir le maccarthysme.
Edward Weston (1886 - 1958), photographe américain parmi les plus influents du XXe siècle, chef de file de la photo californienne.


Minor White (1908 - 1976) : photographe américain qui enseigna notamment au Massachusetts Institute of Technology (MIT)..

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J’attends

 

Le brouillard gerce la joue de ma fenêtre

Le nid frémit et tremblant, comme mon être,

Attend.

A temps sont revenues les hirondelles nomades

Et les esquifs embrassent les pieds nus de la rade.

J’attends.

A ton retour bourgeonnent les baies abandonnées

Et chantant dans sa ruche, la petite reine couronnée

T’attend ;

Et tant qu’elle a ses ailes pour flirter avec les fleurs,

Ce sera donc pour elle les beautés, les couleurs

Et les tons.

Etend ton souffle tiède musqué par le Zéphyr

Et tend l’oreille aux vœux aériens de la lyre

Au Temps,

Etant éprise d’un rêve qui fuit sa longue quête

Elle roucoule le cœur dans les murmures de l’âme secrète.

O Temps !

Fais que ne tremblent ni mon être ni mon nid

Et que la lumière chasse l’ombre de tout ennui

Latent.

 

Khadija, Agadir, 30/11/12

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La ferveur d'exister

 

Soliloque

 

Sur un mur et sur des coussins,

En face de moi, des dessins,

Semblent figés dans la brillance.

Un cadeau de la providence!

Et, cependant, ils se déplacent.

Ils occupent un autre espace,

Dès que je détourne les yeux,

Attirée par un ciel radieux.

Les ombres, comme un sablier,

Font que l'on ne peut oublier

Que la vie s'écoule en changeant

Et que se tarit son courant.

Porté souvent par l'espérance, 

Chacun apprécie l'existence,

S'exalte à chaque coup de coeur,

Se résigne dans le malheur.

 

30/11/2012

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Petite perle du Rwanda.

12272846484?profile=originalJeune fille du Rwanda.  
Violée par ces soldats.
 
Tu as connu plus que l’enfer. 
Bousculade de tous tes rêves.
 
Tu es venue dans mon pays.  
Par désespoir te réfugier ici. 
 
Ma vie, pas aussi bouleversante. 
Laisse-moi le temps de te comprendre.
 
Tu n'as pas eu beaucoup de chance. 
Bien envie de faire ta connaissance. 
 
Ne pleure plus, je t'en prie.
J'ai une histoire, moi aussi.
 
Tu portais ton bébé dans le dos.
Sans doute pas désiré si tôt. 
 
Je vois ta fille à présent, une beauté exceptionnelle. 
J'en suis certain, elle sera une grande demoiselle.
Petite perle du Rwanda.
Viens, viens dans mes bras.
 
Envie de l’aimer tout naturellement. 
Et de te côtoyer plus précisément.
 
Fille de Kigali, si fragile, à rassurer.
Égarée et si sensible, à rattraper.
 
Bien envie de te prendre par la main. 
De tenter d’assurer tes lendemains.
 
Jolies tresses tenues par un fichu orangé.
Marchant le long de ces chemins dégradés. 
 
Laisse-moi te prendre par la main.
Tu n’es plus seule, je suis avec toi.
 
Laisse-moi le temps d’apprendre.
Tes coutumes et nos différences.
 
Petite fille de Kigali, de là-bas. 
Petite perle, perle du Rwanda. 
 
Ben
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AU BOUT DU COMPTE...

Au bout du compte, on se rend compte...

Que rien n'est vraiment important!

Hormis, le sourire d'un enfant...

Quand on raconte un joli conte!

Avant que la terre se déchaîne...

Que vienne la glace au Sahara

Et le déluge au Nevada!

Sauver ce qui en vaut la peine...

De nos journées trop dispersées

Apprenons à régler le cours!

Réinventons les mots d'amour...

Nichés dans nos têtes fatiguées!

Quoique l"on fasse ou que l"on dise

Un jour plus tôt, un jour plus tard...

Viendra le jour du grand départ...

Et le bilan sera de mise!

Au bout du compte, le joli conte...

C'est d'avoir un peu éclairé

Livré sa tendresse en beauté!

J'aimerais bien qu'on le raconte...

J.G.

