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administrateur théâtres

« Nous ne  s o m m e s  pas toute la misère du monde ! »

 

 Joué devant des dizaines de milliers de spectateurs en Europe, au Canada, à la Guadeloupe…  et en Afrique, le spectacle «  UN FOU NOIR AU PAYS DES BLANCS » a dépassé les 1500 représentations. L’Européen a coutume de dire : « on ne peut quand même pas accueillir toute la misère du monde ! »  Pie Tshibanda rétorque courageusement :

« Nous ne  s o m m e s  pas toute la misère du monde ! » Et de nous conter avec verve son histoire personnelle, celle de son pays, celle de son exil, celle de sa réussite …Et de nous prouver que le genre humain  est à la fois unique et multiple. Que les attitudes xénophobes ne tiennent pas l’analyse rationnelle. Voici un spectacle tout en humour et en finesse conté avec une volubilité généreuse et sans failles. C’est l’occasion de réviser nos jugements à priori, de mettre à la poubelle certains stéréotypes tenaces.  C’est un spectacle qui fait mouche car il est fort toxique pour nos  attitudes sécuritaires et notre repli habituel sur nous-mêmes. 

 

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Il a des armes : de la ténacité, la conscience d’exister malgré toutes les rebuffades, un sourire touchant, une façon d’oser aborder l’autre sans brusquer, convainquant l’autre de ses bonnes intentions et de sa bonne foi. Une pépite d’humour dans le cœur, il désarmera nombre de citoyens Belges majoritairement hostiles à l’arrivée des sans-papiers. Il a aussi une bonne étoile.

Et il est intarissable.

 

Il va démêler avec tendresse  les  questions cruciales posées par son fils : « Papa, pourquoi sommes-nous les autres ? » «  Papa pourquoi t’es tout seul ?  » En Belgique il a découvert ce que c’était d’être « noir », de ne pas être d’abord « un homme ».  Il va démonter les causes lointaines de son exil, les rapports viciés Nord-Sud, les guerres tribales qui faisaient rage en 1992. Ce qui nous est donné à entendre est atroce et effarant. Et si on se bouchait les oreilles?

 

Il va prouver que la misère est dans les villages désertés,  là où il n’y a plus de boulangerie, plus d’emploi  et plus personne qui parle avec les autres.

A l’accusation courante de « Vous venez manger notre pain », il répond finement « Pourquoi pas ? ». Du pain, il en a donné, il a créé une école des devoirs à Court St Etienne, sa maison est ouverte à tous,  il a même créé des emplois.  Si on ajoute un couvert au réveillon, est-on plus affamé, ou bien y a-t-il un peu moins dans la poubelle ?  

 

Un petit détour par Wikipedia nous rassure : ce n’est pas un sorcier, ce n’est pas un funambule, encore moins un fou… En résumé, la famille de Pie Tshibanda est originaire du Kasaï et fait partie des nombreux Congolais amenés au Katanga pour y travailler dans les mines.

Après des études de psychologie à l’université de Kisangani, de  1977  à  1987, il est  professeur en humanités, conseiller d’orientation scolaire et directeur des études dans divers établissements scolaires du Katanga. Il est  enfin psychologue d’entreprise à la Gécamines (Union Minière) à Lubumbashi.

Mais en 1992 une épuration ethnique à l’encontre des Zaïrois originaires du Kasaï se met en place  au Katanga. Mobutu ferme les yeux. Les Kasaïens qui échappent aux massacres, après avoir tout perdu, se trouvent parqués durant des semaines dans des conditions épouvantables dans divers lieux dont la gare de Likasi, en attente d’évacuation. Un train de l’infortune doit ramener les rescapés. Il faut un mois pour couvrir les 1000 km qui les séparent du Kasaï d’origine. Les décès sont journaliers.   Pie Tshibanda nous conte son vécu sans aucun  pathos, avec une dignité remarquable. Néanmoins il estime devoir dénoncer les massacres dont il a été témoin. Il réalise un film vidéo, publie une bande dessinée et écrit plusieurs articles. Devenu un témoin gênant, Pie est contraint d’abandonner sa famille  et le Congo où il est en danger de mort. Il obtient finalement l’asile politique en Belgique.

Il y a « les gens respectable et les bousculables » Nouvelles humiliations et tribulations tout aussi angoissantes. Existe-t-il seulement ? Il en arrive à se poser la question. D’intellectuel estimé, le voilà passé au statut de réfugié. A 44 ans, il se trouve alors confronté à l’exil et à la solitude, aux problèmes de communication et aux différences culturelles apparemment insurmontables. Mais, intrépide, il surmonte  les difficultés, fait  venir son épouse et ses six enfants et fait reconnaître ses diplômes. La suite, c’est sur les planches, devant des milliers de spectateurs stupéfiés, la réconciliation et la générosité brandies en étendard !

 

Pie n’a rien d’Hamelin, il a tout de l’humain. Il est la très belle voix des sans-voix.

 

http://www.bruxellons.net/founoir.html

 

Spectacle présenté dans le cadre du festival « Bruxellons » au château du KARREVELD, le 23 juillet 2011, malgré la pluie !

http://www.tshibanda.be/

 

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