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L'ouverture du canal de Suez au Caire intervient à un moment où l'Occident se passionne pour l'Égypte, lorsque la civilisation pharaonique et  celle l'Égypte moderne réformée par le vice-roi Méhémet Ali et ses successeurs ont été redécouvertes par Champollion. En prévision de l'inauguration d'un nouvel opéra au Caire, le compositeur Giuseppe Verdi (1813-1901) a écrit «Aïda» d'après un article de l'égyptologue français Auguste Mariette. Les décors continuant à être bloqués à Paris à cause de la guerre franco-prussienne de 1870, la première représentation ne put avoir lieu que le 24 décembre 1871 dans le tout nouvel opéra du Caire.

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  Il mettait en scène l’Égypte de l'antiquité et des peuples voisins  pris dans les tirs croisés d’un conflit international. L’Aïda de Verdi, le plus grand des grands opéras, parle d’amour passionné, de jalousie, de trahison, de vengeance, de guerre et  d'amour filial et patriotique. La haine versus le pardon et la soumission à la tyrannie des dieux pour tous. Le noyau de l'intrigue est un triangle romantique où bouillonne  un conflit impossible à éteindre. 

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Aïda, l'esclave éthiopienne, a été contrainte de choisir entre trahir son pays et trahir son cœur. Il en va de même pour son amoureux, le brillant capitaine grec Radames, chargé de diriger l’armée égyptienne. Au combat, il a capturé le père d’Aïda, Amonasro, roi d’Éthiopie, et est revenu triomphant en Égypte, où  l'on lui donne pour récompense  la main d’Amneris, la fille du pharaon, aspirant à réaliser ses rêves de jeune fille. Quelque part, dans l’épaisseur d’une forêt éclairée par la lune, le père d’Aïda exhorte sa fille à faire pression sur Radames pour qu’il  lui dévoile ses secrets militaires. Dans cette performance de Liège en 2019, le rôle est  tenu par le baryton belge éclatant aux magnifiques résonances,  Lionel Lhote, qui joue avec une noblesse naturelle et n’a pas besoin de forcer les notes. C'est lui qui force l'admiration. Aïda rêve de fuir avec son amant vers son Ethiopie bien-aimée

 O fresche valli, o queto asil beato
Che un di promesso dall’amor mi fu
Or che d’amore il sogno è dileguato
O patria mia, non ti vedrò mai più.
Oh patria mia, mai più ti rivedrò!

… et lui fait  trahir son pays en le forçant à lui révéler les déplacements de ses troupes. Malheureusement, Amneris a entendu l'échange et Radames est arrêté par les prêtres. Amneris, qui l'aime toujours, plaide pour lui offrir la liberté en échange de son amour, mais Radames refuse, choisissant un destin mortel. À la fin de l'acte IV, Aïda, qui s'est cachée dans la tombe, partage le  triste sort de son amant et prie pour l'immortelle félicité de leur amour… Aïda, mourant à son tour, implore les dieux pour  que  passage de Radames  vers le  paradis  se fasse dans la paix. Amneris, en sanglotant dans son palais, quelques étages au dessus de la tombe, réitère le dernier et le plus puissant mot de Verdi: Paix! Une déclaration politique? Un ultime cri d'amour?

Le célèbre opéra mis en scène pour la première fois à Liège  cette année,   a pris dès l'ouverture ciselée avec douceur infinie par la chef d'orchestre, Speranza Scappucci, une allure à la fois spectaculaire et  pleine de profondeur,  tant  musicalement que visuellement.

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Le grand choeur verdien, préparé avec soin par Pierre Iodice, était bien sûr essentiel à la qualité du spectacle grandiose  que tout le monde attendait avec impatience. La variété saisissante des registres,  les  mouvements hiératiques et  la  présence inquiétante  de  l'ensemble était renforcée par de magnifiques costumes rutilants signés Fernand Ruiz et les décors mobiles de Jean-Guy Lecat. Une chorégraphie soignée de Michèle Anne de Mey ( Kiss and Cry) évoluait sous les savants  éclairages de Franco Marri. La danse éblouissante des prisonniers éthiopiens devant la fille de Pharaon,  par des danseurs circassiens évoluant à travers un cerceau gigantesque, a été  l’un des moments inoubliables sur le plan visuel: un jeu insistant d'un homme et de deux femmes en pleine voltige.  Dans les  grands ensembles vocaux, le chœur  a produit  des lignes harmoniques impressionnantes servant de cartouche idéal pour que  la distribution exceptionnelle ( à la première du mardi soir en tout cas)   puisse  afficher avec bonheur  son savoir-faire chatoyant et l' intensité intime des sentiments humains exacerbés.

