Sur les chemins de Compostelle ...
20 juillet 2011
Déjà très tôt, le matin, près de la cathédrale, eh bien, ils sculptaient, les gars. Toute la sciure répartie sur les côtés en étaient témoins. Le nombre de visiteurs (touristes ou autres) ne désemplissait pas. L'espace d'un instant, l'espace d'un (ou deux) regard(s), on pouvait se sentir transporté au quatorzième, quinzième siècle. Aubertin d'Avallon, m'entends-tu ? Il était même écrit : après-midi, entre 14 et 19 heures, possibilité d'apprendre à sculpter. Mmmmm. Ca m'a fait peur, dans un premier réflexe. Ca m'a rendu quand même un peu curieux, dix s'condes plus tard. Ca m'a encore rendu encore plus curieux, dans les s'condes qui suivirent (obsession ? révélateur ?). Et si j'apprenais, cet après-midi ! Je n'ai jamais sculpté de ma vie, non. Mais pourquoi pas ? Au moins : j'essaierais.
Comme il n'était qu'onze heures, il était encore temps de se balader dans la ville, d'admirer les places royales, avec leurs lanternes et leurs drapeaux.
Et ... un détour par l'office du tourisme, situé juste à côté de la cathédrale, histoire de se procurer un dépliant où sont renseignés, sur la suite des chemins de Saint-Jacques, que je compte reprendre demain au plus tard, la liste des hébergements disponibles.
Et ... voici la pluie qui tombe. Et ... voici les parapluies qui courent.
Et ... je me réfugie dans une espèce d'endroit banal, où je me paie un café, où je passe mon temps, sur une table, à fixer mes yeux sur le dos d'un passant, qui ne se retournera jamais.
Et ... je me demande toujours ce qu'en pensent Corneille, Molière, dont les noms sont écrits en grand sur les frontons du théâtre principal, juste en face.
Et ... ça pleut. Et ... ça pleut.
Et ... une espèce de quotidien habituel s'imprègne dans les chemins de Saint-Jacques. Se poser ne veut pas forcément dire : se reposer.
Brrouuhhh ! Allez, ne nous plaignons pas ! A cet endroit, on pourra manger. Moderne, oui. Froid, oui. Et la clientèle est nombreuse. Et, une fois de plus, j'aperçois, entre deux pièces avec des photos de Brassens, de Coluche, de Gainsbourg ... en noir et blanc (voyons !). J'accuse le coup.
Et ... je sympathise avec mes voisins de table, des anglais.
Et ... il pleut. On le saura.
Quatorze heures. J'en profite pour repasser à la cathédrale, à l'entrée, là où l'accueil aux pélerins a lieu tous les jours. Et ça recommence à se gâter. Avec une personne ... imbouffable au possible. J'épargnerai le dialogue. Accueil aux pélerins, OK OK. Mais jusqu'où ? Cette personne est dure dans son parler. Elle commence par me dire "c'est pas normal !", parce que les dépliants, concernant la liste des hébergements (entre Reims et Châlons) se trouvent à l'office du tourisme. Elle continue à me dire "c'est pas normal !", parce que d'autres dépliants, dans d'autres offices du tourisme, sont gratuits. Et je t'en passe ...
Bref : je sais que le chemin le plus court n'est pas encore fléché.
Bref : j'ai payé le dépliant qui renseigne le chemin le plus court. En insistant.
Bref : je me suis acheté, ensuite, dans une librairie, un nouveau bouquin, avec la suite du trajet.
Bref : j'ai marché, ensuite, à vide, dans la pluie, sur les trottoirs. Bref : je suis retourné à mon lieu d'hébergement, dans la flotte, histoire de faire une sieste, de me préparer à aller chanter dans un p'tit bistro vers 18 heures. Bref : je me suis abstenu, final'ment, d'aller apprendre à sculpter.
Bref ...
De rues pavées en rues pavées, la journée s'est dessinée.
