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La grâce d'exister

 

Tous les cours d’eau vont à la mer.

En traversant vallées et plaines.

La voie des hommes est incertaine,

S’arrête au bord d’un gouffre ouvert.

 

En traversant vallées et plaines,

Chacun glorifie l’univers.

S’arrête au bord d’un gouffre ouvert,

Y disparaît avec sa peine.

 

Chacun glorifie l’univers,

Attendri par la lune pleine.

Y disparaît avec sa peine,

La grâce de vivre se perd.

 

Attendri par la lune pleine,

Lutte à garder les yeux ouverts,

La grâce de vivre se perd,

S’envole au vent, comme une graine.

 

26 août 2011

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La petite graine

 

 

 

La petite graine

 

La petite graine un beau jour

fut mise en terre avec amour

Elle s'est trouvée dans le noir

seule avec un immense espoir

Elle pleura, elle gémit

mais de son coeur un jet jaillit

qui grandit et fendit le sol

et vers le ciel prit son envol.

 

Et elle vit, toute étonnée,

au-dessus d'elle une échappée

d'un bleu très doux, aux reflets d'or

d'un ciel en feu quand tout s'endort.

Un souffle tiède la courba

fièrement, elle résista

Elle passa la nuit ainsi,

frileusement sortie du nid.

 

Le lendemain à son réveil,

elle aperçut le grand soleil

et un désir si grand jaillit

qu'elle voulut se joindre à lui.

 

Et c'est ainsi, de jour en jour

Qu'elle fleurit, digne d'amour

Et qu'un bel arbre elle devint

 S'élançant devant son destin.

 

(E.L. Quivron-Delmeira) dans les années 1968 par là.

 

 

 

 

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Légère...

 

Légère...

 

Se sentir légère...

Comme la plume d'un geai

par une brise de mai

Telle une pluie de printemps

Tel un rire d'enfant!

 

Se sentir légère...

Rêve d'amnésie?

Brin de fantaisie!

Carte de vacances

Plaisirs à outrance...

 

Se sentir légère...

Libérée enfin

Des devoirs sans fin

Des amours retords

Et de tout remord!

 

Se sentir légère...

Le corps sain et chaud

Par un ciel si beau

Le regard aigu

Plus de temps perdu!

 

Se sentir légère...

La tête apaisée

La mémoire grisée

Sans horaire, sans chaine...

Pouvoir dire : Je t'aime!

J.G.

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Ecrire de B

 

J'ai beaucoup aimé le "Ecrire de Marguerite Duras", voilà comment je l'exprime.

 

On parle d'inconscience quand la plume prend votre main, mais c'est cette magie que nous recherchons dans l'écriture, se lire et découvrir justement cet état couché sur la page blanche devenue noire de notre intérieur. Est-elle vérité ? je pense.

 

C’est étrange comme c’est indispensable d’être seule pour écrire. Comment s’intérioriser pour extérioriser si des parasites s’agitent  autour de vous, juste le silence pour compagnon ou une musique permet ce recueillement. L’amoureux de l’écriture est un animal sauvage qui a besoin de se replier le temps de l’accouchement d’un texte.

 

 Je vois au bord de l’écriture comme à l’aplomb de la falaise ce mouvement plongeant pour aller au fond de moi. Le vent se nourrit de mes pensées et lit en moi comme dans un livre ouvert, celui que je ne connais pas encore. Dans le sifflement de sa trajectoire il transporte mes états d'âme les mixant  aux éléments. Sous la brûlure du soleil ils me reviennent en cortège de cendre et les doigts s’agitent sur le clavier.

  

Je ferme les yeux pour sentir la liberté, dans le noir je sors du carcan imposé par notre mode de vie, passant de l'état conscient à l'inconscient, la peau se lisse, les muscles se dénouent, ou l'inverse, se produit un dédoublement.

Devenir aveugle quand on sait que ce n'est pas irréversible. Un doux moment quand s’emballent les mots du cerveau à la pointe de l’épée. Avez-vous remarqué que les couples ferment les yeux quand ils font l'amour.

 

J’écoute toujours la même musique, celle qui réduit mon champ de vision à un point fixe dans le vide, et je danse en suspension vers le point final mais ce n’est jamais la fin dans le martèlement des touches, le leitmotiv des sons rentre en moi, là, face à cette table où tu es présent.

  

Je vois dans la peinture les images de mon écriture. Je laisse courir sur la trame ma vie mise à plat.

 

Sous la chair il y a un coeur qui bat.

 

 

B

 

 

 

 

 

 

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La force de l'habitude

 

De ma mère, j’avais hérité l’habitude

De chanter à tue-tête, oubliant mes soucis.

J’ai gardé ce besoin, ayant grandi ainsi.

C’était une impulsion dans la béatitude.

 

Seule ou accompagnée, sur les routes souvent,

Au volant, en vélo, plongée dans l’allégresse,

Parfois pour occulter une lourde tristesse,

Je lançais mots et sons aux caprices du vent.

 

Ce m’était un moyen de demeurer sereine,

Quand chagrine ou blessée, je retenais mes pleurs.

La poésie m’émeut comme le font les fleurs,

Enchâssée en des vers, elle dissout la peine.

 

Durant mon long trajet, j’ai célébré la vie.

Chantant à pleine voix, je me sentais ardente.

Or, depuis peu de temps, je ne ris ni ne chante.

Je ne sais pas comment, j’en ai perdu l’envie.

 

Si je ne peux dormir, malgré ma lassitude,

Et que j’espère en vain accueillir le sommeil,

Ma mémoire assoupie, mais encore en éveil,

Me souffle des refrains. Persistante habitude!

