I Solisti del Vento, Vanden Eynden
Vendredi 27.01.2012 20:00
Conservatoire Royal de Bruxelles
Jean-Claude Vanden Eynden piano - I Solisti del Vento
Bohuslav Martinu, Sextuor pour vents et piano, H 174 (flûte, hautbois, clarinette, deux bassons et piano)
Ludwig van Beethoven Sonate pour piano n° 8, op. 13, "Pathétique"
Alexandre Tansman 6 intermezzi, 4 Impressions (2 flûtes, 2 hautbois, 2 clarinettes et 2 bassons)
Sonate pour piano n° 8, op. 13, Pathétique (arr. Druzecky, pour vents et contrebasse)
Vents d’est, vent d’ouest : une rencontre. Sous le titre d’ « Impressions pathétiques », I Solisti del Vento et Jean-Claude Vanden Eynden ont présenté un programme très original devant un public d’habitués des salles de concert. Difficile sans doute de réunir une plus grande affluence, ce concert étant placé le surlendemain de celui de Martha Argerich, à deux pas du dimanche de Brendel et du concert du célèbre pianiste hongrois András Schiff, à la tête de sa Cappella Andrea Barca le 31 janvier au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles.
Ce concert nous a donné l’occasion de découvrir le grand compositeur tchèque Bohuslav Martinu et son Sextuor pour vents et piano, H 174 et des œuvres d’Alexandre Tansman ainsi que la récriture très convaincante de la Sonate « pathétique » par un contemporain de Beethoven : Jiry Druzecky.
En ouverture on reconnait vite une ambiance jazzy dans cette composition écrite à Paris en 1929 par Bohuslav Martinu. Il fut en effet une figure importante de L’Ecole de Paris (Poulenc, Honegger, Milhaud), fréquentant le groupe des six, comme le nommait Jean Cocteau. Quatre mouvements. Après les joyeuses sonorités fruitées du prélude, l’adagio met en lumière la souplesse de la flûte et les notes basses du clavier. Suit un bavardage jazzy de la flûte et du piano seul, le ton est badin et la note finale un joli clin d’œil. Rythme de claquettes …dans un blues du genre divertissement. La fin au rythme marqué s’amuse en exploitant le canon.
C’est une interprétation nuancée, à grande précision de frappe et variété des phrasés que nous offre J.C. Vanden Eynden dans « la pathétique » de Beethoven. Plainte et supplication sont enchâssées dans le grave initial qui réapparaît à plusieurs moments. J.C. Vanden Eynden tend l’oreille comme pour écouter les modulations délicates de l’andante cantabile qui fait appel à la tendresse personnifiée. Cela contraste avec l’allegro impétueux et pétillant du dernier mouvement. Le public hélas trop peu nombreux, rend hommage à son impérial pianiste, maître de la dynamique fine et nuancée.
Passons à la découverte des 6 intermezzi et 4 impressions d’Alexandre Tansman, compositeur né en Pologne, qui se lia d’amitié avec Stravinski et Ravel lorsqu’il s’installa à Paris. Comme Martinu il fit partie de l’Ecole de Paris. A la seconde guerre mondiale, il gagna les Etats-Unis, où il dédicaça un concerto à Charlie Chaplin et où il écrivit des musiques de film. Dans ces petites pièces bien ciselées on retrouve tour à tour de l’invention agreste, des élans fougueux, des plages de bonheur simple, quitte à s’engouffrer subitement dans une ruée vers l’or. L’invitation à la rêverie fait place au désordre amoureux et dans les quatre impressions s’égrènent prélude, invention, nocturne et burlesque.
I Solisti del Vento, ensemble belge créé en 1991, nous a ravis par ses sonorités riches, miroitantes, humoristiques sous la direction du basson Francis Pollet. Debout, ils forment une ronde inventive qui convoque tous les vents avec fluidité et sensibilité pour incarner autrement, mais de façon très intéressante, la belle sonate de Beethoven. Difficile de ne pas succomber à leur charme.
Commentaires
voyez l'article de Sébastien Foucart:
http://www.concertonet.com/scripts/review.php?ID_review=8121