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Le commandant grec Radames, séduisant à souhait, chanté par le vibrant Marcello Giordani au timbre  plein de santé et  joie de vivre résonnant avec vigueur, affiche une musicalité tout à fait poignante. Son "Celeste Aida",  dont la partition  est marquée pianissimo et morendo ( sur le point de  mourir) était tout simplement à couper le souffle,  répandant dans la salle un silence admiratif.  Avec ce personnage, le texte et la musique rappellent immédiatement  la terrible épreuve d’Antigone, l’héroïne grecque,  puisque Radames subit exactement le même sort: être enterré vivant, être obligé de dire adieu à la lumière sacrée tant aimée et  pénétrer  au royaume des ombres éternelles de l’enfer. La scène véhicule un terrible sentiment d’injustice, quelles que soient les questions politiques évoquées par l'opéra.

Nino Surguladze a chanté Amneris, la fille du pharaon, habillée avec somptueuse  élégance et prête à user de toutes les ruses pour arriver à ses fins. Son implication théâtrale  est exemplaire, interprétant méticuleusement tous les gammes de  sentiments d’amour, de jalousie, de haine, de colère et de détresse. Le public  a ainsi pu vivre  des moments de pure beauté et de plaisir. L’interprétation très exigeante de la partition acrobatique  d’Aïda a été mise en vedette par Elaine Alvares, pleinement engagée, qui a incarné les complexités théâtrales du personnage principal avec un équilibre dramatique et un lyrisme  époustouflants. Elle s'est révélée être une experte passionnée de la dualité, de la lumière et de l'ombre,  semant partout su le plateau les  incessantes contradictions  des sentiments amoureux auxquels elle était confrontée.

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La très intéressante mise en scène de Stefano Mazzonis di Pralafera, associée à la puissante direction très affirmé et sensible  de Speranza Scappucci, a fait briller le chef-d’œuvre de Verdi comme nulle autre. Elle a excellé dans la création d'ambiances, le rythme des musiciens, la mise en valeur des interludes et des ballets, suscitant des teintes mystérieuses et exotiques. Elle a livré la complexité de l’âme humaine, soutenant les chanteurs et donnant aux mélodies intemporelles de Verdi toute leur couleur et leur gamme d’émotions. Sa connaissance des intentions profondes et de la «théâtralité» de Verdi, ainsi que sa propre compréhension du chef-d’oeuvre, extraient chaque goutte de drame  né de la partition et du livret conjugués, avec un sens impeccable de la dynamique et des tempos.

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 Enfin, Stefano Mazzonis di Pralafera a réussi à maintenir un équilibre parfait et fort imaginatif entre l’apparat monumental égyptien et la tragédie, en rendant les scènes de solistes intimes d’autant plus pertinentes et saillantes, ce qui semble avoir été l'objectif premier de Verdi. En évitant tout signe de  grandiloquence, il a généré un faisceau de tensions palpitantes, tout en fouillant délibérément dans les couches les plus profondes du cœur humain. Il convient également de  mettre en lumière  le rôle du Messager interprété avec  brio  par le splendide  Maxime Melnik, jeune ténor belge, et celui du grand prêtre glacial et rigide, habilement interprété par Luca Dall’Amico, basse. Et enfin, devrions-nous mentionner qu'une double  distribution  est indispensable pour un tel chef-d'œuvre? Les deux  tout aussi brillantes, l'une que l'autre, semble-t-il.

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Dominique-Hélène Lemaire

"Des costumes qui sont pour les yeux une ivresse ; Des femmes dont les dents et les ongles sont teints, Et des jongleurs savants que le serpent caresse. » Charles Baudelaire

Opéra Royal de Wallonie-Liège

26 février> 14 mars 2019

 

Opéra Royal de Wallonie-Liège

Speranza Scappucci

Direction

Stefano Mazzonis di Pralafera

Metteur en scène

Jean-Guy Lecat

Décors

Fernand Ruiz

Costumes

Elaine Alvarez

Soprano

Aida

févr. 26, 28, mars 03 mat, 07, 09

Donata D'Annunzio Lombardi

Soprano

Aida

mars 01, 05, 10 mat, 12, 14

Marcello Giordani

Ténor

Radamès

févr. 26, 28, mars 03 mat, 07, 09

Arnold Rawls

Ténor

Radamès

mars 01, 05, 10 mat, 12, 14

Nino Surguladze

Mezzo-soprano

Amneris

févr. 26, 28, mars 03 mat, 07, 09

Marianne Cornetti

Mezzo-soprano

Amneris

mars 01, 05, 10 mat, 12, 14

Lionel Lhote

Baryton

Amonasro

Luca Dall'Amico

Basse

Ramfis

Luciano Montanaro

Basse

King of Egypt

Tineke Van Ingelgem

Soprano

Priestess

Maxime Melnik

Ténor

A messenger

Chœur de Opéra Royal de Wallonie-Liège

Orchestra de Opéra Royal de Wallonie-Liège

 

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Commentaires

  • administrateur théâtres
    Le 4 mars 2019 par Jacques Holbeux

    Depuis sa double création triomphale au Caire puis à La Scala de Milan en 1871-72, Aïda fait partie des opéras les plus joués dans le monde entier.