 

25 août 2011

 

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L'abnégation

En hommage aux patriotes de Lybie

 

Chacun pour soi et Dieu pour tous, nous a-t-on dit.

On aspire au bonheur, dès lors, on se protège,

On flaire le danger, on évite les pièges.

À ses dépens, parfois, chacun a bien compris.

 

Certains, plutôt nombreux, ne pensent qu’à eux-mêmes,

Se servant les premiers, ils prennent le meilleur,

Parfois plus qu’ils ne faut, et sans honte d’ailleurs.

Ils ne sont soucieux que de leurs seuls problèmes.

 

Mais la plupart des gens, ne sont pas égoïstes.

Ils écoutent les cris, les appels au secours.

Ils se mettent en peine et cherchent des recours.

Ils désirent être utiles et, de leur mieux, assistent.

 

En ces temps bien nouveaux d’appétits et de vices,

Il est fort émouvant de constater soudain,

Que dans l’abnégation, et l’effort surhumain,

Des patriotes ardents s’offrent en sacrifice.

 

L’abnégation n’est pas la négation de soi.

C’est un élan du coeur, qui est irrépressible.

Elle naît d’un besoin, repoussant l’impossible,

Et d’un impératif: faire ce que l’on doit.

 

25 août 2011

 

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L'histoire de Nounours.

Lors de sa venue au monde, parmi nous, mon petit bouchon,merveilleux cadeau de la vie fut couverte de cadeaux .

Parmi ses cadeaux, un magnifique Nounours ,un peu grand il est vrai, mais doux au toucher, léger comme une plume ...

Mais voilà, sans que nous comprenions pourquoi , mon petit bouchon prit Nounours en 'grippe', et hurlait dès qu'elle l'apercevait.

La seule solution fut : Nounours au placard !

Mon petit bouchon grandit , son lit devient trop petit , le temps est venu de lui aménager une chambre de petite-fille .

' Mamy, viens voir, viens voir ...'

Comme elle est fière de me montrer son  nouveau lit , l'absence de barreaux prouve bien qu'elle n'est plus un bébé !.

Et je vois, j'admire ...et mon regard se pose sur Nounours,trônant sur le toit de la garde-robe .

'Oh, revoilà Nounours , qu'il est beau ..' Mais mon petit bouchon fait la grimace ...

Alors je prends Nounours dans mes bras, je le câline, je le serre contre mon coeur, je l'embrasse...

Je veux rassurer mon petit bouchon ...'Regarde, ma chérie comme il est beau , doux , tendre ...veux-tu le prendre dans tes bras ?'

L'expression de son visage me prouve qu'elle lutte ...mais puisqu'elle n'est plus un bébé , elle accepte de prendre Nounours , mais de loin, les bras hyper  tendus à l'horizontal...

Toute sa frimousse exprime le dégoût ..

' Beurk qu'il est laid ...mais cela ne fait rien , puisque toi tu es toute seule ( mon compagnon était parti pour son dernier voyage) et que tu l'aimes ...je te le donne ' .

Futée mon petit Bouchon !

Nounours trône maintenant dans mes appartements,..et parfois ,quand j'ai besoin de réconfort , je le serre dans mes bras ...

 

 

 

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HISTOIRE COURTE 11.

 

CONSCIENCE...

 

 

La rue était montante et brillante de pluie... Les trams faisaient leur drôle de bruit et déjà les phares des voitures donnaient à l'ensemble une allure, une atmosphère de fin de journée.

 

Derrière le rideau légèrement entrouvert, elle regardait, elle cherchait, elle espérait reconnaitre sa voiture... entendre les freins grincer, puis le klaxon, et ensuite, l'âme emplie d'espérance par ces signes puérils... elle pourrait se réfugier au fond de son lit et rêver!

 

Rêver à ses yeux, à ses mains, à sa voix, à ses lèvres, à cette légère odeur de tabac blond qu'elle s'était mise à tellement aimer!

 

Rêver que rien ne les sépare plus et que demain il vienne sonner, un bouquet de fleurs à la main...

 

Elle entrouvre son livre et délicatement prend cet iris jaune séché qui s'effrite sous ses doigts... C'est à ce moment que des larmes incontrôlables viennent agrandir l'auréole que la fleur déjà a marquée sur la page...

 

Elle sait...

 

Malgré les signes d'amour évident, elle sait, au fond de son être que tout est bien fini...

 

J.G.

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Autour du comptoir

A ceux qui aiment les ambiances de bistrot, je propose ce texte pris sur le vif.

 

 

 

AUTOUR DU COMPTOIR

 

Willy était de taille moyenne, quand il se déplaçait comme tout le monde sur le sol carrelé de son bistrot.  Dès qu'il se retranchait derrière le comptoir il gagnait vingt centimètres, grâce au plancher.  Il n'en fallait pas plus pour qu'il regarde tout le monde de haut.

Il avait commencé par travailler en usine et par contribuer, chaque samedi et chaque dimanche, à la prospérité d'autres cabaretiers.  Cela, sans compter les lundis de kermesse.  Les jeunes filles pouvaient se désoler de voir ce garçon bien fait, aux beaux yeux gris bleu, délaisser la danse, lui tenait à vivre sa jeunesse.

Un jour, las de s'imbiber comme une éponge et de ne conserver d'appétit que pour les frites et les pickles, il s'était laissé annexer par une future mémère.  Il s'était marié, n'avait plus bu que du café fort et, grâce aux largesses de ses beaux-parents, il s'était  payé un comptoir dont il allait enfin connaître la bonne face, celle qui aligne les pompes à bière et le tiroir-caisse.

On ne voyait sa femme dans le café que le matin, à l'heure des seaux d'eau et de la savonnée ou pour servir les filtres et les bouillons que de malheureuses égarées s'aventuraient à commander dans ce temple du houblon.