Dix-huit heures/dix-neuf heures. Allez, je me rends au fameux bistro où je peux chanter. Le jeune gars, au bar, ainsi que la serveuse, me reconnaissent. Hier, déjà, sur le trottoir, on causait comme si on se connaissait. Bon. Aujourd'hui, y a-t-il une suite ? Il me dit de m'asseoir, de commencer. On me prépare de l'eau pétillante et des cacahuètes. OK, OK. Quatre clients assis dans le bistro, quelque part (l'un qui crie "voilà Hugues Aufray", quand il me voit déballer ma guitare). Deux trois clients debout devant le comptoir. Je me lance, je chante une chanson. Et ... personne n'applaudit. Les clients continuent à exister, devant moi, comme avant, comme ça se passait déjà, comme ça se pass'ra encore, que je sois là ou pas. Je fais semblant de rien. Je ne me laisse pas désarmer. J'attends. OK, OK, le tenancier et la serveuse me sourient parfois, mais c'est tout. Je refais bientôt une chanson, une autre. Même résultat. Pas de retour apparent. "Il faut jouer du connu !", me dit le tenancier. C'est pas faux, mais je ne bouge pas d'un poil (question de choix !). "On va lancer une ... !", dit le tenancier, en me regardant. Il se lève ensuite dans ma direction. Une fraction de seconde, je me dis qu'il pense à moi, que la situation va un p'tit peu changer. "On va lancer une ... !", ai-je bien entendu (oui, le dernier mot, j'ai pas compris). C'est alors que je m'aperçois que ... juste à côté de moi, des clients se regroupent pour jouer aux flèches. OK, OK. "On va lancer une ... !", je pige. Tout doucement, je remballe mes effets, sans me laisser abattre. Je salue l'assistance. Je m'en vais.
20 juillet 2011
Déjà très tôt, le matin, près de la cathédrale, eh bien, ils sculptaient, les gars. Toute la sciure répartie sur les côtés en étaient témoins. Le nombre de visiteurs (touristes ou autres) ne désemplissait pas. L'espace d'un instant, l'espace d'un (ou deux) regard(s), on pouvait se sentir transporté au quatorzième, quinzième siècle. Aubertin d'Avallon, m'entends-tu ? Il était même écrit : après-midi, entre 14 et 19 heures, possibilité d'apprendre à sculpter. Mmmmm. Ca m'a fait peur, dans un premier réflexe. Ca m'a rendu quand même un peu curieux, dix s'condes plus tard. Ca m'a encore rendu encore plus curieux, dans les s'condes qui suivirent (obsession ? révélateur ?). Et si j'apprenais, cet après-midi ! Je n'ai jamais sculpté de ma vie, non. Mais pourquoi pas ? Au moins : j'essaierais.
Comme il n'était qu'onze heures, il était encore temps de se balader dans la ville, d'admirer les places royales, avec leurs lanternes et leurs drapeaux.
Et ... un détour par l'office du tourisme, situé juste à côté de la cathédrale, histoire de se procurer un dépliant où sont renseignés, sur la suite des chemins de Saint-Jacques, que je compte reprendre demain au plus tard, la liste des hébergements disponibles.
Et ... voici la pluie qui tombe. Et ... voici les parapluies qui courent.
Et ... je me réfugie dans une espèce d'endroit banal, où je me paie un café, où je passe mon temps, sur une table, à fixer mes yeux sur le dos d'un passant, qui ne se retournera jamais.
Et ... je me demande toujours ce qu'en pensent Corneille, Molière, dont les noms sont écrits en grand sur les frontons du théâtre principal, juste en face.
Et ... ça pleut. Et ... ça pleut.
Et ... une espèce de quotidien habituel s'imprègne dans les chemins de Saint-Jacques. Se poser ne veut pas forcément dire : se reposer.
Brrouuhhh ! Allez, ne nous plaignons pas ! A cet endroit, on pourra manger. Moderne, oui. Froid, oui. Et la clientèle est nombreuse. Et, une fois de plus, j'aperçois, entre deux pièces avec des photos de Brassens, de Coluche, de Gainsbourg ... en noir et blanc (voyons !). J'accuse le coup.
Et ... je sympathise avec mes voisins de table, des anglais.
Et ... il pleut. On le saura.
Quatorze heures. J'en profite pour repasser à la cathédrale, à l'entrée, là où l'accueil aux pélerins a lieu tous les jours. Et ça recommence à se gâter. Avec une personne ... imbouffable au possible. J'épargnerai le dialogue. Accueil aux pélerins, OK OK. Mais jusqu'où ? Cette personne est dure dans son parler. Elle commence par me dire "c'est pas normal !", parce que les dépliants, concernant la liste des hébergements (entre Reims et Châlons) se trouvent à l'office du tourisme. Elle continue à me dire "c'est pas normal !", parce que d'autres dépliants, dans d'autres offices du tourisme, sont gratuits. Et je t'en passe ...
Bref : je sais que le chemin le plus court n'est pas encore fléché.
Bref : j'ai payé le dépliant qui renseigne le chemin le plus court. En insistant.