    Verdi, pourtant, s’est tout d’abord montré circonspect à propos de ce sujet exotique qui lui a été proposé alors qu’il avait déjà refusé de composer une œuvre de circonstance à destination du nouvel Opéra du Caire, à l’occasion des festivités qui entouraient l’inauguration du Canal de Suez. Ce n’est que sous la pression de quelques amis influents qu’il va se laisser bientôt tenter, mettant dès lors le meilleur de son talent au service d’un livret qui n’est pas sans failles ni incohérences, tant dans le déroulé des événements que dans le profil psychologique des protagonistes. Ainsi par exemple, comment comprendre que la fille du Pharaon accepte de rivaliser avec son esclave dans la conquête du cœur du héros, alors qu’il lui suffit de trucider sa rivale, selon les mœurs de l’époque… ? Vous me direz que dans ce cas il n’y a plus d’histoire à raconter, et vous aurez raison…

    Quoi qu’il en soit, la musique que Verdi compose à partir de cette trame emporte le tout et crée un écrin remarquable où reposent un jeu de pouvoir et une rivalité amoureuse qui restent finalement des thèmes universels. Au passage, Verdi réalise une synthèse unique entre la tradition romantique italienne et le grand opéra français, dont témoigne par exemple la parfaite intégration du ballet au sein de la structure dramatique.

    Aïda fait donc partie des références incontournables du catalogue verdien, et son succès ne s’est jamais démenti même si sa réputation repose souvent pour le grand public sur quelques scènes de foule au ton particulièrement martial et solennel. Ceci fausse un peu la perspective, car, comme le dit avec à-propos Stefano Mazzonis dans son texte de présentation, l’œuvre repose de manière beaucoup plus substantielle sur des scènes intimes qui resserrent l’action autour des seuls personnages principaux, loin donc des scènes qui ont suggéré à certains des mises en scènes de peplums affligeants de lourdeur.  

    De ce point de vue, la nouvelle production liégeoise parvient à trouver un bel équilibre entre l’opulence des moyens mis en œuvre (costumes bigarrés, décors assez imposants), de très subtils éclairages signés Franco Marri, et le respect d’une mise en place classique, qui privilégie la lisibilité et l’efficacité à une quelconque originalité de façade. Cette touche de modernité, on la trouve davantage dans les ballets chorégraphiés par Michèle Anne De Mey, lesquels apportent une touche de fraîcheur des plus opportunes, très vivifiante.

    L’œuvre repose d’abord sur un triangle amoureux qui, techniquement et esthétiquement, représente le summum de l’art vocal de l’époque. C’est dire si le casting de ces trois rôles phares se révèle d’une importance primordiale. Nino Surguladze (Amneris) emporte la palme tant elle campe avec aisance toutes les facettes de ce personnage complexe, de l’amoureuse inquiète à la vengeresse implacable. Le timbre est magnifique, le jeu scénique solide, la large tessiture du rôle parfaitement maîtrisée. Un régal ! L’Aïda d’Elaine Alvarez ne lui cède en rien dès que l’émotion est présente. Son expressivité à fleur de peau y fait merveille, en effet, révélant une séductrice raffinée et une amoureuse sensible dont l’âme tourmentée émeut au plus haut point. Lorsque le ton se fait plus héroïque, certains aigus se font malheureusement plus durs et le vibrato moins maîtrisé. Les amateurs des Radamès triomphants et bodybuildés façon Brad Pitt dans Troie seront sans doute déçus par la prestation de Marcello Giordani, qui n’a visiblement plus l’âge de son rôle. Avec beaucoup de métier, le ténor italien compense un relatif manque de vaillance par une grande intelligence, troquant l’excès de testostérone au profit d’une vibrante humanité qui souligne les failles du personnage. Ce n’est pas rien ! Pour autant, on se prend à douter aux actes 1 et 2 qu’il parvienne à négocier la suite avec succès. Or, c’est précisément après s’être un peu économisé dans la première partie de l’opéra que Giordani rassemble toute son énergie pour donner sa puissance et sa grandeur à Radamès dans l’acte 3. Un authentique acte de bravoure, qui se paie malheureusement par une audible fatigue vocale à l’acte 4.

    D’autres rôles nécessitent des moyens vocaux et une présence scénique tout aussi consistants. A ce jeu, c’est incontestablement Lionel Lhote (Amonasro) qui se taille la part du lion, en imposant dès son entrée en scène une technique sans faille et une autorité rayonnante. Ce  n’est malheureusement pas le cas de Luciano Montanaro, qui campe un Pharaon bien fatigué. Les petits rôles, quant à eux, sont bien distribués, à l’instar du Messager de Maxime Melnik, bien en place et plein de conviction.