Vers les onze heures entrait Joseph, le client le plus assidu.  Parfois il arrivait un peu plus tard.  Cela dépendait de l'heure à laquelle il lui fallait remplir la tâche à laquelle il ne se dérobait jamais.  Contrairement à ce qu'imaginent la plupart des gens, être chômeur n'est pas une sinécure. Ce métier, comme les autres, comporte ses tracasseries et ses aléas.  On peut vous obliger à pointer à huit heures, même par les plus froides et brumeuses matinées de novembre ou à onze heures, alors qu'il ferait si bon à ce moment-là, allumer sa pipe devant une spéciale, à la Brasserie des Sportifs.

Mais Joseph n'était ni amer ni mesquin.  Il ne parlait jamais de ses ennuis professionnels. Il tendait au discours philosophique.  Son penchant à l'abstraction et à la noblesse de pensée, il l'avait acquis durant les années où il était enfant de chœur, puis élève au séminaire, ensuite bedeau, et cette inclination ne s'était jamais démentie.

Il arrivait à Joseph, plongé dans une douce somnolence et rôtissant ses brodequins à la chaleur quasi maternelle de la massive colonne du poêle à charbon, de sourire et de hocher la tête, au souvenir des plaisanteries perfides décochées par les employés du bureau de chômage.  Il ne leur en voulait pas.  Ils n'avaient pas su se débrouiller !

Lui, Joseph, possédait un chic inné pour perdre très rapidement les places successives qu'il avait dû accepter depuis qu'il avait quitté la typographie. Son physique n'était pas son moindre atout, il le savait.  A quarante-cinq ans, sa chevelure en brosse était déjà d'un gris sale et son visage portait les stigmates de la longue malchance qui lui permettait de téter en paix le bien-être divin coulant des larges flancs du poêle, de sa vieille pipe et des fûts de spéciale.

Pendant une heure environ, Joseph avait la Brasserie des Sportifs pour lui seul. Par la porte entre ouverte de la cuisine on entendait le bourdonnement du rasoir électrique de Willy, la voix de sa femme et de sa mère.  Le poêle ronronnait et crépitait et les mêmes affiches,  sur les miroirs, à la même place que la veille, vantaient les mêmes bières et les mêmes apéritifs, par la vertu des biceps d'un malabar, amateur de bière virile, et le sourire d'une blonde évaporée, levant un verre de liquide rubis, de la même nuance que ses lèvres et ses ongles vernis.

La machine à sous, le billard, le football de table, le billard électrique étaient autant de tentations assoupies, toutes lampes éteintes, un décor dont on se demandait s'il allait se remettre à vivre.

Vers midi, le cordonnier arrivait à son tour.  Il était en pantoufles et en blouse grise.  Il avait été, lui aussi, élèves des jésuites.  C'était un homme digne, ancien combattant et, lors des commémorations patriotiques, il était aussi décoré qu'un sapin de Noël.  Il s'attablait avec Joseph.  Ils se mettaient à deviser gravement, faisant assaut de lieux communs, de maximes.  Le visage de Joseph, tandis qu'il rendait ses oracles, flottait dans un épais nuage de fumée de tabac gris, celui du cordonnier ; dans les volutes molles issues de son cigare.

La porte à présent s'ouvrait sans arrêt et d'autres habitués prenaient place, sans prêter grande attention au menu fretin des clients de passage que sans doute on ne reverrait pas demain.  Ecoliers échappés du collège, ouvriers des chantiers de construction, petits employés, couples furtifs dont la communion n'irait pas au-delà d'une heure passée sur la banquette inconfortable, main dans la main.

A la table voisine des deux compères se tenaient un homme et une femme, dans la trentaine.  Ils venaient de temps à autre chez Willy, manger un sandwich et boire un verre durant leur heure de table.  Ils étaient mariés mais pas ensemble, ce que n'induisait pas leur allure tranquille.  Ils étaient simplement collègues.  C'était une amitié quiète, pleine de silences.  S'il existait entre eux une attirance physique, elle ne s'exprimait pas.  Rien qu'une sympathie, des affinités littéraires, comme le goût partagé de la Vouivre de Marcel Aymé, les livres échangés, une certaine aptitude à la contemplation. Sympathie renforcée par le mépris commun des cancans de bureau.

Lui, réservé, secret, avec un humour froid, une contenance flegmatique et ne perdant jamais de vue qu'il se trouve dans son quartier ou peu s'en faut, qu'il lui faut saluer tout le monde et serrer des mains.

Elle, souriante, animée, attentive comme au spectacle, détendue mais observant tout.

Lorsqu'elle était là, Joseph, pourtant misogyne, à la fois par conviction et par commodité, se surpassait. Il rappelait désespérément à lui son intelligence, sa mémoire, toutes les réminiscences utiles, perdues dans les brumes de la spéciale. Il s'astreignait à une élocution laborieuse, fatiguait sa voix enrouée tandis que son nez rougissait dans son visage blême et il était drôle par éclipses.  Lorsqu'il avait réussi une boutade qui avait fait rire sa voisine, il tirait de sa pipe une large bouffée, pour masquer peut-être la lueur de satisfaction qui luisait sur sa physionomie.

-         Tu crois peut-être, disait-il au cordonnier, que c'est facile d'être bedeau et qu'il  suffit, pour s'enrichir, de voler les fleurs défraîchies des cimetières pour les refiler aux bigotes ? D'abord, moi je suis honnête.  Ma vieille tante m'a élevé comme ça. "Qui vole un œuf, vole un bœuf."  Ca ne m'intéresse pas ! Un œuf, passe encore, tu le mets en poche, mais un bœuf ?  C'est voyant… Bien sûr, il m'arrivait de vendre plusieurs fois le même cierge mais je n'ai jamais trafiqué de l'encens, des hosties ou des choses de ce genre, j'ai trop le respect de la religion ! Le sens du sacré, comme disait François "Maurois", c'est ce qui manque le plus à nos contemporains.  Des gaillards comme toi, vous n'avez le respect de rien.

