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Survol de l'Essai en Belgique

On a beaucoup dit que la Belgique était une terre de poètes et c’est vrai. Dans un pays dont on assure également qu’il est matérialiste, les poètes (et même les bons poètes) sont légion. Mais si l’on regarde ce qu’a été l’essai dans la littérature française de ce pays depuis cinquante ans, on doit admettre que le genre a toujours été riche. Le caractère belge aime la réflexion. Plus, d’ailleurs, que la spéculation purement intellectuelle ou le goût de l’étincelle dans les idées. L’essai, ici, va souvent vers la synthèse large, le panorama, le dossier sérieux.

Léon Thoorens a même tenté et réussi un « Panorama des littératures » qui était une gageure. L’essai va vers les faits plutôt que vers l’effet. Et vers les perspectives du passé plutôt que vers les incertitudes du présent : on préfère attendre et voir clair.
Mais il faudrait, avant de tenter un semblant d’inventaire, distinguer les domaines qu’on y ferait entrer. L’essai critique y a sa place, naturellement, mais aussi l’analyse littéraire ; les portraits d’une époque, mais aussi les biographies ; l’évocation d’une terre ou d’un peuple, mais aussi l’histoire, qui a suscité beaucoup d’ouvrages importants (sans doute parce que l’histoire de Belgique est complexe et longue…).

Il faudrait même faire une place –où la trouveraient-ils ailleurs ?- aux philologues, aux lexicologues ou aux grammairiens. La Belgique romane n’a pas toujours eu bonne réputation ; on y a des accents et l’on s’y donne souvent des facilités coupables : wallonismes ou flandricismes parsèment le langage d’un grand nombre. Est-ce pour cela que la Belgique est riche en maîtres et en correcteurs de langue ? Entre les deux guerres, un savant jésuite, le P. Deharveng, publiait tous ses volumes de ‘Corrigeons-nous » avant que ne viennent Armant Bottequin, Joseph Hanse (« Dictionnaire des difficultés grammaticales et lexicologiques »). Depuis lors, Albert Doppagne et André Goose sont aussi des références de la plus sûr qualité. Quant à Maurice Grevisse , dont « Le bon usage » a connu dix rééditions, il est un spécialiste écouté aux quatre coins du monde francophone. Gide le cite souvent et Léopold Sedar Senghor fait de lui l’oracle du gouvernement sénégalais à Dakar.

L’histoire littéraire

Ici même, il faudrait faire quelques distinctions. La réflexion historique et la critique contemporaine se partagent une activité somme toute considérable. D’éminentes personnalités universitaires se sont attachées à des « moments » de la langue ou de la littérature dans le passé. Des médiévistes aux dix-huitièmistes, l’éventail est large.
Il faudrait même reprendre les choses plus loin. Jean Capart a été un des premiers égyptologues de ce siècle. Marie Delcourt (née en 1891) est un de ces esprits riches et originaux qui connaissent et révèlent admirablement l’Antiquité. « La vie d’Euripide », « Eschyle » ou « Périclès » sont des œuvres de premier ordre, et nul n’a atteint comme elle l’âme de l’hellénisme (si ce n’est Claire Préaux et son rayonnant humanisme, comme dans « La lune et la pensée grecque »). Mais elle parle aussi bien de « Plaute et l’impartialité comique », et l’Humanisme renaissant lui a inspiré une savoureuse monographie d’ « Erasme » et une belle édition critique de l’ « Utopie » de Thomas More.
Le moyen âge a été un des grands terrains prospectés par les universitaires belges. Il est certain que Maurice Wilmotte (1861-1942) a formé à Liège des médiévistes qui ont essaimé partout. Il n’est pratiquement pas une faculté de philologie romane, en Belgique, où l’on ne retrouve son influence ou son souvenir. Trente ans après avoir étudié les « Origines du roman en France », il s’attachait, en 1939, à « L’épopée française, origine et élaboration ».
Dans sa grande foulée apparurent notamment Georges Doutrepont (1868-1941) qui ressuscita « La littérature française à la cour des ducs de Bourgogne » ; Maurice Delbouille (né en 1903) qui étudia entre autres la « Genèse de la chanson de Roland » ; Rita Lejeune-Dehouse (née en 1906) qui multiplia avec une féconde liberté ses « recherches sur le thème : les chansons de geste et l’histoire » ; Fernand Desonay (1879-1973) qui parla si bien de « Villon » et se fit l’éditeur des œuvres d’Antoine de la Sale avant de passer à la Renaissance avec son monumental « Ronsard poète de l’amour », trois volumes pleins de science, de vie et d’idées neuves. Il est vrai que Fernand Desonay était multiple et brillant. Il se passionnait aussi bien pour « Le Grand Meaulnes », d’Alain Fournier, pour l’Italie (« Air de Venise », l’Amérique (« Air de Virginie »), et l’actualité rencontrée dans des centaines d’articles.
On retrouve le moyen âge chez beaucoup de chercheurs encore. Chez Julia Bastin, spécialiste de Rutebeuf et éditrice de la tournaisienne « Vie de saint Eleuthère », comme chez Edgar de Bruyne dans ses « Etudes d’esthétique médiévale ».

Le XVIIe siècle, qui fut une période sombre pour les régions de la future Belgique, a suscité chez Marcel Paquot un essai très documenté sur « Les étrangers dans les divertissements de la cour de Beauxjoyeulx à Molière ». A qui on ajoutera Henri Liebrecht (1884-1955) et son « Histoire du théâtre français à Bruxelles aux XVIIIe et XVIIIe siècles ».

