Des gammes contre la croix gammée!
Cultissime! Les metteurs en scène Daniel Hanssens et Jack Cooper ne nous ont pas déçus dans cette comédie musicale à la française, produite au Festival de Théâtre Bruxellons et servie par la très belle orchestration de Pascal Charpentier!
Nous sommes dès les premières notes des religieuses du couvent de Nonnberg dans un registre de très haute performance, emmené par de vibrants chants en latin - clin d’œil discret aux racines de notre culture occidentale que personne ne s’est mêlé de traduire. La musique sacrée captive dès l’entrée, pour se métamorphoser très vite en musiques d’amour. L’amour de la nature, l’amour mystique, l’amour de la musique, l’amour des enfants, l’amour des couples, l’amour de la vie, l’amour de la patrie: Edelweiss! Le titre français de la comédie musicale « The Sound of Music » glisse vers une certaine mièvrerie. Pourquoi donc ce titre « Mélodie du bonheur » façon Parapluies de Cherbourg, qui laisse une impression de bonheur fané et pas quelque chose de plus fort, de plus attrape-rêves , une allusion plus directe à l'exquise gamme harmonique des sept enfants de la famille von Trapp?
Ce spectacle, finement mis au point depuis plus d’un an, crée en effet une résonnance harmonique étonnante et rare entre public et acteurs. Est-ce grâce au diapason magique de Liesl (Maud Hanssens), la plus âgée des sept enfants du Bonheur? Est-ce grâce à la merveilleuse résonnance du texte français qui n’a rien à envier à la version originale anglo-saxonne? A l’accent grave et particulier de la diction impeccable de Wim Van Den Driessche? A la grâce naturelle et au timbre cuivré de la révérende mère supérieure, Marie-Laure Coenjaerts, un être lumineux et généreux? Aux rêves des comédiens qui se rencontrent? A l’authenticité de la démarche?
Deux thèmes puissants et profonds s’enlacent tout au long de l’histoire romanesque et vraie de Maria et sa famille recomposée : la recherche du sens de notre vie sur terre et l’attachement à ce qui rend notre vie vibrante et épanouie. La deuxième partie du spectacle insiste particulièrement sur le droit, si pas le devoir, de se rebeller lorsqu’un pouvoir dictatorial veut vous imposer son mode de pensée, et veut broyer vos libertés ou vos valeurs. Celui qui ne se rebelle pas n’a pas le droit de se lamenter. Tout cela est très présent dans ce magnifique spectacle qui donne matière à penser sous des dehors très innocents.
La jeune et pétulante Maria parcourt un immense chemin à la recherche de sa vérité et tire le capitaine von Trapp (Wim Van Den Driessche) de l’isolement de la sombre caverne où il s’était réfugié à la mort de sa femme. Elle le ramène progressivement vers l’émerveillement et la joie solaire qui inonde les collines, où ils peuvent entrevoir ensemble, le Beau, le Bien, le Bon. Quelle catharsis! Quel petit bout de femme volontaire, animée par L’Esprit, que cette subtile Maria sublimement interprétée par Laure Godisiabois. Si ce spectacle donné dans la cour du château du Karreveld dont le festival d’été fête ses dix-sept ans cette année, revêt toutes les qualités esthétiques, chorégraphiques, scéniques et musicales dont on pouvait rêver, on se met à rêver que soit immortalisée cette magnifique fleur des planches estivales bruxelloises sous forme de film… à se repasser en boucle pour le plaisir, comme une vivante image d’Epinal aux vertus protectrices!
Les plaisirs sont nombreux, celui d’un décor très astucieux qui sait jumeler les collines autrichiennes couvertes de vignes et de monastères, l’orage qui déferle dans la maison cossue, les jardins et terrasses d’un parc, l’intimité d’une chambre de gouvernante où bondissent les oreillers, et le luxe des salons et escaliers d’honneur menant aux chambres d’enfants. La pureté et la beauté des chants des enfants, leurs savoureuses chorégraphies faites à la fois de spontanéité et de grande professionnalité montrent qu’ils se sont tous totalement investis et quel que soit l’âge, dans leur jeu théâtral et musical. Seven go to Heaven! Une vraie source d’émerveillement en soi! Sans parler de l'extraordinaire défilé de costumes imaginé par Françoise Van Thienen et son équipe! Car ...Maria a des doigts de fée, en plus de sa guitare!
Et qu'ils sont admirables et drôles dans leurs rôles secondaires joués avec intensité : Nicole Valberg (Frau Schmitt), Perrine Delers (la Baronne Schraeder), Pierre Pigeolet (Max), Roland Bekkers (Franz) et le jeune Damien Locqueneux dans le rôle de Rolf! Une distribution royale. Le plaisir final est un éclatement de bonheur, lorsque fusent autour de vous, des applaudissements frénétiques et des huées lancées ça et là aux pauvres figurants bardés de croix gammées!
http://www.lamelodiedubonheur.net/ZZSpectacle2.php?spectacle=La Mélodie du bonheur
Commentaires
Tant que Bruxelles chantera avec tant d'esprit...
"...Sept enfants, époustouflants de maîtrise. Pour la plupart recrutés à l’Ecole Broadway, à Bruxelles, ils savent chanter, danser, jouer, avec une présence magnétique. Même la plus jeune, âgée de 7 ans, ne lâche pas le morceau, d’un bout à l’autre, faisant fondre le public comme la neige au printemps. Il se dégage une belle complicité entre ces tout jeunes talents et le reste de la distribution."
CATHERINE MAKEREEL
http://mad.lesoir.be/scenes/115754-la-melodie-du-bonheur/
Cependant, il faut avouer que face à ce boulot incroyable, après cette magnifique soirée passée avec des artistes généreux et complices, on ressent comme une tristesse, un énorme bémol…
Tant de travail, tant d’investissements pour un été, pour 25 représentations seulement.... explique Muriel Hublet dans "Plaisir d'offrir"! Et nous sommes bien d'accord avec elle!
http://www.plaisirdoffrir.be/Vu/Critique.php?recordID=9717
Do-ré-mi, The Lonely Goatherd, So Long, Farewell… Qui ne connaît pas les tubes composés par Richard Rodgers et écrits par Oscar Hammerstein II ?
Cinquante ans exactement après la sortie du film de Robert Wise avec Julia Andrews dans le rôle principal, ces chansons sont devenues des classiques intemporels de la comédie musicale, entrés dans notre mémoire collective et qui continuent de bercer notre imaginaire. Le festival Bruxellons ! les fait gaiement résonner dans une adaptation française originale du spectacle The Sound of Music, créé en 1959 à Broadway et basé sur l'autobiographie de Maria Augusta Trapp, La Famille des chanteurs Trapp..... la suite sur:
http://www.ruedutheatre.eu/article/3029/la-melodie-du-bonheur/
«La mélodie du bonheur» au Karreveld
07-08-2015 - 00:03:56
La comédie musicale « made in Belgium » a le vent en poupe ! Après le succès de « Cabaret » créé la saison dernière au Théâtre National, voici un autre classique immortalisé par le cinéma: « La Mélodie du Bonheur ». C’est dans le cadre du festival « Bruxellons! » que ce spectacle est présenté dans une mise en scène de Daniel Hanssens et Jack Copper, avec 35 comédiens sur scène et 11 musiciens dirigés par Pascal Chapentier.
Au Château du Kareveld jusqu’au 4 septembre
+ d’infos : www.bruxellons.be