    Quels que soient les mérites des uns et des autres, tous bénéficient d’un accompagnement véritablement exceptionnel. On peut même affirmer sans ambages que Speranza Scappucci est l’une des grandes triomphatrices de la soirée, tant elle apporte à cette partition pleine de pièges un raffinement, une variété de sentiments, une multitude de détails qui transcendent le génie verdien. Là où certains se sont égarés dans le grandiloquent ou les effets faciles, elle joue sur une palette élargie de couleurs et d’émotions qui portent le drame sans jamais le surcharger et révèlent des détails insoupçonnés avec une rare élégance.

    Sous cette direction des plus inspirées, l’orchestre de l’ORW à son meilleur se montre très attentif, tout comme les chœurs, précis, nuancés et colorés. Le public ne s’y est pas trompé, réservant un accueil des plus enthousiastes aux protagonistes de cette très belle soirée.

    Opéra de Liège, 3 mars 2019

    Jacques Holbeux

    Crédits photographiques :  © Opéra Royal de Wallonie-Liège

  • administrateur théâtres

    "Aida" à l'ORW, une vallée (du Nil) de larmes

    01 mars 201912:31

    "Aida" De Giuseppe Verdi. Speranza Scappucci, direction musicale. Stefano Mazzonis di Pralafera, mise en scène. Michèle Anne de Mey, chorégraphie. Orchestre, chœurs et techniciens de l’Opéra royal de Wallonie. NNNNn ©Opera Liège

    Proche du cœur de l’œuvre, loin d’une Egypte de pacotille: "Aida", à Liège, souffle le vent chaud des jalousies.

     

    OPÉRA

    "Aida", de Verdi

    Note: 4/5

    Direction musicale Speranza Scappucci, mise en scène Stefano Mazzonis di Pralafera, chorégraphie Michèle Anne de Mey, orchestre, chœurs et techniciens de l’Opéra Royal de Wallonie.

    Jusqu'au 14/3/19 à l'Opéra royal de Wallonie


    Amneris, princesse pharaonique, et Aida, sa captive éthiopienne: deux femmes éprises du même soldat – le commandant de l’armée égyptienne Radamès, qui ne se consume que pour la dernière (et qui aurait dû choisir meilleur parti, vu que c’est quand même la fille de l’ennemi). On le devine, dès l’ouverture de l’opéra, et rien qu’aux positions qu’occupe sur scène ce terrible trio (un triangle presque parfait), ça va gémir. Des corps exaltés sous pression maximale, une guerre des cœurs féroce, à côté de laquelle le massacre des champs de bataille thébains semble aussi bénin qu’un vol d’ibis sur le Nil…

    Aida (Verdi) - Teaser

    Pour donner vie à cette tragédie, l’ORW n’y va pas de main morte. Au départ de murs de calcaire ocre d’une arrogante hauteur – ceux du temple d’Isis à Philae, peut-être –, qu’un éclairage abricot rend vite aussi brûlants que le désir inassouvi, la mise en scène de Stefano Mazzonis se pare de décors qui, progressivement, révèlent une machinerie assez diabolique: des blocs de pierre pivotent, dévoilent des bas-reliefs, hissent des sous-sols un tombeau entier ou tout un parterre de choristes.

    Dans ce dispositif, les costumes drapés, très ajustés et multicolores de Fernand Ruiz, qui s’inspirent de ceux dessinés au XIXe siècle par l’illustre égyptologue français Auguste Mariette, sont proprement hallucinants: les couvre-chefs, notamment, où défile le bestiaire local – scarabée, cobra, vautour, chacal –, s’apprécient encore mieux de profil, dans leur encombrante et savante architecture animale. Quand les chorégraphies de Michèle Anne de Mey, pour la première fois à l’ORW, viennent enfin occuper l’espace avec dix-sept danseurs aux membres de caoutchouc, pliables à angle droit, un tourbillon d’égyptomanie (non clinquante) se met en place.

    N. Surguladze ©Opéra Royal de Wallonie-Liège

    Malgré ses chœurs sidérants, ses effets de masses spectaculaires et ses célébrissimes sonneries de trompettes, qui rendent l’anéantissement de l’adversaire quasi grisant, "Aida", créé au Caire en 1871 (pour les fêtes d’inauguration du canal de Suez), est bien un huis clos passionnel. Élans d’envies contrariées, fins des illusions: la lutte contre le destin y est perdue d’avance, et génère des moments de solitude absolue, de sanglots, de frustration et de désespoir indescriptibles, quand la vie rêvée se transforme en désert. C’est dans ces thébaïdes, ou dans la fraîcheur d’un dédale de bambous, qu’Amonasro, le père d’Aida, n’hésite pas à utiliser sa fille comme appeau sexuel, pour obtenir une info militaire. Et qu’Amneris endure l’insupportable morsure de la jalousie (pire que celle d’un naja), avant de tenter tendresse feinte, terreur mentale, chantage et sadisme, prise du doute affreux que Radamès puisse lui préférer une vulgaire esclave.

