Acte I
Scéne trois
Sainte-Croix et la marquise de Brinvilliers
La marquise
- Doux ami, quel émoi! Vous me voyez ravie
De vous entretenir, j’avais l’extrême envie.
Descendons au jardin, nous pourrons bavarder.
Sainte-Croix
- Je ne fais que passer et ne peux m’attarder.
La marquise
Pressé , comme souvent! Rien de grave, je pense?
Sainte-Croix
Un ennui passager. Voulant tenter ma chance
J’ai joué, j’ai perdu, je me trouve endetté
De mille et cent pistoles à rendre cet été.
La marquise
Vous ne changerez guère! Qu’un non joueur vous blâme!
Moi j’ai tout comme vous ce désir qui enflamme
Je n’y résiste pas, j’accepte les enjeux
Qui rendent quelques fois un jeu fort dangereux.
Sainte-Croix
L’ennui est que je manque en ces temps de la somme
Que je dois acquitter en parfait gentilhomme.
La marquise
Vous accourez à moi ce geste me confond
Vous me croyez encore pourvoyeuse de fonds
Mais je suis démunie; à moins que je ne vole,
Je ne pourrais trouver plus de cinq cents pistoles.
Sainte-Croix
Vous avez du crédit , vos amis sont prospères
Ils ne résistent pas à votre savoir-faire.