Bref : je me suis acheté, ensuite, dans une librairie, un nouveau bouquin, avec la suite du trajet.
Bref : j'ai marché, ensuite, à vide, dans la pluie, sur les trottoirs. Bref : je suis retourné à mon lieu d'hébergement, dans la flotte, histoire de faire une sieste, de me préparer à aller chanter dans un p'tit bistro vers 18 heures. Bref : je me suis abstenu, final'ment, d'aller apprendre à sculpter.
Bref ...
De rues pavées en rues pavées, la journée s'est dessinée.
Dix-huit heures/dix-neuf heures. Allez, je me rends au fameux bistro où je peux chanter. Le jeune gars, au bar, ainsi que la serveuse, me reconnaissent. Hier, déjà, sur le trottoir, on causait comme si on se connaissait. Bon. Aujourd'hui, y a-t-il une suite ? Il me dit de m'asseoir, de commencer. On me prépare de l'eau pétillante et des cacahuètes. OK, OK. Quatre clients assis dans le bistro, quelque part (l'un qui crie "voilà Hugues Aufray", quand il me voit déballer ma guitare). Deux trois clients debout devant le comptoir. Je me lance, je chante une chanson. Et ... personne n'applaudit. Les clients continuent à exister, devant moi, comme avant, comme ça se passait déjà, comme ça se pass'ra encore, que je sois là ou pas. Je fais semblant de rien. Je ne me laisse pas désarmer. J'attends. OK, OK, le tenancier et la serveuse me sourient parfois, mais c'est tout. Je refais bientôt une chanson, une autre. Même résultat. Pas de retour apparent. "Il faut jouer du connu !", me dit le tenancier. C'est pas faux, mais je ne bouge pas d'un poil (question de choix !). "On va lancer une ... !", dit le tenancier, en me regardant. Il se lève ensuite dans ma direction. Une fraction de seconde, je me dis qu'il pense à moi, que la situation va un p'tit peu changer. "On va lancer une ... !", ai-je bien entendu (oui, le dernier mot, j'ai pas compris). C'est alors que je m'aperçois que ... juste à côté de moi, des clients se regroupent pour jouer aux flèches. OK, OK. "On va lancer une ... !", je pige. Tout doucement, je remballe mes effets, sans me laisser abattre. Je salue l'assistance. Je m'en vais.
Un chemin de Compostelle, c'est ... se mettre en route. Accepter. Apprendre.
Et ... je tourne à vide dans les rues de Reims, à nouveau. Je ne me fixe sur rien. Je laisse mes pas me guider. Tiens ! Une autre place avec une église !
Et ... je me dis que je suis depuis deux jours dans cette ville et qu'il me semble que j'y suis depuis bien plus longtemps.
Et ... je me retrouve sur une rue principale, là où le tram passe.
Et ... je flâne. Et ... j'erre.
Et ... brusquement, j'entends de la musique. Et ... je retombe sur un des multiples petits bistrots de la ville. Et ... je me retourne. Et ... je vois cinq ou six jeunes, regroupés au fond du bistro, en train de jouer de la guitare. Et ... je rentre. Et ... je commande un verre. Et ... je m'assieds. Et ... je regarde l'assistance. Et ... le chef du groupe me dit de venir me joindre à eux.
Et ... j'ai passé une magnifique soirée. Et ... j'ai accompagné, en fin de soirée, certains jeunes guitaristes (colocataires) chez eux, dans leur flat. Et ... y a eu du vin, des pizzas, des rencontres, tout ce qu'on peut vivre sur une route, qu'on peut écrire, qu'on peut ressentir, mais qui reste irracontable quand on sait que, quand les choses se vivent, elles se vivent, et que les mots seront toujours inférieurs à la réalité ...
le matin, devant le café, le compagnon sommeille sur le trottoir ... avec celui qui lui tient compagnie, on causera de Julio Iglesias
presque un hôtel, on est d'accord
elle s'appelle Charlène, elle est super, elle a une belle voix, elle écrit, elle a des projets de voyages, elle est entrée dans mon monde d'amitié tout de suite
rues, rues, rues
oui, oui, il faut bien laver son linge ... pour ma part, j'y pensais depuis quelques jours ... ici, vous le voyez, on atterrit dans l'île aux plaisirs
retour dans la ville, retour dans le parc pas loin de la cathédrale
en voilà un qui rend hommage à mon ukulélé
des fantômes d'Amérique, oui
Clovis n'est pas passé loin, non
Serait-on revenu en Belgique
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