    L’Amonasro de Lionel Lhotte casse la baraque. En Amneris implacable, Nino Surguladze montre des colères quasi wagnériennes, qui volent parfois la vedette au rôle-titre (Elaine Alvarez). Simple vengeance, sans doute, contre cette servante pleureuse, qui lui a fauché à jamais son martial amour

    La Scappucci, pharaonique

    Dans cette logique mortuaire inexorable, la musique, que Verdi voulait tantôt puissante et belliqueuse, tantôt raffinée, savante, délicate et douce (oui, douce!), oscille admirablement d’un pôle d’émotions à l’autre, sous la baguette de Speranza Scappucci (relire son portrait dans L’Echo du 23/2/19). La maestro ambitionnait de rendre à l’œuvre sa dimension intimiste, "presque lunaire": elle y parvient en conférant une délicatesse extrême à sa direction d’orchestre, une sorte de suavité dans la solennité qui contrebalance à merveille la démesure du reste.

    "La Boîte à Questions" avec Lionel Lhote (Amonasro - Aida)

    Par-dessus la fosse, point de déplacements ou gestes inutiles, non plus: par leur réserve et leur statisme recherchés, les solistes contribuent aussi à cet équilibre réussi. Au flanc d’un Radamès (Marcello Giordani) en petite forme vocale – et à qui la tunique cramoisie, la cuirasse et les bottines lacées donnent un air de… légionnaire –, l’Amonasro de Lionel Lhotte casse la baraque. En Amneris implacable, Nino Surguladzemontre des colères quasi wagnériennes, qui volent parfois la vedette au rôle-titre (Elaine Alvarez). Simple vengeance, sans doute, contre cette servante pleureuse, qui lui a fauché à jamais son martial amour.

    Jusqu'au 14/3/19 à l'Opéra royal de Wallonie

    L. Dall'Amico ©Opéra Royal de Wallonie-Liège

    Source


  • administrateur théâtres

    Le genre de la maison

    Liège
    Opéra royal de Wallonie
    02/26/2019 -  et 28 février, 1er, 3*, 5, 7, 9, 10, 12, 14 mars 2019
    Giuseppe Verdi: Aida
    Elaine Alvarez*/Donata D’Annunzio Lombardi (Aida), Marcello Giordani*/Gianluca Terranova (Radamès), Nino Surguladze*/Marianne Cornetti (Amneris), Lionel Lhote (Amonasro), Luca Dall’Amico (Ramfis), Luciano Montanaro (Il Re), Tineke Van Ingelgem (La sacerdotessa), Maxime Melnik (Un messaggero)
    Chœurs de l’Opéra royal de Wallonie, Pierre Iodice (chef des chœurs), Orchestre de l’Opéra royal de Wallonie, Speranza Scappucci (direction musicale)
    Stefano Mazzonis di Pralafera (mise en scène), Jean-Guy Lecat (décors), Fernand Ruiz (costumes), Franco Marri (lumières), Michèle Anne De Mey (chorégraphie)

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    (© Opéra royal de Wallonie-Liège)


    Encore une Aïda (1871) ? Eh oui. Cinq ans après la précédente série de représentations, l’Opéra royal de Wallonie en monte une nouvelle production, alors que d’autres opéras de Verdi n’ont plus été programmés depuis longtemps, comme Falstaff ou Un bal masqué, sans citer des titres plus rares comme I Masnadieri ou Les Vêpres siciliennes. Voilà un bel exemple de titre capable à lui tout seul d’attirer un très large public, avec pas moins de dix représentations, le double du nombre habituel – de quoi remplir abondamment le tiroir-caisse.


    Que vaut la mise en scène de Stefano Mazzonis di Pralafera ? Le directeur général et artistique reste fidèle à sa conception traditionnelle, voire passéiste, de l’opéra. Très respectueux du texte et de la musique, il développe une approche scénique littérale, pour ne pas dire naïve, pour conter le destin tragique d’Aïda et de Radamès. Le positionnement géographique et historique de la scénographie ne laisse absolument aucune place au doute, avec des décors et des costumes qu’Auguste Mariette n’aurait pas reniés. La direction d’acteur, quand elle existe, se réduit au strict minimum, ce qui rend cette Aïda à la longue monotone, mais cette mise en scène conjugue efficacement les dimensions intimiste et monumentale de l’œuvre, tandis que la chorégraphie de Michèle Anne De Mey, qui collabore pour la première fois avec l’institution liégeoise, anime de stimulante manière les pages de ballet. Et pour une fois, à défaut de contenir des idées fortes ou originales, ce spectacle imaginé par le maître des lieux ne souffre pas d’élément incongru de mauvais goût, à l’exception, par moments, du bruit de la machinerie lors des changements de décor, à peine couvert par l’orchestre. Cette mise en scène, qui met en valeur le travail considérable des ateliers, possède de quoi devenir un classique de la maison, destiné à être repris.