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Des miettes de neige

 

S'éparpillant rapidement,

Des miettes de neige tombent.

S'écrasant au sol, elles fondent.

Tout le décor demeure blanc.

Je me sentais inerte, lasse.

L'automne m'avait exaltée

Par sa somptueuse beauté

Mais tellement fragile, hélas!

Je sors en bottes et en manteau,

Radieuse dans le silence.

J'accueille un courant d'espérance,

Le doux souffle d'un renouveau.

Il y a des choses à faire,

L'hiver sera vite arrivé.

Me prend l'envie de m'activer,

Lors me revoilà qui m'affaire.

29/11/2012

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OSER ...

          Oser les chemins de traverse

          Mélanger les étiquettes

          Le lait qui se renverse

          Et le chat à la fête

         

          Oser l'extraordinaire

          Et sortir des abîmes

          Le petit fonctionnaire

          Se noie dans la déprime

 

         Laissant dans leur bocal

         Les poissons-préjugés

         Et tout leur arsenal

         De non-conformité

 

     Ce petit poème est extrait de mon recueil " Bientôt les jonquilles". Editions Chloé des Lys.

    

 

 

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Comptine sur Saint Nicolas

Saint Nicolas

 

Pourvu que cette année,

Je ne me fasse pas attraper

Par les petits vieux

Qui n’ont pas pris leur somnifère

Et les chiens grabataires

Qui sont les plus ténébreux.

 

Il y a 365 jours, bref l’an passé,

Je suis revenu de ma tournée

Avec un pied cassé

Et le nez retourné.

Pas de quoi rigolé.

 

Quoique vous puissiez en penser,

Ce n’est pas évident de déposer

Les cadeaux commandés

Et les jouets souhaités.

 

Les portes doubles vitrages et anti effraction

Compliquent l’accès à vos maisons.

Les cheminées non ramonées me font suffoquer.

Les allées non déblayées sont dangereuses et glissantes.

 

Vous, Monsieur, surveillez votre fille désobéissante

Qui pour me surprendre s’était cachée

Derrière la porte de la salle à manger.

Elle m’a claqué cette dernière sur le nez

Provoquant des écoulements de sang abondants.

 

Père Fouettard, entendant mes cris étouffés

Pris son mouchoir et le trempa

Dans le verre d’eau de vie déposé

Sur la table, près de la tasse à café.

 

Il me le mit sur mon visage ravagé

Qui se colora en rouge cramoisi,

Car vous aviez oublié de mentionner

A votre enfant chéri

Que ce n’était pas de l’alcool à 90 degrés

Qu’il fallait me verser.

 

Et vous, Madame, vilaine comme un pou,

Déguisée en collégienne pour vous asseoir sur mes genoux,

Croyez-vous que vos gâteaux, durs comme des cailloux

M’auraient donné envie de déposer tous les joujoux et bijoux

Que vous m’aviez commandés via votre hibou ?

 

Mais quelle époque vivons-nous !

 

Si je ne devais servir que les enfants sages,

Ils seraient bien légers mes bagages.

Il n’y a que le Père Fouettard qui se frotte les mains.

Je demande, non j’exige une garde rapprochée

Afin de ne plus me faire agresser.

 

 Soit, je vais prendre un décontractant

Et oublier tous ces mauvais moments.

Mais si le soir du 05 décembre,

Je ne vous vois pas dans vos chambres,

C’est Hanscrouf que je vous enverrai

Pour vous remonter les bretelles.

 

Ce Maure ne fait pas dans la dentelle

Il est plutôt spécialisé

Dans les saignements du nez.

 

Allons, chantons gaiement et tous en cœur,

Inutile de mettre le haut-parleur,

Je vous entends parfaitement,

Je ne suis pas un vieux croulant :

 

« Grand Saint Nicolas, patron des écoliers

Apportez-moi des pommes dans mes petits souliers …..»

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Pet de Dieu ou du Diable ?

Pet de Dieu ou du diable ?

 

Faut-il  vraiment  savoir  d’où  provient  le  Bing  Bang,

Pour vivre en paix chez nous sur terre et dans les cieux,

Devons-nous  connaître  sans  être  dévotieux,

Le  pourquoi  éternel  et  le  cosmique  slang.