-         Pardon, intervenait le cordonnier en tendant son cou de poulet déplumé.  La patrie est sacrée à mes yeux.

-         La belle blague ! Tu devrais postuler pour la place de Soldat Inconnu.  Une petite flamme, des fleurs, de temps à autre un discours, voilà qui t'irait comme un gant.

-         Tes plaisanteries sont de mauvais goût.  Chaque fois que la patrie m'a appelé, j'ai répondu présent !

Et le cordonnier se battait vigoureusement la poitrine, d'un air offensé.

Les yeux aqueux de Joseph frémissaient alors, comme un lac qui se ride sous la brise.  Il faisait un signe à Willy et celui-ci s'empressait de remplir les verres.  Il en profitait pour serrer la main du couple voisin, en affectant d'appeler la jeune femme  "Mademoiselle".  Il professait qu'il faut plaisanter avec les clients et, pas très sûr du bon accueil que recevraient des blagues salées, il se bornait à cette taquinerie, après tout flatteuse pour la dame.

Un jour, celle-ci entra seule et parut désorientée en n'apercevant pas Joseph.  Willy se sentit obligé de lui faire la causette, appuyé à la table voisine, sans lâcher son torchon.

-         Tu n'es pas avec ton amoureux aujourd'hui ?

-         Non.  Il paraît qu'il a la grippe.  Et Joseph, que lui est-il arrivé ?  Je ne le vois pas à son poste.

-         Il aura dormi trop longtemps.  C'est pour lui que tu viens ?  Je vais lui dire, il sera très flatté.

La conversation se poursuivit sur ce ton pendant un moment. La femme avait des yeux chaleureux et vivants,  et il lui était très difficile de feindre l'indifférence ou de cacher ses impressions.  Elle avait aussi un corsage plein que Joseph lui-même avait remarqué et dont, dans un accès de lyrisme, il lui avait fait compliment.  Elle n'y avait pas été insensible, cependant que son compagnon habituel avait tiqué devant cette familiarité.  A présent elle écoutait  Willy avec indulgence. On avait parlé un moment de Joseph, tellement serviable, bon enfant, doué même mais si paresseux !

-         C'est un Aztèque, répétait Willy avec conviction, un vrai  zigoto Avec ses mains à l'envers, il est capable d'enfoncer les clous par la tête.  Vingt fois il est tombé sur une bonne place et à chaque fois il a laissé choir.  Sais-tu qu'il a failli se marier ?  Il avait déjà acheté les meubles et tout et puis la donzelle a foutu le camp.

-         Il a eu du chagrin ?

-         Au fond, je crois qu'il était bien content.  Se marier, c'est avoir des obligations, devoir travailler, se laver et tout ça ! Tandis que maintenant il mange à peine et dort tout habillé. Quand tu bois, tu ne penses pas tellement aux femmes.  Ca ne doit pas fort le tourmenter. Sur ce plan-là, les hommes sont bizarres.  Moi, à six ans, j'essayais déjà de m'en servir.  Ce n'était pas plus gros que ton petit doigt mais j'essayais de le mettre à ma petite voisine.  Une vieille a tout vu, a couru le raconter à ma mère.  Qu'est-ce que j'ai pris comme raclée ! Je crois bien que j'ai passé trois jours à la cave.

Tandis que Willy rit, tout épanoui au souvenir de cette lointaine précocité, la jeune femme sourit du bout des lèvres, un peu gênée. Comparer le sexe d'un garçonnet à son propre petit doigt lui paraît d'un étrange mauvais goût.  Quel paysan, se dit-elle ! Tous ses souvenirs d'amour doivent être du même ordre.

-         Quand tu es petit, tu en remarques des choses à la campagne.  J'ai vu combien de fois égorger des cochons, tuer des poules ou des lapins.  Alors tu imites, tu veux faire la même chose. Une fois, chez mon oncle, toute une portée de petits cochons a crevé.  Avant qu'on les enterre, j'ai essayé de leur ouvrir le ventre.  Ca n'a pas marché.  Je n'avais qu'un coutelas en caoutchouc !

Willy, pour une fois en veine de confidence, aurait continué à brasser ses souvenirs d'enfance si un client n'était entré, un fan du foot et les deux hommes se sont plongés dans les mérites comparés du Standard et d'Anderlecht. 

La jeune femme retombe alors dans ses pensées.  Son collègue lui a téléphoné la veille.  Elle en a d'abord été flattée puis un peu mal à l'aise.  Etait-ce l'effet de la fièvre ?  Voilà qu'il lui avouait avoir rêvé d'elle, coiffée du petit chapeau blanc qu'elle a porté tout l'hiver, faisant de l'ombre sur sa vie. La formule était jolie mais inquiétante.  Il vaudrait mieux ne plus s'accorder ce coude à coude d'une heure.  Elle soupire.  Elle se plaisait pourtant bien chez Willy.  Comment dire cela à son copain ?  Trouver un autre intérim alors qu'elle a si bien fait son trou dans ce bureau ?  Merde ! Ces relations de travail qui deviennent trop tendres finissent généralement par tourner au vinaigre.  Perdre un ami pour une amourette ? Le jeu n'en vaut pas la chandelle.  Elle s'arrangera pour garder ses distances.  Elle se le promet avec élan mais il y a au fond d'elle un léger doute.  A-t-elle jamais pu se refuser un gâteau ?  Un sourire creuse une fossette dans le visage si mobile.  En voilà une comparaison pâtissière !