    La distribution, double pour les trois rôles principaux, laisse une impression mitigée. En dépit d’une tessiture adéquate, Elaine Alvarez délivre dans le rôle-titre une prestation instable et peu raffinée, avec une émission déplaisante et une ligne de chant décousue. La soprano, qui semble parfois à la limite de ses moyens, possède assurément une voix puissante, mais elle ne la canalise pas toujours bien. Le Radamès fatigué et terne de Marcello Giordani peine à exister. La sincérité de l’engagement de l’artiste ne compense pas les lacunes de la prestation vocale, malgré une certaine vaillance, un constat qui s’applique également à sa partenaire. Le spectacle se conclut ainsi sur un piteux duo, ce qui pose question sur la capacité de l’Opéra royal de Wallonie d’engager pour toute une saison – et celle en cours est particulièrement ambitieuse – des chanteurs suffisamment armés pour affronter avec pertinence et éclat les opéras qu’il a la prétention de monter. A quoi devons-nous nous attendre pour Les Puritains en juin ?


    En l’absence d’une Aïda et d’un Radamès mémorables, il faut saluer l’incarnation convaincante et le chant de qualité de Nino Surguladze, distribuée en Amneris, dont la mezzo-soprano possède assurément la carrure et la voix. L’apparition de Lionel Lhote en Amonasro constitue un véritable soulagement : enfin un chant soigné et de grande école, auquel s’ajoute une composition juste et subtile du personnage. Les autres chanteurs ne parviennent pas à équilibrer le plateau : Luca Dall’Amico manque quelque peu de prestance et de mordant en Ramfis, Luciano Montanaro campe un Roi vocalement sommaire, l’intervention de Tineke Van Ingelgem et de Maxime Melnik se remarque à peine.


    Dans la fosse, Speranza Scappucci confirme la solidité de son métier. Sous sa direction compétente et inspirée, l’orchestre sonne, le plus souvent, avec plénitude et se montre vif et intense, avec ce qu’il faut de nuances et de raffinement. Le chef veille à la cohérence des tempi et à la netteté des contrastes, en dépit d’une balance pas toujours optimale avec le plateau où les chanteurs tendent souvent à forcer leur voix. Enfin, le spectacle tire bénéfice des choristes, rigoureusement préparés par Pierre Iodice.
    Sébastien Foucart

  • administrateur théâtres

    L’on n’est jamais si bien servi que par soi-même. Stefano Mazzonis di Pralafera, directeur de l’Opéra royal de Wallonie-Liège se prête à la mise en scène de cette nouvelle production d’Aïda, très attendue et sans doute un brin décevante. Il en impose une vison très classique, certes pétrie d’humanisme dans son antique huis-clos sentimental, mais peut-être trop statique par son hiératisme forcené.

    Aïda, antépénultième opéra de Verdi, satisfait autant le simple amateur de grand spectacle pour la célébrissime scène de triomphe du deuxième acte que le mélomane le plus chevronné par l’intimité de ses scènes dramatiques. Sur fond d’antiquité égyptienne, l’argument reprend des ingrédients hérités de la tragédie classique : le triangle amoureux, moteur du drame, ou, sans y apporter de solution ou de happy end, l’éternel et cornélien dilemme entre amour et devoir, entre cœur et raison.

    L’Opéra royal de Wallonie ne prend aucun risque en jouant d’emblée la carte d’un certain conformisme de bon goût. La mise en scène de Stefano Mazzonis, efficace, quoique très neutre et sans beaucoup d’originalité, joue la carte d’une solennité très littérale (telle l’omniprésence de la statue du dieu Ptah) et pétrifie le moindre mouvement scénique  en tableau vivant rappelant les peintures découvertes à Thèbes ou à Karnak. Cette sensation de clichés historiés est renforcée par les costumes de Fernand Ruiz directement inspirés par les mêmes frises. Dans cette optique statique, même la scène du triomphe de l’acte II ne fait appel qu’à une malheureuse tribune officielle immobile, très « son et lumière » : c’est un peu maigre ! Il y a bien çà et là une trouvaille, comme au dernier acte le procès de Radamès joué depuis les coulisses, durant lequel une Amnéris torturée par la rage et le désespoir reste seule en scène, écrasée plus encore par le dispositif scénique monumental que par le destin. Car les décors de Jean-Guy Lecat, bien mis en valeur par les subtils éclairages de Franco Marri, imposent leur verticalité par leurs transmutations au gré des tableaux : par simple rotation des éléments, la stylisation de blocs évoquant d’immenses bâtiments et d’infinies perspectives dans les dédales du Temple, se mue en un environnement plus intime et bigarré évoquant l’Antiquité égyptienne tel un livre d’art. La scène des jardins du temple d’Isis à l’acte III apporte enfin un peu d’air frais et d’originalité face à une pléthore de relatifs lieux communs.

