The Ladymass : en principe voici une messe votive en l’honneur de l’Assomption de la Vierge Marie, écrite en latin, au 13 e siècle par des moines bénédictins de St Mary’s Abbey à Worcester, chantée par un chœur d’hommes dans le style grégorien. Il n’en reste que des fragments, le rêve mélodique du Trio Médiéval fera le reste:
En effet la rareté des sources musicales de l’époque laissera tout le champ libre au Trio Médiéval féminin norvégien formé en 1997 pour plonger avec autant d’audace qu’un certain Ken Follet avec ses piliers de la terre, dans l’imaginaire fertile et la liberté d’interprétation. Cette re-création part de l’œuvre médiévale et glisse avec bonheur sur des prolongements très modernes mais à peine discernables de l’œuvre médiévale, décoiffants mais lumineux et vibrants comme du cristal.
L’œuvre polyphonique produite, que nous avons écoutée avec ravissement dans la très belle église de Notre-Dame de la Chapelle à Bruxelles sous les rayons mordorés du soleil couchant, est de toute beauté. Les deux norvégiennes et la soprano suédoise tissent au fuseau de leurs voix un concert d’harmonie, de paix et de vénération qui remue les spectateurs jusqu’au fond de leurs entrailles par la richesse et la finesse des échos et des modulations. Cela n’a l’air de rien, c’est humble et dépouillé et pourtant les vibrations sont d’une richesse infinie et l’on verse sans se faire prier dans l’absolu.
Chaque morceau est un vrai bijou, ciselé, éthéré, transparent, brillant, baigné de simplicité. La variété des approches surprend, et ce concert de pas plus d’une heure semble s’être volatilisé aussi vite que des bulles de savon au soleil. Couleurs, formes, vagabondages, le sourire transcende la voix qui chante et qui fuse alors qu’elle reste douce, comme dans une conversation. En accompagnement de ces voix de diapason qui jouent parfois à cache-cache entre les colonnades, il y a ces harmonies moelleuses et mystérieuses des « melody chimes » que chacune, maitresse d’une seule note, agite comme un plumeau rempli de pluie divine. La spiritualité semble ruisseler de cet intime mélange de voix féminines et rebondit dans le cœur de chacun. Les voix sont pures et claires comme de paisibles ruisseaux qui se confondent en un état de grâce. Un tel concert qui ressuscite le temps des cathédrales, se grave de façon indélébile dans le souvenir, et nous laisse un pur parfum d’éternité. On a vu des spectateurs boire cette musique séraphique, les yeux fermés.
Trio Mediaeval
A Worcester Ladymass
Mardi 24.05.2011 20:00
Église Notre-Dame de la Chapelle
http://www.bozar.be/activity.php?id=9921&selectiondate=2011-5-24
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