 

                                                                                                MARCELLE DUMONT

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Mes mots ...

 

Mes mots sont bien souvent maladroits

Quand ils crient leur désarroi,

Mes mots sont parfois prière

Il y a tant de misère ,

Mes mots sont aussi tristesse

Devant le manque de tendresse

Mes mots sont alors quémandeurs,

Des mendiants d'un peu de douceur .

Mes mots sont action réflexion

Ils n'ont pourtant pas toujours raison.

Mes mots sont sourires, rires,

Là , ils ne sont pas les pires .

Mes mots sont encre du coeur ,

Quand ils donnent une part de bonheur .

Mes mots sont parfois vains

Ils n'ont aucun lendemain .

Mes mots sont des ratures

Ils ont leurs déchirures.

Mes mots sont des rêves

Ils ne connaissent pas la trêve .

Mes mots  sont courage

Il y a tant d'ouvrages

Mes mots sont espoirs

Quand ils s'égarent dans le noir

Mes mots sont couleur soleil

Il y a tant de merveilles

Mes mots sont des 'bricoles'

Ils ne feront pas école .

Mes mots ne sont que des mots

Qui se lient mot à  mot

Rêvant d'une belle phraséologie

Ah, quelle folle idéologie.

Mes mots ne seront pas édités
Qu'importe ! Ils sont ma réalité ;

Mes mots ne sont pas la 'Vérité'

Ils m'ont simplement  édités .

Mes mots ...

 

 

 

 

 

 

 

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Sur les chemins de Compostelle ...
 
20 juillet 2011
 
Déjà très tôt, le matin, près de la cathédrale, eh bien, ils sculptaient, les gars. Toute la sciure répartie sur les côtés en étaient témoins. Le nombre de visiteurs (touristes ou autres) ne désemplissait pas. L'espace d'un instant, l'espace d'un (ou deux) regard(s), on pouvait se sentir transporté au quatorzième, quinzième siècle. Aubertin d'Avallon, m'entends-tu ? Il était même écrit : après-midi, entre 14 et 19 heures, possibilité d'apprendre à sculpter. Mmmmm. Ca m'a fait peur, dans un premier réflexe. Ca m'a rendu quand même un peu curieux, dix s'condes plus tard. Ca m'a encore rendu encore plus curieux, dans les s'condes qui suivirent (obsession ? révélateur ?). Et si j'apprenais, cet après-midi ! Je n'ai jamais sculpté de ma vie, non. Mais pourquoi pas ? Au moins : j'essaierais.
 
Comme il n'était qu'onze heures, il était encore temps de se balader dans la ville, d'admirer les places royales, avec leurs lanternes et leurs drapeaux.
 
Et ... un détour par l'office du tourisme, situé juste à côté de la cathédrale, histoire de se procurer un dépliant où sont renseignés, sur la suite des chemins de Saint-Jacques, que je compte reprendre demain au plus tard, la liste des hébergements disponibles.
 
Et ... voici la pluie qui tombe. Et ... voici les parapluies qui courent.
Et ... je me réfugie dans une espèce d'endroit banal, où je me paie un café, où je passe mon temps, sur une table, à fixer mes yeux sur le dos d'un passant, qui ne se retournera jamais.
Et ... je me demande toujours ce qu'en pensent Corneille, Molière, dont les noms sont écrits en grand sur les frontons du théâtre principal, juste en face.
Et ... ça pleut. Et ... ça pleut.
Et ... une espèce de quotidien habituel s'imprègne dans les chemins de Saint-Jacques. Se poser ne veut pas forcément dire : se reposer.
 
Brrouuhhh ! Allez, ne nous plaignons pas ! A cet endroit, on pourra manger. Moderne, oui. Froid, oui. Et la clientèle est nombreuse. Et, une fois de plus, j'aperçois, entre deux pièces avec des photos de Brassens, de Coluche, de Gainsbourg ... en noir et blanc (voyons !). J'accuse le coup.
Et ... je sympathise avec mes voisins de table, des anglais.
 
Et ... il pleut. On le saura.
 
Quatorze heures. J'en profite pour repasser à la cathédrale, à l'entrée, là où l'accueil aux pélerins a lieu tous les jours. Et ça recommence à se gâter. Avec une personne ... imbouffable au possible. J'épargnerai le dialogue. Accueil aux pélerins, OK OK. Mais jusqu'où ? Cette personne est dure dans son parler. Elle commence par me dire "c'est pas normal !", parce que les dépliants, concernant la liste des hébergements (entre Reims et Châlons) se trouvent à l'office du tourisme. Elle continue à me dire "c'est pas normal !", parce que d'autres dépliants, dans d'autres offices du tourisme, sont gratuits. Et je t'en passe ...
Bref : je sais que le chemin le plus court n'est pas encore fléché.
Bref : j'ai payé le dépliant qui renseigne le chemin le plus court. En insistant.
Bref : je me suis acheté, ensuite, dans une librairie, un nouveau bouquin, avec la suite du trajet.
Bref : j'ai marché, ensuite, à vide, dans la pluie, sur les trottoirs. Bref : je suis retourné à mon lieu d'hébergement, dans la flotte, histoire de faire une sieste, de me préparer à aller chanter dans un p'tit bistro vers 18 heures. Bref : je me suis abstenu, final'ment, d'aller apprendre à sculpter.
Bref ...
 
De rues pavées en rues pavées, la journée s'est dessinée.
 