    Pour cette production, l’ORW a engagé deux Radamès, deux Aida et deux Amnéris qui tous se croiseront au fil des représentations. On ne peut donc pas à proprement parler de double distribution. Et celle de ce soir s’avère passionnante mais pour le moins inégale.

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    La soprano américano-cubaine Elaine Alvarez campe, avec sa plastique tout en rondeurs, une Aïda pourtant plus humaine et fragile que monolithique : soprano lirico spinto d’agilita à la voix corsée, très à l’aise dans le registre aigu, elle manque pourtant globalement un peu de projection sonore. Elle peine ainsi dans le registre médium grave, où l’émission de certaines voyelles reste étrangement dans le masque.

    Le Radamès vaillant de Marcello Giordani appelle lui aussi quelques réserves. Cueilli à froid, il loupe pour le moins son inaugural et impitoyable Celeste Aïda par un flagrant manque d’implication (serait-ce le trac ?) et surtout par une  justesse approximative. Lui aussi lirico spînto un peu pesant au vu du déséquilibre des registres, il sauve la mise par la rutilance extériorisée de ses aigus.

    Dans ce triangle amoureux impossible, c’est surtout l’excellente Amnéris vénéneuse et fatale de la Géorgienne Nino Surguladze qui retient l’attention. Elle construit un portrait par petites touches d’une femme blessée dans son orgueil et minée par une jalousie insidieuse. Jouant de prime abord la carte de la félonie doucereuse (dans le duo avec Aïda au premier acte Vieni, o diletta), elle explose littéralement, avec sa très convaincante musicalité et avec sa voix ductile et puissante à la fois de vrai mezzo verdienne, au dernier acte, où son incarnation, dans l’affrontement avec un Radamès refusant de se disculper, touche au grandiose et à l’épique par sa totale noirceur.

    aida 3L’Amonasro de Lionel Lhote, somptueux et grandiose, est un autre point fort de la soirée. D’un timbre de baryton-basse de bronze et d’une incroyable santé vocale, d’une diction impeccable, très investi dans son duo avec Aïda au troisième acte, il campe un personnage paternel  tout en nuances, tour à tour compatissant puis vindicatif et  manipulateur. Le Ramfis splendide de Luca Dall’Amico n’est pas en reste : sa conception très autoritaire et monolithique du rôle de grand-prêtre se fond idéalement avec le cadre voulu par le metteur en scène, de sorte que le roi de Luciano Montanaro, plus fragile, véritable pantin au pouvoir tel que présenté au fil de cette production, apparaît quelque peu en retrait.

    Les chœurs, si importants au second acte nous apparaissent certes impliqués, mais leur dynamisme est malheureusement très raboté faute d’un effectif suffisant pour cette évocation fastueuse. On a connu aussi un orchestre maison globalement plus en forme et plus homogène : les cordes graves nous réservent quelque bien mauvaises surprises dès le délicat prélude inaugural et les trompettes du triomphe nous apparaissent bien poussives voire mal embouchées. Seuls les solistes de la petite harmonie tirent élégamment leur épingle du jeu. La direction musicale peu fouillée d’une Speranza Scappucci plus habile qu’habitée ne s’embarrasse guère de détails et pèche par un certain prosaïsme dans l’enchaînement des nuances, dans la gestion des transitions ou des effets dramatiques. Enfin, les ballets évoquent, plus qu’autre chose, d’assez maladroits numéros de bateleurs quelque peu décalés dans le contexte global de cette mise en scène délibérément « historique ».

    Au bilan, cette soirée apparaît certes agréable, voire captivante par moment, mais témoigne surtout d’une inégalité flagrante dans la distribution et d’une mise en scène conceptuelle parfois un brin trop immobile ou prévisible.

    Crédits photographiques : © Opéra Royal de Wallonie-Liège

  • administrateur théâtres

    Aïda au milieu du delta à l'Opéra de Liège

    Le 01/03/2019 Par José Pons 
    Revenant (après cinq années) sur la scène de l’Opéra Royal de Wallonie-Liège, Aïda de Verdi fait l’objet d’une nouvelle production signée par les soins de Stefano Mazzonis di Pralafera, maître des lieux, le temps de dix représentations programmées jusqu’à mi-mars 2019.

    Aïda apparaît comme un ouvrage relativement complexe à mettre en scène, selon l’objectif fixé en préalable : soit en basculant avec ostentation vers le déploiement et les fastes de l’Égypte antique, soit en privilégiant plus affirmativement le côté intimiste des rapports humains et des personnages au sein d’une dramaturgie plus resserrée. Stefano Mazzonis di Pralafera et ses collaborateurs (Jean-Guy Lecat pour les décors, Fernand Ruiz pour les costumes, Franco Marri pour les lumières) ont choisi de demeurer au milieu du gué, sans le point d'équilibre d’une forte option de départ. 