Le XVIIIe siècle a eu de véritables initiateurs comme servais Etienne (1886-1952) qui a traité « Le genre romanesque en France depuis l’apparition de La nouvelle Héloïse jusqu’aux approches de la Révolution ». Servais Etienne professait aussi que l’histoire littéraire doit résister la tentation excessive de la biographie pour garder au texte son importance essentielle.
Roland Mortier fut certainement l’un des plus importants dix-huitièmistes. Son « Diderot en Allemagne », ses « Clartés et ombres au Siècle des lumières », sa pénétrante analyse de la « Poétique des ruines en France » sont des livres essentiels, et les études publiées sur le XVIIIe sous sa direction ou avec sa participation par l’Université de Bruxelles font de lui un des maîtres contemporains, un de ceux chez qui la brillante aisance de l’expression s’ajoute à la science la plus sérieuse.
Gustave Charlier (1885-1949) avait été le disciple de Maurice Wilmotte avant de former Roland Mortier et plusieurs générations universitaires ; ses curiosités allaient « De Ronsard à Victor Hugo » ou « De Montaigne à Verlaine », mais son ouvrage majeur restera « Le mouvement romantique en Belgique ».
Le Romantisme, Raymond Pouillart l’a étudié dans « Le Romantisme de 1869 à 1896 ». D’autres l’ont inclus dans des synthèses élargies ou ont suivi ce qui est sorti de lui par mutation ou par réaction. Ainsi Gustave van Welkenhuyzen (1900-1975-, attiré par la projection des grands mouvements français en Belgique : « L’influence du naturisme français en Belgique », « J. K. Huysmans et la Belgique », sans oublier tout ce qu’il a consacré à Camille Lemonnier ou à Charles Van Lerberghe. Sur Van Lerberghe, les travaux scientifiques de Jean Guillaume sont établis avec beaucoup d’exigence.
Grand poète autant que grand critique, Robert Vivier (né en 1894) s’est révélé par « L’originalité de Baudelaire », et des recueils comme « Et la poésie fut langage » allient merveilleusement l’expérience et l’analyse poétique.
Chez Emilie Noulet (née en 1892), trois œuvres majeures de la poésie française ont trouvé une exégète incomparable. « Paul Valéry » (1938), « L’œuvre de Stéphane Mallarmé » (1940) ou « Le premier visage de Rimbaud » (1953, réédité en 1974) sont des ouvrages qu’on ne peut ignorer. Mais Emilie Noulet a étudié aussi « Le ton poétique », plus divers dans son objet, et elle s’est passionnée aussi bien pour Jean Tardieu.
Paul Champagne s’est voué à l’étude de la poésie, et surtout à un écrivain belge qui captait, dans son château d’Acoz, les feux déclinants du romantisme, Octave Pirmez. Il lui a consacré plusieurs livres fervents.
De beaux travaux ont été dédiés à Benjamin Constant par Maurice Delbouille et par Arnold de Kerchove. « Genèse, structure et destin d’Adolphe » pour le premier, « Benjamin Constant ou Le libertinage sentimental » pour le second, disent par leur titre seul la différence d’optique. Jeannine Moulin a scruté avec beaucoup de sagacité « Gérard Nerval », « Les chimères », puis « Guillaume Apollinaire ou La querelle de l’Ordre et l’Aventure », avant de vouer à la poésie féminine un labeur extrêmement fécond avec « Marcelline Desbordes-Valmore », « Christine de Pisan » et « Huit siècles de poésie féminine » qui est une somme extraordinaire.
Grand linguiste, Joseph Hanse a consacré une bonne partie de ses travaux à Charles de Coster dont il a assuré l’édition critique –et définitive- de la « Légende d’Ulenspiegel », puis à Maurice Maeterlinck dont il a établi l’édition critique des « Poésies complètes ».
On ne peut ignorer ici les comparatistes et les spécialistes de littérature étrangère. Lucien-Paul Thomas (1880-1948) a laissé son empreinte d’hispanisant sur ses étudiants et sur des poètes comme Fernand Verhesen ou Edmond Vandercammen. Etienne Vathier (1894-1968) l’a fait aussi par ses travaux sur Calderon, Unamuno ou Lorca. Paul de Reul (1871-1945) a fait connaître et aimer « L’art et la pensée de Robert Browning », ou « La poésie de Wordsworth à Keats ». Paul Remy, lui s’est voué à l’occitan : « la littérature provençale au moyen âge ». Albert Baiwir a décrit « Le déclin de l’individualisme chez les romanciers américains », mais le livre date d’une bonne trentaine d’années. L’essai d’Albert Gérard, « Les tambours du néant, va de Hawthorne à James Baldwin. Il s’impose par sa profondeur, son ouverture et son style : c’est une des meilleures œuvres traitant de la littérature américaine contemporaine. Quant à Jean Weisberger, on lui doit une excellente initiation : « Formes et domaines du roman flamand ».
Raymond Trousson, lui, choisit des thèmes qui embrassent plusieurs cultures : « Le thème de Prométhée dans la littérature européenne ou Voyages aux pays de nulle part », un essai sur le thème de l’Utopie.
Il est juste de rappeler ici un homme qui a toujours vécu en marge de l’université comme des milieux établis et qui, exceptionnel autodidacte, a révélé entre les deux guerres les auteurs du nouveau théâtre et le théâtre de pays inconnus. Camille Poupeye, avec « Dramaturges exotiques », a été un étonnant précurseur.