Dix-huit heures/dix-neuf heures. Allez, je me rends au fameux bistro où je peux chanter. Le jeune gars, au bar, ainsi que la serveuse, me reconnaissent. Hier, déjà, sur le trottoir, on causait comme si on se connaissait. Bon. Aujourd'hui, y a-t-il une suite ? Il me dit de m'asseoir, de commencer. On me prépare de l'eau pétillante et des cacahuètes. OK, OK. Quatre clients assis dans le bistro, quelque part (l'un qui crie "voilà Hugues Aufray", quand il me voit déballer ma guitare). Deux trois clients debout devant le comptoir. Je me lance, je chante une chanson. Et ... personne n'applaudit. Les clients continuent à exister, devant moi, comme avant, comme ça se passait déjà, comme ça se pass'ra encore, que je sois là ou pas. Je fais semblant de rien. Je ne me laisse pas désarmer. J'attends. OK, OK, le tenancier et la serveuse me sourient parfois, mais c'est tout. Je refais bientôt une chanson, une autre. Même résultat. Pas de retour apparent. "Il faut jouer du connu !", me dit le tenancier. C'est pas faux, mais je ne bouge pas d'un poil (question de choix !). "On va lancer une ... !", dit le tenancier, en me regardant. Il se lève ensuite dans ma direction. Une fraction de seconde, je me dis qu'il pense à moi, que la situation va un p'tit peu changer. "On va lancer une ... !", ai-je bien entendu (oui, le dernier mot, j'ai pas compris). C'est alors que je m'aperçois que ... juste à côté de moi, des clients se regroupent pour jouer aux flèches. OK, OK. "On va lancer une ... !", je pige. Tout doucement, je remballe mes effets, sans me laisser abattre. Je salue l'assistance. Je m'en vais.
 
Un chemin de Compostelle, c'est ... se mettre en route. Accepter. Apprendre.
 
Et ... je tourne à vide dans les rues de Reims, à nouveau. Je ne me fixe sur rien. Je laisse mes pas me guider. Tiens ! Une autre place avec une église !
Et ... je me dis que je suis depuis deux jours dans cette ville et qu'il me semble que j'y suis depuis bien plus longtemps.
Et ... je me retrouve sur une rue principale, là où le tram passe.
Et ... je flâne. Et ... j'erre.
Et ... brusquement, j'entends de la musique. Et ... je retombe sur un des multiples petits bistrots de la ville. Et ... je me retourne. Et ... je vois cinq ou six jeunes, regroupés au fond du bistro, en train de jouer de la guitare. Et ... je rentre. Et ... je commande un verre. Et ... je m'assieds. Et ... je regarde l'assistance. Et ... le chef du groupe me dit de venir me joindre à eux.
 
Et ... j'ai passé une magnifique soirée. Et ... j'ai accompagné, en fin de soirée, certains jeunes guitaristes (colocataires) chez eux, dans leur flat. Et ... y a eu du vin, des pizzas, des rencontres, tout ce qu'on peut vivre sur une route, qu'on peut écrire, qu'on peut ressentir, mais qui reste irracontable quand on sait que, quand les choses se vivent, elles se vivent, et que les mots seront toujours inférieurs à la réalité ...
 
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le matin, devant le café, le compagnon sommeille sur le trottoir ... avec celui qui lui tient compagnie, on causera de Julio Iglesias
 
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presque un hôtel, on est d'accord
 
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elle s'appelle Charlène, elle est super, elle a une belle voix, elle écrit, elle a des projets de voyages, elle est entrée dans mon monde d'amitié tout de suite
 
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rues, rues, rues
 
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oui, oui, il faut bien laver son linge ... pour ma part, j'y pensais depuis quelques jours ... ici, vous le voyez, on atterrit dans l'île aux plaisirs
 
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retour dans la ville, retour dans le parc pas loin de la cathédrale
 
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en voilà un qui rend hommage à mon ukulélé
 
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des fantômes d'Amérique, oui
 
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Clovis n'est pas passé loin, non
 
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Serait-on revenu en Belgique
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Je me trouve en errance, au coeur de cet été.

Au bord du St-Laurent, j’aime à flâner, pensive.

Des mouettes, au repos, me semblent peu craintives,

De petits voiliers voguent loin des cités.

 

Au bord du St-Laurent, j’aime à flâner pensive.

S’y retrouvent, partout, des formes reflétées.

De petits voiliers voguent loin des cités.

Je contemple rêveuse, demeurant inactive.

 

S’y retrouvent, partout, des formes reflétées.

L’ardent soleil répand une lumière vive.

Je contemple rêveuse, demeurant inactive.

Des étoiles, sur l’eau, font une voie lactée.

 

L’ardent soleil répand une lumière vive.

Je reçois l’énergie, en parcelles éclatées.

Des étoiles sur l’eau font une voie lactée.

Je laisse s’envoler mon âme, à la dérive,

 

24 août 2011

 

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                          Vous êtes invités à découvrir ici  la prochaine activité du

                         Théâtre des  Chemins et  de l’asbl Des Mots pour  dire...

Poésie au  Crépuscule

  Un moment privilégié pour se retirer du brouhaha  du monde

 

OU ?

IMAGIN’AIR
 
Place Fernand Cocq, 6

 1050    Bruxelles
 Bus 54 et 71

  
                       
  
La troisième Poésie au  Crépuscule   aura lieu le 
Jeudi 1er  septembre 2011 à  18 h  (jusqu’à   19h30)



Jean-Luc Wauthier


Né à Charleroi en 1950, Jean-Luc Wauthier a  enseigné  la Littérature à l' Ecole normale de Nivelles  (Haute Ecole  PH Spaak).  Il  est, depuis depuis 2004, vice-président du Centre international de  l’Association des critiques littéraires. En  2008, il a été élu Président de la Maison internationale de la  Poésie-A Haulot  (Bruxelles).