    Une grande statue, certainement du dieu Ptah révéré à Memphis où l'ouvrage se passe, occupe l’espace, lui-même circonscrit de hautes parois amovibles qui selon les scènes figurent une salle du palais royal, le temple de Vulcain, voire (recouvertes de hiéroglyphes) les appartements d’Amneris. Une vaste forêt de papyrus évoque ensuite les bords du Nil à l’acte III. Pour le fameux défilé, le décor de la chambre de la fille de Pharaon gagne les cintres du théâtre, laissant apparaître Pharaon et sa cour depuis les dessous tandis que se succèdent en continu les soldats puis les prisonniers. La partie visuelle la plus remarquée réside en la scène finale, où peu à peu, la crypte dans laquelle Radamès et Aïda sont retenus prisonniers se referme sur elle-même durant le duo d’amour, tandis qu’Amnéris se désespère au-dessus d’eux. Entre masques démesurés évoquant les divinités, costumes bizarrement bigarrés notamment pour les chœurs, voire surchargés (Pharaon ruisselant ou Ramfis qui ressemble étrangement à un scarabée géant), l’évocation égyptienne est bien présente, ostentatoire et peu réaliste. 

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    Lionel Lhote & Elaine Alvarez - Aida par Stefano Mazzonis di Pralafera (© Opéra Royal de Wallonie-Liège)

    Les rapports entre les personnages ne sont guère qu’esquissés, chacun s’occupant en principal de sa partie, même si Stefano Mazzonis di Pralafera fait surgir Aïda dès l’air d’entrée du ténor, "Celeste Aïda". Seul Amonasro parvient à imposer un personnage fort et entreprenant. Le baryton belge Lionel Lhote frappe fort pour sa prise de rôle. Sans posséder les moyens réels d’un baryton Verdi, il déploie un legato incisif, puissant, racé, donnant à entendre un chant de haut lignage à l’aigu pleinement projeté. C’est dans le duo du troisième acte avec son père justement qu’Elaine Alvarez, habituée de la scène liégeoise, se situe au mieux. Auprès de lui, son Aïda s’anime avec la sincérité d'une ligne vigoureuse et précise. Mais dans l’ensemble, sa prestation reste éloignée d'une singularité (comme le chant de la stabilité, certains aigus se situant à la limite du cri). La voix de Marcello Giordani, qui a connu une belle carrière, porte désormais les marques du temps. En Radamès, il doit constamment lutter contre un vibrato excessif, une justesse souvent prise en défaut, un aigu qui par moment se révèle certes brillant mais difficile d’émission, un soutien plus relatif (et ses essais vers le falsetto ne sont pas du meilleur cru). Bien plus épanouie, Nino Surguladzeincarne une Amneris de caractère, plus intensément amoureuse que rivale. Sa voix de mezzo-soprano riche s'appuie sur des graves imposants, même si la largeur demeure un peu en deçà de ce qui est spécifiquement attendu. 

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    Luca Dall’Amico, Marcello Giordani, Nino Surguladze & Luciano Montanaro - Aida par Stefano Mazzonis di Pralafera (© Opéra Royal de Wallonie-Liège)

    Les deux basses Luca Dall’Amico (Ramfis) et Luciano Montanaro (Le Roi) remplissent simplement leur office (mais le matériau vocal des deux artistes fait valoir un certain manque d’épaisseur voire de stabilité), tandis que Tineke van Ingelgem chante avec conviction et d’un soprano épanoui la partie de la Grande Prêtresse. Plus timide, le messager de Maxime Melnik est un peu léger. 

    En décalage par ailleurs et par rapport à la sagesse du spectacle, la chorégraphie inventive et audacieuse de Michèle Anne de Mey, figure de proue de la danse contemporaine en Belgique et formée à l’école Mudra de Maurice Béjart, est fort justement applaudie par le public. 

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    Aida par Stefano Mazzonis di Pralafera (© Opéra Royal de Wallonie-Liège)

    Speranza Scappucci doit plus d’une fois batailler avec l’orchestre ou les chœurs -à plusieurs reprises en décalage-, pour imposer une ligne. De fait, sa direction musicale de l’ouvrage ne frémit pas encore totalement. Elle redresse nettement la barre au quatrième acte, beaucoup plus vivant, expressif et sensuel, notamment lors du duo et du trio final. Une plus grande familiarité avec cette partition fleuve lui permettra de franchir les écueils et d’impulser à la musique de Verdi toute sa ferveur. 

    Cette production bénéficie d’une double distribution pour les rôles principaux, soit Donata d’Annunzio Lombardi pour Aïda, le ténor américain Arnold Rawls pour Radamès, la puissante Marianne Cornetti pour Amnéris.  

    PRODUCTIONS ASSOCIÉES :

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