L’essai littéraire

Arrivés dans une zone où l’histoire littéraire et l’essai littéraire mêlent leurs courants, nous sommes aussi plus près de la littérature considérée hors de son histoire.
Des noms et des titres se présentent. Ils indiquent un élan, un choix personnel, parfois une vraie passion. Ainsi Lucien Christophe (1891-1974) qui a donné son âme à Péguy dans deux livres : « le jeune homme Péguy » et « Les grandes heures de Péguy », tout en nous laissant aussi, outre ses poèmes, un « livre de raison » émouvant et serein : « Où la chèvre est attachée ». Ainsi de Léopold Levaux (1892-1956) qui a voulu dire tout ce qui le liait à « Léon Bloy » et qui a médité « Religion et littérature ». Ainsi d’Hubert Colleye, lui aussi proche de « L’âme de Léon Bloy » et qui a rassemblé le fruit de ses lectures dans les volumes d’ « Idées du temps », tout en chantant « La poésie catholique de Paul Claudel ». Ainsi Adrien Jans (1905-1973) qui a été parmi les premiers à analyser « La pensée de Jacques Rivière », ou « Jules Supervielle », et qui a répandu sa connaissance des hommes et des livres dans des milliers d’articles. André Vandegans, lui, s’est penché sur « La jeunesse littéraire d’André Malraux », et David Scheinert sur des « Ecrivains belges devant la réalité ».
Marcel Lobet (né en 1907) est le type même de l’essayiste. Attiré un moment par l’étude de l’Islam (« L’Islam et l’Occident », « Au seuil du désert »-, il est entré ensuite dans une étude profonde de la littérature européenne vécue comme une aventure de l’âme. Il s’attacha aux « Chercheurs de Dieu », puis à « La science du bien et du mal » où il compare l’écrivain à Adam taraudé par la tentation de la connaissance. Poussant son enquête jusqu’aux écrivains qui « s’avouent » sous le détour de la fiction, il a décelé leur vérité, mais aussi leurs ruses : « Ecrivains en aveux », « La ceinture de feuillage ».
Parlerons-nous ici des biographies littéraires ? Daniel Gillès en a conçu trois qui sont excellents parce que ces trois écrivain le passionnent : « Tolstoï », « Tchékhov » et « D . Lawrence ».
Nous parlions de passion. celle d’un homme et de la vérité a sûrement inspiré Roland Beyen quand il a écrit « Michel de Ghelderode ou La hantise du masque ». c’est une biographie critique qui a bouleversé la connaissance de Ghelderode. Roland Beyen l’a complétée ensuite par un « Ghelderode » où l’œuvre est revue avec la même acuité. L’auteur de « fastes d’enfer » a d’ailleurs beaucoup inspiré la critique de ce pays. Il est nécessaire de signaler ici, par exemple, Jean Francis et « L’éternel aujourd’hui de Michel de Ghelderode », Jean Stévo et « Office des ténèbres pour Michel de Ghelderode », ou tout récemment Albert Lepage et « L’énigme Ghelderode ».
La passion de Charles de Trooz (1905-1958), c’était de trouver les secrets du talent à travers une analyse éblouissante qui se donnait un air de jeu supérieur pour masquer une connaissance scrupuleuse –puis de communiquer ce qu’il avait trouvé. Les étudiants qui ont reçu ses leçons à Louvain ne l’ont jamais oublié. Mort trop tôt, il n’a laissé, en dehors d’un souvenir exceptionnel, que deux livres, mais superbes : « Le magister et ses maîtres » et « Le concert dans la bibliothèque ».
Chez Robert Goffin (né en 1898), la poésie est une vraie respiration, mais il aime aussi à parler des poètes (« Entrer en poésie », « Rimbaud vivant », « Mallarmé vivant », et il le fait avec chaleur, comme lorsqu’il parle du jazz qui l’a conquis très tôt (« Aux frontières du jazz »).
Nelly Cormeau avait livré une intéressante « Physiologie du roman » avant de se pencher sur « L’art de François Mauriac » dans un essai que Mauriac lui-même appréciait beaucoup.
Pol Vandromme (né en 1927) a un champ d’action et un ton que nul ne pourrait lui disputer. Ennemi de la philosophie et des idées de gauche –parce qu’il les trouve souvent confuses…- il a créé vraiment cette « Droite buissonnière » qu’il a donné comme titre à un de ses livres. Il a parlé de Maurras, de Drieu La Rochelle. Il a le ton de la formule insolente, de l’emporte-pièce et d’une alacrité qui irrite certains, mais qui fait parfois du bien…
Les plus vastes desseins critiques, en dehors de Georges Poulet que nous retrouverons un peu plus loin, sont ceux de deux Belges dont l’un vit à Paris et l’autre à Rome. Installé dans les meilleurs bastions de la presse parisienne, poète et romancier, Hubert Juin souffle sa science critique aux quatre coins de l’horizon. Il sait tout, il a tout lu –très bien- et l’allégresse de son écriture donne à ses essais une vitalité fascinante. Il a écrit sur « Pouchkine » ou « Aragon », mais des livres comme « Les incertitudes du réel » ou « Les libertinages de la raison », rendent mieux justice à son étonnante mobilité. Choix des auteurs, souplesse des thèmes, virtuosité des rapprochements : c’est vraiment de la critique libre, intelligente et passionnée à la fois. On la rencontre encore dans deux ouvrages plus récents : « L’usage de la critique » et « Ecrivains de l’avant-siècle ». De Rome, où son travail se fait au Vatican, Mgr. Charles Moeller continue une énorme entreprise qu’il appelle globalement « Littérature du XXe siècle et christianisme ». Après une très belle réflexion sur « sagesse grecque et paradoxe chrétien ». Charles Moeller s’était donc lancé dans une confrontation entre une littérature et un christianisme qui paraissent se rejeter si durement depuis trente ans. Non point pour condamner ou pour « convertir » des auteurs malgré eux : pour écouter, jusqu’au plus secret de lui-même, un dialogue qui passe sans cesse de la rupture à l’appel. Personne peut-être n’a interrogé avec plus d’honnêteté, plus de scrupule, Gide, Sarte, Albert Camus ou Sagan. Charles Moeller est un lecteur exceptionnel qui ouvre les yeux de ses lecteurs. refusant tout cloisonnement, toute approche superficielle ou préconçue, il a ausculté comme personne l’âme de la littérature d’aujourd’hui.
Nous voici au seuil de ce qu’on pourrait appeler la Nouvelle Critique. Comment ne pas citer d’abord, avec la plus totale admiration Georges Poulet (1902) ? Georges Poulet a apporté à l’exercice critique une vision transfigurée et une technique dont toute la Nouvelle Critique devait faire son profit. Prenant la totalité d’une œuvre pour en casser les lignes habituelles et la réduire à ses plus infimes éléments, il la reconstruit ensuite selon les lignes que l’œuvre suggère. « L’acte critique est celui par lequel, à travers la totalité d’une œuvre relue, on découvre rétrospectivement les fréquences significatives et les obsessions révélatrices. » Les tires de Georges Poulet, d’abord énigmatiques, prennent alors leur signification insolite : « Etudes sur le temps humain », « Les métamorphoses du cercle », « Mesures de l’instant », « La conscience critique ». Ennemi des ruptures, créateur de mutations, Georges Poulet est vraiment un des plus importants essayistes de ce temps. Peu de gens savent qu’il est Belge, car il a enseigné à Edimbourg, à Zurich et à Nice. Il fallait le souligner.
L a génération qui le suit a vu s’affirmer Albert Henry attaché au langage dans « Amers" de saint-John Perse, une poésie en mouvement » ; ou Madeleine Defrenne avec « Odilon-Jean Périer ». Elle a vu naître Maurice-Jean Lefebve avec « L’image fascinante et le surréel », où le structuralisme est une étape vers l’œuvre surréelle dont l’œuvre réelle serait le reflet ; elle a vu monter Jean Terrasse avec « Le mal du siècle et l’ordre immuable » ; elle a vu s’épanouir René Micha qui cherche moins les grands ensembles que les découvertes individuelles dont il parle sans système, mais avec une précision magique : « Pierre-Jean Jouve » ou « Nathalie Sarraute » ; elle a vu apparaître, et partir trop tôt, François Van Laere qui avait pratiqué avec une généreuse maîtrise « Une lecture du temps dans La Nouvelle Héloïse ». de cette génération se détache aussi Robert Frickx qui, sous le nom de Robert Montal, a publié des études sagaces sur René Ghil, Lautréamont ou Rimbaud.
La plus jeune génération a déjà ses chefs de file : Jacques Sojcher avec « La démarche poétique », François Pire avec « La tentation du sensible chez Paul Valéry », Jean-marie Klinkenberg avec « Style et archaïsme dans la légende d’Ulenspiegel de Charles de Coster », Françoise Collin avec « Maurice Blanchot et la question de l’écriture ». L’écriture ou la littérature ? On sait que c’est le débat même de notre temps.

La morale et la pensée

Les essais de Maeterlinck (1862-1949) ont été longtemps célèbres : « La sagesse et la destinée », « Le trésor des humbles », « Le grand secret ». Ils n’ont pas engendré une continuité du genre en Belgique. L’essai religieux, lui, a connu une figure éminente et originale : dom Hilaire Duesberg (1888-1969). Attaché à la Bible, nourri d’un humanise où entraient le don de la forme et la grâce du sourire, il a transfiguré « Le roi Hérode » ou « Les scribes inspirés ». Une pensée laïque, d’une égale noblesse, habitait Maurice Lambilliotte à la recherche de « L’homme relié », tandis que Roger Bodart délaissait parfois la poésie pour des essais où dialoguent les hommes ou les civilisations : « Dialogues africains ».
Un nom nous vient ici qui aurait pu figurer à peu près partout et qui est celui d’un des plus grands écrivains d’aujourd’hui : Suzanne Lilar. Venue du théâtre à l’essai, douée d’une magnifique richesse intellectuelle et d’un style d’une souplesse prodigieuse, elle s’est penchée sur des questions essentielles où le mythe éclaire et façonne la vie concrète. Dans un livre-clé comme le « Journal de l’analogiste », elle analyse les rapports entre l’art et la vie, le cycle d’échanges et de perceptions qui devient la pulsation du monde.
Dans « Le couple », Suzanne Lilar élargit sa démarche, allant de l’altérité passionnément assumée à l’unité dans la différence. Cette réhabilitation rayonnante de la chair et de l’âme qui s’accomplissent ensemble, elle la confronte avec une sorte de contre-exemple, « A propos de Sartre et de l’amour », puis avec la revendication féminine de Simone de Beauvoir, qui nie le couple : « Le malentendu du deuxième sexe ». Quant à son plus récent ouvrage, « Une enfance gantoise », c’est une exploration que Suzanne Lilar mène de son enfance à travers quelques thèmes : le beau, le sacré, le langage, etc. Toutes ses idées essentielles se regroupent dans ce superbe retour aux origines.