 

L’harmonique des cordes déplaçant leur archet,

Joue  son  requiem  à  l’office  des  morts,

Du  néant céleste qui répand l’aigremort*,

D’un souffle créatif,  décochant ses hochets.

 

Accouchement  divin  le  placenta  astral,

Propage  l’Univers  aux confins du secret,

Ou est-ce un pet de Dieu ou du Diable discret,

Jouant  au  tonnerre  dans  l’Intersidéral.

 

Hypothèses folles, théories multiples,

Quérir  l’éternité  d’une  intelligence,

Pour unir la nôtre selon l’allégeance,

Qui place le Verbe parmi ses  disciples.

 

Pourquoi chercher l’esprit au-delà de la chair,

Si ce  n’est  pour la peur que  suscite la mort,

De  l’inexistence  d’un  demain,  malemort,*

Des fantômes pensants dissipés dans les airs.

 

Un  Dieu  Energie,  quel  but à  l’Univers ?

Qui est l’architecte de tout cet accompli ?

Bulle d’apparence dont nous sommes emplis ?

Sur  des spéculations  le ciel s’est  entr’ouvert.

 

Qu’importe les réponses, sources de religions,

Si  à  l’évolution  elles  n’apportent  rien,

Étoiles et poussières, galaxies, solarIens*,

Se  fichent  des débats  sur la procréation.

 

 

ClaudIne QUERTINMONT D’ANDERLUES.

 

 

 

 

 

*malemort  féminin  (Vieilli) Mort funeste.

*solarien Se dit des habitants supposés du Soleil.

 

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Coup de coeur

 

    Fluorite et galène argentifère     

               cristaux de fluorite verte et galen argentine

 

 Améthyste

    améthyste                                

                                                                    À Michel Lansardière 

 

Face à ces roches lumineuses,

j'ai ressenti un coup de coeur.

Transparence et vives couleurs.

Leur beauté me laisse songeuse.

l

28/11/2012

 

                                                

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Fleurs du désert

                                                                            

           

Rose des sables

 

La nature cisèle des roses,

Défiant des vents la fureur.

Là où ne poussent pas de fleurs,

     Dans les déserts, gisent écloses.

 

28 /11/2012

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La divine comédie illustrée par Dali

A voir absolument...tant que cela est accessible

Ce n'est pas que j'ai envie de faire de la publicité pour des marchands, mais il faut reconnaître que quand il s'agit de vendre, certains ne sont pas avare en photos. Celui-ci à mis sur Ebay la quasis totalité des 100 gravures sur bois contenues dans les trois tomes de la Divine comédie de Dantes illustrée par Dali. Pas moins de 300 photos j'ai bien dit TROIS CENT sont visibles à cette page: http://cgi.ebay.fr/DALI-Salvador-Divine-Comedie-100-orig-HANDSIGNED-WOODCUTS-CERTIFICATE-/251185690348?pt=Art_Prints&hash=item3a7bd576ec#ht_285939wt_1026

Toutes les photos sont grandes et de bonne qualité, des détails sont également mis en valeur: on voit bien la qualité du papier.

Ce livre coûte une fortune, et je pense que peu de gens auront parmi nous un jour la chance de pouvoir le feuilleter, encore moins de l'acheter (il coûte près de 20 000 dollards).

Mais nous le commun des mortels on peut toujours en profiter pour regarder tant que cela est possible et c'est gratuit.

Je ne sais combien de temps ces photos seront visibles, une vente est par nature éphémère, et les images apparaissent et disparaissent rapidement.

C'est pourquoi j'avais envie de vous faire partager cette agréable opportunité.

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LE MANDEL'ART

SONIA MANDEL PRESENTE LE "MANDEL'ART"

ATELIER "LA ROSE DES VENTS"
CHEMIN DES BAUMES 30126 SAINT LAURENT DES ARBRES

A PARTIR DU 24 NOVEMBRE 2012

- CONNAISSEZ-VOUS LE STYLE DE SONIA MANDEL ?