Il  a publié près de vingt ouvrages - poésie, nouvelles, essais - et un   roman, Le  Royaume , aux Editions de l' Age d' Homme où a paru, en 1999, « La soif et l’oubli ».
Il  a reçu, en 1998, le Prix international Lucian Blaga décerné par le Centre culturel roumain pour l’ensemble de  son œuvre poétique ainsi qu’en 1987 le prix Polak (de l’Académie), en  1993 le  prix international René Lyr, en  2001 le Prix international Gauchez-Philippot et, en 2009, les Prix  européens Virgile (Paris) et Ménada( Macédoine).
En  décembre 2003, réédition de l'ensemble de son travail poétique, paru  entre 1976 et 1993  sous  le titre "Fruits de l'ombre”.(Editions de l'Arbre à paroles (Amay,  Belgique). Rédacteur  en chef du Journal des Poètes depuis 1991, il y illustre et  défend la poésie du monde entier. Il  est aussi Administrateur des Biennales internationales de  Poésie. Trois  livres traduits en Romain et en Croate, traductions de textes en de nombreuses langues.


A  la parution de son recueil “L’envers du ciel”   (Ed. Batut  d’Haussy 2007), il écrivait: Pour  moi, la poésie est à la littérature ce que la musique de chambre est à  la musique : sa part la plus secrète, la  plus exigeante et  la plus essentielle. Loin d’user d’une parole pointue ou à la mode mon  souhait est de faire de l’écriture, dans l’intensité,  un  partage d’émotions et d’interrogations. Je  pense en outre que la poésie est une des meilleures manières de vivre  sans être détourné de soi-même pour autant  qu’on y voie,  non  pas une consécration mais, pour évoquer Thomas    Mann ,une consolation.

« Le poète apporte non  pas des preuves, mais des traces. Seules les traces font rêver » écrivait quant à  lui René  Char…



Entretien  avec Lucien  Noullez.

 

Lucien Noullez est né à  Bruxelles en 1957. Il est enseignant, poète, et critique littéraire. Sa  poésie, souvent inspirée par la musique et  par  sa lecture quotidienne de le Bible, cherche moins à « vouloir dire » qu’à  surprendre les petites fissures par lesquelles le réel se rappelle  à  la conscience, sous la chape de la normalité collective. Il a reçu quelques  prix littéraires. Il en a également loupé beaucoup. 

 

 

La  séquence Livre   Entr’Ouvert  :  Albert   Ayguesparse  (1900-1996) “La traversée des âges”  (Ed. L’arbre à paroles 1992).

 

Écrivain belge de langue  française, son œuvre se développe en deux parallèles  complémentaires : la poésie et le roman. Alors  qu’il découvre quasi d’emblée, avec D’un jour à   l’autre (1940),  la forme et l’ambition de son  univers romanesque, sa poésie évoluera  graduellement du lyrisme en vers réguliers au questionnement angoissé  en vers libre et en prose poétique. Souvent  couronné, membre de l’Académie Royale de Langue et de Littérature   françaises  de Belgique, Albert Ayguesparse a exercé une  grande influence sur plusieurs générations  d’écrivains. 

Jean-Luc Wauthier, qui a bien connu Albert Ayguesparse, évoquera son oeuvre de  poète

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Les peintres dans les rues

les 26 27 28 aout 2011 A la Croisée des Arts Auriolais organise :

 

les peintres dans les rues

 

3 jours de peinture, pastel, dessin,  aquarelle, encre......tiffany

 

une autre façon de decouvrir notre village provençal.

 

les samedi 10h et dimanche 10h rendez vous devant le musée Martin-Duby, pour une visite guidée d Auriol et de ses peintres...

et dimanche 28 à 18h remise des prix au Musée bien sur !!

 

venez nombreux.

 

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Avoir de la classe

En souvenance d’André Mazeaud

 

Très nombreux cèdent à l’envie,

Quand il subissent une blessure,

D’accueillir plaintes ou injures,

Trouvant trop cruelle la vie.

 

Difficile à une victime,

Pour conserver sa dignité,

De ne pas sembler révoltée,

De garder sa souffrance intime.

 

Cependant certains y parviennent,

Endurent le pire qui passe,

Révèlant qu’ils ont de la classe

Pas de soupirs, quoiqu’il advienne.

 

Lors, on se sent impresionné

Face à la grandeur de ces êtres.

Émus, d’avoir pu les connaître,

On se dit qu’ils étaient bien nés.

 

                                                                             23 aôut 2011

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LE CHANT DES CIGALES

12272749872?profile=originalCRI CRI CRI dans les pins , c'est la chaleur du grand été

Tout un univers de profile par ce bruit familier, mais JIN JIN ? MIIN MIIN ? CHAN CHAN? ??

Au Japon c'est l'évènement de la saison apporté par le vent

Comment reconnaître ces évidences ?JIN JIN c'est le premier hymne à l'amour de l'été

MIIN MIIN la fin des beaux jours 

Mais la citadine de Tokyo , la plus grosse c'est CHAN CHAN .

Voilà le grand mystère de la ville et personne ne pense plus à les placer dans des cages .

Pourtant sur les marchés de Provence  le cri strident est là aussi provenant de rutilantes céramiques colorées ( très kitch )dont les touristes raffolent

AA

Extraits d'un article de Philippe Pons le Monde du 13 Août 2011

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12272749674?profile=original"Le roi se meurt" est une pièce en prose d'Eugène Ionesco (1909-1994), créée dans une mise en scène de Jacques Mauclair à Paris au théâtre de l'Alliance française le 15 décembre 1962, et publiée à Paris chez Gallimard en 1966.