L’essai sur l’art

Pays de peintres, la Belgique est aussi, tout naturellement, un pays d’historiens de l’art. Chez certains, l’humanisme regroupe art et littérature. Ainsi de Gaston Colle (« Les éternels », « Les sourires de Béatrice ») ou de Gustave Vanzype qui parle des peintres en écrivain. Ou, en plus moderne, de Jean de Beucken avec « Cézanne ».
Il en va autrement de Charles Bernard (1875-1961) qui affûtait sa plume dans le journalisme le plus vivant et se jetait dans les batailles artistiques avec un insolent humour : « Les pompiers en délire » a fait date en 1929, comme, dans un autre registre, « Esthétique et critique » en 1946. cet Anversois avait été précédé par un Liégeois Arsène Soreil, avec « Introduction à l’histoire de l’esthétique en France », plus classique, qui parut en 1930 et fut rééditée depuis lors. Paul Fierens (1895-1957) aura été pendant vingt ans, le maître de la critique d’art. de « Van Eyck » (1931) à « Van Gogh » (1947), sans oublier les synthèses admirablement mûries de « L’Art flamand » et des « Grandes étapes de l’esthétique », il a montré une connaissance devenue culture, une ouverture devenue richesse, qui lui ont donné une autorité considérable.
Chez Paul Haesaerts (1901-1955) l’allure est plus mobile, plus caracolante, mais la science et la pénétration s’allient dans de nombreuses monographies ou dans des « ensembles » comme « L’école de Laethem-Saint-Martin » ou « Constantes de la peinture en Belgique ».
Faut-il ajouter que des génies comme Bruegel ou Rubens ont suscité de nombreux ouvrages ? On pense au « Bruegel » de Franz Marijnissen ou à celui de Bob Claessens, au « Rubens » de Léo van Puyvelde, au superbe « Rubens et son temps » de Roger Avermaete.
N’oublions pas la musique dans un pays toujours riche en musicologues (Ernest Closson, Charles van den Boren), où Robert Wangermée a si largement traité « La musique flamande au XVe siècle » ; et Jacques Stehman, si joliment élaboré l’ « Histoire de la musique européenne ».

L’histoire et le monde

Si l’Histoire, en Belgique, a de glorieux ancêtres comme Froissart ou Commynes, si elle a refleuri après la naissance officielle du royaume en 1830, nul ne niera l’extraordinaire influence d’Henri Pirenne (1862-1935) qui est un peu le père de l’Histoire moderne en Belgique
Une magnifique génération d’historiens l’a escorté ou suivi dans toutes les universités et les grandes maisons d’enseignement. A Louvain, Léon Van der Essen avec un « Alexandre Farnèse » qui est un monument, et Charles Terlinden, qui a publié pendant plus d’un demi-siècle et dont l’ « Histoire militaire des belges » et « Charles-Quint empereur des deux Mondes », sont des ouvrages décisifs ; à Gand, François L. Ganshof, avec « Qu’est-ce que la féoda

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A D R I A N J U R A D O M E N D O Z A



DISTINCIONES INTERNACIONALES:

1993 Festival cultural EUROPALIA-MEXICO.Bélgica.
1994 “Journées Latino-Américaines», Espace Shengor.Bruselas.
1995 FIAL. Feria Internacional de Arte Latinoamericano, Bruselas.
1996 III Internationales Künstlerpleinair “SEINSICHTEN AUS WELTEN” ,Berlin y Rostock,Alemania.
2001 VI international kùnstlerplair “seisichen aus welkten” Berlin y Rostock Alemania.
2007 Encuentro mundial de muralistas Invitado para representar a Mexico, Argentina.
2009 X Biennal de la Habana Cuba

2010 "Festival des libertes" Teatro Nacional , Bruselas Bélgica.


EXPOSICIONES INDIVIDUALES:

1995 “ Rencontre Europe-Amérique latine”, Beurschowburg et Institut de la Cambre, Bruselas, Bélgica.
1997 “ FANTASMAS”,Deutsch-Ibero-Amerikanischen Gesellschaft e.V.Frankfurt am Main, Alemania.
1998 “FEELINGS” hotel Sofitel Amberes Belgium.
1999 “SPECTRUM” International house, bruxelles.
2004 “DESTRUCTIVISMO” Galería Casa de America Latina, Bruselas.
2008 "Arte contra la guerra" restrospectiva de obras nacidas espontaneamente sobre el tema.
Cultur center Piano Fabriek Bruselas

2010  "Trazos de la Memoria" Uno de los tres seleccionados anuales en el prestigioso; "Festival des libertes" Teatro Nacional , Bruselas Bélgica.
2011  "Paisajes Humanos-Rostros Urbanos"  Exposición fotográfica* bi-personal con Heloise Vande Wilde.en el Centro        cultural de Verviers Bélgica.   (Fotos capturadas en el contexto de la X Bienal de la Habana Cuba)

EXPOSICIONES COLECTIVAS (Selección):

1990 “De Generación en Generación”, UPICSA Instituto Politécnico Nacional, México.
“Materia Prima”, Festival del Centro Histórico de la ciudad de México.Galería la Casona.
exposicion curada por Guillermo Santamarina.
1992 “Rojo”, Galería La Estación, Cuernavaca, México.
“Laberintos”, Bicentenario de la Academia de San Carlos, Mex.DF
1993 “Poesía Vixual”, IV Bienal Internacional.Metro de la ciudad de México.
“No a la Pena de Muerte”, Museo Universitario de Chopo, Mex.DF.
“Instalación de primavera”, Festival de primavera.Museo de Arte Moderno, Mex.DF.
1994 “Pukara”, Galería Oxalis,Lovain-la-Neuve, Bélgica
1995 Galería Reynolds Kethëlburgkës, Bruselas.
“Rythmes métisses”, Sala de la Madeleine, Bruselas.
1995 “Parcours d´Artistes” ,Commune de Scharbeek, Bruselas.
1996 “Veelkleuring in Beelden»,Galerij de Markten,Bruselas.Bélgica.
“Jeune Art Plastique Latino-Americain”,Casa de América Latina, Bruselas.
1999 “Homenaje a la muerte” Convento de monjes Jesuitas, Gante Bélgica
2003 “Etnia” Galería Espacio Latinoamericano, Sablon, Bruselas.
2007 "Reflexion sobre la imagen Latino-americana" Expo fotografica Casa de America Latina Bruselas.
"Etnia IV" Archivos del Rey, Bruselas Belgica.
2008 " Movimiento" notas visuales sobre la danza , galeria Art fort reveaur, Bruselas
2009 "Rescatando espacios" Expo dans le cadre de la Bienal de Cuba



MURALES Y OBRAS MONUMENTALES:

1988 “El hombre y la Ciencia Biomédica del siglo XXI”,(colaboración) .ENEP. Iztacala UNAM, Mex. (2500 m2).
1990 “Contra el sida”, Academia de San Carlos, México. (20 m2).
1991 ”Por la paz”Consejo Nacional para la Cultura y las Artes, instituto Mexicano de la Radio, Mex.DF. (180 m2).
“Vía Crucis” escenografía para la representación de la pasión de Cristo (dirección de realización) Iztapalapa, Mex.DF. (1300 m2).
“El Mercado” (colaboración ), Mercado Adolfo López Mateos, Cuernavaca, Mex. (10 000 m2).
1992 “Libertad”, Penitenciario Cereso, Cuernavaca, Mex. (200 m2).
“Mujer, Lázaro Cárdenas” (colectivo) Instituto Palmira, Cuernavaca, Mex. (60 m2 cada mural).
1993 “México en su historia”, (Festival Europalia-Mexico, Maison de l´Amérique Latine, (realización parcial del proyecto) Bruselas. (180 m2).
1994 “Cuba”, Université Libre de Bruxelles, Bélgica. (60 m2).
“Multiculturalismo”, Frankfurt, Alemania. (50 m2).
1995 “Che Guevara”, Vrij Universiteit van Brussel, Belgisch.(60 m2 ).
1996 “Expulsados del paraiso” serie de telas monumentales contra el razismo en Europa.Alemania
2000 “tran-sito” mural en el parque de la rossé, Anderlecht IBG Bruselas . (150 m2).
2004 “fresque pour la paix versus 2004“ Place Flagey, Ixelles Bruselas (20 m²)
2006 « Ingrid Betancourt » Place Flagey ,Bruselas retrato monumental por la liberacion .
2007 « Voix sans paroles » Mural realisado por los trabajadores clandestinos latino-americanos ,bajo la direcion artistica de Adrian Jurado.
2008 dibujo monumental contra la guerra en Gaza 18mts²

Desde 1996 hasta hoy día, ha realizado intervenciones urbanas efímeras en España, Alemania, Bélgica....

(Trazos de la Memoria)


OTRAS ACTIVIDADES:

1988-90 Responsable cultural de la sociedad de alumnos de la Unidad Profesional Interdisciplinaria de
Ciencias Sociales y Administrativas (UPIICSA); Instituto Politécnico Nacional. Mex.
1990-91 Profesor de pintura; centro Comunitario de Culhuacan, Mex., D.F.
1992-93 Creación y dirección de la Galería de Arte Contemporáneo Bonam-Aktum; Cuernavaca, Mex.
1995 Profesor de pintura; Vlaamse Gemeenschapscentrum Liza, Brussels.
Conferencias sobre muralismo mexicano; México, Bruselas.
Periodismo Cultural; Agencia Eurolatina TV, Comisión Europea, UE. Bruselas.
Diseño Gráfico e Ilustración de libros; (libros pedagógicos para escuelas primarias)
Vídeo; reportaje y creación.
1999 Profesor de artes plásticas, en el instituto “Kunshumanibra” Bruselas.
2003 Pedagogo en arte infantil en la Casa de America Latina Bruselas.
2005-2007 Comisario de exposiciones en la Maison de l’Amerique Latine , Bruselas.
2007 Director fundador de Canal arte TV inter. Donde realiza reportajes culturales de la comunidad Latino-americana .
2008 Comisario de exposiciones internacionales en la Casa de America Latina Belgica.

En los últimos diez años ha luchando por la educación artística, por generar espacios de participación y expresión cultural. asesoro multiples creaciones murales colectivas y educo a muchos jóvenes, niños y adultos. entre otras muchas otras labores artísticas.
En sus diversos campos de creación ha buscado las historias de grupos sociales y políticos que ha sufrido el atropello en derechos humanos u otro tipo de proceso político, cultural y social y otorgarles la voz atraves del arte.



ESTUDIOS:

1988-92 Cursos de educación continua: pintura, escultura, dibujo, historia del arte, composición.
Escuela Nacional de Artes Plásticas.Universidad Nacional Autónoma de México (UNAM).
DEPG antigua Academia de San Carlos.Mexico.
1988-90 Licenciatura en Administración Industrial, UPICSA.Instituto Politécnico Nacional.Mex.
1989-92 Escuela Nacional de pintura, escultura y gravado.La Esmeralda.Instituto Nacional de
Bellas Artes (INBA).México.
1992 Práctica y teoría de pintura monumental en el grupo “Muralistas Mexicanos”.Cuernavaca.Mex.
1991-95 Seminarios y encuentros sobre arte público .México - Bélgica.
1994-95 Pintura monumental. Académie Royale des Beaux Arts. Bruselas.
1999 Autodidacta en diseño grafico por ordenador.
Manejo de programas como fotoshop, adobe premiere, AF.



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Exposé éclairant de Philippe Jones sur une oeuvre qui n'attire pas à première vue, et qui a besoin de décryptage. Personnellement, je trouve les "recherches" de Magritte peu sujettes aux coups de coeur et affectées d'une proposition accablante et systématique de" mystérieux" à tout bout de champ. Elles ne s'expliquent que par des textes et je ne parviens pas à ressentir une quelconque émotion en visionnant cette imagerie froide et trop bien léchée, encombrée de grelots, de ciels d'un bleu clair glacial, de constructions comme faites pour vous démontrer que vous êtes un ignorant coupable d'être ému par la bonté, la beauté, la souffrance, la déchéance maudite ou l'admiration pour le don d'enfance. Je ressens devant ces toiles l'impression que ce peintre veut imposer l'idée que l'existence consiste à être déconcerté, surpris par des couleurs nauséeuses et des slogans lapidaires aux allures de babioles qui se veulent intimidantes. Ne seriez-vous qu'un petit nuage d'inconnaissance? Le conférencier a quand même bien fait ressortir que l'art peut aussi se trouver là où on ne l'attend pas. J'aurais préféré que Magritte fut un naïf impressionniste. Ceci n'est pas une impression.
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"L’origine de l'ornement correspond au besoin d'animer les surfaces"

Peintre doué -mais il renonça en 1892 à la peinture -, affichiste occasionnel, imprimeur par curiosité, architecte autodidacte et pourtant prestigieux, Henry van de Velde fut aussi un "designer" particulièrement inventif, un graphiste exigeant et un pédagogue persuasif.

Entre 1890 et 1900, il ne fut certes pas le seul en Belgique à s'adonner aux métiers d'art, et à vouloir, notamment, renouveler la présentation des livres. Peintres avant tout, ses contemporains Théo van Rysselberghe (Gand 1862 -Saint-Clair 1926) et Georges Lemmen (Bruxelles 1865-1916) -il les connaissait bien -créèrent comme lui des couvertures de livres, des ornements typographiques -lettrines, bandeaux, culs-de-lampe, fleurons -, des papiers de garde, des cartons de reliures.

Tous trois furent membres du groupe avant-gardiste Les XX à Bruxelles. Ils exposèrent aussi ensemble au premier Salon organisé à Anvers en 1892 par l'Association pour l'Art (fondée entre autres par van de Velde et son ami, le poète et illustrateur Max Elskamp); van de Velde présentait un carton de broderie, et Lemmen des" compositions ornementales et décoratives". Les trois artistes avaient adopté le "retour à l'unité de l'art...; plus de néfaste distinction entre "artistes" et "artisans", entre "Beaux-Arts" et "arts secondaires et industriels" (van de Velde, Cours d'arts d'industrie..., cat. 64).