LE « MANDEL’ART » 
UNE EMOTION PLASTIQUE
Une aptitude à traiter l’étrange, schématisant les volumes, sculptés comme un monologue avec elle-même et l’Humanité.
Osmose entre le figuratif et l’abstraction, subtil mélange dans une 
grande liberté de créativité :

« DU MONDE DE LA MATIERE VERS LE MONDE DU MYSTERE »

Chaque sculpture, très sensuelle, de Sonia MANDEL est un hommage
à la Femme, à la vie, un défi à l’équilibre dans les formes stylisées, avec une recherche très poussée dans l’harmonie et la beauté : 
- ombres et lumières – angles et rondeurs - jouent dans une 
palette lumineuse de patines étonnantes.

L’Art reste, plus que jamais, un besoin vital, une nécessité, et
le « MANDEL’ART » offre, dans le chaos du monde, une bouffée 
d’air, une évasion dans le rêve, un mélange de philosophie empreinte
de sacré et de symbolisme, dans un sens très esthétique, de force
et de sensualité, pour exprimer l’essentiel de l’humain :

Sonia MANDEL joue avec finesse, de l’aspect tridimensionnel de la sculpture, pour amener le regard et l’esprit, vers des univers impalpables, que seule l’émotion peut révéler :
Le « MANDEL’ART » confirme à l’universalité.
Découvrez-le sur son site : www.soniamandel.com
Soniamandel.art@orange.fr

Selon les critiques d’Art :
- Francis PARENT - Membre de l’ AICA - Association Internationale des critiques d’art)
- La BIBLE DE LA SCULPTURE 2009-2010
- Jean-louis CLERMONT - Quartier des Arts
- POULET DE GRUISSAN dans « PORTRAITS D’ARTISTES »
- Revue « COTE ARTS »
- L’ART DU 20ème et 21ème siècles - 2009-2010
- Dictionnaire Encyclopédique International d’Art Moderne et Contemporain 2011


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Cher Ami,

Ma féminité s’ancre en vous,

 pour explorer le Monde,

l’autre, tous les autres,

 jusqu’à ressentir à l’instar d’un pétale,

ma peau diaphane et nue,

la vie, sans tout le reste,

son souffle originel !

votre ventre tout en muscles, qu’adoucit le désir,

 au mien s’aimante, puis se confond, s’émancipe ;

plus d’avant, que l’instant :

 Naître adulte !

votre ventre n’est point mer, mais océan tout le temps,

lent, patient, il m’identifie à l’infini,

 me touche et me bouscule vaguement,

 me propulse de plus en plus loin.

Oh vertige !

Ma féminité, sculptrice de mon corps,  de mon visage et de ma voix ;

géniale grâce à vous, à nous.

elle se précise, irréversible,

incisive dans son entièrement,

elle décide !

Son sommet n’a d’égal que le vôtre,

 enfin cet absolu amour

que vous me témoignez, qui nous rend tellement libre,

invulnérable,

 le cœur en plein soleil.

Attachée à vous je le suis, sans l’être.

Voilier qui vole, toutes voiles blanches déployées, entre ciel et terre.

L’entre-deux ; la vie.

Bien à vous.

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ET PUISQU'IL FAUT UNE FIN A TOUT...

 

Depuis que je n’ai plus les moyens d’être généreuse, mon univers a beaucoup changé. Un véritable chamboulement pour moi, qui avais tellement peur du moindre petit écart dans mes habitudes.

Au fond de moi, je savais que ça ne me convenait qu’à moitié, que beaucoup profitaient de la situation mais je refusais de les voir tels qu’ils étaient. J’ai toujours eu l’optimisme de voir le verre à moitié plein et de croire que « mon petit  monde », comme je l’appelais, était comme moi…

On m’a traitée de mégalomane égoïste. C’est l’autre moitié du verre qui me croit ainsi… Certains pensent que je leur dois des choses. J’ai toujours rendu ce que je pensais prendre. En m’excusant de l’avoir pris : un peu de leur temps, un service, un trajet en voiture… et en essayant de compenser au mieux. Je pense que si ardoise il y a eu, elle est actuellement effacée.

Je n’ai jamais pensé qu’on me devait quoi que ce soit. Même pas le respect dont on ne me gratifiait pas. Mais je ne suis pas un paillasson qu’on laisse à l’entrée de la maison dans l’attente qu’on s’essuie les pieds dessus. Hérisson je suis, hérisson je resterai. Un animal sauvage dans toute sa splendeur… Obligée de faire contre mauvaise fortune bon cœur, à l’instar de mes deux petits compagnons, déracinée de son univers dès la plus tendre enfance… qui a connu l’éponge et la flanelle, les bienfaisantes caresses et les bonnes choses… Le cul entre deux chaises : l’appel de la forêt et l’univers douillet de la baignoire en hiver… Avec un petit passage « vacances » à mi-chemin des deux… Jamais rien qui ne nous convienne parfaitement.