 

Écrite au cours d'une hospitalisation, cette pièce fut conçue, s'il faut en croire le Journal en miettes d'Ionesco, comme un «exercice spirituel», dicté par la maladie. En fait, le thème de la mort, qui parcourt l'oeuvre du dramaturge, de la Leçon à Voyage chez les morts en passant par les Chaises,

Amédée ou Comment s'en débarrasser et Tueur sans gages, trouvait déjà dans Argument pour un ballet (1961) un développement comparable à celui qu'il occupe dans Le roi se meurt.

 

Dans une salle du trône «vaguement gothique», chacun, du garde au «médecin-chirurgien-bourreau-bactériologue-astrologue», peut observer des «signes» d'une récente décrépitude - panne de chauffage, fissure dans le mur... - qui participe d'un délabrement général: vieillissement anormal d'une population dégénérée, effondrement du royaume dans un précipice, perturbation du cours des astres. Ces phénomènes apocalyptiques annoncent la mort prochaine du roi Bérenger que ses deux épouses, Marguerite et Marie, son médecin et sa «femme de ménage et infirmière», Juliette, tentent, chacun à sa manière, de préparer à l'échéance fatale. Après une longue rébellion, le Roi «abdique» progressivement en une insolite «cérémonie» initiatique dont Marguerite se fait la grande ordonnatrice.

 

Quand il écrit Le roi se meurt, Ionesco a renoncé aux classifications génériques paradoxales et volontiers provocatrices de la décennie précédente (voir, par exemple, la Cantatrice chauve ou la Leçon). Or cette pièce, de facture plus classique, tient davantage de la tragédie et de la farce qu'aucune autre. Ses «héros» y jouissent tous d'une «noblesse» exceptionnelle dans le théâtre de l'absurde: ainsi, le roi Bérenger, précédé d'une musique inspirée de Lully, annoncé selon le protocole de l'étiquette («Sa Majesté, le Roi Bérenger Ier. Vive le Roi!»), doué d'une extraordinaire longévité («Tu as eu soixante ans, quatre-vingt-dix ans, cent vingt-cinq ans, deux cents ans, quatre cents ans»), évoque les fastes de la royauté française («L'État c'est moi», «Après moi le déluge»). Surhomme (on lui attribue toutes les inventions humaines), Prométhée impuni («Il a volé le feu aux dieux puis il a mis le feu aux poudres. Tout a failli sauter. Il a tout retenu dans ses mains, il a tout reficelé»), il l'emporte même sur Yahvé («Dès le premier jour de sa naissance, il avait créé le Soleil»). Pourtant, quand son sceptre ne lui sert plus que de canne dérisoire, son agonie devient celle d'un «petit bourgeois» égoïste et veule qui se débat misérablement, pièce d'échecs que deux reines antinomiques se disputent et qu'on met mat en une heure trente.

 

En effet, comme dans les tragédies, le temps, affidé du destin, est mesuré: l'histoire débute, selon Bérenger, «dès le lever du soleil» et s'achève dans une lumière grise qui «n'est plus le jour [ni] la nuit». Dans l'intervalle, de nombreuses interventions rappellent avec une précision sadique le compte à rebours fatal («Il nous reste trente-deux minutes trente secondes», «Il te reste un quart d'heure») et transforme Bérenger en mécanisme d'horlogerie («Il retarde»). Mais, contrairement à toute règle de bienséance, cet inexorable flux linéaire clame son rapport à la représentation: «Tu vas mourir à la fin du spectacle», assène Marguerite à son époux en un jeu baroque, qui inverse les rapports (c'est en fait le spectacle qui s'achève à la mort du personnage) et érige l'arbitraire de l'auteur en nécessité tragique.

 

Cette conscience de tenir un «rôle» dans un spectacle se double d'une représentation en abyme: la «cérémonie» de l'agonie, terme initialement prévu comme titre et employé par les personnages. Or l'auteur emprunte l'apparat et les annonces rituelles («Le Roi se meurt. [...] Le Roi est mort. [...] Vive le Roi!»), à la tradition royale pour mieux les subvertir. Sous couvert d'une initiation formelle, avec ses formules incantatoires - «Temps retourne, temps retourne; temps arrête-toi» - et son parcours rituel, c'est, encore une fois, de théâtre que nous parle Ionesco. Face à la mort, Bérenger se sent «un comédien qui ne connaît pas son rôle le soir de la première» et refuse de s'adresser au public, ses gesticulations tiennent de la comédie, sa rébellion figure dans un programme. Le monde qui meurt avec son souverain n'est qu'un décor que Marguerite suscite et renvoie au néant d'une même phrase («Ne crains pas ce vieux loup qui hurle... ses crocs sont en carton»), tandis que se disloque sous le regard du spectateur un lieu que les personnages nomment tantôt «salle du trône» tantôt «living-room» et qui se révèle être une scène.

 

Reste la littérature. D'un personnage qui, sous les pseudonymes d'Homère et de Shakespeare, a composé les plus belles oeuvres de l'humanité, Marguerite attendait «de belles phrases exemplaires» pour la «chronique» mais, à l'heure décisive, Bérenger, double dramatique d'Ionesco, se heurte à l'indicible: «Je meurs, vous entendez, je veux dire que je meurs, je n'arrive pas à le dire, je ne fais que de la littérature.» Or le théâtre de l'absurde fait fi du mythe de l'écrivain et du «monument» qui jadis conférait l'éternité; à l'impossible salut répond la banalisation: «Il sera une page dans un livre de dix mille pages que l'on mettra dans une bibliothèque qui aura un million de livres.»

Paradoxalement, c'est dans cette impuissance des mots à traduire la mort, et plus encore à la vaincre, que réside la force de cette pièce, souvent regardée comme le chef-d'oeuvre d'Ionesco.

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