Dès 1891, Lemmen fit paraître dans L'Art moderne (revue d'avant-garde, fondée par E. Picard, O. Maus et E. Verhaeren), un article sur Walter Crane (1845-1915), "un véritable ouvrier de l'art", et sur le mouvement d'arts appliqués Arts and Crafts né en Angleterre vers 1875. Van de Velde appréciait les théories du critique d'art John Ruskin (1819-1900), opposé au pastiche et à l'éclectisme, et de William Morris (1834-1896), créateur de formes nouvelles malgré sa volonté de retour à l'artisanat médiéval; en 1898, van de Velde fit à la Section d'art et d'enseignement populaire de la Maison du Peuple à Bruxelles une conférence sur "William Morris, artisan et socialiste" ; à propos de Walter Crane, il écrivait dans la revue La Société nouvelle, en 1895 (t. 22, p. 742): "Crane n'attend le relèvement de l'art que du relèvement matériel et moral du peuple... La Beauté est une arme et... le moyen est révolutionnaire"; à Ruskin et Morris, il reprochait cependant de s'être rejetés "aussi résolument en arrière que nous nous lançames plus tard résolument vers l'avenir" (Formules de la beauté architectonique moderne). Van de Velde, Lemmen et van Rysselberghe pensaient que les arts avaient une vocation sociale et devaient donc être utilitaires.

En 1892, le poète August Vermeylen (1872-1945), encore étudiant à l'Université de Bruxelles, proposa à van de Velde la direction artistique d'une revue littéraire néerlandophone moderniste qu'il se proposait de fonder; Van Nu en Straks parut de 1893 à 1894, et de 1896 à 1901; Lemmen et van Rysselberghe collaborèrent à la décoration de la première série de numéros. A la même époque, van de Velde "ornementa" trois livres de Max Elskamp, Dominical (1892), Salutations, dont d'angéliques (1893) et En symbole vers l'apostolat (1895) imprimés chez Buschmann à Anvers; il en imprima lui-même un quatrième, avec l'aide de l'auteur, sur une ancienne presse à bras anglaise: Six chansons de pauvre homme . Sans doute a-t-il dessiné la couverture (non signée) de Harald à la blonde chevelure. Harald roi, de Ernest Bosiers, paru chez Lacomblez en 1893, composition libre de lettres ocre en forme de croissants, peu lisibles.

Comme W. Morris, van de Velde voulait renouveler l'aspect du livre, mais il n'aura pas de presse privée comparable à la Kelmscott Press, il n'illustra réellement jamais de livres, à l'encontre de Lemmen et van Rysselberghe, et il ne conçut pas d'alphabet typographique comme le fit vers 1900 Lemmen (il se contenta de tracer au pinceau des initiales ornementales puis de les graver sur bois).
Lemmen eut une entreprise d'art décoratif à Bruxelles entre 1895 et 1897 : "Arts d'industrie et d'ornementation"; entre 1897 et 1900, H. van de Velde et son épouse Maria Sèthe (1867-1943) animèrent la "Société H. van de Velde. Arts d'industrie, de construction et d'ornementation". ("Tous les objets sont fabriqués dans les ateliers de la maison "précisait le prospectus). Mais des trois artistes, seul van de Velde sut concevoir, et dès 1895-1896, les plans, l'ameublement et l'équipement d'une maison, en l'occurence la sienne -le premier des nombreux bâtiments qu'il édifia -"Bloemenwerf" à Uccle-Bruxelles. L'antiquaire japonisant allemand Siegfried Samuel Bing (1838-1905), chargea en 1895 van de Velde et Lemmen d'aménager un fumoir et de faire la publicité de sa galerie parisienne L’Art Nouveau. Van de Velde fit aussi la connaissance du critique d'art allemand Julius Meier-Graefe (18671935) qui l'introduisit dans la revue berlinoise Pan et lui confia, ainsi qu'à Lemmen, en 1898 l'agencement de sa galerie à Paris, La Maison Moderne; Meier-Graefe consacra à van de Velde le numéro inaugural de sa revue L'Art décoratif); Lemmen collabora à la revue Dekorative Kunst de Meier-Graefe dont Théo van Rysselberghe dessina la couverture de l'année 1897. Autre rencontre, très importante, pour van de Velde, le comte germano-irlandais Harry Kessler (1868-1937), qui en 1898/1899 lui proposa ainsi qu'à Lemmen de s'associer à son projet d'une édition bibliophilique de Also sprach Zarathustra de Nietzsche (le livre ne parut qu'en 1908). Enfin Lemmen et van de Velde participèrent à l'Exposition internationale des métiers d'art à Dresde en 1897.

Contrairement à van de Velde, Lemmen et van Rysselberghe ne furent pas des théoriciens. Dès 1894, van de Velde publia à Bruxelles un véritable manifeste socialiste et anarchiste de l'Art Nouveau, Déblaiement d'art qu'il lut d'abord à Libre Esthétique (elle venait de succéder aux XX) : "A l'heure dont nous nous souvenons tous, le Bourgeois vivait dans un décor voulu de vertu apparente..., la civilisation qui a restreint tous les sentiments, hormis celui de l'égoïsme, ramena le sens de l'art... et sa fonction au sens de la propriété... Et cette tare marque toutes les oeuvres de notre époque. Car les temps sont venus [où] l'art remontera à la lumière sous une forme nouvelle... [car] il advint que les industries d'art se réveillèrent [mais] que l'objet d'art, le bibelot furent choyés... pour eux-mêmes... Dans la Société prochaine, il ne sera considéré que ce qui est utile, et profitable à tous... La foi nous est revenue en la Beauté... L’ornementalité... apparut... la matrice qui alimenta de sang toutes les oeuvres... décoratives". Van de Velde conforte ses principes dans Aperçus en vue d'une synthèse d'art, 1895. Dès lors, il multiplia ses travaux graphiques, mettant en page et décorant d'ornements évoluant rapidement vers l'abstraction totale, soit ses propres textes, soit des livres écrits par d'autres (Nietzsche, A. Solvay, K. Scheffler, S. Saenger, E. Verhaeren etc.).
Les premiers ornements que van de Velde conçut font référence à une nature schématisée: l'arbre aux racines noueuses (attribué par Cardon à Georges Morren) qui décore la couverture du catalogue de l'exposition organisée par l'Association pour l'Art en 1892 et l'affiche de celle de 1893, arbre fort proche de l'arbre fruitier imaginé par Lemmen pour la neuvième exposition des XX en 1892; le paysage maritime de Dominical, 1892 où les strates concentriques de la plage et des nuages structurés par la ligne d'horizon rectiligne, évoquent la houle et le soleil levant dessinés par Lemmen pour la couverture de la huitième exposition des XX en 1891 -Van de Velde reprend le thème en le simplifiant à l'extrême dans la couverture de Van Nu en Straks, 1893 aux formes fluides proches de celles de la couverture de Salutations...; les papillons dans la même revue; les canards et les tulipes de l'Almanach des étudiants libéraux de Gand pour 1896. Ces quelques motifs inspirés par la nature côtoient des ornements résolument abstraits aux courbes onctueuses et fermes d'une liberté en apparence spontanée. Vers 1896, l'arabesque se fait plus mince sans renoncer à la sobriété, et la composition trouve son harmonie dans la symétrie (Almanach; Van Nu en Straks, 2mo série, L'Art Décoratif).