Au fil du temps, il ne reste qu’un petit noyau de ce petit monde qui est pourtant toujours cher à mon cœur. Contrairement à ce qu’ils pensent, je n’ai pas payé pour cette amitié bien précaire. Depuis, j’ai d’ailleurs revisité la définition du mot « ami » : elle est devenue plus juste, plus vraie… J’étais généreuse parce que je pensais que les richesses, quelles qu’elles soient, tant spirituelles, intellectuelles, financières, etc. ne nous sont pas dues. Pour moi, il s’agit d’une chance –pourquoi moi plus qu’une autre ?- et cela se partage… sinon, elles n’ont aucune raison d’être.

Mégalomane ? Je ne pense pas… Idéaliste tout au plus. J’ai ramé dans ma chienne de vie… Des coups durs, j’en ai reçu plus qu’il n’en faut. J’ai toujours fait face. On me croit de marbre, froide, sans cœur… toujours cette attitude du hérisson sur le qui-vive. Certains pourtant ont pris la peine de m’observer et ils savent que, comme mes hérissons, je ne mords pas, je ne me défends pas, je subis. Et une fois l’orage passé, je poursuis ma route. Le soleil finit bien par réapparaître un jour ou l’autre.

Après avoir tout partagé, au point de me mettre en danger : en ce qui concerne les « bons sentiments » j’ai suivi une thérapie. Elle m’a permis de me conforter dans l’idée que si je ne pouvais changer la vision qu’on avait de moi, je ne devais pas non plus en supporter les conséquences. Et en ce qui concerne les moyens financiers, vu que je n’en ai plus, les intéressés se sont d’eux-mêmes éloignés… Dure mais nécessaire sélection naturelle.

Dépouillée de tout par l’état et la société, je pensais qu’il me restait ma « carapace »… celle pour laquelle nous étions deux à avoir ramé et rien que nous deux, qu’il m’appartenait d’en faire ce que bon je voulais. Non pas pour dilapider le seul bien qu’il me restait. Non, j’avais été apprise : les hérissons, maintenant, c’est dans la poche que je les aurai… Mais pour simplement aller mieux, pour rembourser ce qu’il semblait que je doive encore… et poursuivre le bout de chemin qu’il me reste en toute tranquillité. Mais non, il paraît que j’ai des devoirs vis-à-vis de ceux qui ont tous les droits… J’aurais même des comptes à rendre !

Eh bien, trop, c’est trop… cette fois, la coupe est pleine. Et pour éviter qu’elle ne déborde, le hérisson Soleil a repris la route. Celle qui lui convient enfin : le chemin des cancres des bonnes manières, les allées tortueuses de l’imagination, les sentiers fleuris et boisés des sentiments vrais et des généreuses rencontres.

 

 

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HAÏKUS D'UN SOIR DE NOVEMBRE

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                   Désordre d'être

                   Fuite en Egypte

                   Soleil hors de la loi

                  Trois fois chant du coq

                  Trahison prophétique

                  Tourments  de la nuit

                    

                  Soleil se levant

                  Nouvelle aube au salut

                  Divin  chef éternel

                 Raymond  Martin     25.11.2012

  

                    

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L'âme de la danse

 

 

Muse divine, Terpsichore,

Offre grâce et légèreté,

Un courant de pure beauté,

Des spectacles que l’on adore.

 

Cette déesse a ses élus,

Héros superbes, romantiques,

Qui, interprétant sa musique,

Charment des nymphes en tutus.

 

Par son génie transcendantal,

L’immortelle Muse à la lyre,

Crée un éblouissant délire,

Un univers sentimental.

 

Une légère demoiselle,

Sous le soleil ou sous la pluie,

Jadis, passait près de chez lui.

Elle semblait avoir des ailes.

 

Elle avait l’âme de la danse.

Lors, il se décida enfin,

À le lui dire un clair matin,

Ému et le regard intense.

 

6/12/2005

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