"L'ornement, écrit van de Velde, se confond trop souvent avec l'illustration. La fleur... copiée telle quelle n'est pas un ornement. L'élimination des détails superflus a permis que la fleur devienne ornement" (Une prédication d'art, dans La Société nouvelle 22, 1895, p. 733-744). La ligne pure devint vite le maître-mot de van de Velde: "La ligne est une force dont les activités sont pareilles à celles de toutes les forces élémentaires naturelles... La ligne emprunte sa force à l'énergie de celui qui l'a tracée" (Kunstgewerbliche Laienpredigten, 1902). Vers 1898-1900, il conçut des aplats dynamiques et vigoureux, des décors linéaires où les ondulations sont brisées par de brefs traits anguleux, où leur entrelacement suggère la profondeur. Appelé en 1898 à exécuter une décoration pour la galerie d'art Cassirer à Berlin et diverses publicités pour la firme alimentaire Tropon à Mülheim, et attiré par la proposition d'aménager le Folkwang Museum à Hagen, van de Velde se résolut à s'installer en Allemagne. D'abord à Berlin (1900-1901), en 1902 à Weimar où le grand-duc Wilhelm Ernst de SaxeWeimar en fit son conseiller artistique, sur la recommandation de Harry Kessler et d'Elizabeth Forster-Nietzsche (soeur de l'écrivain).
Van de Velde eut pour mission de relever le niveau artistique de la production artisanale et industrielle de la principauté. En enseignant à l'Ecole d'Art de Weimar, et en devenant en 1908 le directeur de la nouvelle Kunstgewerbeschule, l'Ecole des Arts Décoratifs, édifiée de 1904 à1906, van de Velde prêcha le renom aux modèles du passé et la recherche de formes inédites et rationnelles: "Tu ne concevras la forme et la construction des objets... que selon ce que ta raison et la raison d'être de l'objet que tu conçois te révèleront de plus simple" (Arno, 1909). Si son premier logis, "Bloemenwerf", villa à l'anglaise, montrait des courbes discrètes, le second qu'il se fit construire, "Hohe Pappeln" à Weimar (1906-1907), se roidit, sans présenter la sévère rectitude des édifices bâtis par le viennois Josef Hoffmann, l'architecte du palais Stoclet à Bruxelles (1905-1911). Ce dernier participa, avec Henry van de Velde, à la fondation en 1907 à Munich du Deutscher Werkbund, association réunissant artistes et entreprises industrielles soucieux d'offrir beauté et qualité à la mécanisation. Renonçant aux longues arabesques déliées mais non aux volutes et aux entrelacs, van de Velde, graphiste, concentra les ornements, les fit plus statiques en associant aux lignes courbes des éléments rectilignes et en réduisant l'amplitude de leur tracé. Vers 1907, il imagina des motifs d'une rotondité dense, spiraliformes (Vom neuen Stil; Essays). Un décor à la fois monumental et mobile se déploie dans Also sprach Zarathustra et Ecce Homo, 1908 ; la ligne s'épure et s'allège dans Dionysos Dithyramben, 1914. Ces trois livres furent publiés par les Editions Insel-Verlag à Leipzig, qui contribuèrent largement au renouveau du livre allemand.

Quand la Première Guerre mondiale éclata, van de Velde offrit sa démission à la Kunstgewerbeschule, proposant comme son successeur l'architecte Walter Gropius, qui allait inaugurer en 1919 le Bauhaus de Weimar. Van de Velde accepta de diriger, à Weimar, de 1914 à 1917, la Cranach Presse fondée en 1912 par Harry Kessler, ce dernier étant mobilisé. Puis il gagna en 1917 la Suisse, où il vécut de conférences, et en 1920 les Pays-Bas, à l'invitation des Kroller-Müller qui projetaient la construction d'un musée destiné à leur collection d'art (il s'élèvera de 1937 à 1953). Van de Velde mit en page et décora d'ornements géométriques massifs d'esprit Art Déco un livre d'Hélène Kroller-Müller sur la peinture moderne (1925).
Regagnant la Belgique en 1925, van de Velde obtint une chaire d'architecture à l'Université de Gand. En 1926, Camille Huysmans, le ministre des Sciences et des Arts, l'appuya dans son désir de créer un Institut supérieur des Arts décoratifs (ce fut l'ISAD inauguré à Bruxelles dans le quartier de La Cambre en 1928). "Dans tous les pays du monde, constatait van de Velde, les académies ont failli à leur tàche"; il espérait pouvoir "susciter l'avènement d'un style qui serait celui de notre époque, conforme à notre mentalité et à notre sensibilité".
"La ligne moderne sera la ligne de l'ingénieur... qui sera un artiste... C'est une ligne de volonté et de force... qui veut atteindre... sans détour le but qu'elle s'est proposé" (La Ligne, 1933). En 1927, van de Velde bâtit sa troisième demeure, "La Nouvelle Maison", à Tervuren, d'une géométrie dépouillée. Jusqu'à sa mise à la retraite en 1936, il fit rechercher par ses élèves la "forme pure": "[Elle] se range d'emblée dans la catégorie des formes éternelles [pour susciter] un style qui sera de tous les temps" (Le Style moderne, 1925). Renonçant à tout ornement au bénéfice d'une mise en page typographique se suffisant à elle-même rehaussée de quelques initiales en couleur, il s'imposa et imposa aux élèves du cours du livre à l'ISAD une sobriété, un dépouillement qu'on rencontre dans tous les volumes imprimés sous son contrôle sur la vieille presse à bras qu'il avait maniée à Uccle en 1895 et offerte à La Cambre; l'illustration y est tolérée, mais pas l'ornement: "Aujourd'hui l'intelligence a triomphé sur le sentiment au service de la technique et de l'invention... l'abstention d'éléments décoratifs est possible" (Le Nouveau). On relève une contradiction dans ces propos: "La perfection mécanique ne sera pas d'une qualité moindre que celle du travail exécuté à la main" (Le Nouveau): van de Velde favorisa pourtant à l'ISAD le travail artisanal plutôt que l' "Industrial design", la standardisation.

Deux rapports, La Voie sacrée, Les Fondements du style moderne, La Ligne, publiés de 1929 à 1933 ont un simple titre de couverture, sans ornements. Ces textes réitèrent des théories qui concordent bien mieux avec l'Art Déco des années 1920-1930 qu'avec l'exubérant Art Nouveau florissant entre 1890 et 1900; toutefois l'ornement "structo-linéaire et dynamographique" imaginé par van de Velde était bien une "spirale conjuguée avec la ligne droite", une ligne sensible et souple. Vie et mort de la colonne, 1942 et Pages de doctrine, 1942 reprennent des écrits antérieurs, insistant sur ce sacrilège qu'est "La triple offense à la Beauté: à la nature, à la dignité humaine, à la raison humaine" . Henry van de Velde allait encore faire le point de son oeuvre multiple en rédigeant ses mémoires, qu'il entreprit en Suisse, à Oberageri, de 1947 à sa mort en 1957.
Robert L. Delevoy, directeur de La Cambre dans les années soixante, définit Henry van de Velde comme un "Autodidacte. Peintre dévoyé par Seurat et Van Gogh. Fénelon l'ayant assuré qu'il est convenable de "tourner en ornement les choses nécessaires", [il] s'est branché sur Schopenhauer pour inventer, autour de 1900 le rationalisme décoratif... [il] n'a jamais détaché l'esthétique de sa composante morale.
Homme d'ordre et d'autorité, il [eut] le génie du créateur, l'intelligence de l'action, la vocation de puissance et la volonté de convaincre". Une définition plus équitable que celle de Victor Horta: "van de Velde était artiste-peintre... en passe de faire de "l'art décoratif" à la remorque du mouvement anglais,... en passe de devenir apôtre" (Mémoires, p. 154).

Sur Henry van de Velde et Elskamp, je vous rappelle un document exceptionel téléchargeable depuis ce site:
L'Hommage de Henry van de Velde à Max Elskamp

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Le Prix littéraire 2009 du Parlement de la Communauté française était réservé aux auteurs d'un recueil de poésie. Le 5 octobre 2009, le Jury était présidé par Monsieur Jean-François Istasse, député du Parlement de la Communauté française, et était composé de membres de l'Académie royale de langue et de littérature françaises, de l'Association des écrivains belges de langue française, du Pen Club et de représentants du Conseil de la jeunesse d'expression française. Le prix a été attribué à Alain Bosquet de Thoran pour son recueil « Mémoires de l'Outil », publié en 2007 aux éditions Le Cormier. Le lauréat s'est imposé au premier tour de scrutin, à la majorité des voix. Le Jury a reconnu que ce recueil – d'un intérêt exceptionnel – comporte une multitude d'aphorismes, ce qui lui confère une empreinte d'immortalité (« Vous pouvez le griffer, le raturer en tous sens, mais vous n'en viendrez pas à bout : tout poème est immortel »). Grâce aux évocations et aux variations de thèmes récurrents, tels que la mémoire et le souvenir, le silence et la mort, la poésie en devient dramatique, fulgurante, voire visionnaire. Le Jury a apprécié les poèmes qui, de par leur densité et leur brièveté, sont habités par un chant intérieur ; d'autres poèmes continuent à hanter l'esprit bien après leur lecture (« Quel est ce guide à l'ombre démesurée, impassible dans le vent, dans ce désert inhospitalier ? Ses yeux, ses grands yeux fixent l'éternité »). Né en 1933, Alain Bosquet de Thoran a publié plusieurs recueils de poésie (« L'invitation chimérique » en 1957, « Petite contribution à un art poétique » en 1983), essais (« Traité du reflet » en 1986) et romans (« La petite place à côté du théâtre » qui a obtenu le prix Rossel en 1994). Il est membre de l'Académie Royale de langue et de littérature françaises de Belgique. Les autres finalistes étaient Gaspard Hons (« Les abeilles de personne », éditions du Taillis Pré), Philippe Mathy (« Un automne au creux des bras », éditions Herbe qui tremble), Jean-Claude Pirotte(« Revermont », éditions Temps qu'il fait)et Véronique Wautier (« Une petite fable rouge », éditions Arbre à Paroles).
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Un livre important paru chez un éditeur belge (André Versaille) Paul Aron, José Gotovitch (Sous la direction de) Dictionnaire de la Seconde Guerre mondiale en Belgique En collaboration avec : Jacques Aron, Francis Balace, Marnix Beyen, Hugh Robert Boudin, Franck Caestecker, Alain Colignon, Jean-François Crombois, Marc d'Hoore, Marie-Pierre d'Udekem d'Acoz, Emmanuel de Bruyne, Bruno de Wever, Virginie Devillez, Irene Di Jorio, Barbara Dickschen, Michel Fincœur, Bibiane Fréché, Anne Godfroid, Sasha Goldsztein, Rik Hemmerijckx, Chantal Kesteloot, Mazyar Khoojinian, Hein A.M. Klemann, Frans Lambeau, Jean Lechanteur, Danielle Leenaerts, Marie Lejeune, Dirk Luyten, Fabrice Maerten, Benoît Majerus, Claudine Marissal, Dirk Martin, Cécile Michel, Patrick Nefors, Marie-Anne Paveau, Philippe Raxhon, Bénédicte Rochet, Anne Roekens, Laurence Rosier, Lieven Saerens, Peter Scholliers, Frank Seberechts, Michel Simon, Maxime Steinberg, Roel Vande Winkel, Sophie Vandepontseele, Jacques Vanderlinden, Christian Vandermotten, Cécile Vanderpelen-Diagre, Guy Vanthemsche, Étienne Verhoeyen, Antoon Vrints, Nico Wouters, Jacques Wynants En 200 articles, cet ouvrage réussit le pari de transmettre, dans une langue accessible et concrète, l’essentiel des recherches scientifiques – souvent peu accessibles – sur les aspects économiques, sociaux et culturels de l’Occupation. Cet ouvrage est d’ores et déjà appelé à devenir un “classique”, destiné à la bibliothèque de tous ceux qui souhaitent comprendre une période particulièrement sensible de l’histoire de Belgique. Écoutez la présentation du livre par l'auteur Date de publication : 25-02-2008 ISBN 978-2-87495-001-8 - 560 pages - 29.90 €
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Extrait de "Les 4 Chemins"

Il fut toutefois rassuré de lire qu’un humain, quelfût-il, ne pouvait être victime d’un coup de foudreaigu qu’une seule fois dans sa vie, si longue pût-elleêtre ! Il lut également que les objets qui avaient causéle coup de foudre devaient être éloignés de la victimeavant son réveil.Hugo se leva, le manuel du randonneur matinal àla main. Il observa les objets qui auraient pu être lacause de l’incident. Cela ne pouvait être, pensa-t-il,autre chose que son panier de champignons. C’était,en effet, le dernier objet qu’elle vît avant sa chute !Il prit le panier d’Inès dont il vida le contenu dansle sien. Il le déposa vide dans l’herbe. Après unecourte hésitation, il le piétina supposant qu’il étaitl’objet déclencheur du problème. Il ne demeura plusdu panier qu’un tas de brindilles d’osier gisant surl’espace d’herbe piétinée.Restait une tâche plus ardue : se coucher sur lecorps de la victime et lui chuchoter à l’oreille unepetite déclaration d’amour persuasive et sincère ! Eny réfléchissant, Hugo relativisa le second exercice. Lavictime était inconsciente, elle n’entendrait donc pas !Mais l’embrasser avidement sur la bouche ! Ça, çac’était dangereux ! Il était conscient des possiblesconséquences d’un tel acte.Dans le village, tous les couples qui se sontembrassés au moins une fois ont eu des enfants !Pouvait-il prendre ce risque ?Hugo ne tenait pas à avoir des enfants. C’estbruyant, les enfants et puis ça ne facilite pas la vietranquille d’un artiste qui trouve son inspiration dansla méditation. Il préférait de loin demeurer seul dansson havre de paix. La présence d’une femme au foyerne l’aurait pas trop dérangé pour autant qu’elle ne fûtni trop fragile ni trop encombrante !
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